Jacques Sternberg
1923-2006
  1. [...] la politique, fille de la diplomatie et de l'escroquerie courtoise.
    (La sortie est au fond de l'espace, p.52, Éd. Denoël Présense du Futur/15)
     
  2. A force de prendre les choses comme elles venaient, on finissait par leur trouver certains avantages insoupçonnés.
    (La sortie est au fond de l'espace, p.54, Éd. Denoël Présense du Futur/15)
     
  3. Dans l'absolu, y avait-il vraiment une différence entre le destin d'un seul homme et celui de toute l'humanité?
    (La sortie est au fond de l'espace, p.102, Éd. Denoël Présense du Futur/15)
     
  4. Derrière l'apparence, il y avait peut-être la réalité. L'apparence faisant fonction d'ombre protectrice.
    (La sortie est au fond de l'espace, p.112, Éd. Denoël Présense du Futur/15)
     
  5. Il me semble que si nous avions de temps en temps quelques instants pour nous arrêter, regarder les choses, le juger, nous ne pourrions que demander grâce, reculer, effarés, pendre la fuite.
    (Toi ma nuit, p.15, Folio n° 1251)
     
  6. [...] la démence organisée des villes.
    (Toi ma nuit, p.16, Folio n° 1251)
     
  7. Moi, j'aime bien jeter par-dessus bord les multiples privilèges que nous accorde notre temps dans le but évident de nous faire oublier qu'il nous écrase, en contre partie, sous des tonnes d'inconvénients.
    (Toi ma nuit, p.19, Folio n° 1251)
     
  8. Un laborieux castor destructif, voilà ce que l'homme est à mes yeux.
    (Toi ma nuit, p.21, Folio n° 1251)
     
  9. Ne jamais oublier que l'espoir fait vivre.
    (Toi ma nuit, p.47, Folio n° 1251)
     
  10. Quand les autos penseront, les Rolls Royce seront plus angoissées que les taxis.
    (citée par J.Sternberg dans Toi ma nuit, p.54, Folio n° 1251)
     
  11. La force des penseurs était de toujours promettre pour le lendemain jamais pour le jour même.
    (Toi ma nuit, p.61, Folio n° 1251)
     
  12. Je ne m'ennuie jamais. Mais tout m'ennuie.
    (Toi ma nuit, p.81, Folio n° 1251)
     
  13. Çà ne sert à rien de savoir des choses. L'intelligence, c'est avoir l'intelligence de ne rien apprendre.
    (Toi ma nuit, p.92, Folio n° 1251)
     
  14. [...] un simple moment de prédilection peut faire d'un cauchemar un rêve sans grande importance.
    (Toi ma nuit, p.175, Folio n° 1251)
     
  15. [...] assurer un emploi exige non seulement une mentalité de prisonnier sur parole, mais une faculté de toujours recommencer les mêmes gestes.
    (Toi ma nuit, p.188, Folio n° 1251)
     
  16. C'est effrayant: être en vie, cela signifie avant tout se demander si oui ou non on sera encore en vie sans une heure.
    (Fin de siècle, p.45, Livre de Poche n° 7017)
     
  17. La mort, décidément, m'aura gâché toute ma vie. Rien de ce que j'ai vécu ne pourra me consoler de cette certitude d'y passer un jour. Une seule question reste en suspens: est-ce que la mort me consolera de ma vie?
    (Fin de siècle, p.56, Livre de Poche n° 7017)
     
  18. J'oublie tout, donc je suis.
    (Fin de siècle, p.167, Livre de Poche n° 7017)
     
  19. -Vous n'auriez pas l'heure, je vous prie?
    -Je m'excuse, monsieur, mais c'est peut-être la dernière et elle est prise.

    (Fin de siècle, p.168, Livre de Poche n° 7017)
     
  20. Mais j'ai certaines facultés, je vous l'avais déjà dit. Ce qui me manque avant tout, c'est la faculté d'employer ces facultés.
    (Bien sincèrement à vous, p.178, Livre de Poche n° 7017)
     
  21. Nous sommes condamnés, nous les Terriens, à la banalité.
    (Nous deux, p.223, Livre de Poche n° 7017)
     
  22. Je m'en voulais d'avoir pris un train ce matin, d'avoir oublié que ce n'était pas en parcourant quelques centaines ou quelques milliers de kilomètres que l'on risquait de se doubler soi-même d'un seul centimètre.
    (Sophie, la mer et la nuit, p.11, Livre de Poche n° 5074)
     
  23. -Vous vivez seule?
    -Non. Je vis avec moi.

    (Sophie, la mer et la nuit, p.38, Livre de Poche n° 5074)
     
  24. C'est drôle [...] aussi laid que ce soit, un paysage, les hommes arrivent toujours à l'enlaidir encore.
    (Sophie, la mer et la nuit, p.77, Livre de Poche n° 5074)
     
  25. Les couples m'avaient toujours paru destinés au malheur, à la rancoeur et la rancune, parce que, lucidement, un être humain n'avait pas assez d'intérêt pour en intéresser un autre pendant plus de quelques mois. Ni assez d'intérêt, ni assez d'ambiguïté, ni assez de fluidité ou de charme dans sa conversation, dans son comportement presque toujours sans surprise, sans inattendu.
    (Sophie, la mer et la nuit, p.190, Livre de Poche n° 5074)
     
  26. Mon avenir tout entier était contenu dans cette intention négative qui ne supposait aucune tentative d'action.
    (La banlieue, p.18, Marabout n° 569)
     
  27. Qui donc avait affirmé sans preuves et sans appel que l'unité était 1? On l'avait oublié. L'unité était peut-être 2, et cela secrètement, en marge de vingt siècles de triomphales jongleries à travers les mathématiques supérieures.
    (La banlieue, p.102, Marabout n° 569 )
     
  28. [...] nous ne sommes en réalité que de grandes larves sans force réelle, sans présence et rien ne peut nous sauver.
    (Le coeur froid, p.129, 10|18 n° 758)
     
  29. Une armoire, c'est un objet stupide.
    (Le coeur froid, p.135, 10|18 n° 758)
     
  30. [...] un essayage à prévoir, un compte en banque et quelques canaris à nourrir, un héritage à espérer, une voiture à acquérir, toutes ces bornes de carton qui, d kilomètre en kilomètre, nous mènent fièrement et joyeusement à la tombe. Vivre pour elle, c'était attendre sans frayeur et sans soulagement la fin dans une antichambre dépouillée de tout ornement.
    (Le coeur froid, p.136, 10|18 n° 758)
     
  31. Il est mort depuis une seconde, mais pour lui, cette seconde, c'est la même chose que quelques milliards de siècles.
    (Le coeur froid, p.139, 10|18 n° 758)
     
  32. Je n'avais jamais ressenti le besoin d'avoir l'heure de ma mort gravée à mon poignet.
    (Le coeur froid, p.160, 10|18 n° 758)
     
  33. J'avais toujours pensé que les visages les plus passionnants appartenaient à la rue, je le pensais plus que jamais.
    (Le coeur froid, p.169, 10|18 n° 758)
     
  34. Si je suis resté à travers tout révolté, lucide, éveillé, allergique au fric gagné au mépris de tout, c'est parce que j'ai toujours pensé à échapper au monotone laborieux de tous les jours. Que je ne suis jamais entré dans un bureau sans me demander comment m'en échapper. Que j'ai toujours refusé des boulots rentables, mais accaparants, au profit de travaux minables, mais peu obsédants. Parce que j'ai refusé toute forme de responsabilité dans le travail. Parce que j'ai toujours considéré mes patrons, même les plus humains - les paternalistes, les pires - comme des exploiteurs professionnels et des gardiens de taule à contrer. Et aussi et surtout, parce que le superflu m'a toujours paru le sel de la vie et que seuls les charmes de l'inutile peuvent vous aider à supporter les horreurs de l'indispensable quotidien.
    (Vivre en survivant, p.13, Éd. Tchou)
     
  35. Les hommes politiques et les chefs de section, les militaires et les capitaines d'industries, les aigles de bureaux et les bâtisseurs d'entreprise sont des personnages qui me font rigoler, me paraissent infiniment ridicules avec leurs certitudes de jongler avec le monde alors qu'ils ne manient en réalité que des bulles de savon et qu'ils sont eux-mêmes des bulles de savon.
    (Vivre en survivant, p.32, Éd. Tchou)
     
  36. [...] les villes ne sont jamais que des ensembles plus ou moins réussis de tiroirs échafaudés les uns sur les autres.
    (Vivre en survivant, p.36, Éd. Tchou)
     
  37. Je m'emmerde avec les habitants de cette planète parce qu'ils ne peuvent être que terre à terre, aplatis et plats, réalistes et mal réalisés, limités à eux-mêmes et ivres de se confesser à la gueule du premier venu.
    (Vivre en survivant, p.39, Éd. Tchou)
     
  38. [...] une bibliothèque, c'est un des plus beau paysage du monde.
    (Vivre en survivant, p.41, Éd. Tchou)
     
  39. [...] consommer, c'est en réalité se consumer, c'est consumer toute flamme, tout désir violent, toute passion.
    (Vivre en survivant, p.50, Éd. Tchou)
     
  40. C'est en parlant le moins possible de ce que l'on mijote qu'on a le plus de chances de rester un bricoleur de l'inusité.
    (Vivre en survivant, p.54, Éd. Tchou)
     
  41. [...] ces moteurs qui ont fait de l'homme un crétin à roulettes et de la planète un garage criblé d'autoroutes.
    (Vivre en survivant, p.82, Éd. Tchou)
     
  42. Les passions se nourrissent voracement de contretemps.
    (Vivre en survivant, p.83, Éd. Tchou)
     
  43. La mer est le plus curieux des détergents: elle renferme assez de vie, à la fois grisante et menaçante pour massacrer ces immondes bacilles que sont les soucis du quotidien dans une grande ville. La mer isole de tout et dispense des sensations qui n'ont rien à voir avec les tics nerveux citadins.
    (Vivre en survivant, p.89, Éd. Tchou)
     
  44. Rien ne tue plus sûrement la pensée, la créativité, le rêve, la lucidité ou le délire que le travail intensif, l'efficience, l'amour frénétique du gain, la course au profit et aux boulots profitables.
    (Vivre en survivant, p.105, Éd. Tchou)
     
  45. Même quand on a le temps de perdre du temps, il faut encore trouver les jeunes femmes avec lesquelles le perdre.
    (Vivre en survivant, p.107, Éd. Tchou)
     
  46. La femme libérée se veut libre de l'amour de l'homme, elle a pour seule ambition de devenir l'esclave d'un patron indifférent. Son but frénétique est de se lever à sept heures du matin, de baigner dans la sueur du métro, de recevoir des ordres à longueur de journée ou d'en donner d'aussi idiots, d'avoir des horaires de bagne, des impératifs, des échéances plutôt que la fascinante déchéance de recevoir des offres de flâner. Soit. C'est son droit puisque c'est inscrit également dans les droits de l'homme. Terriens-Terriennes: mêmes combat, puisqu'ils sont destinés à finir dans la même fosse commune.
    (Vivre en survivant, p.114, Éd. Tchou)
     
  47. Le temps n'est pas seulement le seul véritable ennemi de l'homme, c'est également et surtout son ennemi le plus sournois, le plus lâche. Et, bien sûr, le seul que l'on n'ait pas la moindre chance de vaincre.
    (Vivre en survivant, p.120, Éd. Tchou)