Jean-François de La Harpe
1739-1803
  1. Le moment du péril est celui du courage.
    (Coriolan, acte 1, sc. 1 (Coriolan), 1784)
     
  2. Le peuple seul enfin de l'État est l'arbitre:
    Ses flatteurs peuvent tout: point de rang, point de titre,
    De services, d'exploits qu'il ne mette en oubli,
    Si devant ses tribuns on ne rampe avili.

    (Coriolan, acte 1, sc. 1 (Coriolan), 1784)
     
  3. Telle est la multitude; et sans frein et sans lois,
    Injuste sans pudeur, et sans remords ingrate,
    Elle hait qui la sert, et chérit qui la flatte.

    (Coriolan, acte 1, sc. 1 (Coriolan), 1784)
     
  4. C'est la main des ingrats qui blesse un coeur sensible.
    (Coriolan, acte 1, sc. 3 (Coriolan), 1784)
     
  5. La fermeté modeste honore l'innocence.
    (Coriolan, acte 1, sc. 3 (Véturie), 1784)
     
  6. [...] La fierté souvent égare une grande âme.
    Soutien de l'héroïsme, elle en devient l'écueil.

    (Coriolan, acte 1, sc. 3 (Véturie), 1784)
     
  7. Et peuple est-il fait pour savoir gouverner?
    N'est-il pas au pouvoir du fourbe qui l'obsède?

    (Coriolan, acte 1, sc. 3 (Coriolan), 1784)
     
  8. [...] Puisse ce jour ne pas apprendre à Rome
    Tout ce que peut coûter la perte d'un grand homme!

    (Coriolan, acte 1, sc. 4 (Véturie), 1784)
     
  9. Le coupable supplie, et l'innocent s'indigne.
    (Coriolan, acte 2, sc. 2 (Volumnius), 1784)
     
  10. Et qui condamner les pleurs de la nature?
    (Coriolan, acte 2, sc. 2 (Véturie), 1784)
     
  11. Quand l'ennemi nous craint, il faut tout hasarder.
    (Coriolan, acte 3, sc. 4 (Coriolan), 1784)
     
  12. [...] Tout soldat est grand dans un jour de victoire.
    (Coriolan, acte 3, sc. 4 (Coriolan), 1784)
     
  13. Est-il à la valeur un mur inaccessible?
    (Coriolan, acte 3, sc. 4 (Coriolan), 1784)
     
  14. J'aime trop la valeur pour en être jaloux.
    (Coriolan, acte 4, sc. 1 (Tullus), 1784)
     
  15. J'estime d'un guerrier la noble impatience,
    Qui sait, quand il le faut, céder à la prudence.

    (Coriolan, acte 4, sc. 2 (Tullus), 1784)
     
  16. Le grand homme partout rencontre une patrie.
    (Coriolan, acte 4, sc. 5 (Coriolan), 1784)
     
  17. [...] Qui trahit les siens,
    Craint et ses alliés et ses concitoyens.

    (Coriolan, acte 4, sc. 5 (Volumnius), 1784)
     
  18. Souvent on paya cher le plaisir des vengeances.
    (Coriolan, acte 4, sc. 5 (Volumnius), 1784)
     
  19. ... Je sens qu'il est doux d'abaisser des ingrats.
    (Coriolan, acte 4, sc. 5. (Coriolan), 1784)
     
  20. Le malheur qu'on mérite accable davantage.
    (Coriolan, acte 4, sc. 7 (Volumnius), 1784)
     
  21. [...] Qui reçoit sa grâce au remords s'abandonne.
    (Coriolan, acte 5, sc. 3 (Véturie), 1784)
     
  22. Eh! doit-on accomplir les serments de la haine?
    (Coriolan, acte 5, sc. 3 (Véturie), 1784)
     
  23. [...] L'orgueil est ingrat: il hait qui lui pardonne.
    (Coriolan, acte 5, sc. 3 (Coriolan), 1784)
     
  24. Une honorable paix vaut mieux que la victoire.
    (Coriolan, acte 5, sc. 4 (Coriolan), 1784)
     
  25. Les coeurs ambitieux ne s'attendrissent pas.
    (Le comte de Warwick, acte 1, sc. 1. (Nevil), 1763)
     
  26. Je sais sans m'avilir céder à ma disgrâce.
    (Le comte de Warwick, acte 1, sc. 2 (Marguerite), 1763)
     
  27. [...] Le fer est la raison des rois.
    (Le comte de Warwick, acte 1, sc. 2 (Marguerite), 1763)
     
  28. La haine et l'intérêt sont d'injustes arbitres.
    (Le comte de Warwick, acte 1, sc. 2 (Édouard), 1763)
     
  29. Les intérêts des rois coûtent à démêler.
    (Le comte de Warwick, acte 1, sc. 2 (Édouard), 1763)
     
  30. Il est dur de rougir devant ceux qu'on opprime.
    (Le comte de Warwick, acte 1, sc. 2 (Marguerite), 1763)
     
  31. Hélas! sans la dompter on connaît sa faiblesse.
    (Le comte de Warwick, acte 1, sc. 3 (Édouard), 1763)
     
  32. On écoute sans peine un amant couronné.
    (Le comte de Warwick, acte 1, sc. 3. (Édouard), 1763)
     
  33. L'amour excuse tout alors qu'il est extrême.
    (Le comte de Warwick, acte 1, sc. 3. (Suffolck), 1763)
     
  34. Un jour, vous le savez, apporte quelquefois
    D'étranges changements dans les projets des rois.

    (Le comte de Warwick, acte 2, sc. 4 (Warwick), 1763)
     
  35. Et quel homme implacable, en sa rage inhumaine,
    Au défaut de l'amour veut mériter la haine,
    Et s'assurer du moins cet horrible plaisir
    De déchirer un coeur qu'il n'a pu conquérir?

    (Le comte de Warwick, acte 2, sc. 7 (Élisabeth), 1763)
     
  36. [...] Pour perdre un héros toujours craint ou haï,
    Il suffit d'un roi faible et d'un lâche ennemi.

    (Le comte de Warwick, acte 2, sc. 7 (Élisabeth), 1763)
     
  37. Eh! connaît-on la crainte à côté d'un héros?
    (Le comte de Warwick, acte 2, sc. 7 (Élisabeth), 1763)
     
  38. Déchoir du premier rang c'est tomber au dernier.
    (Le comte de Warwick, acte 2, sc. 7 (Warwick), 1763)
     
  39. [...] Contre un ennemi c'est peu de s'emporter.
    (Le comte de Warwick, acte 3, sc. 1 (Marguerite), 1763)
     
  40. L'Anglais ne peut goûter qu'une paix passagère.
    (Le comte de Warwick, acte 3, sc. 1 (Marguerite), 1763)
     
  41. [...] Pour remplacer nos sanglantes querelles,
    Un souffle peut encore tirer des étincelles
    Du feu qui vit sans cesse au sein de ces climats,
    Et qu'ont nourri trente ans de haine et de combats.

    (Le comte de Warwick, acte 3, sc. 1 (Marguerite), 1763)
     
  42. [...] Pour punir une offense
    La générosité peut plus que la vengeance.

    (Le comte de Warwick, acte 3, sc. 5 (Élisabeth), 1763)
     
  43. Ce peuple est inconstant, et sa faveur fragile.
    (Le comte de Warwick, acte 4, sc. 3 (Warwick), 1763)
     
  44. Un bienfait n'avilit que les coeurs nés ingrats.
    (Le comte de Warwick, acte 5, sc. 3 (Édouard), 1763)
     
  45. Hélas ! il est affreux de quitter ce qu'on aime !
    (Le comte de Warwick, acte 5, sc. 5. (Warwick), 1763)
     
  46. Non, ce n'est pas la loi, c'est l'abus que j'accuse.
    (Mélanie, acte 1, sc. 1 (Madame de Faublas), 1770)
     
  47. On affaiblit toujours tout ce qu'on exagère.
    (Mélanie, acte 1, sc. 1 (M. de Faublas), 1770)
     
  48. La meilleure leçon est celle des exemples.
    (Mélanie, acte 1, sc. 1 (Madame de Faublas), 1770)
     
  49. Qui n'a joui de rien n'a rien à regretter.
    (Mélanie, acte 1, sc. 1 (M. de Faublas), 1770)
     
  50. Le coeur, pour se donner, a-t-il besoin d'espoir?
    (Mélanie, acte 1, sc. 4 (Mélanie), 1770)
     
  51. Contre l'amour sans doute il n'est point de défense;
    Mais que la solitude ajoute à sa puissance!

    (Mélanie, acte 1, sc. 4 (Mélanie), 1770)
     
  52. Le malheur corrompt tout dans les coeurs abattus.
    (Mélanie, acte 1, sc. 5 (Le Curé), 1770)
     
  53. Les humains sont partout à l'intérêt livrés,
    Et les coeurs vertueux sont partout déchirés.

    (Mélanie, acte 2, sc. 1 (Monval), 1770)
     
  54. Qui n'a plus rien à perdre a-t-il encore à craindre?
    (Mélanie, acte 2, sc. 1 (Monval), 1770)
     
  55. Tout dépend de ce Dieu qui dispose des coeurs.
    (Mélanie, acte 2, sc. 2 (Le Curé), 1770)
     
  56. Il n'est que trop d'esprits lâches et corrompus
    Qui font plier la loi sous le joug de l'usage.

    (Mélanie, acte 2, sc. 4 (Le Curé), 1770)
     
  57. La crainte du Seigneur commence la sagesse,
    La charité l'achève.

    (Mélanie, acte 2, sc. 4 (Le Curé), 1770)
     
  58. Ne me reprochant rien je dois être tranquille.
    (Mélanie, acte 2, sc. 4 (M. de Faublas), 1770)
     
  59. [...] De tout voeux forcé la chaîne est odieuse.
    (Mélanie, acte 2, sc. 4 (Le Curé), 1770)
     
  60. [...] Au nom du Ciel fait-on des malheureux?
    (Mélanie, acte 2, sc. 6 (Mélanie), 1770)
     
  61. La vérité, voilà ce qui doit nous défendre.
    (Mélanie, acte 2, sc. 6 (Monval), 1770)
     
  62. [...] La cause du faible est un objet sacré.
    (Mélanie, acte 2, sc. 6 (Monval), 1770)
     
  63. La malédiction suit les enfants rebelles.
    (Mélanie, acte 2, sc. 6 (M. de Faublas), 1770)
     
  64. On ne pardonne point à qui nous fait rougir.
    (Mélanie, acte 3, sc. 1 (Mélanie), 1770)
     
  65. Pour servir la patrie il faut nous réunir.
    (Philoctète, acte 1, sc. 1 (Ulysse), 1783)
     
  66. J'aime mieux, s'il le faut, succomber avec gloire,
    Que d'avoir à rougir d'une indigne victoire.

    (Philoctète, acte 1, sc. 1 (Pyrrhus), 1783)
     
  67. L'artificiel est ici le chemin de la gloire.
    (Philoctète, acte 1, sc. 1. (Ulysse), 1783)
     
  68. Et qui peut un moment compter sur les destins?
    Tel repousse aujourd'hui la misère importune,
    Qui tombera demain dans la même infortune.
    Il est beau de prévoir ces retours dangereux,
    Et d'être bienfaisant alors qu'on est heureux.

    (Philoctète, acte 1, sc. 4 (Philoctète), 1783)
     
  69. Il n'est que les grands coeurs
    Qui sentent la pitié que l'on doit aux malheurs,
    Qui sentent d'un bienfait le plaisir et la gloire.

    (Philoctète, acte 1, sc. 4 (Philoctète), 1783)
     
  70. [...] Aux lâches, aux pervers,
    Les dieux semblent fermer le chemin des enfers.

    (Philoctète, acte 1, sc. 4 (Philoctète), 1783)
     
  71. [...] Toujours la patrie a des charmes pour nous!
    (Philoctète, acte 1, sc. 4 (Pyrrhus), 1783)
     
  72. Le plaisir des bons coeurs, c'est la reconnaissance.
    (Philoctète, acte 1, sc. 4 (Philoctète), 1783)
     
  73. ... L'abus du pouvoir enfante tous les crimes.
    (Philoctète, acte 1, sc. 4. (Pyrrhus), 1783)
     
  74. Tromper un malheureux est un double attentat.
    (Philoctète, acte 2, sc. 1 (Pyrrhus), 1783)
     
  75. O combien la vertu souffre à se démentir!
    (Philoctète, acte 2, sc. 2 (Pyrrhus), 1783)
     
  76. Quand je fais mon devoir, je ne saurais rien craindre.
    (Philoctète, acte 3, sc. 1 (Pyrrhus), 1783)
     
  77. Quand je fais mon devoir, je ne saurais rien craindre.
    (Philoctète, acte 3, sc. 1 (Pyrrhus), 1783)
     
  78. Le crime flétrit l'âme et ne conduit qu'au crime.
    (Philoctète, acte 3, sc. 3 (Philoctète), 1783)
     
  79. [...] Il est des maux dont une loi sévère
    Nous impose en naissant le fardeau nécessaire,
    Des maux dont nul mortel ne peut être exempté,
    Que nous fait la nature et la fatalité.

    (Philoctète, acte 3, sc. 3 (Pyrrhus), 1783)
     
  80. [...] La pure vertu, le plus beau don des cieux,
    Ne meurt point avec l'homme, et se rejoint aux dieux.

    (Philoctète, acte 3, sc. 5 (Hercule), 1783)
     
  81. L'esclavage toujours produit l'ignominie.
    (Virginie, acte 1, sc. 3 (Icilius), 1786)
     
  82. C'est au coeur d'une mère une idée importune,
    Que de voir un enfant s'éloigner de ses bras.

    (Virginie, acte 1, sc. 4 (Icilius), 1786)
     
  83. L'amour peut tout oser, et l'or peut tout séduire.
    (Virginie, acte 2, sc. 5 (Appius), 1786)
     
  84. Quel pouvoir retiendrait la nature captive?
    (Virginie, acte 2, sc. 5 (Spurius), 1786)
     
  85. L'amour au coeur d'un monstre enfante les forfaits.
    (Virginie, acte 3, sc. 1 (Icilius), 1786)
     
  86. La force n'est un droit qu'aux yeux de l'insensé.
    (Virginie, acte 3, sc. 2 (Icilius), 1786)
     
  87. L'erreur fit les tyrans, et la loi vient des Cieux.
    (Virginie, acte 3, sc. 2 (Icilius), 1786)
     
  88. Et qu'est-ce donc enfin que les lois les plus belles,
    Si le législateur se met au-dessus d'elles?

    (Virginie, acte 3, sc. 2 (Icilius), 1786)
     
  89. Quiconque peut fléchir ne sait pas commander.
    (Virginie, acte 3, sc. 7 (Appius), 1786)
     
  90. Le danger doit du moins conseiller la prudence.
    (Virginie, acte 3, sc. 7 (Spurius), 1786)
     
  91. L'excès des attentats en est souvent le terme.
    (Virginie, acte 4, sc. 2 (Virginius), 1786)
     
  92. La vengeance est une arme au coeur des opprimés.
    (Virginie, acte 4, sc. 2 (Virginius), 1786)
     
  93. [...] Le crime
    Précipite ses coups, nous frappe et nous opprime.

    (Virginie, acte 4, sc. 3 (Virginius), 1786)
     
  94. La justice des dieux trop tard, trop tard, hélas!
    Vient venger l'innocence et ne la sauve pas.

    (Virginie, acte 4, sc. 3 (Virginius), 1786)
     
  95. La force peut dompter ceux qui bravent les lois.
    (Virginie, acte 4, sc. 5 (Le chef des licteurs), 1786)
     
  96. Ah! l'injustice armée insulte à la vertu.
    (Virginie, acte 4, sc. 6 (Icilius), 1786)
     
  97. Ah! pour venger l'honneur tout devient légitime...
    (Virginie, acte 5, sc. 1 (Virginius), 1786)