Pierre Descaves
1896-1966
  1. Le théâtre est un tout. Il forme un tout parce qu'il n'y a rien dans la pensée humaine qui n'ait rencontré ou provoqué son expression scénique.
    (Le théâtre, p.9, Hachette, Notes et maximes, 1963)
     
  2. L'actualité n'a jamais de place, sauf éphémère. Seules les grandes oeuvres savent la styliser. Par elles, on peut quitter le monde où l'on vit.
    (Le théâtre, p.17, Hachette, Notes et maximes, 1963)
     
  3. Le théâtre, c'est le « Meurs et Deviens » du philosophe.
    (Le théâtre, p.29, Hachette, Notes et maximes, 1963)
     
  4. Théâtre : « Tu as trompé les hommes en les détrompant. »
    (Le théâtre, p.29, Hachette, Notes et maximes, 1963)
     
  5. Le temps opère le tri. Il n'existe aucun écrivain qui se dise : ?« On ne me lira plus un jour. » Et tous le pensent des autres. Le difficile est de disparaître. Notre époque consomme tant de textes, de pièces, de poèmes et de chansons, qu'on en ressuscite même des médiocres. Apparaître est difficile ! Durer, bien davantage. Disparaître, comme les dieux, serait admirable. Hélas ! impossible.
    (Le théâtre, p.33, Hachette, Notes et maximes, 1963)
     
  6. Il incombe au théâtre de rendre ses personnages plus intelligibles à eux-mêmes, plus qu'ils ne le seraient dans la vie réelle. Ainsi deviennent-ils intelligibles pour le public.
    (Le théâtre, p.35, Hachette, Notes et maximes, 1963)
     
  7. Le vieux conseil : il faut écrire le plus possible comme on parle, et ne pas trop parler comme on écrit.
    (Le théâtre, p.36, Hachette, Notes et maximes, 1963)
     
  8. Que de précautions il faut prendre pour ne pas dire le dernier mot le premier !
    (Le théâtre, p.37, Hachette, Notes et maximes, 1963)
     
  9. Dès sa création, une oeuvre recèle en elle trois tendances, trois principes déformants, trois pièces distinctes :
    Celle que l'auteur croit avoir écrite.
    Celle que jouent les comédiens.
    Celle que la majorité des spectateurs croit entendre.

    (Le théâtre, p.40, Hachette, Notes et maximes, 1963)
     
  10. Le métier n'est rien. Mais rien n'est sans métier.
    (Le théâtre, p.41, Hachette, Notes et maximes, 1963)
     
  11. « Le metteur en scène, écrit André Boll, est devenu progressivement un personnage d'importance. Mettre en scène une pièce consiste à lui donner la vie, c'est là un véritable rôle d'accoucheur... Le malheur, c'est que trop souvent l'accoucheur se prend pour le père. »
    (Le théâtre, p.49, Hachette, Notes et maximes, 1963)
     
  12. L'art de mettre en scène est l'art d'accommoder les contingences.
    (Le théâtre, p.54, Hachette, Notes et maximes, 1963)
     
  13. Il existe une race à part de metteurs en scène : les entre-metteurs en scène, dans le meilleur sens du mot.
    (Le théâtre, p.58, Hachette, Notes et maximes, 1963)
     
  14. Alors qu'on l'interrogeait sur ce qu'il préparait, Brecht déclara : « Ce que je prépare ? Je prépare mes erreurs. Les erreurs sont souvent fécondes. »
    Il rejoignait ainsi Henry de Montherlant :
    « C'est à coup d'erreurs que les oeuvres survivent. »

    (Le théâtre, p.61, Hachette, Notes et maximes, 1963)
     
  15. [...] la diction, cette orthographe de la langue [...].
    (Le théâtre, p.92, Hachette, Notes et maximes, 1963)
     
  16. Sacha Guitry appartenait à l'école diderotine, haute race d'acteurs totalement étrangers aux sentiments qu'ils expriment. Ce ne sont pas ceux qui amusent le plus. Ce sont ceux qui s'amusent le plus.
    (Le théâtre, p.104, Hachette, Notes et maximes, 1963)
     
  17. [Émile Fabre, dans Le Théâtre, Notes et Maximes] « L'homme est plus reconnaissant à l'artiste (poète, comédien, chanteur, musicien, peintre) qui l'émeut, qu'au savant qui améliore ses conditions de vie... » Les Anglais sont plus orgueilleux de Shakespeare que de Jenner, les Allemands de Goethe que de Gutenberg, les Autrichiens de Mozart que d'Erlich, les Français de Molière que de Claude Bernard.
    (Le théâtre, p.120, Hachette, Notes et maximes, 1963)
     
  18. « La vraie critique se fait en causant : c'est en allant au scrutin de toutes les opinions que la critique composerait son résultat le plus complet et le plus juste », a dit Sainte-Beuve.
    (Le théâtre, p.123, Hachette, Notes et maximes, 1963)
     
  19. [...] le drame souleva de la part des critiques de profession - j'entends pas là non point des lundistes ou des lendemainistes, mais tous ceux qui, sans écrire, font état de réfléchir sur les oeuvres et de les juger - [...]
    (Le théâtre, p.140, Hachette, Notes et maximes, 1963)
     
  20. Le bon critique est celui qui raconte l'aventure de son âme au milieu des chefs-d'oeuvres.
    (Le théâtre, p.151, Hachette, Notes et maximes, 1963)
     
  21. Insensiblement, le public, le client, a cessé d'être une masse anonyme et moutonnière que l'on faisait marcher à volonté. Il a connu la promotion de la personnalisation : le spectateur.
    (Le théâtre, p.157, Hachette, Notes et maximes, 1963)
     
  22. La meilleure façon de retenir l'attention du spectateur en éveil est de procéder, sous ses yeux, à une enquête : « Que va-t-il se passer ? Comment cela va-t-il finir ? » Avec Œdipe-Roi, l'Antiquité a fourni le premier modèle de ces drames policiers qui ont assuré les bonnes recettes des salles.
    (Le théâtre, p.163, Hachette, Notes et maximes, 1963)