Alberto Moravia
1907-1990
  1. [À quinze ans] , il est facile de sauter des plus obscurs sentiments à une logique hardie et abstraite, dédaigneuse de tout compromis et de toute exception.
    (La désobéissance, trad. Michel Arnaud, p.49, Livre de Poche n°795)
     
  2. [...] il pensa qu'il était beau d'agir, même si c'était pour détruire sa propre vie ; et qu'agir, c'était justement cela : accomplir des actes d'après des idées et non point par nécessité.
    (La désobéissance, trad. Michel Arnaud, p.87, Livre de Poche n°795)
     
  3. [...] c'était cela vivre, cela continuer à vivre : faire avec passion et ténacité des choses absurdes et insensées, pour lesquelles il était impossible de fournir la moindre justification et qui mettaient continuellement ceux qui les faisaient dans un état de servitude, de remords et d'hypocrisie.
    (La désobéissance, trad. Michel Arnaud, p.146, Livre de Poche n°795)
     
  4. Mourir, lui arrivait-il parfois de penser, était peut-être le seul vrai plaisir que la vie réservât aux hommes.
    (La désobéissance, trad. Michel Arnaud, p.144, Livre de Poche n°795)
     
  5. [...] la réalité, quand je m'ennuie, m'a toujours produit l'effet déconcertant que donne au dormeur une couverture trop courte, une nuit d'hiver : s'il la tire sur ses pieds, il a froid à la poitrine, s'il la remonte sur sa poitrine, il a froid aux pieds ; ainsi ne parvient-il jamais à s'endormir pour de bon.
    (L'Ennui, p.7, Livre de Poche n°1509|1510)
     
  6. [L'ennui] est le fait de l'incommunicabilité et de l'incapacité d'en sortir.
    (L'Ennui, p.8, Livre de Poche n°1509|1510)
     
  7. Il est moins facile de se libérer des sentiments que des idées : celles-ci vont et viennent mais les sentiments demeurent.
    (L'Ennui, p.20, Livre de Poche n°1509|1510)
     
  8. [...] sa voix était parfaitement neutre, à égale distance entre la vérité et le mensonge.
    (L'Ennui, p.176, Livre de Poche n°1509|1510)
     
  9. [Il] était pour moi un peu ce qu'est un miroir pour un malade : un témoignage irrécusable des progrès de la maladie.
    (L'Ennui, p.253, Livre de Poche n°1509|1510)
     
  10. On peut tout prévoir, sauf le sentiment que pourra vous inspirer ce qu'on a prévu.
    (L'Ennui, p.266, Livre de Poche n°1509|1510)
     
  11. [...] la contradiction constitue le fond mouvant et imprévisible de l'âme humaine.
    (L'Ennui, p.326, Livre de Poche n°1509|1510)
     
  12. Plus on est heureux et moins on prête attention à son bonheur.
    (Le mépris, trad. Claude Poncet, p.5, Livre de Poche n° 5088)
     
  13. [...] il y a dans l'amour une grande capacité non seulement d'illusion, mais encore d'oubli.
    (Le mépris, trad. Claude Poncet, p.39, Livre de Poche n° 5088)
     
  14. [...] diriger consiste en grande partie à savoir se servir astucieusement des autres.
    (Le mépris, trad. Claude Poncet, p.51, Livre de Poche n° 5088)
     
  15. [...] l'homme veut toujours espérer même lorsqu'il est convaincu qu'il n'y a plus d'espoir.
    (Le mépris, trad. Claude Poncet, p.67, Livre de Poche n° 5088)
     
  16. [...] un mal indéfini provoque des inquiétudes parce qu'au fond on espère jusqu'au bout qu'il n'est pas réel ; un mal certain inspire pendant quelque temps une morne tranquillité.
    (Le mépris, trad. Claude Poncet, p.77, Livre de Poche n° 5088)
     
  17. J'ai remarqué que plus on est envahi par le doute, plus on s'attache à une fausse lucidité d'esprit avec l'espoir d'éclaircir par le raisonnement ce que le sentiment a rendu trouble et obscur.
    (Le mépris, trad. Claude Poncet, p.78, Livre de Poche n° 5088)
     
  18. [...] Pénélope est fidèle à Ulysse, mais nous ne savons pas jusqu'à quel point elle l'aime... comme vous le savez, on peut être parfois absolument fidèle et cela sans aimer... Dans certain cas même, la fidélité est une forme de vengeance, de chantage, de revanche de l'amour-propre...
    (Le mépris, trad. Claude Poncet, p.95, Livre de Poche n° 5088)
     
  19. Oui, je me tuerais pour atteindre dans la mort cette pureté qui m'avait manqué dans la vie.
    (Le mépris, trad. Claude Poncet, p.198, Livre de Poche n° 5088)
     
  20. L'homme qui encourt le mépris ne peut ni ne doit trouver la paix tant que la réprobation pèse sur lui. Comme les pécheurs au Jugement dernier, il a beau supplier : " Montagnes, recouvrez-moi, mers, submergez-moi... " la réprobation le suit jusque dans le lieu le plus caché, son âme en est pénétrée et il l'emporte partout avec lui.
    (Le mépris, trad. Claude Poncet, p.233, Livre de Poche n° 5088)