Citations ajoutées le 26 juillet 2009

Anne Barratin

  1. Il n'est pas défendu au cadet de faire mieux que l'aîné, s'il est téméraire de l'espérer.
    (De Vous à Moi, p.3, A. Lemerre, 1892)
     
  2. Un premier livre est l'enfant de notre coeur, un second est l'enfant de notre esprit, un troisième est l'enfant de notre science.
    (De Vous à Moi, p.3, A. Lemerre, 1892)
     
  3. Le soir de la vie a aussi ses étoiles.
    (De Vous à Moi, p.3, A. Lemerre, 1892)
     
  4. Comme on est heureux quand on sent des flots de mansuétude passer dans son âme, des trésors d'indulgence entrer dans sa pensée !
    (De Vous à Moi, p.4, A. Lemerre, 1892)
     
  5. Quelle jouissance de payer généreusement ! elle est plus douce encore que celle de donner : c'est honorer le travail.
    (De Vous à Moi, p.4, A. Lemerre, 1892)
     
  6. Il n'y a pas de gloire à savoir, il n'y a que de la joie.
    (De Vous à Moi, p.4, A. Lemerre, 1892)
     
  7. Une relation est une fleur que l'on aime à cueillir soi-même.
    (De Vous à Moi, p.4, A. Lemerre, 1892)
     
  8. Comme une garde d'honneur, les vieux amis embellissent la maison. Les vieux amis ! les jeunes amours !
    (De Vous à Moi, p.4, A. Lemerre, 1892)
     
  9. L'amour sait plaindre, l'amitié sait guérir.
    (De Vous à Moi, p.5, A. Lemerre, 1892)
     
  10. Qu'il y a de caresses dans le mot « j'aime » ; de pourpre dans le mot « amour » !
    (De Vous à Moi, p.5, A. Lemerre, 1892)
     
  11. Il est permis d'être coquet de son âme et de n'en laisser voir que le beau.
    (De Vous à Moi, p.5, A. Lemerre, 1892)
     
  12. Ne t'attarde pas trop sur une résolution : celle que l'on prend au vol est souvent la meilleure.
    (De Vous à Moi, p.5, A. Lemerre, 1892)
     
  13. Un bavard me fait toujours l'effet d'un train qui va dérailler.
    (De Vous à Moi, p.5, A. Lemerre, 1892)
     
  14. J'aime à fermer les stores quand je reçois un bavard : ne couvre-t-on pas la cage pour empêcher le serin de chanter ?
    (De Vous à Moi, p.5, A. Lemerre, 1892)
     
  15. La vraie grande dame a des amabilités qui ne sont jamais trop familières, des bontés qui ne sont jamais trop banales, des mouvements qui n'empiètent sur le terrain de personne ; son allure vous dira qui elle est.
    (De Vous à Moi, p.6, A. Lemerre, 1892)
     
  16. Dame la Mort, quand vous viendrez me chercher, faites du bruit pour que je vous entende ; prévenez-moi pour que la demeure soit digne de vous.
    (De Vous à Moi, p.6, A. Lemerre, 1892)
     
  17. Il faut aimer la mort autant que la vie pour aimer la vie avec repos.
    (De Vous à Moi, p.6, A. Lemerre, 1892)
     
  18. Il est une douce tristesse qui est comme un appel de la grâce, elle nous attire vers l'autre vie.
    (De Vous à Moi, p.6, A. Lemerre, 1892)
     
  19. L'amour maternel est fait de tout ce qu'il y a de plus délicat dans l'amour, de tout ce qu'il y a de plus tendre dans l'amitié.
    (De Vous à Moi, p.6, A. Lemerre, 1892)
     
  20. Sois ton hôte à toi-même, le plus souvent possible.
    (De Vous à Moi, p.7, A. Lemerre, 1892)
     
  21. On donne des fêtes, quelquefois pour ennuyer les autres et ne pas s'amuser soi-même.
    (De Vous à Moi, p.7, A. Lemerre, 1892)
     
  22. Qui a vécu de ton bonheur ne sera pas le meilleur ami de ta peine, ne l'oublie pas.
    (De Vous à Moi, p.7, A. Lemerre, 1892)
     
  23. Les gens aimables éclaircissent l'horizon.
    (De Vous à Moi, p.7, A. Lemerre, 1892)
     
  24. Il faut être créateur, ne serait-ce que d'un mot, pour être vraiment quelqu'un.
    (De Vous à Moi, p.7, A. Lemerre, 1892)
     
  25. La foi dans ce qu'on fait vaut la sincérité dans ce qu'on dit.
    (De Vous à Moi, p.7, A. Lemerre, 1892)
     
  26. Le beau et le vrai ne veulent pas d'esclaves, ils veulent des amis.
    (De Vous à Moi, p.8, A. Lemerre, 1892)
     
  27. On recherche les personnes gaies plus qu'on ne les estime.
    (De Vous à Moi, p.8, A. Lemerre, 1892)
     
  28. S'il n'y avait eu que des gens gais sur terre, la psychologie serait morte de faim et de soif.
    (De Vous à Moi, p.8, A. Lemerre, 1892)
     
  29. Que d'images lugubres dans le mot misère ! C'est le cortège des besoins qui hurlent autour de nous, des désirs qui nous narguent, des hontes qui nous attendent.
    (De Vous à Moi, p.8, A. Lemerre, 1892)
     
  30. La souffrance n'a pas beaucoup d'amis, mais ceux qu'elle a sont sincères.
    (De Vous à Moi, p.8, A. Lemerre, 1892)
     
  31. Le bien nous récompense immédiatement par une douce fraîcheur qu'il laisse après lui.
    (De Vous à Moi, p.9, A. Lemerre, 1892)
     
  32. La piété doit être joyeuse, son but est si beau !
    (De Vous à Moi, p.9, A. Lemerre, 1892)
     
  33. L'espérance est de toutes les religions parce qu'elle est de toutes les douleurs.
    (De Vous à Moi, p.9, A. Lemerre, 1892)
     
  34. J'aime les gens qui se donnent entièrement, les fruits qui se mangent sans se peler.
    (De Vous à Moi, p.9, A. Lemerre, 1892)
     
  35. Qu'il y a d'épaisses et lourdes fidélités !
    (De Vous à Moi, p.9, A. Lemerre, 1892)
     
  36. Dangereux dans l'âge mûr, indécent dans la vieillesse, l'amour n'est à sa place qu'au printemps de la vie, à moins qu'ayant commencé alors, il dure.
    (De Vous à Moi, p.9, A. Lemerre, 1892)
     
  37. Souffrir dans son amour, c'est moins pénible que de souffrir dans sa dignité.
    (De Vous à Moi, p.10, A. Lemerre, 1892)
     
  38. Les soins c'est de l'amour qui se partage ; ce sont des caresses discrètes, c'est une partie du culte.
    (De Vous à Moi, p.10, A. Lemerre, 1892)
     
  39. Il ne faut pas avoir la reconnaissance trop sentimentale, mais bien portante, comme le reste.
    (De Vous à Moi, p.10, A. Lemerre, 1892)
     
  40. Pouvoir n'est qu'un sujet, vouloir est un roi.
    (De Vous à Moi, p.10, A. Lemerre, 1892)
     
  41. La faiblesse produit l'esclave : tel arbre, tel fruit.
    (De Vous à Moi, p.10, A. Lemerre, 1892)
     
  42. Une belle pensée ressemble à un grand horizon découvert.
    (De Vous à Moi, p.11, A. Lemerre, 1892)
     
  43. En fait de nouvelles mondaines, que de fois je me suis sentie flattée d'ignorer ceci, cela, de ne pas être du dernier arrivage !
    (De Vous à Moi, p.11, A. Lemerre, 1892)
     
  44. Quand on a beaucoup de coeur, on dédaigne d'en faire paraître : se sentir riche empêche de montrer sa bourse.
    (De Vous à Moi, p.11, A. Lemerre, 1892)
     
  45. La délicatesse aime plus à deviner qu'à voir le fond des choses, et n'aime pas à les entendre appeler chacune par son nom.
    (De Vous à Moi, p.11, A. Lemerre, 1892)
     
  46. La nuit est égoïste, elle éteint tout pour régner.
    (De Vous à Moi, p.11, A. Lemerre, 1892)
     
  47. Rougissante et timide, on dirait que l'aurore veut nous faire des aveux.
    (De Vous à Moi, p.12, A. Lemerre, 1892)
     
  48. Le silence est à l'âme ce que le sommeil est au corps.
    (De Vous à Moi, p.12, A. Lemerre, 1892)
     
  49. Le silence et la musique remplissent l'âme à peu près de la même manière.
    (De Vous à Moi, p.12, A. Lemerre, 1892)
     
  50. Où l'amour a vécu à l'état de rêve, peut vivre la véritable amitié.
    (De Vous à Moi, p.12, A. Lemerre, 1892)
     
  51. Que c'est beau d'intimider par la dignité de sa vie |
    (De Vous à Moi, p.12, A. Lemerre, 1892)
     
  52. Les larmes ont plus de poésie que d'autorité.
    (De Vous à Moi, p.12, A. Lemerre, 1892)
     
  53. Il est des larmes qu'on ne voudrait pas reverser, mais qu'on ne voudrait pas n'avoir pas versées.
    (De Vous à Moi, p.13, A. Lemerre, 1892)
     
  54. Le besoin d'argent crée l'amertume, c'est fatal.
    (De Vous à Moi, p.13, A. Lemerre, 1892)
     
  55. On demande tout à l'argent : le bonheur, la joie, l'esprit, le plaisir ; le meilleur acteur, cependant, ne peut pas jouer tous les rôles.
    (De Vous à Moi, p.13, A. Lemerre, 1892)
     
  56. Quelle grossièreté il y a à n'aimer qu'une jolie femme !
    (De Vous à Moi, p.13, A. Lemerre, 1892)
     
  57. Pour être laide, une femme n'en est pas moins femme ; la laideur n'est qu'un accident de route.
    (De Vous à Moi, p.13, A. Lemerre, 1892)
     
  58. Ce que nous apprenons a besoin de s'imprégner en nous, de prendre, pour ainsi dire, notre température morale, l'air de la maison.
    (De Vous à Moi, p.13, A. Lemerre, 1892)
     
  59. Les qualités ont des mesures, les vertus n'en ont pas.
    (De Vous à Moi, p.14, A. Lemerre, 1892)
     
  60. Ils ne sont pas rares, les gens qui ne tentent rien, qui n'essaient rien, qui meurent pudiquement dans leurs belles intentions.
    (De Vous à Moi, p.14, A. Lemerre, 1892)
     
  61. L'esprit a besoin de problèmes, le coeur de secrets.
    (De Vous à Moi, p.14, A. Lemerre, 1892)
     
  62. Pour tout mérite, il y a des gens qui savent se faire accepter.
    (De Vous à Moi, p.14, A. Lemerre, 1892)
     
  63. Si nous sommes convaincus d'honorer les gens en dînant chez eux, n'ayons surtout pas l'air de le croire.
    (De Vous à Moi, p.14, A. Lemerre, 1892)
     
  64. Peu de femmes sont fières d'être aimées pour leur âme. Si c'est cependant par le corps qu'on appelle, c'est par l'âme qu'on retient.
    (De Vous à Moi, p.15, A. Lemerre, 1892)
     
  65. J'ai une certaine méfiance pour la femme qui n'aime pas du tout les enfants, et pour l'homme qui n'aime pas du tout le monde.
    (De Vous à Moi, p.15, A. Lemerre, 1892)
     
  66. C'est quelquefois effrayant de voir avec quelle force on aime, comme de se sentir emporté par des chevaux fougueux.
    (De Vous à Moi, p.15, A. Lemerre, 1892)
     
  67. Qu'il en coûte d'accuser celui qu'on aime, et que n'accuse-t-on pas avant lui ? On invoque toutes les déraisons de la raison, toutes les impossibilités du possible, tous les hasards de contrebande.
    (De Vous à Moi, p.15, A. Lemerre, 1892)
     
  68. Les détails occupent souvent les gens heureux : c'est l'épingle qu'on a le temps de mettre à sa toilette.
    (De Vous à Moi, p.16, A. Lemerre, 1892)
     
  69. L'oubli n'est pas exactement l'ingratitude, mais c'est le terrain sur lequel elle pousse.
    (De Vous à Moi, p.16, A. Lemerre, 1892)
     
  70. La reconnaissance va quelquefois plus loin que l'amour : elle rougit de ses oublis.
    (De Vous à Moi, p.16, A. Lemerre, 1892)
     
  71. Les beaux esprits font maigre figure à côté des grands coeurs, comme les fruits secs en été.
    (De Vous à Moi, p.16, A. Lemerre, 1892)
     
  72. Pour jouir complètement du silence, il faut le sentir épais autour de soi.
    (De Vous à Moi, p.17, A. Lemerre, 1892)
     
  73. C'est dans le silence absolu des sens que les choses éternelles descendent à notre horizon.
    (De Vous à Moi, p.17, A. Lemerre, 1892)
     
  74. L'espace nous initie à l'Éternité.
    (De Vous à Moi, p.17, A. Lemerre, 1892)
     
  75. L'épreuve s'enferme dans son mystère : « Accepte-moi sans me comprendre, » dit-elle à l'âme pieuse.
    (De Vous à Moi, p.17, A. Lemerre, 1892)
     
  76. Les songes sont des papillons nocturnes qui voltigent autour de notre sommeil et l'irisent à notre fantaisie.
    (De Vous à Moi, p.17, A. Lemerre, 1892)
     
  77. Un rêve et un nid se placent à différentes hauteurs.
    (De Vous à Moi, p.18, A. Lemerre, 1892)
     
  78. Qu'importent à la mort les progrès de la science ? Elle conserve tous ses droits sur la vie.
    (De Vous à Moi, p.18, A. Lemerre, 1892)
     
  79. Que de choses on fait pour faire quelque chose !
    (De Vous à Moi, p.18, A. Lemerre, 1892)
     
  80. Être riche sans être sympathique : un beau visage sans de beaux yeux.
    (De Vous à Moi, p.18, A. Lemerre, 1892)
     
  81. Le riche qui ne donne pas, c'est l'oiseau qui ne chante pas, c'est le soleil qui ne réchauffe pas.
    (De Vous à Moi, p.18, A. Lemerre, 1892)
     
  82. Pauvreté de vertus : l'indigence qu'on sent le moins.
    (De Vous à Moi, p.18, A. Lemerre, 1892)
     
  83. Aimer ! c'est voir en beau, sentir en large, juger en grand.
    (De Vous à Moi, p.19, A. Lemerre, 1892)
     
  84. La confiance est la partie la plus touchante de l'amour.
    (De Vous à Moi, p.19, A. Lemerre, 1892)
     
  85. Tout dans l'être doit dire « j'aime » : le coeur, les yeux, le geste, tous ces muets charmants dont la bouche n'est que l'interprète.
    (De Vous à Moi, p.19, A. Lemerre, 1892)
     
  86. Qu'il est rare celui qui aime vraiment le mérite des autres ! on le reconnaît, on l'accepte, ce mérite, on le loue, mais l'aimer, lui laisser toute sa place, l'agrandir encore, ne la trouver jamais assez grande !
    (De Vous à Moi, p.19, A. Lemerre, 1892)
     
  87. L'esprit anecdotier est odieux à l'esprit philosophique, comme autour du penseur la mouche qui bourdonne.
    (De Vous à Moi, p.19, A. Lemerre, 1892)
     
  88. Il en est de l'esprit anecdotier comme de l'épice, il n'en faut qu'un peu.
    (De Vous à Moi, p.20, A. Lemerre, 1892)
     
  89. Les héros sont plus utiles par l'exemple de leur courage que par leurs exploits.
    (De Vous à Moi, p.20, A. Lemerre, 1892)
     
  90. Être bon, ce n'est pas assez, il faut l'être avec bonheur.
    (De Vous à Moi, p.20, A. Lemerre, 1892)
     
  91. Les petits moyens sont comme les petits employés, ils font souvent plus de besogne que les grands.
    (De Vous à Moi, p.20, A. Lemerre, 1892)
     
  92. Comme on peut être malheureux avec de l'argent ! et dire qu'on serait encore bien plus malheureux sans lui !
    (De Vous à Moi, p.20, A. Lemerre, 1892)
     
  93. Celui qui a besoin de louanges pour agir est comme le soldat qui a besoin de tambour pour marcher.
    (De Vous à Moi, p.20, A. Lemerre, 1892)
     
  94. Une Allemande pardonnera qu'on lui manque de respect, plutôt qu'on oublie son jour de naissance.
    (De Vous à Moi, p.21, A. Lemerre, 1892)
     
  95. J'aime et je crois : toute la fortune du coeur est là.
    (De Vous à Moi, p.21, A. Lemerre, 1892)
     
  96. La foi veut que nous l'aidions à pénétrer en nous.
    (De Vous à Moi, p.21, A. Lemerre, 1892)
     
  97. La foi ne nous donne pas le bonheur, mais elle nous le montre.
    (De Vous à Moi, p.21, A. Lemerre, 1892)
     
  98. Tout ce qui souffre doit appeler d'abord la pitié, la réflexion ensuite.
    (De Vous à Moi, p.21, A. Lemerre, 1892)
     
  99. Quand la pitié ne soulage pas, comme elle offense !
    (De Vous à Moi, p.22, A. Lemerre, 1892)
     
  100. En fait de douleurs, rien ne doit étonner un vieux ; en fait de périls, rien ne doit arrêter un jeune.
    (De Vous à Moi, p.22, A. Lemerre, 1892)
     
  101. Un espoir découronné aime encore ses roses flétries.
    (De Vous à Moi, p.22, A. Lemerre, 1892)
     
  102. Les courbes sont voluptueuses, elles laissent place au plus ou au moins.
    (De Vous à Moi, p.22, A. Lemerre, 1892)
     
  103. On a la nostalgie de l'autre monde, sans le connaître.
    (De Vous à Moi, p.22, A. Lemerre, 1892)
     
  104. On gâche peu d'imagination à excuser le prochain.
    (De Vous à Moi, p.22, A. Lemerre, 1892)
     
  105. C'est toujours l'heure de l'espérance ; pour nous y ramener il ne faut souvent que l'aile d'un oiseau qui passe.
    (De Vous à Moi, p.23, A. Lemerre, 1892)
     
  106. Le ciel semble encore plus vaste d'espérance que d'étendue.
    (De Vous à Moi, p.23, A. Lemerre, 1892)
     
  107. La vieillesse est une humiliation qui peut devenir sainte.
    (De Vous à Moi, p.23, A. Lemerre, 1892)
     
  108. Ah ! vieillesse ! tes lois sont douces, ta raison d'être est généreuse ; que c'est bon d'oser dire : « J'aime, à plein coeur, j'accepte, à pleine poitrine, je me souviens, à pleine mémoire. »
    (De Vous à Moi, p.23, A. Lemerre, 1892)
     
  109. L'amour n'est économe qu'en se retirant, c'est alors qu'il commence à compter ses baisers.
    (De Vous à Moi, p.23, A. Lemerre, 1892)
     
  110. Les hommes ont fait de l'amour un enfant pour l'excuser à leur aise.
    (De Vous à Moi, p.24, A. Lemerre, 1892)
     
  111. La suffisance semble engraisser son homme.
    (De Vous à Moi, p.24, A. Lemerre, 1892)
     
  112. C'est blasphème de parler de la mort avec ironie : c'est impiété d'en parler avec crainte.
    (De Vous à Moi, p.24, A. Lemerre, 1892)
     
  113. Quand on a perdu beaucoup d'êtres chers, on regarde la mort presque comme le chez soi. J'avoue que je me serais difficilement arrangée de cette vie si je n'avais cru à l'autre.
    (De Vous à Moi, p.24, A. Lemerre, 1892)
     
  114. L'impôt de la vie pour les riches se paie par le coeur.
    (De Vous à Moi, p.24, A. Lemerre, 1892)
     
  115. En amour, l'échange des dons semble dispenser du reste.
    (De Vous à Moi, p.24, A. Lemerre, 1892)
     
  116. L'amour qui ne prend pas tout n'est pas de l'amour.
    (De Vous à Moi, p.25, A. Lemerre, 1892)
     
  117. La piété sans le renoncement, c'est le temple sans le sacrifice.
    (De Vous à Moi, p.25, A. Lemerre, 1892)
     
  118. On a quelquefois le besoin impérieux de rencontrer un être simple, et comme on le paierait cher certains jours !
    (De Vous à Moi, p.25, A. Lemerre, 1892)
     
  119. La paresse est exposée à bien des hontes, elle n'en sent aucune.
    (De Vous à Moi, p.25, A. Lemerre, 1892)
     
  120. Il y a une fidélité mêlée de petites infidélités qu'il ne faut pas dédaigner ; en fait de vertu, prenons ce qu'on nous donne.
    (De Vous à Moi, p.25, A. Lemerre, 1892)
     
  121. On peut auprès de certaines gens faire une cure de monotonie : ce n'est pas à dédaigner.
    (De Vous à Moi, p.26, A. Lemerre, 1892)
     
  122. L'inspiration vient quelquefois à des heures bien gênantes, tel l'enfant qui veut le sein en wagon.
    (De Vous à Moi, p.26, A. Lemerre, 1892)
     
  123. Notre dignité sert de tente à nos petites rancunes et les abrite.
    (De Vous à Moi, p.26, A. Lemerre, 1892)
     
  124. Rien de plus insupportable que ces gens qui se jettent dans vos jambes comme de grands lévriers.
    (De Vous à Moi, p.26, A. Lemerre, 1892)
     
  125. On se crée des amis comme on fait des dettes, sans en comprendre toute l'importance.
    (De Vous à Moi, p.26, A. Lemerre, 1892)
     
  126. L'humilité est riche de tout ce qu'elle dédaigne.
    (De Vous à Moi, p.27, A. Lemerre, 1892)
     
  127. Dans la bêtise on s'arrête rarement en chemin.
    (De Vous à Moi, p.27, A. Lemerre, 1892)
     
  128. Les riches auraient besoin de beaucoup d'esprit, mais la vie, la grande taquine, ne leur en donne pas toujours.
    Heureusement qu'il n'en faut pas beaucoup pour en avoir un peu quand on a de l'argent.

    (De Vous à Moi, p.27, A. Lemerre, 1892)
     
  129. On interroge les vieux pour savoir comment ils ont fait le voyage, les jeunes pour regarder avec quoi ils embarquent.
    (De Vous à Moi, p.27, A. Lemerre, 1892)
     
  130. Ne croyez-vous pas qu'on ait les questions qu'on mérite ? La preuve c'est qu'on se sent humilié devant quelques-unes.
    (De Vous à Moi, p.27, A. Lemerre, 1892)
     
  131. Les femmes qui ont acheté un titre par le mariage y tiennent plus que d'autres ; on le comprend, elles l'ont souvent payé si cher !
    (De Vous à Moi, p.28, A. Lemerre, 1892)
     
  132. Le deuil sincère du mari et l'amour de l'amant font souvent bon ménage dans le coeur d'une femme.
    (De Vous à Moi, p.28, A. Lemerre, 1892)
     
  133. Le blâme se lève matin.
    (De Vous à Moi, p.28, A. Lemerre, 1892)
     
  134. Le printemps a les parfums pour ambassadeurs.
    (De Vous à Moi, p.28, A. Lemerre, 1892)
     
  135. Pardonne, jeunesse, à tout ce qui ne te ressemble pas.
    (De Vous à Moi, p.28, A. Lemerre, 1892)
     
  136. La jeunesse est moins ironique dans ce qu'elle dit que dans ce qu'elle fait.
    (De Vous à Moi, p.28, A. Lemerre, 1892)
     
  137. Les fleurs sont les premières joies auxquelles la douleur pardonne.
    (De Vous à Moi, p.29, A. Lemerre, 1892)
     
  138. Les larmes ! Dieu les aime sans doute dans certains yeux, car il les en remplit toujours.
    (De Vous à Moi, p.29, A. Lemerre, 1892)
     
  139. Un calomniateur m'impressionne comme un danger que je peux courir.
    (De Vous à Moi, p.29, A. Lemerre, 1892)
     
  140. La fureur apaisée, la haine augmente.
    (De Vous à Moi, p.29, A. Lemerre, 1892)
     
  141. La prétention ne s'appuie que sur elle-même, aussi tout croule avec elle.
    (De Vous à Moi, p.29, A. Lemerre, 1892)
     
  142. L'Allemand chante sa patrie langoureusement : elle lui coûte donc bien cher ?
    (De Vous à Moi, p.29, A. Lemerre, 1892)
     
  143. Toute femme pardonne l'indiscrétion qui la flatte.
    (De Vous à Moi, p.30, A. Lemerre, 1892)
     
  144. Une coquette n'a pas le droit d'être jalouse, mais elle en use.
    (De Vous à Moi, p.30, A. Lemerre, 1892)
     
  145. Les femmes savent mieux marchander que les hommes, habituées qu'elles sont à être plus trompées.
    (De Vous à Moi, p.30, A. Lemerre, 1892)
     
  146. C'est une ivresse d'être mère, une dignité d'être père.
    (De Vous à Moi, p.30, A. Lemerre, 1892)
     
  147. L'homme aime la vue de la jeunesse, il s'entoure d'une jeune servante quand il ne peut plus aimer.
    (De Vous à Moi, p.30, A. Lemerre, 1892)
     
  148. Il faut du courage pour se marier une seconde fois, moins pour se marier une troisième.
    (De Vous à Moi, p.31, A. Lemerre, 1892)
     
  149. Les hommes aiment le toit conjugal comme le pigeon aime le pigeonnier, à condition d'en sortir à leur gré.
    (De Vous à Moi, p.31, A. Lemerre, 1892)
     
  150. N'en veux pas à ceux qui te font franchement du mal.
    (De Vous à Moi, p.31, A. Lemerre, 1892)
     
  151. Va, mon âme, en avant, en arrière, partout c'est Dieu.
    (De Vous à Moi, p.31, A. Lemerre, 1892)
     
  152. L'âme et l'oiseau qui s'envolent ne regardent qu'en haut.
    (De Vous à Moi, p.31, A. Lemerre, 1892)
     
  153. Ou travailler, ou souffrir : le plaisir ne contente que l'âme ordinaire.
    (De Vous à Moi, p.31, A. Lemerre, 1892)
     
  154. Comme le teint, le courage a des pâleurs subites.
    (De Vous à Moi, p.32, A. Lemerre, 1892)
     
  155. Souffrir ne nous apprend pas toujours à être patients, mais nous apprend à estimer la patience.
    (De Vous à Moi, p.32, A. Lemerre, 1892)
     
  156. Un riche est toujours entouré, son luxe à lui, c'est la solitude.
    (De Vous à Moi, p.32, A. Lemerre, 1892)
     
  157. L'opinion qu'on a de soi est celle qui change le moins.
    (De Vous à Moi, p.32, A. Lemerre, 1892)
     
  158. Il ne faut servir aux mondains que ce qu'ils peuvent mâcher.
    (De Vous à Moi, p.32, A. Lemerre, 1892)
     
  159. Pour savoir délicatement donner, il ne faut pas aimer à recevoir.
    (De Vous à Moi, p.32, A. Lemerre, 1892)
     
  160. Qu'ils sont agréables, les amis heureux ! Ils n'ont pas le temps d'être jaloux, ni le désir de scruter nos intentions.
    (De Vous à Moi, p.33, A. Lemerre, 1892)
     
  161. Rien de curieux comme un érudit au milieu de la nature ; ils ont l'air si étrangers l'un à l'autre !
    (De Vous à Moi, p.33, A. Lemerre, 1892)
     
  162. Faire sonner ses peines et faire sonner ses écus : mauvais ton.
    (De Vous à Moi, p.33, A. Lemerre, 1892)
     
  163. Les exceptions sont les vacances de la règle.
    (De Vous à Moi, p.33, A. Lemerre, 1892)
     
  164. Il faut être digne non seulement dans ce qu'on dit aux autres, mais aussi dans ce qu'on se dit à soi-même.
    (De Vous à Moi, p.33, A. Lemerre, 1892)
     
  165. Les aires de duchesse ont peu de prise sur moi, tant que je n'ai pas vu le duché.
    (De Vous à Moi, p.33, A. Lemerre, 1892)
     
  166. On peut être une âme d'église sans être une âme de Dieu.
    (De Vous à Moi, p.34, A. Lemerre, 1892)
     
  167. L'entêté ne s'éclaire qu'à son falot.
    (De Vous à Moi, p.34, A. Lemerre, 1892)
     
  168. Rien ne nous rend aussi dociles que la vue d'un entêté.
    (De Vous à Moi, p.34, A. Lemerre, 1892)
     
  169. Joie de vivre, tu as bien des physionomies.
    (De Vous à Moi, p.34, A. Lemerre, 1892)
     
  170. Certaines idées n'ont vécu que parce qu'elles ont rencontré des esprits qui se sont jetés à la nage pour elles.
    (De Vous à Moi, p.34, A. Lemerre, 1892)
     
  171. Ni le vent ni la pluie dans leur démence, ni le soleil dans ses splendeurs de midi, n'arrêtent le coeur qui va à sa perte.
    (De Vous à Moi, p.34, A. Lemerre, 1892)
     
  172. Dans un coeur on hérite toujours de quelqu'un ou de quelque chose.
    (De Vous à Moi, p.35, A. Lemerre, 1892)
     
  173. Après l'usage, ne prenons pas le dégoût pour une vertu.
    (De Vous à Moi, p.35, A. Lemerre, 1892)
     
  174. Il faut savoir s'attendre soi-même.
    (De Vous à Moi, p.35, A. Lemerre, 1892)
     
  175. On n'est pas indifféremment deviné, on a du regret ou de la joie à l'être.
    (De Vous à Moi, p.35, A. Lemerre, 1892)
     
  176. On n'a pas besoin d'être rigidement vrai, l'être honnêtement suffit.
    (De Vous à Moi, p.35, A. Lemerre, 1892)
     
  177. Qu'on est myope d'esprit quand on ne voit que ce qui se montre !
    (De Vous à Moi, p.35, A. Lemerre, 1892)
     
  178. Il me prend une sorte d'antipathie momentanée pour les gens que je chéris, quand je ne peux rien leur offrir.
    (De Vous à Moi, p.36, A. Lemerre, 1892)
     
  179. C'est petit d'avoir besoin de reconnaissance : ce n'est plus donner, c'est placer son bienfait.
    (De Vous à Moi, p.36, A. Lemerre, 1892)
     
  180. Le Français aime le pompon sans savoir toujours le mettre à sa place.
    (De Vous à Moi, p.36, A. Lemerre, 1892)
     
  181. Il est une saison où la mondaine a du coeur : quand il est de bon ton de quêter ou de vendre pour les pauvres ; en dehors de cela, elle ferme sa pitié, comme son paroissien après la messe.
    (De Vous à Moi, p.36, A. Lemerre, 1892)
     
  182. Bien conduire sa barque, c'est connaître plus que la barque, c'est connaître l'eau.
    (De Vous à Moi, p.36, A. Lemerre, 1892)
     
  183. On sent de grandes affluves en approchant de certains êtres, comme on sent la mer à distance.
    (De Vous à Moi, p.37, A. Lemerre, 1892)
     
  184. Les impressions sont des délégués secrets qui vont souvent plus loin que leur mandat.
    (De Vous à Moi, p.37, A. Lemerre, 1892)
     
  185. Qu'il est facile de pardonner quand on n'a pas le doigt pris au piège !
    (De Vous à Moi, p.37, A. Lemerre, 1892)
     
  186. On est toujours de son pays, pas toujours de sa famille.
    (De Vous à Moi, p.37, A. Lemerre, 1892)
     
  187. Il y a quelque chose de plus doux encore que de posséder le bonheur, c'est de le sentir s'approcher.
    (De Vous à Moi, p.37, A. Lemerre, 1892)
     
  188. Il est des bonheurs, comme des physionomies, sans expression.
    (De Vous à Moi, p.37, A. Lemerre, 1892)
     
  189. La légende n'est pas scrupuleuse, ce qui lui permet de pouvoir être charmante.
    (De Vous à Moi, p.38, A. Lemerre, 1892)
     
  190. L'hypocrite descend du traître.
    (De Vous à Moi, p.38, A. Lemerre, 1892)
     
  191. Un bonheur peut être vulgaire sans perdre de son charme : c'est un bonheur commun d'avoir dix-huit ans.
    (De Vous à Moi, p.38, A. Lemerre, 1892)
     
  192. Dieu donne quelquefois la beauté pour ne pas donner mieux, l'esprit pour ne pas donner pire.
    (De Vous à Moi, p.38, A. Lemerre, 1892)
     
  193. Les esprits ordinaires font leur chemin plus facilement que les grands ; pieds moyens trouvent chaussure toute faite.
    (De Vous à Moi, p.38, A. Lemerre, 1892)
     
  194. Aux grands esprits les grandes sottises : revanche !
    (De Vous à Moi, p.38, A. Lemerre, 1892)
     
  195. Il y a des gens qui ont toujours besoin de faire une entrée : pauvres gens !
    (De Vous à Moi, p.39, A. Lemerre, 1892)
     
  196. J'ai presque honte d'écraser la guêpe qui me pique, mais je jouis d'étrangler au passage une prétention.
    (De Vous à Moi, p.39, A. Lemerre, 1892)
     
  197. Les grands arbres ont l'air de se respecter entre eux.
    (De Vous à Moi, p.39, A. Lemerre, 1892)
     
  198. Les belles rangées d'arbres ont toujours l'air de nous attendre et de nous recevoir.
    (De Vous à Moi, p.39, A. Lemerre, 1892)
     
  199. La France a des fidèles, l'Italie a des adorateurs.
    (De Vous à Moi, p.39, A. Lemerre, 1892)
     
  200. La vie des gens très riches est triste : l'envie épie leurs moindres mouvements, souligne leurs moindres faux pas. Le bien qu'ils font on le jette sur leur argent, sans oublier de jeter aucun de leurs torts sur lui.
    (De Vous à Moi, p.39, A. Lemerre, 1892)