Citations ajoutées le 11 août 2008

Albert Jacquard

  1. Il y a, entre les jeux solitaires et les jeux à plusieurs, la même différence qu'entre la masturbation et le choc amoureux. Les premiers sont des exercices plus que des jeux.
    (Halte aux Jeux !, p.20, Stock, 2004)
     
  2. Ramener l'événement à un palmarès est aussi réducteur que de décrire une statue de bronze en se contentant d'en indiquer le poids.
    (Halte aux Jeux !, p.27, Stock, 2004)
     
  3. N'est-il pas grotesque de prétendre que « la France est championne du monde » alors que le respect de la vérité nécessite de dire simplement qu'une équipe subventionnée par le budget de l'État français a remporté un championnat ?
    (Halte aux Jeux !, p.34, Stock, 2004)
     
  4. Malgré tous les discours prétendant le contraire, le seul critère de réussite, la seule satisfaction espérée, est la montée sur le podium. À l'image d'un prisme d'une lumière aux multiples composantes qu'une seule longueur d'onde, la compétition opère une polarisation des personnes : elles sont réduites à une seule obsession. L'unidimensionnalité lamine la réalité et détruit toute richesse.
    (Halte aux Jeux !, p.42, Stock, 2004)
     
  5. Chacun est le produit d'une métamorphose : l'individu biologique fait par la nature devient la personne construite par les rencontres.
    (Halte aux Jeux !, p.54, Stock, 2004)
     
  6. Tout projet important doit avoir pour fondation une définition de l'être humain qui tienne compte de sa double source, la nature et l'aventure : d'une part l'organisme, tel qu'il a été mis en place à partir du patrimoine biologique reçu, d'autre part la conscience d'être, édifiée grâce aux autres.
    La fonction première de toute collectivité humaine est de susciter cette aventure, d'en faciliter le déroulement. Elle doit donc aider chacun à rencontrer l'autre avec l'attitude de celui qui va vers une source, non de celui qui se prépare à un affrontement.

    (Halte aux Jeux !, p.55, Stock, 2004)
     
  7. L'histoire de notre espèce n'est pas seulement celle des exploits individuels peu à peu améliorés, elle est surtout celle des réussites permises par notre capacité à mettre en commun. Tout exploit de l'un d'entre nous doit donc être ressenti par chacun comme le signe d'une avancée dont tous nous pouvons nous sentir acteurs.
    (Halte aux Jeux !, p.81, Stock, 2004)
     
  8. Lorsque cet objectif de victoire personnelle est la finalité réelle des efforts consentis, l'aboutissement ne peut être qu'une lutte contre les autres, alors que la réussite essentielle des êtres humains est de savoir lutter contre soi avec l'aide des autres. Les Jeux olympiques sont devenus une illustration de ce dévoilement, de cette perversion.
    Officiellement, il s'agit de rencontres loyales où chacun manifeste au mieux ses talents. Le mot d'ordre est partout répété : « L'important, c'est de participer, non de gagner. » Mais il est difficile de ne pas déceler dans cette formule une bonne dose d'hypocrisie, tant l'accent est mis à toute occasion sur la nécessité de gagner.

    (Halte aux Jeux !, p.82, Stock, 2004)
     
  9. Si vraiment l'objectif est de participer, il ne peut pas être de gagner ; si vraiment l'objectif est de rencontrer amicalement d'autres êtres humains, il ne peut pas être de chercher à l'emporter sur eux ; si vraiment il s'agit de faire la fête, il ne peut pas s'agir de se doper. Pour éradiquer le dopage, la seule voie possible est d'en supprimer la cause, c'est-à-dire d'oublier la compétition.
    (Halte aux Jeux !, p.94, Stock, 2004)
     
  10. [...] chacun comprend que, en apportant le plaisir d'être ensemble, le jeu a du sens, mais la victoire n'en a pas.
    (Halte aux Jeux !, p.115, Stock, 2004)
     

  
Louis-Philippe de Ségur

  1. Quand les opprimés se relèvent, ils croient effacer leur propre honte par l'excès de leur vengeance, et surpassent souvent l'injustice qu'ils châtient.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXV), p.57, Alexis Eymery, 1823)
     
  2. La vie d'un homme de bien est un combat continuel contre les mauvais penchants ; il n'est point de vertu, même la plus naturelle, qui ne soit attaquée incessamment et sourdement minée par quelques vices secrets.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXVI), p.57, Alexis Eymery, 1823)
     
  3. L'aveugle jeunesse regarde la vie comme une propriété, et la vieillesse sent bien que c'est un usufruit; elle y tient moins, et pour cela même en jouit peut-être mieux.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXVII), p.57, Alexis Eymery, 1823)
     
  4. La durée de cette vie se compte réellement, non pas le nombre des années, mais par celui des pensées et des actions.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXVIII), p.58, Alexis Eymery, 1823)
     
  5. L'immortalité de l'âme est la consolation de la mort des sens.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXIX), p.58, Alexis Eymery, 1823)
     
  6. Les grands ouvrages, comme les grandes actions, donnent seuls l'imoortalité.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXX), p.58, Alexis Eymery, 1823)
     
  7. À l'heure dernière le prestige des actions éclatantes disparaît : le coeur ne conserve que le souvenir des bienfaits, et la vertu reste seule pour consoler la gloire.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXXI), p.58, Alexis Eymery, 1823)
     
  8. Il n'est point d'objet si effrayant qu'on ne puisse envisager sans crainte, quand on s'est familiarité avec lui : plus on s'occupe de la mort, moins on la redoute.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXXII), p.59, Alexis Eymery, 1823)
     
  9. Le jeune homme court à la mort ; elle vient au-devant du vieillard.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXXIII), p.59, Alexis Eymery, 1823)
     
  10. Il n'est pas une qualité qui ne devienne un défaut, lorsqu'elle est portée trop loin ; tout bien, s'il est exagéré, se change en mal.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXXIV), p.59, Alexis Eymery, 1823)
     
  11. L'exagération est notre péché originel, notre défaut radical, le principe de nos vices, la source de toutes nos erreurs, la cause de tous nos chagrins ; et, quand elle ne nous rend pas méchants, vindicatifs, cruels et malheureux, elle nous rend très ridicules.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXXV), p.59, Alexis Eymery, 1823)
     
  12. La plus dangereuse et la plus commune de nos exagérations est celle qui ne nous fait voir que des vices et des défauts dans nos rivaux, dans nos ennemis, et qui nous aveugle totalement sur leurs bonnes qualités les plus évidentes.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXXVI), p.60, Alexis Eymery, 1823)
     
  13. Tout le monde convient de l'utilité de la modération, du danger des excès, de la folie des passions. On estime sage celui qui voit les choses telles qu'elles sont, et qui les apprécie à leur juste valeur. On regarde comme un insensé l'homme qui voit tout avec un microscope ou avec un prisme qui embellit ou enlaidit, grandit ou rapetisse tout, suivant son désir ou son dégoût, sa crainte ou son espérance. On sait que le bonheur est inséparable de la modération dans les qualités, dans les peines, dans les plaisirs et dans les sentiments ; et cependant chacun exagère ses biens, ses maux, ses haines, ses affections, ses éloges, ses critiques, ses volontés, ses espérances, ses frayeurs.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXXVII), p.60, Alexis Eymery, 1823)
     
  14. On affaiblit tout ce qu'on exagère.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXXVIII), p.61, Alexis Eymery, 1823)
     
  15. On se plaint de l'ennui, et tout le monde envie le sort des hommes les plus sujets à cette espèce de malheur. L'ennui est la maladie des gens heureux, des hommes riches, puissants, inoccupés ; or il est évident qu'on ne cherche, toute sa vie, que le moyen de parvenir à un tel état, et que le repos est toujours l'espoir et le but du travail.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXXIX), p.61, Alexis Eymery, 1823)
     
  16. L'ennui est le mal contre lequel on cherche le plus de médecins et de remèdes ; mais on ne peut que pallier les effets de son poison par le secours d'autrui : pour en guérir il faut porter en soi l'antidote.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXC), p.62, Alexis Eymery, 1823)
     
  17. On ne peut jouer longtemps la vertu.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXCI), p.62, Alexis Eymery, 1823)
     
  18. Chez les peuples corrompus la vertu brille encore quelquefois, mais sans éclairer.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXCII), p.62, Alexis Eymery, 1823)
     
  19. Il ne peut exister de bons citoyens là où l'on ne croit pas fermement à la vertu.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXCIII), p.63, Alexis Eymery, 1823)
     
  20. Le sort de la vertu est d'être presque toujours dupe du vice.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXCIV), p.63, Alexis Eymery, 1823)
     
  21. L'obscurité convient seule à la vertu dans les temps de tyrannie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXCV), p.63, Alexis Eymery, 1823)
     
  22. Le vice ne peut jamais croire à l'existence de la vertu.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXCVI), p.63, Alexis Eymery, 1823)
     
  23. Si les vices des hommes restent à peu près toujours les mêmes, leurs formes varient sans cesse ; ils sont, suivant les âges des peuples, plus grossiers ou plus délicats, plus hypocrites ou plus effrontés, plus dominants ou plus comprimés ; ils ont, pour ainsi dire, selon les circonstances, différents costumes, différentes couleurs et différents langages.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXCVII), p.63, Alexis Eymery, 1823)
     
  24. Le sentiment est plus persuasif que l'esprit.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXCVIII), p.64, Alexis Eymery, 1823)
     
  25. On ne peut faire une vertu de la trahison, qui est toujours une lâcheté, même quand elle sert la cause la plus légitime.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXCIX), p.64, Alexis Eymery, 1823)
     
  26. Un dévouement légitime ne peut jamais rendre la trahison honorable.
    (Pensées, maximes, réflexions (CC), p.64, Alexis Eymery, 1823)
     
  27. La trahison, dans quelque circonstance que ce soit, ne peut jamais cesser d'être infâme.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCI), p.65, Alexis Eymery, 1823)
     
  28. Sans union, il ne peut exister ni force ni esprit public.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCII), p.65, Alexis Eymery, 1823)
     
  29. Un préjugé tombé ne peut plus se relever ; et il n'appartient à aucune force humaine de ressusciter une religion à laquelle on ne croit plus : une pratique obéissante peut tromper quelque temps l'autorité, mais la foi n'est pas son domaine.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCIII), p.65, Alexis Eymery, 1823)
     
  30. La religion, même quand elle est mêlée d'erreurs, est une base nécessaire à la solidité des États. Toute religion, pour faire respecter ses dogmes, est obligée de les appuyer sur la morale, et c'est elle qui conserve les nations.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCIV), p.65, Alexis Eymery, 1823)
     
  31. Lorsque la superstition règne sur la terre, le génie doit profiter de son secours au lieu de la braver.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCV), p.66, Alexis Eymery, 1823)
     
  32. Il est plus dangereux d'attaquer la superstition que la foi.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCVI), p.66, Alexis Eymery, 1823)
     
  33. La vraie dévotion est tolérante comme la vraie philosophie ; l'hypocrisie et la superstition sont seules fanatiques et intolérantes.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCVII), p.66, Alexis Eymery, 1823)
     
  34. Ce n'est pas en combattant la liberté qu'on la détruit.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCVIII), p.67, Alexis Eymery, 1823)
     
  35. La liberté ne peut marcher sans sagesse, ni vivre sans vertus.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCIX), p.67, Alexis Eymery, 1823)
     
  36. La liberté, dans son berceau, doit être nourrie par la prudence.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCX), p.67, Alexis Eymery, 1823)
     
  37. La liberté se détruit plus souvent par ses excès que par ses ennemis.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXI), p.67, Alexis Eymery, 1823)
     
  38. Des âmes faibles peuvent regretter la liberté, mais les âmes fortes peuvent seules la conserver.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXII), p.67, Alexis Eymery, 1823)
     
  39. C'est presque toujours l'injustice publique ou privée qui fait faire les plus grands pas à la liberté, et l'indépendance dut souvent sa naissance à la tyrannie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXIII), p.68, Alexis Eymery, 1823)
     
  40. Dans tous les temps, les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets : l'amour de la liberté, bien ou mal réglé, exaltant les esprits et déployant toutes les facultés des hommes, doit partout multiplier les forces.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXIV), p.68, Alexis Eymery, 1823)
     
  41. La liberté ne se nourrit et ne se maintient qu'au milieu des agitations ; le despotisme seul peut languir dans cette molle inertie, dans ce silence funèbre que ses partisans serviles décorent du nom de repos ; il est immobile comme la mort, et la liberté est en mouvement comme la vie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXV), p.68, Alexis Eymery, 1823)
     
  42. La perte de l'égalité suit nécessairement celle de la liberté, et les privilèges forment toujours le cortège de la tyrannie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXVI), p.69, Alexis Eymery, 1823)
     
  43. Tout gouvernement militaire réunit en lui seul tous les vices du despotisme et tous les dangers de l'anarchie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXVII), p.69, Alexis Eymery, 1823)
     
  44. L'établissement d'un gouvernement militaire vigoureux est un remède funeste pour la civilisation, mais le seul pourtant qui puisse rendre la vie à un peuple tombé dans l'anarchie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXVIII), p.69, Alexis Eymery, 1823)
     
  45. Presque toujours la force des gouvernements diminue à mesure que celle du pouvoir arbitraire augmente.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXIX), p.70, Alexis Eymery, 1823)
     
  46. La force fait craindre les lois, mais c'est leur antiquité seule qui peut les faire respecter : aussi rien n'est plus solide qu'un antique gouvernement ; il faut de grandes passions, de grands hasards, de longues erreurs, pour l'ébranler ; sa durée passée est une forte probabilité pour sa durée à venir.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXX), p.70, Alexis Eymery, 1823)
     
  47. L'intérêt d'un gouvernement est de tout réunir, l'intérêt d'un parti est de tout diviser ; le gouvernement survit à tout, parce qu'il se fortifie sans cesse en ralliant tout à lui ; le parti meurt, parce qu'il est de son essence de ne pas vouloir de recrues ; le parti vit de vengeance, et le gouvernement de clémence.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXXI), p.70, Alexis Eymery, 1823)
     
  48. L'orgueil aveugle les gouvernements comme les hommes ; ils s'enivrent des faveurs de la fortune, et l'abus qu'ils en font cause leur ruine.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXXII), p.71, Alexis Eymery, 1823)
     
  49. Le pouvoir d'un gouvernement se centuple lorsqu'il s'appuie sur le voeu national.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXXIII), p.71, Alexis Eymery, 1823)
     
  50. L'expérience prouve que la démocratie, faible dans la paix, se fortifie par la guerre ; qu'en combattant l'esprit d'égalité on le porte au fanatisme, et que, si son expansion est à craindre, la gloire des armes est peut-être son moyen de propagation le plus brillant et le plus dangereux.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXXIV), p.71, Alexis Eymery, 1823)
     
  51. Quel est le degré d'obéissance qu'on doit au gouvernement lorsqu'il est injuste ? c'est une des questions délicates qui, dès qu'on y touche, ébranlent l'autorité des princes et le repos des peuples.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXXV), p.72, Alexis Eymery, 1823)
     

Yoko Ogawa

  1. Une démonstration véritablement juste forme un équilibre harmonieux entre la souplesse et une solidité à toute épreuve. Il existe tout un tas de démonstrations qui, même si elles ne sont pas fausses, sont ennuyeuses, grossières et irritantes. Vous comprenez ? De la même façon que personne n'est capable d'expliquer pourquoi les étoiles sont belles, c'est difficile d'exprimer la beauté des mathématiques.
    (La formule préférée du professeur, trad. Rose-Marie Makino-Fayolle , p.27, Babel n°860)
     
  2. On attrape les mathématiques avec l'intuition, comme un martin-pêcheur fond soudainement sur l'eau par réflexe, dès qu'il aperçoit l'éclat d'une nageoire dorsale dans la lumière.
    (La formule préférée du professeur, trad. Rose-Marie Makino-Fayolle , p.29, Babel n°860)
     
  3. Résoudre un problème dont la solution existe obligatoirement, c'est un peu comme faire avec un guide une randonnée en montagne vers un sommet que l'on voit. La vérité ultime des mathématiques se dissimule discrètement à l'insu de tous au bout d'un chemin qui n'en est pas un. En plus, il n'est pas sûr que cet endroit soit un sommet. Ce peut être une gorge entre deux falaises abruptes ou un fond de vallée.
    (La formule préférée du professeur, trad. Rose-Marie Makino-Fayolle , p.51, Babel n°860)
     
  4. Dans mon imagination, le créateur de l'univers faisait de la dentelle quelque part tout au bout du ciel. Avec un fil si fin qu'il laissait passer la lumière. Le dessin n'existait que dans la tête de son créateur, personne ne pouvait s'en emparer, ni prévoir le motif qui allait suivre. L'aiguille se déplaçait sans arrêt. La dentelle se poursuivait à l'infini, faisait des vagues, ondulait au vent. On ne pouvait s'empêcher de vouloir la prendre pour l'exposer à la lumière. En extase, au bord des larmes, on la caressait de la joue. Et l'on souhaitait pouvoir représenter avec ses propres mots les motifs ajoutés. Un minuscule fragment suffirait, si l'on pouvait le faire sien et le rapporter sur la terre.
    (La formule préférée du professeur, trad. Rose-Marie Makino-Fayolle , p.168, Babel n°860)