Citations ajoutées le 19 août 2006

  
Pierre Corneille

  1. Que c'est un sort fâcheux et triste que le nôtre1
    De ne pouvoir régner que sous les lois d'un autre ;
    Et qu'un sceptre soit cru d'un si grand poids pour nous,
    Que pour le soutenir il nous faille un époux !
    1 Reine.

    (Don Sanche d'Aragon acte 1, sc. 2 (D. Isabelle), p.512, in Théâtre complet, Éd. RVG, 1986)
     
  2. Ma valeur est ma race, et mon bras est mon père.
    (Don Sanche d'Aragon acte 1, sc. 3 (Carlos), p.514, in Théâtre complet, Éd. RVG, 1986)
     
  3. Vois par là ce que c'est, Blanche, que d'être reine :
    Comptable de moi-même au nom de souveraine,
    Et sujette à jamais du trône où je me voi,
    Je puis tout pour tout autre, et ne puis rien pour moi.
    O sceptres ! s'il est vrai que tout vous soit possible,
    Pourquoi ne pouvez-vous rendre un coeur insensible ?
    Pourquoi permettez-vous qu'il soit d'autres appas,
    Ou que l'on ait des yeux pour ne les croire pas ?

    (Don Sanche d'Aragon acte 2 , sc. 1 (D. Isabelle), p.518, in Théâtre complet, Éd. RVG, 1986)
     
  4. Et l'honneur aux grands coeurs est plus cher que la vie.
    (Don Sanche d'Aragon acte 1 , sc. 1 (Blanche), p.518, in Théâtre complet, Éd. RVG, 1986)
     
  5. Les rois peuvent douter de leur toute-puissance :
    Qui la hasarde alors n'en sait pas bien user :
    Et qui veut pouvoir tout ne doit pas tout oser.

    (Don Sanche d'Aragon acte 1, sc. 1 (D. Isabelle), p.518, in Théâtre complet, Éd. RVG, 1986)
     
  6. Quand deux occasions pressent un grand courage,
    L'honneur à la plus proche avidement l'engage,
    Et lui fait préférer, sans le rendre inconstant,
    Celle qui se présente à celle qui l'attend.

    (Don Sanche d'Aragon acte 2, sc. 4 (Carlos), p.522, in Théâtre complet, Éd. RVG, 1986)
     
  7. Tout l'honneur d'un amant, c'est d'être amant fidèle ;
    (Don Sanche d'Aragon acte 3, sc. 1 (D. Elvire), p.522, in Théâtre complet, Éd. RVG, 1986)
     
  8. Qui n'aime que par force aime qu'on le néglige ;
    (Don Sanche d'Aragon acte 3, sc. 4 (D. Isabelle), p.524, in Théâtre complet, Éd. RVG, 1986)
     
  9. Quand vous m'aurez vaincu vous me raillerez mieux :
    La raillerie est belle après une victoire ;
    On la fait avec grâce aussi bien qu'avec gloire.
    Mais vous précipitez un peu trop ce dessein.

    (Don Sanche d'Aragon acte 4, sc. 2 (Carlos), p.528, in Théâtre complet, Éd. RVG, 1986)
     

Aldous Huxley

  1. [...] un livre sur l'avenir ne peut nous intéresser que si les prophéties ont l'apparence de choses dont la réalisation peut se concevoir.
    (Le meilleur des mondes (Préface), trad. Jules Castier , p.12, Livre de poche, n°346|347)
     
  2. Les plus grands triomphes, en matière de propagande, ont été accomplis, non pas en faisant quelque chose, mais en s'abstenant de faire. Grande est la vérité, mais plus grand encore du point de vue pratique, est le silence au sujet de la vérité.
    (Le meilleur des mondes (Préface), trad. Jules Castier, p.19, Livre de poche, n°346|347)
     
  3. À mesure que diminue la liberté économique et politique, la liberté sexuelle a tendance à s'accroître en compensation.
    (Le meilleur des mondes, trad. Jules Castier , p.23, Livre de poche, n°346|347)
     
  4. Car les détails, comme chacun le sait, conduisent à la vertu et au bonheur; les généralités sont, au point de vue intellectuel, des maux inévitables. Ce ne sont pas les philosophes, mais bien ceux qui s'adonnent au bois découpé et aux collections de timbres, qui constituent l'armature de la société.
    (Le meilleur des mondes, trad. Jules Castier , p.30, Livre de poche, n°346|347)
     
  5. Et c'est là [...] qu'est le secret du bonheur et de la vertu, aimer ce qu'on est obligé de faire. Tel est le but de tout conditionnement : faire aimer aux gens la destination sociale à laquelle ils ne peuvent échapper.
    (Le meilleur des mondes, trad. Jules Castier , p.49, Livre de poche, n°346|347)
     
  6. Ce que l'homme a uni, la nature est impuissante à le séparer.
    (Le meilleur des mondes, trad. Jules Castier , p.57, Livre de poche, n°346|347)
     
  7. Les mots peuvent ressembler aux rayons X, si l'on s'en sert convenablement, ils transpercent n'importe quoi. On lit, et l'on est transpercé.
    (Le meilleur des mondes, trad. Jules Castier , p.131, Livre de poche, n°346|347)
     
  8. [...] la clôture courrait, irrésistiblement en ligne droite, symbole géométrique du dessein humain triomphant.
    (Le meilleur des mondes, trad. Jules Castier , p.185, Livre de poche, n°346|347)
     
  9. [...] l'attention tremblante de l'extrême vieillesse.
    (Le meilleur des mondes, trad. Jules Castier , p.193, Livre de poche, n°346|347)
     
  10. L'une des fonctions principales d'un ami consiste à subir (sous une forme plus douce, et symbolique) les châtiments que nous désirerions, sans le pouvoir, infliger à nos ennemis.
    (Le meilleur des mondes, trad. Jules Castier , p.303, Livre de poche, n°346|347)
     
  11. Le bonheur est un maître exigeant, - surtout le bonheur d'autrui.
    (Le meilleur des mondes, trad. Jules Castier , p.381, Livre de poche, n°346|347)
     
  12. On croit les choses parce qu'on a été conditionné à les croire. L'art de trouver de mauvaises raisons à ce que l'on croit en vertu d'autres mauvaises raisons, c'est cela, la philosophie.
    (Le meilleur des mondes, trad. Jules Castier , p.394, Livre de poche, n°346|347)
     
  13. Mais qui dit chasteté, dit passion ; qui dit chasteté, dit neurasthénie. Et la passion et la neurasthénie, c'est l'instabilité. Et l'instabilité, c'est la fin de la civilisation. On ne peut avoir une civilisation durable sans une bonne quantité de vices aimables.
    (Le meilleur des mondes, trad. Jules Castier , p.397, Livre de poche, n°346|347)
     

Gilles Lazuech

  1. Ainsi, il n'y a de « confiance aveugle », que lorsque certaines conditions sociales et historiques de production du sentiment de confiance aveugle se trouvent réunies.
    (Toute confiance est d'une certaine manière confiance aveugle (Anthony Giddens), p.13, Pleins Feux, coll. Variations, 2002)
     
  2. Si la « société » est de moins en moins un espace d'interconnaissance, elle est, en revanche, de plus ne plus un espace d'interdépendance, dans lequel les décisions prises par certains, individus ou organismes, peuvent avoir des conséquences importantes sur des groupes non directement engagés dans l'action et souvent ignorants de celle-ci.
    (Toute confiance est d'une certaine manière confiance aveugle (Anthony Giddens), p.22, Pleins Feux, coll. Variations, 2002)
     
  3. [...] Pierre Bourdieu parle de « violence douce et invisible ». La confiance accordée à l'autre sexe, qui conduit à lui déléguer certaines tâches ou à lui reconnaître une compétence spécifique dans telle ou telle activité (« doué par nature pour... », comme ont dit), est l'une des formes les plus subtiles de domination. Ici, le sociologue montre que la confiance, comme mode de relation à l'autre, n'est parfois qu'une forme de ruse sociale.
    (Toute confiance est d'une certaine manière confiance aveugle (Anthony Giddens), p.33, Pleins Feux, coll. Variations, 2002)
     

Étienne Naveau

  1. Le mensonge n'est pas l'erreur, qui est la non-vérité, l'absence de correspondance du discours à la réalité qu'il vise. Un mensonge peut être vrai, mais il n'est jamais sincère. Mentir revient, en effet, non pas à dire ce qui n'est pas ou à ne pas dire ce qui est - ce qui définit l'erreur selon Aristote - , mais à dire ce qu'on ne pense pas, ou à ne pas dire ce qu'on pense.
    (La foule, c'est le mensonge (Kierkegaard), p.9, Pleins Feux, coll. Variations, 2002)
     
  2. La foule est une masse aveugle qui broie les individus. En diluant la responsabilité qui n'est jamais qu'individuelle, elle représente l'immoralité par excellence, et tout procès de masse s'avère foncièrement injuste. Pour que le jugement ait lieu, il faut dissoudre les foules et faire surgir des personnes.
    (La foule, c'est le mensonge (Kierkegaard), p.15, Pleins Feux, coll. Variations, 2002)
     
  3. Le discours politique ne vise pas d'abord à convaincre, donc à exprimer et à communiquer une vérité objective, mais à persuader, c'est-à-dire à susciter des apparences destinées à émouvoir, donc à influencer l'auditeur.
    (La foule, c'est le mensonge (Kierkegaard), p.17, Pleins Feux, coll. Variations, 2002)
     
  4. [La presse] représente la pire forme de communication : celle qui s'exerce dans l'anonymat.
    (La foule, c'est le mensonge (Kierkegaard), p.19, Pleins Feux, coll. Variations, 2002)
     
  5. Ne peut-on considérer [...] comme le suggère Karl Popper, que la télévision, le média politiquement et techniquement le plus puissant, a pris de nos jours la place de Dieu ? Dans notre civilisation où le bruit règne en maître, le sacré semble se réfugier dans l'écoute d'une télévision, dont le bavardage impose le silence à tous et étouffe la Parole de Dieu. La télévision ne s'octroie-t-elle pas également l'ubiquité divine, en nous transportant, dans une immédiateté et une transparence apparentes, au coeur même des événements dont elle prétend nous faire les contemporains ?
    (La foule, c'est le mensonge (Kierkegaard), p.20, Pleins Feux, coll. Variations, 2002)
     
  6. Mais qu'est-ce au fond que le communautarisme ? C'est à la fois une pensée de la différence, qui rigidifie celle-ci en posant des frontières étanches qui interdisent toute communication et tout mélange entre les groupes humains, et une pensée de l'identité, c'est-à-dire de l'uniformité de tous les membres du groupe. À l'encontre de l'existentialisme qui met l'accent sur la décision de l'individu, le communautarisme prétend que ce dernier est déterminé par une nature immuable et qu'il est défini exhaustivement par une essence, qui est la propriété commune à tous les éléments de l'ensemble.
    (La foule, c'est le mensonge (Kierkegaard), p.19, Pleins Feux, coll. Variations, 2002)