Citations ajoutées le 11 juin 2011

Christian Bobin

  1. Lire et écrire sont deux points de résistance à l'absolutisme du monde.
    (Les ruines du Ciel, p.12, Gallimard, 2009)
     
  2. Les livres sont la résidence secondaire de l'âme. Quand elle pousse les volets de papier contre le mur, une lumière entre partout dans la pièce.
    (Les ruines du Ciel, p.15, Gallimard, 2009)
     
  3. Il n'y a aucune différence entre croire et vivre.
    (Les ruines du Ciel, p.16, Gallimard, 2009)
     
  4. Pas d'infini sans clôture.
    (Les ruines du Ciel, p.17, Gallimard, 2009)
     
  5. Dieu tenait au dix-septième siècle la place qu'aujourd'hui tient l'argent. Les dégâts étaient moindres.
    (Les ruines du Ciel, p.21, Gallimard, 2009)
     
  6. Les livres sont des clôtures de papier.
    (Les ruines du Ciel, p.21, Gallimard, 2009)
     
  7. Le paradis est une bibliothèque dont tous les rayons sont dévalisés.
    (Les ruines du Ciel, p.22, Gallimard, 2009)
     
  8. Toute notre vie n'est faite que d'échecs et ces échecs sont des carreaux cassés par où l'aire entre.
    (Les ruines du Ciel, p.26, Gallimard, 2009)
     
  9. L'art de vivre consiste à garder intact le sentiment de la vie et à ne jamais déserter le point d'émerveillement et de sidération qui seul permet à l'âme de voir.
    (Les ruines du Ciel, p.28, Gallimard, 2009)
     
  10. Chaque jour a son poison et, pour qui sait voir, son antidote.
    (Les ruines du Ciel, p.34, Gallimard, 2009)
     
  11. Deux sortes de paradis: venir en aide à quelqu'un et lire un livre.
    (Les ruines du Ciel, p.36, Gallimard, 2009)
     
  12. Les plus graves problèmes ne sont que des lacets d'enfant mouillés: plus on tire dessus, plus on les rend impossibles à dénouer.
    (Les ruines du Ciel, p.39, Gallimard, 2009)
     
  13. Le diable fuit de n'être pas pris au sérieux.
    (Les ruines du Ciel, p.41, Gallimard, 2009)
     
  14. La sagesse est un parapluie troué: personne n'est à l'abri de la mode.
    (Les ruines du Ciel, p.44, Gallimard, 2009)
     
  15. La sainteté c'est juste de ne pas faire vivre le mal qu'on a en soi.
    (Les ruines du Ciel, p.45, Gallimard, 2009)
     
  16. Il y a toujours dans un livre, même mauvais, une phrase qui bondit au visage du lecteur comme si elle n'attendait que lui.
    (Les ruines du Ciel, p.47, Gallimard, 2009)
     
  17. Toutes nos pensées reviennent à chercher la clé d'un paradis dont la porte est ouverte.
    (Les ruines du Ciel, p.53, Gallimard, 2009)
     
  18. La vie a besoin de livres comme les nuages ont besoin des flaques d'eau pour s'y mirer et s'y connaître.
    (Les ruines du Ciel, p.68, Gallimard, 2009)
     
  19. Parfois quelqu'un vous donne à manger en une seconde pour votre vie entière.
    (Les ruines du Ciel, p.70, Gallimard, 2009)
     
  20. Le sens de cette vie c'est de voir s'effondrer les uns après les autres tous les sens qu'on avait cru trouver.
    (Les ruines du Ciel, p.71, Gallimard, 2009)
     
  21. Après les nuages, ce qu'il y a de plus beau au monde c'est un livre.
    (Les ruines du Ciel, p.80, Gallimard, 2009)
     
  22. Au Moyen-Âge dans les murs des hospices, on creusait un guichet où une mère affolée pouvait abandonner son nouveau-né. L'écriture est un guichet de papier où la vie nouvelle-née attend en confiance d'être adoptée.
    (Les ruines du Ciel, p.81, Gallimard, 2009)
     
  23. La mode est un bourreau que ses victimes acclament.
    (Les ruines du Ciel, p.83, Gallimard, 2009)
     
  24. L'inattendu est la signature authentique du divin.
    (Les ruines du Ciel, p.93, Gallimard, 2009)
     
  25. Deux arbres artificiels accueillent la clientèle de la banque. La vie est dans ce lieu si maltraitée que même les faux arbres ont l'air d'y dépérir.
    (Les ruines du Ciel, p.100, Gallimard, 2009)
     
  26. Pas de joie plus grande que de trouver le mot juste: c'est comme venir au secours d'un ange qui bégaie.
    (Les ruines du Ciel, p.147, Gallimard, 2009)
     
  27. Ne pas chercher son intérêt mais l'intérêt de ce qu'on voit est la formule de l'esprit.
    (Les ruines du Ciel, p.158, Gallimard, 2009)
     
  28. Nous sommes des aveugles dans un palais de lumières. Des serviteurs dont nous ignorons le nom se précipitent devant nous, écartant les meubles pour nous éviter toute blessure grave.
    (Les ruines du Ciel, p.162, Gallimard, 2009)
     

John Donne

  1. À espérer, à conspirer sa propre mort tout vivant est contraint. Non par la nature seule, qui le parfait, mais par l'art de l'éducation, qui la parfont.
    (Paradoxes et problèmes, trad. Pierre Alferi, p.7, Allia, 2011)
     
  2. Être fantasque est chez l'homme jeune un débordement calculé, une folie de ruse; chez le vieil homme, dont les sens ont fané, ce devient naturel, donc plus parfait et plein.
    (Paradoxes et problèmes, trad. Pierre Alferi, p.12, Allia, 2011)
     
  3. Dans les épreuves et le malheur, la mort est le refuge choisi des lâches.
    (Paradoxes et problèmes, trad. Pierre Alferi, p.18, Allia, 2011)
     
  4. Vraiment, cette vie est une tempête, une bataille, et qui ose mourir pour échapper à leurs angoisses me semble aussi vaillant que celui qui ose se pendre de peur d'être envoyé au front.
    (Paradoxes et problèmes, trad. Pierre Alferi, p.19, Allia, 2011)
     
  5. Être et paraître vertueux, c'est tout un, en effet. Qui n'a aucune vertu ne peut en simuler aucune.
    (Paradoxes et problèmes, trad. Pierre Alferi, p.22, Allia, 2011)
     
  6. Qu'il rie donc. Ainsi saura-t-on qu'il est homme, parce qu'il sait rire; qu'il est sage, parce qu'il sait de quoi rire; et qu'il est brave, parce qu'il ose rire.
    (Paradoxes et problèmes, trad. Pierre Alferi, p.26, Allia, 2011)
     
  7. Aucune vanité ne me porte autant sur les nerfs que ces gâteux qui vitupèrent notre époque pour mettre aux nues la leur.
    (Paradoxes et problèmes, trad. Pierre Alferi, p.28, Allia, 2011)
     
  8. Nullos esse Deos, inane cœlum/ Affirmat Selius, probatque, quod se / Factum, dum negat haec, videt beatum.
    Marial, Épigrammes, IV, 21. «Il n'est aucun dieu, le ciel est vide / Affirme Selius, et il le prouve par ce / Qu'il se voit prospérer tout en niant ces choses.»

    (Paradoxes et problèmes, trad. Pierre Alferi, p.31, Allia, 2011)
     
  9. Enfin, c'est entre désespoir et lâcheté que la vaillance voit le jour, et la désunion des extrêmes accouche de toutes les vertus, tandis que les semblables n'enfantent rien sans miracle.
    (Paradoxes et problèmes, trad. Pierre Alferi, p.33, Allia, 2011)
     
  10. [...] Les deux plus grands pouvoirs du monde, le diable et le prince [...].
    (Paradoxes et problèmes, trad. Pierre Alferi, p.52, Allia, 2011)
     
  11. Que la vie soit une mer, alors notre raison, nos passions mêmes, soufflent assez pour nous porter où nous voudrons ; mais l'éloquence est une tempête, un ouragan qui nous déroute.
    (Paradoxes et problèmes, trad. Pierre Alferi, p.53, Allia, 2011)
     
  12. [...] Tout patient voit un adoucissement dans tout passage d'un mal à l'autre.
    (Paradoxes et problèmes, trad. Pierre Alferi, p.62, Allia, 2011)
     
  13. [Les puritains] Une imagination zélée leur dit qu'il est de leur devoir de prêcher tant que l'auditoire n'est pas sorti de son sommeil.
    (Paradoxes et problèmes, trad. Pierre Alferi, p.64, Allia, 2011)
     
  14. Pourquoi ne peut-on prendre au sérieux les politiciens?
    [...] Ou les affaires dans lesquelles sont versés ces hommes sont-elles si hasardeuses et si sujettes à d'impondérables revers qu'ils en sont réduits à parler de façon équivoque, oraculaire, insinuante, générale (donc évasive), dans le langage des faiseurs d'almanachs quand ils annoncent le temps?

    (Paradoxes et problèmes, trad. Pierre Alferi, p.65, Allia, 2011)