G.C. Lichtenberg
1742-1799
  1. Il est si délicat d'identifier l'origine des choses qui nous habite, que serait-ce alors si nous voulions déterminer celle des choses qui nous sont étrangères ?
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.98, Éd. José Corti, 1997)
     
  2. Platon a déjà exprimé l'idée que pour améliorer les hommes il faudrait débuter par les putains.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.109, Éd. José Corti, 1997)
     
  3. Si nous pouvions nous exprimer aussi bien que nous ressentons les choses, les orateurs seraient moins opiniâtres et les amoureux moins cruels.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.110, Éd. José Corti, 1997)
     
  4. L'homme est la mesure du merveilleux ; chercher une mesure générale au merveilleux, c'est l'avilir et rendre toutes choses égales à elles-mêmes.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.110, Éd. José Corti, 1997)
     
  5. [...] les gens qui trop imitent affaiblissent leur propre imagination. [...] Celui qui imite sans comprendre les raisons de l'imitation perd généralement aussitôt la sûreté de la main qui le guidait.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.113, Éd. José Corti, 1997)
     
  6. Tout notre univers n'est rien d'autre qu'une action de la pensée de Dieu sur la matière.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.114, Éd. José Corti, 1997)
     
  7. Sois attentif, n'examine rien vainement, sonde et compare ; c'est la loi générale de la philosophie.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.117, Éd. José Corti, 1997)
     
  8. Devenir sage signifie pouvoir reconnaître toujours plus les erreurs, en pliant cet instrument par lequel nous percevons et nous jugeons. La circonspection dans les jugements est, de nos jours, ce qui est le plus recommandable à chacun. Gagnerait-on, de tous les écrits philosophiques, à peine une seule vérité indiscutable tous les dix ans, que la récolte serait encore bien abondante.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.118, Éd. José Corti, 1997)
     
  9. Il est facile de construire un paysage de lignes qui s'entremêlent, mais de sons enchevêtrés on ne tire nulle musique.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.119, Éd. José Corti, 1997)
     
  10. On dit à un homme que l'âme était un point, ce à quoi il a répondu : " Pourquoi pas un point-virgule, ainsi elle aurait une queue ".
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.123, Éd. José Corti, 1997)
     
  11. On doit obliger les hommes à leur façon, non à la nôtre.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.123, Éd. José Corti, 1997)
     
  12. La bière est un pain qui se boit.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.123, Éd. José Corti, 1997)
     
  13. La plus jolie forme d'ironie est de soutenir une thèse qui ne le peut être avec des arguments empreints d'amertume satirique, en faisant des citations nombreuses et en les commentant.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.124, Éd. José Corti, 1997)
     
  14. Tourner une idée comme une apostrophe.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.124, Éd. José Corti, 1997)
     
  15. Lorsqu'il se servait de sa raison, on eût dit un droitier contraint d'utiliser sa main gauche.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.127, Éd. José Corti, 1997)
     
  16. Cela est aussi évident que (a-x).(a+x) = a2 - x2.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p137., Éd. José Corti, 1997)
     
  17. Il y a deux voies pour prolonger la vie : la première est d'éloigner l'un de l'autre ces deux points que sont la naissance et la mort, afin d'accroître la route à parcourir. Sur ce chemin, tant de machines et de choses ont été inventées qu'il semble impossible, pour autant qu'on y jette un regard, qu'elles servent à autre chose qu'à nous tuer, domaine dans lequel les médecins ont fait bien des progrès ; la seconde voie est de marcher plus lentement, en laissant les deux points là où Dieu voulut qu'ils fussent : c'est la voie des philosophes. Ceux-ci ont découvert que la meilleure des choses est de vivre comme s'il s'agissait d'une promenade d'herboriste qui va, zigzaguant, ici tentant de sauter un fossé, plus loin encore un autre, et qui hasarde une pirouette, là où nul ne le voit, pour poursuivre ensuite.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.137, Éd. José Corti, 1997)
     
  18. Là où règne la liberté de penser, on se meut avec aisance dans son cercle, mais là où les pensées sont contraintes, même celles qui sont permises ne se présentent que timidement.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.140, Éd. José Corti, 1997)
     
  19. Il est incontestable que ce que l'on nomme persévérance peut conférer à plusieurs actions l'aspect de la vertu et de la grandeur, comme le fait de se taire en société donne l'aspect hébété de la sagesse et une apparence de raison.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.140, Éd. José Corti, 1997)
     
  20. Certains deviennent professeurs comme d'autres se font soldats : parce qu'ils sont incapables d'embrasser un autre état.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.147, Éd. José Corti, 1997)
     
  21. L'esprit et la fantaisie doivent être utilisés avec précaution, comme toute substance corrosive.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.148, Éd. José Corti, 1997)
     
  22. Il se déplaçait lentement, comme une aiguille des heures au milieu de plusieurs aiguilles des secondes.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.151, Éd. José Corti, 1997)
     
  23. Vivre sans le vouloir est chose épouvantable, mais ce serait bien pis encore d'être éternel sans l'avoir demandé.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.156, Éd. José Corti, 1997)
     
  24. Bien des choses me déchirent, qui ne font que navrer autrui.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.161, Éd. José Corti, 1997)
     
  25. Qu'il n'eût point l'esprit pénétant, c'est un fait, mais il possédait l'art, quand cela lui était utile, de se reposer sur autrui.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.162, Éd. José Corti, 1997)
     
  26. De tous les meurtres, il n'y a que ceux que nous connaissons qui se nomment ainsi.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.162, Éd. José Corti, 1997)
     
  27. Les sabliers ne nous rappellent point seulement le rapide cours du temps, mais à la fois la poussière où nous tomberons un jour.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.168, Éd. José Corti, 1997)
     
  28. Ne soit point affecté, afin qu'une personne naturellement raffinée ne remarque un jour que tu es vraiment comme tu voudrais qu'elle soit.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.176, Éd. José Corti, 1997)
     
  29. Qui écoute des excuses, quand il peut entendre des actions ?
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.177, Éd. José Corti, 1997)
     
  30. L'Astronomie est peut-être la science où le plus petit nombre de découvertes est dû au hasard ; la science où l'esprit humain apparaît dans toute sa grandeur et par laquelle l'homme peut le mieux s'instruire de son néant.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.179, Éd. José Corti, 1997)
     
  31. Tout observateur du genre humain sait combien il est difficile de raconter une expérience de telle sorte qu'aucun jugement n'interfère dans la narration.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.179, Éd. José Corti, 1997)
     
  32. Là où il n'y a point de règles, il n'y a point non plus de trouble-fête.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.184, Éd. José Corti, 1997)
     
  33. Les arguments ne sont souvent, et la plupart du temps, que des expositions de prétentions colorant de légitimité et de rationalité ce que l'on aurait fait de toute façon.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.192, Éd. José Corti, 1997)
     
  34. Si l'on ne faisait en ce monde que ce qui est nécessaire, des millions d'hommes mourraient de faim.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.193, Éd. José Corti, 1997)
     
  35. C'est l'une des plus terribles maladies de l'âme que celle qui fait surseoir au devoir.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.197, Éd. José Corti, 1997)
     
  36. On est toujours enclin à croire que le travail est aisé à celui qui a du talent. Il te faut peiner toujours, homme, si tu veux accomplir de grandes choses.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.199, Éd. José Corti, 1997)
     
  37. Ce que l'on doit apprendre pour écrire comme Shakespeare est bien en deçà de ce qu'il faut pour le lire.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.204, Éd. José Corti, 1997)
     
  38. L'homme est doué de talents que n'éveillent jamais que des circonstances fortuites.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.206, Éd. José Corti, 1997)
     
  39. Une tombe est toujours la plus sûre forteresse contre les assauts du destin.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.207, Éd. José Corti, 1997)
     
  40. N'avons-nous pas déjà une religion pour laquelle trois fois un font un ?
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.209, Éd. José Corti, 1997)
     
  41. L'attraction est à la matière inanimée ce que l'amour est à la matière vivante.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.209, Éd. José Corti, 1997)
     
  42. Le genre humain ne loue jamais que ce qui est bon et l'individu, lui, souvent ce qui est exécrable.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.212, Éd. José Corti, 1997)
     
  43. Il en est du mot d'esprit comme de la musique : plus on en entend, plus les tons doivent être élevés.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.212, Éd. José Corti, 1997)
     
  44. Étudier sans but, pour simplement pouvoir dire ce que d'autres ont fait, c'est là des sciences la dernière, et de pareilles gens sont autant des savants, que des registres sont des livres.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.214, Éd. José Corti, 1997)
     
  45. Dieu a crée l'homme à son image, dit la Bible ; les philosophes font exactement le contraire en créant Dieu à la leur.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.217, Éd. José Corti, 1997)
     
  46. Une proposition en géométrie n'est souvent rien qu'une autre vue sous un angle différent.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.217, Éd. José Corti, 1997)
     
  47. À travers un télescope, les aveugles ne voient rien.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.218, Éd. José Corti, 1997)
     
  48. Notre monde sera un jour si raffiné, qu'il deviendra aussi ridicule de croire en Dieu que de croire aux fantômes.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.219, Éd. José Corti, 1997)
     
  49. [...] nos cousins l'ange et le singe.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.225, Éd. José Corti, 1997)
     
  50. Efforce-toi de ne pas être de ton temps.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.227, Éd. José Corti, 1997)
     
  51. Un homme m'est déjà apparu comme une table de multiplication et l'éternité, elle, comme une bibliothèque.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.231, Éd. José Corti, 1997)
     
  52. Faire l'opposé d'une chose est aussi une forme d'imitation : c'est-à-dire que l'on imite le contraire.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.234, Éd. José Corti, 1997)
     
  53. [...] qu'est-ce donc que l'homme, sinon un faisceau confus de tuyaux !
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.247, Éd. José Corti, 1997)
     
  54. Rien ne concourt davantage à la paix de l'âme que de n'avoir point d'opinion.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.250, Éd. José Corti, 1997)
     
  55. Il eut l'effet qu'ont communément les bons livres : il rendit les sots plus sots, les gens intelligents plus sagaces et les milliers d'autres semblables à eux-mêmes.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.253, Éd. José Corti, 1997)
     
  56. Un livre est comme un miroir ; si un singe s'y mire, d'évidence il n'y verra point un apôtre. Nous n'avons nulle parole pour parler de sagesse à l'abruti. Il est déjà sage celui qui comprend le sage.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.261, Éd. José Corti, 1997)
     
  57. De toutes choses, l'observation et la connaissance du monde sont le principe, et l'on doit avoir soi-même fort observé, afin de pouvoir utiliser les observations d'autrui comme les siennes propres [...].
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.266, Éd. José Corti, 1997)
     
  58. Il y a des gens qui croient raisonnable ce qui est fait avec un visage sérieux.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.267, Éd. José Corti, 1997)
     
  59. [...] un homme d'esprit dit souvent d'abord avec un sourire ce qu'il répétera sérieusement par la suite.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.271, Éd. José Corti, 1997)
     
  60. N'aie pas une idée artificieuse de l'homme, mais juge-le naturellement, ni trop bon, ni trop mauvais.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.271, Éd. José Corti, 1997)
     
  61. Il se coupait lui-même la parole.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.276, Éd. José Corti, 1997)
     
  62. Lire, c'est emprunter ; en tirer profit, c'est rembourser sa dette.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.279, Éd. José Corti, 1997)
     
  63. Si l'on veut savoir ce qu'autrui pense de nous à propos d'une chose nous concernant, il suffit alors de songer à ce que nous penserions nous-mêmes d'autrui dans des circonstances semblables. De cette manière, on ne retient personne moralement meilleurs que nous, ni d'ailleurs plus ingénu.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.279, Éd. José Corti, 1997)
     
  64. Ce qu'il y a de plus profitable dans notre vie, généralement, personne ne nous l'a appris.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.280, Éd. José Corti, 1997)
     
  65. Faire croire à des gens d'esprit que nous sommes ce que nous ne sommes point est plus difficile, dans la plupart des cas, que d'être vraiment ce que l'on veut paraître.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.281, Éd. José Corti, 1997)
     
  66. Mettre la dernière main à son oeuvre, c'est la brûler.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.288, Éd. José Corti, 1997)
     
  67. Si seulement je connaissais quelqu'un qui voudrait bien apprendre à ce brave homme qu'il est un sot.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.292, Éd. José Corti, 1997)
     
  68. Rien n'est plus insondable que le système de motivations derrière nos actions.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.296, Éd. José Corti, 1997)
     
  69. On prend beaucoup d'effort et l'on dilapide bien des jours à apprendre quoi penser, alors que presque rien n'est employé à enseigner l'art de réfléchir.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.299, Éd. José Corti, 1997)
     
  70. Chez les sages les plus éclairés suit, à tout accroissement de connaissance, la conviction de leur ignorance.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.301, Éd. José Corti, 1997)
     
  71. Le matérialisme est l'asymptote de la psychologie.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.302, Éd. José Corti, 1997)
     
  72. Ce ne sont pas les mensonges mais bien les remarques dont la fausseté est fort subtile qui retardent la réforme de la vérité.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.304, Éd. José Corti, 1997)
     
  73. Excuser certaines faiblesses comme faisant partie de la nature humaine est, si on y songe bien, le premier devoir de tout écrivain envers lui-même.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.304, Éd. José Corti, 1997)
     
  74. [...] le plus grand don que je connaisse, celui de dire clairement les choses claires.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.305, Éd. José Corti, 1997)
     
  75. De même que l'on trouve de l'eau quand on creuse, de même l'homme trouve-t-il partout, tôt ou tard, l'incompréhensible.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.307, Éd. José Corti, 1997)
     
  76. Si la raison, fille du ciel, devait juger de la beauté, la maladie serait alors la seule laideur.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.313, Éd. José Corti, 1997)
     
  77. Un des plus grands avantages du mariage est celui de présenter à sa femme un invité que l'on ne peut souffrir.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.314, Éd. José Corti, 1997)
     
  78. Des gens qui n'ont point nourri leur esprit dix ans durant, hormis de quelques miettes de journal, il y en a même chez les professeurs, et ce n'est point là une exception.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.320, Éd. José Corti, 1997)
     
  79. Dans plusieurs oeuvres d'un homme universellement connu, je préférerais lire ce qu'il a raturé plutôt que ce qu'il a conservé.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.322, Éd. José Corti, 1997)
     
  80. On trouve dans le monde plus souvent matière à s'instruire qu'à se consoler.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.322, Éd. José Corti, 1997)
     
  81. Un bonheur perdurable n'est jamais possible que dans la sincérité.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.332, Éd. José Corti, 1997)
     
  82. Ce que l'on nomme une fine connaissance des hommes n'est souvent rien d'autre que les propres faiblesses de l'observateur sur autrui.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.341, Éd. José Corti, 1997)
     
  83. Celui qui bien se connaît, connaît sans peine bientôt les autres hommes. Tout est réflexion.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.341, Éd. José Corti, 1997)
     
  84. Un Shakespeare, un Newton, un Franklin etc. Pourquoi sont-ils si peu nombreux, s'il est égal à Dieu de créer un génie ou un crétin ?
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.341, Éd. José Corti, 1997)
     
  85. Il ne faut pas juger un homme d'après ses écrits, mais d'après ce qu'il dit en compagnie de ses pairs.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.342, Éd. José Corti, 1997)
     
  86. Il y a des visages en ce monde que l'on ne peut décidément tutoyer.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.342, Éd. José Corti, 1997)
     
  87. Nier un fait est, en soi, une chose bien innocente, elle ne devient périlleuse que dans la mesure où l'on désavoue celui qui en protège l'authenticité. C'est ainsi que bien des choses insignifiantes deviennent critiques à cause de ceux qui en acceptent l'autorité, leur accordent de l'importance sans trop savoir pourquoi. Il faut contempler de loin les miracles pour y croire, un peu comme les nuages, quand on les veut considérer comme des choses solides.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.344, Éd. José Corti, 1997)
     
  88. Dans le caractère de tout homme il y a quelque chose qui ne se laisse point rompre : c'est le squelette du caractère et le vouloir changer est un peu comme vouloir enseigner à un mouton l'art de rapporter le gibier.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.346, Éd. José Corti, 1997)
     
  89. Là où la modération est une erreur, l'indifférence est un crime.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.346, Éd. José Corti, 1997)
     
  90. J'ai toujours trouvé que les personnes prétendument exécrables gagnaient à être connues de près, alors que les bonnes gens, elles, y perdaient.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.346, Éd. José Corti, 1997)
     
  91. Comme l'homme vivrait heureux s'il s'occupait aussi peu des affaires d'autrui que des siennes !
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.347, Éd. José Corti, 1997)
     
  92. Il y a en chaque homme quelque chose de tous les autres. Je crois depuis longtemps déjà à cette maxime, bien que sa démonstration complète ne se puisse faire que par la description complète de soi à travers autrui. Identifier avec la précision qui lui est due ce que l'on a de commun avec l'autre est, en général, l'art des plus grands écrivains.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.347, Éd. José Corti, 1997)
     
  93. Il y a vraiment bien des hommes qui ne lisent que pour ne point penser.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.348, Éd. José Corti, 1997)
     
  94. La prière au soleil est une chose pardonnable. Chacun regarde sans le vouloir vers un endroit lumineux ; les animaux le font et ce qui, chez le chat ou le chien, est un regard involontaire vers cette lumière, chez l'homme, cela s'appelle une prière.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.349, Éd. José Corti, 1997)
     
  95. L'erreur est humaine, c'est-à-dire dans la mesure où les animaux rarement ou jamais ne se trompent, au moins les plus intelligents d'entre eux.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.349, Éd. José Corti, 1997)
     
  96. Rarement un grand génie fera-t-il sa découverte en suivant les traces d'autrui, car lorsqu'il découvre des choses, il découvre habituellement le moyen de les découvrir.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.349, Éd. José Corti, 1997)
     
  97. Ce fut toujours pour moi assez triste chose d'observer qu'à l'université, dans la plupart des disciplines, on enseigne de ces sortes de choses qui ne servent à rien sinon à mettre les jeunes gens en état de les enseigner de nouveau.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.353, Éd. José Corti, 1997)
     
  98. Je préférerai toujours l'homme qui écrit comme la mode pourrait être, à celui qui écrit comme elle est.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.354, Éd. José Corti, 1997)
     
  99. L'Américain qui découvrit le premier Christophe Colomb fit une méchante découverte.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.357, Éd. José Corti, 1997)
     
  100. Dire beaucoup en peu de mot [...] signifie donner à reconnaître en peu de mots l'abondance de réflexion.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.360, Éd. José Corti, 1997)
     
  101. On devrait apprendre à discerner entre ce qu'un homme pense par lui-même et ce qu'il plagie.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.366, Éd. José Corti, 1997)
     
  102. Il y a une grande différence entre croire en quelque chose et ne point pouvoir croire en son contraire.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.366, Éd. José Corti, 1997)
     
  103. Celui qui est amoureux de soi a au moins l'avantage de ne point avoir trop de rivaux.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.369, Éd. José Corti, 1997)
     
  104. En matière de prophétie, l'interprète est souvent un homme plus important que le prophète.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.373, Éd. José Corti, 1997)
     
  105. Pourquoi les bêtes ne louchent-elles pas ? Voilà encore un privilège de la nature humaine.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.382, Éd. José Corti, 1997)
     
  106. Le rôle véritable de l'écrivain envers les hommes est de dire sans relâche ce que les hommes insignes ou, en général, ce que la majorité pense ou ressent sans le savoir. Les auteurs médiocres ne disent que ce que chacun aurait dit.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.403, Éd. José Corti, 1997)
     
  107. Pour présenter une pensée dans toute sa pureté, il faut longtemps la laver et la polir, tout comme s'il s'agissait de présenter un corps dans sa nudité.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.409, Éd. José Corti, 1997)
     
  108. Exerce, exerce tes forces, et ce qui aujourd'hui te coûte des efforts deviendra demain machinal.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.413, Éd. José Corti, 1997)
     
  109. Une grande voie lactée d'idées.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.413, Éd. José Corti, 1997)
     
  110. Philanthropie :  lorsque je vois au loin ou près de moi quelque chose se courber, je crois toujours qu'il s'agit d'une puce, tant que l'on ne m'a pas démontré de manière apodictique qu'il s'agissait d'un pou.
    (Le miroir de l'âme, 420p., Éd. José Corti, 1997)
     
  111. On demanda un jour à Fontenelle d'où il venait qu'il eût tant d'amis et si peu d'ennemis : par ces deux axiomes, répondit-il : tout est possible, et tout le monde a raison.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.420, Éd. José Corti, 1997)
     
  112. [...] il faut se rappeler toujours que le fait de comprendre une philosophie n'est point une raison suffisante pour la tenir vraie. Il m'est avis que le plaisir d'avoir compris un système fort abstrait et obscur conduit la plupart à croire qu'il est déjà démontré.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.421, Éd. José Corti, 1997)
     
  113. Il avait eu de sa femme un fils que plusieurs retenaient pour apocryphe.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.423, Éd. José Corti, 1997)
     
  114. La nature a même presque instinctivement armé l'homme contre la crainte de la mort : par la foi en l'immortalité.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.437, Éd. José Corti, 1997)
     
  115. En ce monde, on vit mieux en disant la bonne aventure qu'en disant la vérité.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.438, Éd. José Corti, 1997)
     
  116. La sympathie est une méchante aumône.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.438, Éd. José Corti, 1997)
     
  117. Il est étrange de dire, mais merveilleusement vrai, que même les ombres ont aussi leurs ombres.
    -Charles Churchill, 1731-1764

    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.442, Éd. José Corti, 1997)
     
  118. Le monde n'existe pas pour que nous le connaissions, mais pour que nous nous construisions en lui. C'est une idée kantienne.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.443, Éd. José Corti, 1997)
     
  119. Les erreurs elles-mêmes ont l'utilité qu'elles nous accoutument finalement à croire que les choses peuvent être différentes de ce que nous nous en représentons.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.446, Éd. José Corti, 1997)
     
  120. Une règle d'or : on ne doit point juger les hommes d'après leurs opinions, mais selon ce que leurs opinions font d'eux.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.449, Éd. José Corti, 1997)
     
  121. Cherche à voir en toute chose quelque chose que personne n'a encore vu et auquel nul n'a jamais songé.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.467, Éd. José Corti, 1997)
     
  122. À propos de tout, se poser la question : Est-ce vrai ? pour ensuite rechercher les raisons de ne pas le considérer vrai.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.467, Éd. José Corti, 1997)
     
  123. Un grand homme est pour moi quelqu'un qui a beaucoup pensé, lu et vécu et qui sait, dans toutes les choses qu'il entreprend, voire même dans chaque livre qu'il écrit, unir clairement le fruit de sa pensée, de ses lectures et de sa vie à la meilleure des fins, de manière que chacun puisse voir ce que lui-même a vu.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.471, Éd. José Corti, 1997)
     
  124. Se demander sérieusement tous les soirs ce que le jour nous a fait apprendre de neuf.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.472, Éd. José Corti, 1997)
     
  125. L'esprit est le trouveur et l'entendement l'observateur.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.472, Éd. José Corti, 1997)
     
  126. Je crois aussi qu'il n'y a rigoureusement pour l'homme qu'une unique science, et c'est la mathématique pure. Ici nous n'avons besoin que de notre esprit, que de nous-mêmes [...]
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.473, Éd. José Corti, 1997)
     
  127. Je dois absolument écrire pour apprendre à estimer l'ampleur du chaos qui m'habite.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.473, Éd. José Corti, 1997)
     
  128. Pour jouir dans le monde des avantages de la beauté, il doit y avoir d'autres gens qui croient que l'on est beau : pour le bonheur, cela n'est point du tout nécessaire ; il suffit que nous y croyions nous-mêmes.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.490, Éd. José Corti, 1997)
     
  129. Qui a le droit d'imiter, imite à contrecoeur.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.494, Éd. José Corti, 1997)
     
  130. Plus un homme est grand, plus il est coupable s'il ébruite les fautes de ceux qu'il connaît.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.495, Éd. José Corti, 1997)
     
  131. Avant de blâmer, il faudrait toujours chercher à voir si l'on ne peut d'abord excuser.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.496, Éd. José Corti, 1997)
     
  132. Les gens qui jamais n'ont le temps sont ceux qui le moins accomplissent.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.499, Éd. José Corti, 1997)
     
  133. Habituellement, on cherche à changer les opinions sans toucher la tête ; en France, à présent on coupe au plus court : on emporte et les opinions et la tête.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.503, Éd. José Corti, 1997)
     
  134. Le premier pas de la sagesse est de tout accuser ;
    Le dernier : de tout concilier.

    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.523, Éd. José Corti, 1997)
     
  135. On reproche souvent aux grands de ce monde de ne point avoir fait tout le bien qu'ils auraient pu. Ils pourraient nous répondre : pensez donc un peu au mal que nous aurions pu faire et que nous n'avons pas fait.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.523, Éd. José Corti, 1997)
     
  136. - Comment allez-vous, demanda l'aveugle au boiteux ;
    - Comme vous voyez, fut sa réponse.

    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.525, Éd. José Corti, 1997)
     
  137. Que l'on prêche dans les églises ne signifie pas qu'elles puissent se passer de paratonnerres.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.527, Éd. José Corti, 1997)
     
  138. Il vaudrait certainement la peine de décrire deux ou trois fois une vie ; une fois comme l'écrirait un ami enthousiaste, une autre comme la décrirait un ennemi et une autre encore comme l'écrirait la vérité elle-même.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.536, Éd. José Corti, 1997)
     
  139. La religion : une affaire du dimanche.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.544, Éd. José Corti, 1997)
     
  140. Ce qui caractérise le mieux la vraie liberté est son juste usage, et l'abus qu'on en fait.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.545, Éd. José Corti, 1997)
     
  141. En Angleterre, un homme qui était accusé de bigamie fut sauvé par son avocat qui fit la preuve que son client avait trois femmes.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.556, Éd. José Corti, 1997)
     
  142. Je crois en définitive que l'homme est un être si libre que l'on ne peut lui contester le droit d'être ce qu'il croit qu'il est.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.562, Éd. José Corti, 1997)
     
  143. C'est d'un grand profit pour la nature humaine que les hommes de vertu ne sachent point dire pourquoi ils sont vertueux.
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.563, Éd. José Corti, 1997)
     
  144. À quoi bon l'aube si point ne se lève ?
    (Le miroir de l'âme, trad. Charles Le Blanc, p.573, Éd. José Corti, 1997)