Citations ajoutées le 07 décembre 2014

Eugène Marbeau

  1. Qu'est-ce que le succès ? Un peu de bruit autour du héros, qui croit l'univers occupé de lui ; plus loin, quelques mots indifférents ; au-delà, le silence.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  2. Qu'il se rencontre un homme poursuivant sans arrière-pensée personnelle un but désintéressé, les plus honnêtes gens mettront en doute son bon sens ou sa bonne foi.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  3. La gloire ne s'attache pas à la vertu, mais à la grandeur.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  4. L'homme admire ce qui l'étonne, non ce qui le sert.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  5. Le mépris fait moins souffrir celui qui l'inspire que celui qui l'éprouve.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  6. On est indifférent à l'opinion de ceux que l'on méprise, non de ceux que l'on hait.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  7. Le monde est lâche : il accorde beaucoup à qui demande beaucoup. L'égoïste n'est pas aimé, mais il est servi.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  8. Le moqueur croit prouver à la fois qu'il a de l'esprit et qu'il n'a pas le défaut dont il rit.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  9. Ce qui encourage le moqueur, c'est qu'il commence par un succès : la punition vient plus tard.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  10. On devient gênant quand on est gêné, comme quand on ne se gène pas.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  11. Il y a des gens qui ne nous prendraient pas notre bourse, et qui, sans scrupule, nous prennent notre temps.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  12. Le ridicule est comme les fantômes : il s'évanouit dès qu'on le brave.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  13. On n'est ridicule que quand on l'est sans le savoir.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  14. Je ne connais pas un homme dont quelqu'un ne dise « Il n'est pas comme tout le monde! »
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  15. Nous appelons manie l'habitude du voisin, différente de la nôtre.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  16. Le monde qualifie de maniaque ou de toqué l'homme qui poursuit son but ou qui suit ses goûts sans s'occuper de ce qu'en pense le voisin.
    Et chacun des snobs dont se compose le monde cache dans un coin de sa tête quelque idée singulière qui fait de lui, aux yeux de ses voisins, un maniaque ou un toqué.

    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  17. Certaines gens ont la manie de faire autrement que tout le monde. Presque toujours ils font moins bien que tout le monde.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  18. Sachons dire merci à qui accepte gracieusement ce que nous avons la joie de lui donner.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  19. On se souvient plus longtemps d'avoir donné que d'avoir reçu.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  20. La reconnaissance est plus facile à un inférieur qu'à un égal : elle ne change pas les situations respectives.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  21. La reconnaissance serait plus douce si elle ne nous rappelait pas que nous avons eu besoin du bienfait.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  22. La reconnaissance coûte moins quand le service a prévenu la demande.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  23. Quand c'est le coeur qui donne, l'égalité n'est pas rompue entre le bienfaiteur et l'obligé.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  24. La reconnaissance est durable quand l'intérêt ou la vanité aide la mémoire.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  25. La reconnaissance cesse de coûter à l'obligé quand il a encore besoin de secours, parce qu'elle est une prière, ou quand il est devenu plus puissant que son bienfaiteur, parce qu'elle est une attitude.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  26. Quand le bienfaiteur fait acheter son bienfait par une leçon, il se paie lui-même, et il dispense l'obligé de la reconnaissance.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  27. Êtes-vous las d'entendre votre bienfaiteur vous rappeler trop souvent son bienfait ? Demandez-lui un nouveau service.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  28. De tous les témoignages de notre gratitude, celui que le bienfaiteur apprécierait le plus serait encore notre refus d'accepter le sacrifice qu'il nous offre.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  29. N'acceptons jamais un sacrifice : tôt ou tard il nous serait reproché.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  30. Accepter un bienfait, c'est donner au bienfaiteur le droit de veiller à ce que son sacrifice ne soit pas perdu. Si l'obligé a plus de coeur que d'amour-propre, cette sujétion n'empoisonnera pas tout à fait sa reconnaissance.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  31. Celui qui implore un secours ne mérite pas toujours d'être secouru.
    Celui qui recoit un secours ne sait pas toujours en profiter.
    Cependant c'est toujours un devoir de secourir.

    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  32. On paie tous les services qu'on rend.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  33. Fais le bien et passe.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  34. Vieillir, c'est rester seul.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  35. Vieillir, c'est souffrir de tout ce qui meurt autour de nous, de tout ce qui s'éteint en nous.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  36. On peut mesurer l'action de l'âge sur un homme par l'empire qu'il a permis à l'habitude de prendre sur lui.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  37. Si les vieillards tiennent tant à la vie, c'est que la mort les arracherait à leurs habitudes.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  38. Le vieillard a des habitudes plus que des affections.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  39. Le vieillard tient à être choyé plus qu'à être aimé.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  40. Le vieillard raconte sa vie, pour se donner l'illusion d'agir encore.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  41. Écrire ses mémoires, c'est compter ses morts.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  42. Le vieux garçon ne pense qu'à lui : il a usé de la vie, il est las ;
    La vieille fille se mêle toujours des affaires des autres elle n'a pas eu sa part, elle reste agitée.

    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  43. La jeunesse, qui a devant elle l'avenir et ses illusions, rêve et poursuit le mieux.
    La vieillesse, lasse et désabusée, se contente du tant bien que mal.

    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  44. Jeune, on jette au vent ses souvenirs : à qui voit devant soi l'avenir qu'importe le passé?
    Vieux, on veut tout noter, tout conserver, non pour soi qui va finir, mais parce qu'on rêve de laisser, dans le sillage où tout s'efface, une trace de soi.

    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  45. Dans ses rêves le jeune homme imagine l'avenir, le vieillard revoit le passé. Aussi, le rêve a-t-il pour l'un le charme de l'espérance, pour l'autre l'amertume du regret.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  46. À l'âge où il est trop tard pour refaire notre vie, nous rêvons de la refaire dans la vie d'un autre nous-même, d'un enfant que nous modèlerons à notre gré, et qui profitera de notre expérience désormais inutile pour nous.
    Quand notre fils est grand, comme il n'a pas réalisé notre rêve, nous rêvons d'un petit-fils.

    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  47. Un enfant, c'est l'espérance et l'avenir, c'est-à-dire un idéal façonné par nos rêves.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  48. Imitation et contradiction voilà les mobiles des enfants, et aussi ceux des hommes.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  49. Imiter et contredire, c'est également suivre une impulsion extérieure; c'est s'éviter de penser.
    L'homme, comme l'enfant, a besoin de prendre un point d'appui hors de soi.

    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  50. Toute semence est un débris d'une chose passée..
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  51. Il y a des polichinelles pour tous les âges.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  52. Les ménages les plus paisibles sont ceux où la femme gouverne. La femme qui obéit sent qu'elle est contrainte ; le mari qui se laisse mener s'imagine que c'est lui qui commande.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  53. Une femme n'aime son mari sans réserve que quand elle est veuve.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  54. Les convenances sont des garde-fous : le monde les impose aux femmes plus sévèrement qu'aux hommes, parce qu'elles se feraient plus de mal en tombant.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  55. « Il fait parler de lui » : c'est un éloge. « Elle fait parler d'elle » : c'est un blâme.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  56. La coquetterie est le fait des femmes et l'oeuvre des hommes.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  57. Une femme sans grâce est une fleur sans parfum.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  58. Une femme ne nous pardonne ni de voir qu'elle aime, ni de croire qu'elle n'a jamais aimé.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  59. La femme veut par-dessus tout être aimée. Si parfois elle désire dans l'homme qu'elle aime une passion plus haute que l'amour, c'est pour en obtenir le sacrifice.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  60. Une femme qui a le malheur d'être laide ne doit ni trop l'oublier, ni trop s'en souvenir.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  61. Les honnêtes femmes devraient veiller à ce que leur indignation contre les femmes galantes ne prit pas les apparences de la jalousie.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  62. La liberté, c'est Ie droit d'avoir tort.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  63. La liberté, c'est le respect des droits de chacun; l'ordre,c'est le respect des droits de tous.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  64. Obéir aux lois c'est tenir sa parole.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  65. Dans l'état de nature, il n'y a d'autre droit que la force. La civilisation met la force au service du droit.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  66. Le droit a pour première origine un fait imposé par la force, accepté par la résignation et consacré par le temps.
    Quand les privilégiés qui possèdent le droit sont devenus faibles et que les déshérités sont devenus forts, une révolution rétablit un instant l'état de nature, et crée, en faveur de ceux qui sauront le conquérir et le défendre, un nouveau droit, bientôt aussi légitime que celui qui résultait des luttes antérieures.

    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  67. Toute révolution se résume dans un déplacement de propriété et un déplacement de vanité.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  68. Le paysan français a pour trait caractéristique l'amour de la propriété. Quand il convoite le bien du prochain, il crie « Vive la République. » Quand il croit le sien menacé, il crie « Vive César...»
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  69. On peut juger une cause en regardant quels hommes la défendent.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  70. Pour louer les manières d'un homme Ie bourgeois dit : «Il est comme il faut. » Le gentilhomme : « II est distingué. »
    Le premier se pique d'être aussi bien que tout le monde; le second d'être mieux que tout le monde.

    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  71. Le bourgeois salira ses mains plutôt que ses gants: le gentilhomme sacrifiera ses gants et préservera ses mains.
    L'éducation a habitué l'un à payer de sa personne pour conquérir l'argent, l'autre à se servir de l'argent pour épargner sa personne.

    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  72. Le noble et l'ouvrier sont plus disposés que le bourgeois à sacrifier leur argent. Ils savent qu'il leur restera toujours ce qui fait leur force : à l'un sa naissance et ses alliances, à l'autre ses bras.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  73. La bourgeoise parvenue veut une dame de compagnie titrée. Républicaine, elle affirme ainsi la préséance de sa roture ; royaliste, elle se faufile dans la noblesse par la porte de service.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  74. Telle plébéienne se plaît à frayer avec des duchesses ; sa vanité se figure qu'un reflet de ses nobles amies lui dore à elle-même un blason.
    Telle autre, plus fière, s'entoure des filles de ses serviteurs ou de ses protégés; son orgueil s'imagine qu'en cette compagnie c'est elle qui sera la duchesse.
    II y a plus de dignité à vivre avec ses égaux qu'à se faire regarder de haut en bas par des supérieurs, ou de bas en haut par des subalternes.

    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  75. Quand un roturier s'affuble d'un faux titre, ce ne sont pas les vrais nobles, mais les roturiers qui s'en offusquent.
    Les nobles sourient de cet hommage rendu au prestige de la naissance, et, quand ils reçoivent le nouveau gentilhomme, ils préfèrent le voir s'annoncer sous un nom sonore : cela maintient le ton de leur maison.
    Mais les bourgeois ne pardonnent pas à un des leurs d'obtenir des égards qui ne sont pas accordés à leur roture, et qu'eux-mêmes n'osent pas refuser à un titre d'emprunt.

    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  76. Une oeuvre d'art est la forme donnée a un sentiment ou à une pensée. L'homme qui se contente de la forme peut être un artisan ingénieux; il n'est ni un artiste, ni un poète.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  77. L'art pour l'art : parler pour ne rien dire.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  78. Styliste : écrivain plus occupé de sa phrase que de sa pensée.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  79. L'art recherche ce qui attire et charme les yeux ; le goût, ce qui ne choque point et passe inaperçu.
    L'actrice doit se costumer avec art; la femme du monde doit s'habiller avec goût.

    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  80. Il peut y avoir des génies sans talent, mais ils restent stériles.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  81. Le bonheur a sa source en nous-même; sans nous, l'univers ne peut nous le donner.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  82. Le bonheur, c'est l'idéal, c'est l'infini. Nous l'entrevoyons dans le vague du rêve, dans le mirage du souvenir ou de l'espérance ; nous ne pouvons l'enfermer dans la réalité.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  83. Plus haut est l'idéal, plus inaccessible est le bonheur. L'histoire des hommes dont s'honore l'humanité est celle des souffrances qu'ils ont éprouvées en poursuivant un idéal qui les fuyait toujours.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  84. Pour connaître le fond du coeur d'un homme, il suffirait de savoir quelle idée il se fait du Paradis et comment il se représente l'Enfer.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  85. La froide raison peut nous éviter quelques misères : elle est impuissante à nous donner le bonheur.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  86. Quand l'homme n'a plus de passions, il n'est plus heureux que par ses manies.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  87. La première condition pour être heureux est'd'accepter sa destinée.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  88. L'homme cherche le bonheur, et il ne sait pas s'épargner le remords !
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  89. Dieu a mis un devoir dans chaque bonheur, un bonheur dans chaque devoir.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  90. Nous ne saisissons jamais le bonheur, mais nous en avons sans cesse l'image devant les yeux. Quand nous pensons à nous, nous l'imaginons dans nos rêves; quand nous regardons les autres, nous croyons l'apercevoir dans leur destinée.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  91. Ce que l'on n'a pas, il suffit souvent de le rêver pour en jouir comme si on le possédait.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  92. Celui-là seul est heureux qui rêve le bonheur.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  93. Lorsque le bonheur longtemps rêvé nous visite enfin, notre coeur ne le reconnaît pas.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  94. Réaliser son rêve c'est perdre son rêve sans trouver le bonheur.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  95. Nous, rêvons le bonheur, et notre vie se passe à choisir entre les maux.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  96. Les heureux de ce monde sont les hommes qui ont quelques joies pour compenser leurs peines.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  97. Ce qu'on appelle une vie heureuse, c'est trop souvent une vie qui traverse les douleurs des autres hommes sans en être atteinte, et sans les partager.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  98. Si nous voulons garder notre sérénité, ne cherchons pas à découvrir au fond du coeur de ceux que nous aimons les misères que nous ne pouvons guérir, les tristesses que nous ne pouvons consoler, les mobiles que nous ne pouvons purifier.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  99. Heureux qui sait être heureux par le bonheur d'autrui: il est plus facile à contenter!
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  100. La satisfaction de soi-même est presque toujours le prix d'un sacrifice accompli pour les autres.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  101. Le bonheur naît des sentiments que nous éprouvons pour les autres, du bien que nous essayons de leur faire.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  102. Rien ne rend heureux comme de rendre heureux.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  103. Faire le bien est de tous les bonheurs le plus sûr : il ne dépend que de nous.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  104. Que nous cherchions le bonheur dans l'affection, dans le dévouement, dans le devoir, nous ne le trouverons que dans ce qui nous arrache à nous-même.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  105. Plaisir en changeant, bonheur en restant fidèle.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  106. On est parfois bien ingénieux pour détruire son bonheur.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  107. On ne s'aperçoit pas de ses petits bonheurs, tant il semble naturel d'être heureux.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  108. À défaut du vrai bonheur, nous appelons bonheurs nos joies éphémères.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  109. Le bonheur n'est qu'un rêve : Les bonheurs sont parfois réels.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  110. L'homme se leurre si facilement qu'il lui suffit d'avoir entrevu le bonheur pour en être a jamais heureux par le souvenir.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  111. Le bonheur est court! pour peu que la vie s'attarde, elle dure plus que lui.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  112. Le bonheur perdu était toujours sans nuages.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  113. Chercher à nous consoler, c'est vouloir arracher de notre coeur jusqu'au souvenir du bonheur perdu.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  114. Toute consolation est vaine quand on ne la trouve pas en soi-même.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)