Jules Petit-Senn
1792 - 1870
  1. Respectons les cheveux blancs, mais surtout les nôtres.
    (Bluettes et boutades, p.9, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  2. L'esprit fait vivre un ouvrage ; le génie l'empêche de mourir.
    (Bluettes et boutades, p.9, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  3. Le bonheur de l'âme sensible s'accroît de ce qu'elle retranche au malheur d'autrui.
    (Bluettes et boutades, p.9, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  4. Les personnes qui voient toujours le bonheur chez les autres sont à l'ordinaire celles qui ne la trouvent nulle part.
    (Bluettes et boutades, p.9, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  5. Les biens qu'on espère toujours sont les seuls qui ne trompent jamais.
    (Bluettes et boutades, p.9, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  6. L'adversité, qui nous rend indulgents pour les autres, les rend sévères envers nous.
    (Bluettes et boutades, p.10, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  7. Si vite que parvienne aux rois de la terre la requête d'un grand, la prière d'un petit arrive plus vite au roi du ciel.
    (Bluettes et boutades, p.10, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  8. L'expérience qui ne nous fait pas meilleurs nous rend plus coupables.
    (Bluettes et boutades, p.10, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  9. Si petite que soit notre destinée, la bonté de Dieu s'y fait une large place.
    (Bluettes et boutades, p.10, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  10. L'amour, pour les vieillards, est le soleil sur la neige; il les éblouit plus qu'il ne les réchauffe.
    (Bluettes et boutades, p.10, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  11. On oublie l'origine d'un parvenu s'il s'en souvient; on s'en souvient s'il l'oublie.
    (Bluettes et boutades, p.10, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  12. Dans un entretien avec l'égoïste, tout sujet conduit à son moi, comme tout chemin mène à Rome.
    (Bluettes et boutades, p.10, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  13. La vie est le meilleur remède contre l'étonnement.
    (Bluettes et boutades, p.10, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  14. L'avare n'est prodigue que de raisons pour économiser.
    (Bluettes et boutades, p.10, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  15. Le doute naît de l'esprit, la foi est la fille de l'âme.
    (Bluettes et boutades, p.10, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  16. À Paris, l'esprit court les rues; aussi est-il parfois crotté.
    (Bluettes et boutades, p.11, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  17. Les athées ont de meilleures raisons de craindre Dieu que de croire en lui.
    (Bluettes et boutades, p.11, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  18. La politique des courtisans ressemble à leur ombre : elle rampe et tourne avec l'astre du jour.
    (Bluettes et boutades, p.11, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  19. La conscience nous sert surtout à juger les actions d'autrui.
    (Bluettes et boutades, p.11, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  20. Rien de tel pour conserver le corps que de n'avoir point de coeur.
    (Bluettes et boutades, p.11, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  21. À l'auteur qui fait aimer ses livres je préfère celui qui s'y fait aimer.
    (Bluettes et boutades, p.11, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  22. Celui qui aime ses flatteurs suit, sans le vouloir, le divin précepte : Aimez vos ennemis.
    (Bluettes et boutades, p.11, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  23. Feindre une vertu, c'est avoir le vice qui lui est opposé.
    (Bluettes et boutades, p.11, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  24. À l'ami qui cesse d'obliger on préfère l'ennemi qui cesse de nuire.
    (Bluettes et boutades, p.11, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  25. L'enfant, comme une branche flexible, devient pour ses parents, suivant l'éducation qu'il en reçoit, une couronne ou une verge.
    (Bluettes et boutades, p.11, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  26. Un bon coeur sert nos amis mieux que nos intérêts.
    (Bluettes et boutades, p.12, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  27. À une bonne affaire conseillée on préfère souvent une sottise de son cru.
    (Bluettes et boutades, p.12, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  28. Le blâme ne nous fait pas pires, ni l'éloge meilleurs.
    (Bluettes et boutades, p.12, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  29. La perversité du coeur bannit la foi; car si, pour les bons, croire, c'est espérer; pour les méchants, c'est craindre.
    (Bluettes et boutades, p.12, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  30. Les bons magistrats vivent pour servir leur pays; les mauvais le servent pour vivre.
    (Bluettes et boutades, p.12, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  31. On aime la vertu comme l'on hait le vice, sans qu'il y paraisse.
    (Bluettes et boutades, p.12, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  32. Le premier amour qui entre dans le coeur est le dernier qui sort de la mémoire.
    (Bluettes et boutades, p.12, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  33. Le souvenir d'une mère est l'écrin contenant les plus purs joyaux de la mémoire du vieillard.
    (Bluettes et boutades, p.12, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  34. L'homme change dans toutes ses opinions, sauf dans la bonne qu'il a de lui-même.
    (Bluettes et boutades, p.12, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  35. Les vertus vivent de nos rentes, mais les vices mangent nos capitaux.
    (Bluettes et boutades, p.12, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  36. Le pauvre à qui l'on donnait un peu nous regrette plus sincèrement que le riche héritier à qui on laisse tout.
    (Bluettes et boutades, p.13, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  37. Entre les bons avocats qui gagnent les mauvaises causes, et les mauvais qui perdent les bonnes, la justice est entre deux chaises, son... droit par terre.
    (Bluettes et boutades, p.13, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  38. Le bien qu'on pense des uns est basé parfois sur le mal qu'ils disent des autres.
    (Bluettes et boutades, p.13, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  39. Ce que les hommes politiques passent le moins au pouvoir, c'est de se passer d'eux.
    (Bluettes et boutades, p.13, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  40. Les gens qu'on connaît flattent moins l'orgueil que les gens qu'on prétend connaître.
    (Bluettes et boutades, p.13, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  41. Le monde juge d'après les actes qu'il voit, et Dieu sur les intentions qu'il connaît.
    (Bluettes et boutades, p.13, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  42. Il est des écrivains profonds à la manière des puits ; au fond de tous deux il n'y a que de l'eau claire.
    (Bluettes et boutades, p.13, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  43. L'opinion publique est une courtisane : on cherche à lui plaire sans l'estimer.
    (Bluettes et boutades, p.13, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  44. Il semblerait qu'on garde quelque chose du bonheur qu'on donne.
    (Bluettes et boutades, p.13, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  45. Les domestiques parfaits seraient les pires de tous chez nombre de maîtres dont le bonheur consiste à les reprendre de leurs fautes.
    (Bluettes et boutades, p.14, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  46. Les nobles sentiments appartiennent aux gens instruits comme aux ignares; mais les uns les expriment et les autres les éprouvent.
    (Bluettes et boutades, p.14, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  47. Acquérir la connaissance de soi-même, c'est s'approvisionner d'indulgence pour autrui.
    (Bluettes et boutades, p.14, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  48. Petit-maître sur le retour, papillon sur la neige.
    (Bluettes et boutades, p.14, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  49. Jeunes, les vérités morales sont pour nous comme des portraits, dont l'expérience de la vie nous dévoile les originaux.
    (Bluettes et boutades, p.14, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  50. Un diplomate ne cherche pas d'amis vrais; les joues qui accueillent le fard congédient les baisers.
    (Bluettes et boutades, p.14, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  51. Celui qui ne voit pas Dieu partout ne le trouve nulle part.
    (Bluettes et boutades, p.14, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  52. On rend mieux justice à ceux qui ne sont plus qu'à ceux qui n'y sont pas.
    (Bluettes et boutades, p.14, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  53. Un souverain s'annule en s'éloignant de ses sujets : ainsi le nombre un, bien que le premier des chiffres, est le plus faible de tous s'il s'en sépare.
    (Bluettes et boutades, p.14, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  54. Un livre de morale fait la guerre à nos passions; mais, trop amis de la paix en ce cas, nous le laissons fermé comme jadis le temple de Janus.
    (Bluettes et boutades, p.15, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  55. Un nid sur l'arbre découronné par l'hiver fait songer au coeur trop sensible d'un vieillard d'où les amours ont fui et qui les rappelle en vain.
    (Bluettes et boutades, p.15, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  56. Les aéronautes ne savent point encore se conduire : combien de gens n'ont pas besoin de monter en ballon pour cela!!
    (Bluettes et boutades, p.15, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  57. La vérité sur notre mérite se trouve entre ce qu'on nous en dit par politesse et ce que nous en disons par modestie.
    (Bluettes et boutades, p.15, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  58. Le silence, pour le criminel, retentit du cri de sa conscience, et la solitude se peuple de ses remords.
    (Bluettes et boutades, p.15, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  59. Les avocats épousent notre cause et les prétendants notre fille, à la condition de les doter toutes deux.
    (Bluettes et boutades, p.15, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  60. Là où le niveau intellectuel descend, les charlatans s'élèvent, comme ces rochers de la grève, qui ne grandissent que de l'abaissement de la marée.
    (Bluettes et boutades, p.15, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  61. Pour celui à qui nous rendons des services, le dernier qu'il demande est sans cesse le plus important.
    (Bluettes et boutades, p.15, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  62. L'avare laisse tout à ses héritiers, sauf des regrets.
    (Bluettes et boutades, p.16, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  63. L'ombre rampe à la suite du corps, comme le regret s'allonge après le bonheur.
    (Bluettes et boutades, p.16, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  64. Une âme noble se révèle autant par ses actes que par les mobiles qu'elle suppose à ceux d'autrui.
    (Bluettes et boutades, p.16, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  65. À ceux que l'expérience ne rend pas meilleurs elle enseigne les moyens de le paraître.
    (Bluettes et boutades, p.16, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  66. Nos vertus les plus vraies sont celles dont nous nous doutons le moins.
    (Bluettes et boutades, p.16, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  67. Pour motiver son amour ou son inconstance, on trouve avec la même facilité des qualités à sa maîtresse ou des défauts à sa femme.
    (Bluettes et boutades, p.16, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  68. Il semble qu'on diminue une faute en abrégeant le temps mis à la commettre.
    (Bluettes et boutades, p.16, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  69. L'esprit d'observation rend attentif et dérobe à l'attention d'autrui; de même les lunettes, en cachant nos yeux, leur font mieux voir.
    (Bluettes et boutades, p.16, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  70. Bien des gens prennent des remèdes, non pour guérir des maux qu'ils n'ont pas, mais pour leur attribuer la santé qu'ils ont.
    (Bluettes et boutades, p.16, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  71. Prétendre émouvoir, avec un même discours, des auditeurs différents d'âge, de sexe, d'état, d'éducation, c'est vouloir, avec une même clef, ouvrir toutes les serrures.
    (Bluettes et boutades, p.17, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  72. La saveur des pensées détachées dépend d'une expression concise : ce sont des grains de sucre ou de sel qu'il faut savoir fondre dans une goutte d'eau.
    (Bluettes et boutades, p.17, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  73. La croix du christianisme plane sur les civilisations humaines et sera toujours la mesure qui déterminera leur degré d'élévation.
    (Bluettes et boutades, p.17, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  74. Les belles actions sont un peu comme les sirènes : il ne faut voir ni les motifs des unes ni la queue des autres.
    (Bluettes et boutades, p.17, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  75. Il est des souvenirs préférés qui s'offrent d'abord à notre mémoire; ainsi nos livres favoris s'ouvrent d'eux-mêmes aux pages bien aimées.
    (Bluettes et boutades, p.17, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  76. On reconnaît volontiers les petits services; ils ne valent pas la peine qu'on soit ingrat.
    (Bluettes et boutades, p.17, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  77. Le Temps jette des rides comme le Parthe lançait des traits, en fuyant.
    (Bluettes et boutades, p.17, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  78. L'athéisme est moins la croyance que le refuge des mauvaises consciences.
    (Bluettes et boutades, p.17, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  79. L'expérience dévoile trop tard les embûches tendues à la jeunesse; c'est le froid brouillard qui met à découvert la toile d'araignée quand les mouches ne sont plus là pour s'y prendre.
    (Bluettes et boutades, p.18, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  80. Le grand homme doit se retirer par moments de la scène pour ne pas fatiguer l'admiration; car, si brillant que soit le soleil, il aurait bien tort de ne pas se coucher.
    (Bluettes et boutades, p.18, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  81. Les gens qui nous affirment n'être d'aucun parti politique à coup sûr ne sont pas du nôtre.
    (Bluettes et boutades, p.18, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  82. La haine que nous avons pour nos ennemis nuit moins à leur bonheur qu'au nôtre.
    (Bluettes et boutades, p.18, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  83. Ne croire à ses talents que pour en remercier Dieu, c'est sanctifier l'amour-propre.
    (Bluettes et boutades, p.18, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  84. Les vertus qu'on étale couvrent des vices; ce sont des odeurs fortes qu'on emprunte pour absorber les mauvaises que l'on a.
    (Bluettes et boutades, p.18, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  85. Voiler une faute sous un mensonge, c'est remplacer une tache par un trou.
    (Bluettes et boutades, p.18, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  86. La beauté et la laideur disparaissent également sous les rides de la vieillesse; l'une s'y perd, l'autre s'y cache.
    (Bluettes et boutades, p.18, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  87. Un mince intérêt renverse parfois les plus grands principes : c'est la pierre de David abattant Goliath.
    (Bluettes et boutades, p.19, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  88. En fait d'écus et d'années, l'avare comme la vieille coquette ne conviennent jamais de ce qu'ils ont.
    (Bluettes et boutades, p.19, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  89. Il semble que nous soyons jaloux du bonheur goûté loin de nous par des personnes dont l'absence altère le nôtre.
    (Bluettes et boutades, p.19, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  90. Au récit que fait l'homme crédule des friponneries dont il fut facilement la dupe, parfois nombre d'auditeurs le plaignent moins comme victime qu'ils ne le regrettent comme proie.
    (Bluettes et boutades, p.19, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  91. Même en quittant une modeste place, l'homme de mérite laisse un grand vide, car la sphère de son utilité dépasse toujours les limites de son emploi.
    (Bluettes et boutades, p.19, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  92. Aux yeux des gens dont nous partageons les opinions, nos vices diminuent de moitié et nos vertus croissent du double.
    (Bluettes et boutades, p.19, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  93. La reconnaissance, plante délicate semée par la bienfaisance, ne fleurit pas dans les coeurs froids.
    (Bluettes et boutades, p.19, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  94. Êtes-vous bon une fois avec les indiscrets, les uns exigeront que vous le soyez toujours plus, et les autres que vous ne le soyez jamais moins.
    (Bluettes et boutades, p.19, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  95. Nos intérêts sont des grains à'opium pour la conscience, mais ils ne l'endorment qu'au prix d'un épouvantable réveil.
    (Bluettes et boutades, p.20, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  96. Regardons, pour faire l'aumône, au besoin que le pauvre en a plutôt qu'à ses titres pour l'obtenir.
    (Bluettes et boutades, p.20, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  97. Il semble à l'envieux que ce qu'on accorde de mérite aux autres est retranché du sien.
    (Bluettes et boutades, p.20, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  98. Nombre de magistrats, en quittant les affaires publiques, ne laissent d'autre vide que celui de la caisse.
    (Bluettes et boutades, p.20, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  99. Les grands personnages dont les relations nous enorgueillissent toujours sont ceux dont les paroles nous humilient souvent; car si, dans la hiérarchie sociale, la flatterie monte comme la vapeur de l'encens, la franchise descend comme une brutale avalanche.
    (Bluettes et boutades, p.20, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  100. Si disposés que nous soyons à pardonner le mal qu'on dit de nous, il vaut mieux ne pas l'apprendre que d'avoir à l'oublier.
    (Bluettes et boutades, p.20, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  101. Les affaires délicates ressemblent aux épingles: faute de les prendre par le bon bout, on risque de se piquer.
    (Bluettes et boutades, p.20, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  102. Admirer les auteurs profonds n'est pour beaucoup de pédants qu'un moyen de faire croire qu'ils les comprennent.
    (Bluettes et boutades, p.20, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  103. Les êtres vils retranchent de la considération qu'ils ont pour nous celle que nous avons pour eux : on dirait qu'ils se rendent justice en ne respectant que ceux qui les méprisent.
    (Bluettes et boutades, p.21, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  104. Il est des critiques qui admirent et changent en or tout ce qui leur tombe sous la main ; mais à ce privilège de Midas ils joignent parfois ses oreilles.
    (Bluettes et boutades, p.21, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  105. Bien des fortunes, ainsi que les fleuves, ont une source pure, qui se salissent comme eux en grossissant.
    (Bluettes et boutades, p.21, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  106. L'homme faible est esclave de ses vices et dupe de ses vertus.
    (Bluettes et boutades, p.21, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  107. De petits despotes démocrates se mettent au-dessus de tout, hormis de leurs affaires.
    (Bluettes et boutades, p.21, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  108. Certains critiques cherchent, dans les auteurs qu'ils jugent, des textes pour leurs propres pensées, des canevas pour les broderies de leur style, en un mot, des cadres où ils s'installent eux-mêmes; parfois aussi ils dissèquent un ouvrage, mettant à nu muscles, nerfs, vertèbres de son auteur, et lui enlevant si bien les chairs, que ce sont toujours eux que l'on voit au travers du pauvre écrivain qu'ils ont ainsi rendu diaphane.
    (Bluettes et boutades, p.21, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  109. Bien des orgueilleux n'aiment l'ombre que parce qu'ils s'estiment des flambeaux.
    (Bluettes et boutades, p.21, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  110. La franchise parle des présents comme s'ils étaient absents, et la charité, des absents comme s'ils étaient présents.
    (Bluettes et boutades, p.22, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  111. Défions-nous des éloges donnés à nos ouvrages par les gens dont ils caressent les opinions : ils s'applaudissent avec nos mains.
    (Bluettes et boutades, p.22, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  112. Pour peindre le coeur des autres, un moraliste fait poser le sien.
    (Bluettes et boutades, p.22, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  113. Les passions sont des fleuves dont le lit, creusé par des devoirs, veut être digue par des vertus.
    (Bluettes et boutades, p.22, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  114. Les révolutionnaires, après avoir brouillé les cartes, laissent au peuple celle à payer.
    (Bluettes et boutades, p.22, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  115. Dire grossièrement de jolies choses est le fait de certains esprits incultes : ils semblent cracher des perles.
    (Bluettes et boutades, p.22, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  116. Les grands auteurs s'entourent souvent de petits écrivains sur lesquels ils sèment un peu de louanges pour en recueillir beaucoup. Ce sont comme des réchauds brûlant à leurs pieds, où ils jettent des grains d'encens afin d'en respirer le parfum.
    (Bluettes et boutades, p.22, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  117. Le poids de l'adversité écrase la vanité et l'orgueil, comme sous un fer brûlant les plis d'une étoffe s'affaissent et disparaissent.
    (Bluettes et boutades, p.22, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  118. L'homme qui n'a que du bon sens doit rester dans son petit domaine, sous peine, s'il chassait sur les terres de l'esprit, d'être relevé par un garde champêtre nommé le ridicule.
    (Bluettes et boutades, p.23, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  119. La réputation d'un auteur vivant diminue si son mérite ne s'accroît pas.
    (Bluettes et boutades, p.23, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  120. Le génie, pareil au flambeau, brille moins au grand jour du présent que dans la nuit du passé.
    (Bluettes et boutades, p.23, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  121. L'ingratitude est une lâcheté envers la bienfaisance. Elle ne saurait se venger en publiant les services qu'elle a rendus ou en les rappelant à ceux qui les ont oubliés.
    (Bluettes et boutades, p.23, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  122. Comme ces eaux qui paraissent insondables parce qu'elles sont troubles, nombre d'auteurs s'estiment profonds, qui ne sont qu'obscurs.
    (Bluettes et boutades, p.23, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  123. Il est de sensibles coquins, jaloux de l'affection de celui qu'ils dépouillent, désolés de ne pouvoir s'emparer de son coeur comme de sa bourse, et qui trouveraient tout naturel qu'il tombât dans leurs bras ainsi que dans leurs pièges.
    (Bluettes et boutades, p.23, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  124. On admire moins l'éclat du génie qu'on n'en observe les taches : c'est le soleil qu'on regarde surtout un jour d'éclipse.
    (Bluettes et boutades, p.23, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  125. L'insulteur anonyme change son nom, que personne ne connaît, contre celui de lâche, que tout le monde lui donne.
    (Bluettes et boutades, p.24, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  126. Nul propos n'est indifférent ; adressé à l'innocence, il l'instruit ou l'égare, et la candeur, ainsi que la neige, ne reçoit rien dans son sein qui n'y imprime une trace ou une tache.
    (Bluettes et boutades, p.24, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  127. L'amabilité de bien des gens n'est que l'écho de ce qu'ils entendent dire, et leur esprit meublé aux frais des autres loge toujours en garni.
    (Bluettes et boutades, p.24, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  128. Il n'est chien si bien dressé qui rapporte tout à son maître comme l'égoïsme.
    (Bluettes et boutades, p.24, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  129. L'envieux se console moins vite de nos succès que nous-mêmes de nos chutes.
    (Bluettes et boutades, p.24, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  130. L'homme politique qui aspire au pouvoir pour renverser des abus n'a souvent qu'eux pour le soutenir quand il y est parvenu.
    (Bluettes et boutades, p.24, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  131. La concision révèle l'individualité de l'écrivain; c'est la nudité de sa pensée.
    (Bluettes et boutades, p.24, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  132. Pourquoi représenter la Vérité nue? C'est elle que le monde habille le plus et le mieux.
    (Bluettes et boutades, p.24, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  133. Défions-nous des prodigues d'honneur et de probité alors qu'ils parlent; il ne leur en reste plus quand ils agissent.
    (Bluettes et boutades, p.25, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  134. Nous remercions humblement tous ceux qui nous aident à gravir une position sociale; mais, une fois parvenus, nous en rendons grâce à notre seul mérite.
    (Bluettes et boutades, p.25, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  135. Moins les mendiants annoncent la misère, plus on se croit obligé de leur donner; ils nous ruineraient s'ils allaient en carrosse.
    (Bluettes et boutades, p.25, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  136. Nous mettons trop peu d'importance à ce que nous disons des autres, et beaucoup trop à ce qu'ils disent de nous.
    (Bluettes et boutades, p.25, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  137. Les gens entachés de friponnerie font de la politique une lessive, et, pour se blanchir à nos yeux, se lavent dans nos opinions.
    (Bluettes et boutades, p.25, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  138. Nous ne saurions aimer ceux qui nous méprisent avec raison, et nous haïssons dans les autres la mauvaise opinion que nous leur avons donnée de nous-mêmes.
    (Bluettes et boutades, p.25, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  139. Un sot mis avec luxe est un mauvais livre doré sur tranche.
    (Bluettes et boutades, p.25, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  140. Le temps respecte peu ce qui s'est fait sans lui.
    (Bluettes et boutades, p.25, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  141. Semblable au papier blanc où sont tracés avec une encre sympathique des caractères que le feu seul rend visibles, notre coeur ne se laisse lire que réchauffé par l'amitié.
    (Bluettes et boutades, p.26, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  142. De même que certains parfums chassent les insectes nuisibles, un amour pur embaume le coeur et en bannit les mauvais instincts.
    (Bluettes et boutades, p.26, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  143. On fait une mort douce après une vie pure, comme en arithmétique on obtient la preuve d'une règle juste.
    (Bluettes et boutades, p.26, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  144. On a beau dire du bien de nous, nous en pensons encore davantage.
    (Bluettes et boutades, p.26, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  145. La perfection même serait sur le trône que les courtisans trouveraient le moyen de la flatter.
    (Bluettes et boutades, p.26, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  146. Les sots silencieux sont des armoires vides fermées à clef.
    (Bluettes et boutades, p.26, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  147. Couper la parole à nombre d'orateurs, c'est couper une sottise en deux.
    (Bluettes et boutades, p.26, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  148. Des diverses opinions de tous les auteurs, la meilleure est ordinairement celle qu'ils ont d'eux-mêmes.
    (Bluettes et boutades, p.26, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  149. Aujourd'hui, hélas! l'habit du poète est sans cesse plus mûr que son talent.
    (Bluettes et boutades, p.26, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  150. Pendant nos plaisirs, il faudrait pouvoir atteler au char des Heures les rosses qui le traînent durant nos souffrances.
    (Bluettes et boutades, p.27, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  151. Les amusements de l'enfance sont dédaignés par la jeunesse, ceux de la jeunesse par l'homme fait, et les plaisirs de chaque âge sont comme les bâtons d'une échelle; on n'atteint les uns qu'en foulant aux pieds les autres.
    (Bluettes et boutades, p.27, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  152. La transparence de l'air sur les hautes montagnes trompe l'oeil et rapproche les distances ; ainsi plus le talent d'un écrivain est pur et limpide, plus il semble à chacun qu'il soit à sa portée.
    (Bluettes et boutades, p.27, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  153. Sur la route de la vie on ne voit que les grands obstacles, et c'est souvent une petite difficulté qui nous abat, car un mur arrête quand une pierre fait tomber.
    (Bluettes et boutades, p.27, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  154. Humbles et rampants, si les courtisans n'arrivent pas à leur but aussi vite que les chevaux, ce n'est pas faute d'y aller comme eux ventre à terre.
    (Bluettes et boutades, p.27, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  155. Les poètes qui annoncent et précèdent la civilisation d'un pays me semblent ces papillons d'hiver éclos avant les fleurs.
    (Bluettes et boutades, p.27, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  156. Qui baptise son enfant lui donne un nom ; qui baptise son vin lui ôte le sien.
    (Bluettes et boutades, p.27, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  157. Rien de commun comme ces intrigants qui se disent estimés partout où ils furent, sans l'être jamais partout où ils sont.
    (Bluettes et boutades, p.28, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  158. Quand le printemps vient à notre maison des champs sans nous y trouver établis, il jette ses violettes à la porte pour carte de visite.
    (Bluettes et boutades, p.28, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  159. L'athée, cherchant en vain Dieu dans la nature, me semble l'ombre niant le soleil qui ne la frappe jamais.
    (Bluettes et boutades, p.28, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  160. Un chagrin partagé diminue ainsi qu'un plaisir qui ne l'est pas.
    (Bluettes et boutades, p.28, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  161. L'hypocrite vole sa réputation, il fait l'honnête homme comme le filou fait le mouchoir.
    (Bluettes et boutades, p.28, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  162. Les sirènes de jadis sont les prospectus d'aujourd'hui; comme elles, ils finissent en queue de poisson... d'avril.
    (Bluettes et boutades, p.28, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  163. Les orateurs qui s'emportent sans motifs me semblent ces navires représentés dans de méchantes gravures, avec toutes les voiles enflées sur une mer unie comme une glace.
    (Bluettes et boutades, p.28, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  164. L'ambitieux traite ses amis comme les bâtons d'une échelle. Il s'y cramponne avec les mains pour monter, puis les foule aux pieds.
    (Bluettes et boutades, p.28, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  165. Il en est de certaines républiques ainsi que de nos cannes, où les pommeaux occupent le haut-bout.
    (Bluettes et boutades, p.29, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  166. Vieux, nous ne changeons plus guère physiquement aux yeux des autres, car les outrages du temps font sur nous l'effet de taches d'encre sur des habits noirs.
    (Bluettes et boutades, p.29, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  167. Dans les arts il n'est pas de genre secondaire pour les talents de premier ordre.
    (Bluettes et boutades, p.29, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  168. Les critiques savent mieux fustiger les auteurs que les corriger; ainsi les enfants s'entendent plus vite à fouetter les chevaux qu'à les conduire.
    (Bluettes et boutades, p.29, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  169. Bien des gens nous ouvrent leur coeur pour arriver au nôtre, et ne nous font passer chez eux qu'afin d'entrer chez nous.
    (Bluettes et boutades, p.29, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  170. Pour s'enrichir, celui qui ne fait rien est à deux de jeu avec celui qui s'occupe de tout.
    (Bluettes et boutades, p.29, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  171. Les esprits ordinaires forment la monnaie de la pièce d'or qu'un grand homme frappe à son effigie.
    (Bluettes et boutades, p.29, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  172. Dans tout ce qui l'entoure, l'égoïste voit un grand cadre dont il s'estime être le portrait.
    (Bluettes et boutades, p.29, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  173. L'envie, comme la flamme, noircit tout ce qui plane au-dessus d'elle et qu'elle ne peut atteindre.
    (Bluettes et boutades, p.29, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  174. Combien de gens qui, s'imaginant compenser le mal qu'ils font par le bien qu'ils veulent faire, ne sont jamais vertueux qu'en perspective !
    (Bluettes et boutades, p.30, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  175. Les hommes sont comme les biens de la terre : mieux on les connaît, moins on les estime.
    (Bluettes et boutades, p.30, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  176. Le génie prosterné devant le pouvoir ne prospère pas mieux que le blé couché par le vent ; tous deux doivent mûrir debout.
    (Bluettes et boutades, p.30, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  177. La pruderie qui survit, chez une femme, à la jeunesse et à la beauté me semble un épouvantail pour les oiseaux, oublié dans les champs après la moisson.
    (Bluettes et boutades, p.30, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  178. Il en coûte moins de prêter à ses amis des qualités que des écus.
    (Bluettes et boutades, p.30, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  179. Il n'est de préférable au souvenir d'une bonne action que le projet d'en faire une meilleure.
    (Bluettes et boutades, p.30, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  180. L'auteur le plus assuré d'être toujours apprécié en province est l'auteur de sa fortune; la réputation des littérateurs et des artistes y vient de Paris; les provinciaux l'acceptent sans la faire : c'est comme une toupie dont ils entretiennent le mouvement sans le lui avoir imprimé ; ou comme la sonnette tirée à leur porte, qui retentit chez eux sous une impulsion venue du dehors.
    (Bluettes et boutades, p.30, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  181. Des manières communes sont mises en relief par une toilette élégante, ainsi que des fautes d'orthographe par une belle écriture.
    (Bluettes et boutades, p.31, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  182. On ne voit souvent sur la physionomie des gens que les sentiments qu'on leur inspire, et la personne à qui tout le monde semble maussade risque fort de trouver dans la société un miroir.
    (Bluettes et boutades, p.31, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  183. Si le patriotisme dégénère en égoïsme national, ce qui est vice chez un individu peut-il être vertu chez un peuple ?
    (Bluettes et boutades, p.31, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  184. C'est donner à croire qu'on manque de sa propre estime que de rechercher trop avidement celle d'autrui.
    (Bluettes et boutades, p.31, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  185. Combien de gens dans le monde qui, pareils aux diamants, ne doivent leur éclat qu'au grand jour auquel ils sont exposés et qu'ils reflètent !
    (Bluettes et boutades, p.31, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  186. Rien ne fait saillir un défaut physique comme les soins qu'on prend et l'embarras qu'on éprouve pour le cacher.
    (Bluettes et boutades, p.31, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  187. Un poète de génie parvient de plein saut au faîte de son art, tandis qu'un docte ajoute à l'échelle de la science quelques bâtons, sur lesquels ses successeurs marcheront pour s'élever au-dessus de lui et le faire oublier.
    (Bluettes et boutades, p.31, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  188. Une bonne conscience nous dispose également à savourer les biens et à supporter les maux de ce monde.
    (Bluettes et boutades, p.32, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  189. On ne rencontre guère ses amis quand on a quitté la route de leurs intérêts et de leurs plaisirs.
    (Bluettes et boutades, p.32, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  190. Ne confions à notre ami que la somme que nous estimons inférieure à notre attachement pour lui.
    (Bluettes et boutades, p.32, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  191. Les désirs du sage s'épurent avec les années ; ce sont les bâtons d'une échelle qui, semblable à celle que Jacob vit en songe, se dresse sur la terre et se perd dans le ciel.
    (Bluettes et boutades, p.32, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  192. Il est plus d'enfants ingrats que de parents dénaturés, parce que le cours de l'attachement dans la famille est comme celui des fleuves : ils descendent tous deux.
    (Bluettes et boutades, p.32, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  193. Une foi aveugle vaut mieux qu'un doute éclairé ; car, pour un chrétien, croire, c'est espérer.
    (Bluettes et boutades, p.32, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  194. On accroche son ressentiment contre quelqu'un à un seul motif, et l'on en a souvent mille pour l'aimer.
    (Bluettes et boutades, p.32, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  195. Afin de réussir dans ses travaux, il faut s'en exagérer l'importance; l'amour-propre nous aide admirablement à cela.
    (Bluettes et boutades, p.32, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  196. Les idées les plus grandes que chaque homme, dans sa sphère intellectuelle, peut se faire de Dieu, sont, sinon les plus vraies pour tous, du moins les meilleures pour lui.
    (Bluettes et boutades, p.33, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  197. Le passé et l'avenir n'illuminent que les grands hommes, comme le lever et le coucher du soleil ne dorent que les hautes sommités.
    (Bluettes et boutades, p.33, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  198. Il est des philanthropes qui, incapables de gérer leurs petites affaires, prennent en main celles du monde entier; mais, comme ils comptent moins de disciples que de créanciers, ils devront toujours plus à l'humanité qu'elle ne leur devra jamais elle-même.
    (Bluettes et boutades, p.33, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  199. Sur le fleuve du temps les bienfaits s'enfoncent comme le plomb, mais les offenses surnagent comme le liège.
    (Bluettes et boutades, p.33, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  200. L'athéisme est le suicide de l'âme.
    (Bluettes et boutades, p.33, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  201. Le génie est un flambeau qui éclaire dans l'avenir les vices et les vertus de celui qui en fut doué.
    (Bluettes et boutades, p.33, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  202. Le passé vaut-il nos regrets, le présent nos peines, l'avenir nos inquiétudes?
    (Bluettes et boutades, p.33, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  203. La vertu est moins difficile à pratiquer que le rôle d'hypocrite à soutenir.
    (Bluettes et boutades, p.33, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  204. Il n'est pas un parvenu qui ne désire encore parvenir à quelque chose.
    (Bluettes et boutades, p.34, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  205. Se livrer sans cesse aux mêmes plaisirs devient vite insipide; mais il ne l'est jamais de pratiquer les mêmes vertus : les joies de la conscience ne sont pas susceptibles de monotonie.
    (Bluettes et boutades, p.34, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  206. Il est des gens qui gâtent les plus jolies idées par la manière dont ils les rendent ; d'autres, au contraire, savent faire valoir des riens. On dirait que les premiers sont des géants qui s'agenouillent, les seconds des nains qui se redressent : au moyen de quoi, les uns et les autres sont de niveau.
    (Bluettes et boutades, p.34, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  207. Un homme plein de bonnes qualités manque souvent d'une seule qui les ferait valoir toutes.
    (Bluettes et boutades, p.34, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  208. La raison de ne pas mériter une place est la dernière que nous trouvons afin de nous expliquer notre peu de succès pour l'obtenir.
    (Bluettes et boutades, p.34, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  209. Une brillante fortune est comme un verre à grossir, au travers duquel on regarde les qualités et les talents de qui la possède.
    (Bluettes et boutades, p.34, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  210. Les promesses retiennent mieux les hommes que les bienfaits ; pour eux l'espérance est une chaîne et la reconnaissance un fil.
    (Bluettes et boutades, p.34, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  211. Je suis quelque peu inquiet pour le bonheur éternel de ces braves gens qui ne sont jamais bien où ils restent longtemps.
    (Bluettes et boutades, p.35, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  212. Le chagrin que fait ressentir une mauvaise nouvelle est quelquefois tempéré par la satisfaction qu'on éprouve en la recevant le premier et en contribuant à la répandre.
    (Bluettes et boutades, p.35, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  213. Les mutineries d'un enfant indiquent les défauts de son âge mûr, comme les moues de son visage y tracent déjà l'esquisse de sa vieillesse.
    (Bluettes et boutades, p.35, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  214. Pour qui s'élève au ciel par la pensée, il n'est que de beaux jours : on trouve sans cesse le soleil au-dessus des nuages.
    (Bluettes et boutades, p.35, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  215. On ne manque jamais de mauvaises raisons pour s'exempter de faire le bien, ni de bonnes pour faire le mal.
    (Bluettes et boutades, p.35, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  216. Il est des orateurs qui parlent pour parler, d'autres pour bien parler, tous pour faire parler d'eux.
    (Bluettes et boutades, p.35, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  217. Ne faire du bien qu'à celui qui en est digne est la maxime des hommes; heureusement pour eux ce n'est pas celle de l'Éternel.
    (Bluettes et boutades, p.35, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  218. On réussit mieux dans le monde en cachant des vices qu'en montrant des vertus.
    (Bluettes et boutades, p.35, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  219. La livrée a sauvé plus d'un maître de l'affront d'être pris pour son valet.
    (Bluettes et boutades, p.36, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  220. L'amour est un extrême; aimer moins, c'est déjà ne plus aimer.
    (Bluettes et boutades, p.36, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  221. Il est aussi difficile à une jeune femme de savoir qu'elle est laide que d'ignorer qu'elle est jolie.
    (Bluettes et boutades, p.36, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  222. Bienheureux ceux qui ne bâtissent que des châteaux en Espagne, car ils n'ont rien à démêler avec les maçons!
    (Bluettes et boutades, p.36, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  223. Une autre vie, si elle n'était meilleure que celle-ci, serait moins une promesse qu'une menace.
    (Bluettes et boutades, p.36, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  224. Une indignation outrée contre le vice tient lieu de vertu à bien des rigoristes.
    (Bluettes et boutades, p.36, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  225. Le mérite que nous montrons dans un emploi nous y fait moins apprécier que l'incapacité de notre successeur.
    (Bluettes et boutades, p.36, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  226. S'enorgueillir d'une bonne action, c'est donner à croire qu'elle n'était pas dans nos habitudes.
    (Bluettes et boutades, p.36, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  227. Moins on a de pouvoir, plus on aime à en user.
    (Bluettes et boutades, p.36, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  228. Le succès de nos ouvrages dépasse rarement notre attente, et jamais leur mérite.
    (Bluettes et boutades, p.36, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  229. À force de refuser avec une grâce exquise tous les services qu'on leur demande, il est des gens qui se font presque une réputation d'obligeance.
    (Bluettes et boutades, p.37, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  230. Dans la plupart des discussions, on s'aime mieux soi-même que son opinion, et l'on cherche moins à la faire valoir qu'à se faire valoir.
    (Bluettes et boutades, p.37, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  231. Un pas vers Dieu en vaut mille vers la gloire.
    (Bluettes et boutades, p.37, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  232. Il est des gens qui ne savent que nuire; le seul bénéfice qu'il y ait à s'en faire des amis, c'est de ne pas les avoir pour ennemis.
    (Bluettes et boutades, p.37, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  233. Donnez à tous les malheureux, quelle que soit leur profession de foi ; la charité est de tous les cultes, et la pitié est due à toutes les infortunes.
    (Bluettes et boutades, p.37, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  234. On nous dit bien de marcher tout doucement dans le monde pour n'y pas éveiller la haine ou l'envie ; mais, hélas! comment faire si elles ne dorment jamais?
    (Bluettes et boutades, p.37, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  235. La vertu marche sur deux jambes, l'abstinence du mal et la pratique du bien ; aussi boite-t-elle souvent.
    (Bluettes et boutades, p.37, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  236. Le dernier mot d'un marchand est comme le premier verre de l'ivrogne, suivi de bien d'autres.
    (Bluettes et boutades, p.37, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  237. On n'est jamais assez respectable par le fond à ses propres yeux pour ne pas chercher à en imposer par la forme aux regards d'autrui.
    (Bluettes et boutades, p.38, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  238. Parmi les esprits élevés de tous les lieux et de toutes les époques, il est une communauté d'idées grandes et généreuses qui les fait fraterniser ensemble en dépit des distances et des siècles qui les séparent, et c'est là le véritable feu sacré, dont mieux que les vestales païennes les plus nobles enfants des hommes entretiendront toujours la flamme.
    (Bluettes et boutades, p.38, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  239. L'égoïsme renchérit sur le grand roi qui disait : « L'État, c'est moi; » car il dit : « Le monde, c'est moi. »
    (Bluettes et boutades, p.38, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  240. On aime à publier les services rendus par de grands personnages, moins par gratitude que par ostentation.
    (Bluettes et boutades, p.38, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  241. Ordinairement les avantages physiques que les femmes prisent le plus chez les personnes de leur sexe sont ceux auxquels elles ont le plus de prétentions elles-mêmes; et c'est une manière adroite de les faire remarquer en elles que de les louer dans les autres.
    (Bluettes et boutades, p.38, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  242. Le génie est comme l'encens : pour répandre ses suaves parfums, il faut qu'il se consume dans le feu sacré de l'inspiration.
    (Bluettes et boutades, p.38, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  243. L'orgueil a beau s'étaler au grand jour, et le crime se cacher dans l'ombre : le premier ne saurait attirer tous les regards, ni le second les éviter.
    (Bluettes et boutades, p.39, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  244. La retraite nous épargne plus d'ennuis que le monde ne nous donne de plaisirs.
    (Bluettes et boutades, p.39, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  245. Un prêteur est moins agréable qu'un créancier n'est incommode.
    (Bluettes et boutades, p.39, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  246. Si les vérités de l'Évangile étaient mathématiquement démontrées, la foi serait profanée comme une promesse de l'amitié par un contrat juridique.
    (Bluettes et boutades, p.39, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  247. Alors que l'ambitieux s'aliène tous les partis qui l'ont porté au pouvoir, il ressemble à un imprudent qui, montant une échelle, briserait les bâtons après s'en être servi : s'ils tombent tous deux, c'est dans un abîme.
    (Bluettes et boutades, p.39, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  248. Nous croyons plus volontiers le mal qu'on nous dit de nos ennemis que le bien qu'on nous dit de nos amis.
    (Bluettes et boutades, p.39, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  249. Si le même auteur compose également de bons vers et de bonne prose, les poètes louent sa prose et les prosateurs ses vers ; il leur semblera qu'ils écartent un rival en plaçant son mérite hors de la sphère où ils pensent briller eux-mêmes.
    (Bluettes et boutades, p.39, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  250. Une excellente affaire ne vaut pas une bonne action.
    (Bluettes et boutades, p.40, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  251. Les cheveux blancs inspirent le respect, mais repoussent l'indulgence.
    (Bluettes et boutades, p.40, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  252. En voyant tant de grands réformateurs sociaux de noire époque vivre à la gêne ou aux dépens de leurs disciples, je suis disposé à croire qu'une tête pleine et une bourse vide furent toujours le double apanage de leur éminente vocation, et je me prends à songer, en dépit de Plutarque, que Solon n'avait pas le sou ; que Lycurgue, criblé de dettes, après avoir laissé un oeil aux mains de ses créanciers, disparut pour ne pas les payer, et que si Numa se réfugiait si souvent dans les bois, c'était moins pour y consulter Égérie que pour se soustraire aux contraintes par corps.
    (Bluettes et boutades, p.40, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  253. Les hommes que les crises politiques élèvent au pouvoir me font l'effet de cerfs-volants qui ne montent dans les airs que tirés par la ficelle populaire, portés par le souffle orageux des révolutions, et fort embarrassés de se tenir quand il a cessé. Ceux, au contraire, que la considération seule y a conduits me semblent des ballons qui ont en eux-mêmes le principe de leur ascension, et qui s'élèvent d'autant mieux que le temps est plus calme.
    (Bluettes et boutades, p.40, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  254. L'indigence ajoute également à la laideur du vice et à la beauté de la vertu.
    (Bluettes et boutades, p.40, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  255. On soulage la misère d'une nation, et l'on oublie celle d'un obscur indigent, parce que la gratitude d'un peuple fait plus de bruit et d'honneur que le Dieu vont bénisse d'un pauvre.
    (Bluettes et boutades, p.41, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  256. Le soleil n'éclaire jamais à la fois toutes les parties de notre corps; de même la raison ne peut illuminer tous les côtés de notre esprit.
    (Bluettes et boutades, p.41, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  257. Que de gens couronnés des apparences du bonheur en sont parés dans le monde comme d'une toilette morale qu'ils déposent rentrés chez eux.
    (Bluettes et boutades, p.41, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  258. Il est des fripons qui croient laver dans leur dévouement exagéré à une opinion politique les taches de leur vie privée, comme si la bassesse pouvait blanchir l'immoralité.
    (Bluettes et boutades, p.41, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  259. En politique, pour estimer les hommes, on regarde moins à leurs vertus qu'à leurs opinions, et plus à leur influence qu'à leur moralité.
    (Bluettes et boutades, p.41, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  260. Celui qui regarde les vices d'autrui au travers de sa vertu est enclin à les pardonner : l'indulgence est fille d'une âme pure.
    (Bluettes et boutades, p.41, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  261. Je crois plus facile d'acquérir une vertu que de s'abstenir d'un vice : ajouter à ses habitudes est moins pénible que d'y renoncer.
    (Bluettes et boutades, p.41, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  262. En fait d'éloges, l'amour-propre, comme l'avare, prend de toutes les mains.
    (Bluettes et boutades, p.42, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  263. Qui cesse d'être trop bon paraît vite méchant.
    (Bluettes et boutades, p.42, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  264. En province, nos succès nous font des amis; mais à Paris, nos amis nous font des succès.
    (Bluettes et boutades, p.42, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  265. La grandeur d'une bonne action se mesure rarement à la gratitude de celui qui en fut l'objet, mais toujours au plaisir qu'elle procure à celui qui l'a faite.
    (Bluettes et boutades, p.42, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  266. On est bien moins malheureux de n'être pas riche que de l'avoir été.
    (Bluettes et boutades, p.42, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  267. L'orgueil est le père ou le fils de nos actions, il en est la base ou le faîte, il est dessus ou dessous, mais il y est.
    (Bluettes et boutades, p.42, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  268. Rien de fastidieux comme les gens toujours de votre avis; autant vaudrait converser avec des échos.
    (Bluettes et boutades, p.42, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  269. L'ingratitude de notre enfant nous fait rêver aux bienfaits de notre père.
    (Bluettes et boutades, p.42, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  270. Les réputations de coterie portées à dos d'hommes tombent avec la génération d'épaules qui les soutenait.
    (Bluettes et boutades, p.42, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  271. Le chemin de la vertu est élastique : la morale de chacun le rend plus ou moins large. Comme que l'on fasse, pourtant, il n'est pas de sentier qui use si peu de chaussures, qu'on indique plus, et où l'on passe moins.
    (Bluettes et boutades, p.43, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  272. Dans le champ des richesses sociales, les vices moissonnent pour s'assouvir et les vertus glanent pour vivre.
    (Bluettes et boutades, p.43, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  273. Beaucoup de gens, en blâmant outre mesure d'ignobles procédés, s'imaginent racheter les leurs auprès de ceux qui connaissent leur conduite et s'en faire croire incapables par ceux qui l'ignorent.
    (Bluettes et boutades, p.43, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  274. La moralité de certaines gens consiste à esquiver le pilori et à se mettre en règle avec la potence.
    (Bluettes et boutades, p.43, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  275. Il est quelque chose de plus doux que le plaisir de recevoir des louanges, c'est le sentiment de les avoir méritées.
    (Bluettes et boutades, p.43, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  276. Le souvenir d'une mère chérie devient comme l'ombre de toutes nos actions; il les précède ou les suit.
    (Bluettes et boutades, p.43, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  277. C'est créer le talent que de l'encourager.
    (Bluettes et boutades, p.43, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  278. Si petite que soit la patrie, elle occupe la plus grande place dans un coeur bien fait.
    (Bluettes et boutades, p.43, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  279. Il est des fripons tellement subtils, que la crainte de leur montrer nos poches nous empêche seule de leur faire l'affront de leur tourner le dos.
    (Bluettes et boutades, p.44, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  280. Les vices que nous soupçonnons chez le prochain sont ceux auxquels nous sommes le plus enclins, et nous nous défions de nous-mêmes dans les autres.
    (Bluettes et boutades, p.44, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  281. Il est des gens qui semblent ne tant choyer la probité dans leurs paroles que pour mieux la rudoyer par leurs actions; ils l'honorent à distance et en jugent à vol d'oiseau.
    (Bluettes et boutades, p.44, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  282. Les choses changent moins que notre manière de les voir.
    (Bluettes et boutades, p.44, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  283. Il est deux choses également nuisibles, qu'on ne peut jamais entièrement arracher : la mauvaise herbe de son jardin, et la trop bonne opinion qu'on a de soi-même.
    (Bluettes et boutades, p.44, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  284. Ce qui use nos facultés est moins ce dont nous nous occupons que ce qui nous occupe; non le travail dont nous sommes les maîtres, mais celui dont nous sommes les esclaves.
    (Bluettes et boutades, p.44, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  285. Chaque illusion généreuse de la jeunesse nous jette une ride en s'envolant, et l'expérience est le désenchantement successif des choses de la vie; c'est la raison enrichie des dépouilles du coeur.
    (Bluettes et boutades, p.44, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  286. La religion est l'hôpital des âmes que le monde a blessées.
    (Bluettes et boutades, p.45, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  287. Ceux que la religion désunit ne sont pas religieux; tous les cultes sont les rayons d'un cercle dont Dieu est le centre.
    (Bluettes et boutades, p.45, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  288. On aime à donner au soleil et à recevoir dans l'ombre.
    (Bluettes et boutades, p.45, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  289. L'amour est comme les corps francs, la légalité le tue.
    (Bluettes et boutades, p.45, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  290. Les amitiés politiques sont souvent des haines en commun.
    (Bluettes et boutades, p.45, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  291. On loue volontiers dans les autres les qualités qu'on pense avoir soi-même.
    (Bluettes et boutades, p.45, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  292. On trouve toujours pour aimer la vie d'autres raisons que la crainte de la mort, et c'est pourtant la meilleure.
    (Bluettes et boutades, p.45, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  293. L'avare, nageant dans l'or, me semble un poisson qui a soif.
    (Bluettes et boutades, p.45, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  294. L'imprudent réfléchit à ce qu'il a dit, le sage à ce qu'il va dire.
    (Bluettes et boutades, p.45, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  295. On commence par profiter de la faiblesse d'un homme trop bon, quitte à s'en moquer après.
    (Bluettes et boutades, p.45, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  296. La reconnaissance exagérée pour un premier bienfait sert de préface à la demande d'un second.
    (Bluettes et boutades, p.46, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  297. Avant de secourir l'infortuné, on s'informe des raisons de sa misère, et l'on partage les plaisirs d'un parvenu sans se soucier de l'origine de sa richesse.
    (Bluettes et boutades, p.46, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  298. Je conçois que les égoïstes puissent trouver le monde fort laid; ils n'y voient qu'eux.
    (Bluettes et boutades, p.46, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  299. Il ne faudrait parler de ses ennemis qu'alors qu'on a du bien à en dire.
    (Bluettes et boutades, p.46, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  300. Il est des ouvrages édifiants, mais ennuyeux, qu'on loue par convenance et qu'on ne lit pas par goût.
    (Bluettes et boutades, p.46, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  301. On découvre plus vite les défauts d'un honnête homme que les vices d'un fripon.
    (Bluettes et boutades, p.46, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  302. On salue plus volontiers une connaissance en voiture qu'un ami à pied.
    (Bluettes et boutades, p.46, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  303. C'est jouer de bonheur que de ne pas se faire un ennemi de celui qu'on oblige.
    (Bluettes et boutades, p.46, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  304. Les courtisans, comme les ramoneurs, s'élèvent en rampant, et se salissent en pliant le dos et les genoux.
    (Bluettes et boutades, p.46, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  305. On ne se laisse aller à dire beaucoup de mal de quelqu'un que devant ceux qui sont bien aises de l'accueillir et désireux de le répandre.
    (Bluettes et boutades, p.47, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  306. Le sage, oublieux des injures, se souvient des bienfaits. Sa mémoire est un crible qui laisse s'échapper le mauvais et qui retient le bon.
    (Bluettes et boutades, p.47, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  307. Qui donne fait une bonne action; qui prête une mauvaise affaire.
    (Bluettes et boutades, p.47, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  308. On n'oublie pas les amis qui font fortune, le Pactole les sauve du Léthé.
    (Bluettes et boutades, p.47, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  309. Un bon mot transplanté ne reprend guère ; l'à-propos est son terrain favori.
    (Bluettes et boutades, p.47, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  310. Les orgueilleux qui nous toisent le plus du haut en bas sont, à l'ordinaire, fraîchement parvenus de bas en haut.
    (Bluettes et boutades, p.47, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  311. Nous payons les services que nous rendent les sots du droit qu'ils y trouvent de nous imposer leurs ennuyeuses relations : ainsi les arbres touffus, qui nous garantissent d'une averse, dégouttent sur nous longtemps après qu'elle a cessé.
    (Bluettes et boutades, p.47, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  312. Nous prisons mieux et plus l'oeuf qu'on nous refuse que le boeuf qu'on nous donne.
    (Bluettes et boutades, p.47, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  313. On s'abonne à un journal plus pour la cause qu'il défend que pour la manière dont il la plaide.
    (Bluettes et boutades, p.48, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  314. Il y a des remèdes à la mode qu'il faut se hâter d'employer pendant qu'ils guérissent; comme il est des ouvrages qu'il faut vite admirer tandis qu'on en parle encore.
    (Bluettes et boutades, p.48, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  315. La flatterie a beau se grossir comme une montagne, l'amour-propre l'avale comme un grain de moutarde.
    (Bluettes et boutades, p.48, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  316. Il vaut mieux employer son temps à acquérir du savoir que de le perdre à faire parade de celui qu'on a.
    (Bluettes et boutades, p.48, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  317. La lyre du poète, comme le violon de l'amateur, ne supporte pas la médiocrité.
    (Bluettes et boutades, p.48, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  318. Deux époux qui s'aiment réunis s'adorent séparés.
    (Bluettes et boutades, p.48, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  319. On doit se défier également de l'indigence d'un avare et de l'opulence d'un orgueilleux.
    (Bluettes et boutades, p.48, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  320. Dans le chemin du progrès, il n'y a qu'une seule manière d'aller moins vite que certaines gens, c'est de s'arrêter.
    (Bluettes et boutades, p.48, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  321. L'homme aimable dans le monde y dépense bien souvent l'esprit qu'il a économisé à la maison.
    (Bluettes et boutades, p.48, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  322. Un grand nom fait valoir de bien petites choses.
    (Bluettes et boutades, p.49, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  323. II y a une manière dédaigneuse et protectrice de concéder des éloges, au moyen de laquelle on donne à penser plus de bien de soi qu'on n'en dit des autres.
    (Bluettes et boutades, p.49, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  324. On ne peut pas mieux juger un homme sur ses actions d'une heure que le climat d'un pays sur sa température d'un jour.
    (Bluettes et boutades, p.49, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  325. Les vers luisants sont des bêtes qui rampent et qui brillent; on ne définirait pas autrement certains courtisans.
    (Bluettes et boutades, p.49, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  326. Quelques médecins du Japon, pour se donner l'air affairé, passent en courant dans toutes les allées de traverse, et chacune d'elles leur compte pour deux visites aux yeux du public, qui les voit entrer d'un côté et sortir de l'autre.
    (Bluettes et boutades, p.49, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  327. Il n'est homme si sale en politique que celui qui est propre à tout.
    (Bluettes et boutades, p.49, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  328. Il y a plus de gens ennuyeux parmi ceux qui ont du temps à perdre que parmi ceux qui ont de l'argent à gagner.
    (Bluettes et boutades, p.49, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  329. Quand on ne peut plus faire oublier la sagesse aux jeunes filles, on se fait un mérite de les en faire souvenir.
    (Bluettes et boutades, p.49, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  330. Il est des êtres si nuls, qu'ils se montrent partout sans qu'on les voie nulle part.
    (Bluettes et boutades, p.50, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  331. La vieillesse ajoute au respect dû à la vertu, mais elle n'ôte rien au mépris qu'inspire le vice, car le temps ne blanchit que les cheveux.
    (Bluettes et boutades, p.50, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  332. Jadis le criminel réfugié dans un temple y bravait la justice des hommes, mais l'innocent brava toujours leur injustice dans l'asile inviolable d'une conscience pure.
    (Bluettes et boutades, p.50, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  333. Nous nous informons plus volontiers de la santé des personnes qui ont le même tempérament que nous.
    (Bluettes et boutades, p.50, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  334. C'est une chose merveilleuse comme les parvenus s'aperçoivent qu'ils n'ont plus de jambes, juste au moment où ils ont de quoi rouler carrosse.
    (Bluettes et boutades, p.50, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  335. À mesure qu'un homme acquiert de la fortune, il est, en général, moins soucieux de plaire aux autres; mais les autres, en revanche, deviennent plus désireux de lui être agréables; en sorte qu'entre eux la somme des prévenances demeure égale, mais se répartit différemment.
    (Bluettes et boutades, p.50, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  336. Il est de fougueux démocrates qui ont encore plus besoin de crédit que de liberté, et qui éteindraient plus vite vingt tyrannies qu'une seule dette.
    (Bluettes et boutades, p.50, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  337. La modestie est un lit de Procuste, où les géants sont tenus de se raccourcir pour ne pas scandaliser la foule des nains.
    (Bluettes et boutades, p.51, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  338. Il est des êtres trop vils pour sentir les bienfaits; leur bassesse ne peut s'élever jusqu'à l'ingratitude : ce vice est au-dessus d'eux.
    (Bluettes et boutades, p.51, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  339. La raison aggrave nos maux et nos péchés, parce qu'elle nous montre le danger des uns sans pouvoir nous en guérir, et la grandeur des autres sans pouvoir nous en détourner.
    (Bluettes et boutades, p.51, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  340. La raison avec l'amour sert comme un cadran solaire à l'ombre.
    (Bluettes et boutades, p.51, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  341. Partout l'égoïste ne pense qu'à lui, mais il semble qu'à Paris personne n'ait le temps de songer aux autres.
    (Bluettes et boutades, p.51, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  342. Une vieille coquette ne dit ni les années qu'elle a, ni les dents qu'elle n'a plus.
    (Bluettes et boutades, p.51, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  343. Une vertu fausse dans le fond est toujours exagérée par les formes.
    (Bluettes et boutades, p.51, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  344. Après le mal dont on souffre soi-même, celui que l'on plaint le plus chez les autres, c'est celui dont on est menacé; il y a de l'égoïsme jusque dans notre compassion pour le prochain.
    (Bluettes et boutades, p.51, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  345. Il est des affairés sans motifs réels qui se lèvent en sursaut à quatre heures pour planter un clou à midi.
    (Bluettes et boutades, p.52, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  346. Pour les docteurs du Japon, le cas le plus grave en médecine est celui où le malade n'a pas d'argent.
    (Bluettes et boutades, p.52, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  347. L'amitié survit mieux à la mort qu'à l'absence.
    (Bluettes et boutades, p.52, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  348. Le succès d'un bon livre peut être lent, mais il vient; celui d'un mauvais peut être prompt, mais il passe.
    (Bluettes et boutades, p.52, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  349. Voir sans envie la gloire de son rival est d'un galant homme; s'en réjouir est d'un bon coeur; mais y contribuer est d'une belle âme.
    (Bluettes et boutades, p.52, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  350. Rappeler ses bienfaits est un manque de tact; oublier ceux des autres, un manque de coeur.
    (Bluettes et boutades, p.52, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  351. Un homme mécontent de tout le monde est rarement satisfait de lui-même.
    (Bluettes et boutades, p.52, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  352. On pardonne une fortune rapide à celui qui en fait un bon usage.
    (Bluettes et boutades, p.52, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  353. Combien d'hommes d'Église qui font mieux de la religion le piédestal de leur orgueil que la base de leur conduite.
    (Bluettes et boutades, p.52, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  354. L'argent mal acquis ne vaut jamais ce qu'il coûte, et la bonne conscience ne coûte jamais ce qu'elle vaut.
    (Bluettes et boutades, p.53, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  355. L'affront le plus léger est celui qu'on pardonne.
    (Bluettes et boutades, p.53, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  356. Le génie est souvent voilé par un ridicule, comme le soleil par un petit nuage.
    (Bluettes et boutades, p.53, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  357. Une journée d'oisiveté fatigue plus qu'une semaine d'occupations.
    (Bluettes et boutades, p.53, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  358. Un auteur porté à dos de journal va plus vite que loin.
    (Bluettes et boutades, p.53, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  359. La jeunesse supporte l'orage des passions, mais la vieillesse y succombe : ainsi l'aquilon emporte, en automne, la feuille qu'il balançait gracieusement durant l'été.
    (Bluettes et boutades, p.53, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  360. Vivre pauvre pour mourir riche, telle est la devise de l'avare.
    (Bluettes et boutades, p.53, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  361. On loue surtout avec franchise ceux auxquels on est certain d'être supérieur en mérite, parce qu'on s'élève en rehaussant ce qui est au-dessous de soi.
    (Bluettes et boutades, p.53, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  362. À mesure que nous sommes moins jeunes, les vieillards nous semblent moins vieux : on dirait que le temps nous donne les années qu'il leur enlève.
    (Bluettes et boutades, p.53, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  363. On dépense son esprit dans le monde; dans la retraite on ajoute à celui qu'on a.
    (Bluettes et boutades, p.54, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  364. On fait plus pour désarmer ceux qu'on craint que pour obliger ceux qu'on aime.
    (Bluettes et boutades, p.54, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  365. Quelque innocents que nous soyons de nos maux ou de nos revers, ils ont toujours une face où l'égoïste s'accroche comme à une raison de ne pas s'y intéresser.
    (Bluettes et boutades, p.54, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  366. Pour n'avoir pas tort, il faut que le pauvre ait quatre fois raison, et, pour n'avoir pas raison, il faut que le riche ait quatre fois tort.
    (Bluettes et boutades, p.54, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  367. Ce qu'on accorde de talent à un auteur ne vaut jamais pour lui ce qu'on lui en refuse.
    (Bluettes et boutades, p.54, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  368. Les bonnes choses qu'on prodigue ne sont pas estimées des hommes à l'égal des médiocres dont on est avare. Ce qui vaut ne vaut pas ce qu'on fait valoir.
    (Bluettes et boutades, p.54, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  369. Il faut moins de mérite pour découvrir les défauts d'autrui que pour les supporter.
    (Bluettes et boutades, p.54, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  370. À la mort de bien des gens, l'on serait tenté de plaindre davantage le monde où ils vont que celui qu'ils laissent.
    (Bluettes et boutades, p.54, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  371. L'amitié dans le monde, comme le crédit dans les affaires, se conserve d'autant mieux qu'on en use moins.
    (Bluettes et boutades, p.55, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  372. Le monde entier a remplacé la cour de Rome pour accorder des indulgences aux riches.
    (Bluettes et boutades, p.55, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  373. Juger de la vertu d'un homme par une action d'éclat, c'est mesurer sa taille quand il saute et lorsqu'il est en l'air.
    (Bluettes et boutades, p.55, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  374. Les maux qui abrègent la vie en allongent la durée pour le patient; celui qui a beaucoup souffert a longtemps vécu.
    (Bluettes et boutades, p.55, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  375. Un sot dans un poste élevé, comme le filet d'eau dans le lit d'un fleuve, occupe une place sans la remplir.
    (Bluettes et boutades, p.55, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  376. Ne croyons que la moitié du bien qu'on nous dit de nous-mêmes et du mal qu'on nous dit des autres.
    (Bluettes et boutades, p.55, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  377. Il est des parvenus si simples, qu'on ne saurait comment leur imputer leur fortune. Le coffre-fort de ces messieurs est une énigme dont nul n'a le mot, mais dont ils ont la clef.
    (Bluettes et boutades, p.55, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  378. Les hommes trouvent moins de motifs de nous féliciter de nos succès que de raisons pour se désintéresser à nos revers.
    (Bluettes et boutades, p.55, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  379. En obtenant une faveur pour celui qui en était digne, nous sommes souvent moins flattés de faire rendre justice à son mérite que de ce qu'on l'accorde à notre influence.
    (Bluettes et boutades, p.56, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  380. En amour, ce que l'on permet de prendre a plus de prix que ce que l'on donne.
    (Bluettes et boutades, p.56, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  381. Le médisant prélude au mal qu'il dira de vous par celui qu'il vous dit des autres.
    (Bluettes et boutades, p.56, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  382. Pour bien des gens, hélas! la crainte de mourir devrait être moindre que celle de vivre une seconde fois.
    (Bluettes et boutades, p.56, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  383. Lorsqu'un poète se noie, voyez si sa bourse ne revient pas sur l'eau.
    (Bluettes et boutades, p.56, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  384. Il vaut mieux, pour bien des orateurs, entendre parler d'eux que de les entendre parler.
    (Bluettes et boutades, p.56, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  385. Ceux qui ont de bonnes qualités sont moins considérés que ceux à qui l'on en donne.
    (Bluettes et boutades, p.56, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  386. On s'honore plus sur l'échelle sociale par la crainte d'en descendre que par l'envie d'y monter.
    (Bluettes et boutades, p.56, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  387. Faire parade de sa fortune est, pour un sot, la manière d'en jouir.
    (Bluettes et boutades, p.56, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  388. Les méchants se font plus vite craindre que les bons ne se font aimer.
    (Bluettes et boutades, p.57, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  389. L'homme mourant est un ballon qui jette son lest.
    (Bluettes et boutades, p.57, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  390. La repentance nous rapproche plus de l'Éternel que le péché ne nous en éloigne.
    (Bluettes et boutades, p.57, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  391. Si le plaisir est la fleur de la jeunesse, le bonheur, à tout âge, est le fruit de la vertu.
    (Bluettes et boutades, p.57, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  392. Les gens incapables de reconnaissance ne manquent jamais de prétextes pour n'en pas avoir.
    (Bluettes et boutades, p.57, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  393. La bénédiction du pauvre nous vaut plus dans le ciel que la protection d'un riche ne nous sert sur la terre.
    (Bluettes et boutades, p.57, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  394. Il est un mal dont, à la longue, les médecins nous guérissent toujours : c'est de notre crédulité à leur égard.
    (Bluettes et boutades, p.57, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  395. C'est grand dommage qu'il faille être un étranger pour réussir dans son pays.
    (Bluettes et boutades, p.57, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  396. Bien que dépourvus d'idées, il est des gens qui s'acharnent à parler, et qui, lorsqu'ils ont commencé une phrase, se recommandent à la bonne Providence pour pouvoir l'achever.
    (Bluettes et boutades, p.57, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  397. Les orateurs politiques sont assez sujets à prendre l'amour de la parole pour l'amour du pays.
    (Bluettes et boutades, p.58, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  398. C'est dans la vie comme dans la neige : le chemin qu'on suit fatigue moins que celui qu'on fait.
    (Bluettes et boutades, p.58, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  399. Les ouvrages qu'on juge sont infiniment plus nombreux que ceux qu'on lit.
    (Bluettes et boutades, p.58, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  400. Une critique méchante fait plus de bruit qu'un bon ouvrage.
    (Bluettes et boutades, p.58, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  401. Les ouvrages d'écrivains ignorés, dont les préfaces brillantes sont faites par des auteurs célèbres, me font l'effet de sirènes : leur tête est riante ; mais gare la queue !
    (Bluettes et boutades, p.58, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  402. Nos bonnes actions valent souvent mieux que leurs motifs.
    (Bluettes et boutades, p.58, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  403. Un donne plus vite au riche qu'on ne prête au pauvre.
    (Bluettes et boutades, p.58, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  404. Les manuscrits si prônés de certains auteurs ont, à l'impression, le sort de l'ombre d'où ils sont tirés : comme elle, ils meurent en recevant le jour.
    (Bluettes et boutades, p.58, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  405. L'amour-propre est le plus délicat et le plus vivace de nos défauts; un rien le blesse, mais rien ne le tue.
    (Bluettes et boutades, p.58, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  406. On cherche mille raisons pour accuser le vice dans la misère, on en trouve deux mille pour l'excuser dans l'opulence.
    (Bluettes et boutades, p.59, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  407. Les hommes politiques se font principes pour arriver au pouvoir, et se retrouvent des hommes dès qu'ils y sont parvenus.
    (Bluettes et boutades, p.59, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  408. Les maux qui empêchent de vivre sont plus affreux que ceux qui font mourir.
    (Bluettes et boutades, p.59, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  409. La femme vertueuse fuit le danger; elle compte plus sur sa prudence à l'éviter que sur sa force pour le vaincre.
    (Bluettes et boutades, p.59, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  410. Lorsqu'un ami prodigue vous demande de l'argent à emprunter, voyez lequel des deux vous voulez perdre.
    (Bluettes et boutades, p.59, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  411. L'amant transi et l'époux blasé deviennent également aveugles : l'un ne saurait voir, l'autre ne regarde plus.
    (Bluettes et boutades, p.59, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  412. Un flatteur, suivant nous, a toujours assez d'instruction pour faire l'éloge de nos oeuvres; un homme de goût en a rarement assez pour les critiquer.
    (Bluettes et boutades, p.59, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  413. Une finesse maladroite met en relief nos intentions, loin de les cacher : c'est le vêtement trempé d'eau qui voile le corps, mais accuse ses formes.
    (Bluettes et boutades, p.59, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  414. C'est insulter à sa conscience que de demander des conseils pour agir alors qu'elle nous dicte notre devoir.
    (Bluettes et boutades, p.60, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  415. Rabaisser le mérite d'un rival, c'est faire croire que l'on n'a que ce moyen pour l'égaler; vainqueur, c'est diminuer la valeur de son triomphe; vaincu, ajouter à la honte de sa défaite.
    (Bluettes et boutades, p.60, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  416. Deux causes éloignent nos amis : leur prospérité, qui n'a pas besoin de nous; et notre infortune, qui aurait besoin d'eux.
    (Bluettes et boutades, p.60, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  417. Si long que soit le temps où vous ne l'avez vu, il n'est personne comme le créancier pour reprendre la conversation avec vous, juste au point où il l'avait laissée.
    (Bluettes et boutades, p.60, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  418. Souvent on est plus indulgent pour la médiocrité que pour le talent, car la première endort la critique, mais le second éveille l'envie.
    (Bluettes et boutades, p.60, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  419. Si l'on retranchait de nos jours ceux que l'impatience de nos désirs voudrait en ôter, la plus longue vie serait réduite à peu de chose.
    (Bluettes et boutades, p.60, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  420. La confiance du sage en lui-même diminue à mesure que son savoir grandit : ainsi l'ombre du soleil décroît avec son élévation.
    (Bluettes et boutades, p.60, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  421. Il n'est fête si joyeuse où les assistants n'apportent, dans leur propre coeur, la meilleure part de la gaieté qu'ils y trouvent.
    (Bluettes et boutades, p.61, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  422. Consulter quelqu'un sur une chose déjà faite, ce n'est pas demander son avis, mais son approbation.
    (Bluettes et boutades, p.61, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  423. Les fêtes ne sont point, pour les gens du monde, des raisons pour être heureux, mais des occasions de le paraître.
    (Bluettes et boutades, p.61, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  424. L'âme généreuse vivifie tout en se répandant autour d'elle ; c'est le Nil qui déborde et féconde ses rives.
    (Bluettes et boutades, p.61, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  425. Sur la scène du monde, la franchise est le seul rôle qu'on sache sans avoir besoin de l'apprendre et sans craindre de l'oublier.
    (Bluettes et boutades, p.61, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  426. Répandre du sable sur une lettre, c'est parfois jeter la terre de l'oubli sur des sentiments mort-nés.
    (Bluettes et boutades, p.61, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  427. L'indécision nuit à tous nos succès; il n'est pas de bon vent pour le marin qui ne sait à quel port il veut aborder.
    (Bluettes et boutades, p.61, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  428. L'ambitieux n'a pas d'autre patrie que sa fortune ; il lui semble naître partout où il réussit, et pour lui les hommes sont des bâtons d'échelle dont il se sert pour monter.
    (Bluettes et boutades, p.61, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  429. L'homme et sa vanité ont ce rapport avec le tabac, qu'ils s'en vont comme lui en poudre ou en fumée.
    (Bluettes et boutades, p.62, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  430. Si tout le monde donne des conseils, c'est que personne n'en achète.
    (Bluettes et boutades, p.62, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  431. Notre avocat n'est jamais aussi bon que notre cause.
    (Bluettes et boutades, p.62, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  432. Un coeur jaloux prend mieux son parti du malheur d'un ami que du bonheur d'un rival.
    (Bluettes et boutades, p.62, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  433. On regarde à la loupe les qualités de ceux qu'on aime et les défauts de ceux qu'on hait.
    (Bluettes et boutades, p.62, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  434. Pour le chrétien la solitude touche au ciel.
    (Bluettes et boutades, p.62, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  435. C'est le ciel qui se charge de la reconnaissance des ingrats.
    (Bluettes et boutades, p.62, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  436. Ceux qui peuvent nous faire gagner quelque argent ont rarement tout perdu dans notre estime.
    (Bluettes et boutades, p.62, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  437. On sait plus de gré d'un service offert de bon coeur que de celui qui est rendu de mauvaise grâce.
    (Bluettes et boutades, p.62, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  438. La conscience est comme l'onde; pour voir au fond de toutes deux, il faut du calme.
    (Bluettes et boutades, p.62, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  439. L'on se permet tout avec ceux dont l'on n'attend rien.
    (Bluettes et boutades, p.63, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  440. Le feuilleton est aujourd'hui l'omnibus qui fait le service de Paris au temple de la gloire; il part à toute heure et à tout prix. Mais... ici je fais comme lui, je m'arrête en route.
    (Bluettes et boutades, p.63, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  441. La louange d'un flatteur est plus à craindre que la menace d'un ennemi.
    (Bluettes et boutades, p.63, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  442. Si un débiteur vous reçoit mal, vous êtes payé.
    (Bluettes et boutades, p.63, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  443. Les envieux aiment mieux recevoir des critiques que donner des louanges.
    (Bluettes et boutades, p.63, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  444. L'ombre de la retraite éclaire la conscience, l'éclat du grand monde l'obscurcit.
    (Bluettes et boutades, p.63, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  445. Il n'est qu'une chose qui vaille dans le ciel ce qu'elle coûte sur la terre : la vertu.
    (Bluettes et boutades, p.63, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  446. Le premier-né d'une jeune mère résume le monde pour sa tendresse; il absorbe toutes ses joies et blanchit tous ses deuils.
    (Bluettes et boutades, p.63, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  447. C'est le propre des pensées vraies de ne paraître jamais nouvelles, car elles sont l'expression de ce qui est.
    (Bluettes et boutades, p.63, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  448. Il est des gens qui payent leurs dettes comme les Parthes combattaient, en fuyant.
    (Bluettes et boutades, p.64, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  449. On se fait une morale à l'usage de ses actions, comme les auteurs dramatiques de notre époque font des poétiques à l'usage de leurs pièces.
    (Bluettes et boutades, p.64, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  450. Il faudrait se voir avec l'oeil de son voisin.
    (Bluettes et boutades, p.64, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  451. L'importance qu'on a ne vaut jamais celle qu'on se donne.
    (Bluettes et boutades, p.64, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  452. On doit souvent son éclat à l'obscurité de ceux qui nous entourent; ainsi le ver luisant ne brille que la nuit.
    (Bluettes et boutades, p.64, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  453. C'est dans la main du pauvre que l'argent placé rapporte le plus.
    (Bluettes et boutades, p.64, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  454. Il faut faire le bien comme l'on cherche à faire le mal : dans l'ombre.
    (Bluettes et boutades, p.64, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  455. La vieillesse la plus avancée n'efface point les vestiges de l'amour sur la physionomie des femmes ; leurs yeux sont comme tournés encore de ce côté-là ; ainsi la girouette immobile dans le calme du soir n'en indique pas moins le vent qui a régné dans la journée.
    (Bluettes et boutades, p.64, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  456. La médisance est l'avoine des esprits poussifs.
    (Bluettes et boutades, p.64, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  457. L'absence des grands vices est la petite vertu de plusieurs.
    (Bluettes et boutades, p.65, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  458. Nous estimons moins les gens ce qu'ils valent que ce qu'ils nous valent.
    (Bluettes et boutades, p.65, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  459. Le naturel dans les ouvrages est comme le pain dans les repas : il s'allie bien à tout et ne lasse jamais.
    (Bluettes et boutades, p.65, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  460. Si vous êtes généreux dans vos transactions avec les hommes, ils en feront honneur à leur finesse beaucoup plus qu'à votre désintéressement.
    (Bluettes et boutades, p.65, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  461. Si l'hypocrisie mourait, la modestie devrait prendre au moins le petit deuil.
    (Bluettes et boutades, p.65, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  462. L'avenir ôte plus de gloire qu'il n'en donne.
    (Bluettes et boutades, p.65, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  463. Il est des gens qui bornent leurs succès à nuire à ceux d'autrui.
    (Bluettes et boutades, p.65, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  464. C'est avoir deux fois raison que de céder à quelqu'un qui a tort.
    (Bluettes et boutades, p.65, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  465. Bien des riches ont une munificence à timbre et une ladrerie à sourdine.
    (Bluettes et boutades, p.65, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  466. Le jeune homme tient moins à la terre que le vieillard; comme l'arbrisseau, il a peu de racines.
    (Bluettes et boutades, p.65, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  467. Le monde est aux plus fins, le ciel aux plus dignes.
    (Bluettes et boutades, p.66, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  468. Pour les femmes, la sagesse est une garde d'honneur et la laideur une garde du corps ; cette dernière ne s'endort jamais.
    (Bluettes et boutades, p.66, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  469. L'égoïsme est un miroir que nous prenons pour un transparent.
    (Bluettes et boutades, p.66, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  470. Le mérite indigent, comme l'aiguille rouillée, perce difficilement.
    (Bluettes et boutades, p.66, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  471. On se targue plus de la politesse des grands que de l'amitié des petits.
    (Bluettes et boutades, p.66, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  472. Aux yeux des mondains, de quelque manière qu'on ait gagné sa fortune, on a mieux fait que de la perdre.
    (Bluettes et boutades, p.66, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  473. Grâce à l'amour et à l'amour-propre, on ne voit ni les défauts de sa maîtresse ni les siens.
    (Bluettes et boutades, p.66, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  474. Nous sommes plus souvent dupes de nous-mêmes que des autres.
    (Bluettes et boutades, p.66, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  475. Le vrai courage ressemble au cerf-volant : un vent contraire l'élève, loin de l'abattre.
    (Bluettes et boutades, p.66, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  476. Les hommes politiques ont le sort des habits; ceux qu'on porte le plus s'usent vite.
    (Bluettes et boutades, p.66, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  477. Sans les grands mots, comment bien des gens diraient-ils les petites choses?
    (Bluettes et boutades, p.67, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  478. Une belle âme est comme la flamme, qui tend toujours au ciel.
    (Bluettes et boutades, p.67, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  479. Pour un héritier, tout n'est pas assez ; il espérait plus.
    (Bluettes et boutades, p.67, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  480. Un coeur vide de fiel vaut mieux qu'une bourse pleine d'or.
    (Bluettes et boutades, p.67, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  481. Pour qui jouit seul le plaisir boite.
    (Bluettes et boutades, p.67, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  482. Rien n'ennuie comme l'obligation d'être amusant.
    (Bluettes et boutades, p.67, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  483. Le remords est l'ombre du crime : il grandit comme elle à la chute des jours.
    (Bluettes et boutades, p.67, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  484. Il n'y a que les gens qui prêtent au ridicule qui soient certains d'être remboursés.
    (Bluettes et boutades, p.67, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  485. La seule chose que l'indiscret n'ébruite pas, c'est qu'il est un sot, peut-être parce qu'il ne l'apprendrait à personne.
    (Bluettes et boutades, p.67, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  486. L'avarice et le génie me semblent deux lignes parallèles qui devraient ne jamais pouvoir se rencontrer.
    (Bluettes et boutades, p.67, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  487. Le déclin d'un beau génie fait saillir le pâle mérite de ses rivaux ; ainsi l'abaissement du soleil agrandit l'ombre des pygmées.
    (Bluettes et boutades, p.68, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  488. Bercé par l'amour-propre, chacun de nous s'endort tout éveillé, et, dans un rêve glorieux, plane sur les humbles réalités de sa destinée.
    (Bluettes et boutades, p.68, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  489. Le monde fourmille de bons enfants qui ne font de mal à personne et du bien qu'à eux.
    (Bluettes et boutades, p.68, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  490. L'orateur prolixe, comme la mèche d'une chandelle, perd sa clarté en s'allongeant.
    (Bluettes et boutades, p.68, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  491. On rend si peu de services aujourd'hui, qu'il n'y aura plus d'ingrats demain.
    (Bluettes et boutades, p.68, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  492. Les philanthropes du jour trouvent plus vite un grand système pour le bonheur de l'humanité, qui ne le leur demande point, qu'un petit sou pour l'indigent qui leur tend la main.
    (Bluettes et boutades, p.68, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  493. Afin de ne réussir à rien, il est des gens qui semblent faire tout; on dirait vraiment qu'ils soufflent la chandelle pour l'allumer et le feu pour l'éteindre.
    (Bluettes et boutades, p.68, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  494. Il est plus facile au riche de faire le bien qu'au pauvre de s'abstenir du mal.
    (Bluettes et boutades, p.68, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  495. La flamme est l'image du despotisme : elle réchauffe qui s'agenouille près d'elle et consume qui se place au-dessus.
    (Bluettes et boutades, p.69, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  496. Les abus sont des plantes vivaces qui ont pour extirpateurs les faibles qui en souffrent et pour racines les puissants qui en profitent.
    (Bluettes et boutades, p.69, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  497. Un époux borgne est un trésor pour une femme coquette, car il ne saurait avoir un oeil aux champs, l'autre au logis.
    (Bluettes et boutades, p.69, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  498. Dire à un auteur qu'il fait mal, c'est le siffler en ut dièse; lui insinuer ensuite qu'il peut mieux faire, c'est la ritournelle de l'air en mi bémoL
    (Bluettes et boutades, p.69, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  499. Le tribun exalté par la populace, ainsi que l'arbre grandi dans un marécage, perd en consistance ce qu'il gagne en rapide élévation.
    (Bluettes et boutades, p.69, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  500. Rien ne rattache à un gouvernement qui ne vaut rien comme une place qui rapporte quelque chose.
    (Bluettes et boutades, p.69, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  501. Certains fripons ne sont si désolés quand nous sommes la dupe des autres que parce qu'ils espéraient que nous serions exclusivement la leur.
    (Bluettes et boutades, p.69, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  502. Quand l'amour aveugle prend l'hymen pour oculiste, il y voit bientôt plus clair qu'il ne veut.
    (Bluettes et boutades, p.69, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  503. On s'en occupe : phrase à trois mots, sur laquelle le pouvoir s'endort comme sur un fauteuil à trois pieds.
    (Bluettes et boutades, p.70, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  504. Il semble que de déterminés fainéants meurent jeunes pour ne rien faire du tout, pas même de vieux os.
    (Bluettes et boutades, p.70, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  505. Pour fuir l'orage des passions, le mariage avec une bonne femme est un port dans la tempête; mais avec une méchante c'est une tempête dans le port.
    (Bluettes et boutades, p.70, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  506. L'amour-propre voltige autour des coeurs d'enfants sans pouvoir y pénétrer, comme l'abeille autour des boutons de fleurs.
    (Bluettes et boutades, p.70, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  507. Quand l'intérêt personnel plaide au tribunal de notre conscience, il gagne toujours ou sa cause ou son juge.
    (Bluettes et boutades, p.70, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  508. D'une confidence à une indiscrétion, il n'y a que la distance de l'oreille à la bouche.
    (Bluettes et boutades, p.70, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  509. Si l'honnête homme est embarrassé pour un passeport, qu'il s'adresse au premier filou, qui en a toujours au moins deux.
    (Bluettes et boutades, p.70, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  510. Notre opinion de nous-mêmes, ainsi que notre ombre, nous fait sans cesse ou trop grands ou trop petits.
    (Bluettes et boutades, p.70, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  511. L'auteur partout le mieux apprécié est l'auteur de sa fortune.
    (Bluettes et boutades, p.71, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  512. Pour un Phocion qui fut la hache de Démosthènes, combien est-il d'orateurs qui sont la scie de tout le monde !
    (Bluettes et boutades, p.71, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  513. Il est des choses dont on ne se sert qu'en les salissant : les mouchoirs de poche et les mouchards, par exemple.
    (Bluettes et boutades, p.71, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  514. Il jaillit des oeuvres d'un grand écrivain des traits qui, passant au-dessus du vulgaire, vont frapper les intelligences élevées; celles-ci, vigies de la pensée, signalent l'apparition du génie nouveau, et de là vient que sa renommée est souvent plus vite européenne que locale.
    (Bluettes et boutades, p.71, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  515. La poésie aujourd'hui empêche d'arriver à quoi que ce soit... si ce n'est à l'hôpital; et Pégase est devenu un véritable cheval... de frise.
    (Bluettes et boutades, p.71, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  516. En nous berçant sur le continuel roulis de leurs monotones périodes, il est des orateurs qui nous donnent le mal de mer.
    (Bluettes et boutades, p.71, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  517. Heureux celui dont la conscience comparait sans crainte à la barre de ses souvenirs!
    (Bluettes et boutades, p.71, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  518. La foi qui meurt rend la vertu fragile.
    (Bluettes et boutades, p.71, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  519. Lasse du joug des pensions, et n'aspirant qu'à la clef des champs, la jeune demoiselle coquette voit dans le mariage un port d'armes, et dans son époux un permis de chasse.
    (Bluettes et boutades, p.72, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  520. Il n'y aurait plus d'ingrats si nous nous souvenions des services qu'on nous rend comme de ceux qu'on nous refuse.
    (Bluettes et boutades, p.72, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  521. Une mise élégante coûte plus cher à l'auberge où l'on se loge que chez le tailleur où l'on s'habille.
    (Bluettes et boutades, p.72, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  522. L'amour-propre console presque d'un malheur qu'on a prévu.
    (Bluettes et boutades, p.72, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  523. Les résolutions magnanimes sont spontanées, la raison ne les modifie qu'en diminuant leur valeur; c'est l'or pur sortant de la mine, qui acquiert son titre légal par un alliage qui l'altère.
    (Bluettes et boutades, p.72, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  524. Quand le fourbe arriverait à persuader chacun de sa probité, il lui sera toujours fort désagréable de ne pouvoir s'en convaincre lui-même.
    (Bluettes et boutades, p.72, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  525. Le coeur d'une pudique vierge contient le germe de l'amour, comme le bouton de la rose en recèle le parfum.
    (Bluettes et boutades, p.72, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  526. Le vin éclaircit la lie de la coupe du destin où boit la misère.
    (Bluettes et boutades, p.72, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  527. Certains agréments de la jeunesse perdent leurs charmes dans un âge avancé; ainsi la fraîcheur que donnait l'arbre aux beaux jours n'est plus que de l'humidité en automne.
    (Bluettes et boutades, p.73, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  528. Après avoir sauvé la République, Cincinnatus trouvait sa place à la queue d'une charrue; mais tous nos sauveurs du jour cherchent la leur au timon de l'État.
    (Bluettes et boutades, p.73, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  529. En politique les couleurs tranchées se modifient peu par la discussion; ainsi le meunier et le ramoneur qui se battent ne se rendent ni blancs ni noirs, mais tout au plus gris.
    (Bluettes et boutades, p.73, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  530. L'orgueil et la vanité sont les échasses du sot; mais elles ne le grandissent que pour le faire tomber de plus haut.
    (Bluettes et boutades, p.73, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  531. Parmi les auteurs, les pauvres d'espèces retournent leurs habits, et les pauvres d'esprit, leurs pensées.
    (Bluettes et boutades, p.73, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  532. Les Janus politiques, soufflant le chaud et le froid, sont d'aussi bonne pâte que les pains; car, au sortir du four, ceux-ci sont trouvés par les uns tout frais, par les autres tout chauds.
    (Bluettes et boutades, p.73, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  533. La popularité est une splendide hôtellerie où l'on entre triomphant par la porte et d'où l'on sort par la fenêtre ou la cheminée, sanglant ou noirci.
    (Bluettes et boutades, p.73, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  534. Assez est toujours moins, et trop n'est jamais plus que ce qu'on désire.
    (Bluettes et boutades, p.74, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  535. S'il pouvait voir le vide que fera sa mort, l'orgueilleux serait moins fier de la place que tient sa vie.
    (Bluettes et boutades, p.74, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  536. Les plus mauvais titres à l'attachement de nos amis sont des titres de créances.
    (Bluettes et boutades, p.74, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  537. La coupe de l'ambition enivre la conscience et fait chanceler la droiture.
    (Bluettes et boutades, p.74, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  538. Le coup de chapeau du parvenu est la mesure de sa fortune; plus elle s'élève, moins il s'abaisse.
    (Bluettes et boutades, p.74, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  539. Si nous savions les motifs des égards qu'on nous témoigne, nous serions stupéfaits du peu qu'il en revient à notre mérite.
    (Bluettes et boutades, p.74, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  540. Les protecteurs éclairés des arts, semblables aux flambeaux, font étinceler des diamants enfouis dans l'ombre sans eux.
    (Bluettes et boutades, p.74, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  541. Toute notre sagesse, hélas! consiste souvent à attendre les occasions de chute, au lieu de les chercher!
    (Bluettes et boutades, p.74, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  542. En voyant la joie de certaines gens à dépecer notre réputation, on dirait que leurs vertus s'engraissent de nos vices.
    (Bluettes et boutades, p.74, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  543. Les prospérités du méchant, ainsi que les ombres au coucher du soleil, ne sont jamais si grandes qu'alors qu'elles vont disparaître.
    (Bluettes et boutades, p.75, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  544. Certains ministres républicains voudraient spartiatiser leur luxe et nous persuader qu'ils vont en voiture pour économiser leurs souliers.
    (Bluettes et boutades, p.75, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  545. La modestie de certains auteurs consiste à se grandir sans faire trop de bruit; on dirait qu'ils s'avancent dans le monde sur la pointe des pieds.
    (Bluettes et boutades, p.75, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  546. On se risque à être franc quand on ne peut ni gagner à la louange ni perdre à la critique.
    (Bluettes et boutades, p.75, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  547. Que de vieillards seraient jeunes, s'ils ne comptaient de leur vie que le temps bien employé!
    (Bluettes et boutades, p.75, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  548. Le traité de morale qui peint nos vices nous semble moins un miroir qu'un transparent à travers lequel nous voyons défiler nos voisins.
    (Bluettes et boutades, p.75, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  549. Le bonheur d'une âme sensible est altéré par l'aspect de la plus légère souffrance; c'est pour elle le pli de rose du Sybarite.
    (Bluettes et boutades, p.75, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  550. En fait de jouissances, l'amitié vit de ses rentes et l'amour mange son capital.
    (Bluettes et boutades, p.75, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  551. Confier le jugement de ses oeuvres au feuilleton d'un ami, c'est mettre son amour-propre en nourrice.
    (Bluettes et boutades, p.76, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  552. Il y a loin pour le président d'une assemblée entre donner la parole à ses membres et leur en faire le don.
    (Bluettes et boutades, p.76, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  553. Le plus grand châtiment d'un fourbe n'est pas d'être reconnu, mais de se connaître.
    (Bluettes et boutades, p.76, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  554. À talent nain amour-propre géant.
    (Bluettes et boutades, p.76, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  555. L'onde claire du fleuve se trouble en sortant de son lit, comme la sérénité d'une âme s'altère lorsqu'elle se répand dans le monde.
    (Bluettes et boutades, p.76, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  556. Quand la bienfaisance trace sur son passage un sillon productif, l'égoïsme ne laisse derrière lui qu'une ornière stérile.
    (Bluettes et boutades, p.76, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  557. Plus un sceptre s'étend, plus son pouvoir pèse à qui le porte, ainsi la longueur d'un bâton ajoute au poids suspendu à son extrémité.
    (Bluettes et boutades, p.76, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  558. Pour qui les possède, les faux biens de la terre ne gardent plus leurs attraits; de même, au contact de nos lèvres, les coquettes fardées perdent l'éclat qui nous avait charmés.
    (Bluettes et boutades, p.76, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  559. Vouloir dominer les autres par un ton grossier, c'est croire s'élever en chaussant des sabots.
    (Bluettes et boutades, p.77, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  560. Que servent au parvenu ses airs de hauteur? Quelque chose trahit toujours son origine; ainsi le cerf-volant planant au ciel laisse voir le fil qui le tient à la terre.
    (Bluettes et boutades, p.77, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  561. Ah! pourquoi les pécheurs ne sont-ils pas, comme nos députés, enclins à l'amendement?
    (Bluettes et boutades, p.77, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  562. Un premier amour donne de l'esprit aux filles; le jeune homme est moins bête au second.
    (Bluettes et boutades, p.77, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  563. Parfois la souveraineté du peuple est une plaisanterie prise au sérieux par ceux qui n'en profitent pas.
    (Bluettes et boutades, p.77, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  564. Le monde aujourd'hui est gouverné par la presse. Les États changent moins de régime que de rédactions.
    (Bluettes et boutades, p.77, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  565. Le génie abhorre les sentiers battus ; il préfère ouvrir un sillon dans les champs à creuser une ornière sur la route.
    (Bluettes et boutades, p.77, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  566. Les avocats sans clients se font journalistes, et plaident pour tout le monde, en attendant qu'ils plaident pour quelqu'un.
    (Bluettes et boutades, p.77, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  567. Le fin de l'art du parasite est de rendre la politesse qu'il reçoit chez les uns en les faisant inviter avec lui chez les autres.
    (Bluettes et boutades, p.78, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  568. Un chanteur à voix belle, mais monotone, risque d'endormir; d'Orphée à Morphée, il n'y a qu'une lettre !
    (Bluettes et boutades, p.78, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  569. Les vers luisants brillent aux approches du soir, comme les souvenirs de l'enfance s'illuminent dans l'ombre du passé.
    (Bluettes et boutades, p.78, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  570. Une maîtresse est ce qu'on aime le plus; une femme, ce qu'on aime le mieux; une mère, ce qu'on aime toujours.
    (Bluettes et boutades, p.78, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  571. Souvent l'on ne pardonne rien si difficilement aux autres que les torts qu'on eut envers eux.
    (Bluettes et boutades, p.78, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  572. On fait plus riche et plus jeune qu'elle n'est la demoiselle qui se marie; Azaïs eût dit :
    Ce qu'on ôte à son âge on l'ajoute à sa dot.

    (Bluettes et boutades, p.78, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  573. Un pouvoir corrupteur perd et flétrit ceux qu'il place au-dessus des autres; c'est la corde qui élève les pendus.
    (Bluettes et boutades, p.78, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  574. Les rapins portraitent des gens qu'on ne reconnaît qu'à leur mise, et les voix fausses chantent des airs qu'on ne reconnaît qu'aux paroles.
    (Bluettes et boutades, p.78, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  575. Il faut un vent favorable au courtisan et au cerf-volant pour qu'ils s'élèvent tous deux; mais l'homme de mérite, ainsi que le ballon, porte en lui-même le principe de son ascension.
    (Bluettes et boutades, p.79, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  576. Le diamant ne brille qu'à la lumière et le génie que dans un pays éclairé.
    (Bluettes et boutades, p.79, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  577. Pour le bonheur de sa république Platon en bannissait les poètes ; mais c'est pour leur bonheur qu'on les bannirait aujourd'hui de la nôtre.
    (Bluettes et boutades, p.79, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  578. Dans toute conversation, même avec la personne la plus aimable, ce que nous lui répondons nous amuse presque autant que ce qu'elle nous dit.
    (Bluettes et boutades, p.79, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  579. L'amour dresse sa tente dans notre coeur, mais l'amitié y bâtit.
    (Bluettes et boutades, p.79, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  580. Le coeur vil qui a cent bonnes raisons d'être reconnaissant ne demande pour être ingrat qu'un mauvais prétexte.
    (Bluettes et boutades, p.79, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  581. Lorsqu'un auteur est riche, noble, puissant, il n'est pas impossible que ses oeuvres soient pour quelque chose dans l'éloge qu'on lui en fait.
    (Bluettes et boutades, p.79, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  582. L'amour avant l'hymen ressemble à une préface trop courte en tête d'un livre sans fin.
    (Bluettes et boutades, p.79, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  583. Ne peut-on pas dire d'un médecin ce que Figaro disait d'un grand seigneur, « qu'il nous fait toujours assez de bien quand il ne nous fait pas de mal? »
    (Bluettes et boutades, p.80, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  584. Les gens qui parlent à bâtons rompus et sans suite semblent des livres auxquels il manque des feuillets.
    (Bluettes et boutades, p.80, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  585. L'orateur qui dit sans cesse trop ou trop peu est une horloge qui sonne l'heure à la demie.
    (Bluettes et boutades, p.80, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  586. Pour un Orphée qui fut chercher sa femme dans l'enfer, combien de veufs, hélas ! qui n'iraient pas même en paradis, s'ils pensaient y retrouver la leur !
    (Bluettes et boutades, p.80, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  587. Quelques charlatans politiques disent qu'ils se doivent à leur pays; mais c'est la seule de leurs dettes dont il leur ferait volontiers l'abandon.
    (Bluettes et boutades, p.80, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  588. La tombe d'un ami est un creuset où s'épure sa mémoire; on ne s'en souvient plus que par les côtés de sa vie qui le font regretter.
    (Bluettes et boutades, p.80, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  589. Il est quelque chose d'infiniment plus difficile que de faire de beaux vers, c'est de les vendre; aussi la rime des poètes est-elle toujours plus riche qu'eux.
    (Bluettes et boutades, p.80, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  590. On se lasse des plaisirs qu'on prend, mais non de ceux qu'on donne.
    (Bluettes et boutades, p.80, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  591. Afin de goûter certains esprits, il faut les remuer; ainsi l'on agite une tasse de café pour que le sucre l'adoucisse.
    (Bluettes et boutades, p.81, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  592. Tout fournisseur qui n'est pas digne de la corde mérite le ruban.
    (Bluettes et boutades, p.81, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  593. Ayez un bon coeur et de l'esprit : le premier vous servira pour être dupe, le second à reconnaître que vous l'avez été.
    (Bluettes et boutades, p.81, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  594. Qui prête aux gens des ridicules retire deux capitaux pour un : c'est le meilleur des placements.
    (Bluettes et boutades, p.81, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  595. Combien d'orateurs semblent ne parler que pour prouver qu'ils devraient se taire !
    (Bluettes et boutades, p.81, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  596. La riche dot paternelle ajoute plus sûrement à l'orgueil d'une femme qu'à la reconnaissance d'une fille.
    (Bluettes et boutades, p.81, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  597. Rien n'ajoute à l'insistance d'une offre de service comme la certitude d'un refus.
    (Bluettes et boutades, p.81, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  598. Aujourd'hui la probité enraye le char de la fortune, et les vertus sont les bâtons jetés dans ses roues.
    (Bluettes et boutades, p.81, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  599. Les abus les plus criants sont ceux dont on ne profite pas.
    (Bluettes et boutades, p.81, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  600. Ainsi que le premier homme, l'heureuse enfance trouve un paradis au seuil de la vie.
    (Bluettes et boutades, p.82, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  601. Déjà publié par fragments dans les journaux et les revues, le livre qui paraît aujourd'hui à Paris peut dire à ses lecteurs, comme Sosie à Amphitryon :
    Et j'étais venu, je vous jure,
    Longtemps avant d'être arrivé.

    (Bluettes et boutades, p.82, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  602. Le ciel est la dernière chose qu'un avare cherche à gagner.
    (Bluettes et boutades, p.82, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  603. On connaît le prix de la fortune lorsqu'on l'a gagnée, et celui d'un ami quand on l'a perdu.
    (Bluettes et boutades, p.82, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  604. Dans un monde meilleur, nous retrouverons tout ensemble nos jeunes années et nos vieux amis.
    (Bluettes et boutades, p.82, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  605. « Si j'étais riche, dit-on, je.... » Mensonge! On tient davantage au dernier écu qu'on amasse qu'au premier qu'on a gagné.
    (Bluettes et boutades, p.82, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  606. Les grands législateurs, en éclairant le peuple, relèvent jusqu'à eux; les tribuns, qui ne veulent que le séduire, descendent jusqu'à lui ; mais les charges les plus hautes, comme les monnaies les plus brillantes, perdent leur éclat et leur relief par un frottement trop journalier avec la multitude, qui, bientôt, en méconnaît la valeur.
    (Bluettes et boutades, p.82, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  607. Lorsqu'il prétend partout, sans cesse et sur tout prodiguer les rayons de son génie, l'homme illustre consume l'enthousiasme et dessèche l'admiration: c'est un beau soleil, mais qui ne se couche pas.
    (Bluettes et boutades, p.83, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  608. L'homme use de sa conscience comme un borgne de ses lunettes, à moitié.
    (Bluettes et boutades, p.83, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  609. Une grande pensée illumine dans notre esprit un monde d'aperçus nouveaux, comme le rayon solaire, glissant au sein de l'ombre, y rend visibles mille atomes qui flottent à sa clarté.
    (Bluettes et boutades, p.83, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  610. Les amis pleins de dévouement quand nous n'avons besoin de rien rappellent les sapins qui nous offrent de l'ombre en hiver.
    (Bluettes et boutades, p.83, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  611. Celui qui fait l'éloge de nos ennemis diminue rarement notre malveillance pour eux, souvent notre bienveillance pour lui.
    (Bluettes et boutades, p.83, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  612. Pour juger de la hauteur d'un épi, on ne le sort point du champ, et, pour ne point s'exagérer l'élévation de son mérite, il faut le comparer à celui des autres.
    (Bluettes et boutades, p.83, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  613. Le vieillard sans pitié pour les passions qui ne peuvent plus l'atteindre ressemble au lâche qui frappe ses ennemis à terre.
    (Bluettes et boutades, p.83, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  614. Le mépris dédaigneux que l'on affecte pour ses oeuvres passées est la base sur laquelle on édifie son orgueil présent.
    (Bluettes et boutades, p.84, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  615. Les femmes confient des secrets à tout le monde, toujours à la condition expresse que personne ne les sache.
    (Bluettes et boutades, p.84, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  616. Les coeurs des jolies femmes, comme les bonbons du Nouvel An, sont enveloppés d'énigmes.
    (Bluettes et boutades, p.84, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  617. Le mauvais débiteur peut pardonner à qui ne lui prête pas, mais à qui le ferait payer.... jamais.
    (Bluettes et boutades, p.84, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  618. Si la fortune ne donne pas d'esprit, elle fait du moins que chacun nous en prête.
    (Bluettes et boutades, p.84, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  619. La raison de chacun est une manière de se tromper qui lui est propre.
    (Bluettes et boutades, p.84, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  620. Les avocats ont ce rapport avec les chemins que les plus courts sont les meilleurs.
    (Bluettes et boutades, p.84, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  621. La protection d'un grand de la terre ressemble à celle de ces arbres élevés qui ne nous offrent contre l'orage qu'un abri menacé de la foudre.
    (Bluettes et boutades, p.84, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  622. En politique, il n'y a que les ennemis qui ne trompent point, parce qu'on ne compte pas sur eux.
    (Bluettes et boutades, p.84, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  623. Souvent on prétend comprendre certaines choses pour rendre hommage à son intelligence beaucoup plus qu'à la vérité.
    (Bluettes et boutades, p.85, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  624. Le critique est, en général, plus flatté du défaut qu'il relève seul dans un ouvrage que des beautés qu'il y admire avec tout le monde.
    (Bluettes et boutades, p.85, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  625. Les romans d'aujourd'hui auront le sort des Romains d'autrefois, qui conquirent le monde mais ne le gardèrent point.
    (Bluettes et boutades, p.85, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  626. En haine des hommes supérieurs, l'envie fait un éloge outré des petits talents, s'imaginant ôter à la stature des géants ce qu'elle ajoute à la taille des nains.
    (Bluettes et boutades, p.85, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  627. À celui qui cesse de nous faire du bien nous préférons souvent celui qui ne nous en fit jamais.
    (Bluettes et boutades, p.85, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  628. On trouve un jour pour goûter un plaisir; on cherche une heure pour s'acquitter d'un devoir.
    (Bluettes et boutades, p.85, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  629. Quand nous vieillissons, le temps remplace autour de nous ceux qui nous aimaient par ceux que nous aimons.
    (Bluettes et boutades, p.85, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  630. Un succès purifie le coeur et en bannit l'envie, comme une flamme subite égaye le foyer dont elle chasse la fumée.
    (Bluettes et boutades, p.85, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  631. L'amitié doit être éclairée et l'amour aveugle. Qui ne voit pas les défauts de son ami ne l'aime pas, et qui voit ceux de sa maîtresse ne l'aime plus.
    (Bluettes et boutades, p.86, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  632. Entre un passé qu'il regrette et un avenir qu'il espère, l'homme est comme entre deux chaises, le.... présent par terre.
    (Bluettes et boutades, p.86, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  633. L'homme modeste ressemble parfois à une balance, qui ne s'abaisse d'un côté que pour s'élever de l'autre.
    (Bluettes et boutades, p.86, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  634. Qui prône notre obligeance est près d'y recourir; car la louange donnée à nos vertus est souvent la sonnette tirée à leur porte.
    (Bluettes et boutades, p.86, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  635. Souvent le mérite d'un homme disparaît sous le trait du ridicule, comme il ne faut qu'une piqûre d'épingle pour vider une outre de suave liqueur.
    (Bluettes et boutades, p.86, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  636. Dans les temps de crises politiques, on n'a que des opinions, les vertus ne comptent pas.
    (Bluettes et boutades, p.86, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  637. Il faudrait pouvoir oublier le mal qu'on entend dire du prochain, ou se souvenir de le taire.
    (Bluettes et boutades, p.86, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  638. Candidat, on promet aux personnes qui peuvent servir; élu, on s'acquitte envers celles qui pourraient nuire.
    (Bluettes et boutades, p.86, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  639. L'amour-propre est le seul flatteur de la pauvreté.
    (Bluettes et boutades, p.87, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  640. Le pied du sauvage imprimé dans le sable indique la présence de l'homme à ce même athée qui nie un Dieu dont la main est empreinte sur l'univers entier.
    (Bluettes et boutades, p.87, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  641. Les personnes cérémonieuses ont une familiarité inaccessible, et l'on passe sa vie à faire solennellement antichambre à la porte de leur intimité.
    (Bluettes et boutades, p.87, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  642. Le désastre de son ennemi amollit la rancune d'un être bon, mais affermit celle du méchant; ainsi le soleil fond la neige et durcit la boue.
    (Bluettes et boutades, p.87, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  643. Notre succession comble, presque toujours le vide que fait notre mort dans le coeur de nos héritiers.
    (Bluettes et boutades, p.87, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  644. La célébrité éclose à notre porte n'entre guère chez nous que par la fenêtre.
    (Bluettes et boutades, p.87, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  645. Les révolutionnaires et les cerfs-volants s'élèvent pendant l'orage et tombent avec le calme.
    (Bluettes et boutades, p.87, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  646. Combien de flâneurs matamores portent de terribles moustaches qui ne bravent que leurs créanciers, ne combattent que l'ennui, et ne tuent que le temps !
    (Bluettes et boutades, p.87, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  647. Souvent on ne donne certaines choses aux riches que dans l'espoir d'en tirer un meilleur parti que si on les leur vendait.
    (Bluettes et boutades, p.88, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  648. La conscience parle, mais l'intérêt crie.
    (Bluettes et boutades, p.88, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  649. Les libéraux retardataires se mêlent aux plus avancés des conservateurs, comme les gens qui se couchent trop tard se rencontrent avec ceux qui se lèvent trop tôt.
    (Bluettes et boutades, p.88, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  650. Certains orateurs disent de grands mots pour ne pas se mettre en frais d'idées; de même certains avares font de grands pas pour économiser leurs souliers.
    (Bluettes et boutades, p.88, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  651. Notre vin acquiert moins de valeur en bouteille que notre suffrage dans l'esprit du fat à qui nous le donnons.
    (Bluettes et boutades, p.88, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  652. Dans une riante campagne, l'homme d'argent ne voit que des rapports de foin, de blé, de bois, et son admiration, rayonnante de calculs, chiffre la nature et additionne le paysage.
    (Bluettes et boutades, p.88, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  653. Nous sommes toujours fort reconnaissants des services qu'on va nous rendre.
    (Bluettes et boutades, p.88, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  654. Qui se confie au bavard et prête au prodigue retrouve son secret partout et son argent nulle part.
    (Bluettes et boutades, p.88, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  655. Le Crésus avare qui se voit pauvre rêve dans son sommeil qu'il ne dort pas.
    (Bluettes et boutades, p.89, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  656. Le génie dans les arts et la truffe dans les champs s'affranchissent des règles de la culture; on les trouve sans pouvoir les reproduire.
    (Bluettes et boutades, p.89, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  657. La neige ne prend pas sur la fange ; de même rien ne peut blanchir un traître.
    (Bluettes et boutades, p.89, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  658. Nous apprécions mieux les services que nous rendent les autres par ce qu'ils nous valent que pour ce qu'ils leur coûtent.
    (Bluettes et boutades, p.89, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  659. Ne nous étonnons pas des félicités du méchant et des revers du juste; la vie est un livre, les errata sont après la fin.
    (Bluettes et boutades, p.89, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  660. Jadis c'était la qualité, aujourd'hui c'est la quantité de leurs oeuvres qui fait le mérite des écrivains; on en voit de la force de quatre cents volumes, comme des paquebots de la force de quatre cents chevaux.
    (Bluettes et boutades, p.89, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  661. Les personnes toujours en mouvement, sans qu'on sache à quoi elles servent, sont des montres qui vont, mais qui n'ont que la grande aiguille.
    (Bluettes et boutades, p.89, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  662. Le pédant tient plus à nous instruire de ce qu'il sait que de ce que nous ignorons.
    (Bluettes et boutades, p.89, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  663. On se trouve plus spirituel en songeant à ce qu'on aurait pu dire qu'en se souvenant de ce qu'on a dit.
    (Bluettes et boutades, p.90, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  664. Si vite que l'on aperçoive qu'un parvenu est riche, on reconnaît plus vite encore qu'il ne l'a pas toujours été.
    (Bluettes et boutades, p.90, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  665. Nous nous honorons de l'estime des grands, mais celle des petits nous honore.
    (Bluettes et boutades, p.90, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  666. Il y a des gens propres à tout, sauf à ce qu'ils font, et qui ne se trouvent déplacés qu'à leur place.
    (Bluettes et boutades, p.90, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  667. La foi gêne moins notre raison que sa conséquence notre conduite; et nous serions vite convaincus, s'il ne fallait unir des vertus à nos croyances.
    (Bluettes et boutades, p.90, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  668. L'amour-propre dilate le milieu où nous vivons et agrandit le tout dont nous faisons partie.
    (Bluettes et boutades, p.90, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  669. Le plus léger incident peut mettre à découvert la trame la mieux ourdie, comme un brouillard, tombé sur une toile d'araignée, en fait apparaître les moindres fils.
    (Bluettes et boutades, p.90, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  670. L'hypocrite arrive parfois à se persuader d'avoir les vertus qu'il affecte; ainsi le charlatan, à force de prôner l'efficacité de sa pommade, finit par y croire, jusqu'à s'en frotter lui-même.
    (Bluettes et boutades, p.90, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  671. Il y a autant d'exagération dans le dénigrement de ce qu'on marchande que dans l'éloge de ce qu'on vend.
    (Bluettes et boutades, p.91, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  672. On tient mieux les hommes par le mal qu'on peut leur faire que par le bien qu'on leur a fait.
    (Bluettes et boutades, p.91, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  673. L'étoile Polaire, comme l'expérience, ne guide l'homme que le soir, et se lève lorsqu'il va se coucher.
    (Bluettes et boutades, p.91, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  674. Un mince argument nous empêche souvent d'admettre une vérité sublime; c'est un grain de sable dans l'oeil qui nous voile la lumière.
    (Bluettes et boutades, p.91, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  675. L'avarice hérite de toutes nos autres passions : leur mort la rajeunit.
    (Bluettes et boutades, p.91, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  676. Aujourd'hui, pour le mérite qui fait la violette, le public est enrhumé du cerveau.
    (Bluettes et boutades, p.91, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  677. L'égoïste s'attendrit à l'aspect d'un naufrage, en songeant qu'il aurait pu se trouver sur le navire!
    (Bluettes et boutades, p.91, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  678. Les vérités que l'homme acquiert sont à l'ordinaire les redressements de ses erreurs.
    (Bluettes et boutades, p.91, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  679. Pour se loger à l'étroit, il n'est tel que l'amour-propre!
    (Bluettes et boutades, p.91, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  680. Le bonheur est l'ombre de l'homme : souvenir, il le suit; espoir, il le précède.
    (Bluettes et boutades, p.92, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  681. L'amour-propre, bien que comblé d'éloges, n'en déborde jamais : c'est alors le tonneau des Danaïdes, moins les trous.
    (Bluettes et boutades, p.92, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  682. La raison prouve sa grandeur en se posant de sublimes questions, et sa folie en prétendant les résoudre; ses pourquoi planent, ses parce que rampent.
    (Bluettes et boutades, p.92, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  683. Le coeur du chrétien est la boîte de Pandore retournée; l'espérance y est au-dessus de tous les maux.
    (Bluettes et boutades, p.92, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  684. Mieux vaut souffrir de la misère que ne pas pouvoir jouir de sa fortune, et je plains moins Lazare que Tantale.
    (Bluettes et boutades, p.92, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  685. La conscience parle moins qu'on n'en parle.
    (Bluettes et boutades, p.92, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  686. Pour être bien venus des auteurs, ne soyez jamais de l'avis de leur modestie.
    (Bluettes et boutades, p.92, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  687. Dans le monde littéraire, les enfants gâtés du présent sont rarement les grands hommes de l'avenir.
    (Bluettes et boutades, p.92, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  688. Bien des parvenus ne songent à la probité qu'après avoir fait fortune, et se persuadent, en la prêchant riches, l'avoir pratiquée pour le devenir.
    (Bluettes et boutades, p.92, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  689. On aiguise deux lames en les frottant l'une contre l'autre; ainsi deux opinions, ferraillant ensemble, deviennent plus tranchantes, loin de s'émousser.
    (Bluettes et boutades, p.93, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  690. La gratitude pour nos protecteurs nous suit jusqu'à la porte de notre réussite, mais notre mérite y entre seul.
    (Bluettes et boutades, p.93, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  691. Nos bons procédés avec bien des gens sont comme les marchandises sur place; ajouter à leur nombre, c'est en diminuer la valeur.
    (Bluettes et boutades, p.93, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  692. Ce que le temps apporte d'expérience ne vaut pas ce qu'il emporte d'illusions.
    (Bluettes et boutades, p.93, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  693. Un succès ne nous donne jamais une bonne opinion de nous-mêmes : il la confirme.
    (Bluettes et boutades, p.93, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  694. Il y a des gens qui n'ont d'esprit que pour réparer leurs sottises.
    (Bluettes et boutades, p.93, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  695. Quand nos amis vivent, nous voyons les qualités qui leur manquent; s'ils meurent, nous nous souvenons de celles qu'ils avaient.
    (Bluettes et boutades, p.93, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  696. On peut soulager la misère du pauvre; celle de l'avare, jamais.
    (Bluettes et boutades, p.93, Éd. Librairie nouvelle, Paris, 1856)
     
  697. Les revers des grands se projettent au loin; ceux des petits sont obscurs comme eux. Hélas! il faut recevoir du soleil pour faire de l'ombre.
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.144, 1858-59)
     
  698. Dans les tempêtes politiques, la légèreté d'esprit qui flotte à tout vent devient boue, comme la poussière aux jours d'orage.
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.144, 1858-59)
     
  699. On ne jouit jamais des biens terrestres aussi longtemps qu'on les a désirés.
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.144, 1858-59)
     
  700. Que de gens n'iraient pas à l'église si Dieu seul les y voyait!
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.144, 1858-59)
     
  701. Les gens très capables de mauvaises actions sont les plus irrités qu'on les en soupçonne.
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.144, 1858-59)
     
  702. On flatte les gens haineux par le mal qu'on leur dit des autres, plus que par le bien qu'on leur dit d'eux-mêmes.
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.144, 1858-59)
     
  703. Il est des êtres dont on peut tout faire avec de l'argent..., sauf des hommes honorables.
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.144, 1858-59)
     
  704. À certains emprunteurs, heureux qui ne prête... que l'oreille.
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.144, 1858-59)
     
  705. Les pensées banales sont de vieux couteaux rouillés que l'expression peut polir et la concision aiguiser.
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.144, 1858-59)
     
  706. Les cadeaux intéressent l'amitié plus qu'ils ne l'entretiennent, et les mains vides sont celles qui se serrent lo mieux.
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.144, 1858-59)
     
  707. Il est de si douces erreurs dans la jeunesse, qu'il semble qu'un vieillard s'en repent pour avoir l'occasion de s'en souvenir.
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.144, 1858-59)
     
  708. L'action qui n'eut qu'un bon motif pour qui la fit peut en avoir mille mauvais pour qui la juge.
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.144, 1858-59)
     
  709. Les fortunes les plus liantes, ainsi que les cerfs-volants, veulent un bon vent et ne tiennent qu'à un fil.
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.368, 1858-59)
     
  710. L'absence et la distraction servent plutôt de prétextes à l'inconstance que de remèdes à l'amour.
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.368, 1858-59)
     
  711. À qui nous trouve beaucoup de mérite, il est presque impossible de ne pas reconnaître un peu de goût.
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.368, 1858-59)
     
  712. Combien d'employés ressemblent aux torrents desséchés, qui occupent une place sans la remplir!
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.368, 1858-59)
     
  713. La pudeur et la rosée aiment l'ombre : toutes deux ne brillent au grand jour que pour remonter au ciel.
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.368, 1858-59)
     
  714. Ceux pour qui l'hymen est un fardeau le portent au bout d'un bâton qui s'allonge tous les jours.
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.368, 1858-59)
     
  715. Pour revenir guéri des bains, rien de tel que d'y aller bien portant.
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.368, 1858-59)
     
  716. Pour le mondain, vieillir, c'est s'éloigner de la terre : pour le chrétien, c'est se rapprocher du ciel.
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.368, 1858-59)
     
  717. Une seule mauvaise habitude déteint sur toute une brillante éducation, comme la goutte d'encre dans un verre d'eau limpide.
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.368, 1858-59)
     
  718. Quand nous mettons le bonheur dans les choses qui nous manquent, d'autres le voient dans une seule de celles que nous avons.
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.368, 1858-59)
     
  719. Les vertus qui nous coûtent prouvent que nous aimons Dieu ; celles qui nous sont faciles prouvent qu'il nous aime.
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.368, 1858-59)
     
  720. La connaissance d'une erreur est un pas vers la vérité ; c'est l'ombre indiquant le point où se trouve la lumière.
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.368, 1858-59)
     
  721. Sur la poitrine d'un sot orgueilleux, les croix amoindrissent leur valeur sans accroître la sienne.
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.368, 1858-59)
     
  722. Le plus lucratif de tous les commerces serait d'acheter les gens ce qu'ils valent, et de pouvoir les revendre ce qu'ils s'estiment.
    (Boutades in Musée de familles : lectures du soir, Volume 26, p.368, 1858-59)