Ahmadou Kourouma
1927-2003
  1. Et quand on sait où l'on va, qu'on sache d'où l'on vient.
    (En attendant le vote des bêtes sauvages, p.11, Éd. du Seuil, 1998)
     
  2. On n'est trahi que par ses proches amis.
    (En attendant le vote des bêtes sauvages, p.16, Éd. du Seuil, 1998)
     
  3. [...] les Vietnamiens sont les Pygmées d'Asie, de frêles Pygmées. Ils ont chassé de leurs terres tous les grands peuples de l'univers. Peuples grands par le nombre de leurs habitants comme les Chinois ; peuples grands par les moyens techniques de leur armée comme les Américains ; peuples grands par leur culture et leur histoire comme les Français. Il est à parier que, si l'univers entier s'alliait pour occuper le sol vietnamien, les Viets vaincraient et jetteraient les soldats du monde entier à la mer.
    (En attendant le vote des bêtes sauvages, p.31, Éd. du Seuil, 1998)
     
  4. Mépriser son adversaire même petit et frêle est toujours une faute stratégique dans un combat.
    (En attendant le vote des bêtes sauvages, p.32, Éd. du Seuil, 1998)
     
  5. Le proverbe est le cheval de la parole ; quand la parole se perd, c'est grâce au proverbe qu'on la retrouve.
    (En attendant le vote des bêtes sauvages, p.41, Éd. du Seuil, 1998)
     
  6. Pour celui qui aime, qui vraiment aime, les nuits ne se terminent jamais avec le lever du jour.
    (En attendant le vote des bêtes sauvages, p.46, Éd. du Seuil, 1998)
     
  7. Il y a dans la vie de chacun de nous des mots qu'on regrettera toujours d'avoir prononcés, des mots qu'on n'aurait jamais dû sortir, des mots qu'on aurait dû avaler : les mots qui changèrent notre destin.
    (En attendant le vote des bêtes sauvages, p.47, Éd. du Seuil, 1998)
     
  8. [...] il existe deux sortes de cécité sur cette terre. Il y a d'abord ceux qui irrémédiablement ont perdu la vue et qui parviennent avec une canne blanche à éviter les obstacles. Ce sont les aveugles de la vue. Et ceux qui ne croient pas, n'utilisent pas la voyance, les sacrifices. Ce sont les aveugles de la vie. Ils entrent de front dans tous les obstacles, tous les malheurs qui empêchent leur destin de se réaliser pleinement.
    (En attendant le vote des bêtes sauvages, p.59, Éd. du Seuil, 1998)
     
  9. Il y a dans la vie deux sortes de destins. Ceux qui ouvrent les pistes dans la grande brousse de la vie et ceux qui suivent ces pistes ouvertes de la vie. Les premiers affrontent les obstacles, l'inconnu. Ils sont toujours le matin trempés par la rosée parce qu'ils sont les premiers à écarter les herbes qui étaient entremêlées.
    Les seconds suivent des pistes tracées, suivent des pistes banalisées, suivent des initiateurs, des maîtres. Ils ne connaissent pas les rosées matinales qui trempent, les obstacles qui défient, l'inconnu des nuits noires, l'inconnu des espaces infinis. Leur problème dans la vie c'est de trouver leur homme de destin. Leur homme de destin est celui qu'ils doivent suivre pour se réaliser pleinement, pour être définitivement heureux. Ce n'est jamais facile de trouver son homme de destin, on n'est jamais sûr de l'avoir rencontré.

    (En attendant le vote des bêtes sauvages, p.60, Éd. du Seuil, 1998)
     
  10. On dit que la mort est préférable à la honte, mais il faut rapidement ajouter que la honte porte des fruits, la mort n'en porte pas.
    (En attendant le vote des bêtes sauvages, p.63, Éd. du Seuil, 1998)
     
  11. La vie est toujours douloureuse pour les gens qui aiment ceux qui les excluent et méprisent ceux qui les acceptent.
    (En attendant le vote des bêtes sauvages, p.99, Éd. du Seuil, 1998)
     
  12. Le pouvoir est une femme qui ne se partage pas.
    (En attendant le vote des bêtes sauvages, p.103, Éd. du Seuil, 1998)
     
  13. Ce ne sont pas par ses discours et ses gesticulations, mais par le silence et le sérieux que le sage se distingue dans une assemblée.
    (En attendant le vote des bêtes sauvages, p.107, Éd. du Seuil, 1998)
     
  14. Quand, au moment de la séparation entre deux individus, personne ne ressent de regret, la séparation est arrivée trop tard.
    (En attendant le vote des bêtes sauvages, p.122, Éd. du Seuil, 1998)
     
  15. Il n'y a que le désert qui guérisse les désespoirs. Parce que le désert, c'est les espaces infinis, le silence des dunes, un ciel dans les nuits émaillé de milliers d'étoiles. Un environnement qui sans faute sauve les grands désespérés. Dans le désert, on pouvait pleurer sans crainte de faire déborder un fleuve.
    (En attendant le vote des bêtes sauvages, p.144, Éd. du Seuil, 1998)
     
  16. Dans la vie, quand tu as à choisir entre deux hommes, rallie toujours celui qui ne croit pas à l'homme, celui qui n'a pas de foi.
    (En attendant le vote des bêtes sauvages, p.163, Éd. du Seuil, 1998)
     
  17. La vérité n'est très souvent qu'une seconde manière de redire un mensonge [...].
    (En attendant le vote des bêtes sauvages, p.184, Éd. du Seuil, 1998)
     
  18. Si quelqu'un t'a mordu, il t'a rappelé que tu as des dents.
    (En attendant le vote des bêtes sauvages, p.289, Éd. du Seuil, 1998)
     
  19. [...] l'Afrique est de loin le continent le plus riche en pauvreté et en dictatures [...].
    (En attendant le vote des bêtes sauvages, p., Éd. du Seuil, 1998)