Christophe Lamoure
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  1. Ce qui est lent est beau et se donne à voir ou à apprécier pleinement. Chaque parcelle de la réalité qui s'offre à soi lentement prend toute sa dimension et ouvre sur un infini ; plis et replis s'ouvrent et dévoilent des trésors aux sens jamais rassasiés.
    (Petite philosophie du marcheur, p.15, Milan, 2007)
     
  2. La marche peut être politique. On peut marcher pour défendre ses droits, ses idées, ses valeurs ; pour exprimer son désaccord, sa colère, son hostilité face à une décision politique et à ceux qui l'ont prise. Marcher est un moyen simple à la disposition du peuple pour participer au débat et faire entendre sa voix, ses espérances et ses refus. Elle est une possibilité d'intervention en dehors des cadres institutionnels de la vie politique, elle est un mode d'action démocratique. Les cortèges de manifestants parcourent les rues des villes en faisant résonner les slogans de leurs revendications. Ils marchent et, en marchant, ils luttent. De cette manière on vote aussi avec ses pieds.
    (Petite philosophie du marcheur, p.37, Milan, 2007)
     
  3. En voiture, il nous faut cinq minutes pour aller de notre domicile à notre lieu de travail, alors qu'avant l'automobile, à pied, nous aurions mis trente minutes. Mais le calcul est incomplet selon Illich. Il laisse de côté des données qui doivent entrer en ligne de compte et qui en modifient le résultat final.
    En fait, nous devons aussi comptabiliser le temps qui nous est nécessaire pour payer notre voiture et l'entretenir : combien cet achat et cet entretien nous demandent-ils d'heures de travail ? En regard, combien de temps de travail nous faut-il pour l'achat d'une paire de chaussures afin d'effectuer notre trajet quotidien ?

    (Petite philosophie du marcheur, p.48, Milan, 2007)
     
  4. Habiter le monde, non l'occuper, le coloniser ou le maîtriser, tel est le voeu intime du marcheur.
    (Petite philosophie du marcheur, p.56, Milan, 2007)
     
  5. On glose parfois sur la disparition progressive des frontières qui séparent l'homme et la machine. Nous dépendons de plus en plus de machines et notre vie se mécanise à grande vitesse. Quand donc cette dépendance n'est-elle plus essentiellement bénéfique et devient-elle essentiellement néfaste ? Lorsque la technique ne libère pas l'homme d'une tâche ingrate et abrutissante, mais qu'elle le prive de la réalisation d'une faculté proprement humaine. La marche est une activité humaine précieuse et fondamentale. Sa réduction, voire sa quasi-disparition, augurerait d'un monde voué aux machines, c'est-à-dire d'un monde tout entier dédié au rendement.
    (Petite philosophie du marcheur, p.64, Milan, 2007)
     
  6. [...] le détour est le chemin le plus riche et le plus désirable qui mène de soi à la vie.
    (Petite philosophie du marcheur, p.72, Milan, 2007)
     
  7. [...] la pensée est mouvement. Une pensée immobile, bien ancrée dans son lot de certitudes, est une contradiction dans les termes. Celui qui pense cherche.
    (Petite philosophie du marcheur, p.118, Milan, 2007)
     
  8. Le goût de l'essentiel et la recherche de ce qui est élevé rapprochent la marche et la philosophie. Leur pratique fortifie notre humanité, ne les négligeons pas.
    (Petite philosophie du marcheur (excipit), p.128, Milan, 2007)