Laurence Cossé

  1. Mon Dieu, le nombre de cinglés que Vous mettez au monde.
    (Le coin du voile, p.16, Éd. Gallimard nrf, 1996)
     
  2. Il voyait comment, en quelques semaines, la preuve de l'existence de Dieu peut ruiner l'équilibre laïc. Car l'équilibre tient à l'incertitude de l'existence de Dieu. L'absence de preuve de l'existence de Dieu oblige à respecter les incroyants ; mais l'absence de preuve de l'inexistence de Dieu à respecter les croyants.
    (Le coin du voile, p.82, Éd. Gallimard nrf, 1996)
     
  3. Ma foi m'interdit de croire que la preuve de l'existence de Dieu puisse jamais être apportée. Mon Dieu n'est pas objet de vérification, il est sujet d'amour. Ma foi n'est pas savoir, elle est acquiescement. Il ne s'agit pas d'un calcul mais d'une confiance.
    (Le coin du voile, p.110, Éd. Gallimard nrf, 1996)
     
  4. Si l'homme était resté bon an mal an moral, jusqu'en cette fin de deuxième millénaire, c'était pour deux raisons. Soit il ne croyait pas en Dieu, et il se sentait responsable du monde. Soit il croyait en Dieu, mais sans en être sûr, et il faisait le bien pour faire en quelque sorte exister Dieu.
    (Le coin du voile, p.216, Éd. Gallimard nrf, 1996)
     
  5. La certitude, quel que soit son bord, engendre le fanatisme. Elle n'engendre pas que lui, mais elle l'engendre immanquablement. Voyez les Croisés, les Inquisiteurs, aussi bien que les révolutionnaires athées : tous ont haché menu, brûlé, guillotiné, sûrs de bien faire. Au fond, le doute est le seul contrepoids aux folies humaines. C'est la raison, le doute.
    (Le coin du voile, p.228, Éd. Gallimard nrf, 1996)
     
  6. Lorsqu'on bouche une source, les résurgences sont fatales.
    (Le coin du voile, p.257, Éd. Gallimard nrf, 1996)