Citations ajoutées le 05 novembre 2005

Marie de Solemne

  1. Apprendre à vivre avec l'incertitude pour conserver notre liberté de penser et d'agir, voilà vraisemblablement le défi que, nous, hommes et femmes du troisième millénaire, avons à relever : des hommes et des femmes à qui l'immense essor de la technologie et de l'industrialisation a fait oublier que, dans le meilleur des cas, nos certitudes ne peuvent être que provisoires, et que l'exposition au risque appartient à la condition humaine.
    (Le mal d'incertitude, p.14, Éd. Dervy, 2002)
     
  2. Pour dire à quelqu'un qu'on ne l'aime pas, il faut énormément l'aimer, lui faire confiance ! Car, lorsque nous disons à quelqu'un que nous ne l'aimons pas, nous craignons terriblement qu'il ne nous aime plus...
    (Le mal d'incertitude, p.160, Éd. Dervy, 2002)
     
  3. La richesse de pauvres...
    Ne rien attendre,
    Tout désirer.
    Ne pas tricher,
    Et se laisser surprendre.

    (Le mal d'incertitude, p.176, Éd. Dervy, 2002)
     

  
Henning Mankell

  1. De nos jours, en tant que policier, on essaie moins de faire respecter la loi que d'imposer des limites à peu près tolérables à l'illégalité.
    (Avant le gel, trad. Anna Gibson , p.48, Seuil/Policiers, 2005)
     
  2. Existait-il expression plus forte de l'autonomie humaine ? Oser franchir le fossé, oser d'enfoncer dans la forêt originelle, oser disparaître aux regards et, ainsi, cesser d'être.
    (Avant le gel, trad. Anna Gibson , p.76, Seuil/Policiers, 2005)
     
  3. [Il] lui avait enseigné qu'il y avait deux sortes d'humains: ceux qui choisissaient la ligne droite, la plus courte, la plus rapide, et les autres, qui cherchaient le détour ouvrant sur l'imprévu, les courbes et les dénivelés.
    (Avant le gel, trad. Anna Gibson , p.76, Seuil/Policiers, 2005)
     
  4. Rien n'est plus attirant, plus magique que d'emprunter un nouveau sentier pour la première fois. J'ai encore l'espoir de découvrir un jour le sentier qui se révélera être une pure oeuvre d'art, un sentier sans but, un sentier créé uniquement afin d'être là.
    (Avant le gel, trad. Anna Gibson , p.77, Seuil/Policiers, 2005)
     
  5. [...] il existe une vérité fondamentale dans [le métier de policier]. L'inexplicable ne se produit presque jamais. En tant que policier, tu apprends à distinguer l'inexplicable de l'inattendu.
    (Avant le gel, trad. Anna Gibson, p.88, Seuil/Policiers, 2005)
     
  6. Les plus grands mensonges sont parfois des mensonges par omission.
    (Avant le gel, trad. Anna Gibson , p.132, Seuil/Policiers, 2005)
     
  7. [...] je réserve dans l'année un certain nombre de semaines, appelons-les blanches, appelons-les noires, où je n'accorde aucun intérêt, quel qu'il soit, au monde qui m'entoure. Quand j'émerge de cette abstinence médiatique, il s'avère toujours que je n'ai rien raté d'important. Nous vivons sous une pluie crépitante de désinformation et de rumeurs, avec un nombre très réduit de nouvelles décisives. Au cours de ces semaines d'abstinence, je me consacre à la recherche d'une autre sorte d'informations : celles que j'ai en moi.
    (Avant le gel, trad. Anna Gibson , p.340, Seuil/Policiers, 2005)
     
  8. Quand on travaille avec des clés, la vie ne peut jamais devenir ennuyeuse [...]. Ouvrir et fermer, voilà la mission réelle de l'homme sur terre. Les trousseaux résonnent à travers les âges. Chaque clé, chaque serrure a son histoire.
    (Avant le gel, trad. Anna Gibson , p.343, Seuil/Policiers, 2005)
     

Alain Ehrenberg

  1. [La dépression] est une pathologie de l'estime de soi, car c'est notre valeur personnelle qui est en jeu. On peut la définir socialement comme une pathologie de la grandeur.
    (Le mal d'incertitude (Marie de Solemne), p.20, Éd. Dervy, 2002)
     
  2. D'ailleurs, Lévi-Strauss eut, en 1960, une très forte intuition dans son livre « La Pensée sauvage » où il dit, en substance : « Dans notre civilisation, tout se passe comme si chaque individu avait sa personnalité pour totem ».
    Nous assistons en effet à une totémisation de soi d'où, évidemment, la question de l'identité.

    (Le mal d'incertitude (Marie de Solemne), p.33, Éd. Dervy, 2002)
     
  3. Si la névrose est une façon de désigner des problèmes créés par une société de discipline, d'interdits, de conformité, etc., la dépression, elle, est une manière d'exprimer les difficultés engendrées par une société de choix total, de performances individuelles, d'actions et d'initiatives individuelles.
    Si la question de la névrose est celle du désir (c'est ce que nous enseigne la psychanalyse), la question de la dépression est celle de la valeur : suis-je à la hauteur ? qu'est-ce que je vaux ?

    (Le mal d'incertitude (Marie de Solemne), p.35, Éd. Dervy, 2002)
     

Marc Lachièze-Rey

  1. [Le doute] est clairement ami ! Je ne peux pas m'imaginer vivre sans lui.
    D'ailleurs, il plus qu'un ami : le doute, c'est moi...

    (Le mal d'incertitude (Marie de Solemne), p.92, Éd. Dervy, 2002)
     

Gérard Israël

  1. [...] lorsqu'on nous assène une vérité, si nous n'en doutons pas, elle n'est plus une vérité.
    Le doute fonde la vérité. Et ce fait paradoxal est fondamental.

    (Le mal d'incertitude (Marie de Solemne), p.47, Éd. Dervy, 2002)
     
  2. La certitude est l'aboutissement, mais le doute est la méthode.
    (Le mal d'incertitude (Marie de Solemne), p.48, Éd. Dervy, 2002)
     
  3. [...] le doute ne s'oppose pas à la compréhension.
    Nous pouvons comprendre, tout en doutant. C'est cela la philosophie. Sinon [...] nous sommes enfermés dans un cercle de scepticisme qui ne débouche sur rien.

    (Le mal d'incertitude (Marie de Solemne), p.49, Éd. Dervy, 2002)
     
  4. L'homme est éternel. Non pas l'humanité, mais l'homme.
    L'homme est éternel parce qu'il pense et, tant qu'il pense, il accède à l'éternité, il accède à une pensée éternelle.

    (Le mal d'incertitude (Marie de Solemne), p.54, Éd. Dervy, 2002)
     

Malek Chebel

  1. Ainsi, la différence fondamentale entre ces deux états [être dans le doute, être dans l'incertitude] est que, lorsque je suis dans le doute, je suis déjà ailleurs, je ne m'intéresse donc plus à la certitude - du moins banale -, nous pourrions même dire que je suis dans une certitude de l'incertitude !
    (Le mal d'incertitude (Marie de Solemne), p.98, Éd. Dervy, 2002)
     
  2. Nous ne sommes que des trajectoires, nous sommes comme des lumières dans la nuit, qui rapidement s'éteindra.
    (Le mal d'incertitude (Marie de Solemne), p.100, Éd. Dervy, 2002)
     
  3. [...] si une personne qui commence à savoir ne doute pas d'elle-même, elle devient alors redoutable pour les autres, car éprise de pouvoir.
    (Le mal d'incertitude (Marie de Solemne), p.100, Éd. Dervy, 2002)
     
  4. Le désir est un doute en soi dans la mesure où, si nous étions comblés, il n'y aurait pas de désir, donc pas de vie.
    D'une certaine façon, le désir est la traduction d'un doute, ou la peur d'être face à des certitudes.

    (Le mal d'incertitude (Marie de Solemne), p.121, Éd. Dervy, 2002)
     
  5. Quelqu'un qui a été libre ne peut pas un instant accepter ne serait-ce qu'une part infime d'aliénation.
    La liberté produit de la liberté.

    (Le mal d'incertitude (Marie de Solemne), p130., Éd. Dervy, 2002)
     

Stéphane Audeguy

  1. [...] tout nuage en somme est la métamorphose d'un autre.
    (La théorie des nuages, p.13, Gallimard/NRF, 2005)
     
  2. Les hommes reçoivent à leur naissance un prénom et un nom; ensuite ils les accomplissent, ou bien les contredisent, ou les effacent, ou les modifient.
    (La théorie des nuages, p.14, Gallimard/NRF, 2005)
     
  3. [...] le cerveau est ce nuage dans l'homme qui le rattache au ciel.
    (La théorie des nuages, p.24, Gallimard/NRF, 2005)
     
  4. Comme ceux de tous les semi-pauvres, les revenus de Virginie Latour se présentent généralement sous la forme la plus économiquement désavantageuse, la plus humainement vexatoire qui soit : le salaire.
    (La théorie des nuages, p.29, Gallimard/NRF, 2005)
     
  5. Une forme de bêtise habite toute pensée [...]
    (La théorie des nuages, p.45, Gallimard/NRF, 2005)
     
  6. Les coups de foudre existent en amitié plus souvent qu'en amour.
    (La théorie des nuages, p.50, Gallimard/NRF, 2005)
     
  7. Les nuages [...] sont un casse-tête dangereusement simple.
    (La théorie des nuages, p.54, Gallimard/NRF, 2005)
     
  8. [...] un exemple, le plus connu de tous, mais qui n'est pas connu du tout, comme tous les exemples de spécialiste.
    (La théorie des nuages, p.55, Gallimard/NRF, 2005)
     
  9. On ne peint pas pour faire de la peinture, ou même pour être peintre : seuls les amateurs en sont là, On peint pour des raisons plus profondes et qui n'ont rien à voir avec la carrière ; ce qui est essentiel pour un peintre, c'est le rapport entre son art et tout ce qui n,est pas la peinture, c'est ce désir de capter les couleurs et les saveurs du monde.
    (La théorie des nuages, p.62, Gallimard/NRF, 2005)
     
  10. [...] un menteur habile ne propose jamais une vérité monolithique, qui sentira toujours trop la confection ; il compose plutôt un ensemble de petits détails qui, isolément, ne prouvent rien  mais qui, par leur dissémination même, provoque une impression de vraisemblance.
    (La théorie des nuages, p.86, Gallimard/NRF, 2005)
     
  11. Inventer quelque chose avant qu'en soit ouverte la possibilité technique cela s'appelle, au royaume des sciences, un échec cuisant [...]
    (La théorie des nuages, p.114, Gallimard/NRF, 2005)
     
  12. Pour la première fois de sa vie, Richard Abercrombie est confronté au vacarme obscène de la nature sous sa forme la plus grandiose et la plus véhémente : une jungle. Ce n'est pas tant le vacarme en soi qui l'abasourdit, mais, au sein de ce tohu-bohu, l'absence totale de sonorité humaine. La jungle bruit selon ses propres lois, insoucieuse des hommes qui croient l'explorer. Dans les forêts où l'homme vient régulièrement chasser, à proximité des villes, dans toute l'Europe et particulièrement en Angleterre, les animaux ont depuis longtemps appris à se taire à l'approche de l'homme, à le fuir comme le prédateur suprême : cette créature qui tue contre nature, sans que la nécessité de survivre l'y force. Le silence apaisant de nos campagnes n'est que le signe tangible de la terreur que l'homme fait régner.
    (La théorie des nuages, p.199, Gallimard/NRF, 2005)
     
  13. [...] résister à des imbéciles est épuisant [...]
    (La théorie des nuages, p.210, Gallimard/NRF, 2005)
     
  14. Rien au monde de plus fascinant que les nuages, sinon l'océan ; mais là est le danger. Car rien aussi n'est plus vain, plus trompeur, plus stupéfiant que cette matière toujours changeante, toujours renouvelée  et que l'on peut si aisément s'épuiser à vouloir décrire, comprendre, dominer.
    (La théorie des nuages, p.280, Gallimard/NRF, 2005)
     
  15. [...] un inventeur contribue de façon décisive à rendre ses propres travaux abérrants, puisqu'il ouvre la possibilité de les dépasser.
    (La théorie des nuages, p.282, Gallimard/NRF, 2005)