Jacques Ferron
1921-1985
  1. Je ne suis pas sans admirer l'empressement que les jeunes natures apportent à se perdre ; il y a beaucoup de générosité dans leur sottise.
    (L'Ogre, p.24, in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  2. To be or not to be, le dilemme perd de son intérêt, quand il est décidé que tu en sortiras par le mauvais côté.
    (L'Ogre, p.27, in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  3. Il serre les dents ; c'est une façon de mordre qui ne fait de tort à personne.
    (L'Ogre, p.45, in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  4. La médecine préventive est sa spécialité ; il empêche ses patients de vieillir.
    (L'Ogre, p.57, in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  5. Chut !... On ne parle pas de corde dans la maison du pendu.
    (L'Ogre, p.75, in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  6. Tu parles pour parler : je me fâche pour me fâcher. On se distrait et le temps passe.
    (L'Ogre, p.82, in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  7. [...] le crime n'existe pas, le crime est un prétexte pour débarrasser la terre d'un criminel.
    (L'Ogre, p.85, in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  8. [...] la manière la plus efficace de vaincre la maladie est encore de se débarrasser des médecins.
    (L'Ogre, p.86, in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  9. Les femmes sont des créatures fantasques dont la connaissance est toujours imparfaite et la conquête entourée de périls. Pour mieux les voir, il faut fermer les yeux ; pour mieux les entendre, il faut se boucher les oreilles, et pour leur sembler éloquent, il faut être muet.
    (L'Ogre, p.101, in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  10. Le silence renferme toutes les vérités ; la parole porte tous les mensonges.
    (L'Ogre, p.101, in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  11. [...] être maître, c'est être l'enfant de ses serviteurs.
    (L'Ogre, p.110, in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  12. La jeunesse est comme un mirage du désert ; elle plaît par tromperie.
    (L'Ogre, p.115, in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  13. L'homme ne confine pas sans peine son amour sur un seul objet. Mais il y vient avec le temps.
    (L'Ogre, p.116, in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  14. Le Chevalier: Les maris dont on a pitié ne sont jamais de bons maris.
    L'Amazone: Mon rôle est cruel.
    Le Chevalier: Peu importe. Avec un bon mari, une femme a toujours le bon rôle, quelle que soit sa cruauté.

    (L'Ogre, p.118, in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  15. Que tu es belle ! Ton insomnie m'attire.
    (Tante Élise ou Le prix de l'amour, p.156, in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  16. Madame Dubois
    Je meurs, appelle le curé.
    Dubois, (au téléphone)
    Allô: l'enfer, s'il vous plaît.

    (Cazou ou Le prix de la virginité, p.185, in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  17. Dubois (en parlant de sa femme)
    Elle sera pendue. [...] Elle en fera une scène au bout de la corde ! D'ailleurs elle a toujours eu tendance à étouffer.

    (Cazou ou Le prix de la virginité, p.194, in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  18. [...] les maris, vous savez, ont tous les droits. Le mariage n'est souvent que le viol organisé.
    (Cazou ou Le prix de la virginité, p.220, in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  19. La dignité humaine est une question vestimentaire parce que précisément la conscience est un costume, une mise en scène, un théâtre.
    (Le Don Juan Chrétien, p.279 in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  20. [...] un théoricien est toujours heureux de rencontrer sa théoricienne !
    (Le Don Juan Chrétien, p.286 in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  21. L'équitation est la plus noble expression d'une union charnelle.
    (Le Don Juan Chrétien, p.294 in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  22. J'aime les fleurs et les jardiniers. Les fleurs évoquent l'amour, et les jardiniers, je l'ai souvent remarqué, ont les plus beaux enfants du monde.
    (Le Don Juan Chrétien, p.309 in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  23. Martine: [...] pourquoi ne restez-vous pas au lit ?
    Don Juan: La dernière maîtresse y resterait aussi. Or c'est la prochaine que je préfère.

    (Le Don Juan Chrétien, p.310 in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  24. Lorsque par son astuce et sa fantaisie il peut se tirer des griffes de la femme, l'homme est un dieu.
    (Le Don Juan Chrétien, p.325 in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  25. À trop se donner on s'abandonne.
    (Le Don Juan Chrétien, p.326 in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  26. C'est par un amour surhumain qu'on dépasse sa nature.
    (Le Don Juan Chrétien, p.332 in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  27. Leur ressemblance [entre la femme et le cheval] est depuis longtemps signalée. L'un et l'autre, du moins quand ils sont de race, ne sortent pas sans être accompagnés. Une porte survient-elle, le cheval stoppe, son cavalier la lui ouvre. Même cérémonie avec la femme.
    (Le Don Juan Chrétien, p.347 in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  28. Dans un monde factice où le masque prévient le visage, où le rôle résume l'homme, comme des mouches dans le miel on s'agglutine aux apparences, le masque se colle au visage, le rôle marque l'homme ; on vie comme au théâtre, oubliant le reste du monde, sur une scène exiguë ; on traîne vers la mort, après son petit personnage, comme une ombre démesurée, un inconnu gigantesque au visage effaré.
    (Le Don Juan Chrétien, p.349 in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  29. Le théâtre, ce n'est pas gratuit, c'est machiné, prémédité, concerté, c'est un appareil de sédition masqué par les feux des projecteurs et les besoins de l'amusement. Si la représentation d'une pièce a du sens, c'est par la conspiration qu'il y a derrière.
    (Les grands soleils, p.382 in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  30. [...] les petits incidents font les grands.
    (Les grands soleils, p.386 in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  31. [...] le noir, c'est la seule couleur qui ne change pas.
    (Les grands soleils, p.410 in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  32. On ne peut pas s'aimer et ne pas s'assommer.
    (Les grands soleils, p.423 in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  33. Le temps ne passe pas deux fois ; quand il est passé, il ne passe plus : on l'oublie. Puis, lorsqu'on ne s'en souvient plus, on dit " Mon Dieu, qu'il passe vite ! "
    (Les grands soleils, p.435 in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  34. Comme c'est toujours pour un bon motif, un curé qui se fâche se fâche mieux qu'un autre.
    (Les grands soleils, p.443 in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  35. [...] aie le courage d'être un homme comme les autres !
    (Les grands soleils, p.474 in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  36. Ce sont les soumis qui prêchent la soumission. Moi, je ne prêche pas : il me suffit d'être ce que je suis.
    (Les grands soleils, p.476 in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  37. [...] on peut tromper les vivants, on ne trahit pas les morts : ce sont eux qui font les mondes.
    (Les grands soleils, p.498 in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)
     
  38. La vie est une chose étonnante, en effet. Il n'y a que la mort qui l'égale.
    (Les grands soleils, p.515 in Théâtre 1, Éd. Typo n°47)