Mortimer J. Adler
1902-2001
  1. Nombreux sont les étudiants qui réussissent à se rendre compte, bien avant d'avoir pu obtenir leur baccalauréat, qu'ils ont passé des années à suivre des cours dans l'unique but de réussir des examens qui doivent y mettre fin. Ce qu'ils apprennent par ce procédé dépend beaucoup plus de la personnalité du professeur que des matières étudiées. Si l'élève se rappelle assez ce que lui ont transmis les causeries et les manuels, et s'il sait se plier aux petites manies du professeur, il parviendra à passer son bac sans trop d'embêtements. Mais, il aura raté son éducation.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.28, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  2. Chaque profession a, pour impressionner le profane, un certain aspect charlatanesque.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.29, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  3. Si l'on considère les hommes et les femmes en général, sans tenir compte de la carrière qu'ils occupent, il n'existe à mon sens qu'une époque de la vie où chacun accomplit un réel effort pour mieux lire que d'habitude - c'est quand ils sont en amour. Les amoureux mettent en effet à lire les lettres qu'ils échangent le meilleur de leur attention.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.30, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  4. [Lire] est une opération par laquelle l'esprit, n'ayant pour toute matière que les signes du texte écrit, et sans assistance de l'extérieur, s'élève, par la seule force de ses efforts, d'une compréhension moindre à une compréhension meilleure.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.43, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  5. [...] lire et écouter appartiennent au même art : celui d'apprendre.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.57, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  6. [...] si vous posez une question au livre que vous lisez, vous en serez quittes pour chercher en vous-mêmes la réponse. Sous ce rapport, un livre est comme la nature. Lorsque vous lui parlez, il ne peut répondre que dans la mesure où vous pouvez vous-même réfléchir et analyser ce qu'expriment les mots.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.62, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  7. Au surplus, j'imagine que si l'on cherche à comprendre plutôt qu'à se renseigner, la lecture fera encore mieux que le maître. Certes, à divers degrés, nous sommes tous coupables de lire passivement ; mais combien plus grande est la tentation d'écouter passivement une causerie. Avec beaucoup de vérité, on a pu dire qu'une causerie est une opération par laquelle les notes du professeur passent dans les cahiers des élèves sans passer par l'esprit d'aucun d'eux.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.67, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  8. La multiplication des manuels et des cours oraux dans notre enseignement est l'un des plus sûrs indices de notre décadence littéraire. On dit railleusement que ceux qui sont impuissants à aider leurs élèves dans la lecture des ouvrages transcendants écrivent des manuels, ou, du moins, utilisent les manuels écrits par leurs collègues afin de suppléer à leur incompétence. On pourrait définir un manuel : une invention pédagogique pour faire entrer quelque chose dans la tête de ceux qui ne savent pas suffisamment lire pour apprendre plus activement. Les causeries qui se donnent habituellement en classe ne valent pas mieux. Quand les maîtres ne savent plus comment s'y prendre pour lire en commun avec leurs élèves, ils leur adressent une causerie.
    Les manuels et les vulgarisations de toutes sortes sont écrits pour ceux qui ne savent pas lire ou qui cherchent dans la lecture que des renseignements. En tant que maîtres inanimés, ces livres s'assimilent aux répétiteurs de second ordre qui les ont écrits. Animé ou non, le répétiteur s'efforce d'inculquer des connaissances à ses élèves sans exiger d'eux une activité trop grande ou trop industrieuse. L'art d'enseigner de ces répétiteurs est celui qui exige le moins, chez l'étudiant, de l'art d'apprendre. Ils saturent l'esprit au lieu de l'éclairer. Leur succès se mesure aux capacités d'absorbtion [sic] de l'éponge.

    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.72, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  9. Lorsque les maîtres ignorent l'art de se laisser instruire, ils peuvent difficilement être de vrais maîtres.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.83, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  10. La possession d'un art est une condition indispensable de son utilisation et de la jouissance du savoir-faire qu'il comporte.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.88, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  11. La plus saine notion de l'éducation, il me semble, est celle qui donne la plus large part à la discipline. Dans cet ordre d'idée, ce qu'on apprend à l'école n'est pas tant le savoir que la technique du savoir, c'est-à-dire l'art de s'instruire par l'entremise de tous les moyens que procure l'ambiance de chacun. Les institutions n'instruisent que si elles permettent à chacun de continuer à apprendre tout le reste de sa vie. L'art de lire et la technique de la recherche sont les instruments premiers du savoir, de l'art d'apprendre et de la découverte. C'est pourquoi ils doivent être l'objectif premier de tout système éducatif bien compris.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.97, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  12. Si les écoles enseignaient aux élèves à bien lire, elles en feraient des étudiants qui continueraient à étudier en sortant de l'école et après.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.98, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  13. Moins on peut utiliser les mots intelligemment, plus on est porté à blâmer les autres de s'exprimer de façon inintelligible. On peut même transformer en fétiches ses propres cauchemars de langage et, alors, devenir des sémantistes de carrefour.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.101, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  14. En l'état actuel des choses, nous ne sommes certes pas un peuple liseur. Nous croupissons dans les magazines et nous nous droguons avec le cinéma ou la télévision...
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.109, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  15. Je lis rarement dans le vivoir, confortablement installé dans un fauteuil, par crainte de me laisser aller à la détente ou de m'endormir. Je m'installe plutôt à mon bureau, sans aucun confort, tenant presque toujours un crayon à la main et un bloc-notes à ma portée.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.124, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  16. Mais les Tables des Matières sont comme des cartes géographiques. Elles sont aussi utiles pour la première lecture d'un ouvrage qu'une carte routière pour un premier voyage en pays étranger.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.128, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  17. [...] un principe pédagogique : peut-être serait-il sage de s'assurer que les gens sont en état de bien lire un livre entier avant de les inciter à suivre un cours oral. Ce n'est pas tout à fait ce que l'on préconise actuellement dans les collèges. Cela ne se pratique pas, non plus, dans l'enseignement post-scolaire. Bien des gens s'imaginent qu'un cours oral est le chemin le plus direct pour apprendre ce qu'ils ne peuvent obtenir des livres. Mais ce chemin ne conduit pas au but qu'ils souhaitent. En fait, il les en éloigne plutôt.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.144, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  18. [...] comme le tic-tac d'une horloge -  une chose qu'on remarque quand elle fait défaut.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.156, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  19. [...] l'Histoire est un amalgame de science et de poésie.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.178, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  20. Les auteurs devraient se contenter d'écrire des livres et laisser les commentaires à leurs lecteurs.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.191, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  21. Le lecteur qui refuse de peser le sens des mots qu'il ne comprend pas - ou à tout le moins de les noter - s'expose aux mêmes dangers que le mécanicien d'une locomotive qui dépasse les signaux d'arrêt avec l'espoir que les voies se décongestionneront d'elles-mêmes.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.205, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  22. L'étonnement est le commencement de la sagesse qui fait apprendre des livres aussi bien que de la nature. Si vous ne vous posez jamais de questions à vous-mêmes sur la signification d'un passage, vous ne pouvez attendre d'un livre des aperçus plus profonds que ceux que vous possédez déjà.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.227, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  23. La lecture d'un livre est, en un certain sens, une conversation,
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.242, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  24. Toute conversation intelligente profite à ceux qui y prennent part par ce qu'ils en apprennent.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.243, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  25. [...] on confond généralement la docilité du lecteur avec la servilité. On oublie que le mot « docile » tire son origine du latin docere, qui signifie enseigner, et, qu'en français, son premier sens est celui de posséder une « disposition naturelle à se laisser enseigner ». On garde à tort les gens sous l'impression qu'être docile c'est assumer une attitude passive et complaisante. Au contraire, la docilité est la vertu extrêmement active de se laisser enseigner, de se montrer éducable. Nul n'est vraiment éducable s'il n'exerce son sens critique à propos. C'est ce lecteur qui, en fin de compte, « répond » à l'auteur en exerçant le plus grand effort afin de se faire une idée personnelle des matières dont il traite dans son oeuvre.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.245, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  26. Quiconque s'en remet de la responsabilité de ses jugements à d'autres qu'à lui-même est un esclave et non un homme libre.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.247, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  27. Être d'accord sans comprendre est stupide ; ne pas l'être sans comprendre est impudence.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.248, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  28. On perd tout espoir de retirer des fruits d'une discussion si l'on refuse de reconnaître que les hommes doués de raison peuvent tous s'entendre.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.253, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  29. La manière la plus efficace de se protéger contre toute propagande est de se rendre parfaitement compte de sa présence et de la prendre pour ce qu'elle est. Seule est insidieuse l'éloquence sournoise dont on ignore la nature tendancieuse. Ce qui atteint le coeur sans passer par l'esprit risque de rebondir et de rendre l'esprit « hors de service ». Assimilée de cette façon, la propagande est une drogue qu'on avale sans s'en apercevoir. L'effet est mystérieux. Vous ne savez pas, après cela, pourquoi vous vous sentez de telle façon ou pourquoi vous pensez comme il vous arrive de le faire.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.282, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  30. Le mot principe veut dire commencement. Les assertions pour lesquelles débute un philosophe sont des principes.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.291, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  31. La beauté de toute oeuvre d'art est en rapport avec le plaisir qu'elle procure lorsqu'on la comprend parfaitement.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.321, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  32. Quoique vous ne devriez jamais oublier la différence qui peut exister entre ce qui est bon en soi et ce qui vous plaît, vous devez viser à éviter l'état d'esprit qui fait tenir des propos ineptes comme : « Je ne connais rien à l'art, mais je sais reconnaître quand une chose est de mon goût ».
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.323, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  33. [...] il n'y a pas progrès partout. Les problèmes fondamentaux de l'humanité demeurent les mêmes à chaque époque. Quiconque lit les discours de Démosthène et les lettres de Cicéron, ou, si l'on préfère, les essais de Bacon et de Montaigne, se rend compte jusqu'à quel point est constante la préoccupation des hommes au sujet du bonheur et de la justice, de la vertu et de la vérité, et même au sujet de la stabilité et du changement. On peut en venir à accélérer la marche de la vie, mais on ne peut vraisemblablement pas réussir à changer les moyens qui nous conduisent à ses buts.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.341, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  34. Les livres qui se laissent le mieux lire se laissent relire à l'infini.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.343, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  35. La sagesse trouve sa force, et non sa déchéance, en reconnaissant ses limitations. L'ignorance ne saurait confirmer la sottise autant que la tromperie de soi-même qui illusionne.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.344, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  36. Mais ne commettez pas l'erreur de l'homme d'affaires qui consacre toute son énergie à s'amasser un magot avec l'idée qu'il saura utiliser ses loisirs lorsqu'il prendra sa retraite. Loisir et travail doivent occuper chaque semaine et non pas partager la durée de la vie en étapes.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.345, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  37. J'ai la certitude qu'une éducation libérale constitue le plus puissant rempart de la démocratie.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.366, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  38. C'est Bacon qui dit : «La lecture fait l'homme complet, la conférence fait l'homme préparé, et la rédaction l'homme exact ».
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.371, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  39. L'esprit entraîné à bien lire développe ses facultés d'analyse et de critique. L'esprit entraîné à discuter comme il faut les aiguise davantage. En considérant avec patience et sympathie les raisonnements, on acquiert pour eux une tolérance qui freine notre instinct animal de toujours imposer nos opinions aux autres. On apprend vite que la seule autorité demeure la raison - que les seuls arbitres de tout désaccord sont les raisonnements et les preuves. On se rend compte de la futilité de vouloir prendre de l'ascendant par un déploiement de force et pour le dénombrement de ceux qui nous approuvent. Les questions d'un réel intérêt ne sauraient se résoudre par le seul poids de l'opinion. Il faut faire appel à la raison et ne pas compter sur les groupes de pression.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.372, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  40. Quand les hommes ne peuvent vivre ensemble comme des amis lorsqu'une société n'est pas bâtie sur une véritable communauté de compréhension, la liberté n'y peut régner. Il n'y a de vie libre qu'au milieu d'amis. Partout ailleurs, nous nous sentons constamment accablés de craintes sans nombre et chacun de nos gestes est retenu par le doute.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.374, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  41. L'art de la lecture, l'art de la rédaction, l'art d'écouter et l'art de parler sont des arts qui nous permettent de penser librement parce qu'ils imposent une discipline à l'esprit. Ce sont des arts libérateurs. La discipline qu'ils nous imposent nous libère des exagérations fantaisistes nées de l'opinion non fondée et des étreintes mesquines des préjugés sociaux. Ils libèrent l'esprit de tout genre de domination, si ce n'est l'autorité de la seule raison.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.375, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  42. À mon sens, le faux libéralisme est celui qui confond l'autorité avec la tyrannie et la discipline avec l'enrégimentation ou le corporalisme. Ce faux libéralisme a cours partout où se trouvent des gens qui s'imaginent que toute chose est simplement question d'opinion. C'est une doctrine qui conduit au suicide. En fin de compte, cela équivaut à prétendre que la force prime le droit. Celui qui tente de se libérer de la raison, plutôt que par elle, se livre au seul autre arbitre des affaires humaines - la force, ou ce qu'on a si bien appelé « l'arbitrage terrifiant de la guerre »
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.,376 Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  43. De nos jours, la plume est aussi puissante que l'épée lorsqu'elle se trouve au service d'un despote. Autrefois, les tyrans se recrutaient parmi les grands généraux ; de nos jours, les tyrans sont des stratèges passés maîtres dans l'art de la communication ; des orateurs ou des propagandistes experts en tromperie. Leurs armes sont la radio et la presse, tout autant que la police secrète et les camps de concentration. Lorsque les gens se sont laissé berner par la propagande, ils deviennent aussi serviles que lorsqu'ils sont soumis par la force brutale. Ce sont alors des fantoches politiques, non des hommes libres gouvernés démocratiquement.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.377, Le Club des Grands Auteurs, 1964)
     
  44. Tout comme un bon professeur s'efforce de faire jaillir chez ses élèves la passion de savoir qui leur permet d'apprendre par eux-mêmes, ainsi l'art de conduire, dans une démocratie, se résume-t-il à inviter les citoyens à faire leur part active.
    (Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle , p.378, Le Club des Grands Auteurs, 1964)