Émile Augier
1820-1889
  1. L'amour est une guerre entre nous et les hommes
    Où, dès qu'ils ne sont plus victimes, nous le sommes;
    Or, dans un tel combat, où tout coup vise au coeur,
    Celui qui n'en a pas est toujours le vainqueur.

    (L'Aventurière (Clorinde), acte 2, sc. 1, Michel Lévy, 1870)
     
  2. Un ivrogne ressemble au céleste flambeau,
    Au soleil, n'en déplaise à ta vieille faconde :
    Tout tourne autour d elui : c'est le centre du monde !

    (L'Aventurière (Annibal), acte 2, sc. 5, Michel Lévy, 1870)
     
  3. Vous ne comprenez pas, n'ayant jamais eu faim
    Qu'on renonce à l'honneur pour un morceau de pain.

    (L'Aventurière (Clorinde), acte 3, sc. 5, Michel Lévy, 1870)
     
  4. Eh bien ! je vous le dis : on doit le même courage
    Aux femmes sans pudeur qu'aux hommes sans courage
    Car le droit au respect, la première grandeur,
    Pour nous c'est le courage et pour vous la pudeur.

    (L'Aventurière (Fabrice), acte 4, sc. 5, Michel Lévy, 1870)
     
  5. [...]La mort n'est effroyable
    Que lorsqu'elle nous prend quelque bien regrettable ;
    Mais moi, pour qui la vie est un logn bâillement,
    J'ai raison de mourir et dois mourir gaîment.
    Rien ne vaut un regret dans tout ce que je quitte.

    (La ciguë (Clinias), acte 1, sc. 1, Furne et Cie, 1844)
     
  6. [...] Le célibat m'ennuie;
    Il convient à vingt ans quand tout rit dans la vie;
    Mais lorsque l'âge, auquel le coeur même est soumis,
    A refroidi nos goûts, dispersé nos amis,
    Alors le célibat, morne, désert et rude,
    N'est plus la liberté, mais bien la solitude.

    (La ciguë (Cléon), acte 2, sc. 2, Furne et Cie, 1844)
     
  7. Si vous pouviez savoir quelle âcre jouissance,
    C'est de voir ceux qu'on aime heureux par sa souffrance !

    (Paul Forestier (Forestier), acte 1, sc. 8, Michel Lévy, 1868)
     
  8. [...] Ah ! l'art, cher père, l'art !
    Quel bienfait du bon Dieu ! quelle admirable chose !
    Comme cela soutient ! comme cela repose !

    (Paul Forestier (Paul), acte 2, sc. 2, Michel Lévy, 1868)
     
  9. Il n'y a de vraiment bons que les gens bien portants. Égoïste comme un malade...
    (Le post-scriptum (Lancy), sc. 1, Michel Lévy, 1869)
     
  10. Lorsque la passion est réellement forte,
    Il n'est digue ni mur que son courant n'emporte.

    (Adrienne (Julien), acte 4, sc. 3, Calmann Lévy, 1876)
     
  11. [...] Le mensonge est un âpre tyran
    Qui ne relâche plus ceux qu'une fois il prend.
    Et le ciel juste a fait de ses ignominies
    Le secret châtiment des fautes impunies !

    (Gabrielle (Adrienne), acte 5, sc. 2, Calmann Lévy, 1876)
     
  12. [NDLR : En parlant des enfants.]
    Nous n'existons vraiment que par ces petits êtres
    Qui dans tout notre coeur s'établissent en maîtres,
    Qui prennent notre vie et ne s'en doutent pas
    Et n'ont qu'à vivre heureux pour n'être pas ingrats.

    (Gabrielle (Julien), acte 5, sc. 5, Calmann Lévy, 1876)
     
  13. Toutes les âmes ne sont pas de force à sacrifier la passion du devoir.
    (Madame Caverlet (Henriette), acte 4, sc. 5, Calmann Lévy, 1876)
     
  14. La finesse des hommes ne dépasse jamais leur fatuité.
    (Lions et Renards (Madame Hélier), acte 1, sc. 4, Michel Lévy, 1870)
     
  15. Le coupable seul craint de s'asseoir sur la sellette de l'accusé; pour l'innocent, elle se change en piédestal.
    (Maître Guérin (Guérin), acte 5. sc.2, Michel Lévy, 1865)