Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
1732-1799
  1. Il y a souvent très loin du mal que l'on dit d'un ouvrage à celui qu'on en pense.
    (Le mariage de Figaro (préface), Presses-Pocket n° 6168, p.101)
     
  2. J'ai pensé, je pense encore, qu'on n'obtient ni grand pathétique, ni profonde moralité, ni bon et vrai comique, au théâtre, sans des situations fortes et qui naissent toujours d'une disconvenance sociale dans le sujet qu'on veut traiter.
    (Le mariage de Figaro (préface), Presses-Pocket n° 6168, p.102)
     
  3. On ne peut corriger les hommes qu'en les faisant voir tels qu'ils sont.
    (Le mariage de Figaro (préface), Presses-Pocket n° 6168, p.104)
     
  4. [...] le théâtre est un géant qui blesse à mort tout ce qu'il frappe.
    (Le mariage de Figaro (préface), Presses-Pocket n° 6168, p.105)
     
  5. Il faut bien que je me cite, puisque c'est toujours moi qu'on attaque.
    (Le mariage de Figaro (préface), Presses-Pocket n° 6168, p.105)
     
  6. Il faut un peu de vraisemblance, même dans les actes vertueux.
    (Le mariage de Figaro (préface), Presses-Pocket n° 6168, p.105)
     
  7. [...] nos jugements sur les moeurs se rapportent toujours aux femmes ; on n'estime pas assez les hommes pour tant exiger d'eux sur ce point délicat.
    (Le mariage de Figaro (préface), Presses-Pocket n° 6168, p.109)
     
  8. Quel diable d'homme, et qu'il est contrariant ! il dit du bien de tout le monde !
    (Le mariage de Figaro (préface), Presses-Pocket n° 6168, p.111)
     
  9. Un homme obscur ou inconnu peut valoir mieux que sa réputation, qui n'est que l'opinion d'autrui.
    (Le mariage de Figaro (préface), Presses-Pocket n° 6168, p.117)
     
  10. [...] plus le gouvernement est sage, est éclairé, moins la liberté de dire est en presse ; chacun y faisant son devoir, on n'y craint pas les allusions.
    (Le mariage de Figaro (préface), Presses-Pocket n° 6168, p.119)
     
  11. De mon style, Monsieur ? Si par malheur j'en avais un, je m'efforcerais de l'oublier quand je fais une comédie, ne connaissant rien d'insipide au théâtre comme ces fades camaïeux où tout est bleu, où tout est rose, où tout est l'auteur, quel qu'il soit.
    (Le mariage de Figaro (préface), Presses-Pocket n° 6168, p.120)
     
  12. Le récit d'un mal trop connu touche peu.
    (Le mariage de Figaro (préface), Presses-Pocket n° 6168, p.122)
     
  13. [...] les vicieux du siècle en sont comme les saints : qu'il faut cent ans pour les canoniser.
    (Le mariage de Figaro (préface), Presses-Pocket n° 6168, p.124)
     
  14. [...] un beau discours imprimé, composé par un homme de bien, auquel il n'a manqué qu'un peu d'esprit pour être un écrivain médiocre.
    (Le mariage de Figaro (préface), Presses-Pocket n° 6168, p.124)
     
  15. Prouver que j'ai raison serait accorder que je puis avoir tort.
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.129)
     
  16. Que les gens d'esprit sont bêtes !
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.130)
     
  17. De toutes les choses sérieuses, le mariage étant la plus bouffonne [...]
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.140)
     
  18. [...] ne faisons point comme ces acteurs qui ne jouent jamais si mal que le jour où la critique est la plus éveillée. Nous n'avons point de lendemain qui nous excuse, nous.
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.146)
     
  19. Se venger de ceux qui nuisent à nos projets en renversant les leurs : c'est ce que chacun fait.
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.148)
     
  20. [...] les gens qui ne veulent rien faire de rien, n'avancent rien, et ne sont bons à rien.
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.149)
     
  21. En vérité, quand la tête se monte, l'imagination la mieux réglée devient folle comme un rêve !
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.175)
     
  22. Mais, feindre d'ignorer ce qu'on sait, de savoir tout ce qu'on ignore ; d'entendre ce qu'on ne comprend pas, de ne point ouïr ce qu'on entend ; surtout de pouvoir au-delà de ses forces ; avoir souvent pour grand secret de cacher qu'il n'y en a point ; s'enfermer pour tailler les plumes, et paraître profond, quand on n'est, comme on dit, que vide et creux ; jouer bien ou mal un personnage ; répandre des espions et pensionner des traîtres ; amollir des cachets ; intercepter des lettres ; et tâcher d'ennoblir la pauvreté des moyens par l'importance des objets : voilà toute la politique, ou je meure !
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.178)
     
  23. [...] dans le vaste champ de l'intrigue, il faut savoir tout cultiver, jusqu'à la vanité d'un sot.
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.181)
     
  24. [...] si le fond des procès appartient aux plaideurs, on sait bien que la forme est le patrimoine des tribunaux.
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.183)
     
  25. [...] toute vérité n'est pas bonne à dire ; [...] toute vérité n'est pas bonne à croire ; [...]
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.196)
     
  26. J'aime ta joie parce qu'elle est folle ; elle annonce que tu es heureux.
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.196)
     
  27. Figaro : Et tu m'aimeras un peu ?
    Suzanne : Beaucoup.
    Figaro : Ce n'est guère.
    Suzanne : Et comment ?
    Figaro : En fait d'amour, vois-tu, trop n'est pas même assez.

    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.196)
     
  28. [...] je ne dispute pas de ce que j'ignore.
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.201)
     
  29. [...] il faut souffrir ce qu'on ne peut empêcher.
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.202)
     
  30. [La jalousie] n'est qu'un sot enfant de l'orgueil, ou c'est la maladie d'un fou.
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.207)
     
  31. On parle comme on sent : mettez le plus glacé des juges à plaider dans sa propre cause, et voyez-le expliquer la loi !
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.209)
     
  32. Ah ! quand l'intérêt personnel ne nous arme point les unes contre les autres, nous sommes toutes portées à soutenir notre pauvre sexe opprimé, contre ce fier, terrible... et pourtant un peu nigaud de sexe masculin.
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.209)
     
  33. [...] l'homme que l'on sait timide est dans la dépendance de tous les fripons.
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.211)
     
  34. Ô femme ! femme ! femme ! créature faible et décevante !... nul animal créé ne peut manquer à son instinct ; le tien est-il donc de tromper ?
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.212)
     
  35. [...] sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur ; [...] il n'y a que les petits hommes, qui redoutent les petits écrits.
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.213)
     
  36. [...] pour gagner du bien, le savoir-faire vaut mieux que le savoir.
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.213)
     
  37. [...] ce moi dont je m'occupe : un assemblage informe de parties inconnues ; [...]
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.214)
     
  38. L'amour... n 'est que le roman du cœur : c'est le plaisir qui en est l'histoire .
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.217)
     
  39. Nos femmes croient tout accomplir en nous aimant : cela dit une fois, elles nous aiment, nous aiment ! (quand elles nous aiment){ et sont si complaisantes, et si constamment obligeantes, et toujours, et sans relâche, qu'on est toujours surpris, un beau soir, de trouver la satiété, où l'on recherchait le bonheur.
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.218)
     
  40. [Les femmes] n'étudient pas assez l'art de soutenir notre goût, de se renouveler à l'amour, de ranimer, pour ainsi dire, le charme de leur possession par celui de la variété.
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.218)
     
  41. [...] quand le déshonneur est public, il faut que la vengeance le soit aussi.
    (Le mariage de Figaro, Presses-Pocket n° 6168, p.224)
     
  42. On rit peu de la gaieté d'autrui, quand on a de l'humeur pour son propre compte.
    (Lettre modérée sur la chute et la critique du Barbier de Séville, Presses-Pocket n° 6168, p.21)
     
  43. On ne s'intéresse guère aux affaires des autres que lorsqu'on est sans inquiétude sur les siennes.
    (Lettre modérée sur la chute et la critique du Barbier de Séville, Presses-Pocket n° 6168, p.21)
     
  44. Après le bonheur de commander aux hommes, le plus grand honneur, Monsieur, n'est-il pas de les juger ?
    (Lettre modérée sur la chute et la critique du Barbier de Séville, Presses-Pocket n° 6168, p.23)
     
  45. Tels sont les hommes : avez-vous du succès, ils vous accueillent, vous portent, vous caressent, ils s'honorent de vous ; mais gardez de broncher : au moindre échec, ô mes amis, souvenez-vous qu'il n'est plus d'amis.
    (Lettre modérée sur la chute et la critique du Barbier de Séville, Presses-Pocket n° 6168, p.24)
     
  46. Les ouvrages de théâtre, Monsieur, sont comme les enfants des femmes. Conçus avec volupté, menés à terme avec fatigue, enfantés avec douleur et vivant rarement assez pour payer les parents de leurs soins, ils coûtent plus de chagrins qu'ils ne donnent de plaisirs.
    (Lettre modérée sur la chute et la critique du Barbier de Séville, Presses-Pocket n° 6168, p.25)
     
  47. [...] il est bien difficile de plaire à des gens qui, par métier, doivent ne jamais trouver les choses gaies assez sérieuses, ni les graves assez enjouées.
    (Lettre modérée sur la chute et la critique du Barbier de Séville, Presses-Pocket n° 6168, p.34)
     
  48. Insensiblement, je tomberais dans le défaut reproché trop justement à nos Français, de toujours faire de petites chansons sur les grandes affaires, et de grandes dissertations sur les petites.
    (Lettre modérée sur la chute et la critique du Barbier de Séville, Presses-Pocket n° 6168, p.39)
     
  49. Il est si doux d'être aimé pour soi-même.
    (Le Barbier de Séville, Presses-Pocket n° 6168, p.41)
     
  50. [Je suis] persuadé qu'un grand nous fait assez de bien quand il ne nous fait pas de mal.
    (Le Barbier de Séville, Presses-Pocket n° 6168, p.44)
     
  51. Votre Excellence connaît-elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes d'être valets ?
    (Le Barbier de Séville, Presses-Pocket n° 6168, p.44)
     
  52. Ô ces femmes ! voulez-vous donner de l'adresse à la plus ingénue ? enfermez-la !
    (Le Barbier de Séville, Presses-Pocket n° 6168, p.47)
     
  53. En occupant les gens de leur propre intérêt, on les empêche de nuire à l'intérêt d'autrui.
    (Le Barbier de Séville, Presses-Pocket n° 6168, p.49)
     
  54. [...] quand on cède à la peur du mal, on ressent déjà le mal de la peur.
    (Le Barbier de Séville, Presses-Pocket n° 6168, p.54)
     
  55. Ah ! fiez-vous à tout le monde, et vous aurez bientôt à la maison une bonne femme pour vous tromper, de bons amis pour vous la souffler et de bons valets pour les y aider.
    (Le Barbier de Séville, Presses-Pocket n° 6168, p.57)
     
  56. [Après avoir écouté en cachette]
    ROSINE : Et vous les avez écoutés, Monsieur Figaro ? Mais savez-vous que c'est fort mal ?
    FIGARO : D'écouter ? C'est pourtant tout ce qu'il y a de mieux pour bien entendre.

    (Le Barbier de Séville, Presses-Pocket n° 6168, p.61)
     
  57. Quelle rage a-t-on d'apprendre ce qu'on craint toujours de savoir !
    (Le Barbier de Séville, Presses-Pocket n° 6168, p.69)
     
  58. En toute espèce de biens, posséder est peu de chose ; c'est jouir qui rend heureux.
    (Le Barbier de Séville, Presses-Pocket n° 6168, p.88)
     
  59. Les femmes aiment beaucoup qu'on les appelle cruelles.
    (Le Barbier de Séville, Presses-Pocket n° 6168, p.92)
     
  60. [...] le plus affreux supplice n'est-il pas de haïr, quand on sait qu'on est faite pour aimer ?
    (Le Barbier de Séville, Presses-Pocket n° 6168, p.93)
     
  61. Les larmes que l'on verse au théâtre, sur des maux simulés, qui ne font pas le mal de la réalité cruelle, sont bien douces. On est meilleur quand on se sent pleurer. On se trouve si bon après la compassion !
    (Un mot sur La mère coupable,, Presses-Pocket n° 6168, p.234)
     
  62. Oh ! ce qu'il dit... n'est pas ce qu'il veut dire ! Mais saisir, en parlant, les mots qui lui échappent, le moindre geste, un mouvement ; c'est là le secret de l'âme !
    (La mère coupable,, Presses-Pocket n° 6168, p.241)
     
  63. Je vois qu'on n'est compatissant que pour les maux qu'on éprouve soi-même.
    (La mère coupable,, Presses-Pocket n° 6168, p.250)
     
  64. Hasard  ! dieu méconnu ! les Anciens t'appelaient destin ! nos gens te donnent un autre nom...
    (La mère coupable,, Presses-Pocket n° 6168, p.257)
     
  65. Quand on craint une chose, tous nos regards se portent vers cet objet trop alarmant : quoi qu'on dise ou qu'on fasse, la frayeur empoisonne tout !
    (La mère coupable,, Presses-Pocket n° 6168, p.270)
     
  66. Ah ! [la politique] est l'art de créer des faits ; de dominer, en se jouant, les événements et les hommes ; l'intérêt est son but ; l'intrigue son moyen : toujours sobre de vérités, ses vastes et riches conceptions sont un prisme qui éblouit.
    (La mère coupable,, Presses-Pocket n° 6168, p.281)
     
  67. [...] la colère chez les bons coeurs, n'est qu'un besoin pressant de pardonner !
    (La mère coupable,, Presses-Pocket n° 6168, p.293)