Henning Mankell
1948
  1. Un cadavre était presque toujours le dernier maillon d'une chaîne d'événements longue et complexe. Parfois, on pouvait deviner d'emblée la nature de la chaîne.
    (Les chiens de Riga, trad. Anna Gibson, p.15, Seuil/policier, 2003)
     
  2. Son expérience lui avait appris au moins cela : il n'existait pas de meurtriers ; mais des êtres humains qui commettaient des meurtres.
    (Les chiens de Riga, trad. Anna Gibson, p.132, Seuil/policier, 2003)
     
  3. Bach n'a pas de patrie [...]. Sa musique est partout.
    (Les chiens de Riga, trad. Anna Gibson, p.142, Seuil/policier, 2003)
     
  4. Vieillir, c'est être en proie à l'inquiétude. L'inquiétude envers tout ce qui vous faisait peur quand on était enfant revient quand on est vieux...
    (Meurtriers sans visage, trad. Philippe Bouquet, p.14, Policiers Bourgois, 1994)
     
  5. Chaque fois qu'il pénétrait dans un nouvel appartement, il avait l'impression d'avoir devant les yeux la couverture d'un livre dont il venait de faire l'acquisition. L'appartement lui-même, les meubles, les tableaux, les odeurs, tout cela constituait le titre. Maintenant, il allait se mettre à lire.
    (Meurtriers sans visage, trad. Philippe Bouquet, p.337, Policiers Bourgois, 1994)
     
  6. Pourquoi les hommes devraient-ils courir alors que les plantes qui les nourrissent poussent si lentement ?
    (Le Guerrier solitaire, trad. Christofer Bjurström, p.14, Points P792)
     
  7. C'était une des rares choses qui l'intéressaient encore. Trahir sans être découvert. Répandre des leurres et des illusions. Ses nombreuses années d'activité politique l'avaient convaincu que la seule chose qui subsiste est le mensonge. La vérité habillée en mensonge, ou le mensonge déguisé en vérité.
    (Le Guerrier solitaire, trad. Christofer Bjurström, p.29, Point P792)
     
  8. La colère et le silence n'étaient que les deux faces d'un même comportement.
    (Le Guerrier solitaire, trad. Christofer Bjurström, p.123, Points P792)
     
  9. Vieillir, c'était se retrouver seul.
    (La Cinquième femme, trad. Anna Gibson, p.25, Points P877)
     
  10. La vie était comme un pendule. Elle oscillait entre douleur et répit. Sans arrêt, sans fin.
    (La Cinquième femme, trad. Anna Gibson, p.70, Points P877)
     
  11. Les gens de la campagne sont comme les animaux de la forêt. Ils nous observent. Mais nous ne les voyons pas.
    (La cinquième femme, trad. Anna Gibson, p.99, Points P877)
     
  12. [...] une bonne volonté confuse conduit à de plus grandes catastrophes que la malveillance ou la bêtise.
    (La Cinquième femme, trad. Anna Gibson, p.371, Points P877)
     
  13. L'être humain est un animal qui vit dans le but de résister encore un moment.
    (La Cinquième femme, trad. Anna Gibson, p.440, Points P877)
     
  14. Il y a très peu de gens mauvais. [...] Mais il y a des circonstances mauvaises.
    (La Cinquième femme, trad. Anna Gibson, p.446, Points P877)
     
  15. Il avait appris cet art. Celui de toujours être d'accord.
    (Les Morts de la Saint-Jean, trad. Anna Gibson, p.8, Points P971)
     
  16. À quel moment le normal devient-il anormal ?
    (Les Morts de la Saint-Jean, trad. Anna Gibson, p.69, Points P971)
     
  17. On garde le souvenir des morts. Pourtant, c'est comme s'ils n'avaient jamais existé.
    (Les Morts de la Saint-Jean, trad. Anna Gibson, p.90, Points P971)
     
  18. Chaque chambre a sa respiration. Il faut prêter l'oreille. Une chambre raconte bien des secrets sur la personne qui l'habite.
    (La Muraille invisible, trad. Anna Gibson, p.60, Points P1081)
     
  19. Le plus grand danger de la soumission, c'est lorsqu'elle devient une habitude, lorsqu'elle s'insinue comme un poison paralysant les veines, sans même qu'on s'en aperçoive. Alors, la résignation est un fait accompli. Le dernier rempart est tombé, la conscience est obscurcie et commence lentement à mourir.
    (La Lionne blanche, trad. Anna Gibson, p.14, Seuil, 2004)
     
  20. Un humain qui perd son identité n'est plus un humain. Il devient un animal.
    (La Lionne blanche, trad. Anna Gibson, p.158, Seuil, 2004)
     
  21. On ne connaît personne. Soi-même encore moins que les autres.
    (La Lionne blanche, trad. Anna Gibson, p.225, Seuil, 2004)
     
  22. De longues études, un arbre généalogique prestigieux ou une haute intelligence ne suffisent pas à fabriquer un bon joueur d'échecs...
    (La Lionne blanche, trad. Anna Gibson, p.228, Seuil, 2004)
     
  23. La beauté survivait à tout, à l'humiliation, à la contrainte, à la douleur, tant que subsistait une résistance. La résignation, elle, entraînait la laideur, le tassement, le délabrement mortel.
    (La Lionne blanche, trad. Anna Gibson, p.344, Seuil, 2004)
     
  24. Être seul, c'est vivre avec une absence.
    (Le Fils du vent, trad. Agneta Ségol et Pascale Brick-Aïda, p.176, Seuil, 2004)
     
  25. [...] l'amitié est un miracle; la vie me l'a appris.
    (L'Homme qui souriait, trad. Anna Gibson, p.27, Seuil/Policiers, 2005)
     
  26. [...] la résignation est le lot de chacun. Tout le monde finit terrassé par des forces invisibles. Personne n'y échappe.
    (L'Homme qui souriait, trad. Anna Gibson, p.32, Seuil/Policiers, 2005)
     
  27. Il n'avait jamais appris à maîtriser son rôle de chef. Son statut le dominait complètement.
    (L'Homme qui souriait, trad. Anna Gibson, p.35, Seuil/Policiers, 2005)
     
  28. Tenir les agendas et arroser les plantes de façon impeccable, c'est sans doute deux aspects d'une même chose : une vie où il n'y a pas de place pour le hasard.
    (L'Homme qui souriait, trad. Anna Gibson, p.51, Seuil/Policiers, 2005)
     
  29. La neige, le chaos, les tempêtes. [...] La vie bouge dans tous les sens. Que maîtrise-t-on, au juste ?
    (L'Homme qui souriait, trad. Anna Gibson, p.65, Seuil/Policiers, 2005)
     
  30. [...] la vie consiste en de nombreuses frontières dont nous ne découvrons l'existence qu'à l'instant de les franchir.
    (L'Homme qui souriait, trad. Anna Gibson, p.175, Seuil/Policiers, 2005)
     
  31. La vie est pleine de citations. On en trouve toujours une qui s'adapte.
    (L'Homme qui souriait, trad. Anna Gibson, p.194, Seuil/Policiers, 2005)
     
  32. Plus facile de surveiller un mensonge ingénieusement construit que de découvrir une vérité imprécise.
    (L'Homme qui souriait, trad. Anna Gibson, p.197, Seuil/Policiers, 2005)
     
  33. De nos jours, en tant que policier, on essaie moins de faire respecter la loi que d'imposer des limites à peu près tolérables à l'illégalité.
    (Avant le gel, trad. Anna Gibson , p.48, Seuil/Policiers, 2005)
     
  34. Existait-il expression plus forte de l'autonomie humaine ? Oser franchir le fossé, oser d'enfoncer dans la forêt originelle, oser disparaître aux regards et, ainsi, cesser d'être.
    (Avant le gel, trad. Anna Gibson , p.76, Seuil/Policiers, 2005)
     
  35. [Il] lui avait enseigné qu'il y avait deux sortes d'humains: ceux qui choisissaient la ligne droite, la plus courte, la plus rapide, et les autres, qui cherchaient le détour ouvrant sur l'imprévu, les courbes et les dénivelés.
    (Avant le gel, trad. Anna Gibson , p.76, Seuil/Policiers, 2005)
     
  36. Rien n'est plus attirant, plus magique que d'emprunter un nouveau sentier pour la première fois. J'ai encore l'espoir de découvrir un jour le sentier qui se révélera être une pure oeuvre d'art, un sentier sans but, un sentier créé uniquement afin d'être là.
    (Avant le gel, trad. Anna Gibson , p.77, Seuil/Policiers, 2005)
     
  37. [...] il existe une vérité fondamentale dans [le métier de policier]. L'inexplicable ne se produit presque jamais. En tant que policier, tu apprends à distinguer l'inexplicable de l'inattendu.
    (Avant le gel, trad. Anna Gibson, p.88, Seuil/Policiers, 2005)
     
  38. Les plus grands mensonges sont parfois des mensonges par omission.
    (Avant le gel, trad. Anna Gibson , p.132, Seuil/Policiers, 2005)
     
  39. [...] je réserve dans l'année un certain nombre de semaines, appelons-les blanches, appelons-les noires, où je n'accorde aucun intérêt, quel qu'il soit, au monde qui m'entoure. Quand j'émerge de cette abstinence médiatique, il s'avère toujours que je n'ai rien raté d'important. Nous vivons sous une pluie crépitante de désinformation et de rumeurs, avec un nombre très réduit de nouvelles décisives. Au cours de ces semaines d'abstinence, je me consacre à la recherche d'une autre sorte d'informations : celles que j'ai en moi.
    (Avant le gel, trad. Anna Gibson , p.340, Seuil/Policiers, 2005)
     
  40. Quand on travaille avec des clés, la vie ne peut jamais devenir ennuyeuse [...]. Ouvrir et fermer, voilà la mission réelle de l'homme sur terre. Les trousseaux résonnent à travers les âges. Chaque clé, chaque serrure a son histoire.
    (Avant le gel, trad. Anna Gibson , p.343, Seuil/Policiers, 2005)
     
  41. Il règne toujours une odeur spéciale dans les endroits où la police est passée [...]. Chaque métier laisse des traces olfactives.
    (Le retour du professeur de danse, trad. Anna Gibson , p.53, Seuil/Policiers, 2006)
     
  42. [...] cette vérité policière : la bonne question posée au bon moment permettait d'obtenir plusieurs réponses à la fois.
    (Le retour du professeur de danse, trad. Anna Gibson , p.93, Seuil/Policiers, 2006)
     
  43. Deux personnes écoutent mieux qu'une.
    (Le retour du professeur de danse, trad. Anna Gibson , p.158, Seuil/Policiers, 2006)
     
  44. Je vais bientôt mourir. Je trouve que c'est une grâce d'avoir vécu après Bach. Dans mon calendrier personnel, l'histoire du monde se divise en deux périodes : avant Bach, et après.
    (Le retour du professeur de danse, trad. Anna Gibson , p.239, Seuil/Policiers, 2006)
     
  45. Le silence faisait des allers et retours [...].
    (Le retour du professeur de danse, trad. Anna Gibson , p.300, Seuil/Policiers, 2006)
     
  46. La mer est un rêve qui ne rend pas les armes.
    (Profondeurs, trad. Rémi Cassaigne , p.21, Seuil, 2008)
     
  47. Il n'y a pas de liberté sans lutte.
    (Profondeurs, trad. Rémi Cassaigne , p.21, Seuil, 2008)
     
  48. Qui aura besoin d'un dieu, quand on pourra déterminer la position exacte d'un homme, quand sa position intérieure coïncidera avec sa position dans l'espace ? Tous ceux qui spéculent sur la religion et la superstition devront chercher un autre gagne-pain. Les charlatans et les hydrographes se trouvent irrévocablement de part et d'autre d'une invisible ligne de partage. Pas la ligne de changement de date, ou le méridien zéro, mais la ligne qui sépare ce qu'on peut mesurer de ce qui n'a pas de dimension, et qui par conséquent n'existe pas.
    (Profondeurs, trad. Rémi Cassaigne , p.23, Seuil, 2008)
     
  49. On parle bien de la charge morte d'un navire. Le poids d'un homme peut aussi se convertir en unités mortes.
    (Profondeurs, trad. Rémi Cassaigne , p.33, Seuil, 2008)
     
  50. Courage ou bêtise. Parfois c'est bien la même chose. Surtout chez les militaires.
    (Profondeurs, trad. Rémi Cassaigne , p.57, Seuil, 2008)
     
  51. La guerre, au fond, est toujours une erreur. Ou le résultat d'hypothèses et de conclusions déraisonnables.
    (Profondeurs, trad. Rémi Cassaigne , p.60, Seuil, 2008)
     
  52. Il est difficile d'avoir de la peine pour une personne de cent deux ans. Ces dix dernières années, elle ne m'a plus reconnu. Parfois elle m'a pris pour son défunt mari, mon propre père, donc... L'extrême vieillesse est pour l'âme un champ de bataille plongé dans de profondes ténèbres.
    (Profondeurs, trad. Rémi Cassaigne , p.83, Seuil, 2008)
     
  53. Aucune guerre ne peut être gagnée sans un moment d'improvisation. De la même façon qu'il ne peut y avoir d'art sans la touche d'irrationnel qui est tout simplement le talent de l'artiste.
    (Profondeurs, trad. Rémi Cassaigne , p.117, Seuil, 2008)
     
  54. Il resta longtemps éveillé, il savait qu'elle non plus ne dormait pas. Avait-il jamais existé une plus grande distance entre deux personnes couchées dans le même lit et faisant semblant de dormir ?
    (Profondeurs, trad. Rémi Cassaigne , p.142, Seuil, 2008)
     
  55. Il y a des événements dont les mots aussi ont peur, qu'ils se refusent à traduire.
    (Profondeurs, trad. Rémi Cassaigne , p.181, Seuil, 2008)
     
  56. Dans le voisinage de la mort, les hommes ne cherchent pas seulement à sauver leur vie, ils cherchent aussi à prendre la mort de vitesse.
    (Profondeurs, trad. Rémi Cassaigne , p.202, Seuil, 2008)
     
  57. L'homme travaille sans relâche à rendre ses dieux superflus. C'est un être qui mesure toute chose, un jour il pourra peut-être mesurer et contrôler l'espace et le temps à des échelles encore inconnues. Le surnaturel n'est qu'un jeu d'ombres dansant sur les restes de nos peurs d'enfant.
    (Profondeurs, trad. Rémi Cassaigne , p.279, Seuil, 2008)
     
  58. Un archéologue fouille toujours animé d'un double espoir. Nous ne savons jamais si nous trouvons ce que nous cherchons, ou si nous cherchons ce que nous trouvons.
    (Le cerveau de Kennedy, trad. Rémi Cassaigne , p.13, Seuil, 2009)
     
  59. Les livres de comptes sont la liturgie de notre temps, les comptables en sont les grands prêtres.
    (Le cerveau de Kennedy, trad. Rémi Cassaigne , p.15, Seuil, 2009)
     
  60. Si la vie a un sens, c'est à travers un être humain [...], rien d'autre qu'un être humain.
    (Le cerveau de Kennedy, trad. Rémi Cassaigne , p.36, Seuil, 2009)
     
  61. L'humanité se divise en deux groupes : ceux qui détestent revenir sur leurs pas et ceux qui adorent ça.
    (Le cerveau de Kennedy, trad. Rémi Cassaigne , p.116, Seuil, 2009)
     
  62. Montrant d'un geste la mer, il avait dit qu'aucun artiste ne pouvait peindre une vague de façon crédible. [...] Les vagues montrent aux hommes leurs limites.
    (Le cerveau de Kennedy, trad. Rémi Cassaigne , p.148, Seuil, 2009)
     
  63. Sur une île, il faudrait être fou pour vouloir garder un secret.
    (Le cerveau de Kennedy, trad. Rémi Cassaigne , p.261, Seuil, 2009)
     
  64. On bafoue la mémoire d'un mort en mentant sur sa tombe.
    (Le cerveau de Kennedy, trad. Rémi Cassaigne , p.271, Seuil, 2009)
     
  65. Le cynisme est une défense de façade. Un filtre qui rend la réalité un peu plus douce.
    (Le cerveau de Kennedy, trad. Rémi Cassaigne , p.327, Seuil, 2009)
     
  66. Les longues vies aussi sont courtes.
    (Le cerveau de Kennedy, trad. Rémi Cassaigne , p.347, Seuil, 2009)
     
  67. [...] Peut-être a-t-on parfois des secrets qu'on ignore ?
    (L'Homme inquiet, trad. Anna Gibson, p.38, Seuil/Policiers, 2010)
     
  68. - Presque cinquante balais, c'est ça que tu appelles jeune ?
    - Moi, j'en ai soixante. À cet âge-là, on a déjà franchi le sas.
    - Quel sas ?
    - Qui ne laisse passer que ceux qui sont destinés à vieillir.

    (L'Homme inquiet, trad. Anna Gibson, p.80, Seuil/Policiers, 2010)
     
  69. Quand on a un enfant et que cet enfant à son tour a des enfants - quelque chose est définitivement révolu.
    (L'Homme inquiet, trad. Anna Gibson, p.85, Seuil/Policiers, 2010)
     
  70. Une surface, c'est un truc sur lequel tu dérapes. Ça se vérifie presque toujours.
    (L'Homme inquiet, trad. Anna Gibson, p.103, Seuil/Policiers, 2010)
     
  71. [Nous nous sommes rencontrés] de la manière propre à toutes les rencontres importantes : par le plus grand des hasards.
    (L'Homme inquiet, trad. Anna Gibson, p.134, Seuil/Policiers, 2010)
     
  72. Les gens qui ont été importants, on ne s'en libère jamais tout à fait.
    (L'Homme inquiet, trad. Anna Gibson, p.349, Seuil/Policiers, 2010)
     
  73. Toute sa vie, il s'était efforcé de faire partie des forces positives à l'oeuvre dans le monde et s'il n'y avait pas réussi, eh bien, il n'était pas le seul. Que pouvait-on faire, en tant qu'être humain, sinon s'efforcer ?
    (L'Homme inquiet, trad. Anna Gibson, p.361, Seuil/Policiers, 2010)
     
  74. Les rêves ont une valeur en soi ; on n'est pas obligé de les convertir en pratique.
    (L'Homme inquiet, trad. Anna Gibson, p.398, Seuil/Policiers, 2010)
     
  75. Les enfants donnent le début d'un sens à nos vies, mais les petits-enfants le confirment.
    (L'Homme inquiet, trad. Anna Gibson, p.495, Seuil/Policiers, 2010)