Antonin Rondelet
1823 - 1893
  1. Il faut déjà être prévenu par la clarté intérieure de la pensée, lorsqu'on prend la plume pour écrire.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  2. Dans une certaine littérature, pour mieux connaître les passions, on n'en est souvent que plus tenté de les imiter.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  3. On ne doit laisser agir son imagination que dans la mesure du beau, de même que la vertu ne donne carrière à la liberté que dans les limites du devoir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  4. Le mépris des règles de l'art n'est que l'espoir d'en vaincre plus aisément les difficultés.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  5. La vraie littérature est comme la vraie philosophie : ce qu'elle enseigne doit toujours être peu de chose, en comparaison de ce qu'elle apprend à découvrir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  6. L'unité dans la composition littéraire est tellement conforme aux lois de l'esprit humain, qu'invisible nous ne laissons pas de la chercher, et absente de l'introduire.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  7. Chaque siècle a eu ses auteurs favoris qu'il a estimés et accueillis, en proportion, non pas du mérite qu'ils ont eu, mais du plaisir qu'ils lui ont donné.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  8. Il faut juger du danger d'un livre, non par ce qui s'y trouve mais par l'effet qu'il produit.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  9. L'éloquence n'est que le bon sens ému.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  10. Au fond, le ridicule relevé par la critique littéraire n'est autre chose qu'une absurdité contredite par la philosophie.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  11. Auprès de certaines natures, la persuasion réussit par les moyens mêmes qui vous fermeraient à tout jamais un autre coeur. Il y a des âmes qui veulent être convaincues; et d'autres, au contraire, qui ne sauraient tenir devant un soupir ou une larme.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  12. Le Roman ne fait que mettre devant nos yeux des événements dont la réalité est tout au plus le prétexte, mais non pas du tout l'original.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  13. Ce qui rend la naïveté si gracieuse, c'est qu'elle n'est pas faite pour durer.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  14. Il faut craindre les entraînements de la parole, comme ceux du caractère.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  15. La lecture est une école toujours ouverte de supériorité.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  16. Le sentiment du ridicule n'est qu'une des formes extérieures du bon sens.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  17. L'intelligence la plus riche et la plus libéralement pourvue est contrainte de s'alimenter, non pas même pour s'accroître, mais simplement pour se maintenir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  18. Il y a des moments où personne ne veut croire à la puissance de la parole, pas même ceux que lui doivent leur perte et qui pourraient en attendre leur salut.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  19. Pour écrire un voyage, il ne suffit pas, quoiqu'on ait tout vu, de tout raconter.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  20. En dépit de sa verve et de sa bonne humeur, la gaîté de Molière laisse aux âmes pensives et profondes un arrière-goût de mélancolie, et souvent même une certaine souffrance de coeur.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  21. Introduire sans préparation les jeunes intelligences à la connaissance des auteurs modernes, c'est risquer de leur en donner l'ivresse, sans leur en apprendre le jugement.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  22. Nous ne savons véritablement rien, dès que nous ne sommes pas capables de reproduire et d'expliquer de vive voix ce que nous croyons savoir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  23. Nous portons en nous-mêmes un idéal, auprès duquel languit notre plume, aussi bien que notre conduite.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  24. Beaucoup de prétendus orateurs ne voient pas qu'au lieu de préparer leur discours, ils n'ont fait que le rêver.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  25. Beaucoup de gens attendent de l'improvisation, non pas l'expression mais l'achèvement de leurs vues.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  26. Il ne manque pas de gens qui ont été éloquents une fois dans leur vie : le difficile, c'est de l'être toujours, et de l'être à coup sûr.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  27. On n'est vraiment puissant dans un ordre d'idées, qu'à la condition d'y être vraiment passionné.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  28. L'incapacité la plus terrible et la moins remediable de toutes les incapacités, est de ne pas savoir travailler.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  29. Les fermes esprits ont le privilège de ne pas prendre le succès pour de la capacité.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  30. Il faudrait apporter, de part et d'autre, dans la conversation, plus d'envie d'écouter et de comprendre son partenaire que de lui répondre et d'en triompher.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  31. Il nous semble trop souvent, à force de répéter les mêmes idées dans les mêmes paroles, que ces idées augmentent de clarté en proportion de notre entêtement.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  32. N'avoir pas foi dans la puissance de la parole, c'est n'avoir pas foi dans la puissance de la vérité.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  33. Beaucoup de succès oratoires ne sont que des actes de lâcheté ou de trahison.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  34. L'ancienne éloquence enseignait que le triomphe du discours se consomme par l'assentiment de l'auditoire aux paroles de l'orateur, sauf à revenir et à changer le lendemain. Il y a une autre éloquence plus haute, qui ne craint pas le dissentiment présent et qui compte à bon droit sur l'avenir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  35. Si le rire ne se discute pas dans l'entraînement, il faut au moins qu'il se justifie par la réflexion.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  36. La lecture présente cet avantage de se prêter avec une égale complaisance au délassement d'un esprit trop tendu, aussi bien qu'au recueillement d'une intelligence trop dissipée.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  37. La plupart des grands génies, aussi bien dans la littérature qu'ailleurs, ont pratiqué cet art suprême, non seulement de créer des beautés de premier ordre, mais encore de gouverner les âmes avec assez d'autorité pour donner en quelque sorte l'élan à leur enthousiasme et le ton à leur admiration.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  38. Les esprits médiocres ont beau vanter les spectacles du dehors, parce qu'il ne leur est pas donné de concevoir quelque chose de plus haut, il n'en est pas moins vrai que les âmes supérieures et les esprits d'élite offrent à qui sait les voir, un spectacle auquel rien ne peut se comparer.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  39. Il faut, dans l'art de la composition, procéder, non par l'admiration mais par la critique de soi-même.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  40. La manière de Sénèque est faite plutôt pour flatter les travers littéraires de l'adolescence, que pour lui donner des modèles et des leçons.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  41. Il y a une attention de combat, laquelle s'efforce de saisir les arguments uniquement pour les terrasser.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  42. La lutte d'un homme contre toute une assemblée, la nécessité de soutenir et de poursuivre un discours contre un parti pris d'indifférence ou d'hostilité, n'intéressent pas moins que l'effort par lequel, dans un autre ordre de faits, on lutte contre la résistance de la nature.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  43. En matière d'art comme de littérature, il faut être assez simple pour rester inspiré, et assez savant pour redevenir simple.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  44. Aucune passion n'est vraiment intéressante, dans la littérature comme dans l'art, qu'à la condition de demeurer encore maintenue.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  45. L'art est comme la vie : il est partout.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  46. Il est bien difficile à l'homme de retracer comme peintre ou comme poète, ce qu'il ressent comme victime.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  47. La franchise est aussi heureuse dans la poésie que dans la conduite : elle donne aux hommes une force incomparable dans leurs résolutions, en même temps qu'une saveur exquise dans leurs paroles.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  48. La plupart des intelligences sont ainsi faites, qu'elles aiment mieux les événements sans explications, que les explications sans événements.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  49. L'imagination est de beaucoup plus tenace que la raison.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  50. Les riches d'esprit ont au moins cette supériorité qu'ils sont les seuls à ne point s'appauvrir en se dépensant.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  51. L'éloquence serait vraiment trop facile et le pouvoir de la parole de trop peu de prix, s'il suffisait d'avoir envie de donner une explication pour y réussir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  52. La difficulté de faire entendre la vérité n'est pas moins grande que celle de la découvrir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  53. Beaucoup de gens suppléent à la critique par l'indifférence et par l'ennui.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  54. On sent bien imparfaitement ce qu'on est seul à sentir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  55. La vulgarisation, même poussée à outrance, est une satisfaction pour l'orgueil de ceux qui savent, un soulagement pour ceux qui ont oublié, une nécessité pour ceux qui ignorent.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  56. Le grand art de l'écrivain consiste à avoir l'air de suivre son lecteur, au lieu de le solliciter.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  57. En littérature, le travail facile n'est au fond que le travail sans valeur.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  58. Dans plus d'une occasion, ce qu'on appelle si mal à propos le défaut d'inspiration, n'est pas autre chose qu'une ignorance profonde de la question, ignorance causée par la paresse d'en prendre connaissance ou l'incapacité de la traiter.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  59. On peut bien souhaiter à un esprit d'être supérieur, mais il n'est guère raisonnable de lui en donner le conseil.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  60. Les compositions de conscience sont aussi fréquentes en littérature que dans le reste de la vie.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  61. Un auteur obscur qui essaie de se relire, retrouve précisément dans son intelligence sous la forme de commentaires, les pensées qu'il agitait déjà sous la forme de plans.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  62. Tous les écrivains ne réussissent pas à endormir le lecteur, mais beaucoup d'entre eux font pour cela tout ce qu'ils peuvent.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  63. Il est bien plus facile d'avoir des égards pour les personnes que pour les écrits.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  64. Il est bien étrange que la jeunesse semble garder le privilège de semer ses discours de traits vieillis et de connaissances usées.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  65. L'art d'écrire consiste précisément à introduire dans ses compositions une sorte de bonheur continu.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  66. Les auteurs inexpérimentés, sans méthode, sans direction, sans conseils, ont beaucoup plus à souffrir de leurs qualités que de leurs défauts. C'est surtout par leurs qualités qu'ils périssent ; ils les tournent contre eux-mêmes par l'abus qu'ils en font.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  67. Le besoin de parler est en raison de la puissance de l'esprit, comme le besoin de se confier en raison de la délicatesse du coeur. Les imbéciles ne parlent pas, et les poètes se chantent eux-mêmes.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  68. Il ne manque pas de femmes qui s'imaginent réfléchir et qui confondent l'impulsion qu'elles ont l'habitude de subir avec l'initiative qu'elles devraient avoir la force de prendre. Il se fait dans leur âme une répercussion du dehors, et elles prennent cet écho pour leur propre pensée.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  69. La lecture représente pour un grand nombre de personnes, incapables de toute méditation originale, le seul recueillement de leur vie.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  70. La meilleure conclusion à tirer d'une étude n'est pas celle que l'écrivain présente aux lecteurs, mais celle que les lecteurs eux-mêmes doivent être mis en demeure de tirer de leur propre réflexion.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  71. Nul, au moment où il crée sa propre pensée, ne réussit à en devenir en même temps, le spectateur impartial et le juge compétent.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  72. Une synthèse large et hardie de nos lectures sert beaucoup mieux les intérêts de notre esprit que l'analyse la plus scrupuleuse et la plus complète.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  73. Cherchez pourquoi, tandis que tous les mots, à bien peu d'exceptions près, sont pour nous également faciles à comprendre, la plupart d'entre eux deviennent presque impossibles à retrouver, lorsqu'on tient la plume à la main.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  74. Tout le secret d'une véritable analyse consiste à éviter que les mots ne rappellent les idées, tandis que les idées doivent rappeler les mots.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  75. Ce qu'il y a de pire dans le monde, c'est non pas de rester inaccessible à l'expérience, mais de devenir un artisan de paroles.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  76. Il ne manque pas de gens dans le monde, qui se livrent à des tirades, sans avoir eux-mêmes la force de les arrêter.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  77. L'expression définitive est la seule belle, parce qu'elle est la seule vraie.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  78. La vraie médiocrité est celle d'un style où rien n'est achevé comme détail, où tout suffit comme ensemble.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  79. L'avantage des langues fixées, c'est que, grâce à des définitions invariables, appuyées sur l'autorité des meilleurs auteurs, chacun des mots employés opportunément par un écrivain, apporte avec lui son contingent de clarté par rapport à la pensée totale.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  80. Il ne faut pas s'y tromper : un lecteur ne se choque pas si aisément du travail, alors même qu'il en apercevrait quelque trace.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  81. La supériorité de celui qui écrit constitue le profit le plus net de ceux qui le lisent.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  82. Un esprit qui se contente d'une expression insuffisante par pure défaillance et par paresse, ne tardera pas à vouloir justifier par amour-propre ce qu'il avait d'abord accepté par langueur.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  83. Il y a une espèce d'entraînement subalterne, qu'on prend souvent pour de l'inspiration.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  84. Il y a plus d'hommes qu'on ne pense, qui meurent sans avoir eu conscience de leur puissance et de leur grâce dans l'ordre littéraire. Ils ne se sont jamais contemplés dans leur propre expression, pas plus qu'il n'a été donné à la jeune vierge des tribus sauvages de se sourire dans un miroir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  85. Il faut, non pas qu'un orateur ou qu'un écrivain s'écoute, mais qu'il s'entende.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  86. Le prétendu travail facile n'est au fond que le travail sans valeur.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  87. L'intolérance de certains auditoires a pour cause, beaucoup moins le parti pris de ne rien écouter, que l'impuissance réelle de se contenir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  88. Notre premier mouvement, dès qu'un sujet vient sur le tapis, n'est point d'apprendre ce que nous pouvons ignorer, mais de professer ce que nous prétendons savoir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  89. Il n'y a pas de seconde épreuve, lorsqu'il s'agit de l'éloquence spontanée : une fois qu'elle s'est produite au dehors, il semble que le moule en soit à tout jamais brisé.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  90. La véritable préparation oratoire ne consiste pas à élaborer péniblement un discours, pour le reproduire ensuite à frais communs entre la mémoire et l'imagination.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  91. L'art et la science sont impuissants, comme on le pense bien, à changer notre fond essentiel. Au moins nous permettent-ils d'user de nous-mêmes dans toute l'étendue de nos pouvoirs.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  92. L'insuffisance du style et de la parole, tient, par des liens plus étroits qu'on ne le pense, à la faiblesse et à l'insuffisance du caractère.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  93. Repasser n'est pas toujours le moyen d'apprendre davantage ; c'est souvent aussi l'occasion de savoir moins.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  94. Il faut que l'inspiration soit secourue, et non pas éteinte par les faits.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  95. L'art de finir n'est ni moins rare, ni moins essentiel que l'art de commencer.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  96. La pensée s'arrête dans la certitude: le style ne saurait s'arrêter dans la perfection.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  97. Il n'y a pas moins de mouvement et d'action dans l'éloquence de la prose que dans celle de la poésie; mais, dans la prose, la passion se traduit par l'abondance du discours, tandis que, dans la poésie, elle se ramasse afin d'éclater en un seul trait.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  98. Chacun des personnages qui figurent dans le théâtre de Racine et de Corneille, reste beaucoup plus dans l'esprit de son rôle que de son temps.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  99. C'est une tendance constante dès esprits médiocres et impuissants de courir après la couleur locale, dans la mesure où ils se sentent inaptes à comprendre et à interpréter la nature humaine.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  100. Le plus clair résultat d'une traduction trop précipitée, est, si l'on peut s'exprimer ainsi, de nous habituer à rêver les auteurs au lieu de les lire.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  101. Dans la plupart des romans modernes, la responsabilité morale se trouve déplacée: elle passe de l'homme qui devient une victime, à Dieu qui se transforme en tyran.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  102. Bien que la plupart des hommes professent aisément l'orgueil stupide de n'être ni poètes ni artistes, ils le sont cependant en plus d'une occasion, plus qu'ils ne veulent l'avouer, ou qu'ils ne savent s'en apercevoir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  103. S'il est fréquent de rencontrer des écrivains réduits à se taire, il est plus fréquent encore de rencontrer de beaux parleurs impuissants à rien mettre par écrit.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  104. Il est peut-être plus malaisé, lorsque l'on veut écrire avec quelque vigueur et quelque netteté, de se défaire d'une certaine facilité compromettante, que de s'assurer par le travail une facilité acquise dans laquelle le hasard n'est pour rien.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  105. Les mêmes facultés qui se prêtent avec le plus d'empressement à l'inspiration, se refusent le plus obstinément à la discipline.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  106. En matière d'improvisation, les bonnes fortunes du hasard qui se prêtent à tout, ne suffisent à rien.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  107. Au point de vue d'un discours à faire, plus vous êtes convaincu et enchanté, plus vaste et plus profond est l'intervalle qui vous sépare de vos interlocuteurs.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  108. Autre chose est d'être parvenu soi-même à une conviction originale et raisonnée, autre chose est d'en pouvoir retrouver l'origine et reproduire les motifs.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  109. Le véritable écrivain ne met pas tout dans son livre, et son oeuvre la plus essentielle s'accomplit dans l'âme même des auditeurs.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  110. L'histoire d'une nation est impuissante à expliquer même une seule âme, et l'histoire d'une seule âme suffit souvent à expliquer l'histoire de toute une nation.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  111. Le bon sens est comme une barre de bois debout, qui supporte un fardeau sans flécbir tant qu'elle est en équilibre ; mais lorsqu'elle se dérange et cède en échappant, il lui est impossible de se relever elle-même, il faut qu'on vienne à son secours.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  112. L'esprit humain est ainsi fait qu'il suffit de mettre en jeu sa curiosité et de dresser devant lui des obstacles, pour lui inspirer le désir de pénétrer ce qu'on lui cache et de vaincre ce qu'on lui oppose.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  113. C'est le propre des opinions peu éclairées, et par conséquent peu solides, de ne point souffrir aisément qu'on les combatte.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  114. Des luttes morales nous sont souvent demandées, jusque dans notre consentement à l'évidence la plus irrésistible.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  115. L'erreur a le temps contre elle.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  116. Il y a, au fond du caractère de l'homme, un besoin de ne pas s'avouer qu'il se trompe, et un désir de ne pas reconnaître que les autres ont raison. On ne veut pas écouter pour ne pas entendre ; et dès qu'on a compris, on fait effort pour se persuader qu'on n'a pas entendu.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  117. Le sens commun suffit presque toujours pour nous avertir d'une erreur, alors même qu'il n'est pas assez exercé pour y répondre, ou assez instruit pour y substituer la vérité.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  118. La véritable réfutation d'une erreur est dans l'établissement de la vérité destinée à remplacer cette erreur, comme le renversement définitif d'un trône résulte de l'établissement d'une dynastie ou d'une forme nouvelle.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  119. Dans l'esprit de bien des hommes, une erreur qu'on méprise passe pour une vérité qu'on redoute.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  120. Dans les sciences d'observation, l'expérience doit non pas se soumettre, mais s'imposer à la raison.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  121. La connaissance de la cause efficiente nous soumet la nature quand il s'agit de la faire obéir, comme la connaissance de la cause finale nous la révèle quand il s'agit de l'expliquer.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  122. Une erreur n'est pas moins solidement réfutée par le sentiment de notre délicatesse, que par les résistances de notre esprit.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  123. Si le devoir de la philosophie est de poser les limites de notre intelligence, sa gloire et sa mission sont de les atteindre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  124. Si la permanence de l'espèce ne garantissait pas l'identité de sa nature, il n'y aurait plus de société possible. L'observation devrait recommencer sans terme une science sans résultats.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  125. La défaite d'une erreur n'est pas un résultat moins précieux que la conquête d'une vérité.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  126. L'attente de la vie éternelle, écrite dans notre âme, en devient la promesse.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  127. À mesure que les horizons s'agrandissent, la science même qu'il acquiert enseigne l'humilité au génie.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  128. Un peu de métaphysique ne gâte rien aux sciences d'observation.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  129. La raison qui suffit à la théorie, se trouve presque toujours en défaut dans la pratique.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  130. L'incrédulité n'est un repos qu'aux âmes faibles.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  131. Voici une des lois du sens commun. Il y a une évidence qui suffit à l'esprit lorsqu'il est en repos et qu'il s'en rapporte, lorsqu'il donne les mains à l'autorité des idées qu'il a résolu d'accepter : au contraire, dès que le sens commun a renoncé à ce parti pris, c'est qu'il entre dans l'examen, le doute, la discussion. Il faut alors qu'il prenne la peine de revenir à la certitude par la démonstration. Il a perdu pour jamais l'évidence du sentiment. Il ne peut plus se reposer daus son ignorance. Il est réduit à savoir, à apprendre, et à s'embarquer ainsi dans les recherches et dans les études.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  132. Le doute est tellement mauvais pour l'intelligence qu'elle a tout à perdre avec lui, même dans les victoires qu'elle remporte contre les objections.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  133. Pour découvrir la vérité, il faut avoir tout à la fois le désir de la chercher et l'intention de la reconnaître.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  134. C'est une loi fondamentale des controverses humaines, que la vérité est ordinairement attaquée par des raisons plus spécieuses, lorsqu'elle peut être défendue par des arguments plus forts.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  135. Souvent, sans prendre vis-à-vis de nous-mêmes la responsabilité du scepticisme, nous en subissons les atteintes et nous en pratiquons la langueur.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  136. La science philosophique ne peut être réellement comprise d'un élève, que dans la mesure où elle est créée par lui.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  137. La vérité d'une proposition, de quelque part qu'elle vienne, n'est pas proportionnée à l'énergie avec laquelle on l'affirme, mais à l'évidence avec laquelle on la démontre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  138. Toute discussion sur la probabilité d'un fait, devient oiseuse devant son existence.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  139. Le véritable rôle de la philosophie n'est point une tentative désespérée qui, à la façon du Cartésianisme, suppose tout perdu pour tout reconquérir. C'est, à la prendre d'une façon plus pratique et plus efficace, un enseignement dogmatique, destiné à développer les idées dont nous avons déjà le germe, et à nous confirmer par des démonstrations rationnelles dans les affirmations dont nous admettons déjà l'autorité.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  140. Il ne peut y avoir de science philosophique pour personne, qu'à une seule et unique condition: c'est que cette science recommencera avec chacun de nous.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  141. Pour faire une étude complète du coeur humain, rien ne nous manque de ce qui peut nous assurer un plein succès, ni le sujet que nous portons en nous, ni le moyen d'information qui est notre propre conscience.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  142. La paresse de chercher et l'orgueil d'avoir découvert, sont deux excuses d'une même ignorance.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  143. Dans certaines âmes, le coeur devance le raisonnement, et l'esprit ne fait que suivre le syllogisme du sentiment.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  144. Les esprits se forment, soit par la force originale qui procède à ses risques et périls, soit par cette méthode d'assimilation qui transforme en notre propre substance le meilleur et le plus sûr des découvertes d'autrui.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  145. On peut retenir son esprit quand il nous déborde, et lui interdire tout excès en lui retirant tout exercice.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  146. La curiosité doit être un stimulant pour le travail, au lieu de devenir une anxiété.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  147. Il ne suffit pas de la bonne volonté pour être éloquent, ni de l'admiration de là science pour devenir instruit.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  148. La réflexion multiplie l'expérience.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  149. Il faut une grande puissance d'esprit pour assister au spectacle de soi-même, et pour discerner avec exactitude la part de l'intelligence, du coeur et de la volonté, dans l'oeuvre commune d'une même action.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  150. Il est des vérités qui, avec le temps, passent de notre raison dans notre coeur.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  151. La liberté est la forme objective sous laquelle nous apparaît, par la réflexion, notre propre substance.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  152. Savoir glisser à propos et n'accorder à chaque connaissance que la somme exacte d'estime et d'affection à laquelle elle a droit, c'est une des conditions essentielles de l'équilibre et de l'ordre dans une intelligence bien conduite.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  153. Bien loin qu'il nous entraîne toujours, nous sommes souvent les premiers à provoquer notre esprit à l'erreur et à lui demander des fantômes.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  154. L'esprit éprouve une répulsion instinctive pour toute idée qu'il serait incapable de découvrir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  155. La plupart des hommes ajoutent encore à leur ignorance des faits les préjugés de leur fantaisie.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  156. Le malheur de la plupart des hommes est de se préoccuper plus de découvrir que d'apprendre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  157. Il arrive à la plupart des hommes de traverser les événements, et même de s'y mêler, sans que ces événements deviennent pour eux de l'expérience: ils n'en voient que la surface et n'en possèdent point la clé.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  158. La psychologie n'est qu'un commencement : vouloir y rester, c'est vouloir s'y perdre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  159. La méthode qui est l'emploi le plus raisonnable et le plus fécond de nos facultés dans chaque ordre de connaissances, ne change pas plus que ces facultés elles-mêmes.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  160. Les sciences se spécialisent à leur début, et se généralisent par leur couronnement.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  161. Pris en eux-mêmes, les événements demeurent indifférents et ne paraissent pas capables de soulever les grands intérêts de la vie. Ils n'ont, en déflnitive, d'autre mérite et d'autre valeur que ce que nous leur prêtons par l'intervention active et passionnée de nos sentiments.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  162. Beaucoup d'artistes ne réfléchissent pas à l'infranchissable intervalle qui existe entre la thèse qu'on démontre et l'impression qu'on communique.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  163. La peinture doit procéder par groupes, et non point par épisodes.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  164. Il faut qu'il y ait unité dans les créations de l'art; car, dans la nature humaine elle-même, les sentiments les plus divers y sont constamment dominés par le ton général du caractère.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  165. Il ne faut pas accuser facilement certaines personnes d'exagération. Vous savez comme moi, que c'est là une fin de non recevoir, opposée par les esprits faibles aux intelligences plus fermes qui leur mettent sous les yeux les inévitables conséquences de leurs systèmes. Armés de la débilité de leur raisonnement qui ne leur permet point d'aller jusqu'au bout de leurs idées, ils s'en prévalent pour vous accuser d'imagination, lorsque vous ne faites qu'user de logique.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  166. Les lumières, lorsqu'il s'agit d'apprendre et de savoir, ne rayonnent pas du dehors au dedans, mais du dedans au dehors.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  167. Beaucoup d'hommes confondent le moment de savoir avec celui d'apprendre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  168. C'est une grande infériorité pour la plupart des hommes, de n'être pas habitués à posséder par la réflexion leurs propres sentiments.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  169. Le caractère élevé et délicat de la beauté n'apparait nulle part au premier venu : le gros du public en est réduit à un vague instinct.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  170. Il est bien vrai que l'bomme est éloigné de son âme, puisqu'il lui faut un effort pour y revenir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  171. Il semble à quelques-uns qu'il soit plus facile de réussir par l'inspiration pure : la vérité est qu'il est encore plus sûr et plus glorieux d'y joindre la réflexion et l'art.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  172. Il y a des conséquences de pur raisonnement, qu'on impose injustement par la dialectique aux principes dont est bien aise de se débarrasser.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  173. Aucune personne morale n'existe en double : chacun a son existence séparée, absolument comme s'il était unique au monde.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  174. Il est bien vrai que l'inspiration dans la poésie, comme l'intuition dans les sciences, demandent l'une et l'autre, malgré leur caractère apparent de pure spontanéité, un moment de réflexion et de retour sur soi-même.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  175. Les jugements faux se corrigent par l'obéissance, mieux encore que par la persuasion.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  176. La vue matérielle des choses n'a jamais instruit personne.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  177. Il y a quelque chose de plus difficile que d'apprendre, c'est d'enseigner.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  178. Beaucoup d'observations suffisent au repos de l'esprit, qui ne suffisent point aux exigences et aux inquiétudes légitimes de la science.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  179. Beaucoup de faux disciples s'arrangent pour transformer leur ignorance en sympathie, et l'inaction de leur paresse en une plénitude de contentement.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  180. La vérité officielle et pratique n'est qu'une pâle image de cette vérité vivante et intime qui nous représente le fond même de la vie individuelle.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  181. Absolument rien de ce qui se passe dans l'âme d'un homme, ne saurait nous être indifférent.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  182. Pour la plupart des hommes, l'ignorance des causes est proportionnée à la notoriété des effets.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  183. Nous sommes tellement inattentifs, et, si je puis aller jusque-là, tellement étrangers à ce qui passe au dedans de nous, que nous empruntons, pour ainsi dire, le sentiment même de notre personne au milieu dans lequel nous nous trouvons placés.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  184. L'érudition est la science de ceux qui ignorent la vie.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  185. Le moment de savoir n'a rien de commun avec celui d'apprendre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  186. Il ne faut point s'y tromper : ce n'est point dans les hautes régions de la science que l'esprit est appelé aux plus rudes labeurs : c'est, au contraire, où débute la plus humble culture de l'esprit.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  187. La raison peut consentir à un jugement, sans que le coeur cesse de s'en émouvoir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  188. Il faut beaucoup d'intelligence pour s'apercevoir qu'on n'a pas compris une explication, et encore plus de courage pour l'avouer.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  189. On pourrait encore supporter l'ignorance, si elle consentait à pousser l'héroïsme jusqu'à demeurer silencieuse et résignée à son humble condition.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  190. Nos facultés ne prennent point la même allure et ne suivent point les mêmes procédés, à rechercher la vérité dans l'ignorance, ou à la démontrer dans la possession.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  191. Il faut redouter avec une égale frayeur les exemples trop vulgaires qui lassent sans éclairer, et les exemples trop extraordinaires qui surprennent sans convaincre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  192. Il est vrai de dire qu'en matière de raisonnement, la suite et l'enchaînement des conséquences, peuvent être regardés comme une véritable preuve a posteriori.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  193. Ceux qui mettent à tout propos en avant le mot système, comme une réfutation et une fin de non recevoir, confondent le plus souvent les règles qu'on imagine avec les idées générales qu'on découvre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  194. Il y a, pourrait-on dire, deux sortes de philosophies : l'une extérieure et scientifique au moyen de laquelle on institue, on étend les méthodes, on reprend, on révise, on complète le catalogue dés connaissances humaines ; l'autre personnelle et intérieure, résolue de ne point sortir des limites mêmes de l'âme individuelle, et satisfaite à la seule condition qu'elle se procure une vision claire et nette de tout ce qui est dans cette âme. La première est une science et la seconde une discipline : la première s'enorgueillit du bien qu'elle accomplit dans l'ordre de la civilisation, et la seconde se contente des perfectionnements qu'elle réalise dans la sphère de l'individu.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  195. C'est une égale erreur de se refuser à l'aveu des faits sous prétexte de maintenir l'intégrité des principes, et de nier les axiomes de la raison et du droit sous prétexte de respecter l'inviolabilité des faits.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  196. À la vanité de paraître instruit, s'ajoute le plus ordinairement l'orgueil de le croire.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  197. Il ne faut aborder une question à examiner, qu'avec la préoccupation d'une vérité à admettre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  198. L'esprit des jeunes filles flotte le plus souvent entre les crises de l'imagination et les découragements de la langueur.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  199. Il n'y a point d'intermédiaire entre le parti modeste de s'abstenir de juger, et la résolution plus héroïque d'entreprendre de savoir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  200. Tout de même que les plus beaux caractères ne sont pas ceux qui s'épanouissent dans l'innocence mais qui se développent et se fortifient dans la vertu, peut-être les intelligences les plus hautes ne sont-elles pas celles qui s'inspirent de la spontanéité, mais qui s'éclairent de la méthode ?
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  201. La plupart des hommes ne sont point les victimes de la faiblesse de leur esprit, mais de l'impuissance de leur attention. Il leur suffit presque toujours de se faire quelque violence, pour tirer de leurs facultés un parti dont ils sont les premiers stupéfaits.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  202. Si notre volonté était plus résolue, notre esprit ne demeurerait pas aussi incertain.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  203. Les hommes ne doivent pas épuiser en controverses la force qui est faite pour se traduire en mérites.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  204. Il semble aux esprits prévenus que les idées gagnent en certitude tout ce qu'ils leur accordent de sympathie.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  205. Il faut, dans la réalité, faire une part aux hasards des accidents et à la banalité de la vie courante, tandis que, dans le domaine de l'art, tout porte parce que tout est choisi; tout est présenté sous une forme exquise, aussi capable d'émouvoir le coeur que de contenter la raison.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  206. On peut dire d'une façon générale, que toutes les évolutions de la pensée se justifient et deviennent logiques, dès qu'elles ont été préméditées.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  207. À défaut de lumières pour sonder les profondeurs de la science, ou de force pour pratiquer les sacrifices de l'héroïsme, il reste toujours à l'homme, pour dernière ressource et pour dernier mérite, d'aimer cette vérité qu'il connaît si mal et ce devoir qu'il pratique si peu.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  208. Les sophistes, pour avoir subi l'échec de ne rien découvrir, ont professé la doctrine de ne rien savoir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  209. On ne saurait ébranler l'autorité, sans compromettre toute autre certitude.,
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  210. L'ignorance présente ce caractère douloureux, qu'elle se nourrit et s'entretient pour ainsi dire elle-même.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  211. L'usage pratique d'une vérité est bien différent de sa découverte et de sa possession intellectuelle.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  212. En philosophie, la communauté des doctrines ne vient pas d'une rencontre dans la découverte, mais d'un souvenir dans la possession.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  213. L'homme n'est pas réduit, en ce monde, à la seule part des vérités qu'il est en mesure de conquérir, mais il est destiné à jouir aussi de toutes celles qu'il est capable de recevoir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  214. Quand on a le temps de faire tout, il est rare qu'on ait le courage de rien faire.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  215. De grands développements intellectuels ont souvent perdu les nations ; comme le maniement des grandes fortunes, les individus.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  216. Le tort de ceux qui entreprennent des choses nouvelles est d'en vouloir prouver l'excellence par la force de leurs démonstrations, au lieu de travailler à en perfectionner les résultats par la patience et la sagesse de leur pratique.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  217. Il ne manque pas de prétendus penseurs qui, à leur insu, achèvent leurs raisonnements par des rêves.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  218. Aller jusqu'au bout de soi-même, il n'en faut pas davantage pour constituer la vertu dans le caractère, la supériorité dans l'esprit, l'éloquence dans le discours.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  219. Beaucoup de gens manquent, non pas de vigueur pour s'élever mais de méthode pour se soutenir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  220. Beaucoup trop de gens sont disposés à croire que la juxtaposition et la liaison des idées ne font qu'une seule et même chose.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  221. Au temps où nous sommes, il faut absolument être capable d'établir tout ce qu'on a besoin de croire.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  222. La nature humaine est si avide de louanges, qu'elle prend volontiers pour le panégyrique de son oeuvre, l'éloge de l'idéal qui la dément.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  223. Le malheur qui semble irréparable aux âmes faibles le devient en effet par leur propre lâcheté.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  224. Le malheur dont on se plaint tant est, sans qu'on s'en doute, ce que l'homme supporterait peut-être le plus aisément, s'il ne s'y mêlait pas de remords.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  225. Le découragement, comme l'étymologie l'indique, est une simple défaillance du courage, non pas lorsqu'il est tenu de résister, mais lorsqu'il est appelé à entreprendre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  226. Rien ne s'allie mieux au découragement que les complaisances de l'illusion, ou les emportements de la témérité.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  227. Il est bien rare que l'homme emploie dignement son temps, ou seulement d'une façon suffisante, lorsque le temps lui appartient tout entier.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  228. Le malheur ne grandit pas seulement le caractère qui y résiste par la lutte, mais l'intelligence qui en profite par la méditation.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  229. L'espérance de vaincre n'est pas nécessaire au vrai courage : réagir lui suffit.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  230. Le courage est l'unique soulagement que la nature humaine puisse trouver.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  231. Le vrai malheur d'un grand nombre d'hommes, c'est qu'ils remettent toujours au lendemain, ou la jouissance de vivre, ou la possibilité de travailler.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  232. L'appréhension de ne point réussir ôte le plus souvent le courage d'entreprendre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  233. C'est trop abaisser la nature humaine que de lui attribuer pour mobiles, même dans ses actions les moins justifiables, la recherche et le soin de ses seuls intérêts. Nous gardons au moins vis-à-vis de nous-mêmes, cette dernière pudeur et cette dernière dignité, de transformer nos penchants et jusqu'à nos vices ; d'en faire, autant que la subtilité de notre esprit nous le permet, et que l'illusion d'autrui y consent, des prétextes honorables, dignes d'être avoués et poursuivis.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  234. Les choses sont telles en ce monde, que nul homme ne peut y être sans souffrir. Il n'est point de bonheur quelque grand qu'on le suppose, point de prospérité pour complète et achevée qu'on se plaise à l'imaginer, qui ne soit démentie et humiliée, gâtée et avilie par le spectacle désespérant d'une prospérité et d'un bonheur intérieurs dont nous portons en nous-mêmes la représentation et le désir. Jamais, grâce à cette inégalité entre la puissance de concevoir et celle de jouir, entre les plus heureuses rencontres de la fortune et les perspectives démesurées de l'imagination, aucune réalité ne comblera cet abîme insatiable de convoitises que nous recelons ainsi dans notre coeur.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  235. Pour la plupart des hommes, le bonheur, c'est ce qu'on espère: le mécontentement, c'est ce qu'on a.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  236. Il est des volontés qui ne parviennent à se maintenir, qu'autant qu'elles se transforment en entêtement.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  237. C'est un grand malheur de se contenter des à-peu-près, aussi bien dans la conduite que dans la pensée.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  238. Nulle réalité n'est en mesure de décourager nos plaintes, pas plus que d'assouvir nos aspirations.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  239. La patience a cet avantage incomparable que, ne prenant pas la peine de lutter, elle n'a pas même contre elle la chance d'être vaincue.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  240. La patience est la vertu des forts.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  241. Rien n'est plus vite fait que de sourire d'un sentiment, en proportion de ce qu'on est moins capable de l'éprouver.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  242. Le bonheur qui devrait nous rendre aisés et coulants en quelque sorte, nous apprend à devenir difficiles et revêches aux moindres difficultés.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  243. Il en va des rapports moraux comme des lois mathématiques, où le chiffre des quantités n'importe en rien à la formule des équations.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  244. L'indulgence finit toujours par trouver quelque excuse aux actions qu'on blâmait. La sévérité n'est donc pas seulement cruelle ; elle est encore injuste.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  245. Nous sommes ainsi faits que souvent nous cherchons la vérité moins pour en jouir nous-mêmes, que pour le plaisir de nous en parer aux yeux d'autrui.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  246. Les meilleurs d'entre les hommes n'ont fait que se corriger.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  247. Le goût même du bien ne suffit pas pour nous en donner la force. C'est assez de la pensée du mal pour en faire naître la tentation.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  248. Il ne faut jamais remettre au lendemain, car le lendemain, pas plus que la veille, ne saurait nous affranchir de la nécessité de prendre un parti.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  249. Nous n'avons point à mesurer nos devoirs, mais à les pratiquer.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  250. Il ne faut jamais céder par lassitude à l'importunité, ce qu'on refuserait par raison à la prière.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  251. On se dispense aisément de combattre, là où l'on croit impossible de triompher.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  252. Il faut, dans le monde, faire tout ce qu'on doit, et ne pas s'attendre, de la part des hommes, à tout ce qu'on mérite.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  253. En matière d'erreur, on commence le plus souvent par la légèreté, et l'on finit par l'entêtement.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  254. Il suffit, dans la plupart des cas, d'avoir du temps devant soi pour le perdre au lieu de l'employer.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  255. Il y a, dans le mariage, un moment où les époux se sentent disposés à changer de conduite l'un envers l'autre, et où il faut que l'idée du devoir vienne se mêler à l'amour.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  256. Un grand sacrifice nous coûte souvent moins qu'une petite concession.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  257. L'esprit, tout-puissant dans la délibération qui propose une entreprise, laisse souvent la volonté sans courage dans la détermination qui l'exécute.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  258. Le coeur suffit pour comprendre et pour justifier la plupart de nos résolutions et de nos actes, comme il a suffi pour les inspirer.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  259. Les efforts et les sacrifices doivent être pour l'homme l'occasion du mérite, et non pas le prétexte du découragement.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  260. Il ne faut point consulter l'expérience, si nous voulons connaître le devoir. Il faut en chercher l'idée dans notre conscience, et la réalisation dans notre volonté.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  261. L'âme gagne à n'être pas toujours au régime du bonheur.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  262. La liberté est un de ces présents dont l'homme ne peut continuer à jouir, qu'à la condition expresse de continuer à le mériter.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  263. Le caractère moral doit gagner en élevation tout ce que l'intelligence acquiert en étendue, de la même façon qu'on édifie de plus hauts monuments sur des bases plus larges.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  264. A défaut d'une intelligence suffisante pour concevoir la direction de sa conduite, il suffit toujours à un homme d'une docilité assez vaillante pour l'accepter.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  265. Le courage du dernier moment est autrement difficile que celui de la première heure.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  266. La résistance de notre coeur suffit pour paralyser entièrement la bonne volonté de notre raison.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  267. Il n'y a pas de honte à avouer ses illusions, même quand il faut les perdre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  268. On prépare souvent son courage pour des situations et des devoirs qui ne se réaliseront jamais, et l'on se trouve ensuite au dépourvu devant la réalité qu'on n'a pas su prévoir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  269. La sainteté ou l'héroïsme ne sont point, comme je les rêvais autrefois, un idéal vers lequel l'âme prend son vol dans un moment d'aspiration et de ferveur. Le vrai idéal ne serait-ce pas la vie elle-même, dès qu'on la pratique dans toute l'étendue de ses devoirs et qu'on l'accepte avec toute l'amertume de ses épreuves?
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  270. Rien ne donne de la force à la volonté, comme de lui ôter toute indécision et de lui épargner toute incertitude.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  271. L'homme qui revient est plus susceptible, lorsqu'il fait les premiers pas, que lorsqu'il se tient encore à distance.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  272. Le véritable prix de l'existence lui vient, non pas des plaisirs qu'on y goûte, mais des devoirs qu'on y accepte.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  273. Notre vrai rôle en ce monde n'est point de nous dispenser de la douleur.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  274. Le mal de l'âme, pas plus que celui du corps, ne se guérit point pour être ignoré, mais pour être connu par une science exacte et attaqué par une main ferme.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  275. C'est peu de se sentir triste et abattu: le vrai malheur est de s'accommoder de cet état de l'âme, et de l'accepter au point de ne plus vouloir espérer qu'on en pourra sortir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  276. Les humbles et les dociles sont seuls dignes et seuls capables d'avoir une part du trésor de l'expérience.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  277. Le silence est le plus profond des abîmes.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  278. La liberté ne manque guère de s'offrir aux jeunes gens sous la forme séduisante de la paresse.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  279. Il n'est pas d'homme qui ne se sente convié à se faire à lui-même quelque concession de plus qu'à son prochain.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  280. Il n'est pas bon de s'expliquer perpétuellement à soi-même tous les bons motifs qu'on peut avoir d'être malheureux.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  281. On ne se croit jamais assez facile à tromper.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  282. La vie humaine est tellement pleine d'épreuves, que s'attendre chaque jour à souffrir, c'est encore le plus sûr moyen de deviner le lendemain.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  283. Le jour où l'espérance de la victoire est devenue une chimère, la continuation du combat n'est plus qu'une folie.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  284. Dès que l'âme est en dehors de la communauté, je ne peux pas venir à bout de savoir ce qui reste encore dans le mariage.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  285. Il ne faut point appeler la résignation sur les douleurs qu'on ressent à propos des âmes qui nous sont chères : demander de ne plus souffrir, ce serait demander de ne plus les aimer.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  286. N'arrive-t-il pas que les raisonnements invincibles de notre conscience nous conduisent parfois à revendiquer le malheur comme une portion essentielle de notre devoir?
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  287. Il faut croire que le fond de l'âme humaine est d'une bien grande beauté: toutes les fois que, sans penser à être vue ni même devinée, il est arrivé à une personne, même ordinaire, de se mettre tout entière en dehors, ce portrait naïf et fidèle d'une créature humaine n'a jamais manqué de présenter à tous ceux qui en recevaient la confidence, le plus vif et le plus touchant intérêt.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  288. L'âme, comme le corps, éprouve un soulagement à changer d'attitude, et à ne point toujours tendre les mêmes muscles ou les mêmes facultés.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  289. Nous serions bien malheureux, s'il nous fallait puiser la force d'accomplir notre devoir, uniquement dans l'estime qu'on peut faire de notre vertu.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  290. Les âmes incomplètes et chancelantes épuisent à débattre une résolution, la force dont elles auraient besoin pour l'accomplir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  291. La rêverie n'est vraiment que le songe volontaire d'une intelligence éveillée.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  292. Chez les nations cultivées, l'émotion du coeur est en raison directe de l'élévation de l'intelligence.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  293. Tandis qu'il y a cent mille manières d'être méchant, il n'y a jamais qu'une seule et unique façon de faire son devoir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  294. C'est une heureuse supériorité de savoir souffrir au lieu de s'irriter.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  295. Rien ne réussit comme la lutte.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  296. L'intelligence la plus faible retrouve toute son ardeur et tout son essor, dès qu'il s'agit de prêter la main aux imaginations de nos convoitises.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  297. S'il était donné à l'homme d'atteindre tout ce qu'il souhaite, il en serait encore à regretter tout ce qu'il rêve.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  298. Faire l'expérience de ses fautes, c'est aussi un moyen de reconnaître ses erreurs.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  299. L'effort par lequel on lutte contre ses mauvais instincts pour ne point les trahir est le même que celui par lequel on les combattrait jusqu'à parvenir à les vaincre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  300. On est plus tenté de pardonner, dans la mesure où l'on a plus complètement raison.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  301. La faiblesse multiplie les fautes par l'imprudence du pardon.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  302. En regardant un petit enfant, nous nous prenons à nous sentir heureux comme si nous n'avions pas encore vécu.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  303. L'impatience du succès le retarde, au lieu de l'avancer.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  304. Le dernier mot de notre existence n'est pas dans les circonstances extérieures auxquelles elle a pu être soumise, mais dans les motifs moraux par lesquels elle doit être inspirée.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  305. On perd, avec la conscience de sa prospérité, l'occasion d'en jouir et le courage de la continuer.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  306. La plupart des hommes, trop prompts à espérer, sont aussi trop prompts à se laisser abattre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  307. Le grand secret pour conduire les hommes et les rendre meilleurs, c'est de s'obstiner à les croire bons.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  308. La nature humaine, avec ses instincts secrets d'envie et de rigueur, se laisse entraîner plus aisément à imiter la sévérité que l'indulgence.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  309. Pour une âme initiée à quelque intelligence de la vie, le véritable idéal n'est point dans la pensée qu'elle contemple, mais dans les vertus qu'elle réalise.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  310. Céder, ce n'est point, ce ne sera jamais une action matérielle. L'âme seule a le privilège de céder, parce que seule elle en a le devoir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  311. Dès que les femmes se taisent, les hommes doivent se tenir pour avertis. La conversation est arrivée à sa frontière naturelle. La bienséance leur commande de se retourner et de revenir en arrière.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  312. Écouter, c'est la supériorité de la femme, et souvent celle de l'homme.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  313. Dans la famille, nous avons autant de juges que de témoins.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  314. Les plus fermes caractères perdent quelque chose de leur vertu, lorsqu'ils ne prennent pas assez garde aux motifs auxquels ils obéissent.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  315. Au fond, nous ne sommes peut-être pas aussi dupes de la flatterie qu'il plaît à notre vanité de le paraître.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  316. Qui, s'il est sage, osera jamais demander la justice, seule et sans miséricorde?
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  317. Quand on a un peu de coeur, on se sent porté à considérer toujours, dans toutes les faiblesses et dans toutes les misères, non le point le désordre qu'elles attestent ni les fautes dont elles sortent, mais les souffrances qu'elles entraînent et la pitié dont elles ont besoin.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  318. Il faut absolument, quelque extraordinaire que cela paraisse, se faire pardonner par les hommes le bien qu'on leur fait.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  319. Le propre de l'homme élevé jusqu'à la dignité et à la possession de lui-même, est précisément de se constituer, en dehors et au-dessus des différences locales et personnelles de tempérament, un caractère moral qui réponde à sa situation et à son devoir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  320. Dans le monde moral, il n'y a absolument rien d'indifférent, et la moindre concession, dès qu'on y a donné les mains, n'a plus d'arrêt ni de limite.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  321. La mauvaise humeur est une sorte de scepticisme en action.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  322. Le gémissement ou la tristesse de l'homme de bien, prête au mal lui-même l'illusion du bonheur.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  323. C'est une chose triste à dire, mais cependant nécessaire à reconnaître que presque toujours, grâce à notre envie de dominer, nous attachons plus d'importance et plus de prix à nos caprices qu'à nos volontés.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  324. Il est si agréable de triompher, que nulle humilité ne saurait remporter une couronne, sans penser que cette couronne lui était due.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  325. On admire de vous dans le monde, non pas la personne que vous êtes, mais le personnage que vous représentez.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  326. Le monde favorise nos défauts parce qu'il en jouit : la famille nous en reprend parce qu'elle en souffre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  327. Il ne manque pas de gens qui multiplient en quelque sorte leurs travers et leurs défauts, par la volonté qu'ils ont acquise et l'intelligence dont ils disposent.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  328. Heureux ceux qui peuvent vivre de telle sorte qu'ils aient tout à gagner et rien à perdre, en se laissant voir !
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  329. Dieu ne nous a point donné le caractère avec lequel nous devons vivre. Il s'est contenté de déposer en nous le germe des qualités que nous étions en mesure d'acquérir, comme des défauts que nous étions mis en demeure de combattre. Nous ne pouvons, doués comme nous le sommes de liberté et de conscience, nous en prendre qu'à nous-mêmes de ce qui nous manque. Ce que nous avons de meilleur en nous n'est pas ce qu'il nous a suffi d'accepter, mais ce qu'il nous a été donné de conquérir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  330. Moins nos désirs sont raisonnables, plus il nous paraît essentiel de les voir exécutés.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  331. C'est pour s'être réfugiés, suivant l'occurrence, dans la paresse ou dans la chimère, que tant de gens finissent par devenir les victimes ou de leur ignorance ou de leurs illusions.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  332. Il est souvent bon et utile de se raconter. On se procure ainsi une seconde conscience, moins indulgente et plus exacte que la sienne propre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  333. La véritable façon de se conduire, c'est de se gouverner par des partis pris, et non point de s'abandonner à des hasards.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  334. Il est beaucoup plus facile et beaucoup moins onéreux de conquérir un homme que de le supporter.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  335. Nous prenons trop facilement les bontés dont on nous prévient, pour des obligations dont on s'acquitte.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  336. Beaucoup de gens se croient forts et impassibles, parce qu'ils grondent au lieu de se plaindre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  337. Le véritable progrès, pour chacun de nous, consiste à marquer sa direction morale à rencontre de son caractère.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  338. C'est déjà un mérite d'avoir poursuivi un but, même sans l'atteindre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  339. Les apparences, même menteuses, suffisent pour faire revivre la réalité.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  340. Le propre et le danger des conseils moraux lorsqu'ils portent sur des matières délicates, c'est de paraître se contredire aux yeux de tous ceux qui ne savent pas démêler la nuance exacte.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  341. La supériorité de l'esprit est comme le bonheur : chacun, en ce monde, se la fait et se la mesure, dans la proportion de son effort et de sa vertu.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  342. Notre orgueil ne manque jamais de rejeter sur les circonstances, les fautes dont nous sommes tour à tour les auteurs et les victimes.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  343. Il ne suffit pas de subir sa part des épreuves par la souffrance, il faut encore l'accepter par la réflexion.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  344. La véritable garantie de la discrétion n'est pas dans les promesses, mais dans le caractère.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  345. La servilité hypocrite avec laquelle la flatterie nous est est offerte, n'a d'égale que la facilité honteuse avec laquelle elle est accueillie.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  346. C'est un tort grave d'apprendre constamment aux jeunes filles à se résumer, comme le demandent les examens qu'elles se font une gloire de passer : c'est leur apprendre à se dissimuler et à disparaître, même à leurs propres yeux.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  347. On rencontre beaucoup d'hommes à qui l'appréhension de ne pas réussir ôte le courage d'entreprendre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  348. L'homme se laisse souvent aller à la pente de ses désirs, comme à la suite d'un raisonnement.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  349. Le plus souvent, le malheur se mesure, non pas à la réalité soufferte, mais à la chimère poursuivie.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  350. La nature humaine, faite pour supporter les maux véritables, n'est pas assez vigoureuse pour résister aux maux chimériques.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  351. La nécessité passive de souffrir ne nous dispense pas de l'obligation active de mériter.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  352. La pauvre humanité est à la fois si vaine et si intolérante, que nous ne pouvons plus prendre sur nous, ni de reconnaître, ni de supporter dans un autre les mérites et les qualités de son coeur et de sa raison.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  353. Les choses ont été ainsi ordonnées en ce monde, que tout y vaut mieux que de ne rien faire. L'oisiveté n'est pas seulement, comme on le dit, la mère de tous les vices ; elle est encore le point de départ de toutes les catastrophes. Il faut bien se le persuader : dès que nous cessons de le dominer par l'emploi que nous en faisons, le temps lui-même travaille contre nous ; toutes nos facultés, toute notre destinée périclitent, à la façon d'un instrument que l'abandon seul suffit pour gâter.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  354. La plupart des caractères se meuvent tout d'une pièce, incapables qu'ils sont de se dédoubler par la pensée et de se saisir par la réflexion.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  355. En dehors des cas extrêmes, notre volonté se meut dans des régions moyennes où elle a besoin de procéder avec calme, de façon à se rendre compte des alternatives. Il ne faut pas, si l'on veut être sage, emprunter l'énergie de sa résolution à une ignorance calculée du parti contraire. Le propre d'une âme vraiment éclairée et vraiment ferme, c'est d'apercevoir, avec les raisons qui la décident, celles qui la combattent et par-dessus lesquelles elle passe.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  356. Il est malheureusement conforme à notre nature d'accorder aux maux et aux tristesses une tout autre importance qu'aux événements heureux. Tandis que la félicité glisse souvent sur notre indifférence de façon à provoquer le dégoût et à laisser après elle l'ingratitude, nous nous complaisons d'ordinaire à nous appesantir sur les douleurs et sur les lacunes de la vie.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  357. Nulle réalité n'est en mesure de lasser nos plaintes, pas plus que d'assouvir nos aspirations.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  358. De la même façon que le doute aboutit au scepticisme, le découragement conduit au désespoir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  359. La discrétion remplace souvent dans ce monde le désintéressement. Si elle n'a pas l'esprit du sacrifice, elle en emprunte au moins les dehors.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  360. Il faut prendre garde, même vis-à-vis de ceux dont on sent le plus tendrement aimé, de ne point aller jusqu'au bout de ce qu'ils veulent bien faire pour nous.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  361. Il y a quelque chose de plus odieux que le crime lui-même, c'est sa justification. Lorsqu'un homme cède à l'entraînement de ses passions, il n'atteste par là que sa propre faiblesse; mais lorsqu'il prend ces mêmes passions pour le compte et sous la responsabilité de sa raison, il fait en quelque sorte participer sa nature morale elle-même à la honte de son forfait.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  362. Rien n'est plus funeste à la nature humaine que de perdre l'habitude de rougir. Il y a quelque chose de plus terrible peut-être que d'avoir commis le mal, c'est de n'en plus connaître la honte.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  363. En vain notre orgueil allègue-t-il le développement de notre sens critique. Notre malheur est de ne pas nous apercevoir que le sentiment des imperfections d'autrui s'accentue en nous, en raison même de notre impuissance personnelle. Nous prenons pour une supériorité de notre discernement, la décadence lamentable de notre enthousiasme.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  364. La conscience ne s'émousse pas, en proportion de ce que la moralité s'abaisse.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  365. Il y a des cas où le silence est plus fort que l'indignation.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  366. On a tort de prétendre qu'à l'usage de la vie, on perd ses illusions: souvent, au contraire, on s'y confirme.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  367. Les gens de bien doivent se résigner à jouer dans le monde le rôle de la conscience, qui parle sans être écoutée, et qui est entendue sans être obéie.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  368. L'obstination de l'enfant est toujours plus courte et plus faible que la raison et la douceur de l'homme.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  369. L'impatience du succès le retarde au lieu de l'avancer.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  370. L'âme seule a le privilège de céder, parce que seule elle en a le devoir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  371. On devient souvent méchant, pour avoir commencé par être étourdi.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  372. La mauvaise grâce suffit à rendre le bon exemple impuissant, et la vertu même incompréhensible.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  373. Par une contradiction étrange et par un juste châtiment du caprice, moins nous avons de choses sérieuses à alléguer en faveur du parti auquel il nous a plu de nous arrêter, plus nous mettons d'ardeur à l'embrasser et de passion à le poursuivre, jusqu'au moment prochain où, nos déterminations ayant de nouveau changé, nous mettons le même enthousiasme et le même emportement à vouloir et à exécuter tout le contraire.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  374. Il y a des gens qui trouvent moyen de multiplier les maux par l'impression extravagante qu'ils en reçoivent.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  375. Notre orgueil entre pour beaucoup dans la prétention que nous avons de nous suffire à nous-mêmes.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  376. On finit souvent, sous prétexte de ne point refuser aux autres la confidence de son âme, par les accabler véritablement de soi-même.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  377. Il y a des gens qui multiplient leur douleur, non plus seulement par leur imagination, mais par leur rhétorique.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  378. Le temps de la maladie est celui où l'on recueille les bons effets de toute la vie.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  379. Le monde ne nous paraîtrait peut-être pas aussi mauvais que nous le trouvons, si nous étions nous-mêmes meilleurs.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  380. Rien n'est plus onéreux que le succès, aussi bien pour celui qui en subit l'ascendant que pour celui qui en porte la responsabilité.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  381. La femme est faite pour profiter de la vérité, plutôt que pour la découvrir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  382. L'intelligence la plus développée est tenue à un effort pour se mettre à penser, comme la volonté la plus ferme pour se mettre à vouloir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  383. On se remet plus facilement à d'autres espérances qu'à un autre travail.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  384. Notre erreur, dans les temps de prospérité, est de penser plus à jouir de notre bonheur qu'à le mériter.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  385. La raillerie tourne les hommes en ridicule, pour nous fournir, sous prétexte de les connaître, l'occasion d'en triompher.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  386. Quand nous avons eu la maladresse de sourire à l'exacte représentation de nos défauts, nous nous imaginons volontiers avoir établi que nous avons eu le courage de nous en corriger.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  387. Le vrai détachement est cet état où le corps devient capable de tout souffrir, sans que l'âme soit exposée à rien perdre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  388. L'homme pervers fait le mal, dans la proportion exacte du bien qu'il pourrait réaliser.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  389. Le désordre moral se mesure à sa qualité, et non à son effet.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  390. Celui qui se refuse au devoir d'obéir, se prive de l'avantage d'être conduit.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  391. Si nous n'avons pas le courage d'entreprendre notre propre perfection, il faut au moins nous faire à nous-même l'honneur de la souhaiter.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  392. Je connais des gens considérables qui ont entrepris de réformer le monde, et qui, pour commencer, n'ont pas eu le temps ou l'idée d'adresser une parole à leur domestique, en dehors de leur service.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  393. Contrairement à la complaisance de la crédulité humaine, la chute va d'elle-même et ne rencontre pas d'obstacles dans l'ordre du mal, tandis que le progrès moral devient de plus en plus difficile, à mesure qu'il s'élève dans l'ordre de la perfection.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  394. Celui qui est pauvre désire les richesses, les honneurs ; l'honoré, la puissance; et pour perdre le goût de chacun de ces biens, il suffit de le posséder.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  395. L'ardeur s'éteint, pendant que le temps se passe.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  396. Si le roseau vivait dans une atmosphère immobile et préservée soigneusement de toutes parts contre le moindre souffle de la brise, j'imagine qu'il lui arriverait de vanter sa rigidité et sa résistance, alors que le vol d'un papillon ou le froissement d'une mouche suffisent pour le faire trembler jusqu'à sa racine. Il y a de même, des caractères qui se croient calmes pour être abrités.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  397. Chaque personne sait bien d'avance dans quel ordre d'idées on rencontrera ses propres mérites, et c'est de ce côté-là qu'elle ne manque pas d'orienter la conversation.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  398. Beaucoup de gens aujourd'hui ne savent plus même ce que c'est que de s'en rapporter à autrui.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  399. Les riches d'esprit ont au moins cette supériorité, qu'ils sont les seuls dans ce monde à ne point s'appauvrir en se dépensant.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  400. La fermeté de patience a la même origine et les mêmes conditions que la fermeté de courage.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  401. L'indépendance est vaincue, le jour où on la prend pour un défaut, au lieu de la regarder comme une qualité et une perfection.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  402. Il faut mettre certaines inquiétudes sur le compte, non pas d'une conscience trop scrupuleuse qui craindrait de n'être pas assez éclairée, mais sur l'insuffisance d'un courage auquel il en coûte trop de se dépenser.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  403. L'indécision est bien différente du caprice.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  404. Il faut savoir s'arrêter à temps, et, au moment propice, substituer l'action à la méditation.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  405. On oublie d'ajouter au premier effort qui met en jeu la volonté, la persévérance qui la poursuit et qui seule la rend efficace.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  406. Aucun souverain, si puissant qu'il soit, n'est égal au père de famille; car un souverain, comme on l'a très bien observé, gouverne une société qu'il n'a pas créée.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  407. Le plus grand tort des intérêts, c'est d'exploiter les sentiments.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  408. La vérité, si elle est favorable, doit être révélée pour l'exemple; si elle est défavorable, avouée par le repentir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  409. La nature prend de cruelles revanches contre le bon sens vulgaire.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  410. L'amour-propre n'est pas seulement sot: il est lâche.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  411. Ne vaut-il pas mieux laisser un homme aux illusions dont il se console, que de le rendre aux réalités dont il se désespère?
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  412. La vertu de la conduite prête des lumières à la réflexion de la pensée.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  413. Que de gens se laissent prendre par l'orgueil à la poésie du bien, sans que les déshérités et les souffrants les rencontrent jamais sur les chemins déserts du sacrifice !
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  414. Nous ne nions aujourd'hui ni l'héroïsme, ni la vertu ; mais nous ne sommes pas fâchés de savoir ce qu'ils nous rapportent.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  415. L'hostilité qu'on suppose enfante celle qu'on ressent.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  416. Il y a toujours moyen de respecter ses adversaires; et quand il semble qu'il n'y ait plus moyen de les respecter, il reste encore la ressource de les plaindre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  417. L'espérance est le plus solide de tous les biens, puisqu'il suffit à lui seul pour nous rendre tous les autres.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  418. Le temps est la chose dont la plupart des hommes ont le plus, et disposent le moins.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  419. Rien n'est plus difficile à faire accepter qu'un bon conseil, si ce n'est pourtant un bienfait.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  420. Il ne faut pas mesurer la sainte obligation d'être utile à ses semblables, sur l'empressement avec lequel ils accueillent vos services, mais sur le besoin qu'ils en ont.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  421. Cherchez ce qui vous manque le plus, ou de l'humilité qui provoque les observations, ou de la confiance qui les accepte.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  422. Chez la plupart des hommes, les pensées ne sont qu'un écho, et l'initiative qu'une impulsion.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  423. Il faut apprendre de bonne heure à se conduire avec décision et fermeté, afin qu'une grande partie de la bonne volonté et du courage ne se perde pas à chercher ou à se repentir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  424. Sous prétexte d'enflammer les gens pour des idées, on les passionne pour des intérêts.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  425. Il est rare qu'on ne joigne pas à l'infériorité d'avoir tort, la triste impuissance de le reconnaître.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  426. Les flots qui vont baigner cette grève ne sont plus ceux que nous avons vus. Il semble aux âmes superficielles que la nature demeure immuable, tandis que le coeur de l'homme changerait avec le temps. C'est, au contraire, la nature qui se renouvelle constamment, sous son immobilité apparente ; et c'est le coeur de l'homme, qui conserve, en proportion de sa puissance d'aimer et de souffrir, les sentiments qui lui ont été donnés pour le soutenir ou l'éprouver.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  427. On s'imagine trop communément que les hommes manquent de fermeté et de courage, seulement lorsqu'il s'agit de leurs devoirs. La vérité est que nous sommes plus lâches encore lorsqu'il s'agit de nos plaisirs, et il nous en coûte moins de nous abstenir que de nous borner.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  428. Dans le monde, beaucoup de gens se croient volontiers irréprochables, parce qu'ils ne commettent pas telles ou telles mauvaises actions en dehors de leur pensée. Ils se repaissent d'autant plus volontiers du mal, qu'ils se croient plus éloignés d'y tomber, et ils ne comprennent pas que, pour n'en avoir point contracté le vice, ils n'en ont pas moins subi toute la corruption.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  429. Il y a des conquêtes par l'influence, comme il y en a par la bataille.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  430. Certaines personnes ont la bonhomie de croire qu'on prend leur dénigrement pour de la supériorité.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  431. Il faut savoir souvent, quand on exerce l'autorité, se refuser à soi-même, avec une sage sévérité, l'agrément d'avoir raison et d'en montrer la preuve.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  432. Il vaut mieux, souvent, subir les inconvénients d'une calomnie que les nécessités d'une controverse.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  433. On ne saurait jamais donner trop d'explications, là où la délicatesse est intéressée.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  434. La docilité, c'est l'obéissance du coeur.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  435. Il faut, pour reconnaître son erreur, un certain reste de supériorité qu'il n'est pas donné à tout le monde d'avoir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  436. Le grand talent et la vraie supériorité ne sont point, en général, de seconde formation.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  437. La gloire ne doit pas être un prix de persévérance.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  438. L'éducation doit pourvoir, non par des prescriptions de détail aux incidents journaliers de l'existence, mais par une formation durable du caractère à la loi générale de la destinée.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  439. Il ne manque pas de gens à qui il faudrait déjà l'expérience du bienfait, pour se résoudre à y croire.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  440. La nature humaine est plus riche en commisération qu'en enthousiasme.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  441. Un esprit supérieur a cette singulière puissance d'évoquer en quelque sorte devant lui les jours qu'il n'a pas encore vécus, d'en débattre le programme et d'en arrêter les décisions. Il n'a plus qu'à suivre la ligne dont il s'est à lui-même tracé l'idéal, recommandé le respect et persuadé l'obligation.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  442. Quand un homme ose parler à l'encontre de l'opinion publique et de ses préjugés, on est tout disposé à soutenir qu'il s'insurge contre le sens commun.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  443. Que de gens s'agitent sur eux-mêmes, et se plaignent en même temps de n'avoir pas de repos !
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  444. Il y a des partis pris de tristesse, comme des partis pris d'incrédulité. Dans un cas on ne veut rien goûter: dans l'autre, rien admettre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  445. Le devoir et le dévouement ne trompent jamais l'attente des coeurs.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  446. Les caractères singulièrement énergiques sont soumis à cette loi étrange, et cependant certaine, que cette grande force a parfois besoin d'être soutenue.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  447. À force de nous croire incapables, nous finissons par nous rendre tels.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  448. Le malheur est que le plaisir n'offre pas seulement à l'âme le péril de s'y abandonner, mais encore la presque certitude de s'y corrompre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  449. La Rochefoucauld a tort d'appeler l'hypocrisie l'hommage rendu par le vice à la vertu ; c'est tout à la fois de la pudeur et du respect.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  450. L'homme fait, pour le plaisir, des efforts que la dégradation de son caractère n'aurait plus le courage de reproduire pour le bien et pour la vertu.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  451. L'homme paraît, par une contradiction étrange, aussi incapable de se passer que de jouir du repos.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  452. Il vaudrait mieux, si l'on avait le choix, avoir perdu tous les biens terrestres, à la condition d'avoir gardé l'énergie morale, plutôt que d'avoir conservé toutes ces prospérités et d'avoir senti se briser en soi ce ressort de l'âme.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  453. Le charme de la vertu et qui l'enfante à son tour est une bonne fortune de l'âme, qu'elle peut seule se procurer.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  454. L'exemple joue dans l'éducation le même rôle que dans l'enseignement.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  455. L'éducation n'est pas autre chose que le remaniement et la formation d'une âme par une autre âme. Pour savoir ce que l'enfant doit devenir, il suffit de ne pas ignorer ce que l'homme doit être.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  456. La vertu est comme le mal : elle engage de plus en plus l'homme dans la voie où il est entré une première fois.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  457. La résistance dans les enfants doit être prévue par la sagesse, bravée par la fermeté et vaincue par l'inflexibilité.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  458. Souvent notre raison s'indigne en proportion de ce que notre imagination s'exalte ; et notre volonté suspendue entre la volupté et la honte qu'elle prévoit également en vient parfois à souhaiter que le mal devienne permis, afin de pouvoir le commettre sans remords.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  459. La volonté, grâce à notre manque de raison et de vertu, est souvent plus puissante sous la forme de l'entêtement que sous celle de l'héroïsme.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  460. Pour juger la valeur morale d'une action, il faut considérer moins encore ce que son auteur était tenu, que ce qu'il était capable de faire.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  461. L'indiscrétion est une maladie qui se gagne.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  462. Les apparences maintenues suffisent souvent pour faire revivre la réalité.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  463. Nous n'éprouvons lorsque nous faisons le mal aucune fausse honte à nous en prendre à notre raison, et même à la désavouer : nous n'agissons pas de même vis-à-vis de notre volonté, et nous ne consentons point à ce qu'on la taxe de faiblesse.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  464. Il ne manque pas de gens qui prennent leur orgueil et leur insociabilité pour de l'indépendance.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  465. La plupart de nos remarques ne sont point, comme elles devraient l'être, un effort que nous nous imposons dans l'intérêt des autres, mais une preuve de plus de la supériorité que nous nous attribuons sur eux.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  466. Il ne faut pas traiter avec dédain les petites choses qui font la destinée de la plupart des hommes, mais plutôt, au nom de son coeur, obtenir de son intelligence un effort de raison pour s'y intéresser.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  467. C'est à la jeunesse et non pas à l'enfance, non plus qu'à l'âge viril ou à l'âge mûr, qu'il appartient d'être le noeud, et en quelque sorte la raison dernière de toute la vie.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  468. Les esprits étroits et impuissants se gardent bien d'émettre et de laisser soupçonner leurs vues. Ils se sentent trop désarmés et trop incapables de les défendre, s'ils les risquaient dans le péril de la discussion. Au contraire, tant que leur pensée ne sort point de la sphère inaccessible de la conscience, ils jouissent en toute sécurité et en tout orgueil, sans que personne puisse les empêcher de se donner raison.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  469. Lorsque le coeur est touché, le reste de l'âme est bien près de se rendre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  470. Il entre dans l'éducation des hommes, d'apprendre à tourner un compliment, dans les limites du savoir-vivre et de la bienséance. Il n'est pas moins essentiel pour les femmes de savoir de quel air et dans quelle mesure ces compliments doivent être reçus.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  471. La réaction de la sévérité est d'autant plus impitoyable, que l'attente de l'admiration a été plus cruellement déçue.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  472. La jouissance de se vanter d'un ennui est regardée par beaucoup de gens, comme une compensation suffisante de le subir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  473. Malgré les répugnances de leur éducation et les jugements de leur raison, les hommes ont bien de la peine à ne point compromettre leurs sympathies.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  474. Il n'y a qu'un pas très facilement franchi, entre la tentation d'apprendre le mal et la faiblesse d'y céder.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  475. Il est beaucoup plus facile d'avoir de l'argent que de l'esprit.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  476. La lutte des intérêts devient presque inévitablement la rivalité des passions.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  477. L'exemple joue dans l'éducation le même rôle que la méthode dans l'enseignement.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  478. L'indifférence pratiquée vis-à-vis des inférieurs, se tourne en révolte dans leur âme.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  479. Il est rare qu'on ne joigne pas à l'infériorité d'avoir tort, la triste impuissance de le reconnaître.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  480. La plupart des hommes de notre temps en sont réduits à cette extrémité, qu'en matière de sentiment, ils ont peur d'éprouver avec trop de force ce que leur raison ne saurait juger avec assez de certitude.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  481. Il n'est pas exact, comme on le répète, que l'homme se complaise en lui-même ; la vérité est qu'il se complaît, au contraire, en ce qu'il n'est pas.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  482. On peut laisser à l'homme son indépendance, mais il ne faut jamais le priver de conseils.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  483. En même temps que l'âme triomphe de ses sensations, il faut qu'elle les subisse.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  484. Les résolutions sortent des faits, aussi bien que les pensées.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  485. Il y a quelque chose de plus rare que d'être franc et sincère vis-à-vis des autres, c'est de l'être vis-à-vis de soi-même.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  486. Il ne faut pas prendre plaisir à multiplier par la pensée le nombre des natures inférieures, lorsque ce nombre est déjà malheureusement trop grand.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  487. Il n'y a que deux partis entre lesquels il faut choisir dans la vie : se vendre, ou se donner.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  488. L'homme oublie trop, de nos jours, que la femme a encore plus besoin d'être alimentée dans son âme que nourrie dans son corps.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  489. Le fameux axiome « ce qui est différé n'est pas perdu » ne saurait s'appliquer à l'éducation.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  490. L'incertitude, c'est l'impuissance misérable de la volonté dans les choses qu'on devrait résoudre et accomplir : le détachement, c'est la résignation parfaite aux choses qui ne dépendent pas de nous-mêmes.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  491. Dans la conversation, le privilège des sots a toujours été de réduire au silence les gens d'esprit.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  492. On se préoccupe à juste titre des leçons où les enfants s'instruisent, mais qui sait s'il ne faudrait pas mettre au premier rang les jeux où ils s'élèvent.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  493. Souvent on se décourage soi-même de sa propre entreprise, pour la rêver trop triomphante ou trop gigantesque.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  494. Il y a des succès qui sont des consécrations, et d'autres des bonnes fortunes.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  495. Bien souvent notre esprit nous met en contradiction avec notre coeur.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  496. Il arrive malheureusement que plus rares sont les occasions dont nous pourrions profiter, plus nous semblons mettre de bonne volonté à les perdre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  497. Il y a bien peu d'hommes qui ne ressentent une secrète joie, toutes les fois qu'une circonstance indépendante de leur volonté, ou simplement un prétexte sortable, leur permet de remettre honnêtement à demain la résolution qui leur coûte tant aujourd'hui.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  498. Il est bien plus facile et plus commun d'avoir des égards pour les personnes que pour les écrits.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  499. Il en va des sacrifices littéraires comme de tous les autres sacrifices; la difficulté n'est pas de les concevoir, mais de les résoudre. Ce gui nous manque, ce n'est pas le bon sens d'en apercevoir l'obligation, mais le courage d'en acquitter le devoir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  500. Sous prétexte de mieux faire, on finit par ne rien faire du tout. C'est peut-être là le secret de bien des âmes.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  501. La plus haute vertu finit par ressembler à l'innocence, alors que l'homme veut par devoir tout ce qui lui est inspiré par l'enthousiasme.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  502. En fait de conseils, mieux vaut l'anxiété qui les cherche que l'orgueil qui les méprise.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  503. La bonne volonté de savoir ne remplace pas plus l'effort d'apprendre, que le désir de réussir ne dispense de la tâche de travailler.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  504. C'est une faiblesse de l'entendement que de chercher le degré de probabilité, là où l'on a la réalité du fait.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  505. La gourmandise est un défaut si vulgaire et si inférieur qu'il suffit du moindre usage et de la moindre préoccupation de l'esprit pour en affranchir les âmes qui ne sont point encore devenues les esclaves ordinaires de leur nourriture.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  506. Il convient, dans l'éducation comme dans tout ce qui touche à la pratique, de juger des esprits sainement, et de ne les prendre pour suffisamment instruits que dans la mesure où ils sont capables de faire face aux devoirs de la vie.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  507. On ne réfléchit pas assez à la candeur que suppose et à la fierté que témoigne l'aveu charmant et superbe de soi-même, la profession ouverte de son coeur. C'est peut-être la plus grande des supériorités dans ce monde, que de se montrer tel que l'on est, sans céder ni à la bassesse de se déguiser, ni à la sottise de se surfaire.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  508. Il n'est pas toujours aussi oiseux qu'on veut bien le croire de parler parfois aux enfants le langage d'une raison un peu élevée. Ils retrouvent plus tard dans leurs souvenirs des expressions qu'ils n'avaient pas d'abord mûries et auxquelles le temps ajoute leur commentaire.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  509. Un homme doit être franc, comme la lame de son épée, dût-il percer le coeur de celui qui l'écoute.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  510. Souvent il est meilleur de ne point trop se contenir, et de se détendre plutôt par les plaintes que par l'irritation.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  511. L'âme de l'enfant est plutôt fermée qu'ouverte. S'il se laisse aller volontiers aux explosions de la joie, il est généralement économe des témoignages de sa reconnaissance.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  512. L'homme, par l'éducation, doit revenir à Dieu, non pour satisfaire sa curiosité, mais pour accomplir son devoir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  513. C'est une des faiblesses les plus insignes du pauvre coeur humain de considérer toujours dans la vie le résultat final pour en jouir, et non point du tout l'effort à faire pour y atteindre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  514. On ne se trouve pas dans le monde, en face des plus rudes épreuves et des plus héroïques devoirs, posséder d'autres facultés que celles de sa jeunesse, et une autre âme que celle de son adolescence.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  515. Les grandes âmes font crédit de leur affection ; elles n'ont pas besoin de la réciprocité d'un sentiment pour l'éprouver.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  516. C'est une grande infériorité et une grande impuissance en fait d'éducation de ne savoir pas différer une leçon, même nécessaire, et de ne savoir pas la placer au moment opportun pour la faire valoir. Il faut se taire avec grand soin sur les idées fausses que l'on entend souvent exprimer aux enfants, afin d'éviter tout ce qui pourrait avoir avec eux un air de controverse. C'est à votre prudence à faire revenir à un autre moment ces préjugés et ces erreurs dans la conversation, pour les reprendre corps à corps, sans paraître vous douter que votre jeune auditeur leur porte le moindre intérêt.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  517. Les gens du peuple, faute de savoir se distinguer autrement, prennent souvent une extravagance pour un exploit.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  518. Une jeune fille ne doit point chercher le succès : elle doit se borner à satisfaire.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  519. La complaisance et la bonne grâce des parents sont un des premiers plaisirs de la jeunesse.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  520. Dès qu'on accepte de vivre dans le monde, il faut absolument se prêter dans une certaine mesure à ce qu'il impose; il suffit que les principes de la morale n'y soient pas compromis.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  521. Si la forme de nos tentations change avec les habitudes des siècles, ces tentations n'en demeurent pas moins vives dans leurs atteintes, pas moins séduisantes dans leurs motifs, pas moins terribles dans leurs effets.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  522. Rien n'est plus commun en ce monde que de se rendre insupportable par ses qualités. Il faut prendre garde de ne pas devenir plus exigeant et plus onéreux pour autrui, dans la mesure même où l'on devient en effet meilleur.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  523. Les nations sont comme les individus : elles vivent de leurs vertus, et elles meurent de leurs fautes.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  524. Au service du désordre, le génie lui-même n'est qu'un désastre de plus. Il oppose au bien une force de résistance proportionnelle à sa propre grandeur.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  525. Il faut, pour que l'ordre économique persiste dans la société, que l'homme, dans tout ordre de jouissances, se maintienne avec fermeté au-dessous de ce que la passion désire et de ce que la possession permet.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  526. Un pouvoir ne fait pas le bien en raison du libéralisme dont il se vante, mais en proportion de la justice et de l'autorité avec lesquelles il fonctionne.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  527. Les fonctions auxquelles un peuple est appelé, fonctions d'où dépendent les progrès de la civilisation et les bienfaits de l'ordre, s'accomplissent, non pas en raison du perfectionnement des pouvoirs politiques, mais dans la mesure où chacun de nous est capable de comprendre et d'accomplir son devoir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  528. Pour interdire à la morale le droit de dire le dernier mot sur les sciences sociales, il faudrait ôter à la liberté le noble privilège d'être la dernière et la vraie cause, dans l'ordre des événements humains.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  529. La véritable solution de l'économie politique à consiste substituer à nos besoins qui n'expliquent rien, nos devoirs qui expliquent tout.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  530. C'est l'honneur et la gloire de l'homme, c'est en même temps son mérite et sa toute puissance, qu'il est toujours prêt à apporter plus d'énergie à l'accomplissement de ses devoirs, qu'à la satisfaction de ses besoins.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  531. L'erreur de notre siècle, en ce qui concerne les questions ouvrières, est de chercher dans des réformes économiques ce qu'on ne peut attendre que des améliorations morales.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  532. Ce qui garantit l'existence de l'ouvrier, ce n'est pas le salaire qu'il reçoit, mais la vertu qu'il pratique.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  533. Les ressources d'une nation, comme celles d'un individu, se mesurent, non pas aux biens dont il peut disposer mais à ceux qu'il est capable d'acquérir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  534. C'est le châtiment légitime et mérité de tous ceux qui outrent l'importance de l'argent, d'en ignorer l'usage et d'en perdre les avantages les plus réels, à mesure que la fortune leur en multiplie les ressources.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  535. Lorsqu'il s'agit des hautes fonctions sociales, il ne suffit pas du mérite qui vous y destine, il faut encore le travail qui vous y maintient.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  536. Il est plus difficile aux peuples, comme aux individus, de pratiquer la modération dans l'abondance que le courage dans la privation.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  537. Le pauvre des temps modernes me paraît bien plus à plaindre de sa situation morale que de sa situation physique.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  538. Pour ne pas se rendre compte des motifs auxquels il obéit, l'homme du peuple ne laisse pas de s'y soumettre avec d'autant plus de confiance et d'entraînement.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  539. Tandis que le travail porte en lui-même la préservation comme une récompense, le plaisir donne en quelque sorte la main à la corruption comme à un châtiment.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  540. Il y a, dans le monde social, beaucoup de choses qu'on ne cesse, par une contradiction trop naturelle à l'homme, de condamner dans la théorie et de perfectionner dans la pratique.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  541. La vengeance ne fait point partie de la politique, et l'insulte n'est pas même une vengeance.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  542. Certaines illusions politiques ressemblent aux débris flottants qui surnagent dans le lit d'un fleuve. Elles sont faites pour indiquer dans quel sens se dirige le courant d'une certaine opinion publique.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  543. La multitude, incapable de juger au fond les théories qu'on lui propose, en estime la valeur par l'audace, et la justice par les avantages.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  544. Nous ne savons plus distinguer, dans notre société moderne, les connaissances à l'aide desquelles on s'instruit, des connaissances à l'aide desquelles on parvient.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  545. L'indignation en matière politique est une satisfaction qu'on se donne, et non pas un secours qu'on se ménage.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  546. Dans la vie industrielle, comme partout, la vie d'un homme de bien est la preuve des enseignements, et la meilleure encore des solutions.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  547. C'est en vain que la civilisation continuera à grandir et à élever plus haut ses sommets, si les régions inférieures ne suivent pas ce mouvement ascendant, et si, au contraire, les vallées se creusent d'elles-mêmes en un abîme plus profond.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  548. Toute injure aux grands principes de la morale, à laquelle l'État consent et qu'il autorise, est une diminution de son autorité et une atteinte à sa puissance.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  549. Il y a, pour les nations, une période plus dangereuse que la barbarie dont on se défait, ou que l'ignorance contre laquelle on lutte : je veux parler de cet état moral où les abus à combattre, les réformes à faire, les enseignements à instituer apparaissent clairement à tous les regards, sans que l'âme trouve la force d'entreprendre, et la volonté la vertu d'agir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  550. Lorsqu'il s'agit des projets de l'avenir, l'homme consume à en rêver la jouissance, le temps qu'il devrait passer à en assurer l'exécution.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  551. L'homme qui travaille uniquement à prendre possession de soi-même, par le même effort et par le même effet, prend en même temps possession des autres.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  552. La plupart de ceux qui font du bien aux autres par sacrifice, en attendent plus d'honneurs qu'ils n'en auraient retiré d'argent.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  553. Il en va de la richesse comme de la victoire, l'aisance n'appartient pas plus aux salaires élevés, que la victoire aux gros bataillons.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  554. Nulle autorité ne s'exerce que dans la mesure des devoirs, et sous la condition des charges avec lesquelles elle a été déléguée.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  555. Une loi est bonne, lorsqu'elle est toute au proût de celui qui n'a rien à se reprocher.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  556. Beaucoup de conférences ou de congrès auxquels on prétend admettre ou appeler le peuple, se réduisent, en définitive, à un concours oratoire entre des ignorants incapables d'entendre et des savants réduits à ne point parler.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  557. La rivalité des classes ne vient pas tant, parmi nous, des occasions de se combattre que de l'habitude de s'ignorer.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  558. Il n'y a encore qu'un bien petit nombre d'âmes délicates et d'intelligences élevées, qui mettent le devoir de prévenir la misère au même rang que celui de la soulager.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  559. Après avoir revendiqué la liberté par la révolte, on ne manque point de retomber dans la servitude par l'anarchie.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  560. Contrairement aux assertions de la science contemporaine, il y a plus que l'homme dans la société ; il n'y a pas moins.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  561. Le salaire n'est pas, comme l'imagine une science toute matérialiste, une quantité qu'on puisse exprimer absolument par un chiffre arithmétique, mais un simple rapport entre deux faits moraux, les besoins qu'on éprouve dans son âme, et la satisfaction qu'on leur accorde par sa volonté.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  562. Les triomphes de la force brutale sont si dangereux, qu'ils parviendraient bientôt à corrompre la justice elle-même.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  563. L'autorité, c'est le pouvoir pratiqué par devoir au profit de celui qui obéit.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  564. Les utopistes ne manquent point de construire leur édifice a priori, et ils usent ensuite pour y faire rentrer l'homme, les efforts qu'ils auraient dû employer à le connaître.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  565. Les maux de l'humanité sont aussi nombreux que ses faiblesses et que ses fautes.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  566. Le devoir d'épargner augmente avec la difficulté d'acquérir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  567. La France est peut-être le seul pays au monde où l'on cherche plus à réagir contre les idées dont on se choque, que contre les abus dont on souffre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  568. Aucune vue et aucun système sur le bien n'ont de valeur qu'à la condition expresse de pouvoir au besoin résister à l'épreuve des faits.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  569. C'est parce que chaque citoyen est une individualité psychologique, que chaque nation peut être considérée comme une personne morale.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  570. Le devoir et l'ordre sont les plus impérieux besoins des sociétés : au prix de ces deux conditions de la vie, la gloire et la liberté ne sont que du luxe et du superflu.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  571. Il faut lutter et combattre contre les hommes pour leur faire du bien, tandis que, le plus souvent, on est accueilli avec faveur, lorsqu'on se borne à les corrompre et à leur faire du mal.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  572. Presque toujours le monde conseille la vertu sans la persuader.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  573. Il y a, dans la simple connaissance des pratiques morales, telles qu'elles sont observées par des peuples vivants, une puissance de conviction et un ascendant d'autorité qu'il n'est pas possible d'attendre d'aucun raisonnement. L'esprit a beau trouver, dans les théories pures, une satisfaction de clarté, le coeur ne laisse pas de résister et de réserver son indépendance au profit du mal.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  574. Quand on ne tient pas compte des principes en matière d'économie politique et sociale, les faits ont quelque chose d'aveugle, et ils risquent d'apporter aux hommes encore plus de trouble que de lumière.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  575. Bien souvent je me suis dit que le plus grand châtiment à exercer vis-à-vis de bien des hommes, ce serait de trop écouter leurs voeux. Dieu ne choisit-il pas quelquefois ce moyen de nous punir?
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  576. Nous nous laissons aller à oublier la présence de Dieu, sans pouvoir parvenir à en refuser les bienfaits.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  577. L'épreuve, séparée de la foi qui l'explique, de la résignation qui la supporte et du courage qui en triomphe, n'est plus qu'une souffrance sans mérite, jusqu'au jour où elle devient un désespoir sans remède.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  578. L'homme a beau affecter une inébranlable indifférence, une invincible incrédulité pour les vérités dont il ne veut pas, il n'est pas aussi insensible qu'il ose le dire et qu'il voudrait le faire croire.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  579. Ceux qui résistent avec le plus funeste succès à la vérité et à la justice ne sont point ceux qui ont à leur disposition les plus habiles sophismes et les raisonnements les plus captieux, mais ceux qui n'ont plus besoin de combattre cette même vérité et cette même justice, grâce à l'habitude qu'ils se sont fait de les oublier.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  580. L'obscurité d'une grande action ou d'une grande vie, prouve que Dieu la garde pour lui et pour l'éternité.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  581. La gloire humaine n'est qu'un moyen de perdre et de dissiper sa propre vertu.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  582. Nous valons si peu dans le fond, que nous pouvons bien répondre aux reproches, mais non pas au mépris d'autrui.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  583. Il est bien peu d'âmes assez droites et assez fermes pour supporter le mépris d'elles-mêmes.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  584. On peut souhaiter la perfection, mais on ne peut la résoudre. Il est souvent meilleur, comme dans le festin de l'Évangile, de choisir pour soi un idéal moindre et de ne monter plus haut que si l'on y est appelé.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  585. Il n'est pas facile de se détacher de soi-même, l'effort que nous avons à faire étant proportionné à l'attachement naturel que nous avons pour nous-mêmes.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  586. La vertu est encore moins un mérite qu'un bonheur.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  587. L'orgueil de la vertu humaine consiste à vouloir être parfaite d'une façon absolue, espérance qui trompe l'homme dans ses desseins et le décourage dans ses entreprises. L'esprit chrétien consiste à chercher la perfection dans les limites de sa destinée, ou, comme on le dit, de sa vocation.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  588. La manoeuvre la plus efficace qui ait été imaginée contre la religion n'est pas de lui imposer, mais de lui conseiller le silence.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  589. Il faut demander à Dieu, non pas l'héroïsme qui est une gloire et une jouissance, mais le courage qui est un effort et un mérite.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  590. Il y a beaucoup d'orgueil à solliciter de Dieu des vertus ; il suffit de lui en demander le désir avec le courage du bien.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  591. Les succès du monde ne sont pas des triomphes, mais des servitudes.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  592. Le stoïcisme et le mysticisme veulent tous les deux conduire l'homme à Dieu : le premier, par l'effort, sans un sourire et avec la confiance orgueilleuse d'aboutir à la perfection ; le second, par l'anéantissement, sans aucun effort et avec l'intention de dépouiller pleinement notre pauvre nature. Dans la véritable philosophie chrétienne, l'amour est le vrai but ; l'effort en est le moyen.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  593. Les grands sacrifices sont apparents et orgueilleux ; les petits sacrifices sont intérieurs et doux.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  594. Il n'y a absolument rien dans le plus haut ascétisme chrétien, à quoi la philosophie de la raison puisse contredire.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  595. Le bien est facile à faire au dehors, il ne rencontre partout qu'applaudissements ; ses vrais obstacles sont au dedans de notre âme. Le mal rencontre au-dehors les barrières de la loi et de l'opinion ; mais comme il trouve peu d'obstacles au dedans de nous ! Quelle complicité !
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  596. L'amour des richesses prend pour prétexte la crainte de la pauvreté ; l'ambition des honneurs, la légitime satisfaction qui nous est due; la soif du pouvoir allègue l'envie de réaliser le bien. L'orgueil seul ne prend pas la peine de se chercher un prétexte ; il existe, et c'est assez.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  597. L'accroissement extérieur est pour les autres; il se voit; ou l'apprécie. Le progrès moral est pour nous seuls : voilà pourquoi on y tient si peu.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  598. Il est donné à l'homme de s'élever sur les ailes de la prière ; mais lorsqu'il les ferme brusquement, il retombe bien bas et bien fort.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  599. L'homme se fait l'introducteur de ses propres tentations.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  600. Nous viendrions à bout de nos tentations, avec le mal que nous nous donnons à les justifier.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  601. Le plus sûr et le plus court moyen d'atteindre une vertu, même ordinaire, est peut-être encore de viser sérieusement à une vertu plus haute.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  602. L'homme à qui il n'est demandé rien autre chose que ses actions, ne sait pas même les faire tourner au profit de sa vertu.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  603. Un résultat singulier de notre passion à entendre les sermons est souvent un redoublement de sévérité et de rigueur envers les autres, au lieu d'y trouver pour nous-mêmes une occasion de réforme et d'avancement dans le bien.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  604. Dès que l'homme ne vit pas seulement de pain, il devient tout simple et tout naturel que la plus riche aumône soit celle du coeur.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  605. Les oeuvres apportent avec elles une bénédiction dont nulle éloquence n'approche.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  606. La pratique des devoirs ne se réalise pas sans Dieu, pas plus que, sans Dieu, leur conception ne se justifie.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  607. Les dieux anciens, si jaloux d'encens et de sacrifices, n'avaient pas imaginé de demander à l'homme son coeur.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  608. Il y a encore des âmes qui espèrent en Dieu, mais il en est trop peu qui le cherchent.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  609. Tout accroissement de position ou de fortune porte en lui-même sa propre tentation, et Dieu ne veut pas que notre bien-être matériel augmente, sans nous mettre en même temps en demeure de grandir dans l'ordre moral.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  610. La tentation du plaisir n'offre pas seulement à l'âme le péril de s'y abandonner, mais encore la presque certitude de s'y corrompre.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  611. Pour beaucoup d'hommes, la vie cesse d'être un moyen pour devenir un but.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  612. La sainteté deviendrait facile, si l'on pensait que les devoirs de chaque jour sont les ombres sous lesquelles se cache la volonté divine.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)