Louis-Philippe de Ségur
1753-1830
  1. Dans l'enfance tout le monde se donne à nous ; dans la jeunesse nous nous donnons aux autres ; dans la vieillesse nous nous concentrons en nous-mêmes.
    (Pensées, maximes, réflexions (I), p.1, Alexis Eymery,1823)
     
  2. Une mère berce notre enfance ; une maîtresse charme nos jeunes ans ; une épouse console notre vieillesse.
    (Pensées, maximes, réflexions (II), p.1, Alexis Eymery,1823)
     
  3. L'austérité de certains philosophes est la mère de beaucoup de folies.
    (Pensées, maximes, réflexions (III), p.1, Alexis Eymery,1823)
     
  4. L'âme malade est malheureuse comme le corps lorsqu'il est malsain : les passions sont les maladies de l'âme ; sa santé, c'est la raison.
    (Pensées, maximes, réflexions (IV), p.2, Alexis Eymery,1823)
     
  5. Le but de toute sagesse est le bonheur de l'âme ; on ne peut l'y conduire qu'en la maintenant dans un état de justice, de paix, et de calme, au milieu de toutes les agitations du monde et de tous les orages de la vie.
    (Pensées, maximes, réflexions (V), p.2, Alexis Eymery,1823)
     
  6. L'amitié est un besoin pour l'âme : chacun cherche et veut des amis, tout le monde se plaint de la rareté d'un tel trésor ; et cependant l'orgueil nous éloigne de sa recherche. Une foule d'hommes, par vanité, semblent se mettre tellement à l'enchère qu'ils paraissent dédaigner l'amitié qu'on leur offre.
    (Pensées, maximes, réflexions (VI), p.2, Alexis Eymery,1823)
     
  7. L'amour qui vient du coeur s'enflamme par le plaisir, s'accroît par le bonheur, et perfectionne ce qu'il admire ; il éternise ce qu'il éprouve, et divinise ce qu'il aime.
    (Pensées, maximes, réflexions (VII), p.3, Alexis Eymery,1823)
     
  8. Le faux amour n'est pas immortel comme le véritable ; son flambeau s'éteint avec celui du désir : nous oublions ses trompeuses douceurs, et nous ne gardons que le souvenir des chagrins cruels qu'il nous a causés.
    (Pensées, maximes, réflexions (VIII), p.3, Alexis Eymery,1823)
     
  9. Celui qui craint tout croit tout.
    (Pensées, maximes, réflexions (IX), p.3, Alexis Eymery,1823)
     
  10. Dans l'extrême danger, l'extrême audace est sagesse.
    (Pensées, maximes, réflexions (X), p.4, Alexis Eymery,1823)
     
  11. Dans les extrêmes périls, il n'y a souvent de remède qu'une extrême audace.
    (Pensées, maximes, réflexions (XI), p.4, Alexis Eymery,1823)
     
  12. Rien n'est plus mobile que la pusillanimité : consternée au premier revers, elle se relève avec insolence au plus léger succès.
    (Pensées, maximes, réflexions (XII), p.4, Alexis Eymery,1823)
     
  13. L'argent devient toujours rare dans un siècle où tout le monde en veut ; tout se vend alors, la réputation, l'esprit, l'amitié, l'amour.
    (Pensées, maximes, réflexions (XIII), p.4, Alexis Eymery,1823)
     
  14. L'adversité, qui abat les coeurs faibles, grandit les âmes fortes.
    (Pensées, maximes, réflexions (XIV), p.5, Alexis Eymery,1823)
     
  15. L'adversité élève les caractères qu'elle ne dégrade pas.
    (Pensées, maximes, réflexions (XV), p.5, Alexis Eymery,1823)
     
  16. L'amour-propre, toujours maître des hommes, corrompt les forts par l'orgueil et les faibles par la vanité.
    (Pensées, maximes, réflexions (XVI), p.5, Alexis Eymery,1823)
     
  17. La conscience est un juge placé dans l'intérieur de notre être ; il éclaire assez notre âme pour la mettre à portée de distinguer le bien du mal, la vertu du vice, et la vérité de l'erreur.
    (Pensées, maximes, réflexions (XVII), p.5, Alexis Eymery,1823)
     
  18. Quand la lâcheté des hommes trompe le crime et rassure le coupable par de perfides hommages, le ciel place dans l'âme du criminel un juge pour le condamner, un bourreau pour le punir.
    (Pensées, maximes, réflexions (XVIII), p.6, Alexis Eymery,1823)
     
  19. On parle souvent de la conscience : il serait peut-être plus à propos de parler des consciences ; car on en voit de toutes sortes, de toutes tailles, de toutes qualités, de toutes saisons ; il en est de sévères, de douces, de fières, de commodes, de clairvoyantes, d'aveugles, de larges, d'étroites, d'impérieuses, de silencieuses ; elles varient comme les temps, les lieux, les lois, les intérêts, les circonstances, et les partis : elles se ressemblent si peu qu'on conçoit à peine qu'elles soient de la même famille et qu'elles portent le même nom.
    (Pensées, maximes, réflexions (XIX), p.6, Alexis Eymery,1823)
     
  20. C'est une étrange sorte de biens que les conseils : l'avare même en est prodigue ; chacun les donne libéralement ; presque personne n'aime à les recevoir et encore moins à en profiter ; et si parfois on demande un conseil pour la forme, c'est au fond un compliment ou une approbation qu'on peut recevoir.
    (Pensées, maximes, réflexions (XX), p.7, Alexis Eymery,1823)
     
  21. Les conseils qui flattent les passions sont presque toujours les seuls qu'on écoute.
    (Pensées, maximes, réflexions (XXI), p.7, Alexis Eymery,1823)
     
  22. La confiance se donne et ne se commande pas.
    (Pensées, maximes, réflexions (XXII), p.7, Alexis Eymery,1823)
     
  23. Le vrai courage est la première des vertus ; il donne le pouvoir de les pratiquer toutes. Un homme véritablement courageux ne peut être ni esclave, ni tyran, ni superstitieux, ni intrigant, ni traître, ni avare, ni débauché ; son âme résiste à tout, et il est également à l'abri de l'ivresse de la prospérité, de l'abattement du malheur, des conseils pusillanimes de la crainte, des pièges de la flatterie, et de la séduction du vice.
    (Pensées, maximes, réflexions (XXIII), p.8, Alexis Eymery,1823)
     
  24. Souvent le courage, qui résiste avec fierté aux grands malheurs, cède aux contrariétés journalières, et succombe aux chagrins domestiques.
    (Pensées, maximes, réflexions (XXIV), p.8, Alexis Eymery,1823)
     
  25. La lâcheté d'un chef est contagieuse.
    (Pensées, maximes, réflexions (XXV), p.8, Alexis Eymery,1823)
     
  26. Le désir de commander reste le même parmi les hommes, et ne fait que changer de forme, suivant les différences espèces de gouvernement. Chez les sauvages, il faut être le plus fort pour dominer ; sous la domination des rois, la bravoure qui les défend, la flatterie qui caresse leurs passions, sont les seuls moyens d'arriver à la puissance : mais, pour parvenir au gouvernement d'un peuple libre, pour primer parmi ses égaux, il faut avoir la science qui éclaire, l'éloquence qui persuade, le talent qui séduit et entraîne, ou l'héroïsme qui éblouit.
    (Pensées, maximes, réflexions (XXVI), p.9, Alexis Eymery,1823)
     
  27. On commande aux hommes dès qu'on les étonne.
    (Pensées, maximes, réflexions (XXVII), p.9, Alexis Eymery,1823)
     
  28. La colère est à la fois le plus aveugle, le plus violent et le plus vil des conseillers.
    (Pensées, maximes, réflexions (XXVIII), p.10, Alexis Eymery,1823)
     
  29. Dans tous les temps la crédulité adopte plus facilement les relations miraculeuses que les précis fondés sur des causes naturelles.
    (Pensées, maximes, réflexions (XXIX), p.10, Alexis Eymery,1823)
     
  30. Les vices forment une chaîne dont le premier anneau est l'égoïsme.
    (Pensées, maximes, réflexions (XXX), p.10, Alexis Eymery,1823)
     
  31. La division anéantit tout : les individus se perdent par l'égoïsme moral, et les peuples périssent par l'égoïsme politique.
    (Pensées, maximes, réflexions (XXXI), p.10, Alexis Eymery,1823)
     
  32. La plupart des hommes ne sont que trop entraînés par l'égoïsme ; mais ils le cachent, tandis que les princes, plus hardis, le montrent trop souvent sans voile.
    (Pensées, maximes, réflexions (XXXII), p.11, Alexis Eymery,1823)
     
  33. L'égoïsme est un triste fou qui se trompe ; il s'isole, se prive d'autrui, et s'égare, sans compagnon et sans guide, dans le labyrinthe de la vie.
    (Pensées, maximes, réflexions (XXXIII), p.11, Alexis Eymery,1823)
     
  34. L'égoïsme n'est jamais reconnaissant ; il écrit à l'encre le mal qu'on lui cause, et au crayon le bien qu'on lui fait.
    (Pensées, maximes, réflexions (XXXIV), p.11, Alexis Eymery,1823)
     
  35. La vieillesse de l'égoïsme est triste ; il n'a ni compagnon, ni successeur, ni espoir ; il remplit seul maussadement son cercle étroit, comme le limaçon sa coquille ; le passé est pour lui un vide, le présent un désert, et l'avenir le néant.
    (Pensées, maximes, réflexions (XXXV), p.11, Alexis Eymery,1823)
     
  36. L'homme enfant, jeté par le ciel sur la terre, s'y montre nu, faible, sans armes, sans intelligence ; son premier cri est un gémissement, son premier accent est une plainte, sa première sensation est une douleur.
    (Pensées, maximes, réflexions (XXXVI), p.12, Alexis Eymery,1823)
     
  37. L'éducation devrait être regardée partout comme une partie principale de la législation. Les peuples modernes s'occupent assez de l'instruction, qui ouvre l'esprit, et trop peu de l'éducation, qui forme le caractère. Les anciens y pensaient plus que nous ; aussi chaque peuple avait alors un caractère national qui nous manque. Nous livrons l'esprit à l'école, et le caractère au hasard.
    (Pensées, maximes, réflexions (XXXVII), p.12, Alexis Eymery,1823)
     
  38. L'habitude des penchants bons ou mauvais fait le caractère, comme l'habitude des mouvements gracieux ou désagréables fait la physionomie.
    (Pensées, maximes, réflexions (XXXVIII), p.13, Alexis Eymery,1823)
     
  39. L'habitude nous poursuit dans toutes les positions ; elle ne nous quitte quelquefois pas même à l'approche de la mort.
    (Pensées, maximes, réflexions (XXXIX), p.13, Alexis Eymery,1823)
     
  40. L'habitude des bons ou mauvais penchants commence dès la plus tendre enfance.
    (Pensées, maximes, réflexions (XL), p.13, Alexis Eymery,1823)
     
  41. L'âme prend, par habitude ou du bien ou du mal, un bon ou un mauvais pli ; et, lorsqu'il est une fois marqué, rien n'est si difficile que d'en faire disparaître la trace.
    (Pensées, maximes, réflexions (XLI), p.14, Alexis Eymery,1823)
     
  42. Un homme n'est pas vicieux parce qu'il a eu une faiblesse ; il n'est pas vertueux parce qu'il a fait une bonne action : c'est l'habitude des vertus ou des vices qui imprime le caractère de sagesse ou de libertinage, de crime ou de probité.
    (Pensées, maximes, réflexions (XLII), p.14, Alexis Eymery,1823)
     
  43. Les hommes, dans leur bassesse, forgent souvent leurs chaînes, et sa plaignent ensuite de leur esclavage
    (Pensées, maximes, réflexions (XLIII), p.14, Alexis Eymery,1823)
     
  44. La fierté vient de l'âme ; elle est plus souvent un mérite qu'un défaut : c'est une compagne assez ordinaire des grandes vertus ; elle sied au malheur, et relève le courage ; elle est ennemie de toute bassesse ; et si on l'aime rarement, au moins on l'admire presque toujours, lorsqu'elle ne se montre ni trop raide ni trop âpre.
    (Pensées, maximes, réflexions (XLIV), p.15, Alexis Eymery,1823)
     
  45. La fierté résiste plus que l'orgueil.
    (Pensées, maximes, réflexions (XLV), p.15, Alexis Eymery,1823)
     
  46. La bienfaisance, ainsi que les autres vertus, ne vieillit jamais ; elle s'améliore avec l'âge, et devient une habitude.
    (Pensées, maximes, réflexions (XLVI), p.15, Alexis Eymery,1823)
     
  47. On peut faire du bien aux hommes dans toutes les positions, même dans l'indigence.
    (Pensées, maximes, réflexions (XLVII), p.16, Alexis Eymery,1823)
     
  48. Quand les bienfaits n'excitent pas la reconnaissance dans un coeur ambitieux, ils le remplissent de haine et de fureur.
    (Pensées, maximes, réflexions (XLVIII), p.16, Alexis Eymery,1823)
     
  49. La modeste et douce bienfaisance est non seulement une vertu, un devoir, un sentiment, un plaisir ; elle est encore souvent une puissance qui donne plus d'amis que la richesse, et plus de crédit que le pouvoir.
    (Pensées, maximes, réflexions (XLIX), p.16, Alexis Eymery,1823)
     
  50. La bienveillance est la qualité la plus attirante, la plus aimable. Sans elle le mérite n'inspire qu'un froid respect, et le plus beau talent qu'une stérile admiration. Là où elle brille, on peut être presque assuré que la plupart des vices sont absents, vaincus ou chassés.
    (Pensées, maximes, réflexions (L), p.16, Alexis Eymery,1823)
     
  51. Compatir aux erreurs des hommes, être indulgent pour leurs faiblesses, former leurs esprits, traiter doucement leurs maladies morales, les éloigner de l'oisiveté en encourageant leurs travaux, s'occuper activement de tout ce qui peut perfectionner le genre humain, secourir avec constance et courage les opprimés contre l'injustice, éclairer le pouvoir sur les abus de ses agents, opposer l'esprit d'ordre et d'union à l'esprit de discorde et de parti, consoler les infortunés, calmer les passions aigries, concilier par la tolérance les opinions opposées, adoucir les forts, soutenir les faibles, et donner à tous le double exemple de l'amour pour une sage liberté et du dévouement aux lois et au gouvernement sous lequel nous vivons, enfin contribuer de tous nos moyens à rendre heureux les hommes que la nature fit égaux et frères, tels sont les devoirs doux et sacrés de la bienveillance.
    (Pensées, maximes, réflexions (LI), p.17, Alexis Eymery,1823)
     
  52. Le bonheur humain n'est qu'un éclair ; il semble ne briller que pour annoncer l'orage.
    (Pensées, maximes, réflexions (LII), p.18, Alexis Eymery,1823)
     
  53. Chaque vertu est un milieu entre deux vices : la piété, entre la superstition et l'incrédulité ; la prudence, comme le courage, entre la peur et la témérité ; la liberté, entre la servitude et la licence ; la justice, entre la rigueur et la faiblesse. Le bonheur est au bout de ce chemin ; les abîmes du malheur en bordent les deux côtés ; les passions, comme des sirènes, nous y attirent sans cesse ; l'esprit ne fait que montrer la route, c'est le caractère qui la suit : mais les passions sont des tyrans ; pour leur résister, le vouloir n'est rien sans la fermeté.
    (Pensées, maximes, réflexions (LIII), p.18, Alexis Eymery,1823)
     
  54. Les grands peuples ne résistent pas plus que les grands hommes à l'ivresse d'une haute fortune.
    (Pensées, maximes, réflexions (LIV), p.19, Alexis Eymery,1823)
     
  55. Un hasard peut vous faire monter sur le char de la fortune ; mais il vous verse ou ne vous mène à rien, si vous ne savez pas le conduire.
    (Pensées, maximes, réflexions (LV), p.19, Alexis Eymery,1823)
     
  56. La fortune, qu'on divinise, dépend des hommes ; elle est légère pour la témérité, et constante pour la prudence.
    (Pensées, maximes, réflexions (LVI), p.20, Alexis Eymery,1823)
     
  57. Tout le monde adore la fortune, et tout le monde s'en plaint. Nous attribuons ses faveurs à notre mérite, nous la rendons coupable de nos fautes.
    (Pensées, maximes, réflexions (LVII), p.20, Alexis Eymery,1823)
     
  58. Les grandes fortunes se prennent d'assaut et par surprise ; le sort les dispose, mais le génie seul sait s'en saisir : les petites fortunes se gagnent plus par assiduité.
    (Pensées, maximes, réflexions (LVIII), p.20, Alexis Eymery,1823)
     
  59. Le vrai malheur est aussi rare que le vrai bonheur : tout dans l'homme est imparfait ; il n'y a rien de pur, tout est mêlé d'alliage dans son essence. Le bonheur suprême est au-dessus de la vie humaine, et le malheur complet fait cesser la vie.
    (Pensées, maximes, réflexions (LIX), p.20, Alexis Eymery,1823)
     
  60. Les trois racines les plus communes du malheur des hommes sont l'oubli du présent, l'occupation inquiète de l'avenir, et l'ennui qui rend indifférent sur tout ce qu'on possède, tant qu'on voit d'autres hommes en avoir davantage.
    (Pensées, maximes, réflexions (LX), p.21, Alexis Eymery,1823)
     
  61. Le malheur est une chose sacrée ; on ne devrait permettre qu'à la bienveillance et à l'amitié d'approcher des malheureux pour adoucir leurs peines : il faudrait surtout éloigner l'infortune des regards de l'envie, car le malheur d'autrui est la seule volupté de l'envieux.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXI), p.21, Alexis Eymery,1823)
     
  62. Les deux seuls malheurs véritables sont la perte de l'objet qu'on aime le plus et la perte du repos de sa conscience : le ciel a changé le temps d'adoucir l'une, et le repentir de réparer l'autre.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXII), p.22, Alexis Eymery,1823)
     
  63. Dans l'excès du malheur on se laisse tromper par le plus faible rayon d'espérance : l'infortune a son ivresse comme le bonheur : tous deux aveuglent également.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXIII), p.22, Alexis Eymery,1823)
     
  64. Nos maux ne sont forts que par notre faiblesse ; ils nous accablent lorsqu'ils nous surprennent ; ils nous semblent terribles quand notre imagination les a grossis. La plupart de leurs pointes disparaissent aux yeux du sage qui s'y est préparé, et qui les a mesurés de loin avec le compas de la raison.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXIV), p.22, Alexis Eymery,1823)
     
  65. On recommence ses fautes quand on les oublie.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXV), p.23, Alexis Eymery,1823)
     
  66. Les hommes sentent mieux le besoin de guérir leurs maladies que leurs erreurs.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXVI), p.23, Alexis Eymery,1823)
     
  67. C'est un mérite rare que celui de reconnaître son erreur.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXVII), p.23, Alexis Eymery,1823)
     
  68. Les erreurs humaines ne meurent point, elles ne font que changer de formes : nos docteurs modernes rêvent aujourd'hui le néant, comme les anciens rêvaient le Tartare et l'Élysée.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXVIII), p.23, Alexis Eymery,1823)
     
  69. Ce monde-ci ressemble au théâtre : lorsqu'on y joue une pièce nouvelle, d'un côté les partisans enthousiastes du drame en applaudissent les défauts ; de l'autre des cabaleurs ardents en sifflent les beautés : mais, malgré l'exagération des partis, l'opinion se forme, et le public impartial fait triompher l'ouvrage s'il est bon, ou le condamne à l'oubli s'il est mauvais.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXIX), p.24, Alexis Eymery,1823)
     
  70. Les timides et les incertains formeront éternellement la majorité du monde.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXX), p.24, Alexis Eymery,1823)
     
  71. On peut dire de la mémoire autant de mal que de bien ; car si elle se montre à nous d'un côté comme la mère de la science, des talents, de l'expérience, et de la douce reconnaissance, d'un autre côté elle donne naissance à l'erreur, à l'ingratitude, à la vengeance.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXXI), p.24, Alexis Eymery,1823)
     
  72. La mémoire de certaines fables, inventées par l'ambition, adoptées par la peur, retenues par la sottise, peut seule faire durer le fanatisme.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXXII), p.25, Alexis Eymery,1823)
     
  73. Si la mémoire suffisait pour rendre habite, juste, vertueux, les prédicateurs et les comédiens seraient les premiers hommes du monde.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXXIII), p.25, Alexis Eymery,1823)
     
  74. L'homme qui regrette le temps perdu ou qui se repent du temps mal employé redoute sa propre mémoire ; une âme tranquille peut seule se plaire à relire sa vie.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXXIV), p.25, Alexis Eymery,1823)
     
  75. La gloire des grands capitaines ne doit sa durée qu'à la gloire des grands écrivains.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXXV), p.26, Alexis Eymery,1823)
     
  76. La flatterie est de tous les poisons celui qui donne le plus de vertiges.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXXVI), p.26, Alexis Eymery,1823)
     
  77. De tous les usuriers la flatterie est celui qui fait les plus gros profits ; quand les grands manquent de vertus, elle leur en prête, et se voit payée largement en pensions, en faveurs, en places, et en cordons.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXXVII), p.26, Alexis Eymery,1823)
     
  78. Rien n'est irritable comme la médiocrité ; on ne pardonne les traits de la satire que lorsqu'on se sent trop élevé pour en être atteint.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXXVIII), p.27, Alexis Eymery,1823)
     
  79. La faiblesse aime les partis mitoyens, qui cependant offrent toujours le plus de périls.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXXIX), p.27, Alexis Eymery,1823)
     
  80. Ce qui caractérise le mieux la faiblesse, c'est l'extrême mobilité avec laquelle on la voit passer successivement de la peur à l'espérance, et de l'espoir au découragement.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXXX), p.27, Alexis Eymery,1823)
     
  81. L'envie, sévère par amour-propre, difficile par ignorance, admire à regret les beautés d'un ouvrage, en exagère avec complaisance les défauts ; elle veut qu'on atteigne toujours le but, quelque élevé qu'il soit, parce qu'elle n'en a jamais mesuré la hauteur ; elle ne sait gré d'aucun effort, n'ayant jamais eu à lutter contre aucun obstacle ; et, comme elle ne connaît point les écueils dont la route est semée, elle ne sait apprécier ni l'audace qui les franchit, ni l'adresse qui les évite.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXXXI), p.27, Alexis Eymery,1823)
     
  82. L'envie est l'ombre de la gloire, et la suit toujours.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXXXII), p.28, Alexis Eymery,1823)
     
  83. L'ombre n'est pas plus inséparable du corps que l'envie ne l'est du mérite.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXXXIIII), p.28, Alexis Eymery,1823)
     
  84. La mort seule désarme l'envie.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXXXIV), p.28, Alexis Eymery,1823)
     
  85. Dans les temps de crise la peur fait taire l'envie, et la contraint de se soumettre au talent.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXXXV), p.29, Alexis Eymery,1823)
     
  86. L'envie s'arrête sur la tombe des grands hommes ; une reconnaissance tardive la remplace.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXXXVI), p.29, Alexis Eymery,1823)
     
  87. Les peurs salutaires sont la peur des lois et la peur de l'opinion : ce sont les grands ressorts des gouvernements ; mais il en est peu qui sachent parfaitement s'en servir ; ils sont partout trop tendus ou trop relâchés. Ces deux grands leviers de la force publique doivent être créés par le génie et dirigés par la justice ; trop souvent on les voit disposés par l'ignorance, usés par la routine et conduits par la passion, ou abandonnés au hasard par la faiblesse.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXXXVII), p.29, Alexis Eymery,1823)
     
  88. Quand la peur s'empare des âmes, le parti le plus violent est celui qui rassure le plus la faiblesse.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXXXVIII), p.30, Alexis Eymery,1823)
     
  89. La peur est plus persuasive que la raison.
    (Pensées, maximes, réflexions (LXXXIX), p.30, Alexis Eymery,1823)
     
  90. La peur est une passion qu'on peut flatter comme les autres ; on la dirige à son gré, en épaississant les nuages qui l'aveuglent, et en variant les rêves qui l'égarent.
    (Pensées, maximes, réflexions (XC), p.30, Alexis Eymery,1823)
     
  91. L'éloquence a ses dangers comme son utilité ; tout dépend de l'usage qu'on en fait ; c'est le bouclier de l'innocence, l'épée du courage, ou le poignard de la calomnie.
    (Pensées, maximes, réflexions (XCI), p.30, Alexis Eymery,1823)
     
  92. On peut tout enlever aux hommes tant qu'on leur laisse l'espérance.
    (Pensées, maximes, réflexions (XCII), p.31, Alexis Eymery,1823)
     
  93. Le talent, disgracié dans les temps de calme, est rappelé dans les jours de péril.
    (Pensées, maximes, réflexions (XCIII), p.31, Alexis Eymery,1823)
     
  94. Les grands malheurs font sentir le besoin des grands talents.
    (Pensées, maximes, réflexions (XCIV), p.31, Alexis Eymery,1823)
     
  95. Les talents militaires périssent les derniers dans la décadence des peuples.
    (Pensées, maximes, réflexions (XCV), p.31, Alexis Eymery,1823)
     
  96. La sagesse qui fait rougir éloigne ; celle qui fait sourire rapproche.
    (Pensées, maximes, réflexions (XCVI), p.32, Alexis Eymery,1823)
     
  97. La sagesse est l'art de jouir des plaisirs sans satiété, du repos sans langueur, et du bonheur sans l'ennui qui le suit trop communément.
    (Pensées, maximes, réflexions (XCVII), p.32, Alexis Eymery,1823)
     
  98. En adoucissant la voix de la sagesse, et en s'occupant un peu de la rendre aimable, on parviendrait à la faire accueillir des plus fous.
    (Pensées, maximes, réflexions (XCVIII), p.32, Alexis Eymery,1823)
     
  99. La vraie sagesse n'est point austère : l'ami de l'humanité ne tombera jamais dans une sombre misanthropie ; la mémoire du bien qu'on a fait rafraîchit le sang et calme l'âme : le vieillard qui a été utile aux hommes ne s'éloigne jamais entièrement d'eux.
    (Pensées, maximes, réflexions (XCIX), p.32, Alexis Eymery,1823)
     
  100. De tous les dons de la nature la raison est le plus rare, et chez le génie même elle s'éclipse parfois.
    (Pensées, maximes, réflexions (C), p.33, Alexis Eymery,1823)
     
  101. La raison par son évidence ne fait qu'irriter la passion.
    (Pensées, maximes, réflexions (CI), p.33, Alexis Eymery,1823)
     
  102. Dès qu'on connaît son ignorance ou sa folie, elles ne sont plus dangereuses ; cette connaissance tue l'orgueil, et fait naître l'indulgence : c'est peut-être le plus grand pas que l'homme puisse faire du côté de la raison.
    (Pensées, maximes, réflexions (CII), p.33, Alexis Eymery,1823)
     
  103. La philosophie ne serait bonne à rien, si elle ne nous apprenait pas à nous soutenir contre les caprices du sort et contre les injustices des hommes.
    (Pensées, maximes, réflexions (CIII), p.34, Alexis Eymery,1823)
     
  104. Lorsque la philosophie ne peut pénétrer qu'à l'aide du luxe, son éternel ennemi, c'est recevoir à la fois le poison et l'antidote.
    (Pensées, maximes, réflexions (CIV), p.34, Alexis Eymery,1823)
     
  105. La philosophie, comme la religion, apprend aux hommes qu'on ne peut être heureux que par la vertu, ils la repoussent ; par la modération, ils la dédaignent ; par la justice, ils la craignent ; par l'amour du prochain, ils ne songent qu'à se détruire.
    (Pensées, maximes, réflexions (CV), p.34, Alexis Eymery,1823)
     
  106. La philosophie convient à tous les âges : l'enfance l'étudie ; la jeunesse s'y exerce ; la vieillesse l'enseigne.
    (Pensées, maximes, réflexions (CVI), p.35, Alexis Eymery,1823)
     
  107. La vraie philosophie ne tend qu'à nous rendre meilleurs, plus justes, plus indulgents, plus modérés ; à dévoiler la turpitude des vices, le ridicule des erreurs, le péril des faiblesses, le malheur de l'égoïsme.
    (Pensées, maximes, réflexions (CVII), p.35, Alexis Eymery,1823)
     
  108. Les passions, sourdes à la voix de la justice, ne savent pas mettre plus de bornes à la haine qu'à l'enthousiasme ; tout ce qui les sert est innocent, et tout ce qui leur oppose un obstacle est criminel : aussi dans les temps d'orage, la modération, coupable aux yeux de tous les hommes de parti, n'est absoute que par la postérité.
    (Pensées, maximes, réflexions (CVIII), p.35, Alexis Eymery,1823)
     
  109. Lorsqu'on ouvre le coeur humain à une passion, les autres y pénètrent.
    (Pensées, maximes, réflexions (CIX), p.36, Alexis Eymery,1823)
     
  110. Les passions ont un flambeau qui aveugle au lieu d'éclairer.
    (Pensées, maximes, réflexions (CX), p.36, Alexis Eymery,1823)
     
  111. Les passions croient aussi facilement ce qu'elles désirent que ce qu'elles craignent.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXI), p.36, Alexis Eymery,1823)
     
  112. Les passions ferment tous les yeux, bouchent toutes les oreilles, et ne laissent pas le plus petit passage ouvert à la lumière et à la raison.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXII), p.36, Alexis Eymery,1823)
     
  113. Les petites passions ont plus d'empire sur les hommes médiocres que les grands intérêts politiques.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXIII), p.37, Alexis Eymery,1823)
     
  114. La colère, l'envie, la vengeance, la haine, sont les vrais fléaux de l'humanité, les torches qui embrasent la terre ; et ceux qui se servent de leurs funestes glaives en sont eux-mêmes les premiers blessés.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXIV), p.37, Alexis Eymery,1823)
     
  115. On agrandit tout ce qu'on persécute.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXV), p.37, Alexis Eymery,1823)
     
  116. Nos projets de fortune, de grandeur, de pouvoir, de gloire et de félicité sont les châteaux de cartes de notre enfance virile.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXVI), p.37, Alexis Eymery,1823)
     
  117. Pour un observateur attentif la physionomie est le portrait du caractère.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXVII), p.38, Alexis Eymery,1823)
     
  118. L'habitude de certaines affections de l'âme donne aux muscles du visage un mouvement, une contraction qui se conserve, et qui fait lire le caractère sur la figure.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXVIII), p.38, Alexis Eymery,1823)
     
  119. Le ridicule est une arme dont la méchanceté se sert toujours habilement, et que la raison a quelquefois, mais trop rarement, employée avec succès.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXIX), p.38, Alexis Eymery,1823)
     
  120. En France, cette vraie patrie de la bravoure, il existe une peur dominante qui ne connaît aucun frein, qui résiste à toute loi, qui ferait braver toute défense et tout danger ; c'est la peur du ridicule.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXX), p.38, Alexis Eymery,1823)
     
  121. La reconnaissance est susceptible, parce qu'elle est délicate ; elle ne répond qu'à l'estime : jamais une bienfaisance exercée au hasard et sans choix ne la fait naître. La bienfaisance banale est comme les courtisans ; on jouit de leurs faveurs en les méprisant.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXXI), p.39, Alexis Eymery,1823)
     
  122. Au fond d'une âme vraiment grande, la vertu qu'on est le plus certain de trouver, c'est la reconnaissance.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXXII), p.39, Alexis Eymery,1823)
     
  123. Une mère donne avec le lait à son enfant la première leçon de reconnaissance.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXXIII), p.39, Alexis Eymery,1823)
     
  124. La reconnaissance, volupté des coeurs bien nés et fardeau pour les ingrats, est non seulement un devoir privé, mais encore une vertu qui produit le bien général ; car elle est le prix et l'encouragement de la bienveillance.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXXIV), p.40, Alexis Eymery,1823)
     
  125. L'erreur des âmes généreuses est de croire à la reconnaissance.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXXV), p.40, Alexis Eymery,1823)
     
  126. L'ingratitude met à une pénible épreuve les âmes vertueuses, en leur refusant les seuls prix auxquels elles aspirent, la reconnaissance et l'amitié ; et là où elles espéraient se voir payées d'estime et d'affection, elles ne trouvent qu'oubli ou même injustice et haine.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXXVI), p.40, Alexis Eymery,1823)
     
  127. L'ingratitude empoisonne souvent les bienfaits dans leur source ; son effet le plus funeste est de décourager trop souvent les âmes faibles, de changer leur générosité en méfiance, et leur sensibilité en indifférence.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXXVII), p.41, Alexis Eymery,1823)
     
  128. L'ingratitude est un vice contre nature ; les animaux mêmes sont reconnaissants.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXXVIII), p.41, Alexis Eymery,1823)
     
  129. L'imagination va toujours plus loin que la réalité.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXXIX), p.41, Alexis Eymery,1823)
     
  130. L'industrie humaine triomphe de la nature.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXXX), p.41, Alexis Eymery,1823)
     
  131. La plus frivole industrie nous venge du luxe, de la mollesse et de l'oisiveté, en les forçant de payer des impôts aux hommes laborieux.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXXXI), p.42, Alexis Eymery,1823)
     
  132. Une belle vieillesse fait encore mieux quelquefois que de couronner une belle vie; souvent elle en a expié et réparé une mauvaise: comme on voit des monuments devenir plus vulnérables dans leur vieillesse, tandis que d'autres se dégradent par le temps.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXXXII), p.42, Alexis Eymery,1823)
     
  133. La vieillesse chagrine est le résultat d'une jeunesse mal cultivée; la saine vieillesse, qui termine une sage existence, est le bon fruit dans sa maturité.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXXXIII), p.42, Alexis Eymery,1823)
     
  134. La vieillesse, si hideuse aux regards de beaucoup de gens qui l'ont atteinte sans s'en douter, n'est pour le sage qu'un port tranquille où, se trouvant à l'abri des orages et des périls, il aime à se rappeler ceux du voyage.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXXXIV), p.43, Alexis Eymery,1823)
     
  135. Une belle vieillesse, loin d'inspirer de l'effroi et d'exciter le dégoût, attire si bien l'amour et commande tellement le respect, que l'imagination religieuse des hommes l'a prise pour modèle, lorsqu'elle a voulu représenter l'Éternel.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXXXV), p.43, Alexis Eymery,1823)
     
  136. La vieillesse de l'homme qui a mal vécu est l'état le plus déplorable; le présent le tourmente, le passé l'importune, l'avenir l'effraie: cette vieillesse est pire que la boîte de Pandore, car elle renferme tous les maux et ne conserve pas l'espérance.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXXXVI), p.43, Alexis Eymery,1823)
     
  137. Une heureuse vieillesse est le fruit d'une sage jeunesse: l'une a préparé à l'autre de nobles voluptés.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXXXVII), p.44, Alexis Eymery,1823)
     
  138. La vieillesse qui termine une vie obscure n'inspire que de la pitié; celle qui couronne une vie utile, vertueuse, illustre, commande la vénération.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXXXVIII), p.44, Alexis Eymery,1823)
     
  139. Le vieillard frivole et vicieux est celui qui ressemble le plus à l'enfant: mais c'est un enfant disgracieux; son babil bégaie, sa légèreté radote, son sourire grimace; ne pouvant refaire les folies et les étourderies de sa jeunesse, il les remâche et les raconte pesamment. Sur ses rides on devrait voir avec respect les leçons de l'expérience gravées, on ne reconnaît que la sottise et le vice qui ont pris leur pli; ses cheveux blancs promettaient la sagesse, ses paroles et ses actions ne montrent que la folie. Beaucoup d'hommes sont de vieux enfants.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXXXIX), p.44, Alexis Eymery,1823)
     
  140. Les vieillards chagrins sont ceux que leur mémoire tourmente, et qui regrettent une vie mal dépensée.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXL), p.45, Alexis Eymery,1823)
     
  141. Lorsque vous voyez un vieillard aimable, doux, égal, content et même joyeux, soyez certain qu'il a été dans sa jeunesse juste, bon, généreux et tolérant; sa fin ne lui donne ni regret du passé ni crainte de l'avenir, et son couchant est le soir d'un beau jour.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXLI), p.45, Alexis Eymery,1823)
     
  142. Par la force on ne fait que vaincre; c'est par la générosité qu'on soumet.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXLII), p.46, Alexis Eymery,1823)
     
  143. Le génie seul peut triompher de toutes les erreurs, mais non de l'envie; en l'éclairant, il l'enflamme.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXLIII), p.46, Alexis Eymery,1823)
     
  144. Il existe deux genres de gaîté: l'une est vive, légère, étourdie, bruyante, emportée, c'est celle de la jeunesse; elle fatigue par ses éclats, et, comme un feu d'artifice, elle laisse après elle dans l'âme quelque chose de silencieux et de triste. L'autre est plus calme, plus douce, plus constante; c'est une illumination qui chasse les ombres de la nuit, et qui nous réjouit en nous éclairant. Cette gaîté est un charme particulier aux vieillards bons, aimables, instruits, vertueux, indulgents: on croit voir en elle le sourire d'une bienveillante expérience et d'une conscience satisfaite.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXLIV), p.46, Alexis Eymery,1823)
     
  145. La justice est si nécessaire aux hommes qu'ils se croient obligés d'emprunter son voile révéré pour couvrir leurs actions les plus injustes; et les gouvernements prennent tous son langage dans leurs manifestes au moment même où l'ambition seule dirige leurs entreprises.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXLV), p.47, Alexis Eymery,1823)
     
  146. Le grand défaut qui paraît inhérent à la nature humaine, c'est d'aimer ce qui est tranchant, de donner dans les extrêmes, de se plaire dans les excès, et de fuir cette modération et ce juste milieu où se trouvent cependant la vérité, la justice et la sagesse.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXLVI), p.47, Alexis Eymery,1823)
     
  147. Aucun éloge ne doit paraître mieux mérité que celui qui sort de la bouche d'un ennemi.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXLVII), p.48, Alexis Eymery,1823)
     
  148. Sans les moeurs les institutions ne sont rien; les plus libérales ne font, dans un temps de corruption, que légaliser la tyrannie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXLVIII), p.48, Alexis Eymery,1823)
     
  149. On pourrait, en se servant adroitement de nos craintes et de notre vanité, nous gouverner par les moeurs plus facilement que par les lois.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXLIX), p.48, Alexis Eymery,1823)
     
  150. Les coutumes survivent longtemps à la chute des États et à la destruction des gouvernements.
    (Pensées, maximes, réflexions (CL), p.49, Alexis Eymery,1823)
     
  151. Les coutumes les plus absurdes sont celles qui résistent le plus longtemps à la raison.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLI), p.49, Alexis Eymery,1823)
     
  152. La mode est une souveraine dont les ordres les plus gênants n'éprouvent jamais d'opposition; nul ne réclame contre ses décrets. Ses fantaisies sont des lois révérées, ses caprices sont des oracles; elle change à son gré les moeurs; elle se moque des convenances, et fait ployer la sévère raison sous la marotte de la folie. Elle règle le bien et le mal, fait et défait les réputations, donne de la beauté aux laides, de l'esprit aux sots, de la science aux charlatans, et résiste impunément aux remontrances de la justice, aux conseils de la sagesse, et aux préceptes mêmes de la religion. Son unique but est de plaire; son essence est le changement; elle récompense par des applaudissements et punit par le ridicule: voilà son unique force et ses seules armes.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLII), p.49, Alexis Eymery,1823)
     
  153. On ne peut résister à la mode : c'est un torrent qui entraîne tout ; il faut le laisser courir et s'épuiser. Opposer la raison à la mode, c'est folie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLIII), p.50, Alexis Eymery,1823)
     
  154. Ce qui paraît le plus choquer l'orgueil, c'est l'égalité : c'est précisément ce qui le rend à la fois si ridicule et si haïssable ; il révolte, par ses superbes et injustes dédains, les vanités de tous les hommes, et soulève d'innombrables légions d'ennemis contre lui.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLIV), p.50, Alexis Eymery,1823)
     
  155. Le redoutable poison de l'orgueil est toujours caché dans la coupe de la gloire.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLV), p.51, Alexis Eymery,1823)
     
  156. Rien ne s'abaisse si bas que l'orgueil qui veut s'élever.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLVI), p.51, Alexis Eymery,1823)
     
  157. La vanité, toujours imprévoyante dans le repos, présomptueuse dans la prospérité, est toujours faible dans le péril.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLVII), p.51, Alexis Eymery,1823)
     
  158. La modestie est la qualité que nous aimons le mieux dans notre prochain : nous la lui abandonnons avec plaisir, et nous la louons franchement. Nous l'admirons sans l'imiter ; et bien que nous l'aimions généralement, peu de gens se soucient de prendre ce moyen pour se faire aimer.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLVIII), p.52, Alexis Eymery,1823)
     
  159. La fausse modestie ajoute toujours aux éloges qu'elle donne aux autres et aux aveux qu'elle fait de ses défauts un certain mais qui la caractérise. La vraie modestie a, au contraire, un naturel et une bonhomie inimitables.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLIX), p.52, Alexis Eymery,1823)
     
  160. La modestie n'est pas incompatible avec la fierté.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLX), p.52, Alexis Eymery,1823)
     
  161. Dans la plupart des places lucratives pour les fripons, l'honnête homme se ruine.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXI), p.53, Alexis Eymery,1823)
     
  162. La science allonge la vie ; elle y ajoute les siècles passés, et nous y fait vivre avec les hommes qui les ont illustrés, et dont les entretiens et les secours ne lui manqueront jamais : le temps n'a détruit que leur corps, leur esprit vit toujours.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXII), p.53, Alexis Eymery,1823)
     
  163. Pour les États, comme pour les hommes, la soif des richesses s'irrite en se satisfaisant.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXIII), p.53, Alexis Eymery,1823)
     
  164. L'extrême pauvreté éteint l'amour de patrie, et dispose également à la servitude et à la sédition.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXIV), p.53, Alexis Eymery,1823)
     
  165. Une heure n'est pas la même pour l'homme qui dort, pour l'homme qui veille, pour l'homme oisif, pour l'homme occupé, pour celui qui jouit, pour celui qui souffre: si l'on est ainsi presque maître de changer la durée du temps par son emploi, on l'est encore plus de fixer son utilité.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXV), p.54, Alexis Eymery,1823)
     
  166. Le temps ordinairement explique tout.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXVI), p.54, Alexis Eymery,1823)
     
  167. Le présent est la seule partie du temps qui nous appartienne; le passé n'est plus rien pour nous, et l'avenir ne nous sera peut-être pas donné: à quoi peut nous servir au bord de la tombe de regretter notre berceau?
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXVII), p.54, Alexis Eymery,1823)
     
  168. Quand la vérité ne choque pas, elle excite l'admiration et la porte jusqu'à l'enthousiasme.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXVIII), p.55, Alexis Eymery,1823)
     
  169. L'homme qui sait dire la vérité aux rois est un phénomène rare; sa mort est une perte irréparable.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXIX), p.55, Alexis Eymery,1823)
     
  170. Il y a bien peu de gens pour qui la vérité ne soit pas une sorte d'injure.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXX), p.55, Alexis Eymery,1823)
     
  171. Tout écrivain moral doit se résoudre, s'il veut être lui, à déguiser ou du moins à parer la vérité : quand on se borne à la faire respecter, on lui rend un faible service ; l'essentiel est de la faire aimer, c'est le vrai moyen d'étendre son empire.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXI), p.55, Alexis Eymery,1823)
     
  172. La vérité, sur les ailes du temps, marche, s'avance ; et son flambeau, qui chasse les ombres de l'erreur, brûle tous les imprudents qui repoussent la lumière, et qui osent s'en approcher pour l'éteindre.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXII), p.56, Alexis Eymery,1823)
     
  173. Soutenir la vérité par la violence, c'est lui prêter les armes du mensonge et de l'erreur.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXIII), p.56, Alexis Eymery,1823)
     
  174. Tout sur la terre change, s'accroît, mûrit, se perfectionne, vieillit, tombe et se renouvelle sous d'autres formes.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXIV), p.56, Alexis Eymery,1823)
     
  175. Quand les opprimés se relèvent, ils croient effacer leur propre honte par l'excès de leur vengeance, et surpassent souvent l'injustice qu'ils châtient.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXV), p.57, Alexis Eymery, 1823)
     
  176. La vie d'un homme de bien est un combat continuel contre les mauvais penchants ; il n'est point de vertu, même la plus naturelle, qui ne soit attaquée incessamment et sourdement minée par quelques vices secrets.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXVI), p.57, Alexis Eymery, 1823)
     
  177. L'aveugle jeunesse regarde la vie comme une propriété, et la vieillesse sent bien que c'est un usufruit; elle y tient moins, et pour cela même en jouit peut-être mieux.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXVII), p.57, Alexis Eymery, 1823)
     
  178. La durée de cette vie se compte réellement, non pas le nombre des années, mais par celui des pensées et des actions.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXVIII), p.58, Alexis Eymery, 1823)
     
  179. L'immortalité de l'âme est la consolation de la mort des sens.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXIX), p.58, Alexis Eymery, 1823)
     
  180. Les grands ouvrages, comme les grandes actions, donnent seuls l'imoortalité.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXX), p.58, Alexis Eymery, 1823)
     
  181. À l'heure dernière le prestige des actions éclatantes disparaît : le coeur ne conserve que le souvenir des bienfaits, et la vertu reste seule pour consoler la gloire.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXXI), p.58, Alexis Eymery, 1823)
     
  182. Il n'est point d'objet si effrayant qu'on ne puisse envisager sans crainte, quand on s'est familiarité avec lui : plus on s'occupe de la mort, moins on la redoute.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXXII), p.59, Alexis Eymery, 1823)
     
  183. Le jeune homme court à la mort ; elle vient au-devant du vieillard.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXXIII), p.59, Alexis Eymery, 1823)
     
  184. Il n'est pas une qualité qui ne devienne un défaut, lorsqu'elle est portée trop loin ; tout bien, s'il est exagéré, se change en mal.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXXIV), p.59, Alexis Eymery, 1823)
     
  185. L'exagération est notre péché originel, notre défaut radical, le principe de nos vices, la source de toutes nos erreurs, la cause de tous nos chagrins ; et, quand elle ne nous rend pas méchants, vindicatifs, cruels et malheureux, elle nous rend très ridicules.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXXV), p.59, Alexis Eymery, 1823)
     
  186. La plus dangereuse et la plus commune de nos exagérations est celle qui ne nous fait voir que des vices et des défauts dans nos rivaux, dans nos ennemis, et qui nous aveugle totalement sur leurs bonnes qualités les plus évidentes.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXXVI), p.60, Alexis Eymery, 1823)
     
  187. Tout le monde convient de l'utilité de la modération, du danger des excès, de la folie des passions. On estime sage celui qui voit les choses telles qu'elles sont, et qui les apprécie à leur juste valeur. On regarde comme un insensé l'homme qui voit tout avec un microscope ou avec un prisme qui embellit ou enlaidit, grandit ou rapetisse tout, suivant son désir ou son dégoût, sa crainte ou son espérance. On sait que le bonheur est inséparable de la modération dans les qualités, dans les peines, dans les plaisirs et dans les sentiments ; et cependant chacun exagère ses biens, ses maux, ses haines, ses affections, ses éloges, ses critiques, ses volontés, ses espérances, ses frayeurs.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXXVII), p.60, Alexis Eymery, 1823)
     
  188. On affaiblit tout ce qu'on exagère.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXXVIII), p.61, Alexis Eymery, 1823)
     
  189. On se plaint de l'ennui, et tout le monde envie le sort des hommes les plus sujets à cette espèce de malheur. L'ennui est la maladie des gens heureux, des hommes riches, puissants, inoccupés ; or il est évident qu'on ne cherche, toute sa vie, que le moyen de parvenir à un tel état, et que le repos est toujours l'espoir et le but du travail.
    (Pensées, maximes, réflexions (CLXXXIX), p.61, Alexis Eymery, 1823)
     
  190. L'ennui est le mal contre lequel on cherche le plus de médecins et de remèdes ; mais on ne peut que pallier les effets de son poison par le secours d'autrui : pour en guérir il faut porter en soi l'antidote.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXC), p.62, Alexis Eymery, 1823)
     
  191. On ne peut jouer longtemps la vertu.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXCI), p.62, Alexis Eymery, 1823)
     
  192. Chez les peuples corrompus la vertu brille encore quelquefois, mais sans éclairer.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXCII), p.62, Alexis Eymery, 1823)
     
  193. Il ne peut exister de bons citoyens là où l'on ne croit pas fermement à la vertu.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXCIII), p.63, Alexis Eymery, 1823)
     
  194. Le sort de la vertu est d'être presque toujours dupe du vice.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXCIV), p.63, Alexis Eymery, 1823)
     
  195. L'obscurité convient seule à la vertu dans les temps de tyrannie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXCV), p.63, Alexis Eymery, 1823)
     
  196. Le vice ne peut jamais croire à l'existence de la vertu.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXCVI), p.63, Alexis Eymery, 1823)
     
  197. Si les vices des hommes restent à peu près toujours les mêmes, leurs formes varient sans cesse ; ils sont, suivant les âges des peuples, plus grossiers ou plus délicats, plus hypocrites ou plus effrontés, plus dominants ou plus comprimés ; ils ont, pour ainsi dire, selon les circonstances, différents costumes, différentes couleurs et différents langages.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXCVII), p.63, Alexis Eymery, 1823)
     
  198. Le sentiment est plus persuasif que l'esprit.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXCVIII), p.64, Alexis Eymery, 1823)
     
  199. On ne peut faire une vertu de la trahison, qui est toujours une lâcheté, même quand elle sert la cause la plus légitime.
    (Pensées, maximes, réflexions (CXCIX), p.64, Alexis Eymery, 1823)
     
  200. Un dévouement légitime ne peut jamais rendre la trahison honorable.
    (Pensées, maximes, réflexions (CC), p.64, Alexis Eymery, 1823)
     
  201. La trahison, dans quelque circonstance que ce soit, ne peut jamais cesser d'être infâme.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCI), p.65, Alexis Eymery, 1823)
     
  202. Sans union, il ne peut exister ni force ni esprit public.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCII), p.65, Alexis Eymery, 1823)
     
  203. Un préjugé tombé ne peut plus se relever ; et il n'appartient à aucune force humaine de ressusciter une religion à laquelle on ne croit plus : une pratique obéissante peut tromper quelque temps l'autorité, mais la foi n'est pas son domaine.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCIII), p.65, Alexis Eymery, 1823)
     
  204. La religion, même quand elle est mêlée d'erreurs, est une base nécessaire à la solidité des États. Toute religion, pour faire respecter ses dogmes, est obligée de les appuyer sur la morale, et c'est elle qui conserve les nations.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCIV), p.65, Alexis Eymery, 1823)
     
  205. Lorsque la superstition règne sur la terre, le génie doit profiter de son secours au lieu de la braver.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCV), p.66, Alexis Eymery, 1823)
     
  206. Il est plus dangereux d'attaquer la superstition que la foi.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCVI), p.66, Alexis Eymery, 1823)
     
  207. La vraie dévotion est tolérante comme la vraie philosophie ; l'hypocrisie et la superstition sont seules fanatiques et intolérantes.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCVII), p.66, Alexis Eymery, 1823)
     
  208. Ce n'est pas en combattant la liberté qu'on la détruit.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCVIII), p.67, Alexis Eymery, 1823)
     
  209. La liberté ne peut marcher sans sagesse, ni vivre sans vertus.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCIX), p.67, Alexis Eymery, 1823)
     
  210. La liberté, dans son berceau, doit être nourrie par la prudence.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCX), p.67, Alexis Eymery, 1823)
     
  211. La liberté se détruit plus souvent par ses excès que par ses ennemis.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXI), p.67, Alexis Eymery, 1823)
     
  212. Des âmes faibles peuvent regretter la liberté, mais les âmes fortes peuvent seules la conserver.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXII), p.67, Alexis Eymery, 1823)
     
  213. C'est presque toujours l'injustice publique ou privée qui fait faire les plus grands pas à la liberté, et l'indépendance dut souvent sa naissance à la tyrannie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXIII), p.68, Alexis Eymery, 1823)
     
  214. Dans tous les temps, les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets : l'amour de la liberté, bien ou mal réglé, exaltant les esprits et déployant toutes les facultés des hommes, doit partout multiplier les forces.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXIV), p.68, Alexis Eymery, 1823)
     
  215. La liberté ne se nourrit et ne se maintient qu'au milieu des agitations ; le despotisme seul peut languir dans cette molle inertie, dans ce silence funèbre que ses partisans serviles décorent du nom de repos ; il est immobile comme la mort, et la liberté est en mouvement comme la vie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXV), p.68, Alexis Eymery, 1823)
     
  216. La perte de l'égalité suit nécessairement celle de la liberté, et les privilèges forment toujours le cortège de la tyrannie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXVI), p.69, Alexis Eymery, 1823)
     
  217. Tout gouvernement militaire réunit en lui seul tous les vices du despotisme et tous les dangers de l'anarchie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXVII), p.69, Alexis Eymery, 1823)
     
  218. L'établissement d'un gouvernement militaire vigoureux est un remède funeste pour la civilisation, mais le seul pourtant qui puisse rendre la vie à un peuple tombé dans l'anarchie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXVIII), p.69, Alexis Eymery, 1823)
     
  219. Presque toujours la force des gouvernements diminue à mesure que celle du pouvoir arbitraire augmente.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXIX), p.70, Alexis Eymery, 1823)
     
  220. La force fait craindre les lois, mais c'est leur antiquité seule qui peut les faire respecter : aussi rien n'est plus solide qu'un antique gouvernement ; il faut de grandes passions, de grands hasards, de longues erreurs, pour l'ébranler ; sa durée passée est une forte probabilité pour sa durée à venir.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXX), p.70, Alexis Eymery, 1823)
     
  221. L'intérêt d'un gouvernement est de tout réunir, l'intérêt d'un parti est de tout diviser ; le gouvernement survit à tout, parce qu'il se fortifie sans cesse en ralliant tout à lui ; le parti meurt, parce qu'il est de son essence de ne pas vouloir de recrues ; le parti vit de vengeance, et le gouvernement de clémence.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXXI), p.70, Alexis Eymery, 1823)
     
  222. L'orgueil aveugle les gouvernements comme les hommes ; ils s'enivrent des faveurs de la fortune, et l'abus qu'ils en font cause leur ruine.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXXII), p.71, Alexis Eymery, 1823)
     
  223. Le pouvoir d'un gouvernement se centuple lorsqu'il s'appuie sur le voeu national.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXXIII), p.71, Alexis Eymery, 1823)
     
  224. L'expérience prouve que la démocratie, faible dans la paix, se fortifie par la guerre ; qu'en combattant l'esprit d'égalité on le porte au fanatisme, et que, si son expansion est à craindre, la gloire des armes est peut-être son moyen de propagation le plus brillant et le plus dangereux.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXXIV), p.71, Alexis Eymery, 1823)
     
  225. Quel est le degré d'obéissance qu'on doit au gouvernement lorsqu'il est injuste ? c'est une des questions délicates qui, dès qu'on y touche, ébranlent l'autorité des princes et le repos des peuples.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXXV), p.72, Alexis Eymery, 1823)
     
  226. Presque tous les gouvernements ont plus de routine que de plan ; on les détruit plutôt en changeant les coutumes qu'en modifiant les lois.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXXVI), p.72, Alexis Eymery, 1823)
     
  227. Les discordes civiles ne sont que les maladies des empires ; mais l'intervention des étrangers cause leur mort et leur déshonneur.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXXVII), p.72, Alexis Eymery, 1823)
     
  228. Le génie fonde les empires ; l'esprit public les conserve ; l'égoïsme les détruit.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXXVIII), p.73, Alexis Eymery, 1823)
     
  229. Les empires tombent comme les hommes, parce qu'ils veulent aller trop loin et trop vite.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXXIX), p.73, Alexis Eymery, 1823)
     
  230. La vertu publique est le seul esprit de vie des états.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXXX), p.73, Alexis Eymery, 1823)
     
  231. L'état est perdu dès que les grandes agitations politiques ont pour objet non les opinions, mais les hommes, et que l'intérêt public n'y sert que de masque à l'intérêt privé.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXXXI), p.73, Alexis Eymery, 1823)
     
  232. La ruine d'un état est prochaine et infaillible, dès que les hommes se montrent plus forts que les lois, et que les armées disposent du pouvoir par la violence.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXXXII), p.74, Alexis Eymery, 1823)
     
  233. Dès que l'état a perdu son ciment, la vertu, il ne peut plus se soutenir : les familles isolées ne peuvent se défendre ; elles tombent dans la servitude, qui avilit tout ; et là où cessent les vertus publiques, on ne voit bientôt plus les vertus privées.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXXXIII), p.74, Alexis Eymery, 1823)
     
  234. L'oubli du passé, seul moyen que le génie emploie et que la faiblesse ne peut concevoir, éteint le flambeau de la discorde et consolide le bonheur de l'état.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXXXIV), p.74, Alexis Eymery, 1823)
     
  235. Le véritable esprit d'une république vertueuse est l'esprit de famille ; il adoucit le joug, et rend toutes chaînes légères.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXXXV), p.75, Alexis Eymery, 1823)
     
  236. L'esprit républicain veut le moins de gouvernement possible ; il n'admet que des gênes indispensables : l'autorité des moeurs contient assez la nation ; la voix de la patrie l'excite suffisamment ; et, relativement aux intérêts privés, le pouvoir paternel suffit ; la nature le tempère ; c'est le seul pouvoir absolu qui offre peu de dangers.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXXXVI), p.75, Alexis Eymery, 1823)
     
  237. C'est le comble du délire de croire qu'il est aussi facile de faire des républicains que des projets de république.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXXXVII), p.76, Alexis Eymery, 1823)
     
  238. L'âge mûr doit proposer les lois ; la vieillesse doit les sanctionner ; la jeunesse doit les défendre et les exécuter.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXXXVIII), p.76, Alexis Eymery, 1823)
     
  239. Les lois tyranniques sèment la haine et recueillent la révolte.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXXXIX), p.76, Alexis Eymery, 1823)
     
  240. Les erreurs de l'administration peuvent exciter le mécontentement sans bouleverser l'état ; mais quand la loi elle-même est déconsidérée, parce qu'elle est injuste et qu'elle ne paraît qu'un instrument de parti, tout est perdu.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXL), p.76, Alexis Eymery, 1823)
     
  241. Une loi qui porte l'empreinte de l'esprit de circonstance et de l'esprit de parti produit plus de mal que l'absence même de toute loi ; car elle irrite les esprits, éloigne du gouvernement l'affection des peuples, fournit des armes aux factieux, et détruit ainsi l'harmonie du corps social.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXLI), p.77, Alexis Eymery, 1823)
     
  242. Partout et dans tous les temps les lois se multiplient à mesure que les moeurs se dépravent. C'est le nombre croissant des maux qui fait sentir la nécessité des remèdes.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXLII), p.77, Alexis Eymery, 1823)
     
  243. Une loi vague dans ses termes est un arsenal où chaque esprit de parti peut trouver tour à tour des armes dangereuses. Les partis cèdent et triomphent alternativement ; les majorités changent mais les lois restent.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXLIII), p.77, Alexis Eymery, 1823)
     
  244. Les lois donnent seules à l'autorité une base ferme et durable ; elles défendent à la fois et les droits du peuple et ceux du prince ; elles satisfont la raison, qui ne veut que la justice ; mais elles enchaînent et compriment les passions, qui n'aiment que l'arbitraire, et qui ne souffrent point de génie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXLIV), p.78, Alexis Eymery, 1823)
     
  245. Dans toute législation la gravité des maux est indiquée par la violence des remèdes ; car c'est au milieu des moeurs les plus corrompues que naissent les lois sévères.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXLV), p.78, Alexis Eymery, 1823)
     
  246. Il ne faut rien changer à une bonne législation sous prétexte de la perfectionner, à moins que les principes ne l'exigent évidemment ; et l'on doit encore y procéder avec une extrême circonspection.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXLVI), p.79, Alexis Eymery, 1823)
     
  247. L'armée entend mieux l'idée de la gloire que celle de la liberté.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXLVII), p.79, Alexis Eymery, 1823)
     
  248. Les troupes soldées arment l'autorité d'une force destructive de la liberté.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXLVIII), p.79, Alexis Eymery, 1823)
     
  249. Les grands ministres sont rares, parce que peu d'hommes réunissent deux qualités qui semblent incompatibles : l'art de plaire à la cour pour arriver à la fortune, et le courage de lui déplaire pour conserver son autorité. Rien n'est plus commun que de voir un favori devenir ministre ; mais sa chute est inévitable, si, dès qu'il est ministre, il continue à se conduire en favori.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXLIX), p.79, Alexis Eymery, 1823)
     
  250. Presque toujours les ministres ambitieux confondent leur personne avec le trône, et leur sûreté personnelle avec celle de l'état.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCL), p.80, Alexis Eymery, 1823)
     
  251. La puissance et la richesse des grands s'accroissent toujours en proportion de l'abaissement et de l'oppression des peuples ; plus les nations s'appauvrissent, plus les cours deviennent somptueuses.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLI), p.80, Alexis Eymery, 1823)
     
  252. Les courtisans, dont la fortune est trop souvent la seule divinité, changent de religion comme ils changent de maître.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLII), p.81, Alexis Eymery, 1823)
     
  253. Les courtisans sont toujours ennemis du mérite qui les blesse et de la supériorité qui les humilie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLIII), p.81, Alexis Eymery, 1823)
     
  254. Aucune passion n'aveugle autant que l'intérêt ; il empêche de voir l'évidence.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLIV), p.81, Alexis Eymery, 1823)
     
  255. Le plus petit nombre des hommes est dirigé par des principes ; l'intérêt gouverne le reste. Sous le nom d'honneur les grands veulent la primauté ; sous le nom de liberté les petits veulent l'égalité. On ne peut pas plus exiler du monde ces passions que bannir les vents du ciel ; mais on s'en plaint à tort, un calme parfait empêcherait de naviguer : l'état a besoin de passions, comme le vaisseau de vents ; le pilote habile oriente bien sa voile, tient sagement le gouvernail, et les vents même les plus contraires font marcher.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLV), p.81, Alexis Eymery, 1823)
     
  256. Il serait à désirer que les arrêts de l'opinion, comme ceux des tribunaux, ne frappassent que les individus et jamais les classes.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLVI), p.82, Alexis Eymery, 1823)
     
  257. L'opinion publique est la seule base de la liberté, la seule force des institutions, et le seul guide des gouvernements.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLVII), p.82, Alexis Eymery, 1823)
     
  258. Les lois ne peuvent rien contre les opinions.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLVIII), p.83, Alexis Eymery, 1823)
     
  259. L'opinion publique est un ressort faible en apparence, mais puissant en réalité, et d'autant plus redoutable que sa force ne peut jamais être calculée.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLIX), p.83, Alexis Eymery, 1823)
     
  260. La violence qui détruit les corps ne peut rien sur les esprits : on immole les hommes, mais on ne tue pas les opinions ; et le sang des victimes humaines fortifie les racines de leur foi.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLX), p.83, Alexis Eymery, 1823)
     
  261. Quelque faible que soit, dans certains temps, l'opinion publique, la tyrannie la redoute toujours ; et elle cherche à la tromper, lors même qu'elle l'opprime.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXI), p.83, Alexis Eymery, 1823)
     
  262. La classe élevée des hommes est gouvernée par la crainte de l'opinion ; cette peur est pour elle souvent plus forte que les lois, et même plus puissante que la religion.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXII), p.84, Alexis Eymery, 1823)
     
  263. Chacun paraît soutenir des opinions, lorsqu'il ne songe le plus souvent qu'à défendre des intérêts : les opinions, mises en avant avec le plus de chaleur, ne sont pour la plupart du temps que les manifestes de la guerre des intérêts.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXIII), p.84, Alexis Eymery, 1823)
     
  264. Toute opinion qu'on veut comprimer en acquiert plus de force ; le sang des victimes multiplie les prosélytes.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXIV), p.84, Alexis Eymery, 1823)
     
  265. Le sang répandu cimente l'opinion qu'on veut comprimer.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXV), p.85, Alexis Eymery, 1823)
     
  266. Il est contre le bon sens de séparer les opinions des intérêts ; personne n'adopte une opinion, s'il ne la croit conforme à l'intérêt public ou au sien.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXVI), p.85, Alexis Eymery, 1823)
     
  267. Les bonnes opinions sont celles qui ne veulent que l'intérêt de la majorité, et les mauvaises celles qui ne défendent que l'intérêt d'un parti.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXVII), p.85, Alexis Eymery, 1823)
     
  268. Il existe des opinions qui règnent tant qu'on les attaque, qui tombent dès qu'on n'en parle plus ; elles perdent le prix qu'on y attachait, le plaisir de la résistance.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXVIII), p.85, Alexis Eymery, 1823)
     
  269. Les sacrifices que la force fait à l'opinion excitent l'enthousiasme et la reconnaissance ; ceux que la crainte arrache à la faiblesse augmentent les méfiances et enlèvent la considération.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXIX), p.86, Alexis Eymery, 1823)
     
  270. Quand l'histoire encense la vanité des despotes, elle est complice de la tyrannie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXX), p.86, Alexis Eymery, 1823)
     
  271. Le silence de l'histoire peut être considéré comme une preuve de la tranquillité des peuples.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXI), p.86, Alexis Eymery, 1823)
     
  272. Les faits demandent pour être écrits des circonstances tranquilles, un temps éloigné, et un fort burin. À une trop grande proximité la critique la plus légère est imprudence, la louange la plus juste ressemble à la flatterie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXII), p.87, Alexis Eymery, 1823)
     
  273. La raison écrit l'histoire, et la passion ne compose que des romans politiques.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXIII), p.87, Alexis Eymery, 1823)
     
  274. L'histoire, ayant pour but d'instruire le présent et l'avenir par la peinture du passé, est aussi utile en retraçant les fautes ou les faiblesses des gouvernements qui sont déchus de leur grandeur, qu'en peignant avec chaleur ces météores rares et brillants qui jettent un vif et court éclat sur leur patrie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXIV), p.87, Alexis Eymery, 1823)
     
  275. L'histoire, dont l'impartialité doit résister à l'horreur même qu'inspire la férocité, est obligée, en peignant les gouvernements les plus odieux, à ne pas plus dissimuler leurs talents que leurs crimes.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXV), p.88, Alexis Eymery, 1823)
     
  276. L'histoire est un appel des erreurs contemporaines aux jugements de la postérité.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXVI), p.88, Alexis Eymery, 1823)
     
  277. L'histoire renferme l'expérience du monde et la raison des siècles : c'est un maître impartial dont nous ne pouvons réfuter les raisonnements, appuyés sur des faits ; il nous montre le passé pour nous annoncer l'avenir ; c'est le miroir de la vérité.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXVII), p.88, Alexis Eymery, 1823)
     
  278. Devant le tribunal de l'histoire les conquérants descendent de leurs chars de triomphe ; les tyrans n'effraient plus par leurs satellites ; les princes nous apparaissent sans leur cortège, et dépouillés de la fausse grandeur que leur prêtait la flatterie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXVIII), p.89, Alexis Eymery, 1823)
     
  279. Le flambeau de l'histoire montre constamment la justice entourée de la paix, de l'amour, et de l'estime ; tandis que l'ambition, le fanatisme, la rébellion et la tyrannie sont toujours punis par de longs malheurs, et flétris par les inflexibles arrêts de la postérité.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXIX), p.89, Alexis Eymery, 1823)
     
  280. L'histoire, en respectant la piété, ne peut louer des actes d'intolérance ; la plus injuste persécution est celle qui veut se placer entre le ciel et la terre, comprimer la pensée, et tyranniser les consciences.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXX), p.89, Alexis Eymery, 1823)
     
  281. Les leçons de l'expérience doivent prouver éternellement aux hommes de tous les pays à combien de malheurs on expose sa patrie, lorsqu'on l'abandonne, et à quelles erreurs on se livre lorsqu'on se fie aux promesses trompeuses et à la protection intéressée de l'étranger.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXXI), p.90, Alexis Eymery, 1823)
     
  282. L'amour de la patrie ne connaît point d'obstacles ; partout où il existe, il opère des prodiges.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXXII), p.90, Alexis Eymery, 1823)
     
  283. Se venger de l'injustice de son pays, c'est la justifier.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXXIII), p.91, Alexis Eymery, 1823)
     
  284. Un pays est près de sa décadence, dès qu'on y voit les magistrats violer la justice, et les citoyens braver les lois.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXXIV), p.91, Alexis Eymery, 1823)
     
  285. Le pays le plus heureux est celui où l'on sent le moins l'action d'un gouvernement.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXXV), p.91, Alexis Eymery, 1823)
     
  286. Dès que la vertu obscurcie recommence à briller au milieu d'une nation vaincue, elle se relève de ses ruines ; son exemple crée des héros, opère des prodiges.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXXVI), p.91, Alexis Eymery, 1823)
     
  287. Souvent l'époque où les nations brillent du plus grand éclat précède de peu d'instants celle de leur chute ; il ne faut qu'une injustice, une trahison, pour renverser l'édifice élevé par les travaux de plusieurs siècles.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXXVII), p.92, Alexis Eymery, 1823)
     
  288. On ne peut se flatter de soulever une nation contente de ses lois.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXXVIII), p.92, Alexis Eymery, 1823)
     
  289. Il faut être supérieur en tout à la nation qu'on veut réformer et régénérer.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCLXXXIX), p.92, Alexis Eymery, 1823)
     
  290. Il faut respecter les habitudes d'un2 nation, parce qu'elles sont encore plus fortes que ses lois : si ses habitudes sont bonnes, elles font sa vigueur ; si elles sont vicieuses, on ne doit les attaquer qu'avec beaucoup de prudence, de temps et de ménagements ; il faut y porter non le feu qui brûle, mais la lumière douce qui éclaire.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXC), p.92, Alexis Eymery, 1823)
     
  291. La vertu des grands hommes ne déprend pas des préjugés de leur siècle ; dignes de l'immortalité, ils pressentent la justice éternelle.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXCI), p.93, Alexis Eymery, 1823)
     
  292. Les grands hommes ont toujours des héritiers de leur pouvoir, rarement des héritiers de leur fortune, et plus rarement encore des héritiers de leur génie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXCII), p.93, Alexis Eymery, 1823)
     
  293. Les grands principes font les grands hommes ; l'habileté seule ne produit que des hommes fameux.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXCIII), p.93, Alexis Eymery, 1823)
     
  294. L'expérience de tous les siècles apprend qu'on succède aux grands hommes, et qu'on ne les remplace pas.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXCIV), p.94, Alexis Eymery, 1823)
     
  295. On ne doit imiter des grands hommes que leurs vertus.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXCV), p.94, Alexis Eymery, 1823)
     
  296. L'horizon des hommes de génie est plus étendu que celui de leurs contemporains.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXCVI), p.94, Alexis Eymery, 1823)
     
  297. La renommée des grands hommes s'augmenter par la médiocrité de leurs successeurs : l'envie se tait alors, et laisse sentir plus vivement leur prix.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXCVII), p.94, Alexis Eymery, 1823)
     
  298. L'autorité se trouve toujours entre deux écueils : le mépris qu'inspire la faiblesse, et la haine qu'excite l'arbitraire.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXCVIII), p.95, Alexis Eymery, 1823)
     
  299. L'autorité n'existe plus dès qu'elle a rendu l'obéissance honteuse et la révolte honorable.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCXCIX), p.95, Alexis Eymery, 1823)
     
  300. L'autorité qu'on méprise est bientôt bravée.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCC), p.95, Alexis Eymery, 1823)
     
  301. Toute autorité abuse de ses avantages.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCI), p.95, Alexis Eymery, 1823)
     
  302. Le vrai secret d'affermir son autorité, c'est de la fortifier par l'amour.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCII), p.95, Alexis Eymery, 1823)
     
  303. Toute autorité contestée et mécontente de ses limites cherche à obtenir par la crainte ce qu'elle ne peut obtenir par la loi.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCIII), p.96, Alexis Eymery, 1823)
     
  304. Le pouvoir est ombrageux par sa nature, comme la liberté est méfiante par son essence.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCIV), p.96, Alexis Eymery, 1823)
     
  305. Pour maintenir le respect du pouvoir absolu, il faut qu'il brille de l'éclat de la victoire ; et la gloire militaire est ce qui fait le plus d'illusions sur la perte de la liberté.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCV), p.96, Alexis Eymery, 1823)
     
  306. Une nation qui cède le pouvoir absolu à un homme lui donne le droit de tout oser, et s'impose la nécessité de tout souffrir.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCVI), p.96, Alexis Eymery, 1823)
     
  307. Un pouvoir qui s'élève en s'isolant devient d'autant plus fragile qu'il est plus haut, qu'il se prive de solidité en se privant de base, et qu'aucune force ne peut s'appuyer que sur ce qui résiste.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCVII), p.97, Alexis Eymery, 1823)
     
  308. Un pouvoir engagé dans la route sanglante de l'injustice ressent la crainte qu'il inspire, éprouve la haine qu'il excite ; c'est une pente funeste et glissante où l'on ne peut ni s'arrêter ni reculer.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCVIII), p.97, Alexis Eymery, 1823)
     
  309. Il n'est qu'un pas de la faiblesse à la cruauté ; on abuse d'autant plus du pouvoir qu'on est plus incapable de l'exercer.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCIX), p.97, Alexis Eymery, 1823)
     
  310. Tout pouvoir qui prend, au lieu de loi, la force pour appui, est à la fin renversé par elle.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCX), p.98, Alexis Eymery, 1823)
     
  311. La peur, aveu involontaire qui naît du sentiment d'une grande faute, accompagne nécessairement toute domination établie contre l'opinion publique par une force étrangère.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXI), p.98, Alexis Eymery, 1823)
     
  312. L'opposition déplaît à toute volonté, à toute puissance ; et cependant cette volonté, cette puissance, en ont toujours besoin ; c'est elle qui fait leur vraie force, le charme de leurs jouissances ; sans elle tout languirait, rien n'existerait même dans ce monde : tout dans la nature vit par contrainte et par opposition.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXII), p.98, Alexis Eymery, 1823)
     
  313. En politique, comme en architecture, la symétrie est indispensable ; sans parler d'hiérarchie héréditaire, il faut différents étages pour bâtir ; et, en toute construction, égaliser c'est démolir.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXIII), p.99, Alexis Eymery, 1823)
     
  314. Les manifestes sont les voiles de la politique.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXIV), p.99, Alexis Eymery, 1823)
     
  315. On devinerait presque toutes les énigmes de la politique, si l'on voulait d'abord bien étudier les bonnes ou mauvaises qualités de ceux qui la dirigent ; car les passions et les faiblesses des gouvernants influent toujours plus sur les événements que l'intérêt des gouvernés.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXV), p.99, Alexis Eymery, 1823)
     
  316. Malheureusement la morale est presque toujours exclue de la politique, et les états se croient plus dispensés que les particuliers de garder leur foi.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXVI), p.100, Alexis Eymery, 1823)
     
  317. Tout le monde aujourd'hui s'occupe de politique : pour elle la jeunesse oublie ses plaisirs, la vieillesse ses chagrins, les femmes leur ménage, les prêtres leur bréviaire, les marchands leur négoce, les médecins leurs malades.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXVII), p.100, Alexis Eymery, 1823)
     
  318. Les grandes pensées ne peuvent germer et croître que dans les grandes âmes ; si elles entrent dans un esprit étroit, elles y sont étrangères, et s'en voient bientôt chassées par des passions basses et vulgaires.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXVIII), p.100, Alexis Eymery, 1823)
     
  319. Tout gouvernement qui est forcé à une paix désavantageuse ne la fait que pour se reposer, panser ses blessures, réparer ses forces, et se préparer à la vengeance.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXIX), p.101, Alexis Eymery, 1823)
     
  320. Une paix honteuse n'est qu'une trompeuse trêve ; elle ne satisfait jamais pleinement le vainqueur, et le vaincu ne peut la supporter. Tout peuple humilié doit se venger ou être détruit.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXX), p.101, Alexis Eymery, 1823)
     
  321. Les paix honteuses ne sont jamais longues.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXI), p.101, Alexis Eymery, 1823)
     
  322. Les seules paix un peu durables sont les paix modérées, parce qu'elles ne laissent point de ressentiment.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXII), p.102, Alexis Eymery, 1823)
     
  323. À la guerre la fortune se range presque toujours du côté de ceux qui la méprisent.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXIII), p.102, Alexis Eymery, 1823)
     
  324. Tel est le malheur des guerres d'opinions, soit politiques, soit religieuses : chacun, voyant la vertu de son côté et le crime dans le camp ennemi, croit tous les moyens légitimes pour arriver à son but, et enfreint sans scrupule les règles de la morale et de la justice.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXIV), p.102, Alexis Eymery, 1823)
     
  325. On n'est opprimé que parce qu'on est lâche ; la tyrannie ne reste puissante que parce qu'on lui obéit ; et pour qu'un peuple soit libre, il lui suffit de le vouloir.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXV), p.102, Alexis Eymery, 1823)
     
  326. L'arbitraire donne de l'aliment au feu du fanatisme politique, qui ne succombe jamais plus promptement que sous l'autorité d'une force légale et d'une impartiale justice.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXVI), p.103, Alexis Eymery, 1823)
     
  327. L'arbitraire, accroissant le nombre des mécontents, augmente par là même et nécessairement l'espoir et les moyens de succès des factions.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXVII), p.103, Alexis Eymery, 1823)
     
  328. Un allié trop puissant devient souvent plus redoutable qu'un ennemi.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXVIII), p.103, Alexis Eymery, 1823)
     
  329. Un allié puissant est un maître.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXIX), p.104, Alexis Eymery, 1823)
     
  330. L'arme la plus dangereuse de la tyrannie est l'accusation pour crime de lèse-majesté, qu'on ne peut jamais définir avec précision, et qui, dans tous les temps, servit de prétexte pour condamner l'innocence, pour effrayer le courage, pour dépouiller l'opulence, pour opprimer la liberté.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXX), p.104, Alexis Eymery, 1823)
     
  331. Presque toutes les fautes reprochées à la tyrannie peuvent être attribuées à la servilité des victimes qui la flattent tant qu'elle les épargne, et qui ne l'accusent que lorsqu'elles en sont frappées.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXXI), p.104, Alexis Eymery, 1823)
     
  332. La tyrannie a toujours besoin des armes, puisque la force lui tient lieu de droit, et que sa main de justice n'est qu'une main de fer.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXXII), p.105, Alexis Eymery, 1823)
     
  333. La tyrannie la plus violente sent toujours la nécessité de voiler ses noirs desseins sous des formes légales.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXXIII), p.105, Alexis Eymery, 1823)
     
  334. La pire des tyrannies est celle qui opprime la pensée.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXXIV), p.105, Alexis Eymery, 1823)
     
  335. La tyrannie ne s'aperçoit de ses erreurs qu'au moment où elle sent le besoin de l'esprit public qu'elle a détruit.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXXV), p.105, Alexis Eymery, 1823)
     
  336. Le sort des tyrans est de craindre tous ceux qu'ils font trembler.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXXVI), p.106, Alexis Eymery, 1823)
     
  337. Le premier masque des tyrans est presque toujours populaire.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXXVII), p.106, Alexis Eymery, 1823)
     
  338. Un tyran, haï et méprisé, redoute plus ses sujets que ses ennemis.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXXVIII), p.106, Alexis Eymery, 1823)
     
  339. Il n'existe pas de tyrans pires que ceux qui ont commencé leur vie dans la servitude ; ils exercent le pouvoir comme une vengeance.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXXXIX), p.106, Alexis Eymery, 1823)
     
  340. La peur fit toujours les tyrans : dès qu'un gouvernement sait qu'il est haï, il sent le besoin d'être craint, et il cherche à éloigner la terreur qu'il éprouve par celle qu'il inspire.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXL), p.106, Alexis Eymery, 1823)
     
  341. Les tyrans redoutent les historiens, comme les brigands craignent les juges.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXLI), p.107, Alexis Eymery, 1823)
     
  342. Le despotisme est le repos de l'anarchie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXLII), p.107, Alexis Eymery, 1823)
     
  343. Sous le despotisme, les épigrammes, les satires, sont les dernières armes dont la faiblesse des peuples se sert dans l'ombre contre les tyrans.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXLIII), p.107, Alexis Eymery, 1823)
     
  344. Le despotisme affaiblit sa base en s'élevant : bientôt il n'a plus pour appui que la roue mobile de la fortune ; et dès qu'elle chancelle, il tombe sans secours, parce qu'il existait sans soutien.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXLIV), p.107, Alexis Eymery, 1823)
     
  345. Le despotisme est condamné à l'inconséquence, puisqu'il est par lui-même tout ce qu'on peut concevoir de plus opposé à la raison, à la nature, et à la justice.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXLV), p.108, Alexis Eymery, 1823)
     
  346. Dans tout pays libre le danger commun raille les esprits ; et la tranquillité intérieure y règne, lorsque la paix extérieure est troublée.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXLVI), p.108, Alexis Eymery, 1823)
     
  347. Dans les grands dangers l'envie se tait, l'intrigue s'effraie, les courtisans se cachent, et les hommes courageux se montrent.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXLVII), p.108, Alexis Eymery, 1823)
     
  348. Il est une fermeté de caractère qui éloigne tous les dangers, parce qu'elle empêche de les craindre. La peur les attire, le mépris les écarte, et l'on inspire toujours la confiance qu'on éprouve.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXLVIII), p.109, Alexis Eymery, 1823)
     
  349. Lorsque l'ambition s'empare de l'âme, elle y étouffe tout autre sentiment ; dès qu'elle parle, la nature se tait.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXLIX), p.109, Alexis Eymery, 1823)
     
  350. Les revers ralentissent, mais n'éteignent pas l'ambition.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCL), p.109, Alexis Eymery, 1823)
     
  351. Ceux qui ont joué la vertu par ambition cessent de se contraindre dès qu'ils sont parvenus au pouvoir.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLI), p.109, Alexis Eymery, 1823)
     
  352. Tout ambitieux doit s'accoutumer aux orages de l'océan populaire, les calmer au lieu d'irriter leur furie, et capter une bienveillance qu'on ne peut forcer.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLII), p.110, Alexis Eymery, 1823)
     
  353. L'ambitieux armé qu'on place près de la couronne n'a, pour ainsi dire, que le bras à étendre pour la saisir.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLIII), p.110, Alexis Eymery, 1823)
     
  354. Les ambitieux les plus intrépides ne savent pas braver la disgrâce comme le danger.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLIV), p.110, Alexis Eymery, 1823)
     
  355. Les ambitieux, pour braver et violer les lois, appellent à leur appui la force militaire, ignorant que cette force, qui paraît leur garantir l'impunité, doit leur devenir plus funeste que la liberté et que la justice qu'ils redoutent. Celui qui ne veut trouver nulle part de résistance finit par ne trouver nulle part d'appui.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLV), p.110, Alexis Eymery, 1823)
     
  356. Il n'existe qu'un moyen de jouir paisiblement de ses conquêtes ; c'est de laisser aux peuples conquis leurs lois et leurs coutumes, et de n'en exiger que des tributs plus légers que ceux qu'ils payaient avant la conquête : c'est ce que la raison enseigne, et ce que l'ambition n'apprend jamais.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLVI), p.111, Alexis Eymery, 1823)
     
  357. Un conquérant n'est qu'un roi blasé qui veut à tout prix de grandes émotions ; c'est un joueur déterminé qui prend un million d'hommes pour jetons et le monde entier pour tapis.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLVII), p.111, Alexis Eymery, 1823)
     
  358. En civilisation les extrémités se touchent, et la décadence ressemble à la barbarie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLVIII), p.112, Alexis Eymery, 1823)
     
  359. Il est un terme où la cruauté révolte et n'effraie plus.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLIX), p.112, Alexis Eymery, 1823)
     
  360. Dans les cours on pourrait presque juger du mérite d'un homme par le degré de haine qu'il inspire aux princes et à leurs favoris.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLX), p.112, Alexis Eymery, 1823)
     
  361. Quand on cherche le mérite dans les cours, on est certain de le reconnaître aux craintes qu'il inspire à la sottise.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXI), p.112, Alexis Eymery, 1823)
     
  362. Dans les cours, lorsque la flatterie parle, le silence est courage.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXII), p.113, Alexis Eymery, 1823)
     
  363. Dans les cours le mérite est rarement en faveur, lors même qu'il est en place.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXIII), p.113, Alexis Eymery, 1823)
     
  364. Dans les cours les flatteurs qui caressent les passions du prince l'emportent presque toujours sur l'homme de génie qui les combat.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXIV), p.113, Alexis Eymery, 1823)
     
  365. Le triste sort du mérite dans les cours est de ne pouvoir marcher sans appui.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXV), p.113, Alexis Eymery, 1823)
     
  366. La rigueur des princes faibles tue quelques conspirateurs ; la clémence des grands caractères tue les conspirations.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXVI), p.114, Alexis Eymery, 1823)
     
  367. La vraie clémence consiste non à pardonner, mais à oublier : il y a des pardons qui offensent ; ils gravent l'injure au lieu de l'effacer, et tuent la reconnaissance en l'exigeant.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXVII), p.114, Alexis Eymery, 1823)
     
  368. La tyrannie s'entoure d'espions et de délateurs, vermine qui pullule sous les mauvais gouvernements, et qui crée des coupables pour gagner un vil salaire.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXVIII), p.114, Alexis Eymery, 1823)
     
  369. Les délateurs sont toujours odieux et toujours impunis.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXIX), p.114, Alexis Eymery, 1823)
     
  370. Lorsqu'on veut animer la multitude, l'accumulation des griefs a plus de force que leur vraisemblance.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXX), p.115, Alexis Eymery, 1823)
     
  371. La multitude, semblable au malade, aime toujours à changer de position dans l'espoir de se trouver mieux.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXXI), p.115, Alexis Eymery, 1823)
     
  372. La multitude excite ses favoris à l'attaque, et les abandonne dans le péril.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXXII), p.115, Alexis Eymery, 1823)
     
  373. La multitude sans ordre ne peut rien contre une force organisée.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXXIII), p.115, Alexis Eymery, 1823)
     
  374. Le vulgaire admire d'abord ce qui l'effraie, et croit voir la justice où il trouve la force.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXXIV), p.115, Alexis Eymery, 1823)
     
  375. Il est dangereux et commun de confondre la populace avec le peuple.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXXV), p.116, Alexis Eymery, 1823)
     
  376. La populace est toujours esclave du succès ; et d'un moment à l'autre les guides de sa furie peuvent en devenir les victimes.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXXVI), p.116, Alexis Eymery, 1823)
     
  377. La populace est aussi furieuse contre les tyrans morts qu'elle est basse pour eux lorsqu'ils vivent.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXXVII), p.116, Alexis Eymery, 1823)
     
  378. Trop souvent le peuple est esclave dès qu'il est faible, et tyran dès qu'il domine.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXXVIII), p.116, Alexis Eymery, 1823)
     
  379. Le peuple préfère habituellement la paix à la liberté.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXXIX), p.117, Alexis Eymery, 1823)
     
  380. Souvent le peuple, par vanité, souffre qu'on l'enchaîne, pourvu qu'on paraisse le respecter.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXXX), p.117, Alexis Eymery, 1823)
     
  381. Un peuple qui se prosterne, même devant un bienfaiteur, ne pourra plus se relever contre un tyran.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXXXI), p.117, Alexis Eymery, 1823)
     
  382. Le peuple est toujours épris de la gloire, même quand elle pèse sur lui.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXXXII), p.117, Alexis Eymery, 1823)
     
  383. Le peuple est servile dans les temps de prospérité, et séditieux dans les jours de revers.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXXXIII), p.117, Alexis Eymery, 1823)
     
  384. Les peuples, comme les hommes, conservent souvent leur vanité après avoir perdu leur fortune, leur puissance, leur courage et leur fierté.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXXXIV), p.118, Alexis Eymery, 1823)
     
  385. La caducité des peuples ressemble à leur enfance ; leur faiblesse s'appuie sur des fables et des prestiges.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXXXV), p.118, Alexis Eymery, 1823)
     
  386. Ce n'est que par la connaissance approfondie d'un peuple qu'on trouve le secret de le vaincre, de le soumettre, et de le gouverner.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXXXVI), p.118, Alexis Eymery, 1823)
     
  387. Rien n'est si difficile ni si dangereux que de changer les habitudes d'un peuple ; il y tient presque autant qu'à la vie.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXXXVII), p.118, Alexis Eymery, 1823)
     
  388. Lorsqu'en suivant le torrent de leurs passions, les peuples se laissent tomber de l'ordre dans l'anarchie, de l'activité dans la mollesse, de la liberté dans la servitude, du patriotisme dans l'égoïsme, de la pureté des moeurs dans la corruption, les gouvernements s'épuisent en efforts constants, coûteux, pénibles, et trop souvent impuissants, pour leur faire gravir de nouveau cette hauteur morale, d'où l'on descend avec tant de célérité, et qu'il est si difficile et si rare de remonter.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXXXVIII), p.119, Alexis Eymery, 1823)
     
  389. Les peuples ont presque toujours été coupables de maux qu'ils souffrent ; et, comme les sauvages, ils divinisent ce qu'ils craignent ; ils dédaignent la vertu pacifique qui ferait leur bonheur, et ils encensent le luxe qui les ruine, la puissance qui les écrase, et le génie guerrier qui les détruit.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCLXXXIX), p.119, Alexis Eymery, 1823)
     
  390. Le sujet le plus général de mécontentement des peuples, c'est que presque dans tous les états la cour est tout, la nation n'est rien.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXC), p.120, Alexis Eymery, 1823)
     
  391. Tout peuple peut se gouverner avec un fil, si vous y attachez un peu d'espoir de gloire pour les guerriers, de fortune pour les courtisans, de pain pour l'agriculteur, de protection pour le commerce, de considération pour les lettres et pour les arts, de respect pour la croyance, et de liberté pour les philosophes. Ainsi faites une petite provision de feuilles de chêne, de laurier, d'olivier, d'épis, d'écus et de cordons, en y joignant le bandeau de la tolérance, et vous aurez trouvé le secret de gouverner les hommes sans dangers, sans obstacles, et sans efforts.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXCI), p.120, Alexis Eymery, 1823)
     
  392. La différence des lois, des langages et des moeurs sépare les peuples ; l'ambition les divise ; le commerce travaille constamment à les rapprocher et à les unir.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXCII), p.121, Alexis Eymery, 1823)
     
  393. Un peuple, dans son enfance, peut se laisser juger arbitrairement ; sa morale supplée au défaut de législation : mais, dès qu'il s'éclaire sur ses droits, tout pouvoir arbitraire lui devient insupportable ; il veut dépendre des lois et non des hommes ; il exige la justice, et réclame une part dans son administration.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXCIII), p.121, Alexis Eymery, 1823)
     
  394. La longue patience des peuples trompe les gouvernements injustes : le silence cache le danger ; mais quand la fermentation est mûre, une étincelle fait l'explosion.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXCIV), p.122, Alexis Eymery, 1823)
     
  395. Ce n'est point assez pour un peuple fier et libre d'être bien gouverné, s'il n'a point de part au gouvernement.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXCV), p.122, Alexis Eymery, 1823)
     
  396. Ce n'est que lorsque les peuples se montrent sérieux et tristes qu'ils sont à craindre.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXCVI), p.122, Alexis Eymery, 1823)
     
  397. Dans les pays soumis au despotisme, on voit presque toujours le trône renversé ou usurpé par la force destinée à le défendre.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXCVII), p.123, Alexis Eymery, 1823)
     
  398. Quand un trône est fondé sur des crimes, on peut en tomber, on n'ose pas en descendre.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXCVIII), p.123, Alexis Eymery, 1823)
     
  399. Dès qu'on touche à la couronne, il faut la porter ou perdre la tête.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCXCIX), p.123, Alexis Eymery, 1823)
     
  400. L'épée est un mauvais sceptre ; elle blesse tôt ou tard le prince qui s'appuie sur elle.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCC), p.123, Alexis Eymery, 1823)
     
  401. Il est dangereux de tenir une épée qui brille plus que le sceptre.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCI), p.124, Alexis Eymery, 1823)
     
  402. Le sceptre n'est pas un présent, c'est un fardeau.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCII), p.124, Alexis Eymery, 1823)
     
  403. Dans les temps de lumière on règne par l'esprit ; mais l'audace et la force du corps commandent seules dans les temps barbares.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCIII), p.124, Alexis Eymery, 1823)
     
  404. Tout règne qui commence par la débauche finit par la cruauté.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCIV), p.124, Alexis Eymery, 1823)
     
  405. L'art de régner consiste surtout dans l'habileté des choix.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCV), p.124, Alexis Eymery, 1823)
     
  406. On règne par le caractère, et non par l'esprit.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCVI), p.125, Alexis Eymery, 1823)
     
  407. Si le succès accroît rapidement les révoltes, le plus léger échec les atteint.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCVII), p.125, Alexis Eymery, 1823)
     
  408. Un des plus grands malheurs des dissensions civiles, c'est de dégrader quelquefois les plus nobles caractères.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCVIII), p.125, Alexis Eymery, 1823)
     
  409. Dans les troubles civils la fortune est toujours pour celui qui frappe contre celui qui parle.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCIX), p.125, Alexis Eymery, 1823)
     
  410. Dans les troubles publics un petit nombre de méchants et de factieux profitent avec audace, pour dominer, de l'inaction des gens de bien et de leur amour pour le repos.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCX), p.125, Alexis Eymery, 1823)
     
  411. Chacun, dans un moment de trouble, veut profiter de l'inquiétude publique pour perdre ses ennemis.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXI), p.126, Alexis Eymery, 1823)
     
  412. Si les victoires terminent les révolutions, la clémence seule peut les empêcher de se renouveler ; et l'on n'en détruit le souvenir qu'en les oubliant soi-même.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXII), p.126, Alexis Eymery, 1823)
     
  413. Les grandes révolutions, que le vulgaire attribue au génie de certains hommes, sont le fruit des siècles, l'oeuvre des circonstances ; et les hommes qui passent pour en être les auteurs ne font autre chose qu'en sonner l'heure, déjà marquée par le temps.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXIII), p.126, Alexis Eymery, 1823)
     
  414. C'est par la violence qu'on fait les révolutions ; on ne les termine que par la modération.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXIV), p.127, Alexis Eymery, 1823)
     
  415. Ceux qui commencent les révolutions ne les finissent jamais ; et l'on a perdu le droit et le moyen de réprimer les factions lorsqu'on a été factieux.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXV), p.127, Alexis Eymery, 1823)
     
  416. Les révolutions sont les fruits amers du souvenir des droits violés, de l'orgueil humilié, des intérêts blessés.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXVI), p.127, Alexis Eymery, 1823)
     
  417. Plus le nombre des hommes qui entrent dans une conspiration s'accroît, plus il est difficile qu'elle reste longtemps cachée ; tout ce qui ajoute à sa force augmente en même temps son danger.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXVII), p.128, Alexis Eymery, 1823)
     
  418. Dans tous les temps les mêmes passions produisent les mêmes effets : on a vu et l'on verra toujours l'esprit de parti créer des conspirations pour se donner le droit et le mérite de les punir.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXVIII), p.128, Alexis Eymery, 1823)
     
  419. Le plus sûr moyen de priver de complices ceux qui veulent conspirer, c'est de diminuer le nombre des mécontents par des actes de justice et de bonne foi.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXIX), p.128, Alexis Eymery, 1823)
     
  420. Les héros sont comme les grands fleuves ; leur source est petite, ils grandissent en marchant.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXX), p.129, Alexis Eymery, 1823)
     
  421. Les factions tuent presque toujours ceux qui les font naître.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXXI), p.129, Alexis Eymery, 1823)
     
  422. C'est par un constant oubli qu'on tue les factions.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXXII), p.129, Alexis Eymery, 1823)
     
  423. Les esprits ardents, les hommes ambitieux, les têtes factieuses, se trouvent partout, comme les vents prêts à briser un vaisseau mal gouverné ; ce n'est donc pas des flots et des vents, mais du pilote, qu'il faut se plaindre après le naufrage.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXXIII), p.129, Alexis Eymery, 1823)
     
  424. Les libellistes incendiaires, fanatiques et calomniateurs, se taisent lorsque l'ordre règne, ne se montrent que dans les orages, et ressemblent à ces insectes qu'attire la dissolution des corps.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXXIV), p.130, Alexis Eymery, 1823)
     
  425. Tout parti qui commet la faute d'appeler les étrangers sacrifie l'intérêt général à l'intérêt privé, et livre sa patrie à un joug humiliant.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXXV), p.130, Alexis Eymery, 1823)
     
  426. Tout parti qui se relève passe les règles de la justice.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXXVI), p.130, Alexis Eymery, 1823)
     
  427. L'esprit de parti est au gouvernement ce que le fanatisme est à la religion ; l'un et l'autre détruisent ce qu'ils paraissent vouloir conserver, et mettent le feu au bâtiment pour l'éclairer.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXXVII), p.130, Alexis Eymery, 1823)
     
  428. L'esprit de parti tend à isoler un gouvernement en ne le rendant favorable qu'à l'intérêt de quelques-uns ; un gouvernement, au contraire, sait, en consultant la raison, qu'il n'est entouré de l'amour universel qu'en donnant une égale espérance à tous, et qu'il ne réunit la majorité des voeux qu'en favorisant la majorité des intérêts.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXXVIII), p.131, Alexis Eymery, 1823)
     
  429. L'esprit de gouvernement grandit tout, fortifie tout, nationalise et royalise tout ; il élève graduellement son sommet en élargissant continuellement sa base : l'esprit de parti rapetisse tout ; si on le laissait faire, il ne ferait du chef de la nation qu'un chef de parti.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXXIX), p.131, Alexis Eymery, 1823)
     
  430. L'homme de parti ne sent pas le besoin de méditer pour choisir ; il voit tous les objets de profil et sous une seule face : quiconque sert ses passions est plein de mérite ; celui qui lui nuit est rempli de défauts et de vices ; aveugle à la lumière, sourd à la raison, il juge tout par son intérêt ; c'est la base de sa morale, et la seule règle qu'il connaisse pour mesurer les hommes et les actions.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXXX), p.132, Alexis Eymery, 1823)
     
  431. Tous les partis ardents ont une maladie d'imagination qui serait risible, si souvent elle n'était pas tragiquement dangereuse pour ceux qui les approchent. Comme ils repoussent et blessent la raison qui veut les calmer, on les fuit, et ils éprouvent tôt ou tard la punition de l'égoïsme, l'isolement.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXXXI), p.132, Alexis Eymery, 1823)
     
  432. L'esprit de parti est l'esprit de ceux qui en ont peu : rien n'est plus difficile à guérir ; c'est un mal qui plaît au malade ; il lui épargne beaucoup d'embarras, car il dispense de réflexion pour examiner et de vertu pour agir.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXXXII), p.133, Alexis Eymery, 1823)
     
  433. L'esprit de parti est aveugle par sa nature, et n'écoute pas la raison éternelle, qui dit que tous les excès sont pareillement dangereux ; que la liberté sans bornes est aussi faible que l'autorité sans limites ; que l'anarchie et le despotisme avilissent également l'espèce humaine, dont ils anéantissent les talents et la dignité ; que l'énergie, qui donne la liberté, ne serait que funeste, si elle était privée de la sagesse, qui la conserve ; et que la balance bien établie des pouvoirs peut seule donner une base solide au bonheur d'une nation, en garantissant à la fois les hommes et leurs propriétés et des dangers de la tyrannie et des calamités de la licence.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXXXIII), p.133, Alexis Eymery, 1823)
     
  434. L'esprit de parti connaît si bien sa propre difformité qu'il se montre toujours, pour dominer, sous le masque du patriotisme ou du royalisme.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXXXIV), p.134, Alexis Eymery, 1823)
     
  435. L'esprit de parti n'est qu'un égoïsme un peu étendu ; il rapetisse les pensées, fausse les idées, corrompt les sentiments, et met les intérêts à la place des vertus ; il enfante les discordes, rompt les liens des peuples, et cause même le malheur des individus, en chassant de leur coeur la modération et la bienveillance, hors desquelles il ne peut exister ni vraie sagesse ni vrai bonheur.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXXXV), p.134, Alexis Eymery, 1823)
     
  436. L'évidence de l'intérêt commun ne frappe jamais l'aveugle esprit de parti.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXXXVI), p.135, Alexis Eymery, 1823)
     
  437. La supposition imprudente des intentions cause souvent l'affligeante animosité de l'esprit de parti.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXXXVII), p.135, Alexis Eymery, 1823)
     
  438. L'esprit de parti voit tout de profil, et ne peut jamais apercevoir que le côté favorable à ses voeux.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXXXVIII), p.135, Alexis Eymery, 1823)
     
  439. Presque tous les premiers pas des réformateurs sont sages : mais bientôt les obstacles qu'ils rencontrent les irritent, et la passion les emporte au-delà du but ; ils arrivent à l'erreur par le chemin de la vérité.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXXXIX), p.136, Alexis Eymery, 1823)
     
  440. Un homme appelé pour réformer une nation doit posséder la justice qui inspire la confiance, le talent qui persuade, la science qui éclaire, et une douceur de caractère propre à concilier les intérêts et à calmer les passions.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXL), p.136, Alexis Eymery, 1823)
     
  441. Les complices des princes rebelles deviennent presque toujours leurs premières victimes.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXLI), p.136, Alexis Eymery, 1823)
     
  442. Les princes qui occupent le moins de place dans l'histoire sont souvent ceux qui en méritent une plus honorable dans le coeur de leurs sujets.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXLII), p.137, Alexis Eymery, 1823)
     
  443. Un monarque cesse d'être le chef de l'état quand il se fait chef d'un parti ; et il ne peut plus rien pour l'intérêt général quand il favorise l'intérêt privé.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXLIII), p.137, Alexis Eymery, 1823)
     
  444. L'étiquette est aussi nécessaire aux monarques que les costumes aux acteurs.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXLIV), p.137, Alexis Eymery, 1823)
     
  445. Pour bien régner, il ne suffit pas d'être doué de courage, d'esprit et d'adresse ; mais sans bonne foi, sans morale, et sans justice, il ne peut exister ni un grand homme ni un grand roi.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXLV), p.137, Alexis Eymery, 1823)
     
  446. Soit vanité, soit faiblesse, soit raison, tous les grands monarques parurent regarder la splendeur comme inséparable du diadème.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXLVI), p.138, Alexis Eymery, 1823)
     
  447. Lorsque la capitale d'un empire s'écroule, il n'est de place honorable pour le prince que la brèche ; elle doit être son trône ou son tombeau.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXLVII), p.138, Alexis Eymery, 1823)
     
  448. Dès que le prince se livre à la terreur, il donne à la méchanceté les moyens les plus faciles de fortune et de puissance.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXLVIII), p.138, Alexis Eymery, 1823)
     
  449. Rien n'est plus odieux aux grands qu'un prince qui peut régner par lui-même, et qui ne veut pas être gouverné par eux.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCXLIX), p.139, Alexis Eymery, 1823)
     
  450. Une des qualités qui caractérisent les grands princes, c'est la sagesse et l'habileté de leurs choix : ils confient les postes importants non à ceux qui leur plaisent, mais à ceux qu'ils estiment ; ils veulent, non qu'on flatte leurs passions, mais qu'on serve leurs intérêts.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCL), p.139, Alexis Eymery, 1823)
     
  451. C'est dans les temps d'infortune que les rois sont forcés de préférer le mérite à la faveur.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCLI), p.139, Alexis Eymery, 1823)
     
  452. L'esprit des siècles ressemble à un fleuve large et rapide ; il est difficile de le traverser, impossible de le remonter. Cependant la manie la plus ordinaire des enfants ingrats de chaque siècle est de vanter les siècles précédents aux dépens du leur : le temps où ils vivent est, selon eux, l'âge de fer ; celui de leurs aïeux est l'âge d'or.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCLII), p.139, Alexis Eymery, 1823)
     
  453. L'esprit du siècle devrait être facile à connaître, puisque c'est l'esprit de tout le monde ; mais il est souvent étrangement défiguré par l'esprit de parti, de secte, de classe, de société, de coterie, qui tous le représentent à leur manière ; chacun le voit avec ses lunettes, le mesure à sa taille, le juge avec son opinion, et lui prête sa couleur. Il est embelli par l'amour-propre satisfait, déchiré par l'orgueil mécontent, accusé par le malheur, défendu par la prospérité. La jeunesse l'aime et le vante ; la vieillesse le dénigre et le hait. Mais, sans s'embarrasser de leur censure, et sans se laisser enivrer par leurs louanges, le siècle marche toujours, et entraîne dans son cours tout ce qui veut follement lui résister.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCLIII), p.140, Alexis Eymery, 1823)
     
  454. Celui qui suit l'esprit du siècle va vite et loin ; celui qui veut marcher dans un sens contraire est bientôt arrêté, brisé, renversé.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCLIV), p.141, Alexis Eymery, 1823)
     
  455. Les siècles marchent dans la nuit des temps, guidés par le flambeau de l'expérience ; plus ils s'avancent, plus ils s'éclairent ; ils évitent les écueils qu'ont trouvés leurs devanciers, mais ils en rencontrent d'autres ; ils ne tombent plus dans les mêmes fautes, mais ils en commettent de nouvelles ; ils rient des fantômes qui ont effrayé leurs pères, et ne peuvent être dupes que de quelque prestige nouveau qui se dissipe à son tour : chaque pas les éloigne de l'erreur et les rapproche de la raison.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCLV), p.141, Alexis Eymery, 1823)
     
  456. Les hostilités mercantiles se sont souvent changées en hostilités funestes, et le commerce a souvent armé les nations qu'il devait unir.
    (Pensées, maximes, réflexions (CCCCLVI), p.142, Alexis Eymery, 1823)
     
  457. Quand la cupidité lutte contre la vertu, son succès est rarement douteux.
    (Pensées diverses, p.143, Alexis Eymery, 1823)
     
  458. Rien n'est plus rare et plus glorieux que de se faire aimer de ceux qu'on a vaincus.
    (Pensées diverses, p.143, Alexis Eymery, 1823)
     
  459. Les âmes héroïques connaissent seules les touchants égards pour les vaincus.
    (Pensées diverses, p.143, Alexis Eymery, 1823)
     
  460. On doit désirer la liberté sans licence, la religion sans fanatisme, la croyance sans superstition, la philosophie sans athéisme, l'égalité politique dans saturnales, la monarchie sans despotisme, l'obéissance sans servitude, la paix dans faiblesse, et le repos sans apathie.
    (Pensées diverses, p.143, Alexis Eymery, 1823)
     
  461. Les hommes vulgaires se laissent endormir par l'encens et par les hommages ; les hommes de génie en profitent sans s'y fier.
    (Pensées diverses, p.144, Alexis Eymery, 1823)
     
  462. Si la vie est un bien, la mort est son fruit ; si la vie est un mal, la mort est son terme.
    (Pensées diverses, p.144, Alexis Eymery, 1823)
     
  463. Aimer est un bonheur, haïr est un tourment ; l'amour est la loi du ciel, la haine celle de l'enfer.
    (Pensées diverses, p.144, Alexis Eymery, 1823)
     
  464. Le vice et le crime sont bien près de leur triomphe, lorsqu'ils obtiennent l'éloignement de la vertu et l'exil de la vérité.
    (Pensées diverses, p.145, Alexis Eymery, 1823)
     
  465. C'est lorsque l'homme gémit sur la terre qu'il tourne ses regards vers le ciel.
    (Pensées diverses, p.145, Alexis Eymery, 1823)
     
  466. On descend facilement de la vertu au vice et de la liberté à la servitude ; mais c'est une pente qu'on ne remonte pas.
    (Pensées diverses, p.145, Alexis Eymery, 1823)
     
  467. Un monument, dressé par un fugitif, n'est qu'un trophée de plus pour ses ennemis.
    (Pensées diverses, p.145, Alexis Eymery, 1823)
     
  468. Il est des circonstances critiques dont la fermeté et la bonne foi peuvent seules triompher, mais où la faiblesse et la fausseté succombent toujours.
    (Pensées diverses, p.146, Alexis Eymery, 1823)
     
  469. Tous les hommes entendent la voix des passions ; très peu sont susceptibles d'écouter celle de la politique et de la raison.
    (Pensées diverses, p.146, Alexis Eymery, 1823)
     
  470. Beaucoup d'hommes d'état forment de vastes plans, et peu savent les exécuter.
    (Pensées diverses, p.146, Alexis Eymery, 1823)
     
  471. Révolutions sanglantes, secousses tantôt rétrogrades et tantôt progressives, tels sont les effets inévitables des vices de l'humanité.
    (Pensées diverses, p.146, Alexis Eymery, 1823)
     
  472. L'arbitraire et la liberté, le calme et le mécontentement, un repos fixe et une législation provisoire, sont les choses les plus incompatibles.
    (Pensées diverses, p.147, Alexis Eymery, 1823)
     
  473. En tout temps, en tout lieu, les grandes vertus, les grands crimes, sont rares ; la faiblesse et la médiocrité sont communes : peu d'hommes vont jusqu'à l'extrême du bien et du mal ; la foule est dans le milieu.
    (Pensées diverses, p.147, Alexis Eymery, 1823)
     
  474. Il n'y a rien de moins comprimable au monde que l'opinion et la pensée.
    (Pensées diverses, p.147, Alexis Eymery, 1823)
     
  475. Les hommes les plus présomptueux avant le péril sont les plus lâches après un échec.
    (Pensées diverses, p.148, Alexis Eymery, 1823)
     
  476. L'homme est toujours pauvre en pensant à ce qui est au-dessus de lui, et riche en se comparant à ce qui est au-dessous.
    (Pensées diverses, p.148, Alexis Eymery, 1823)
     
  477. Il vaut mieux avoir fait en peu de temps beaucoup de bien que de courir le risque de faire beaucoup de mal longtemps.
    (Pensées diverses, p.148, Alexis Eymery, 1823)
     
  478. La vanité est incrédule, et la raison est prophétique.
    (Pensées diverses, p.148, Alexis Eymery, 1823)
     
  479. Le cerveau humain, au lieu d'offrir l'image d'un appartement bien rangé et bien garni, ressemble à un garde-meuble où se trouvent entassés pêle-mêle le vieux et le neuf, les objets précieux et ceux de rebut ; de sorte que la plupart des hommes feraient peut-être un bon marché en oubliant ce qu'ils ont appris, pour apprendre ce qu'ils ne savent pas.
    (Pensées diverses, p.149, Alexis Eymery, 1823)
     
  480. Les hommes libres aiment leurs chefs, les esclaves adorent leurs maîtres.
    (Pensées diverses, p.149, Alexis Eymery, 1823)
     
  481. Il n'y a d'utile que ce qui est honnête ; on n'est véritablement grand que par la justice, et complètement heureux que par la vertu.
    (Pensées diverses, p.149, Alexis Eymery, 1823)
     
  482. L'arche de Noé ressemblait à une infinité d'autres bâtiments ; on y trouvait beaucoup de bêtes et bien peu d'hommes.
    (Pensées diverses, p.150, Alexis Eymery, 1823)
     
  483. La vertu seule est courageuse, tandis que le crime est bas dans le malheur et insolent dans la prospérité.
    (Pensées diverses, p.150, Alexis Eymery, 1823)
     
  484. La légitimité d'une cause ne peut justifier la lâcheté des moyens qu'on prend pour la servir.
    (Pensées diverses, p.150, Alexis Eymery, 1823)
     
  485. Tout ce qui est conforme à l'ordre général est vertu ; tout ce qui s'en écarte, tout ce qui veut y nuire est vice ; et l'on pourrait établir une échelle morale parfaitement graduée, depuis la plus sublime des vertus jusqu'au plus funeste des vices.
    (Pensées diverses, p.150, Alexis Eymery, 1823)
     
  486. La faveur populaire est inconstante, et la haine aristocratique est durable.
    (Pensées diverses, p.151, Alexis Eymery, 1823)
     
  487. L'un des premiers devoirs pour celui qui donne est d'oublier ce qu'il a donné, et pour celui qui a reçu de s'en souvenir et de le publier.
    (Pensées diverses, p.151, Alexis Eymery, 1823)
     
  488. La fortune et le temps distribuent, l'une avec caprice et l'autre avec équité, les récompenses et les châtiments.
    (Pensées diverses, p.151, Alexis Eymery, 1823)
     
  489. Chaque homme ressemble à un souverain qui ne voit autour de lui qu'un petit nombre de sages et une foule de courtisans : les vertus l'effraient par leur air austère, et sont bientôt écartées comme importunes ; les vices sont les flatteurs, ils mènent au malheur par la pente des plaisirs.
    (Pensées diverses, p.151, Alexis Eymery, 1823)
     
  490. Dès qu'on délibère entre la liberté et la servitude, la honte est déjà résolue, et l'on mérite d'être esclave.
    (Pensées diverses, p.152, Alexis Eymery, 1823)
     
  491. Tout homme qui délibère entre le courage et la honte finit nécessairement par prendre le parti le plus lâche.
    (Pensées diverses, p.152, Alexis Eymery, 1823)
     
  492. On ne peut vivre absolument étranger aux opinions, aux moeurs, aux erreurs de ses contemporains ; c'est assez pour la gloire et beaucoup pour l'humanité que de savoir dominer les hommes de son temps, mettre quelques digues au torrent qu'on suit, et modérer les passions qu'on partage.
    (Pensées diverses, p.152, Alexis Eymery, 1823)
     
  493. La vaillance et la fortune suffisent pour faire des conquêtes ; mais la sagesse et la justice seules peuvent soumettre les peuples conquis.
    (Pensées diverses, p.153, Alexis Eymery, 1823)
     
  494. Un homme nouveau en place, qui n'a d'autre soutien que sa vertu, doit inspirer plus de confiance que ces hommes superbes qui se croient dispensés de tout mérite par l'illustration de leur race et par la richesse de leur famille.
    (Pensées diverses, p.153, Alexis Eymery, 1823)
     
  495. Les âmes vraiment nobles aiment mieux devoir leurs distinctions au mérite qu'à la naissance, et leurs grades à des services qu'à des aïeux ; les âmes vulgaires pensent différemment, et elles sont nombreuses : c'est ce qui rend la majorité des grands si ennemie de l'égalité.
    (Pensées diverses, p.154, Alexis Eymery, 1823)
     
  496. Il est des coups hardis qui seuls peuvent électriser des âmes abattues, en les étonnant par une grande audace et en les enflammant par un grand exemple.
    (Pensées diverses, p.154, Alexis Eymery, 1823)