Amélie Nothomb
1967
  1. Vous réagissez comme les pauvres, vous placez votre honneur de manière à en être la victime.
    (Les Combustibles, p.41, Livre de Poche n°13946)
     
  2. [...] je suis un intellectuel, c'est-à-dire un être qui attend passionnément qu'on le contredise.
    (Les Combustibles, p.70, Livre de Poche n°13946)
     
  3. On lit pour découvrir une vision du monde.
    (Les Combustibles, p.74, Livre de Poche n°13946)
     
  4. Un livre, c'est un détonateur qui sert à faire réagir les gens.
    (Les Combustibles, p.83, Livre de Poche n°13946)
     
  5. On ne sait rien de soi. On croit s'habituer à être soi, c'est le contraire. Plus les années passent et moins on comprend qui est cette personne au nom de laquelle on dit et on fait les choses.
    (Les Catilinaires, p.9, Livre de Poche n°14170)
     
  6. [...] la sagesse n'est jamais du côté de celui qui parle.
    (Les Catilinaires, p.24, Livre de Poche n°14170)
     
  7. Affronter un bavard est une épreuve, certes. Mais que faire de celui qui vous envahit pour vous imposer son mutisme ?
    (Les Catilinaires, p.27, Livre de Poche n°14170)
     
  8. L'avantage des nuisances est qu'elles poussent les individus jusque dans leurs derniers retranchements.
    (Les Catilinaires, p.56, Livre de Poche n°14170)
     
  9. [...] il est bien plus divertissant d'être ennuyeux que d'être intéressant.
    (Les Catilinaires, p.61, Livre de Poche n°14170)
     
  10. - Est-ce qu'elle reviendra ? [...]
    - Oui, oui.
    Juliette sembla rassurée. Sans doute ignorait-elle cette spécificité linguistique : en mathématiques, plus par plus font plus, alors que le mot oui multiplié par deux équivaut toujours à une négation.

    (Les Catilinaires, p.95, Livre de Poche n°14170)
     
  11. Nul besoin d'être vaniteux pour avoir besoin, au moins une fois dans sa vie, de se sentir regardé avec admiration par quelqu'un d'intelligent. A fortiori si l'on approche de la vieillesse et que ce quelqu'un est jeune.
    (Les Catilinaires, p.98, Livre de Poche n°14170)
     
  12. Le bonheur forcé est un cauchemar.
    (Les Catilinaires, p.142, Livre de Poche n°14170)
     
  13. J'adore les choses que je ne comprendrai jamais.
    (Péplum, p.33, Livre de Poche n°14489)
     
  14. Les peuples tiennent à leurs ancêtres martyrs. C'est la seule aristocratie qui ne leur soit jamais contestée.
    (Péplum, p.41, Livre de Poche n°14489)
     
  15. L'adjectif " vrai ", comme le chiffre zéro, est une expression indispensable du vide.
    (Péplum, p.50, Livre de Poche n°14489)
     
  16. [...] il y aura toujours dans la foule un crétin qui, sous prétexte qu'il ne comprend pas, décrétera qu'il n'y a rien à comprendre.
    (Péplum, p.51, Livre de Poche n°14489)
     
  17. Aucune réalité humaine n'exprime aussi bien l'idée de destin que les paroles malheureuses et leurs conséquences inexpiables.
    (Péplum, p.54, Livre de Poche n°14489)
     
  18. Pas besoin d'intérêt pour mentir. Le plaisir suffit.
    (Péplum, p.129, Livre de Poche n°14489)
     
  19. - La beauté n'est pas un critère de vérité.
    - Mais si. Est vrai ce qui est beau. Le reste est invention.
    - Les critères de beauté sont fluctuants.
    - La vérité aussi.

    (Péplum, p.130, Livre de Poche n°14489)
     
  20. [...] un romancier est une personne qui pose des questions et non qui y répond.
    (Hygiène de l'assassin, p.16, Albin Michel 1992)
     
  21. Si un écrivain parvient à être passionnant à [propos de son roman], alors il n'y a que deux possibilités : soit il répète tout haut ce qu'il a écrit dans son livre, et c'est un perroquet ; soit il explique des choses intéressantes dont il n'a pas parlé dans son livre, auquel cas ledit livre est raté puisqu'il ne suffit pas.
    (Hygiène de l'assassin, p.17, Albin Michel 1992)
     
  22. J'admire la gentillesse qui a pour origine la gentillesse ou l'amour. Mais connaissez-vous beaucoup de gens qui la pratiquent, cette gentillesse-là ? Dans l'immense majorité des cas, quand les humains sont gentils, c'est pour qu'on leur fiche la paix.
    (Hygiène de l'assassin, p.23, Albin Michel 1992)
     
  23. Je n'injurie jamais, monsieur, je diagnostique.
    (Hygiène de l'assassin, p.51, Albin Michel 1992)
     
  24. [...] la principale caractéristique de la gentillesse désintéressée est d'être méconnaissable, inconnaissable, invisible, insoupçonnable - car un bienfait qui dit son nom n'est jamais désintéressé.
    (Hygiène de l'assassin, p.53, Albin Michel 1992)
     
  25. La race humaine est ainsi faite que des êtres sains d'esprit seraient prêts à sacrifier leur jeunesse, leur corps, leurs amours, leurs amis, leur bonheur et beaucoup plus encore sur l'autel d'un fantasme appelé éternité.
    (Hygiène de l'assassin, p.56, Albin Michel 1992)
     
  26. Modifier le regard : c'est ça, notre grand-oeuvre [d'écrivain].
    (Hygiène de l'assassin, p.64, Albin Michel 1992)
     
  27. [...] personne ne connaît mieux un individu que son assassin.
    (Hygiène de l'assassin, p.125, Albin Michel 1992)
     
  28. [Un écrivain s'adressant à une journaliste :]
    Avoir raison, quand on est journaliste, ne demande qu'un peu d'habileté. Avoir raison, quand on est écrivain, ça n'existe pas. Votre métier est écoeurant de facilité. Mon métier, lui, est dangereux.

    (Hygiène de l'assassin, p.139, Albin Michel 1992)
     
  29. L'écriture commence là où s'arrête la parole, et c'est un grand mystère que ce passage de l'indicible au dicible.
    (Hygiène de l'assassin, p.154, Albin Michel 1992)
     
  30. Il suffit d'avoir fait une chose une seule fois - mais en profondeur - pour ne cesser de la refaire tout au long de sa vie.
    (Hygiène de l'assassin, p.166, Albin Michel 1992)
     
  31. [...] le monde grouille d'assassins, c'est-à-dire de personnes qui se permettent d'oublier ceux qu'ils ont prétendu aimer. [...] L'oubli est un gigantesque océan sur lequel navigue un seul navire, qui est la mémoire.
    (Hygiène de l'assassin, p.182, Albin Michel 1992)
     
  32. Le doute et la peur sont les auxiliaires des grandes initiatives.
    (Hygiène de l'assassin, p.198, Albin Michel 1992)
     
  33. [...] si le corps humain comportait vingt-cinq sexes au lieu d'un, il perdrait beaucoup de son pouvoir érotique. Ce qui fascine, ce sont les îlots.
    (Attentat, p.15, Livre de Poche n°14688)
     
  34. Le maquillage est un culte à mystère [...]
    (Attentat, p.19, Livre de Poche n°14688)
     
  35. L'esprit humain souffre d'une carence intellectuelle fondamentale : pour qu'il comprenne la valeur d'une chose, il faut le priver de cette chose.
    (Attentat, p.53, Livre de Poche n°14688)
     
  36. [...] elle était dans cette phase hypnotique des débuts amoureux, où la débilité paraît sublime et où l'indécence triomphe.
    (Attentat, p.90, Livre de Poche n°14688)
     
  37. Rien de tel que d'être profondément indésirable pour savoir à quel point les gens se fichent de vous.
    (Attentat, p.101, Livre de Poche n°14688)
     
  38. [...] il faut en soi beaucoup de substance pour être capable d'estimer un créateur, a fortiori pour déterminer sans " l'aide " de quiconque s'il est estimable. Or la plupart des gens ne contiennent pas ou peu de substance. C'est pourquoi il y a tant de fans et si peu d'admirateurs, tant de contempteurs et si peu d'interlocuteurs.
    (Attentat, p.107, Livre de Poche n°14688)
     
  39. La rose qui meurt de soif a besoin du jardinier, mais le jardinier a encore plus besoin de la rose qui meurt de soif : sans la soif de sa fleur, il n'existe pas.
    (Attentat, p.116, Livre de Poche n°14688)
     
  40. Il suffit de trois fois pour qu'un acte accède au statut de rituel.
    (Mercure, p.34, Livre de Poche n°14911)
     
  41. - La parole émancipe. C'est curieux n'est-ce pas ?
    - Dans certains cas, c'est le contraire. Il y a des gens qui vous envahissent avec leur logorrhée : on a la pénible impression d'être prisonnière de leurs mots.

    (Mercure, p.40, Livre de Poche n°14911)
     
  42. C'est l'auditeur qui forge la confidence.
    (Mercure, p.40, Livre de Poche n°14911)
     
  43. Le silence est plus tapageur que tout.
    (Mercure, p.70, Livre de Poche n°14911)
     
  44. [L'amour] est une maladie qui rend mauvais. Dès que l'on aime vraiment quelqu'un, on ne peut s'empêcher de lui nuire, même et surtout si l'on veut de rendre heureux.
    (Mercure, p.76, Livre de Poche n°14911)
     
  45. Le propre des grands livres est que chaque lecteur en est l'auteur.
    (Mercure, p.105, Livre de Poche n°14911)
     
  46. Quand une femme se plaint des assiduités d'un homme, c'est toujours pour se mettre en valeur.
    (Mercure, p.122, Livre de Poche n°14911)
     
  47. La laideur, c'est rassurant : il n'y a aucun défi à relever, il suffit de s'abandonner à sa malchance, de s'en gargariser, c'est si confortable. La beauté, c'est une promesse : il faut pouvoir la tenir.
    (Mercure, p.146, Livre de Poche n°14911)
     
  48. Pas besoin d'être grand clerc ni d'avoir beaucoup vécu pour remarquer que l'amour n'est pas la spécialité des hommes.
    (Mercure, p.157, Livre de Poche n°14911)
     
  49. À quoi serviraient les morts, sinon à aimer les vivants davantage ?
    (Mercure, p.159, Livre de Poche n°14911)
     
  50. Il faut admirer les gens capables d'être heureux.
    (Mercure, p.176, Livre de Poche n°14911)
     
  51. Il n'est pas rare que le trajet le plus court pour prendre le pouvoir passe par la prison.
    (Mercure, p.185, Livre de Poche n°14911)
     
  52. Tu commandes, ce qui n'est pas grand-chose. Moi, je règne. La puissance ne m'intéresse pas. Régner, c'est tellement plus beau.
    (Stupeur et tremblements, p.83, Livre de Poche n°15071)
     
  53. Puisqu'il y a l'analphabétisme, il devrait y avoir l'anarythmétisme [...]
    (Stupeur et tremblements, p.89, Livre de Poche n°15071)
     
  54. [...] au Japon, l'existence, c'est l'entreprise.
    (Stupeur et tremblements, p.162, Livre de Poche n°15071)
     
  55. Aussi longtemps qu'il existerait des fenêtres, le moindre être humain de la terre aurait sa part de liberté.
    (Stupeur et tremblements, p.186, Livre de Poche n°15071)