Au fil de mes lectures : recueil de citations

Citations ajoutées le 20 janvier 2011

Jean Bédard

Tant que l'on croit pouvoir posséder de l'être, tant que les verbes «avoir» et «être» se confondent, la barbarie suivra son cours.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.15, Liber, 2005)
La détresse sociale n'est pas qu'une conséquence économique parmi d'autres, elle est le symptôme le plus criant de notre barbarie.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.15, Liber, 2005)
Toucher à la philosophie, c'est palper le coeur.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.16, Liber, 2005)
Le propre de l'éducation consiste à tenir le langage et l'être reliés l'un à l'autre. La barbarie sépare langage et être. Elle exclut du langage, du langage efficace, une partie de l'humanité. Le pauvre est cet exclu du langage. Sont pauvres tous ceux dont la parole n'intéresse personne. Par le fait même, la barbarie fait du langage une abstraction. Parler devient une rhétorique, un mensonge de l'être.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.16, Liber, 2005)
Si l'humanité est dans un homme, elle est dans tous les hommes. Si elle est niée dans un homme, elle est niée dans tous les hommes.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.16, Liber, 2005)
Si le misérable manque d'éducation, celui qui le rejette en manque aussi.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.18, Liber, 2005)
S'il y a un fondement à l'éthique, c'est que l'être prime le langage, que le langage est subordonné à l'être. Bref, le mensonge survient lorsque la parole perd pied vis-à-vis de l'être. Le signe de cette perte : les uns se tuent à l'ouvrage, les autres meurent dans l'oubli, et, au-dessus, des discours rendent cela normal, banal.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.19, Liber, 2005)
Qu'est-ce qu'éduquer ? C'est civiliser. À quoi reconnaît-on une société civilisée ? Personne n'y est rejeté.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.20, Liber, 2005)
Si l'on veut mesurer notre distance à l'égard de la vérité, que l'on mesure notre surdité aux pauvres.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.20, Liber, 2005)
L'idéal dans une philosophie créationniste (où l'intelligence n'est pas tant un organe de connaissance qu'un organe de création) est un appel au dépassement et à la multiplication de toutes les formes possibles du beau, du bon, du vrai, du juste.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.21, Liber, 2005)
Exclure le pauvre, c'est exclure cette vérité que l'être est d'abord un manque d'être qui pousse à créer de l'être.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.21, Liber, 2005)
Au nom des idéaux formels, on fait des États totalitaires. Au nom des idéaux créateurs, on avance par dialogue et inclusion. Les idéaux créateurs sont des êtres d'avenir, des forces de devenir.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.22, Liber, 2005)
L'être est ce devant quoi toutes les rhétoriques échouent. L'être n'est pas là pour être enveloppé de connaissances mais pour créer et ce avec toute l'angoisse et tout le risque que cela suppose.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.22, Liber, 2005)
L'être humain naît et se développe dans le désir. [...] Le misérable, lui, n'est pas désiré - s'il l'était, il ne serait pas misérable. Entrevoir, même confusément, la souffrance de n'avoir jamais été désiré donne des frissons dans le dos.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.24, Liber, 2005)
Plus «être» et «chose» sont des équivalents, plus l'être devient un possédable, plus le bien et les biens cessent d'être des homonymes pour devenir des synonymes. La boutade des gauchistes se concrétise : «Ils veulent ton bien, ils vont le prendre.»
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.27, Liber, 2005)
La «raison» moderne, c'est-à-dire la raison comme instrument de pouvoir [...]
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.32, Liber, 2005)
L'éducation est ce lieu d'interrogation conduisant les êtres au mystère de l'être et au mystère de la pensée. Et par le fait même, l'éducation incite au respect.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.36, Liber, 2005)
L'homme est un constructeur, il s'abrite dans la maison de ses images.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.37, Liber, 2005)
La question de la liberté, c'est la question de faire son être comme un artiste fait son oeuvre.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.42, Liber, 2005)
Qu'est-ce qu'une société ? La pratique d'une théorie philosophique.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.43, Liber, 2005)
L'essence de la vie spirituelle est dans le renoncement à tous les instruments du pouvoir (la dissuasion, la rétribution et la manipulation) et dans la résistance à tout ce qui veut s'imposer. L'essence de la vie spirituelle est dans tout ce qui a pour propre de libérer les énergies créatrices toujours relativement harmonieuses lorsqu'elles s'écoutent mutuellement.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.45, Liber, 2005)
Pour lui [Comenius], la prophétie n'est pas tant l'art de dire l'avenir que de faire l'avenir en créant une image mobilisante. La prophétie constitue un acte politique. L'école doit permettre le développement de visionnaires, de gens lucides, capables de produire une image de l'avenir et de la mettre en action.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.59, Liber, 2005)
On parle de désinformation lorsque des phrases ou des images mentent. On parlera de déséducation lorsqu'un enseignement fausse la capacité d'interpréter correctement les phrases ou les images. La déséducation consiste à faire porter des verres qui déforment le regard.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.66, Liber, 2005)
Le but de l'éducation, c'est de former tout l'homme dans tous les humains.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.80, Liber, 2005)
Le but de l'éducation, c'est l'exercice responsable de la liberté. L'objectif est de favoriser le développement d'un être autonome (apte à s'autodéterminer).
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.86, Liber, 2005)
Le plus grand danger de la pédagogie consiste à faire entrer l'enfant dans l'univers des abstractions au point d'en faire un être coupé du réel. Telle est la déséducation, telle ne doit pas être l'éducation.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.89, Liber, 2005)
Apprendre tout ne signifie pas apprendre tout de tout, il s'agit plutôt d'apprendre l'entièreté en tout. Le processus éducatif part d'une vision globale pour arriver à une vision totale.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.95, Liber, 2005)
Apprendre, c'est pratiquer.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.96, Liber, 2005)
L'émerveillement, c'est l'étonnement rendu à maturité.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.97, Liber, 2005)
Le degré de liberté d'une société humaine se mesure à la différence entre le pire des hommes et le meilleur.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.114, Liber, 2005)
La valeur est à l'action ce que, biologiquement, la lumière est à la vie.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.114, Liber, 2005)
Pour évaluer un système d'éducation, il suffit de vérifier si plus d'années de scolarisation produit plus de conscience sociale, de conscience politique et de compassion pour les plus pauvres.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.120, Liber, 2005)
L'univers ne peut pas être simplement quelque chose qui devient, il faut aussi que ce soit quelque chose qui fait devenir.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.123, Liber, 2005)
Le temps n'improvise pas, il développe.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.124, Liber, 2005)
L'éthique est l'art d'ajouter de la fécondité à l'être.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.127, Liber, 2005)
L'homme moderne se promène à travers les pauvres, enjambe les mendiants, convaincu que son sacrifice au travail justifie son indifférence. Mieux, il arrive à se convaincre que, s'ils sont pauvres, c'est parce qu'ils refusent le sacrifice.
(Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation de tous, p.136, Liber, 2005)