Voltaire
1694-1778
  1. [...] il n'y a aucun pays de la terre où l'amour n'ait rendu les amants poètes.
    (L'Ingénu, p. 23 in L'Ingénu et autres contes, Classiques Français)
     
  2. [...] nous sommes sous la puissance de l'Être éternel comme les astres et les éléments ; qu'il fait tout en nous, que nous sommes de petites roues de la machine immense dont il est l'âme ; qu'il agit par des lois générales, et non par des vues particulières : cela seul me paraît intelligible ; tout le reste est pour moi un abîme de ténèbres.
    (L'Ingénu, p.35 in L'Ingénu et autres contes, Classiques Français)
     
  3. La lecture agrandit l'âme, et un ami éclairé la console.
    (L'Ingénu, p. 37 in L'Ingénu et autres contes, Classiques Français)
     
  4. J'aime les fables des philosophes, je ris de celles des enfants, et je hais celles des imposteurs.
    (L'Ingénu, p. 38 in L'Ingénu et autres contes, Classiques Français)
     
  5. C'est une absurdité, c'est un outrage au genre humain, c'est un attentat contre l'Être infini et suprême de dire : Il y a une vérité essentielle à l'homme, et Dieu l'a cachée.
    (L'Ingénu, p. 45 in L'Ingénu et autres contes, Classiques Français)
     
  6. Pensez-vous que tous ceux qui ont été à la tête des provinces, ou même des armées, aient dû leurs honneurs et leur fortune à leurs seuls services ? Il en est qui en sont redevables à mesdames leurs femmes. Les dignités de la guerre ont été sollicitées par l'amour, et la place a été donnée au mari de la plus belle.
    (L'Ingénu, p. 50 in L'Ingénu et autres contes, Classiques Français)
     
  7. Il est dans la beauté et dans la vertu un charme invincible qui fait tomber les portes de fer, et qui amollit les coeurs de bronze !
    (L'Ingénu, p.53 in L'Ingénu et autres contes, Classiques Français)
     
  8. [...] chaque profession a un vice et un danger qui lui sont attachés [...]
    (L'Ingénu, p.56 in L'Ingénu et autres contes, Classiques Français)
     
  9. C'est donc ainsi qu'on traite les hommes comme des singes ! On les bat et on les fait danser.
    (L'Ingénu, p.61 in L'Ingénu et autres contes, Classiques Français)
     
  10. Quiconque fait une grande perte a de grands regrets ; s'il les étouffe, c'est qu'il porte la vanité jusque dans les bras de la mort.
    (L'Ingénu, p.62 in L'Ingénu et autres contes, Classiques Français)
     
  11. Le temps adoucit tout.
    (L'Ingénu, p. 64 in L'Ingénu et autres contes, Classiques Français)
     
  12. Il prit pour sa devise : malheur est bon à quelque chose. Combien d'honnêtes gens dans le monde ont pu dire : malheur n'est bon à rien!
    (L'Ingénu, p. in L'Ingénu et autres contes, Classiques Français)
     
  13. Nos deux yeux ne rendent pas notre condition meilleure ; l'un nous sert à voir les biens, et l'autre les maux de la vie. Bien des gens ont la mauvaise habitude de fermer le premier, et bien peu ferment le second.
    (Le crocheteur borgne, p.253 in L'Ingénu et autres contes, Classiques Français)
     
  14. Je ne sais pas qui votre coeur préfère
    Mais l'univers sera jaloux de lui.

    (La Princesse de Babylone, p.125 in L'Ingénu et autres contes, Classiques Français)
     
  15. Les hommes alimentés de carnage et abreuvés de liqueurs fortes ont tous un sang aigri et aduste qui les rend fous en cent manières différentes.
    (La Princesse de Babylone, p.135 in L'Ingénu et autres contes, Classiques Français)
     
  16. [...] examine-t-on ce qu'on désire?
    (La Princesse de Babylone, p.147 in L'Ingénu et autres contes, Classiques Français)
     
  17. [...] les Grecs, qui ont écrit tant de phrases et si peu de choses [...]
    (La Princesse de Babylone, p.159 in L'Ingénu et autres contes, Classiques Français)
     
  18. Le phénix, qui était plus sage que Formosante, parce qu'il était sans passion [...]
    (La Princesse de Babylone, p.169 in L'Ingénu et autres contes, Classiques Français)
     
  19. [...] il n'y a rien à gagner avec un enthousiaste : il ne faut point s'aviser de dire à un homme les défauts de sa maîtresse, ni à un plaideur le faible de sa cause, ni des raisons à un illuminé.
    (Lettres philosophiques, p.22 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  20. [...] c'était un jeune homme [...] saintement fou.
    (Lettres philosophiques, p.30 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  21. [...] l'enthousiasme est une maladie qui se gagne [...]
    (Lettres philosophiques, p.31 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  22. S'il n'y avait en Angleterre qu'une religion, le despotisme serait à craindre ; s'il y en avait deux, elles se couperaient la gorge ; mais il y en a trente, et elles vivent en paix et heureuses.
    (Lettres philosophiques, p.47 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  23. C'est à celui qui domine sur les esprits par la force de la vérité, non à ceux qui font des esclaves par la violence, c'est à celui qui connaît l'univers, non à ceux qui le défigurent, que nous devons nos respects.
    (Lettres philosophiques, p.76 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  24. Les inventions les plus étonnantes et les plus utiles ne sont pas celles qui font le plus d'honneur à l'esprit humain.
    (Lettres philosophiques, p.78 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  25. [En parlant de Locke] Personne n'a mieux prouvé que lui qu'on pouvait avoir l'esprit géomètre sans le secours de la géométrie.
    (Lettres philosophiques, p.82 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  26. [...] la Grèce, berceau des arts et des erreurs, et où l'on poussa si loin la grandeur et la sottise de l'esprit humain [...]
    (Lettres philosophiques, p.82 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  27. Aristote, qu'on a expliqué de mille façons, parce qu'il était inintelligible [...]
    (Lettres philosophiques, p.82 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  28. Notre Descartes, né pour découvrir les erreurs de l'antiquité, mais pour y substituer les siennes [...]
    (Lettres philosophiques, p.83 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  29. Les superstitieux sont dans la société ce que les poltrons sont dans une armée : ils ont, et donnent des terreurs paniques.
    (Lettres philosophiques, p.85 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  30. Mais les théologiens commencent trop souvent par dire que Dieu est outragé quand on n'est pas de leur avis.
    (Lettres philosophiques, p.85 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  31. Jamais les philosophes ne feront une secte de religion. Pourquoi ? C'est qu'ils n'écrivent point pour le peuple, et qu'ils sont sans enthousiasme.
    (Lettres philosophiques, p.87 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  32. Divisez le genre humain en vingt parts : il y en a dix-neuf composées de ceux qui travaillent de leurs mains, et qui ne sauront jamais s'il y a un Locke au monde ; dans la vingtième partie qui reste, combien trouve-t-on peu d'hommes qui lisent ! Et parmi ceux qui lisent, il y en a vingt qui lisent des romans, contre un qui étudie la philosophie. Le nombre de ceux qui pensent est excessivement petit, et ceux-là ne s'avisent pas de troubler le monde.
    (Lettres philosophiques, p.87 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  33. [En parlant de Descartes] Il était estimable même dans ses égarements.
    (Lettres philosophiques, p.94 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  34. En philosophie, il faut se défier de ce qu'on croit entendre trop aisément, aussi bien que des choses qu'on n'entend pas.
    (Lettres philosophiques, p.96 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  35. Le temps, qui seul fait la réputation des hommes, rend à la fin leurs défauts respectables.
    (Lettres philosophiques, p.120 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  36. Tous les grimauds qui s'érigent en critiques des écrivains célèbres compilent des volumes ; j'aimerais mieux deux pages qui nous fissent connaître quelques beautés ; car je maintiendrai toujours, avec les gens de bon goût, qu'il y a plus à profiter dans douze vers d'Homère et de Virgile que dans toutes les critiques qu'on a faites de ces deux grands hommes.
    (Lettres philosophiques, p.121 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  37. Les faux brillants se trouvent plus aisément que les pierres précieuses.
    (Lettres philosophiques, p.137 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  38. La poésie est une espèce de musique : il faut l'entendre pour en juger.
    (Lettres philosophiques, p.142 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  39. [...] la plaisanterie expliquée cesse d'être plaisanterie : tout commentateur de bons mots est un sot.
    (Lettres philosophiques, p. Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  40. [...] cette idée à eu le sort de beaucoup d'autres projets utiles, d'être approuvée et d'être négligée.
    (Lettres philosophiques, p.158 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  41. Le christianisme n'enseigne que la simplicité, l'humanité, la charité ; vouloir le réduire à la métaphysique, c'est en faire une source d'erreurs.
    (Lettres philosophiques, p.161 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  42. [...] l'intérêt que j'ai à croire une chose n'est pas une preuve de l'existence de cette chose.
    (Lettres philosophiques, p.164 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  43. Voltaire commente ici une pensée de B. Pascal: " S'il y a un Dieu, il ne faut aimer que lui, et non les créatures. "
    Il faut aimer, et très tendrement, les créatures ; il faut aimer sa patrie, sa femme, son père, ses enfants ; et il faut si bien les aimer que Dieu nous les fait aimer malgré nous. Les principes contraires ne sont propres qu'à faire de barbares raisonneurs.

    (Lettres philosophiques, p.168 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  44. C'est l'amour de nous-même qui assiste l'amour des autres ; c'est par nos besoins mutuels que nous sommes utiles au genre humain ; c'est l'éternel lien des hommes.
    (Lettres philosophiques, p.168 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  45. L'homme est né pour l'action, comme le feu tend en haut et la pierre en bas. N'être point occupé et n'exister pas est la même chose pour l'homme. Toute la différence consiste dans les occupations douces ou tumultueuses, dangereuses ou utiles.
    (Lettres philosophiques, p.173 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  46. Au lieu donc de nous étonner et de nous plaindre du malheur et de la brièveté de la vie, nous devons nous étonner et nous féliciter de notre bonheur et de sa durée.
    (Lettres philosophiques, p.175 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  47. On apprend tout aux hommes, la vertu, la religion.
    (Lettres philosophiques, p.179 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  48. Il y a très peu d'hommes vraiment originaux ; presque tous se gouvernent, pensent et sentent par l'influence de la coutume et de l'éducation.
    (Lettres philosophiques, p.181 Éd. Garnier-Flammarion n° 15)
     
  49. La vertu s'avilit à se justifier.
    (Oedipe, p.17 in Théâtre, Librairie Garnier Frères)
     
  50. Toi, si pour me servir tu montres quelque ardeur,
    De Phorbas que j'attends cours hâter la lenteur.

    (Oedipe, p.18 in Théâtre, Librairie Garnier Frères)
     
  51. [...] l'extrême justice est une extrême injure :
    Il n'en faut pas toujours écouter la rigueur.

    (Oedipe, p.22 in Théâtre, Librairie Garnier Frères)
     
  52. On est plus criminel quelquefois qu'on ne pense.
    (Oedipe, p.28 in Théâtre, Librairie Garnier Frères)
     
  53. Nos prêtres ne sont point ce qu'un vain peuple pense ;
    Notre crédulité fait toute leur science.

    (Oedipe, p.29 in Théâtre, Librairie Garnier Frères)
     
  54. Quel homme est sans erreur ? et quel roi sans faiblesse ?
    (Brutus, p.50 in Théâtre, Librairie Garnier Frères)
     
  55. Crois-moi, la liberté, que tout mortel adore,
    Que je veux leur ôter, mais que j'admire encore,
    Donne à l'homme un courage, inspire une grandeur,
    Qu'il n'eût jamais trouvés dans le fond de son coeur.

    (Brutus, p.52 in Théâtre, Librairie Garnier Frères)
     
  56. On confie aisément des malheurs qu'on surmonte ;
    Mais qu'il est accablant de parler de sa honte !

    (Brutus, p.56 in Théâtre, Librairie Garnier Frères)
     
  57. [...] l'homme est libre au moment qu'il veut l'être.
    (Brutus, p.58 in Théâtre, Librairie Garnier Frères)
     
  58. Et qui pardonne au crime en devient complice.
    (Brutus, p.85 in Théâtre, Librairie Garnier Frères)
     
  59. BRUTUS
    Avais-tu résolu d'opprimer ta patrie ?
    D'abandonner ton père au pouvoir absolu ?
    De trahir tes serments ?
    TITUS
    Je n'ai rien résolu.
    Plein d'un mortel poison dont l'horreur me dévore,
    Je m'ignorais moi-même et je me cherche encore.

    (Brutus, p.90 in Théâtre, Librairie Garnier Frères)
     
  60. On ne peut désirer ce qu'on ne connaît pas.
    (Zaïre, p.94 in Théâtre, Librairie Garnier Frères)
     
  61. L'instruction fait tout ; et la main de nos pères
    Grave en nos faibles coeurs ces premiers caractères
    Que l'exemple et le temps nous viennent retracer,
    Et que peut-être en nous Dieu seul peut effacer.

    (Zaïre, p.97 in Théâtre, Librairie Garnier Frères)
     
  62. Quiconque est soupçonneux invite à le trahir.
    (Zaïre, p.103 in Théâtre, Librairie Garnier Frères)
     
  63. Seigneur, il est bien dur, pour un coeur magnanime,
    D'attendre des secours de ceux qu'on mésestime :
    Leurs refus sont affreux, leurs bienfaits font rougir.

    (Zaïre, p.107 in Théâtre, Librairie Garnier Frères)
     
  64. Et dans les factions, comme dans les combats,
    Du triomphe à la chute il n'est souvent qu'un pas.

    (La mort de César, p.146 in Théâtre, Librairie Garnier Frères)
     
  65. Va, j'aime mieux mourir que craindre la mort.
    (La mort de César, p.172 in Théâtre, Librairie Garnier Frères)
     
  66. Croyez-moi, les humains que j'ai trop su connaître,
    Méritent peu, mon fils, qu'on veuille être leur maître.

    (Alzire, p.178 in Théâtre, Librairie Garnier Frères)
     
  67. [...] tout excès mène au crime.
    (Alzire, p.206 in Théâtre, Librairie Garnier Frères)
     
  68. [On propose à Alzire de changer de religion, évitant ainsi la mise à mort. Mais elle répond :]
    Mais renoncer aux dieux que l'on croit dans son coeur,
    C'est le crime d'un lâche et non pas une erreur :
    C'est trahir à la fois, sous un masque hypocrite,
    Et le Dieu qu'on préfère, et le Dieu que l'on quitte :
    C'est mentir au ciel même, à l'univers, à soi.

    (Alzire, p.218 in Théâtre, Librairie Garnier Frères)