Saint-Évremond
~1613-1703
  1. Ayons autant d'amour qu'il en faut pour nous animer, pas assez pour troubler notre repos. Ce coeur nous a été donné pour aimer, ce qui est un mouvement agréable, non pas pour souffrir, ce qui est un sentiment douloureux.
    (Pensées, sentiments, maximes in Oeuvres de Monsieur de Saint Evremond, p.161, 1740)
     
  2. Les voluptueuses sentent moins leur coeur que leurs appétits ; les précieuses, pour conserver la pureté de ce coeur, aiment leurs amants tendrement sans jouissance et jouissent de leur mari solidement avec aversion.
    (Pensées, sentiments, maximes in Oeuvres de Monsieur de Saint Evremond, p.162, 1740)
     
  3. Les dames galantes qui se donnent à Dieu lui donnent ordinairement une âme inutile qui cherche de l'occupation et leur dévotion se peut nommer une passion nouvelle où un coeur tendre, qui croit être repentant, ne fait que changer d'objet à son amour.
    (Pensées, sentiments, maximes in Oeuvres de Monsieur de Saint Evremond, p.162, 1740)
     
  4. Le doute a ses heures dans le couvent, la persuasion, les siennes. Il y a des temps où l'on pleure les plaisirs perdus, des temps où l'on pleure les péchés commis.
    (Pensées, sentiments, maximes in Oeuvres de Monsieur de Saint Evremond, p.163, 1740)
     
  5. La meilleure de toutes les raisons pour se résoudre à la mort c'est qu'on ne saurait l'éviter. La philosophie nous donne la force d'en dissimuler le ressentiment et ne l'ôte pas : la religion y apporte moins de confiance que de crainte.
    (Pensées, sentiments, maximes in Oeuvres de Monsieur de Saint Evremond, p.163, 1740)
     
  6. À juger sainement les choses, la sagesse consiste plus à nous faire vivre tranquillement qu'à nous faire mourir avec constance.
    (Pensées, sentiments, maximes in Oeuvres de Monsieur de Saint Evremond, p.164, 1740)
     
  7. Les belles morts fournissent de beaux discours aux vivants et peu de consolations à ceux qui meurent :

    Attendant la rigueur de ce commun destin,
    Mortel, aime la vie, et n'en crains pas la fin.

    (Pensées, sentiments, maximes in Oeuvres de Monsieur de Saint Evremond, p.164, 1740)