André Pieyre de Mandiargues
1909
  1. Comme une soie fragile brutalement fendue de haut en bas, cette horrible douleur lacérante, et, dans la conscience obscurcie, quels torrents, quelles cataractes, quelles avalanches, quels naufrages, quels incendies, quelles laves, quelles ténèbres autour de l'absence soudaine et vrillante d'un être aimé, de l'être uniquement aimé!
    (Les sang de l'agneau, in Le Musée noir, éd Gallimard coll. L'imaginaire, p.40)
     
  2. [...] cette désolation si singulière qu'il y a toujours dans le regard des monstres.
    (Le passage Pommeraye, in Le Musée noir, éd Gallimard coll. L'imaginaire, p.114)
     
  3. Toute nature est un sanctuaire, suivant que l'on regarde; c'est-à-dire - idée de création mise à part - qu'elle est habitée par un dieu (ou plusieurs).
    (Le lis de mer, Folio, n° 247, p.13)
     
  4. Il a quelque chose de singulièrement actuel (par rapport au temps){ dans un beau sourire, quoique certaines personnes ne puissent voir des dents sans penser à la mort.
    (Le lis de mer, Folio, n° 247, p.47)
     
  5. L'amour n'est pas une chose commune sur laquelle on peut broder [...] et il faut l'offrir et l'accepter, le donner et le recevoir, avec cet esprit de dépouillement et de simple feu qui est le meilleur moyen pour arriver à l'intimité des âmes et des corps.
    (Le lis de mer, Folio, n° 247, p.57)
     
  6. Certains moments, dans les endroits très écartés des villes, des constructions modernes et de ce que l'on appelle, en gros, la "civilisation", révèlent à un témoin sensible une extraordinaire harmonie (plus apparente, d'ailleurs, que réelle), où l'on dirait que se répondent tous les éléments de la nature. Le témoin, selon son caractère, plus souvent que d'en faire partie, a l'impression de se trouver exclu de tel ensemble.
    (Le lis de mer, Folio, n° 247, p.65)
     
  7. Rien [...] n'est indescriptible autant qu'une belle nuit.
    (Le lis de mer, Folio, n° 247, p.118)
     
  8. Je te connais maintenant, dit-elle [après avoir fait l'amour]. Il faut s'aimer pour se connaître.
    (Le lis de mer, Folio, n° 247, p.142)
     
  9. Tout théâtre n'est-il pas un vaisseau ?
    (Porte dévergondée, p.115, Gallimard/nrf, 1965)
     
  10. On dit que la naissance vous fait oublier les temps antérieurs ; on dit que mettre au jour, c'est mettre à jour, comme un carnet qu'on fait débuter à blanc en lui arrachant des pages.
    (Porte dévergondée, p.149, Gallimard/nrf, 1965)