Citations ajoutées le 02 septembre 2006

Emil Michel Cioran

  1. Shakespeare : rendez-vous d'une rose et d'une hache...
    (Syllogismes de l'amertume, p.747, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  2. Ne cultivent l'aphorisme que ceux qui ont connu la peur au milieu des mots, cette peur de crouler avec tous les mots.
    (Syllogismes de l'amertume, p.747, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  3. Tout mot me fait mal. Combien pourtant il me serait doux d'entendre des fleurs bavarder sur la mort !
    (Syllogismes de l'amertume, p.748, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  4. Un livre qui, après avoir tout démoli, ne se démolit pas lui-même, nous aura exaspérés en vain.
    (Syllogismes de l'amertume, p.748, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  5. Tout Occidental tourmenté fait penser à un héros dostoïevskien qui aurait un compte en banque.
    (Syllogismes de l'amertume, p.748, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  6. Mystère. - mot dont nous nous servons pour tromper les autres, pour leur faire croire que nous sommes plus profonds qu'eux.
    (Syllogismes de l'amertume, p.749, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  7. Ce qui fait durer une oeuvre, ce qui l'empêche de dater, c'est sa férocité. Affirmation gratuite ? Considérez le prestige de l'Évangile, livre agressif, livre venimeux s'il en faut.
    (Syllogismes de l'amertume, p.749, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  8. Qu'une réalité se cache derrière les apparences, cela est, somme toute, possible ; que le langage puisse la rendre, il serait ridicule de l'espérer. Pourquoi s'encombrer alors d'une opinion plutôt que d'une autre, reculer devant le banal ou l'inconcevable, devant le devoir de dire et d'écrire n'importe quoi ? Un minimum de sagesse nous obligerait à soutenir toutes les thèses en même temps, dans un éclectisme du sourire et de la destruction.
    (Syllogismes de l'amertume, p.749, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  9. Le pessimiste doit s'inventer chaque jour d'autres raisons d'exister ; c'est une victime du « sens » de la vie.
    (Syllogismes de l'amertume, p.750, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  10. Il est incroyable que la perspective d'avoir un biographe n'ait fait renoncer personne à avoir une vie.
    (Syllogismes de l'amertume, p.751, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  11. Dans les tourments de l'intellect, il y a une tenue que l'on chercherait vainement dans ceux du coeur.
    Le scepticisme est l'élégance de l'anxiété.

    (Syllogismes de l'amertume, p.753, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  12. Être moderne, c'est bricoler dans l'Incurable.
    (Syllogismes de l'amertume, p.753, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  13. Chaque pensée devrait rappeler la ruine d'un sourire.
    (Syllogismes de l'amertume, p.754, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  14. Nous sommes tous des farceurs ; nous survivons à nos problèmes.
    (Syllogismes de l'amertume, p.755, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  15. L'Ennui nivelle les énigmes : c'est une rêverie positiviste...
    (Syllogismes de l'amertume, p.756, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  16. Nos flottements portent la marque de notre probité ; nos assurances, celle de notre imposture. La malhonnêteté d'un penseur se reconnaît à la somme d'idées précises qu'il avance.
    (Syllogismes de l'amertume, p.756, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  17. Dans cet univers provisoire nos axiomes n'ont qu'une valeur de faits divers.
    (Syllogismes de l'amertume, p.757, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  18. Objection contre la science : ce monde ne mérite pas d'être connu.
    (Syllogismes de l'amertume, p.757, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  19. Comment peut-on être philosophe ? Comment avoir le front de s'attaquer au temps, à la beauté, à Dieu, et au reste ? L'esprit s'enfle et sautille sans vergogne. Métaphysique, poésie, - impertinences d'un pou...
    (Syllogismes de l'amertume, p.757, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  20. Stoïcisme de parade : être un passionné du « Nil admirari », un hystérique de l'ataraxie.
    (Syllogismes de l'amertume, p.757, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  21. La liberté ? Sophisme des bien portants.
    (Syllogismes de l'amertume, p.758, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  22. Quand l'idée se cherchait un refuge, elle devait être vermoulue, puisqu'elle n'a trouvé que l'hospitalité d'un cerveau.
    (Syllogismes de l'amertume, p.758, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  23. Technique que nous pratiquons à nos dépens, la psychanalyse dégrade nos risques, nos dangers, nos gouffres ; elle nous dépouille de nos impuretés, de tout ce qui nous rendait curieux de nous-mêmes.
    (Syllogismes de l'amertume, p.758, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  24. Tout problème profane un mystère ; à son tour, le problème est profané par sa solution.
    (Syllogismes de l'amertume, p.759, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  25. Le Réel me donne de l'asthme.
    (Syllogismes de l'amertume, p.760, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  26. On rencontre la Subtilité :
    [...]
    chez le femmes. Condamnées à la pudeur, elles doivent camoufler leurs désirs, et mentir : le mensonge est une forme de talent, alors que le respect de la « vérité » va de pair avec la grossièreté et la lourdeur.

    (Syllogismes de l'amertume, p.760, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  27. Le philosophe « généreux » oublie à ses dépens que d'un système seules survivent les vérités nuisibles.
    (Syllogismes de l'amertume, p.761, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  28. S'ennuyer c'est chiquer du temps.
    (Syllogismes de l'amertume, p.766, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  29. J'ai cherché en moi mon propre modèle. Pour ce qui est de l'imiter, je m'en suis remis à la dialectique de l'indolence. Il est tellement plus agréable de ne pas se réussir !
    (Syllogismes de l'amertume, p.766, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  30. Je vadrouille à travers les jours comme une putain dans un monde sans trottoirs.
    (Syllogismes de l'amertume, p.767, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  31. Toutes les eaux sont couleur de noyade.
    (Syllogismes de l'amertume, p.767, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  32. Don Quichotte représente la jeunesse d'une civilisation : il s'inventait des événements ; - nous ne savons comment échapper à ceux qui nous pressent.
    (Syllogismes de l'amertume, p.769, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  33. Le héros est périmé ; seul le carnage impersonnel a cours. Nous sommes des fantoches clairvoyants, tout juste propres à faire des simagrées devant l'irrémédiable. L'Occident ? Un possible sans lendemain.
    (Syllogismes de l'amertume, p.773, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  34. On cesse d'être jeune au moment où on ne choisit plus ses ennemis, où l'on se contente de ceux qu'on a sous la main.
    (Syllogismes de l'amertume, p.776, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  35. Sans Dieu tout est néant ; et Dieu ? Néant suprême.
    (Syllogismes de l'amertume, p.777, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  36. Au beau milieu d'études sérieuses, je découvris que j'allais mourir un jour...; ma modestie en fut ébranlée. Convaincu qu'il ne me restait plus rien à apprendre, j'abandonnai mes études pour mettre le monde au courant d'une si remarquable découverte.
    (Syllogismes de l'amertume, p.778, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  37. Ne me demandez plus mon programme ; respirer, n'en est-ce pas un ?
    (Syllogismes de l'amertume, p.779, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  38. Quel dommage que, pour aller à Dieu, il faille passer par la foi !
    (Syllogismes de l'amertume, p.783, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  39. Réfutation du suicide : n'est-il pas inélégant d'abandonner un monde qui s'est mis si volontiers au service de notre tristesse ?
    (Syllogismes de l'amertume, p.783, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  40. Hors la matière, tout est musique : Dieu même n'est qu'une hallucination sonore.
    (Syllogismes de l'amertume, p.786, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  41. Le secret d'un être coïncide avec les souffrances qu'il espère.
    (Syllogismes de l'amertume, p.787, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  42. La Création fut le premier acte de sabotage.
    (Syllogismes de l'amertume, p.788, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  43. Le grand forfait de la douleur est d'avoir organisé le Chaos, de l'avoir dégradé en univers.
    (Syllogismes de l'amertume, p.789, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  44. Toute croyance rend insolent ; nouvellement acquise, elle avive les mauvais instincts ; ceux qui ne la partagent pas font figure de vaincus et d'incapables, ne méritant que pitié et mépris. Observez les néophytes en politique et surtout en religion, tous ceux qui ont réussi à intéresser Dieu à leurs combines, les convertis, les nouveaux riches de l'Absolu. Confrontez leur impertinence avec la modestie et les bonnes manières de ceux qui sont en train de perdre leur foi et leurs convictions...
    (Syllogismes de l'amertume, p.792, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  45. L'art d'aimer ? C'est savoir joindre à un tempérament de vampire la discrétion d'une anémone.
    (Syllogismes de l'amertume, p.793, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  46. Heureux en amour, Adam nous eût épargné l'Histoire.
    (Syllogismes de l'amertume, p.794, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  47. Sans Bach, la théologie serait dépourvue d'objet, la Création fictive, le néant péremptoire.
    S'il y a quelqu'un qui doit tout à Bach, c'est bien Dieu.

    (Syllogismes de l'amertume, p.797, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  48. Que sont toutes les mélodies auprès de celle qu'étouffe en nous la double impossibilité de vivre et de mourir !
    (Syllogismes de l'amertume, p.797, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  49. À quoi bon fréquenter Platon, quand un saxophone peut aussi bien nous faire entrevoir un autre monde ?
    (Syllogismes de l'amertume, p.797, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  50. Point de musique véritable qui ne nous fasse palper le temps.
    (Syllogismes de l'amertume, p.798, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  51. La musique, système d'adieux, évoque une physique dont le point de départ ne serait pas les atomes, mais les larmes.
    (Syllogismes de l'amertume, p.798, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  52. Si Noé avait eu le don de lire l'avenir, il n'est point douteux qu'il se fût sabordé.
    (Syllogismes de l'amertume, p.800, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  53. Les événements, - tumeurs du Temps...
    (Syllogismes de l'amertume, p.800, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  54. Évolution : Prométhée, de nos jours, serait un député de l'opposition.
    (Syllogismes de l'amertume, p.800, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  55. L'histoire, en effet, se ramène à une classification des polices ; car de quoi traite l'historien, sinon de la conception que les hommes se sont faite du gendarme à travers les âges ?
    (Syllogismes de l'amertume, p.801, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  56. L'homme sécrète du désastre.
    (Syllogismes de l'amertume, p.801, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  57. Toutes les calamités - révolutions, guerres, persécutions - proviennent d'un à-peu-près... inscrit sur un drapeau.
    (Syllogismes de l'amertume, p.803, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  58. Un homme politique qui ne donne pas quelque signe de gâtisme me fait peur.
    (Syllogismes de l'amertume, p.803, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  59. L'anxiété - ou le fanatisme du pire.
    (Syllogismes de l'amertume, p.803, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  60. Je crois au salut de l'humanité, à l'avenir du cyanure.
    (Syllogismes de l'amertume, p.806, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  61. Il n'est qu'un esprit lézardé pour avoir des ouvertures sur l'au-delà.
    (Syllogismes de l'amertume, p.806, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  62. Le secret de mon adaptation à la vie ? - J'ai changé de désespoir comme de chemise.
    (Syllogismes de l'amertume, p.807, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     
  63. Le spermatozoïde est le bandit à l'état pur.
    (Syllogismes de l'amertume, p.812, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)
     

Gustave Le Bon

  1. Le nombre des soldats victimes de la grande guerre est connu. Celui des idées et des croyances détruites par elle reste encore ignoré.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.282, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  2. La vérité, pour la grande majorité des hommes, étant ce qu'ils croient, c'est surtout avec leurs croyances qu'on doit gouverner les peuples.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.283, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  3. Une des graves difficultés de la politique est l'obligation de gouverner avec des idées tenues pour vraies par les multitudes alors que ces idées sont erronées.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.283, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  4. Quel que soit le mode de gouvernement, il aboutit toujours à une oligarchie : permanent dans le régime monarchique, éphémère dans le régime démocratique.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p284., Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  5. Reculer devant un danger a pour résultat certain de le grandir.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.285, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  6. Un ministre ne saurait être le même homme au pouvoir et hors du pouvoir. Au pouvoir, il s'occupe nécessairement des intérêts généraux. Hors du pouvoir, il perçoit seulement ses intérêts personnels, dont le plus essentiel est de remonter au pouvoir.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.285, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  7. Si destructive que soit une croyance politique, elle trouve toujours pour la défendre des intellectuels dont les ambitions dépassaient les capacités.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.289, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  8. Dès qu'elles atteignent un certain degré, les croyances mystiques, religieuses ou politiques, deviennent fatalement destructives.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.290, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  9. Une des forces du convaincu est de ne pas discuter la valeur rationnelle de sa croyance.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.290, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  10. En politique et en religion, le rêve des convaincus fut toujours de pouvoir massacrer sans pitié les hommes qui ne pensent pas comme eux.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.291, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  11. En politique, une vérité indiscutée n'est souvent qu'une erreur suffisamment répétée.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.291, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  12. Constituer un parti politique revient généralement à revêtir de noms nouveaux des choses fort anciennes.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.293, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  13. Une des plus fréquentes sources d'erreurs politiques est d'attribuer à des causes uniques des événements de causes nombreuses et compliquées.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.296, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  14. La crainte des électeurs, la peur des responsabilités, la préoccupation exclusive de l'heure présente, constituent pour un homme politique moderne trois sources d'erreur auxquelles il est difficile d'échapper.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.296, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  15. Suivre toujours l'opinion mobile des multitudes, c'est se résigner à ne rien prévoir, rien empêcher, rien pouvoir.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.297, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  16. Bien que la politique soit certainement l'art dont la pratique exigerait le plus de jugement, c'est celui où il s'en dépense le moins.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.297, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  17. Depuis les origines de l'histoire, les relations entre peuples faibles et peuples forts furent exactement celles du gibier avec le chasseur.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.305, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  18. L'idée finit quelquefois par dominer le canon, mais privée de la protection du canon elle reste sans force.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.305, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  19. Ce n'est pas à la liberté mais à la servitude que beaucoup de révolutionnaires modernes aspirent sans le savoir. La liberté n'est conçue par eux que sous forme de soumission à un maître dont les moindres paroles sont des oracles. Toutes les révolutions modernes se terminent par la création d'un autocrate.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.313, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  20. En politique internationale, les coups d'épingle répétés finissent par engendrer des coups de canon.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.317, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  21. Un allié trop puissant est parfois aussi redoutable qu'un ennemi déclaré. L'alliance d'un peuple faible avec un peuple fort ne constitue généralement pour le peuple faible qu'une forme atténuée de la servitude.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.323, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  22. Dès que le principe d'autorité s'introduit dans une science, le développement de cette science s'arrête.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.328, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  23. Une des erreurs démocratiques les plus répandues est de croire que les lois peuvent établir des coutumes. En réalité, les coutumes engendrent finalement des lois, mais les lois ne créent que rarement des coutumes.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.329, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  24. La force ne prime pas le droit, mais le droit ne se démontre que par la force.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.330, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  25. Le droit sans force est comparable aux décors de forteresse peints sur les toiles d'un théâtre. Incapables de résister au moindre choc, ils ne conservent leur aspect que si l'on n'y touche pas.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.330, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  26. L'extrémisme observé chez tous les partis révolutionnaires est un état mental où l'homme, dominé par une idée fixe, devient incapable de percevoir les réalités et leurs conséquences.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.336, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  27. Les extrémistes de toutes opinions possèdent, malgré la divergence des buts poursuivis, des caractères identiques. L'extrémiste sincère est mystique, violent et borné.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.336, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  28. Un extrémiste qui possèderait quelque trace de jugement, de sens critique et de clairvoyance cesserait aussitôt d'être extrémiste.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.336, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  29. Le socialisme aux États-Unis diffère totalement du socialisme européen. L'idéal du travailleur américain est de devenir patron, alors que l'ouvrier latin rêve surtout la suppression du patron.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.339, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  30. Si la jalousie, l'envie et la haine pouvaient être éliminés de l'univers, le socialisme disparaîtrait le même jour.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.339, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  31. La discipline rigide acceptée par les adeptes du syndicalisme montre à quel point il deviendra despotique. On peut se demander si l'esclavage total de l'individu ne constitue pas l'aboutissement nécessaire de l'évolution démocratique.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.342, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  32. La liberté n'est, le plus souvent, pour l'homme que la faculté de choisir sa servitude.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.347, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  33. La prédominance actuelle de la technique confère à l'ingénieur et à l'ouvrier une autorité comparable à celle des hommes d'Église pendant le moyen âge.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.349, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  34. Bien des révolutions seront, sans doute, encore nécessaires pour prouver que les changements d'institutions politiques ont une influence très faible sur la vie des nations. C'est la mentalité des peuples et non les institutions qui détermine leur histoire.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.352, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  35. Les livres d'histoire révèlent surtout les croyances de leurs auteurs.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.357, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  36. Des ententes provisoires sont supérieures aux alliances parce qu'une alliance, quelle que soit sa forme, ne survit pas à l'évanouissement des intérêts qui la firent naître.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.359, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  37. Le grand talent des historiens doués de prestige est de rendre vraisemblables les invraisemblances de l'histoire.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.359, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  38. Les découvertes de la psychologie suffisent à montrer que l'histoire classique est le récit d'évènements aussi incompris de leurs auteurs que des écrivains qui les racontèrent.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.359, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  39. Vouloir interpréter au point de vue rationnel un sentiment ou une croyance, c'est s'interdire de les comprendre. Le rationnel dont le rôle se montre si grand dans la genèse des découvertes exerce une très faible influence dans la vie des peuples.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.360, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  40. Les contes, les légendes, les oeuvres d'art, les romans même, sont beaucoup plus véridiques que les livres d'histoire. Ils expriment la sensibilité d'une époque, alors que le langage rationnel des historiens ne la fait pas connaître.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.361, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  41. Notre opinion des choses doit naturellement varier avec l'évolution de ces choses. L'ignorant seul possède des opinions invariables.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.361, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  42. Il est aussi difficile de vivre avec les hommes ne changeant jamais d'idées qu'avec ceux qui en changent constamment.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.362, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  43. On trouve plus facilement mille hommes prêts à obéir qu'un seul capable de prendre une initiative.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.364, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  44. Ne nous plaignons pas trop de voir l'hypocrisie gouverner les hommes. Le monde deviendrait vite un enfer si l'hypocrisie en était bannie.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.364, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  45. L'être qui ne sait pas dominer ses impulsions instinctives devient facilement esclave de ceux qui lui proposent de les satisfaire.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.365, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  46. Une des grandes causes de faiblesse des peuples latins tient à ce que tout le personnel dirigeant est issu d'examens universitaires prouvant la mémoire des candidats, mais nullement les qualités de caractère qui font la valeur de l'homme dans la vie.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.366, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  47. La raison se met facilement au service des sentiments, alors que ces derniers se mettent rarement au service de la raison. Cette loi psychologique explique l'origine de guerres qu'aucun argument rationnel ne pourrait justifier.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.368, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  48. L'habitude, permettant de canaliser les intuitions et réfréner les impulsions, constitue un guide de la vie plus sûr que tous les enseignements des livres.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.369, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  49. La nourriture intellectuelle donnée par l'instruction est comparable à la nourriture matérielle. Ce n'est pas ce qu'on mange qui nourrit, mais seulement ce qu'on digère.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.371, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  50. Beaucoup de nos idées sociales seront transformées lorsqu'on découvrira qu'un ouvrier habile est intellectuellement fort supérieur à un bachelier médiocre.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.371, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  51. Il n'est d'éducation utile que celle cultivant les aptitudes spéciales de chaque être. On obtient alors tout ce que l'élève peut donner sans exiger un inutile travail.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.371, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  52. En imposant à tous les élèves une instruction identique, on obtient un minimum de rendement avec un maximum d'efforts.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.371, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  53. La discipline peut remplacer bien des qualités. Aucune ne remplace la discipline.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.373, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  54. Le jugement sans volonté est aussi inutile que la volonté sans jugement.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.373, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  55. Les foules et les individus de mentalité inférieure possèdent ce caractère commun d'être fortement influencés par les évènements présents et très peu par leurs conséquences, si inévitables qu'elles puissent être.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.377, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  56. L'erreur individuelle est tenue pour vérité dès qu'elle devient collective. Aucun argument rationnel ne peut alors l'ébranler.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.377, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  57. Une collectivité n'a d'autre cerveau que celui de son meneur.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.378, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  58. Croyances politiques et croyances religieuses ont un même mécanisme de propagation. L'affirmation, la répétition, le prestige et la contagion suffisent à créer des suggestions auxquelles les collectivités résistent rarement.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.378, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  59. La mentalité grégaire des foules permettra toujours aux meneurs d'imposer une doctrine quelconque. Les plus absurdes croyances ne manquèrent jamais d'adeptes.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.379, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  60. Les découvertes individuelles transforment les civilisations. Les croyances collectives régissent l'histoire.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.381, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  61. La grande force des décisions collectives réside dans le pouvoir mystique que le nombre exerce sur l'âme des multitudes. C'est pour cette raison que les chefs d'État sont obligés de paraître s'appuyer sur l'opinion populaire.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.381, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  62. Si la publicité des journaux constitue un moyen de persuasion très efficace, c'est que peu d'esprits se trouvent assez forts pour résister au pouvoir de la répétition. Chez la plupart des hommes, elle crée bientôt la certitude.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.383, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  63. En matière scientifique, pour être cru il faut prouver. En politique, les discours d'un orateur doué de prestige suffisent à créer d'imaginaires certitudes.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.384, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  64. La presse canalise l'opinion beaucoup plus qu'elle ne la dirige. Elle sert aussi à condenser en termes nets des milliers de petites opinions fragmentaires trop incertaines pour être clairement formulées.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.384, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  65. C'est s'illusionner sur les hommes d'État que s'imaginer qu'ils apporteront dans leurs actes l'énergie manifestée dans leurs discours.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.384, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  66. Croire qu'on doit croire, c'est déjà croire.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.393, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  67. Les chrétiens qualifiant d'absurde l'adoration du crocodile par les Égyptiens ou du serpent par les Hindous ne se doutent pas que leurs descendants jugeront aussi absurde l'adoration d'un Dieu jugeant nécessaire de laisser crucifier son fils pour racheter une désobéissance à ses ordres.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.396, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  68. Le vrai miracle du Christiannisme est d'avoir pu faire accepter pendant vingt siècles à des esprits capables de raisonner la prodigieuse légende d'un Dieu condamnant son fils à un dégradant supplice et fabricant un enfer éternel pour y punir ses créatures.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.397, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  69. Vouloir comprendre trop vite est se condamner à ne jamais comprendre.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.399, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  70. Vivre c'est changer. Le changement est l'âme des choses.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.400, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  71. Le savant est souvent embarrassé pour déterminer les causes d'un phénomène. L'ignorant ne l'est jamais.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.401, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  72. Les hommes se passent facilement de vérités. Ils n'ont jamais vécu sans certitudes.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.402, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  73. Il faut parfois longtemps pour qu'une vérité démontrée devienne une vérité acceptée.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.404, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  74. Les faits scientifiquement démontrés restent immuables mais leur explication varie avec les progrès de la connaissance. [...] L'atome, jadis miracle de simplicité, est devenu miracle de complexité.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.404, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  75. La mort intellectuelle commence dès que les opinions deviennent trop fixées pour changer. L'homme, même resté jeune, entre alors dans le domaine des morts. Le présent et l'avenir ne sont plus concevables pour lui qu'enveloppés de passé.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.408, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  76. L'espérance de posséder les choses rend-elle plus heureux que la possession de ces choses ? Répondre à cette question impliquerait la connaissance d'un thermomètre du bonheur.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.410, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  77. La hardiesse sans jugement est dangereuse ; le jugement sans hardiesse, inutile.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.410, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  78. Savoir sans vouloir ne crée pas de pouvoir.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.411, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  79. La vieillesse représente souvent une forme peu atténuée de la servitude.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.411, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  80. L'injustice dont on profite devient vite de la justice.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.411, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  81. Les idées fixes rendent impossible la perception des réalités les plus visibles. Bien voir est souvent aussi difficile que prévoir.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.413, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)