Citations ajoutées le 14 mai 2006

Thierry Crouzet

  1. L'humanité forme un petit monde où nous nous connaissons indirectement presque tous.
    (Le peuple des connecteurs, p.15, Bourin éditeur, 2006)
     
  2. De plus en plus souvent, en défendant la « pensée réseau » et ses implications, je me suis heurté à la « pensée hiérarchique ». J'ai commencé par me demander si je ne pensais pas de travers, puis j'ai compris que mes conflits à répétitions avaient une origine plus profonde. Ils témoignaient du divorce entre deux attitudes irréconciliables : d'un côté l'idée de réseau comme principe d'organisation sociale, de l'autre le refus de croire que nous pouvons nous auto-organiser en l'absence de chef.
    (Le peuple des connecteurs, p.19, Bourin éditeur, 2006)
     
  3. Dans un monde global hautement interconnecté, il faut être irresponsable pour exercer le pouvoir. Un ordinateur imbécile, qui prendrait des décisions au hasard, ne commettrait pas plus d'erreurs qu'un politique averti.
    (Le peuple des connecteurs, p.25, Bourin éditeur, 2006)
     
  4. Être conscient d'appartenir à une structure émergente n'empêche pas cette structure de se former. Réciproquement, nous pouvons collaborer à une structure émergente sans en prendre conscience.
    (Le peuple des connecteurs, p.45, Bourin éditeur, 2006)
     
  5. Après le temps des rois est venu celui des individus. Du point de vue des connecteurs, un président élu au suffrage universel ne diffère guère d'un roi, sinon qu'une assemblée législative pondère sa toute-puissance. Ce pouvoir à deux têtes peut être considéré comme une oligarchie, plusieurs personnes exerçant ensemble l'autorité royale, ou comme un jeu de pouvoirs et de contre-pouvoirs qui se neutralisent. Aucune de ces deux perspectives n'est réjouissante. La seconde, synonyme d'impuissance, est caractéristique de la plupart des démocraties.
    (Le peuple des connecteurs, p.48, Bourin éditeur, 2006)
     
  6. Essayer de comprendre Internet est devenu aussi ardu que de comprendre un organisme vivant.
    (Le peuple des connecteurs, p.66, Bourin éditeur, 2006)
     
  7. Nous avons non seulement de droit à la différence mais le devoir de différence.
    Les sociétés centralisées reposent sur des soldats formatés, les seuls individus aptes à répondre à des ordres. Les sociétés décentralisées se construisent grâce à des rebelles généralistes. Spontanément, ils créent des réseaux sociaux où chaque lien vibre à sa fréquence propre comme autant de notes de musique. De cette cacophonie émerge, par auto-organisation, un accord parfait, jamais un ton monocorde. Le passage de la centralisation à la décentralisation est, pour la société, comme le passage du contrepoint à la polyphonie en musique. Plutôt qu'une voix unique ui se fait écho à elle-même, de multiples lignes mélodiques s'entremêlent et se répondent.

    (Le peuple des connecteurs, p.93, Bourin éditeur, 2006)
     
  8. Je suis toujours surpris de rencontrer des jeunes gens de 20 ans qui ne savent pas programmer. Je crois qu'il leur manque une qualité essentielle pour percevoir la merveilleuse simplicité du monde. L'informatique devrait être une matière fondamentale au même titre que les langues ou les mathématiques. Nous devrions tous savoir écrire, compter et programmer, sinon nous ne pouvons plus comprendre le monde et nous y épanouir.
    - Pour moi, écrit le mathématicien Gregory Chaitin, vous ne comprenez quelque chose que si vous êtes capable de le programmer. (Vous, et personne d'autre !) Autrement, vous ne le comprenez pas vraiment, vous pensez seulement que vous le comprenez.

    (Le peuple des connecteurs, p.98, Bourin éditeur, 2006)
     
  9. Comprendre l'origine d'une guerre, c'est retrouver le minuscule événement, perdu parmi tant d'autres, qui précipite l'état critique vers un état plus stable.
    (Le peuple des connecteurs, p.124, Bourin éditeur, 2006)
     
  10. Nous sommes tous un grain de sable. Nos actions dépendent de la couleur de la zone où nous nous agitons.
    (Le peuple des connecteurs, p.129, Bourin éditeur, 2006)
     
  11. Le réseau est notre Sécurité sociale.
    (Le peuple des connecteurs, p.138, Bourin éditeur, 2006)
     
  12. Expliquer comment fonctionne une intelligence ne rend pas ses créations moins merveilleuses. L'ambition des connecteurs n'est pas de désenchanter le monde mais seulement, en le comprenant mieux, d'y vivre avec moins de préjugés.
    (Le peuple des connecteurs, p.150, Bourin éditeur, 2006)
     
  13. Mieux nous communiquons, plus nous nous libérons de l'influence des chefs. Leur force et leur intelligence ne peuvent plus lutter contre celles de l'ensemble, surtout quand l'ensemble rassemble des millions d'hommes qui dialoguent à la vitesse de la lumière.
    (Le peuple des connecteurs, p.155, Bourin éditeur, 2006)
     
  14. Notre cerveau a le don de connecter des faits. Parfois ces connexions conduisent à des découvertes scientifiques, parfois à des oeuvres d'art, le plus souvent à des affabulations.
    (Le peuple des connecteurs, p.163, Bourin éditeur, 2006)
     
  15. L'hypothèse de Wolfram, que le monde est bâti à partir de quelques lignes de code, n'est pas plus incroyable que celles qui exigent une divinité. Elle est même beaucoup plus plausible quand on observe les formes admirables créées par les automates cellulaires.
    (Le peuple des connecteurs, p.193, Bourin éditeur, 2006)
     
  16. Entre cinéma et littérature, théâtre d'improvisation et opéra, [le jeu de rôle] se veut un art total comme le rêvait Wagner. Un art où l'artiste et le spectateur créent en même temps, dialoguent continûment, inventent sans cesse des situations inattendues. Dans certaines circonstances, il est vrai exceptionnelles, le jeu de rôle procure des expériences esthétiques bouleversantes.
    (Le peuple des connecteurs, p.210, Bourin éditeur, 2006)
     
  17. L'approche évolutionniste semble la seule adaptée à la résolution de problèmes complexes que notre entendement n'est pas capable d'englober d'un seul élan. Nous ne programmerons pas les machines intelligentes du futur, nous les laisserons évoluer dans le cyberespace.
    (Le peuple des connecteurs, p.235, Bourin éditeur, 2006)
     
  18. [...] le hacker n'est pas qu'un hors-la-loi, c'est aussi un fou de technologie qui sait que de l'effervescence propre à tout bouillonnement culturel peut jaillir de la nouveauté. Envoyer un virus sur Internet revient à augmenter la température sous la marmite. Le hacker, ce générateur de chaos dans le monde hiérarchisé et centralisé - dorénavant représenté par les grandes corporations - est le véritable novateur de notre temps.
    (Le peuple des connecteurs, p.240, Bourin éditeur, 2006)
     
  19. Pour nous, il n'y a pas d'autre méthode créatrice que le hasard. Le talent d'un artiste, d'un scientifique ou d'un ingénieur est de saisir les créations hasardeuses, de les organiser, de les relier. Le hasard est un mécanisme pour créer de la nouveauté. Il crée aussi beaucoup de déchets, mais l'évolution a mis en place des processus pour les trier : l'intelligence serait cette aptitude à voir ce qui peut être utile dans la myriade des créations inutiles. À un plus bas niveau, l'émergence serait un facteur de tri des créations hasardeuses.
    (Le peuple des connecteurs, p.250, Bourin éditeur, 2006)
     
  20. Le Web est un métabolisme en cours d'évolution. Il est comme le cerveau des enfants, il noue sans cesse de nouvelles relations. Certaines ne servent à rien, d'autres ne mènent nulle part, se cassent, d'autres encore se trouvent renforcées, une intelligence et une conscience finiront peut-être par émerger de ce processus sans que nous en soyons nécessairement avertis.
    (Le peuple des connecteurs, p.256, Bourin éditeur, 2006)
     
  21. La complexité est inhérente à l'existence puisqu'elle découle de la simplicité.
    (Le peuple des connecteurs, p.272, Bourin éditeur, 2006)
     

Étienne Rey

  1. La chance est le sourire de l'inconnu.
    (La Chance, p.7, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  2. Il y a ceux qui qui attendent qu'elle [la chance] passe devant leur porte, et ceux qui, fût-ce au prix d'un péril, courent à sa rencontre. Il y a les paresseux de la veine et les aventuriers de la veine.
    (La Chance, p.9, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  3. L'espoir n'est qu'une candidature à la chance.
    (La Chance, p.10, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  4. « La fortune, à dit Montaine, a meilleur avis que nous ». Meilleur avis, parce que c'est elle qui décide en dernier ressort.
    (La Chance, p.10, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  5. La chance tourne la morale en dérision, et en général tout ce que l'homme, au cours des siècles, a péniblement édifié ; la vertu, le mérite, l'intelligence, la raison, rien ne tient devant elle ; elle est le principe démoralisateur par excellence. Mais on ne l'en chérit que mieux, parce qu'elle paraît donner plus qu'elle n'ôte ; elle remplace des biens spirituels, facilement illusoires, par la seule réalité : le succès. Elle est comme ces femmes qui détruisent en vous ce que vous avez de meilleur, mais dont on mendie un sourire, qui vous paie de tout.
    (La Chance, p.,13 Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  6. La chance est souvent le nom qu'on donne au mérite d'autrui.
    (La Chance, p.14, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  7. « Il y a hasard, a écrit Henri Poincaré, lorsque de petites causes produisent de grands effets. »
    (La Chance, p.14, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  8. La raison ne doit pas empêcher de se fier au hasard.
    (La Chance, p.15, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  9. La Fortune fournit les occasions, mais c'est l'homme qui les exploite. Il y a un art de savoir faire rendre à la chance son maximum, qui consiste avant tout dans une adaptation immédiate aux circonstances nouvelles nées en dehors de votre volonté.
    (La Chance, p.18, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  10. Qu'est-ce que le pari de Pascal, sinon courir la chance de l'immortalité ? Dieu, c'est la chance suprême d'un joueur : le dernier banco.
    (La Chance, p.19, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  11. La chance est la forme la plus séduisante et la plus flatteuse de la divinité : une divinité qui a l'air de se mettre à votre service particulier, une divinité sans dogmes et sans obligations, sans intentions morales. Ce n'est pas un Dieu qui loue ou qui blâme ; c'est un Dieu qui récompense.
    (La Chance, p.21, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  12. Avoir son étoile, c'est se laisser conduire par la Fortune là où la prudence humaine ne suffit plus.
    (La Chance, p.22, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  13. On apporte sa plus grande chance en naissant.
    (La Chance, p.26, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  14. La chance, comme l'amour, méprise tout ce qui n'est pas elle-même.
    (La Chance, p.33, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  15. L'amour est une des dernières parts que le Destin fasse encore à l'Aventure. C'est pour cela que la chance joue, auprès de lui, un rôle prépondérant.
    (La Chance, p.33, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  16. Aimer, c'est avoir de la chance.
    (La Chance, p.34, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  17. Quand on dit que quelqu'un « quel veinard ! » c'est autant pour le rabaisser que pour l'envier. On a toujours beaucoup de peine, devant la chance des autres, à se décider entre la jalousie et le dédain.
    (La Chance, p.37, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  18. Il y a des succès sans mérite. Il y a aussi des mérites sans succès. Mais on ne trouve pas de succès, si mérité soit-il, où il n'entre pas de chance.
    (La Chance, p.37, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  19. En amour comme à la guerre, la chance est le meilleur des généraux.
    (La Chance, p.38, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  20. L'optimiste crée sa chance, le pessimiste lui fait peur.
    (La Chance, p.43, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  21. Ceux qui tentent la chance en se fiant au seul hasard ne sont pas dignes d'elle.
    (La Chance, p.46, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  22. Dans le domaine de la science, c'est bien rare que ceux qui font des découvertes soient ceux qui en profitent... Les habiles, les veinards sont ceux qui tirent parti des découvertes des autres. Leur chance est préparée, rendue possible par le travail patient, par l'intelligence de quelques hommes supérieurs que la Fortune veut ignorer. La chance, ainsi, est un vol fait au mérite.
    (La Chance, p.51, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  23. La chance, c'est la guigne des autres.
    (La Chance, p.52, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  24. [...] la chance n'est-elle pas, parfois, la plus insolente des aristocraties ?
    (La Chance, p.53, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  25. La chance est la poésie du destin.
    (La Chance, p.54, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  26. On s'attache à la chance, comme à une femme, autant par ce qu'elle vous refuse que par ce qu'elle vous donne.
    (La Chance, p.55, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     
  27. Il y a un art de se faire aimer de la chance, comme il en est un de se faire aimer d'une femme. La fortune est femme, dit-on... Il faut la flatter, l'entourer d'égards, la solliciter habillement sans en avoir trop l'air, patienter avec ses coquetteries, accepter ses mensonges, savoir l'amuser, éveiller en elle un désir, puis, l'instant venu, la brusquer. Et si elle se dérobe encore, ne pas insister : le coup est manqué.
    (La Chance, p.57, Libairie Hachette (Coll. Notes et Maximes), 1928)
     

Jean-Marie Frey

  1. [...] pour comprendre une théorie, il faut percevoir l'adversaire qu'elle se donne.
    (L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté (Rousseau), p.14, Pleins Feux (coll. Variations), 2001)
     
  2. Apprendre la liberté, c'est faire soi-même oeuvre de liberté. Aussi le maître doit-il respecter son élève, en percevant en lui un être perfectible qui a droit à la vérité et qui doit travailler à la réalisation de sa liberté. Ce maître doit en outre tenir devant sa classe un discours cohérent et exigeant envers lui-même, car en cette voie, c'est l'exercice même de la raison qui est donné en exemple. Enfin, il doit être à même de s'engager devant ses élèves, parce que cet engagement est le propre d'une raison qui, en s'exerçant, assume les conséquences de ce qu'elle pense. On perçoit de la sorte pourquoi le maître est bien face à ses élèves et non parmi eux. Il ne regarde pas dans la même direction qu'eux.
    (L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté (Rousseau), p.22, Pleins Feux (coll. Variations), 2001)
     
  3. Imagine-t-on un seul instant qu'un enfant sera préparé à la liberté par un être servile, un exécutant docile ? Qui voudrait confier son enfant à un tel éducateur ?
    (L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté (Rousseau), p.24, Pleins Feux (coll. Variations), 2001)
     
  4. Préparer l'élève à l'autonomie, ce n'est pas le préparer seulement à s'adapter à ce qui est ; c'est aussi le préparer à transformer ce qui est.
    (L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté (Rousseau), p.24, Pleins Feux (coll. Variations), 2001)
     
  5. [...] au nom du bonheur, le nationalisme exprime toujours une logique de purification ethnique, de violence, de souffrance, et de mort.
    (L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté (Rousseau), p.32, Pleins Feux (coll. Variations), 2001)
     
  6. On pourrait enfin ironiser sur la substitution de la notion de communauté à celle de la classe sociale, et penser que la valorisation de la première par ceux qui, hier, mettaient la seconde au premier plan, manifeste une propension à toujours rattacher l'individu à un être collectif. Ainsi s'expliquerait le passage du collectivisme révolutionnaire au communautarisme politiquement correct.
    (L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté (Rousseau), p.35, Pleins Feux (coll. Variations), 2001)
     
  7. Religion, sexualité, origine ethnique, etc., ne définissent en rien le citoyen. Il n'y a en ces domaines que des éléments de différenciation, qui ne regardent que celui qui en hérite ou qui les choisit. En un mot, il faut dire que dans l'espace public, la différence doit être indifférente.
    (L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté (Rousseau), p.40, Pleins Feux (coll. Variations), 2001)