Louis Latzarus
1878-1942
  1. La politique est l'art de gouverner la cité : ainsi parlaient les anciens.
    Mais, hier, un homme d'État, qui est aussi un penseur et un lettré, a trouvé cette définition incomplète. Il a écrit : « La politique, c'est l'art, la volonté, la passion de gouverner. »
    Ainsi a-t-il mis sur le même rang l'art et la passion du pouvoir, c'est-à-dire la capacité et l'ambition.
    Au vrai, l'ambition suffit, de nos jours, à un homme politique, et l'on a vu souvent, dans les plus hauts postes, des incapables.

    (La politique, p.7, Librairie Hachette, 1928)
     
  2. En démocratie, la politique est l'art de faire croire au peuple qu'il gouverne.
    (La politique, p.7, Librairie Hachette, 1928)
     
  3. Il y a des sciences politiques. Il n'y a pas une science de la politique.
    (La politique, p.8, Librairie Hachette, 1928)
     
  4. Certains hommes politiques se vantent d'être des hommes tout court. Ne les croyez pas. S'ils n'étaient que des hommes, la politique les écoeurerait.
    (La politique, p.9, Librairie Hachette, 1928)
     
  5. Bossuet à dit : La vertu rend impropre aux affaires.  Regrettons cette triste sentence, qui a servi d'excuse à bien des défaillances. Mais admirons-en l'exactitude. On est porté à demander aux politiques la loyauté, la générosité, la modestie, le désintéressement, l'indépendance. S'ils étaient affligés de ces vertus, ils resteraient chez eux.
    (La politique, p.9, Librairie Hachette, 1928)
     
  6. Le peuple est un souverain sans mémoire. Le pardon lui est aussi naturel que l'ingratitude.
    (La politique, p.10, Librairie Hachette, 1928)
     
  7. Le peuple réclame des tempéraments plutôt que des intelligences.
    (La politique, p.12, Librairie Hachette, 1928)
     
  8. « Le peuple, a dit Rivarol, accorde aisément sa faveur, et presque jamais sa confiance. »
    (La politique, p.12, Librairie Hachette, 1928)
     
  9. Il y a toujours en France deux cent mille mécontents permanents. Mais ils ne sont pas redoutables. Ce qui est terrible, ce sont les mécontents occasionnels.
    (La politique, p.13, Librairie Hachette, 1928)
     
  10. Toute révolution est commencée par des idéalistes, poursuivie par des démolisseurs et achevée par un tyran.
    (La politique, p.14, Librairie Hachette, 1928)
     
  11. L'auréole du malheur ne va pas bien aux têtes altières.
    (La politique, p.15, Librairie Hachette, 1928)
     
  12. Seule la gloire console de l'esclavage. Aussi tout dictateur, s'il veut durer, est contraint de devenir un soldat heureux.
    (La politique, p.17, Librairie Hachette, 1928)
     
  13. Gouverner, c'est prévoir. Alors nul ne gouverne.
    (La politique, p.18, Librairie Hachette, 1928)
     
  14. Quand vous lisez dans les journaux : le pays s'est prononcé, comprenez qu'une moitié de la nation a réussi à opprimer l'autre.
    (La politique, p.20, Librairie Hachette, 1928)
     
  15. Le plus sûr moyen de détruire un parti est d'accomplir son programme.
    (La politique, p.21, Librairie Hachette, 1928)
     
  16. Les parties extrêmes ne peuvent régner. Ils ne servent que de frontières pour délimiter les positions du centre.
    (La politique, p.21, Librairie Hachette, 1928)
     
  17. Réforme réalisée : réforme diminuée.
    (La politique, p.21, Librairie Hachette, 1928)
     
  18. Il n'en va point dans la lutte politique comme à la guerre. Le parti vaincu devient plus redoutable après sa défaite. Il lui suffit de ramasser les armes que les vainqueurs ont dû troquer contre les insignes du pouvoir.
    (La politique, p.22, Librairie Hachette, 1928)
     
  19. La liberté ne se reconnaît qu'à ses limites.
    (La politique, p.23, Librairie Hachette, 1928)
     
  20. J'ai vu, un soir d'élection, pleurer un vieux député battu. Vingt ans auparavant, il avait écrasé son prédécesseur. Il ne pensait pas que le même destin pût jamais l'atteindre.
    (La politique, p.27, Librairie Hachette, 1928)
     
  21. Le député battu dit : Ils sont ingrats. L'élu dit : Ils sont intelligents.
    (La politique, p.27, Librairie Hachette, 1928)
     
  22. Toute assemblée d'hommes est une assemblée d'écoliers. On y rit pour peu de chose. On s'y moque aisément. On est curieux. On aime le bruit. Et l'on aspire à la récréation.
    (La politique, p.31, Librairie Hachette, 1928)
     
  23. La Chambre est femme. Le sentiment a sur elle un grand empire. La seule raison n'en a point.
    (La politique, p.31, Librairie Hachette, 1928)
     
  24. Il ne faut pas croire que les députés soient généralement stupides. Il en est même fort peu qui, dans leur particulier, n'aient quelque mérite. Mais chacun d'eux pourrait répondre ce que m'a répondu le mien quand je lui reprochais une mauvaise loi :: « Que voulez-vous ? je n'étais pas seul ! »
    (La politique, p.32, Librairie Hachette, 1928)
     
  25. Les parlementaires ont généralement des femmes laides. Une jolie quémandeuse a toutes chances d'être écoutée.
    (La politique, p.36, Librairie Hachette, 1928)
     
  26. Un jeune député déclame des réformes. Un jeune sénateur les refuse.
    (La politique, p.38, Librairie Hachette, 1928)
     
  27. Celui-ci, il y a trente ans, serait mort dans l'infamie. Il a duré. Il aura droit à des obsèques nationales.
    (La politique, p.51, Librairie Hachette, 1928)
     
  28. - J'ai été sept fois ministre ! disait, dans une réunion publique, un député qui briguait sa réélection.
    - Dire que c'est vrai ! cria un interrupteur.
    Aussitôt, tout le monde rit.

    (La politique, p.53, Librairie Hachette, 1928)