Ossian
3e siècle
  1. Le danger fuit le brave ; la fortune se plaît à couronner l'audace.
    (Poèmes Gaéliques recueillis par James Mac-Pherson, p.29, trad. P. Christian, Librairie Hachette, 1872)
     
  2. Et nous aussi, nous cesserons de vivre : tôt ou tard il faut que le brave périsse !
    (Poèmes Gaéliques recueillis par James Mac-Pherson, p.52, trad. P. Christian, Librairie Hachette, 1872)
     
  3. [...] Apporte-moi ma harpe. Le désir de chanter vient comme un reflet de lumière fugitive, réchauffer mon âme sombre : car mon âme est triste comme la plaine, lorsque l'obscurité couvre les collines d'alentour, et s'entend par degrés sur les champs qu'éclairait le soleil.
    (Poèmes Gaéliques recueillis par James Mac-Pherson, p.71, trad. P. Christian, Librairie Hachette, 1872)
     
  4. Heureux ceux qui sont morts à la fleur de l'âge dans tout l'éclat de leur gloire ! ils n'ont pas vu les tombeaux de leurs amis, ils n'ont pas senti leur arc résister aux vains efforts de leurs mains énervées !
    (Poèmes Gaéliques recueillis par James Mac-Pherson, p.77, trad. P. Christian, Librairie Hachette, 1872)
     
  5. Notre jeunesse ressemble au rêve du chasseur : il s'endort sur la colline au doux rayons du soleil ; il se réveille au milieu de l'orage ; l'éclair vole autour de lui, et les vents déchaînés secouent violemment la tête des arbres. Alors son âme se reporte au moment où il s'est endormi, et se rappelle les rêves paisibles de son sommeil.
    (Poèmes Gaéliques recueillis par James Mac-Pherson, p.78, trad. P. Christian, Librairie Hachette, 1872)
     
  6. Que les braves tombent en combattant, ou que leur bouclier repousse les traits du trépas, la renommée voue leurs noms au respect des siècles à venir.
    (Poèmes Gaéliques recueillis par James Mac-Pherson, p.130, trad. P. Christian, Librairie Hachette, 1872)
     
  7. Heureux ceux qui meurent dans leur jeunesse, quand tout retentit du bruit de leur nom !
    (Poèmes Gaéliques recueillis par James Mac-Pherson, p.148, trad. P. Christian, Librairie Hachette, 1872)
     
  8. [...] Les vieillards déclinent par degrés, et voient la renommée de leur jeunesse se perdre dans l'oubli ; ils tombent dans le secret, et souvent ils n'ont plus de fils pour les pleurer. L'indifférence conduit leurs funérailles, et la pierre qui doit conserver leurs noms est posée sans larmes !
    (Poèmes Gaéliques recueillis par James Mac-Pherson, p.148, trad. P. Christian, Librairie Hachette, 1872)
     
  9. Astre des nuits, fille du ciel, que j'aime, ô blanche lune, le doux éclat de ton flambeau ! Tu t'avances pleine d'attraits, les étoiles suivent vers l'orient la trace azurée de tes pas. À ton aspect, les nuées s'éclaircissent, et tes rayons argentent leurs flancs obscurs.
    (Poèmes Gaéliques recueillis par James Mac-Pherson, p.189, trad. P. Christian, Librairie Hachette, 1872)
     
  10. Soleil, jusqu'à quand te lèveras-tu dans la guerre ? jusqu'à quand rouleras-tu dans les cieux comme un bouclier sanglant ?
    (Poèmes Gaéliques recueillis par James Mac-Pherson, p.263, trad. P. Christian, Librairie Hachette, 1872)
     
  11. D'où jaillit dans la vie la source des années ? Où est le terme vers lequel s'arrêtera leur cours ? dans quel abîme vont-elles s'engloutir, chargées de mille destins contraires ?
    (Poèmes Gaéliques recueillis par James Mac-Pherson, p.227, trad. P. Christian, Librairie Hachette, 1872)
     
  12. Les guerriers farouches ne se plaisent que dans la mort. Leur mémoire repose avec délices sur les blessures que leurs lances ont faites. L'image des combats se mêle à toutes leurs pensées ; sans cesse on les entend vanter leurs actions.
    (Poèmes Gaéliques recueillis par James Mac-Pherson, p.279, trad. P. Christian, Librairie Hachette, 1872)
     
  13. Soleil, fils du matin, tes premiers pas dans le ciel, l'éclat des rayons renaissent chaque jour au-dessus des montagnes, forment le plus doux des spectacles. À ton aspect les coteaux sourient, les vallées étincellent et les ruisseaux nuancés d'azur coulent plus joyeusement.
    (Poèmes Gaéliques recueillis par James Mac-Pherson, p.393, trad. P. Christian, Librairie Hachette, 1872)
     
  14. La renommée des guerriers ne subsiste que lorsqu'on accorde à l'ennemi le combat à nombre égal.
    (Poèmes Gaéliques recueillis par James Mac-Pherson, p.405, trad. P. Christian, Librairie Hachette, 1872)
     
  15. Que la vie du guerrier est passagère ! Il sort le matin pour joncher la plaine de morts, et le soir ses amis reçoivent son corps glacé. Sa vieille mère et son épouse chérie préparent la fête autour du chêne embrasé ; de temps en temps elles écoutent s'il revient. Elles entendent du bruit ; la lune leur montre une multitude qui s'approche. « Il vient, » disaient-elles en se précipitant avec joie pour aller à sa rencontre ; mais elles rencontrent son cercueil !
    (Poèmes Gaéliques recueillis par James Mac-Pherson, p.418, trad. P. Christian, Librairie Hachette, 1872)
     
  16. O vie passagère, tu varies comme les saisons ! Il fut un temps où je souriais dans l'été de la jeunesse, où, comme vous, pins majestueux de Moruth, je bravais l'orage de l'hiver. « Mon feuillage, disais-je alors, sera toujours vert comme le tien, et mes branches fleuriront dans ma vieillesse ! » Mais à présent mes bras desséchés sont dépouillés de toutes leurs feuilles ; et ma chevelure, blanchie comme la tienne, est le jouet des vents et tremble à chaque souffle !
    (Poèmes Gaéliques recueillis par James Mac-Pherson, p.422, trad. P. Christian, Librairie Hachette, 1872)
     
  17. Les histoires des temps passés sont des rayons de lumière pour l'âme du barde. Elles ressemblent aux rayons que le soleil épanche sur la bruyère de Morven ; la campagne sourit partout où ils passent, quoique tout soit obscur alentour.
    (Poèmes Gaéliques recueillis par James Mac-Pherson, p.439, trad. P. Christian, Librairie Hachette, 1872)
     
  18. La vie a quatre saisons qui roulent sans cesse, comme celles de l'année. Les uns meurent dès leur jeunesse, comme un bouton brisé par le vent ; d'autres tombent comme la feuille que le chaud du jour a brûlée. Plusieurs, tels que ma bien-aimée, expirent sous l'humide climat de l'automne, et bien peu atteignent, comme moi, l'hiver de la vieillesse ! Puisque notre durée est si peu certaine, vivons pour la gloire fugitive que chaque jour peut donner !
    (Poèmes Gaéliques recueillis par James Mac-Pherson, p.461, trad. P. Christian, Librairie Hachette, 1872)
     
  19. Ici-bas, les jours tristes sont passagers, comme les heures de joies !
    (Poèmes Gaéliques recueillis par James Mac-Pherson, p.471, trad. P. Christian, Librairie Hachette, 1872)