Alain
1868-1951
  1. [...] comprendre Platon, ce n'est pas beaucoup ; il faut être soi-même Platon et penser difficilement.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.5)
     
  2. Nous sommes ainsi bâtis que presque toutes nos émotions sont des malheurs [...]
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.9)
     
  3. Écrire est toujours un art plein de rencontres. La lettre la plus simple suppose un choix entre des milliers de mots, dont la plupart sont étrangers à ce que vous voulez dire.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.10)
     
  4. Le vrai langage nous prend au corps, non à l'esprit ; ou plutôt il va à l'esprit par voie indirecte. "Cela m'importe, et je n'en puis douter, car cela me remue. Mais qu'est-ce que c'est ? Que veut dire ce signe étrange, ce signe chargé de sens" ? Tout signe est énigme.
    Ici naît l'attention véritable. Car, aux signes bien clairs, nul ne fait attention.

    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.11)
     
  5. L'ennui se nourrit de ces signes qui n'ont qu'un sens et qui, par cela même, n'ont plus de sens.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.9)
     
  6. Quand un poète vous semble obscur, cherchez bien, et ne cherchez pas loin. Il n'y a d'obscur ici que la merveilleuse rencontre du corps et de l'idée, qui opère la résurrection du langage.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.12)
     
  7. [...] le génie n'est sans doute qu'un long refus.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.21)
     
  8. [...] l'inspiration ne se dit point ; c'est l'oeuvre qui la dit.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.22)
     
  9. [...] l'aiguille de la boussole, si bien protégée et toujours tremblante.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.26)
     
  10. L'oeuvre peinte nous avertit mieux que la chose ; elle nous arrête ; elle nous ramène. Elle finit par nous apprendre qu'il vaut mieux voir un même tableau cent fois qu'en voir cent une fois ; mais il faut aider l'oeuvre, mettre de soi, jurer de soi.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.27)
     
  11. Tous les beaux vers sont réguliers. Non que le sens se plie à la règle ; mais toujours est-il que la règle n'a point cédé ; et par cette obstination même, le sens s'est montré. C'est qu'il faut deux vérités, en quelque sorte, pour en faire une, vérité de la chose, et vérité de l'homme ; et il faut que ces deux vérités n'en fassent qu'une.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.28)
     
  12. Il n'y a rien au monde que nous sentions aussi précisément et délicatement que le courage et son contraire ; et peut-être, en toutes les nuances du sentiment, ne sentons-nous jamais que cela.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.28)
     
  13. On peut chanter très bien et ne rien dire ; on peut très bien dire et ne pas chanter.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.29)
     
  14. [...] comme la religion va de la statue à la théologie, ainsi la pensée va de poésie à prose.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.30)
     
  15. L'homme pense son propre chant, et ne pense rien d'autre.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.31)
     
  16. Donner légèrement un fort coup de marteau, c'est déjà un secret assez caché.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.33)
     
  17. Selon mon opinion, une pensée juste est comme un bon dessin. Elle naît d'une profonde paix, et d'un travail tranquille à côté d'elle, comme lire, copier, calculer.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.35)
     
  18. Il est vrai que celui qui veut instruire doit d'abord croire qu'il peut apprendre ; mais il est bien plus pressant que celui qui veut instruire croie qu'il peut instruire. Le certain regard, tout à fait sans amour, qui prononce que l'auditeur est un sot, est ce qui rend sot.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.35)
     
  19. Ce n'est pas communiquer que communiquer seulement ce qui est clair.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.36)
     
  20. Le besoin d'écrire est une curiosité de savoir ce qu'on trouvera.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.37)
     
  21. Ce qui effraie dans la guerre, et ce qui pétrifie, ce ne sont point les passions ; c'est plutôt l'ordre. L'homme est ici prisonnier non pas de sa propre folie, mais plutôt de sa propre sagesse, qui développe alors ses suites mécaniques. La guerre, c'est le grand remords.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.38)
     
  22. Nous cédons tous à cette manie de deviner ce qui est, au lieu de constater.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.41)
     
  23. Qui n'imite point n'invente point.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.43)
     
  24. Le paradoxe humain c'est que tout est dit et que rien n'est compris.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.43)
     
  25. Aucun homme ne pense jamais que sur les pensées d'un autre, et cette méthode est visible dans les plus profonds comme dans les plus ambitieux. Les premiers prennent ce qui leur est bon et poussent avant. Les autres rejettent beaucoup et quelquefois tout, par la méthode de réfutation propre aux avocats.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.46)
     
  26. [...] c'est le propre du beau qu'il ne nous renvoie jamais à quelque autre chose, ni à quelque idée extérieure.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.52)
     
  27. L'erreur du critique est de chercher l'essence, et de nier l'existence.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.54)
     
  28. L'esprit humain se forme non à choisir, mais à accepter ; non à décider si une oeuvre est belle, mais à réfléchir sur l'oeuvre belle. Ainsi, en dépit de lieux communs trop évidents, il y a imprudence à vouloir juger par soi. C'est l'humanité qui pense.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.54)
     
  29. [...] il est de nécessité que tout homme apprenne à lire et à écrire avant d'apprendre à penser. Tout langage est d'abord ramage et gazouillement, comme des oiseaux.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.56)
     
  30. On demande pourquoi la facilité ne plaît pas ; c'est qu'elle persuade trop ; et, surtout, c'est qu'elle ne persuade que la partie souple. Il est trop ordinaire que le comprendre ne change rien à l'homme, et n'y remue rien.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.59)
     
  31. Réfuter est sans style.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.59)
     
  32. Il faut qu'une vérité soit révélée ; non pas une vérité neuve, mais au contraire vieille comme les rues, et cent fois prouvée.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.60)
     
  33. Ce qui est remarquable dans le beau, c'est qu'il a importance par lui-même ; et cela nous jette hors de nos mesures.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.61)
     
  34. [...] un charme est ce qui subjugue, plutôt que ce qui plaît.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.61)
     
  35. [...] quand Balzac est ennuyeux, c'est alors qu'il est inimitable.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.62)
     
  36. [...] ceux qui sont en passions, c'est-à-dire en difficulté avec eux-mêmes [...]
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.62)
     
  37. Celui qui ne lit que ce qui lui plaît, je le vois bien seul. Toujours en compagnie de ses chétives idées personnelles, comme on dit ; mais il ne sortira pas de l'enfance.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.65)
     
  38. Une oeuvre qui n'apporte point quelque chose d'invisible et de neuf, on la laisse.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.66)
     
  39. [En parlant des larmes]
    Cette sueur des yeux [...]

    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.66)
     
  40. Le beau nous somme de penser.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.69)
     
  41. [...] le propre de la poésie est que les mots éclairent selon leur place.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.75)
     
  42. [...] on ne discute point de grammaire sans menace.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.76)
     
  43. [...] plus d'un homme instruit en est à ignorer que le seul moyen de changer d'idée est de changer d'action. Tous les passionnés exorcisent d'abord les pensées par des pensées, et bien vainement. L'ancien exorcisme, par le geste, était le plus sage.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.81)
     
  44. [...] le vrai désespoir est sans réflexion.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.85)
     
  45. [La Bible] est le plus beau succès de librairie que l'on avait vu ; et cela prouve que les hommes ne sont pas difficiles.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.86)
     
  46. [La République de Platon] est le livre des livres.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.87)
     
  47. [...] si le juge suprême tuait de sa propre main, comme au temps des sacrifices, nous pourrions juger le juge d'après ses mains et son visage.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.87)
     
  48. Qui n'a jamais été ridicule ne sait point rire.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.92)
     
  49. J'ai le sentiment quelquefois de parler à des penseurs fatigués depuis leur naissance, et qui ne savent ni dormir, ni ajourner les pensées, ni rire.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.95)
     
  50. L'individu n'est que la moitié d'un homme.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.101)
     
  51. Qu'est-ce qu'un poème, sinon l'insoutenable soutenu ?
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.103)
     
  52. Je suis bien loin de pouvoir expliquer en quoi un mauvais roman diffère d'un bon ; j'appelle mauvais roman un roman où tout se tient, où il n'y a rien à reprendre, mais enfin mauvais. C'est art est bien caché ; toutefois je remarque qu'à chaque nouvelle lecture le bon roman ouvre une avenir neuf.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.110)
     
  53. [...] il arrive que, de se croire aimé, on vienne à aimer moins.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.111)
     
  54. Nul ne pense par soi seul. Penser librement, c'est chercher l'accord, et l'accord par liberté.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.115)
     
  55. Le tyran n'aime pas qu'on raisonne ; et c'est qu'il craint en lui-même un raisonneur, qui se tournerait contre lui.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.116)
     
  56. Ce n'est pas un petit travail d'accorder sagesse et musique.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.121)
     
  57. [...] autant que je sais, nul n'est bon juge, ni pour les romans, ni pour la peinture, ni pour aucun genre d'oeuvres. Mais, pris ensemble, les hommes sont de bons juges.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.124)
     
  58. Les passions sont ainsi faites, peut-être, qu'elles périssent dès qu'elles n'ont plus à attendre.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.125)
     
  59. Lorsque l'énoncé d'un problème est exactement connu, le problème est résolu ; ou bien c'est qu'il est impossible. La solution n'est donc autre chose que le problème bien éclairé.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.127)
     
  60. Le peintre est donc tenu par l'apparence ; et c'est son affaire d'enfermer tout le vrai qu'il pourra dans une seule apparence.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.130)
     
  61. Tout l'art du roman vise sans doute à nous tirer d'impatience et à nous composer un plaisir d'attendre qui ne s'use point. Par cette précaution, un vrai roman est toujours trop court.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.131)
     
  62. [...] l'historien n'est pas romancier du tout ; l'historien n'a point de jeunesse ; à chaque moment il nous dit tout ce qu'il sait.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.134)
     
  63. [...] tous les vices ressemblent à la guerre, toujours menaçante, toujours évitable.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.138)
     
  64. [...] nos vertus ressemblent de bien plus près à nos vices qu'elles ne ressemblent aux vertus d'un autre, et comment nos vérités s'établissent si bien dans le nid de nos erreurs.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.141)
     
  65. L'action d'écrire me paraît la plus favorable de toutes pour régler nos folles pensées et leur donner consistance.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.144)
     
  66. Gardez-vous des gens d'esprit ; ils feront tenir en trois lignes l'avenir de vos pensées.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.144)
     
  67. La religion conduit à l'irréductible irréligion.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.147)
     
  68. [...] se souvenir, c'est nier la présence.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.150)
     
  69. Séparer la vérité de l'erreur, c'est l'affaire de ceux qui pensent en société.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.151)
     
  70. Je me défie de la prose qui dit des choses vraies. Il n'est pas difficile de dire des vérités ; il s'ouvre un désert de vérités.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.151)
     
  71. Et que faisons-nous d'autre, sinon d'aller toujours de trop penser à trop peu penser ?
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.152)
     
  72. Il vaut mieux ne pas penser que penser hors de soi.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.153)
     
  73. Le hypocrites ne sont pas des menteurs délibérés [...]. C'est qu'ils croient que penser n'est que penser.
    (Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.153)
     
  74. Et je crois que le commencement de la folie est une manière irritée de prendre tout, même les choses indifférentes.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.9)
     
  75. Quand un homme a peur la colère n'est pas loin ; l'irritation suit l'excitation.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.12)
     
  76. [...] l'effort qu'on fait pour être heureux n'est jamais perdu.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.16)
     
  77. Et il y a plus de volonté qu'on ne croit dans le bonheur.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.16)
     
  78. C'est un grand art quelquefois de vouloir ce que l'on est assuré de désirer.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.20)
     
  79. Je vois que la crainte nous conduit à combattre la maladie par le régime et les remèdes ; mais quel régime et quels remèdes nous guériront de craindre ?
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.26)
     
  80. Un homme vieux, ce n'est pas un homme jeune qui souffre de vieillesse ; un homme qui meurt ce n'est pas un vivant qui meurt.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.31)
     
  81. [...] il est sage de ne pas d'abord accuser les êtres et choses autour de nous, et de prendre garde premièrement à nous-même.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.32)
     
  82. Celui qui s'ennuie a une manière de s'asseoir, de se lever, de parler, qui est propre à entretenir l'ennui.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.37)
     
  83. Sentir, c'est réfléchir, c'est se souvenir.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.42)
     
  84. Le plus vulgaire des hommes est un grand artiste dès qu'il mime ses malheurs.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.45)
     
  85. Chose remarquable et trop peu remarquée, ce n'est point la pensée qui nous délivre des passions, mais c'est plutôt l'action qui nous délivre.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.48)
     
  86. Ce n'est point parce que j'ai réussi que je suis content ; mais c'est parce que j'étais content que j'ai réussi.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.55)
     
  87. Ainsi, chacun promène son humeur pensée, disant : " Je suis ainsi. " C'est toujours dire plus qu'on ne sait.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.57)
     
  88. [...] on peut affirmer que certaines maladies ont disparu ou presque par l'incrédulité des médecins.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.58)
     
  89. Faire de nécessité vertu est le beau et grand travail.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.60)
     
  90. " Las, que n'ai-je estudié ? " C'est l'excuse du paresseux. Étudie donc. Je ne crois pas qu'avoir étudié soit une si grand chose, si l'on n'étudie plus.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.60)
     
  91. J'ai remarqué que tout ce qui arrive d'important à n'importe qui était imprévu et imprévisible.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.67)
     
  92. " Comme je voudrais aimer la musique ", dit le sot ; mais il faut faire la musique ; elle n'est point.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.69)
     
  93. Espérer ce n'est pas vouloir.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.76)
     
  94. Il y a deux espèces d'hommes, ceux qui s'habituent au bruit et ceux qui essaient de faire taire les autres.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.83)
     
  95. Une femme qui a du monde et qui interrompt sa colère pour recevoir une visite imprévue, cela ne me fait point dire : " Quelle hypocrisie ! " mais : " Quel remède parfait contre la colère ! "
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.88)
     
  96. L'amour n'est pas naturel ; et le désir lui-même ne l'est pas longtemps. Mais les sentiments vrais sont des oeuvres.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.90)
     
  97. La crainte de mourir est une pensée d'oisif, aussitôt effacée par une action pressante, si dangereuse qu'elle soit. Une bataille est sans doute une des circonstances où l'on pense le moins à la mort. D'où ce paradoxe : mieux on remplit sa vie, moins on craint de la perdre.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.95)
     
  98. Le mépris des richesses et des honneurs est facile en somme ; ce qui est proprement difficile, c'est, une fois qu'on les méprise bien, de ne pas trop s'ennuyer.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.98)
     
  99. [...] tout bonheur est poésie essentiellement, et poésie veut dire action ; l'on n'aime guère un bonheur qui vous tombe ; on veut l'avoir fait. [...] Imaginez-vous un collectionneur qui n'aurait pas fait sa collection ?
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.103)
     
  100. L'oisiveté est mère de tous les vices, mais de toutes les vertus aussi.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.106)
     
  101. L'homme n'est heureux que de vouloir et d'inventer.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.106)
     
  102. Il est bon d'avoir un peu de mal à vivre et de ne pas suivre une route tout unie.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.111)
     
  103. Le bonheur suppose sans doute toujours quelque inquiétude, quelque passion, une pointe de douleur qui nous éveille à nous-même.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.111)
     
  104. L'homme qui ne fait rien n'aime rien.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.111)
     
  105. Plus on sait, et plus on est capable d'apprendre.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.114)
     
  106. Le plus grand plaisir humain est sans doute dans un travail difficile et libre fait en coopération, comme les jeux le font assez voir.
    Il y a des pédagogues qui rendraient les enfants paresseux pour toute la vie, simplement parce qu'ils veulent que tout le temps soit occupé.

    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.118)
     
  107. [...] la foi est la première vertu, et l'espérance n'est que la seconde ; car il faut commencer sans aucune espérance, et l'espérance vient de l'accroissement et progrès. Les projets réels ne poussent que sur l'oeuvre.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.120)
     
  108. Le vrai savoir ne revient jamais à quelque petite chose tout près des yeux ; car savoir c'est comprendre comment la moindre chose est liée au tout.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.123)
     
  109. Pour mon goût, voyager c'est faire à la fois un mètre ou deux, s'arrêter et regarder de nouveau un nouvel aspect des mêmes choses.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.124)
     
  110. Nous nous donnons bien du mal pour fabriquer nos regrets et nos craintes.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.126)
     
  111. Il n'est pas difficile d'être malheureux ; ce qui est difficile c'est d'être heureux ; ce n'est pas une raison pour ne pas essayer ; au contraire ; le proverbe dit que toutes les belles choses sont difficiles.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.128)
     
  112. [...] l'homme le plus intelligent est souvent celui qui se dupe le mieux lui-même, parce que ses déclamations ont une suite et un air de raison.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.130)
     
  113. [...] on ne donne aux gens que l'espoir que l'on a.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.137)
     
  114. Nous sommes trop faibles et trop inconstants à nos propres yeux ; nous sommes trop près de nous ; il n'est pas facile de trouver une bonne perspective de soi, qui laisse tout en vraie proportion.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.143)
     
  115. [...] exister c'est répondre aux chocs du monde environnant ; c'est, plus d'une fois par jour, et plus d'une fois par heure, oublier ce qu'on a juré d'être.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.143)
     
  116. [...] il faut s'appliquer à se consoler, au lieu de se jeter au malheur comme au gouffre. Et ceux qui s'y appliqueront de bonne foi seront bien plus vite consolés qu'ils ne pensent.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.146)
     
  117. Il y a l'avenir qui se fait et l'avenir qu'on fait. L'avenir réel se compose des deux.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.158)
     
  118. [...] dans la conversation ainsi que dans la danse, chacun est le miroir de l'autre.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.166)
     
  119. Mais le propre des hommes passionnés est de ne pas croire un seul mot de ce que l'on écrit sur les passions.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.175)
     
  120. C'est presque tout que de savoir lire.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.176)
     
  121. Les nigauds de moralistes disent qu'aimer c'est s'oublier ; vue trop simple ; plus on sort de soi-même et plus on est soi-même ; mieux aussi on se sent vivre.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.177)
     
  122. L'irrésolution d'un géomètre serait profondément comique, car elle serait sans fin. Combien de points dans une ligne ? Et sait-on ce que l'on pense lorsque l'on pense deux parallèles ? Mais le génie du géomètre décide qu'on le sait et jure seulement de ne point changer ni revenir. On ne verra rien d'autre en une théorie, si l'on regarde bien, que des erreurs définies et jurées. Toute la force de l'esprit dans ce jeu est de ne jamais croire qu'il constate, alors qu'il a seulement décidé. Là se trouve le secret d'être toujours assuré sans jamais rien croire. Il a résolu, voilà un beau mot, et deux sens en un.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.180)
     
  123. Il y a de ces visages qui portent affiché comme un blâme universel.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.185)
     
  124. [...] le bonheur de lire est tellement imprévisible qu'un lecteur exercé s'en étonne lui-même.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.199)
     
  125. C'est dans l'action libre qu'on est heureux ; c'est par la règle que l'on se donne qu'on est heureux ; par la discipline acceptée en un mot, soit au jeu de football, soit à l'étude des sciences. Et ces obligations, vues de loin, ne plaisent pas, mais au contraire déplaisent. Le bonheur est une récompense qui vient à ceux qui ne l'ont pas cherchée.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.200)
     
  126. C'est peu de prendre les êtres comme ils sont, et il faut toujours en venir là ; mais les vouloir comme ils sont, voilà l'amour vrai.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.201)
     
  127. Quelle chose merveilleuse serait la société des hommes, si chacun mettait du bois au feu, au lieu de pleurnicher sur des cendres !
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.208)
     
  128. Tout homme et toute femme devraient penser continuellement à ceci que le bonheur, j'entends celui que l'on conquiert pour soi, est l'offrande la plus belle et la plus généreuse.
    (Propos sur le bonheur, Folio-essais n°21 p.210)
     
  129. [...] les vrais problèmes sont d'abord amers à goûter ; le plaisir viendra à ceux qui auront vaincu l'amertume.
    (Propos sur l'éducation, p.8, P.U.F 1969)
     
  130. Tout l'art est à graduer les épreuves et à mesurer les efforts ; car la grande affaire est de donner à l'enfant une haute idée de sa puissance, et de la soutenir par des victoires ; mais il n'est pas moins important que ces victoires soient pénibles, et remportées sans aucun secours étranger. Le défaut de ce qui est intéressant par soi, c'est qu'on n'a pas de peine à s'y intéresser, c'est qu'on n'apprend pas à s'y intéresser par volonté.
    (Propos sur l'éducation, p.9, P.U.F 1969)
     
  131. [...] toute l'enfance se passe à oublier l'enfant qu'on était la veille.
    (Propos sur l'éducation, p.11, P.U.F 1969)
     
  132. [...] le plaisir de lire une oeuvre au piano n'est nullement sensible dans les premières leçons ; il faut savoir s'ennuyer d'abord. C'est pourquoi vous ne pouvez faire goûter à l'enfant les sciences et les arts comme on goûte les fruits confits. L'homme se forme par la peine ; ses vrais plaisirs, il doit les gagner, il doit les mériter. Il doit donner avant de recevoir. C'est la loi.
    (Propos sur l'éducation, p.14, P.U.F 1969)
     
  133. Le travail a des exigences étonnantes, et que l'on ne comprend jamais assez. Il ne souffre point que l'esprit considère des fins lointaines ; il veut toute l'attention. Le faucheur ne regarde pas au bout du champ.
    (Propos sur l'éducation, p.17, P.U.F 1969)
     
  134. [...] il n'y a de progrès, pour nul écolier au monde, ni en ce qu'il entend, ni en ce qu'il voit, mais seulement en ce qu'il fait.
    (Propos sur l'éducation, p.18, P.U.F 1969)
     
  135. À s'informer de tout, on ne sait jamais rien.
    (Propos sur l'éducation, p.18, P.U.F 1969)
     
  136. Remarquez qu'il y a bien moins de différence entre un homme courageux dans une rencontre, et le même, poltron en une autre, qu'entre deux héros ou deux poltrons.
    (Propos sur l'éducation, p.30, P.U.F 1969)
     
  137. Vous dites qu'il faut connaître l'enfant pour l'instruire ; mais ce n'est point vrai ; je dirais plutôt qu'il faut l'instruire pour le connaître ; car sa vraie nature c'est sa nature développée par l'étude des langues, des auteurs et des sciences. C'est en le formant à chanter que je saurai s'il est musicien.
    (Propos sur l'éducation, p.40, P.U.F 1969)
     
  138. Le doute est le signe de la certitude.
    (Propos sur l'éducation, p.44, P.U.F 1969)
     
  139. Qu'un garçon ne fasse voir aucune aptitude pour les mathématiques, cela avertit qu'il faut lui enseigner obstinément et ingénieusement. S'il ne comprend pas ce qui est le plus simple, que comprendra-t-il jamais ? Évidemment, le plus facile est de s'en tenir à ce jugement sommaire, que l'on entend encore trop : " Ce garçon n'est pas intelligent. " Mais ce n'est point permis. Tout au contraire, c'est la faute capitale à l'égard de l'homme, et c'est l'injustice essentielle, de le renvoyer ainsi parmi les bêtes, sans avoir employé tout l'esprit que l'on a, et toute la chaleur d'amitié dont on est capable, à rendre à la vie ces parties gelées. Si l'art d'instruire ne prend pour fin que d'éclairer les génies, il faut en rire, car les génies bondissent au premier appel, et percent la broussaille. Mais ceux qui s'accrochent partout et se trompent sur tout, ceux qui sont sujets à perdre courage et à désespérer de leur esprit, c'est ceux-là qu'il faut aider.
    (Propos sur l'éducation, p.48, P.U.F 1969)
     
  140. La vertu d'un homme ressemble bien plus à ses propres vices qu'à la vertu du voisin.
    (Propos sur l'éducation, p.53, P.U.F 1969)
     
  141. Les vices ne sont que des vertus à mi-chemin.
    (Propos sur l'éducation, p.55, P.U.F 1969)
     
  142. J'en viens à ceci, que les travaux d'écolier sont des épreuves pour le caractère, et non point pour l'intelligence. Que ce soit orthographe, version ou calcul, il s'agit de surmonter l'humeur, il s'agit d'apprendre à vouloir.
    (Propos sur l'éducation, p.59, P.U.F 1969)
     
  143. Ce qui intéresse n'instruit jamais.
    (Propos sur l'éducation, p.63, P.U.F 1969)
     
  144. Ces théorèmes sévères ne sont pas intéressants par eux-mêmes ; c'est que par eux-mêmes ils ne sont pas ; il faut les faire et les soutenir. Mais cette lumière, alors, qu'ils montrent, est plus belle que l'aurore ; c'est l'aurore de l'esprit.
    (Propos sur l'éducation, p.65, P.U.F 1969)
     
  145. Le souvenir commence avec la cicatrice.
    (Propos sur l'éducation, p.66, P.U.F 1969)
     
  146. Et il faut remarquer qu'une grandeur redoutable de l'homme est en ceci qu'il peut se résigner, et même trouver une sorte de consolation à prédire son propre malheur.
    (Propos sur l'éducation, p.75, P.U.F 1969)
     
  147. Les gens n'aiment pas penser ; c'est qu'ils ont peur de se tromper. Penser, c'est aller d'erreur en erreur. Rien n'est tout à fait vrai. De même aucun chant n'est tout à fait juste. Ce qui fait que la mathématique est une épreuve redoutable, c'est qu'elle ne console point de l'erreur. Thalès, Pythagore, Archimède ne nous ont point conté leurs erreurs ; nous n'avons pas connu leurs faux raisonnements ; et c'est bien dommage.
    (Propos sur l'éducation, p.76, P.U.F 1969)
     
  148. Dès que l'on s'instruit en vue d'enseigner, on s'instruit mal.
    (Propos sur l'éducation, p.77, P.U.F 1969)
     
  149. Le maître écoute et surveille bien plus qu'il ne parle. Ce sont les grands livres qui parlent, et quoi de mieux ?
    (Propos sur l'éducation, p.78, P.U.F 1969)
     
  150. Le métier de surveiller rend stupide et ignorant ; cela est sans exception.
    (Propos sur l'éducation, p.82, P.U.F 1969)
     
  151. Il arrive que les maîtres, surtout jeunes, se plaisent à discourir ; et les élèves ne se plaisent pas moins à écouter ; c'est la ruse de la paresse. Mais nul ne s'instruit en écoutant ; c'est en lisant qu'on s'instruit.
    (Propos sur l'éducation, p.96, P.U.F 1969)
     
  152. Dès que nous tenons une opinion, elle nous tient.
    (Propos sur l'éducation, p.101, P.U.F 1969)
     
  153. Être cultivé c'est, en chaque ordre, remonter à la source et boire dans le creux de sa main, non point dans une coupe empruntée.
    (Propos sur l'éducation, p.102, P.U.F 1969)
     
  154. Le beau étant le signe du vrai, et la première existence du vrai en chacun, c'est donc dans Molière, Shakespeare, Balzac que je connaîtrai l'homme, et non point dans quelque résumé de psychologie. [...] Toujours donc revenir aux grands textes ; n'en point vouloir d'extraits ; les extraits ne peuvent servir qu'à nous renvoyer à l'oeuvre. Et je dis aussi à l'oeuvre sans notes. La note, c'est le médiocre qui s'accroche au beau. L'humanité secoue cette vermine.
    (Propos sur l'éducation, p.103, P.U.F 1969)
     
  155. L'orthographe est de respect ; c'est une sorte de politesse.
    (Propos sur l'éducation, p.114, P.U.F 1969)
     
  156. [...] on n'observe jamais qu'à travers les idées qu'on a, ou, autrement dit, que les moyens d'expression règnent tyranniquement sur les opinions.
    (Propos sur l'éducation, p.124, P.U.F 1969)
     
  157. [...] cet ennui du paresseux, qui attend toujours que le plaisir lui vienne comme par magie.
    (Propos sur l'éducation, p.128, P.U.F 1969)
     
  158. Nous ne nous instruisons que par des fautes inexcusables.
    (Propos sur l'éducation, p.128, P.U.F 1969)
     
  159. L'erreur est facile à tous ; plus facile peut-être à celui qui croit savoir beaucoup.
    (Propos sur l'éducation, p.131, P.U.F 1969)
     
  160. Ce n'est pas grand-chose d'avoir des idées, le tout est de les appliquer, c'est-à-dire de penser par elles les dernières différences.
    (Propos sur l'éducation, p.133, P.U.F 1969)
     
  161. Dès qu'un enfant comprend quelque chose, il se produit en lui un mouvement admirable. S'il est délivré de la crainte et du respect, vous le voyez se lever, dessiner l'idée à grands gestes, et soudain rire de tout son coeur, comme au plus beau des jeux.
    (Propos sur l'éducation, p.135, P.U.F 1969)
     
  162. Il n'est pas bon que le pouvoir d'observer se développe plus vite que l'art d'interpréter.
    (Propos sur l'éducation, p.139, P.U.F 1969)
     
  163. Dès que l'homme, selon un mot fameux, peut plus qu'il ne sait, il choisit le pouvoir et laisse le savoir. Depuis que l'avion s'est envolé sans la permission des théoriciens, les techniciens se moquent des théoriciens ; ce genre de sottise orgueilleuse se développe étonnamment.
    (Propos sur l'éducation, p.145, P.U.F 1969)
     
  164. Le doute n'est pas au-dessous du savoir, mais au-dessus.
    (Propos sur l'éducation, p.147, P.U.F 1969)
     
  165. L'algèbre ressemble à un tunnel ; vous passez sous la montagne, sans vous occuper des villages et des chemins tournants ; vous êtes de l'autre côté, et vous n'avez rien vu.
    (Propos sur l'éducation, p.148, P.U.F 1969)
     
  166. Savoir, et ne point faire usage de ce qu'on sait, c'est pire qu'ignorer.
    (Propos sur l'éducation, p.176, P.U.F 1969)
     
  167. Ce qui est nuisible, dans les classements scolaires, c'est la mauvaise place, non la bonne. La mauvaise place qualifie et pèse le médiocre, et le scelle sur lui-même.
    (Propos sur l'éducation, p.179, P.U.F 1969)
     
  168. On dit que les nouvelles générations seront difficiles à gouverner. Je l'espère bien.
    (Propos sur l'éducation, p.195, P.U.F 1969)
     
  169. C'est la géométrie qui sauve l'algèbre.
    (Propos sur l'éducation, p.143, P.U.F 1969)