Citations ajoutées le 08 septembre 2014

Jean-Baptiste Biot

  1. C'est une belle application des sciences exactes que d'avoir su déterminer les dimensions de ce globe que nous habitons, et d'avoir fait de sa grandeur même le type invariable d'une mesure universelle , dont les subdivisions servent à arpenter nos champs, et les multiples pour évaluer les espaces célestes.
    (Recueil d'observations géodésiques, p.V. Courcier, Paris, 1821)
     

Louis-Pierre Anquetil

  1. Tel est le naturel des hommes : s'ils n'ont pas de grands sujets de querelle, ils s'en font de petits, qui ont les effets des grands pour le malheur de l'humanité.
    (État de l'Europe avant la paix de Westphalte en 1648 dans Mémoires de l'Institut national des sciences et des arts, Sciences morales et politiques, T.1, p.19, Baudouin, Paris, 1798)
     

René d' Argenson

  1. Ce n'est ni l'art ni la difficulté surmontée qui m'attachent et que j'admire. Mon esprit n'est point si curieux de l'esprit des autres ; mais mon imagination aime les images. Il me semble qu'à la lecture de nos vieux romanciers, le bonheur me pénètre par tous les pores.
    (Mémoires du Marquis d'Argenson, p.406, Baudouin, Paris, 1825)
     
  2. Les auteurs sont naturellement d'honnêtes gens, peu versés dans l'intrigue. Ils écrivent par besoin de communiquer leurs pensées. Rarement ils montent à la tribune pour prêcher le mal. Le mal est plus discret que cela. Les gens de lettres sont communément gens de bien, et l'on gagne à les pratiquer.
    (Mémoires du Marquis d'Argenson, p.407, Baudouin, Paris, 1825)
     
  3. Je suis grand extrayeur et notateur ; et les remarques que j'ai faites sur mes lectures composent déjà plusieurs gros volumes. Elles ne seront pas inutiles à mon fils, s'il veut jamais former le catalogue raisonné de sa bibliothéque.
    (Mémoires du Marquis d'Argenson, p.407, Baudouin, Paris, 1825)
     
  4. Que nos jeunes gens se pénètrent bien de cette maxime, qui est exactement vraie, que plus on lit plus on a d'esprit. Ce sont les idées nouvelles que la lecture nous suggère, les réflexions qui nous les rendent propres, qui augmentent nos lumières, nous donnent à penser, étendent nos spéculations, forment notre expérience; en sorte que, qui a beaucoup d'esprit, en aurait plus encore s'il avait lu davantage.
    (Mémoires du Marquis d'Argenson, p.407, Baudouin, Paris, 1825)
     
  5. Celui qui n'a jamais lu et ne lit jamais est assurément un ignorant, sujet à dire des absurdités qui font qu'on se moque de lui. L'usage du monde, et les conversations même des gens d'esprit, ne mettent point un pareil homme à l'abri du ridicule. Mais aussi, qui n'a fait que lire et étudier, et n'a jamais fréquenté le monde et la bonne compagnie, devient un pédant lourd et impoli, et dit aussi des absurdités dans un autre genre. Car, de même que le monde n'apprend pas tout sans les livres, ainsi les livres ne sauraient suppléer à l'usage du monde.
    (Mémoires du Marquis d'Argenson, p.407, Baudouin, Paris, 1825)
     
  6. Inspirer l'intérêt est le grand art de tout auteur qui fait un livre. [...] Mais ce n'est pas tout que d'inspirer l'intérêt, il faut le soutenir jusqu'à la fin de l'ouvrage : hoc opus, hic labor est.
    (Mémoires du Marquis d'Argenson, p.412, Baudouin, Paris, 1825)
     
  7. Il ne faut pas croire que ce soit l'imagination qui mène les pensées loin. Au contraire, c'est le jugement ; parce que celui-ci s'élève et approfondit toujours sur une ligne droite, allant de conséquence en conséquence ; au lieu que l'imagination va par bonds et par sauts, et s'égare, faute de s'attacher à aucun objet fixe.
    (Mémoires du Marquis d'Argenson, p.412, Baudouin, Paris, 1825)
     

Émile Augier

  1. L'amour est une guerre entre nous et les hommes
    Où, dès qu'ils ne sont plus victimes, nous le sommes;
    Or, dans un tel combat, où tout coup vise au coeur,
    Celui qui n'en a pas est toujours le vainqueur.

    (L'Aventurière (Clorinde), acte 2, sc. 1, Michel Lévy, 1870)
     
  2. Un ivrogne ressemble au céleste flambeau,
    Au soleil, n'en déplaise à ta vieille faconde :
    Tout tourne autour d elui : c'est le centre du monde !

    (L'Aventurière (Annibal), acte 2, sc. 5, Michel Lévy, 1870)
     
  3. Vous ne comprenez pas, n'ayant jamais eu faim
    Qu'on renonce à l'honneur pour un morceau de pain.

    (L'Aventurière (Clorinde), acte 3, sc. 5, Michel Lévy, 1870)
     
  4. Eh bien ! je vous le dis : on doit le même courage
    Aux femmes sans pudeur qu'aux hommes sans courage
    Car le droit au respect, la première grandeur,
    Pour nous c'est le courage et pour vous la pudeur.

    (L'Aventurière (Fabrice), acte 4, sc. 5, Michel Lévy, 1870)
     
  5. [...]La mort n'est effroyable
    Que lorsqu'elle nous prend quelque bien regrettable ;
    Mais moi, pour qui la vie est un logn bâillement,
    J'ai raison de mourir et dois mourir gaîment.
    Rien ne vaut un regret dans tout ce que je quitte.

    (La ciguë (Clinias), acte 1, sc. 1, Furne et Cie, 1844)
     
  6. [...] Le célibat m'ennuie;
    Il convient à vingt ans quand tout rit dans la vie;
    Mais lorsque l'âge, auquel le coeur même est soumis,
    A refroidi nos goûts, dispersé nos amis,
    Alors le célibat, morne, désert et rude,
    N'est plus la liberté, mais bien la solitude.

    (La ciguë (Cléon), acte 2, sc. 2, Furne et Cie, 1844)
     
  7. Si vous pouviez savoir quelle âcre jouissance,
    C'est de voir ceux qu'on aime heureux par sa souffrance !

    (Paul Forestier (Forestier), acte 1, sc. 8, Michel Lévy, 1868)
     
  8. [...] Ah ! l'art, cher père, l'art !
    Quel bienfait du bon Dieu ! quelle admirable chose !
    Comme cela soutient ! comme cela repose !

    (Paul Forestier (Paul), acte 2, sc. 2, Michel Lévy, 1868)
     
  9. Il n'y a de vraiment bons que les gens bien portants. Égoïste comme un malade...
    (Le post-scriptum (Lancy), sc. 1, Michel Lévy, 1869)
     
  10. Lorsque la passion est réellement forte,
    Il n'est digue ni mur que son courant n'emporte.

    (Adrienne (Julien), acte 4, sc. 3, Calmann Lévy, 1876)
     
  11. [...] Le mensonge est un âpre tyran
    Qui ne relâche plus ceux qu'une fois il prend.
    Et le ciel juste a fait de ses ignominies
    Le secret châtiment des fautes impunies !

    (Gabrielle (Adrienne), acte 5, sc. 2, Calmann Lévy, 1876)
     
  12. [NDLR : En parlant des enfants.]
    Nous n'existons vraiment que par ces petits êtres
    Qui dans tout notre coeur s'établissent en maîtres,
    Qui prennent notre vie et ne s'en doutent pas
    Et n'ont qu'à vivre heureux pour n'être pas ingrats.

    (Gabrielle (Julien), acte 5, sc. 5, Calmann Lévy, 1876)
     
  13. Toutes les âmes ne sont pas de force à sacrifier la passion du devoir.
    (Madame Caverlet (Henriette), acte 4, sc. 5, Calmann Lévy, 1876)
     
  14. La finesse des hommes ne dépasse jamais leur fatuité.
    (Lions et Renards (Madame Hélier), acte 1, sc. 4, Michel Lévy, 1870)
     
  15. Le coupable seul craint de s'asseoir sur la sellette de l'accusé; pour l'innocent, elle se change en piédestal.
    (Maître Guérin (Guérin), acte 5. sc.2, Michel Lévy, 1865)
     

Auguste Dorchain

  1. [Poète], sois fidèle à la chambre d'étude;
    Prends-y, sur chaque jour, d'une stricte habitude,
    Un temps pour la pensée et pour la solitude.

    Fais-en le port caché, l'abri sûr et charmant
    Où, dans la paix du cloître et le recueillement,
    Tu puisses te trouver toi-même à tout moment.

    Laisse à ses vanités l'oisif qui te réclame,
    Qui, sans même savoir se chauffer à ta flamme,
    Pour dorer son néant ferait brûler ton âme.

    N'ouvre qu'à peu d'amis ton coeur et ta maison,
    Car ils sont rares, ceux qui, sans autre raison,
    Te cherchent pour toi-même et dans toute saison.

    (Préceptes Idans Revue des deux mondes, T.119, p.647, Paris, 1893)