Patrick Süskind
1949
  1. Dans son immobilité, il avait l'air d'être son propre inventaire.
    (Le parfum, trad. Bernard Lortholary, p. 61, Livre de Poche n° 6427)
     
  2. [...] notre langage ne vaut rien pour décrire le monde des odeurs.
    (Le parfum, trad. Bernard Lortholary, p. 155, Livre de Poche n° 6427)
     
  3. Mais il fut courageux. C'est-à-dire qu'il combattit la peur de savoir par le peur de ne pas savoir.
    (Le parfum, trad. Bernard Lortholary, p. 169, Livre de Poche n° 6427)
     
  4. Il est des questions qui impliquent une réponse négative, du simple fait qu'on les pose. Et il est des demandes dont la parfaite inutilité éclate au grand jour, lorsqu'on les formule en regardant quelqu'un d'autre dans les yeux.
    (Le pigeon, trad. Bernard Lortholary, p. 61, Livre de Poche n° 6428)
     
  5. La marche apaise. La marche recèle une énergie bénéfique.
    (Le pigeon, trad. Bernard Lortholary, p. 75, Livre de Poche n° 6428)
     
  6. Il n'en faut pas beaucoup pour indigner les Français. Dès qu'une idée de révolte germe quelque part, on sait bien que les Français l'adoptent.
    (La Contrebasse, trad. Bernard Lortholary, p. 20, Livre de Poche n° 7308)
     
  7. Une contrebasse, c'est plutôt, comment dire, un embarras qu'un instrument.
    (La Contrebasse, trad. Bernard Lortholary, p. 32, Livre de Poche n° 7308)
     
  8. [...] entre l'amour physique et le ridicule il n'y a qu'un pas [...]
    (La Contrebasse, trad. Bernard Lortholary, p. 33, Livre de Poche n° 7308)
     
  9. [En parlant de la contrebasse] Le Quasimodo de l'orchestre.
    (La Contrebasse, trad. Bernard Lortholary, p. 47, Livre de Poche n° 7308)
     
  10. [En parlant de la musique] Un élément constitutif de l'humanité universelle, une composante innée de l'âme humaine et de l'esprit humain.
    (La Contrebasse, trad. Bernard Lortholary, p. 59, Livre de Poche n° 7308)
     
  11. [...] plus on s'y connaît [en musique], moins on est capable d'en dire quelque chose de valable.
    (La Contrebasse, trad. Bernard Lortholary, p. 61, Livre de Poche n° 7308)
     
  12. [...] on a de ces superstitions, dans les affaires de coeur...
    (La Contrebasse, trad. Bernard Lortholary, p. 76, Livre de Poche n° 7308)
     
  13. Vous savez, une belle voix est intelligente par elle-même, même si la femme est idiote, je trouve; c'est ce qu'il y a d'affreux, dans la musique.
    (La Contrebasse, trad. Bernard Lortholary, p. 79, Livre de Poche n° 7308)
     
  14. [...] quoiqu'il n'eût rien d'un génial joueur d'échecs, il possédait pourtant une qualité qui, pour ses adversaires, était éreintante, exaspérante et proprement odieuse : celle de ne point commettre d'erreurs.
    (Un combat, trad. Bernard Lortholary, p.21, in Un combat et autres récits, Livre de Poche n°14192)
     
  15. L'ignorance n'a rien de honteux, la plupart des hommes voient en elle le bonheur. Et, de fait, elle est le seul bonheur possible en ce monde. Ne le rejette pas à la légère !
    (Le testament de maître Mussard, trad. Bernard Lortholary, p.50, in Un combat et autres récits, Livre de Poche n°14192)
     
  16. À quoi bon lire, à quoi bon par exemple lire ce livre, quand je sais bien qu'au bout de très peu de temps il ne m'en restera pas même l'ombre d'un souvenir ? À quoi bon faire quoi que ce soit, si tout s'effrite et retourne au néant ?
    (Amnésie littéraire, trad. Bernard Lortholary, p.82, in Un combat et autres récits, Livre de Poche n°14192)
     
  17. Peut-être que la lecture est plutôt un acte d'imprégnation, au cours duquel la conscience absorbe tout à fond, mais par osmose si imperceptible qu'elle n'est pas consciente du processus.
    (Amnésie littéraire, trad. Bernard Lortholary, p.87, in Un combat et autres récits, Livre de Poche n°14192)
     
  18. Ce que saint Augustin dit du temps vaut tout aussi bien pour l'amour. Moins nous y réfléchissons, plus il nous paraît se comprendre tout seul; mais si nous commençons à nous creuser la tête à son propos, nous n'en sortons plus.
    [NDLR : En épigraphe du livre, on trouve cette citation de Saint Augustin (Confessoins, XI, XIV): « Quand personne ne me pose la question, je le sais; mais si quelqu'un me la pose et que je veuille y répondre, je ne le sais plus. »]

    (Sur l'amour et la mort, trad. Bernard Lortholary , p.9, Fayard, 2005)
     
  19. Car définir, ce n'est pas généraliser, c'est au contraire délimiter et distinguer par rapport au général.
    (Sur l'amour et la mort, trad. Bernard Lortholary , p.13, Fayard, 2005)
     
  20. [...] dans l'état amoureux et dans l'amour se manifeste une bonne dose de bêtise. Je recommande, en la matière, la lecture des lettres d'amour qu'on a soi-même écrites voilà vingt ou trente ans. Le rouge vous monte au front à la lecture de documents qui ne sont qu'un fatras de sottise, de prétention, de suffisance et d'aveuglement : contenu trivial, style consternant.
    (Sur l'amour et la mort, trad. Bernard Lortholary , p.34, Fayard, 2005)
     
  21. Un regard sur le regard d'un amoureux regardant celle qu'il aime suffit pour constater ceci : ce regard est vide ; il est, comme on dit fort justement, éperdu.
    (Sur l'amour et la mort, trad. Bernard Lortholary , p.36, Fayard, 2005)
     
  22. L'amour se paie toujours par la perte de la raison, par l'abandon de soi et par la mise sous tutelle qui en résulte. Cela débouche, dans les cas anodins, sur le ridicule et, dans le pire des cas, sur la catastrophe politique mondiale.
    (Sur l'amour et la mort, trad. Bernard Lortholary , p.36, Fayard, 2005)
     
  23. [Il est question de la ressuscitation de Lazare.]
    [Jésus] se comporte (notons, pour être juste : d'après l'évangéliste Jean) comme se comporte tout chef politique des temps modernes et actuels, quand il est confronté à un événement inopiné et désagréable : il cherche à s'y tailler une publicité personnelle. Qu'il y ait un malade en train de souffrir est secondaire. Beaucoup plus important est de savoir comment mettre en scène la guérison de ce malade de la façon la plus spectaculaire, afin d'accroître son propre prestige et de renforcer le mouvement de ses partisans.

    (Sur l'amour et la mort, trad. Bernard Lortholary , p.61, Fayard, 2005)
     
  24. Jésus était un prédicateur fanatique, il ne voulait pas convaincre, il entendait qu'on le suive, et sans condition. Ses propos sont émaillés d'ordres, de menaces et de cette formule récurrente et apodictique : « Mais en vérité je vous le dis... » C'est ainsi que parlent, à toutes les époques, ceux qui prétendent aimer et sauver non point un être humain, mais l'humanité.
    (Sur l'amour et la mort, trad. Bernard Lortholary , p.73, Fayard, 2005)
     
  25. Mais laissez-moi enfin la paix !
    (L'histoire de Monsieur Sommer, trad. Bernard Lortholary , p.34, Folio Junior n°850, 1998)