Richard Dawkins
1941
  1. [...] J'ai tendance à dire, comme Robert M. Pirsig, l'auteur du Traité du zen et de l'entretien des motocyclettes : « Quand une personne souffre d'une illusion, on appelle cela la folie. Quand beaucoup de gens souffrent d'une illusion, on appelle cela la religion. »
    [NDLR.] J'ai discuté de cette citation sur mes Jobineries. Voir http://www.gilles-jobin.org/jobineries/index.php?2009/07/14/892-pirsig.

    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.16, Robert Laffont, 2008)
     
  2. Le panthéisme est de l'athéisme enjolivé, le déisme est du théisme dilué.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.27, Robert Laffont, 2008)
     
  3. Comme disait H. L. Mencken, « Nous devons respecter la religion des autres, mais seulement dans le sens et dans la mesure où nous respectons sa théorie que son épouse est belle et ses enfants sont intelligents. »
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.36, Robert Laffont, 2008)
     
  4. On peut dire que, de toutes les oeuvres de fiction, le Dieu de la Bible est le personnage le plus déplaisant : jaloux, et fier de l'être, il est impitoyable, injuste et tracassier dans son obsession de tout régenter ; adepte du nettoyage ethnique, c'est un revanchard assoiffé de sang ; tyran lunatique et malveillant, ce misogyne homophobe, raciste, pestilentiel, mégalomane et sadomasochiste pratique l'infanticide, le génocide et le « fillicide ».
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.38, Robert Laffont, 2008)
     
  5. [Couper] les cheveux en quatre, telle a toujours été la façon de faire de la théologie.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.41, Robert Laffont, 2008)
     
  6. Thomas Jefferson avait raison quand il a dit : « Le ridicule est la seule arme efficace contre les propositions inintelligibles. Les idées doivent être distinctes avant que la raison puisse agir sur elles, et nul homme n'a jamais eu une idée distincte de la trinité. C'est purement et simplement l'Abracadabra des charlatans qui se disent prêtres de Jésus. »
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.42, Robert Laffont, 2008)
     
  7. Ce qui m'épate dans la mythologie catholique, c'est non seulement son kitsch, mais surtout la grande désinvolture avec laquelle ces gens imaginent les détails au fur et à mesure. Tout cela relève d'une invention éhontée.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.43, Robert Laffont, 2008)
     
  8. [...] Lors de la tentative d'assassinat dont il a été victime à Rome, [Jean-Paul II] a attribué sa survie à l'intervention de Notre-Dame de Fatima : « Une main maternelle a guidé la balle. » On ne peut s'empêcher de se demander pourquoi elle ne l'avait pas guidée pour qu'elle le rate complètement.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.43, Robert Laffont, 2008)
     
  9. Ce qui importe, ce n'est pas si Dieu est réfutable (il ne l'est pas), mais si son existence est probable.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.63, Robert Laffont, 2008)
     
  10. Comme le dit Arthur C. Clarke dans sa troisième loi : « Toute technologie suffisamment avancée est impossible à distinguer de la magie. »
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.83, Robert Laffont, 2008)
     
  11. L'argument du degré. Nous voyons que les choses présentes dans le monde diffèrent entre elles. Il existe des degrés, mettons, dans le bon ou dans la perfection. Mais nous ne jugeons ces degrés que par rapport à un degré souverain. Comme les humains peuvent être à la fois bons et mauvais, la bonté souveraine ne peut se trouver parmi nous. Il y a donc un être qui pour tous les êtres est cause de toute perfection : et cet être, nous l'appelons Dieu.
    Ça, un argument ? Vous pourriez aussi bien dire que les individus ne sentent pas tous aussi mauvais, mais qu'on ne peut faire cette comparaison qu'en se référant à un maximum parfait de puanteur. Il doit donc exister un être hors pair, exceptionnellement puant, et nous l'appelons Dieu. Vous pouvez toujours remplacer cette comparaison par celle que vous voulez, vous arriverez toujours à une conclusion tout aussi stupide.

    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.87, Robert Laffont, 2008)
     
  12. [L'argument de la beauté.] Il est évident que les derniers quatuors de Beethoven sont sublimes. Les sonnets de Shakespeare aussi. Ils sont sublimes que Dieu existe ou qu'il n'existe pas. Ils ne prouvent pas l'existence de Dieu, ils prouvent seulement l'existence de Beethoven et Shakespeare. On attribue à un grand chef d'orchestre ces paroles : « S'il vous est donné d'écouter Mozart, pourquoi auriez-vous besoin de Dieu ? »
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.94, Robert Laffont, 2008)
     
  13. Vous dites que vous avez personnellement rencontré Dieu ? Eh bien, certains ont rencontré un éléphant rose, mais cela ne vous impressionne probablement pas. Peter Sutcliffe, l'éventreur du Yorkshire, a entendu distinctement la voix de Jésus qui lui disait de tuer des femmes, et on l'a enfermé à vie. George W. Bush dit que Dieu lui dit d'envahir l'Irak (dommage que Dieu n'ait pas jugé bon de lui apprendre par une révélation qu'il n'y avait pas d'armes de destruction massive).
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.96, Robert Laffont, 2008)
     
  14. La seule différence entre le Da Vinci Code et les Évangiles, c'est que les Évangiles sont une oeuvre de fiction ancienne alors que le Da Vinci Code est de la fiction moderne.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.106, Robert Laffont, 2008)
     
  15. Les efforts des apologistes pour trouver des scientifiques modernes authentiquement brillants qui soient croyants font penser à une quête désespérée dans un bruit de raclement de fond de tiroir.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.109, Robert Laffont, 2008)
     
  16. Il faut reconnaître que les individus portés à la théologie ont souvent une incapacité chronique à distinguer le vrai de ce qu'ils voudraient être vrai.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.118, Robert Laffont, 2008)
     
  17. Si improbable statistiquement que soit l'entité que vous cherchez à expliquer en invoquant un concepteur, le concepteur lui-même doit nécessairement être au moins aussi improbable.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.121, Robert Laffont, 2008)
     
  18. [...] Un de plus beaux cadeaux qu'un maître puisse faire aux enfants, c'est de leur donner de quoi étonner leurs parents.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.122, Robert Laffont, 2008)
     
  19. « Je placerai toujours le respect qu'inspire une explication au-dessus de celui qu'inspire une ignorance. » [Douglas Adams]
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.124, Robert Laffont, 2008)
     
  20. Woody Allen : «Si l'on découvre qu'il y a un Dieu, je ne pense pas qu'il soit mauvais. Tout au plus pourrait-on dire qu'il ne fait pas grand-chose.»
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.127, Robert Laffont, 2008)
     
  21. Les mystiques exultent dans le mystère et ils veulent qu'il reste mystérieux. Les scientifiques exultent aussi dans le mystère, mais pour une autre raison : il leur donne quelque chose à faire. [...] Un des effets vraiment pernicieux de la religion, c'est qu'elle nous enseigne que c'est une vertu que de se satisfaire de ne pas comprendre.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.134, Robert Laffont, 2008)
     
  22. Les gens qui, devant un phénomène, sautent de la stupeur à l'invocation hâtive du surnaturel ne valent guère mieux que les imbéciles qui, en voyant un prestidigitateur tordre une cuiller, concluent aussitôt au « paranormal ».
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.138, Robert Laffont, 2008)
     
  23. Suggérer que la cause première, la grande inconnue qui est responsable de quelque chose plutôt que de rien, est un être capable de créer l'univers et de parler à un million de gens en même temps, c'est abdiquer totalement sa responsabilité de trouver une explication. C'est une affreuse démonstration de crochet céleste qui nie la pensée et se permet tout ce qu'il veut.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.167, Robert Laffont, 2008)
     
  24. [Le XIXe siècle.] C'était le dernier moment où une personne instruite pouvait encore admettre sans en être gênée qu'elle croyait à des miracles comme l'Immaculée Conception.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.168, Robert Laffont, 2008)
     
  25. La vieille plaisanterie d'Irlande du Nord « Oui, mais êtes-vous athée protestant ou athée catholique ? » est pleine de vérité amère.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.175, Robert Laffont, 2008)
     
  26. Pourquoi est-ce que les êtres humains jeûnent, se mettent à genoux, font des génuflexions, se flagellent, hochent la tête devant un mur comme des maniaques, font des croisades, ou s'adonnent à d'autres pratiques coûteuses qui peuvent consumer leur vie et, dans des cas extrêmes, y mettre fin ?
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.175, Robert Laffont, 2008)
     
  27. George Bernard Shaw : « Le fait qu'un croyant est plus heureux qu'un sceptique n'est pas plus pertinent que le fait qu'un homme ivre est plus heureux qu'un homme sobre. »
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.175, Robert Laffont, 2008)
     
  28. La comédienne américaine Cathy Ladman fait remarquer que « Toutes les religions sont les mêmes : la religion, c'est fondamentalement la culpabilité, avec des jours de fêtes différents ».
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.176, Robert Laffont, 2008)
     
  29. Pascal Boyer [anthropologue] a étudié le peuple Fang du Cameroun qui croit
    que les sorciers possèdent un organe interne supplémentaire qui a l'aspect d'un animal, et qui s'envole la nuit pour aller dévaster les récoltes des autres gens ou leur empoisonner le sang. On dit aussi que ces sorciers se rassemblent parfois dans d'énormes banquets où ils dévorent leurs victimes et préparent de futures attaques. Beaucoup vous diront qu'un ami d'ami a vraiment vu des sorciers survoler le village la nuit, assis sur une feuille de bananier et décochant des flèches magiques sur différentes victimes san méfiance.
    Boyer poursuit sur une anecdote personnelle :
    Je citais ces faits et d'autres curiosités exotiques à un dîner dans un collège d'Oxford quand un de nos invités, un célèbre théologien de Cambridge, m'a dit en se tournant vers moi : « C'est ce qui fait que l'anthropologie est si fascinante et en même temps si difficile. Vous devez expliquer comment les gens peuvent croire de pareilles inepties. » J'en suis resté bouche bée. La conversation a repris avant que j'aie pu trouver une réponse pertinente - à propos de torchons et de serviettes.

    À supposer que ce théologien de Cambridge était un chrétien du courant dominant, il croyait probablement à une certaine combinaison des idées suivantes :
    • Du temps de nos ancêtres, un homme est né d'une vierge sans l'intervention d'un père biologique.
    • Le même homme sans père a appelé pour le faire sortir de sa tombe un ami du nom de Lazare qui était mort depuis suffisamment longtemps pour qu'il sente mauvais, et Lazare est aussitôt revenu à la vie.
    • Cet homme sans père est lui-même redevenu vivant après être mort et avoir été enterré depuis trois jours.
    • Quarante jours plus tard, l'homme sans père est monté au sommet d'une colline et il a disparu avec son corps dans le ciel.
    • Si vous murmurez des pensées dans le secret de votre tête, l'homme sans père, avec son « père » (qui est aussi lui-même), entendra vos pensées et il pourrait agir en conséquence. Il est en même temps capable d'entendre les pensées de toutes les autres personnes dans le monde.
    • Si vous faites quelque chose de mal ou quelque chose de bien, le même homme sans père voit tout, même si personne d'autre ne le voit. Vous pouvez être récompensé ou puni en conséquence, même après votre mort.
    • La mère vierge de l'homme sans père n'est jamais morte mais elle est montée au ciel avec son corps par « assomption ».
    • Le pain et le vin, s'ils sont bénis par un prêtre (qui doit avoir des testicules), « deviennent » le corps et le sang de l'homme sans père.
    Qu'est-ce qu'un anthropologue objectif ferait de cet ensemble de croyances s'il tombait dessus pour la première fois au cours d'un travail de terrain à Cambridge ?

    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.188, Robert Laffont, 2008)
     
  30. L'idée de l'immortalité elle-même survit et se répand parce qu'elle répond à un voeu pieux. Et les voeux pieux sont importants car la psychologie humaine a une tendance quasi universelle à laisser le désir colorer les croyances.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.201, Robert Laffont, 2008)
     
  31. La principale conclusion de l'étude de Hauser et de Singer est qu'il n'y a pas de différence statistiquement significative entre les athées et les croyants quand ils émettent ces jugements. Cela semble compatible avec l'idée, qui est la mienne et celle de beaucoup d'autres, que nous n'avons pas besoin de Dieu pour être bons - ou mauvais.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.236, Robert Laffont, 2008)
     
  32. Comme nous faisons les importants, nous, les humains, à grossir nos misérables petits « péchés » pour leur donner une dimension cosmique !
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.247, Robert Laffont, 2008)
     
  33. Ce qui me laisse pantois, c'est que des gens fondent aujourd'hui leur existence sur des modèles aussi épouvantables que Yahvé.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.258, Robert Laffont, 2008)
     
  34. Steven Weinberg : « La religion est une insulte à la dignité humaine. Que ce soit avec ou sans elle, il y aura toujours des gens bien qui font de bonnes choses, et des mauvais qui font de mauvaises choses. Mais pour que des gens bien agissent mal, il faut la religion. »
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.259, Robert Laffont, 2008)
     
  35. En y réfléchir, il est étonnant qu'une religion adopte pour symbole sacré un instrument de torture et d'exécution, souvent porté autour du cou.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.261, Robert Laffont, 2008)
     
  36. La religion est une étiquette marquant l'hostilité et la vendetta entre groupe intérieur et groupe extérieur ; elle n'est pas nécessairement pire que d'autres étiquettes comme la couleur de la peau, la langue ou l'équipe favorite de football, mais elle est souvent là quand les autres font défaut.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.269, Robert Laffont, 2008)
     
  37. [Pour Napoléon] la religion est un excellent matériau pour endormir les gens ordinaires, et [pour] Sénèque le Philosophe [...] la religion est considérée par les gens ordinaires comme vraie, par les sages comme fausse, et par les dirigeants comme utile.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.287, Robert Laffont, 2008)
     
  38. Je ne peux m'imaginer qu'une guerre ait été menée au nom de l'athéisme
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.289, Robert Laffont, 2008)
     
  39. La religion a en fait persuadé les individus qu'il y a un homme invisible - vivant dans le ciel - qui observe tout ce que tu fais à chaque instant de chaque jour. Et cet homme invisible a une liste de dix choses qu'il ne veut pas que tu fasses. Et si tu fais une de ces dix choses, il a un endroit spécial, plein de feu et de fumée où l'on brûle, torture et supplicie, et où il t'enverra pour y vivre, souffrir, brûler, t'étouffer, hurler et pleurer pour toujours jusqu'à la fin des temps. [...] Mais Il t'aime ! [George Carlin]
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.291, Robert Laffont, 2008)
     
  40. On pourrait dire que [la foi religieuse] est une forme de torture mentale.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.297, Robert Laffont, 2008)
     
  41. Une fois de plus, la marque caractéristique du moralisateur qui se fonde sur la religion consiste à se passionner pour ce que les autres font (ou pensent) en privé.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.301, Robert Laffont, 2008)
     
  42. [...] Même la religion tempérée et modérée participe au climat religieux dans lequel s'épanouit naturellement l'extrémisme.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.316, Robert Laffont, 2008)
     
  43. Voltaire voyait juste il y a bien longtemps quand il disait que ceux qui vous font croire des absurdités peuvent vous faire commettre des atrocités. De même Bertrand Russell disait : « Beaucoup de gens seraient prêts à mourir plutôt que de penser. Et ils meurent. »
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.319, Robert Laffont, 2008)
     
  44. Le christianisme, autant que l'islam, enseigne aux enfants que la foi incontestée est une vertu. Vous n'avez pas à expliquer ce que vous croyez. Si quelqu'un annonce que cela fait partie de sa foi, tous les autres dans la société, qu'ils appartiennent à la même religion, à une autre ou à aucune, sont obligés en vertu d'une coutume profondément enracinée de le « respecter » sans poser de question ; de le respecter jusqu'au jour où il se manifeste dans un horrible massacre comme la destruction du World Trade Center ou les attentats suicides de Londres ou de Madrid. Il s'élève alors un grand choeur de désaveux dans lesquels les ecclésiastiques et les « représentants des communautés » (au passage, qui les a élus ?) font la queue pour expliquer que cet extrémisme est une perversion de la « vraie » foi. Mais comment ce peut-il être une perversion de la foi si la foi, n'ayant pas de justification objective, n'a pas de norme démontrable susceptible d'être pervertie ?
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.319, Robert Laffont, 2008)
     
  45. [...] Ce qui est vraiment pernicieux, c'est cette pratique qui consiste à enseigner aux enfants que la foi elle-même est une vertu.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.321, Robert Laffont, 2008)
     
  46. « Dans chaque village un homme tend un flambeau, l'instituteur. Et un autre souffle dessus, le curé. » Victor Hugo
    [NDLR] Donné en épigraphe au chapitre 9. La citation exacte est celle-ci : « Il y a maintenant en France dans chaque village un flambeau allumé, le maître d'école, et une bouche qui souffle dessus, le curé. » qu'on trouve dans Histoire d'un crime.

    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.322, Robert Laffont, 2008)
     
  47. On dit qu'Alfred Hitchcock, ce grand cinéaste spécialisé dans l'art de faire peur, voyageait un jour en Suisse quand il désigna soudain quelque chose par la fenêtre de sa voiture en disant : « Je n'ai jamais rien vu d'aussi effrayant. » C'était un prêtre en train de parler avec un petit garçon, la main posée sur l'épaule de l'enfant.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.330, Robert Laffont, 2008)
     
  48. Je pense que dans l'horreur extrême de l'enfer décrite par les prêtres et les religieuses, l'exagération vise à compenser l'invraisemblance. Si l'enfer était vraisemblable, il suffirait qu'il soit modérément désagréable pour avoir un pouvoir dissuasif. Ayant si peu de chances d'être vrai, il faut qu'il paraisse particulièrement effroyable pour compenser son invraisemblance et rester dissuasif.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.333, Robert Laffont, 2008)
     
  49. Je sais gré à mes parents d'avoir adopté l'idée qu'il ne faut pas tant apprendre aux enfants « quoi » penser que « comment » penser.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.339, Robert Laffont, 2008)
     
  50. Il est sidérant de voir combien de personnes semblent incapables de faire la différence entre « X est vrai » et « Il est souhaitable que les gens croient que X est vrai. »
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.366, Robert Laffont, 2008)
     
  51. Il y a quelque chose d'infantile dans la présomption que quelqu'un d'autre (les parents dans le cas des enfants, Dieu dans le cas des adultes) a la responsabilité de donner à votre vie un sens et une raison d'être. C'est du même ordre que l'infantilisme de ceux qui, quand ils se sont foulé la cheville, cherchent autour d'eux quelqu'un à qui faire un procès.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.374, Robert Laffont, 2008)
     
  52. [...] Ce qui me passionne, c'est de vivre à une époque où l'humanité repousse les limites de ce que l'on peut comprendre.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.389, Robert Laffont, 2008)
     
  53. [...] L'opinion religieuse est le seul genre d'opinion parentale qui - par un consensus quasi universel - peut être colléw à l'enfant qui est, à la vérité, trop jeune pour savoir ce qu'il pense vraiment. Un enfant chrétien, ça n'existe pas, ce n'est qu'un enfant de parents chrétiens.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.396, Robert Laffont, 2008)
     
  54. [...] La principale raison pour laquelle ils s'accrochent à la religion n'est pas qu'elle console, mais qu'ils ont été abandonnés par notre système éducatif et qu'ils ne se rendent même pas compte qu'ils peuvent opter pour l'incroyance.
    (Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort, p.399, Robert Laffont, 2008)
     
  55. Nous mourrons un jour, et c'est là notre chance. La plupart des gens ne mourront jamais dans la mesure où ils ne naîtront jamais. Les êtres hypothétiques qui pourraient avoir tenu ma place dans le monde mais qui, dans la réalité, ne verront jamais le jour, excèdent les grains de sable de l'Arabie. Assurément, ces fantômes incluent des poètes qui surpassent Keats, des scientifiques qui surpassent Newton. Nous le savons, parce que le nombre d'individus potentiels postulé par notre ADN excède infiniment le nombre de vivants. En dépit de ces probabilités époustouflantes, ce sont deux êtres banals - vous et moi - qui vivent ici-bas.
    (Les mystères de l'arc-en-ciel, p. 13, Bayard, 2000)
     
  56. Nous devrions consacrer au moins une part de notre existence à vivre pleinement cette vie, pas juste à oeuvrer pour l'empêcher de prendre fin.
    (Les mystères de l'arc-en-ciel, p. 18, Bayard, 2000)
     
  57. Dissiper l'anesthésie du familier, c'est tout l'art des poètes : somme toute, c'est leur affaire.
    (Les mystères de l'arc-en-ciel, p. 29, Bayard, 2000)
     
  58. Le mystique se contente de baigner dans l'émerveillement, de s'ébattre dans un mystère qu'il n'est «pas dans notre nature» de pénétrer. Le scientifique éprouve ce même émerveillement, qui l'excite au lieu de l'apaiser ; il admet la profondeur du mystère, puis ensuite : «Mais nous travaillons à l'élucider.»
    (Les mystères de l'arc-en-ciel, p. 31, Bayard, 2000)
     
  59. [...] «respect» (ce mot passe-partout de notre époque) [...]
    (Les mystères de l'arc-en-ciel, p. p.36, Bayard, 2000)
     
  60. Les pourvoyeurs du relativisme culturel et de la «superstition éclairée» ont tendance à accabler de leur mépris la quête de vérité. [...] Pourtant, aucun philosophe n'éprouve de problèmes à se réclamer de la vérité lorsqu'il se voit faussement accuser d'un crime, ou lorsqu'il soupçonne sa femme d'adultère. «Est-ce vrai ?» semble une bonne question en soi, et parmi ceux qui se la posent dans leur vie privée, il en est peu qui se satisferaient d'une réponse de sophiste, coupant en quatre le cheveu logique.
    (Les mystères de l'arc-en-ciel, p. 36, Bayard, 2000)
     
  61. En soulevant trop rapidement de prétendus problèmes philosophiques, on crée parfois un écran de fumée qui cache certains méfaits.
    (Les mystères de l'arc-en-ciel, p. 37, Bayard, 2000)
     
  62. La science autorise le mystère, non la magie.
    (Les mystères de l'arc-en-ciel, p. 46, Bayard, 2000)
     
  63. [...] On peut apprécier le concerto de Mozart pour clarinette sans savoir jouer de cet instrument. De fait, on peut apprendre à devenir un expert musical sans jouer une note d'un quelconque instrument. Certes, la musique prendrait fin si personne n'apprenait jamais à en jouer. Mais, songez combien d'existences seraient appauvries si chacun grandissait avec l'idée que la musique, c'est jouer un instrument.
    (Les mystères de l'arc-en-ciel, p. 53, Bayard, 2000)
     
  64. Les mystères ne perdent pas leur poésie une fois résolus. Bien au contraire : la solution s'avère souvent plus belle que l'énigme, et dans tous les cas, un mystère résolu donne à voir d'autres mystères, lesquels peuvent inspirer une plus noble poésie.
    (Les mystères de l'arc-en-ciel, p. 61, Bayard, 2000)
     
  65. Les étoiles ont de vastes emplois du temps, où ne figurent pas les petites affaires humaines, ces bagatelles.
    (Les mystères de l'arc-en-ciel, p. 149, Bayard, 2000)
     
  66. [...] les signes zodiacaux, ces douze poubelles fictives et irrationnelles []
    (Les mystères de l'arc-en-ciel, p. 151, Bayard, 2000)
     
  67. Comment savoir quand le scepticisme est justifié et quand il s'érige en myopie dogmatique et intolérante ?
    (Les mystères de l'arc-en-ciel, p. 165, Bayard, 2000)
     
  68. Ne pas grandir comme il faut, c'est conserver notre côté «chenille» de l'enfance (où il est une vertu) dans l'âge adulte (où il devient un vice).
    (Les mystères de l'arc-en-ciel, p. 178, Bayard, 2000)
     
  69. Nous sommes donc impressionnés par les coïncidences parce que notre seuil d'étonnement est mal calibré. [... ] Les régions du cerveau responsables des statistiques intuitives sont encore réglées à l'âge de pierre.
    (Les mystères de l'arc-en-ciel, p. 219, Bayard, 2000)
     
  70. [...] «l'énergie» et les «vibrations», termes techniques détournés de leur contexte pour créer l'illusion d'un contenu scientifique.
    (Les mystères de l'arc-en-ciel, p. 227, Bayard, 2000)
     
  71. Nous sommes les archives digitales du Pliocène africain, voir des mers du Dévonien : les dépositaires vivants d'une sagesse qui remonte aux jours anciens. On pourrait passer sa vie à explorer cette antique bibliothèque, et mourir sans être rassasié de ses merveilles.
    (Les mystères de l'arc-en-ciel, p. 308 , Bayard, 2000)
     
  72. Le cerveau est une masse de trois livres, qui tient au creux d'une main et peut concevoir un univers de trois milliards d'années-lumière de diamètre. (Marian C. Diamond, en exergue au chapitre 12 : La pensée, ce ballon.)
    (Les mystères de l'arc-en-ciel, p. 343, Bayard, 2000)
     
  73. Lorsque le premier mot fut énoncé, quelque par en Afrique, le locuteur se figurait-il qu'un missile partait de sa bouche en direction de son auditeur ?
    (Les mystères de l'arc-en-ciel, p. 361, Bayard, 2000)
     
  74. Les gènes élaborent le matériel. Les mèmes représentent le logiciel.
    (Les mystères de l'arc-en-ciel, p. 368, Bayard, 2000)