Peter Handke
1942
  1. [...] une voix qu'on distinguait au milieu de tout rassemblement, même quand elle ne parlait pas fort.
    (La femme gauchère, trad. Georges-Arthur Goldschmidt, p.22, Éd. Folio n°1192)
     
  2. Pensez ce que vous voudrez. Plus vous croirez pouvoir parler de moi, plus je serai libre à votre égard. Parfois, il me semble que ce qu'on apprend de neuf sur les gens n'a déjà plus de valeur. À l'avenir, si quelqu'un m'explique comment je suis - et fût-ce pour me flatter ou me rendre plus forte -, je n'admettrai plus une telle insolence.
    (La femme gauchère, trad. Georges-Arthur Goldschmidt, p.33., Éd. Folio n°1192)
     
  3. L'homme dont je rêve sera celui qui aime en moi la femme qui ne dépend plus de lui.  -Et qu'aimerez-vous en lui ? - Cette sorte-là d'amour.
    (La femme gauchère, trad. Georges-Arthur Goldschmidt, p.64, Éd. Folio n°1192)
     
  4. Je suis si seul que le soir avant de m'endormir, je ne trouve personne à qui penser, simplement parce que de toute la journée, je n'ai été en compagnie de personne. Et comment écrire, si on n'a personne à qui réfléchir ?
    (La femme gauchère, trad. Georges-Arthur Goldschmidt, p.80, Éd. Folio n°1192)
     
  5. Votre visage est si doux - comme si vous aviez sans cesse conscience de ce qu'il nous faut mourir.
    (La femme gauchère, trad. Georges-Arthur Goldschmidt, p.99, Éd. Folio n°1192)
     
  6. Être seul produit la souffrance la plus glacée, la plus dégoûtante qui soit : on devient inconsistant.
    (La femme gauchère, trad. Georges-Arthur Goldschmidt, p.105, Éd. Folio n°1192)
     
  7. Dans ma mansarde je me mets moi aussi souvent à la lucarne rien que pour voir les nuages. Alors je sens que je vis encore.
    (La femme gauchère, trad. Georges-Arthur Goldschmidt, p.111, Éd. Folio n°1192)
     
  8. [L'auteur parle de sa mère, suicidée.]
    Un sanglot ridicule dans les toilettes quand j'étais petit, quelqu'un qui se mouche, des yeux rouges et battus. Elle était ; elle fut ; elle ne fut rien.

    (Le malheur indifférent, trad. Anne Gaudu, p.52, Éd. Folio n°976)
     
  9. [...] même quand les phrases ont l'apparence d'une citation, elles ne doivent à aucun moment faire oublier qu'elles s'appliquent, pour moi du moins, à quelqu'un de particulier - et pour qu'elles me paraissent utilisables, il faut que l'idée centrale, forte et bien pesée, soit ce prétexte personnel, privé si l'on veut.
    (Le malheur indifférent, trad. Anne Gaudu, p.54, Éd. Folio n°976)
     
  10. Les avantages n'étaient en général que des désavantages manquants : pas de bruit, pas de responsabilité, pas de travail chez les autres, pas de départ journalier de la maison et de séparation des enfants. Les désavantages réels étaient donc annulés par les désavantages absents.
    (Le malheur indifférent, trad. Anne Gaudu, p.76, Éd. Folio n°976)
     
  11. [...] je suis sûre que ce n'est pas par avidité de posséder que les enfants ne peuvent pas se séparer des choses, c'est par peur. Ils éprouvent une terreur quasi animale lorsqu'une chose qui faisait encore partie d'eux se trouve tout à coup ailleurs, quand l'endroit où elle se trouvait est, tout à coup, vide. Eux-mêmes ne savent plus où est leur place [...].
    (La courte lettre pour un long adieu, trad. Georges-Arthur Goldschmidt, p.81, Éd. Folio n°1716)
     
  12. Nous [les Américains] avons été éduqués à toujours voir la nature avec un frisson moral. Sous chaque coup d'oeil sur un cañon, il pourrait y avoir une phrase de la Constitution des États-Unis [...].
    (La courte lettre pour un long adieu, trad. Georges-Arthur Goldschmidt, p.111, Éd. Folio n°1716)
     
  13. Nous [les Américains] ne passons pas notre temps à vouloir être seul ; on devient méprisant quand on reste seul, on ne fait plus que se renifler soi-même et quand on n'a plus que soi-même comme interlocuteur, on s'arrête de parler dès le premier mot.
    (La courte lettre pour un long adieu, trad. Georges-Arthur Goldschmidt, p.171, Éd. Folio n°1716)
     
  14. En Amérique, il n'y a pas de chemins, il n'y a que des routes [...].
    (La courte lettre pour un long adieu, trad. Georges-Arthur Goldschmidt, p.175, Éd. Folio n°1716)