Étienne Naveau

  1. Le mensonge n'est pas l'erreur, qui est la non-vérité, l'absence de correspondance du discours à la réalité qu'il vise. Un mensonge peut être vrai, mais il n'est jamais sincère. Mentir revient, en effet, non pas à dire ce qui n'est pas ou à ne pas dire ce qui est - ce qui définit l'erreur selon Aristote - , mais à dire ce qu'on ne pense pas, ou à ne pas dire ce qu'on pense.
    (La foule, c'est le mensonge (Kierkegaard), p.9, Pleins Feux, coll. Variations, 2002)
     
  2. La foule est une masse aveugle qui broie les individus. En diluant la responsabilité qui n'est jamais qu'individuelle, elle représente l'immoralité par excellence, et tout procès de masse s'avère foncièrement injuste. Pour que le jugement ait lieu, il faut dissoudre les foules et faire surgir des personnes.
    (La foule, c'est le mensonge (Kierkegaard), p.15, Pleins Feux, coll. Variations, 2002)
     
  3. Le discours politique ne vise pas d'abord à convaincre, donc à exprimer et à communiquer une vérité objective, mais à persuader, c'est-à-dire à susciter des apparences destinées à émouvoir, donc à influencer l'auditeur.
    (La foule, c'est le mensonge (Kierkegaard), p.17, Pleins Feux, coll. Variations, 2002)
     
  4. [La presse] représente la pire forme de communication : celle qui s'exerce dans l'anonymat.
    (La foule, c'est le mensonge (Kierkegaard), p.19, Pleins Feux, coll. Variations, 2002)
     
  5. Ne peut-on considérer [...] comme le suggère Karl Popper, que la télévision, le média politiquement et techniquement le plus puissant, a pris de nos jours la place de Dieu ? Dans notre civilisation où le bruit règne en maître, le sacré semble se réfugier dans l'écoute d'une télévision, dont le bavardage impose le silence à tous et étouffe la Parole de Dieu. La télévision ne s'octroie-t-elle pas également l'ubiquité divine, en nous transportant, dans une immédiateté et une transparence apparentes, au coeur même des événements dont elle prétend nous faire les contemporains ?
    (La foule, c'est le mensonge (Kierkegaard), p.20, Pleins Feux, coll. Variations, 2002)
     
  6. Mais qu'est-ce au fond que le communautarisme ? C'est à la fois une pensée de la différence, qui rigidifie celle-ci en posant des frontières étanches qui interdisent toute communication et tout mélange entre les groupes humains, et une pensée de l'identité, c'est-à-dire de l'uniformité de tous les membres du groupe. À l'encontre de l'existentialisme qui met l'accent sur la décision de l'individu, le communautarisme prétend que ce dernier est déterminé par une nature immuable et qu'il est défini exhaustivement par une essence, qui est la propriété commune à tous les éléments de l'ensemble.
    (La foule, c'est le mensonge (Kierkegaard), p.19, Pleins Feux, coll. Variations, 2002)