Yann Martel
1963
  1. Les scientifiques sont des types chaleureux, athées, gros, travailleurs et buveurs de bière dont l'esprit est occupé par le sexe, les échecs, et le base-ball quand ils ne sont pas captivés par la science.
    (L'histoire de Pi, trad. Nicole et Émile Martel, p.17, XYZ, 2003)
     
  2. Quand on a beaucoup souffert dans la vie, chaque douleur additionnelle est à la fois insupportable et insignifiante.
    (L'histoire de Pi, trad. Nicole et Émile Martel, p.17, XYZ, 2003)
     
  3. Je ne crois pas à la religion. La religion, c'est l'obscurité.
    (L'histoire de Pi, trad. Nicole et Émile Martel, p.39, XYZ, 2003)
     
  4. Choisir le doute comme philosphie de vie, c'est comme choisir l'immobilité comme mode de transport.
    (L'histoire de Pi, trad. Nicole et Émile Martel, p.41, XYZ, 2003)
     
  5. Le premier émerveillement est le plus profond ; l'émerveillement qui suit s'inscrit dans l'impression créée par la premier.
    (L'histoire de Pi, trad. Nicole et Émile Martel, p.63, XYZ, 2003)
     
  6. Ça nous est arrivé à tous : il y a la lumière du soleil et l'ombre, il y a des taches et des zones de couleurs, on est distrait - et on ne voit pas ce qu'on a directement devant soi.
    (L'histoire de Pi, trad. Nicole et Émile Martel, p.72, XYZ, 2003)
     
  7. Je dois dire un mot sur la peur. C'est le seul adversaire réel de la vie. Il n'y a que la peur qui puisse vaincre la vie. C'est une ennemie habile et perfide, et je le sais bien. Elle n'a aucune décence, ne respecte ni lois ni conventions, ne manifeste aucune clémence. Elle attaque votre point le plus faible, qu'elle trouve avec une facilité déconcertante. Elle naît d'abord et invariablement dans votre esprit. Un moment vous vous sentez calme, en plein contrôle, heureux. Puis la peur, déguisée en léger doute, s'immisce dans votre pensée comme un espion. Ce léger doute rencontre l'incrédulité et celle-ci tente de le repousser. Mais l'incrédulité est un simple fantassin. Le doute s'en débarasse sans se donner de mal. Vous devenez inquiet. La raison vient à votre rescousse. Vous êtes rassuré. La raison dispose de tous les instruments de pointe de la technologie moderne. Mais, à votre surprise et malgré des tactiques supérieures et un nombre impressionnant de victoires, la raison est mise K.-O. Vous sentez que vous vous affaiblissez, que vous hésitez. Votre inquiétude devient frayeur.
    (L'histoire de Pi, trad. Nicole et Émile Martel, p.173, XYZ, 2003)
     
  8. Être un naufragé, c'est être un point au milieu d'un cercle, perpétuellement.
    (L'histoire de Pi, trad. Nicole et Émile Martel, p.230, XYZ, 2003)
     
  9. Dans les instants d'émerveillement, on parvient aisément à sortir de la petitesse, à élever son esprit aux dimensions de l'univers jusqu'à embrasser le tonnerre et le murmure, le bon et le mauvais, le proche et le lointain.
    (L'histoire de Pi, trad. Nicole et Émile Martel, p.248, XYZ, 2003)
     
  10. - Si vous trébuchez sur la question de ce qui est crédible, à quoi sert la vie ? Est-ce que l'amour n'est pas difficile à croire ?
    - Monsieur Patel ...
    - Laissez-moi tranquille avec votre politesse ! L'amour est difficile à croire, demandez à n'importe quel amoureux. La vie est difficile à croire, demandez à n'importe quel scientifique. Il est difficile de croire en Dieu, demandez à n'importe quel croyant. Quel est votre problème face à ce qui est difficle à croire ?
    - Nous sommes tout simplement raisonnables.
    - Et moi donc ! J'ai fait usage de ma raison à chaque instant. La raison est excellente pour se nourrir, se vêtir, se loger. La raison est la meilleure boîte à outils. Il n'y a rien comme la raison pour maintenir les tigres à distance. Mais si on est excessivement raisonnable, on risque de jeter tout l'univers par la fenêtre.

    (L'histoire de Pi, trad. Nicole et Émile Martel, p.313, XYZ, 2003)