Citations ajoutées le 03 août 2010

  
Gaston Bachelard

  1. Un philosophe ne peut pas chercher tranquillement la quiétude. Il lui faut des preuves métaphysiques pour qu'il accepte le repos comme un droit de la pensée ; il lui faut des expériences multiples et de longues discussions pour qu'il admette le repos comme un des éléments du devenir.
    (La dialectique de la durée, p.V, Quadrige/PUF, n°104)
     
  2. Un botaniste qui bornerait sa science à dire que toutes les fleurs se fanent serait le digne émule du philosophe qui fonde sa doctrine en répétant : tout s'écoule et le temps fuit.
    (La dialectique de la durée, p.vii, Quadrige/PUF, n°104)
     
  3. Les événements exceptionnels doivent trouver en nous des résonances pour nous marquer profondément. De cette banalité : « La vie est harmonie » nous oserions donc finalement faire une vérité. Sans harmonie, sans dialectique réglée, sans rythme, une vie et une pensée ne peuvent être stables et sûres : le repos est une vibration heureuse.
    (La dialectique de la durée, p.ix, Quadrige/PUF, n°104)
     
  4. Seule la paresse est homogène; on ne peut garder qu'en reconquérant ; on ne peut maintenir qu'en reprenant.
    (La dialectique de la durée, p.8, Quadrige/PUF, n°104)
     
  5. La pensée pure doit commencer par un refus de la vie. La première pensée claire c'est la pensée du néant.
    (La dialectique de la durée, p.9, Quadrige/PUF, n°104)
     
  6. Le miracle de l'être est aussi extraordinaire que le miracle de la résurrection.
    (La dialectique de la durée, p.11, Quadrige/PUF, n°104)
     
  7. [...] la connaissance n'est-elle pas, dans son essence, une polémique ?
    (La dialectique de la durée, p.12, Quadrige/PUF, n°104)
     
  8. Toujours et partout on n'affirme psychologiquement que ce qui a été nié, ce qu'on conçoit comme niable. La négation est la nébuleuse dont se forme le jugement positif réel.
    (La dialectique de la durée, p.13, Quadrige/PUF, n°104)
     
  9. Toute connaissance prise au moment de sa constitution est une connaissance polémique ; elle doit d'abord détruire pour faire la place de ses constructions. La destruction est souvent totale et la construction jamais achevée. La seule positivité claire d'une connaissance se prend dans la conscience des rectifications nécessaires, dans la joie d'imposer une idée.
    (La dialectique de la durée, p.14, Quadrige/PUF, n°104)
     
  10. Un concept net doit porter la trace de tout ce que nous avons refusé d'y incorporer.
    (La dialectique de la durée, p.15, Quadrige/PUF, n°104)
     
  11. Penser c'est faire abstraction de certaines expériences, c'est les plonger de plein gré dans l'ombre du néant.
    (La dialectique de la durée, p.16, Quadrige/PUF, n°104)
     
  12. Pour penser, pour sentir, pour vivre, il faut mettre de l'ordre dans nos actions, en agglomérant des instants dans la fidélité des rythmes, en unissant des raisons pour faire une conviction vitale.
    (La dialectique de la durée, p.20, Quadrige/PUF, n°104)
     
  13. [Le néant] est en nous-mêmes, éparpillé le long de notre durée, brisant à chaque instant notre amour, notre foi, notre volonté, notre pensée. Notre hésitation temporelle est ontologique.
    (La dialectique de la durée, p.29, Quadrige/PUF, n°104)
     
  14. Pour M. Pierre Janet, savoir c'est toujours enseigner. Peu importe d'ailleurs qu'on communique ou non son savoir, car la pensée intime est elle-même « une manière de se parler à soi-même, une manière de s'enseigner soi-même »(1).
    Pierre Janet, L'évolution de la mémoire et de la notion de temps, 1928, p. 22.

    (La dialectique de la durée, p.31, Quadrige/PUF, n°104)
     
  15. En bonne méthode, on ne doit pas s'accorder le droit de parler d'une connaissance qui ne serait pas communicable.
    (La dialectique de la durée, p.32, Quadrige/PUF, n°104)
     
  16. Nous ne devons pas confondre le souvenir de notre passé et le souvenir de notre durée.
    (La dialectique de la durée, p.35, Quadrige/PUF, n°104)
     
  17. [...] On ne vit pas plus une ignorance qu'on ne voit les ténèbres.
    (La dialectique de la durée, p.36, Quadrige/PUF, n°104)
     
  18. [...] On ne trouve au temps une longueur que lorsqu'on le trouve trop long.
    (La dialectique de la durée, p.37, Quadrige/PUF, n°104)
     
  19. [...] Ce qui fait marcher la locomotive, c'est le sifflet du chef de gare. La vie consciente est de même une activité de signaux. C'est une activité de chef. Une intuition claire est un commandement.
    (La dialectique de la durée, p.42, Quadrige/PUF, n°104)
     
  20. Commencer et changer sont loin de correspondre. On peut clairement enseigner un commencement ; on ne peut guère que suggérer un changement.
    (La dialectique de la durée, p.43, Quadrige/PUF, n°104)
     
  21. [...] On se souvient d'une action plus sûrement en la liant à ce qui la suit qu'en la liant à ce qui la précède.
    (La dialectique de la durée, p.45, Quadrige/PUF, n°104)
     
  22. Dans le monde lent et terne de l'expérience grossière, on désapprend bien vite de s'étonner.
    (La dialectique de la durée, p.55, Quadrige/PUF, n°104)
     
  23. Avant l'intuition, il y a l'étonnement.
    (La dialectique de la durée, p.56, Quadrige/PUF, n°104)
     
  24. [...] peupler le temps d'une manière discontinue comme l'atomisme a peuplé l'espace.
    (La dialectique de la durée, p.60, Quadrige/PUF, n°104)
     
  25. On ne définit complètement que ce qu'on comprend.
    (La dialectique de la durée, p.60, Quadrige/PUF, n°104)
     
  26. Il est très instructif de voir que l'évolution est la rançon d'une complexité non analysée.
    (La dialectique de la durée, p.61, Quadrige/PUF, n°104)
     
  27. [...] la maxime de Jacques Maritain : « Distinguer pour unir. »
    (La dialectique de la durée, p.75, Quadrige/PUF, n°104)
     
  28. [...] La durée est, non pas une donnée, mais une oeuvre.
    (La dialectique de la durée, p.77, Quadrige/PUF, n°104)
     
  29. Mais le métronome est un instrument grossier. C'est le compte-fils, ce n'est pas le métier à tisser.
    (La dialectique de la durée, p.117, Quadrige/PUF, n°104)
     
  30. Être poète, c'est multiplier la dialectique temporelle, c'est refuser la continuité facile de la sensation et de la déduction ; c'est refuser le repos catagénique pour accueillir le repos vibré, le psychisme vibré.
    (La dialectique de la durée, p.125, Quadrige/PUF, n°104)
     
  31. [...] Le principe des fréquences domine le principe des mesures.
    (La dialectique de la durée, p.127, Quadrige/PUF, n°104)
     
  32. On ne sait bien que ce qu'on a oublié et réappris sept fois, disent les pédagogues indulgents, les bons.
    (La dialectique de la durée, p.140, Quadrige/PUF, n°104)
     
  33. Ne pas pouvoir réaliser un amour idéal est certes une souffrance. Ne pas pouvoir idéaliser un amour réalisé en est une autre.
    (La dialectique de la durée, p.141, Quadrige/PUF, n°104)
     

Katarina Mazetti

  1. Nos opinions s'accordaient comme deux aiguilles qui tricotent le même pull, et nous contemplions avec ravissement le motif qui apparaissait.
    (Le mec de la tombe d'à côté, trad. Lena Grumbach et Catherine Marcus, p.20, Babel, n°951)
     
  2. Comme quand on reste à l'ombre des platanes le dernier jour des vacances devant un verre de retsina frais. On rêve d'arracher ses racines, de simplement venir habiter là et de vivre au jour le jour. Prendre un boulot, n'importe lequel, trouver une maison blanche avec une terrasse au soleil pleine de pots d'herbes aromatiques. Et pourtant on sait pertinemment que cinq heures plus tard on débarquera à l'aéroport d'Arlanda sous la bruine, que le lendemain on sera de nouveau en train de stresser sur sa chaise de bureau réglable, et que la seule chose qui restera sera le bronzage.
    (Le mec de la tombe d'à côté, trad. Lena Grumbach et Catherine Marcus, p.95, Babel, n°951)
     
  3. [...] J'ignore totalement si elle est belle ou laide, ça n'a aucun intérêt, pourvu qu'elle reste comme elle est.
    (Le mec de la tombe d'à côté, trad. Lena Grumbach et Catherine Marcus, p.136, Babel, n°951)
     
  4. Je comprends les gens qui ont des courts-circuits quand ils croient avoir rencontré des extraterrestres et en refoulent totalement les souvenirs. D'une certaine manière, c'est trop grand pour votre image du monde, vous êtes obligé de le reconstruire.
    (Le mec de la tombe d'à côté, trad. Lena Grumbach et Catherine Marcus, p.242, Babel, n°951)
     

Paul Brulat

  1. Être triste, c'est presque toujours penser à soi.
    (Pensées, p.8, E. Figuière éd., 1919)
     
  2. Le coeur de l'homme est comme l'habit du pauvre ; c'est à l'endroit où il a été raccommodé qu'il est le plus fort.
    (Pensées, p.8, E. Figuière éd., 1919)
     
  3. Nous blasphémons sous le nom de mensonge ce que nous adorons sous le nom d'idéal.
    (Pensées, p.10, E. Figuière éd., 1919)
     
  4. Il suffit d'un instant pour faire un héros, mais il faut une vie entière pour faire un homme de bien.
    (Pensées, p.11, E. Figuière éd., 1919)
     
  5. Une femme est souvent plus punie pour ses vertus que pour ses vices.
    (Pensées, p.12, E. Figuière éd., 1919)
     
  6. Ce qui manque à la plupart des hommes, ce n'est pas le courage, mais le long courage.
    (Pensées, p.14, E. Figuière éd., 1919)
     
  7. Le hasard n'a jamais rien créé qu'entre les mains des créateurs.
    (Pensées, p.15, E. Figuière éd., 1919)
     
  8. Que l'existence paraît vide, quand on tente un retour vers la route parcourue ! Des espaces ont été franchis, des années se sont écoulées sans laisser un souvenir. Il faut que ce pauvre coeur humain ait été bien fort agité pour qu'il en reste une vibration.
    (Pensées, p.15, E. Figuière éd., 1919)
     
  9. Dis-moi qui te hait, je te dirai qui tu es.
    (Pensées, p.17, E. Figuière éd., 1919)
     
  10. La guerre a prouvé tout ce qu'on peut obtenir des hommes en flattant ce qu'il y a de meilleur en eux : le sentiment du devoir, l'esprit de dévouement et de sacrifice, la conviction qu'ils luttent pour une grande cause... Que n'obtiendrait-on pas d'eux, si ces mêmes passions étaient dirigées, non plus vers l'oeuvre de mort, non plus vers la destruction, mais vers la création ?
    (Pensées, p.20, E. Figuière éd., 1919)
     
  11. Quelle révolution sociale s'accomplirait par cette simple interdiction : il est défendu d'acheter pour revendre.
    (Pensées, p.22, E. Figuière éd., 1919)
     
  12. Un homme fait sa vie, une femme subit la sienne.
    (Pensées, p.23, E. Figuière éd., 1919)
     
  13. On s'illusionne d'abord, on se révolte ensuite, on se résigne enfin.
    (Pensées, p.23, E. Figuière éd., 1919)
     
  14. Il n'entre pas dans la conception des hommes de guerre qu'ils puissent être vaincus autrement que par la trahison.
    (Pensées, p.23, E. Figuière éd., 1919)
     
  15. Les hommes n'estiment que ce qui leur coûte cher.
    (Pensées, p.23, E. Figuière éd., 1919)
     
  16. La Justice condamne quelques scélérats pour faire croire aux autres qu'ils sont d'honnêtes gens.
    (Pensées, p.25, E. Figuière éd., 1919)
     
  17. Une plaie qui s'étale n'est jamais bien profonde.
    (Pensées, p.26, E. Figuière éd., 1919)
     
  18. Pour bien écrire, en vers comme en prose, rien n'est tel que d'avoir vraiment quelque chose à dire.
    (Pensées, p.29, E. Figuière éd., 1919)
     
  19. Sincérité, définition même de l'originalité.
    (Pensées, p.29, E. Figuière éd., 1919)
     
  20. Il y a des gens qui ne savent jamais ce qu'ils veulent, mais qui le veulent avec une indomptable énergie.
    (Pensées, p.31, E. Figuière éd., 1919)
     
  21. L'esprit brillant abonde ; l'esprit juste, voilà la rareté.
    (Pensées, p.36, E. Figuière éd., 1919)
     
  22. Comment la plupart des humains peuvent-ils supporter tant de maux, sans désespérer, sans cesser de lutter, d'entreprendre et de créer ?
    (Pensées, p.39, E. Figuière éd., 1919)
     
  23. Il n'y a de meilleure oeuvre au monde que de communiquer avec toutes les âmes, de rechercher tout ce qui peut nous rapprocher des autres êtres.
    (Pensées, p.40, E. Figuière éd., 1919)
     
  24. Rien de révèle autant un homme que ses mains, et une femme que sa bouche./
    (Pensées, p.43, E. Figuière éd., 1919)
     
  25. Les malheurs de l'enfance se répercutent sur la vie entière et laissent au coeur de l'homme une source intarissable de mélancolie.
    (Pensées, p.44, E. Figuière éd., 1919)
     
  26. Il n'y a que la médiocrité qui dure ; tout ce qui est intense est destiné à bientôt périr.
    (Pensées, p.49, E. Figuière éd., 1919)
     
  27. Cesse-t-on d'aimer parce qu'on voit les défauts, ou voit-on les défauts parce qu'on cesse d'aimer ?
    (Pensées, p.50, E. Figuière éd., 1919)
     
  28. Un homme ne saurit avoir plus de droits, parce qu'il est supérieurement doué ; il a, au contraire, plus de devoirs.
    (Pensées, p.55, E. Figuière éd., 1919)
     
  29. Les évènements font les hommes, les grandes luttes font les grands lutteurs, et chaque époque crée les génies dont elle a besoin.
    (Pensées, p.55, E. Figuière éd., 1919)
     
  30. Le monde est peuplé de demi-fous, plus dangereux que les fous. On enferme ceux-ci, on les guérit parfois. Le demi-fou est en liberté et reste incurable.
    (Pensées, p.58, E. Figuière éd., 1919)
     
  31. Il en est de la femme dont on n'est pas aimé comme de ces problèmes qui s'obscurcissent à mesure qu'on les approfondit.
    (Pensées, p.61, E. Figuière éd., 1919)
     
  32. L'impartialité de bien des gens consiste à faire une part égale à l'erreur et à la vérité.
    (Pensées, p.63, E. Figuière éd., 1919)
     
  33. Des mystifications grossières durent depuis des siècles, poétises par l'Histoire, soutenues par les Gouvernements, respectées des incrédules eux-mêmes. L'erreur comme la vérité ne résistent que par les forces de propagande qui sont mises à leur service.
    (Pensées, p.63, E. Figuière éd., 1919)
     
  34. Il en coûte moins de rendre hommage aux morts qu'aux vivants, dont la concurrence nous menace.
    (Pensées, p.64, E. Figuière éd., 1919)
     
  35. Dans la vie, il faut choisir : l'ennui ou les ennuis.
    (Pensées, p.67, E. Figuière éd., 1919)
     
  36. La plupart des psychologues ne font que se raconter et bornent leur observation à eux-mêmes.
    (Pensées, p.68, E. Figuière éd., 1919)
     
  37. L'envie est le ver rongeur qui s'attaque aux racines des démocraties.
    (Pensées, p.70, E. Figuière éd., 1919)
     
  38. L'imprévu seul arrive.
    (Pensées, p.71, E. Figuière éd., 1919)
     
  39. La faiblesse de caractère, s'alliant au souci de plaire, donne trop souvent l'illusion de la bonté.
    (Pensées, p.86, E. Figuière éd., 1919)
     
  40. La moindre découverte scientifique a plus transformé la face du monde que ne firent jamais les plus célèbres révolutionnaires.
    (Pensées, p.86, E. Figuière éd., 1919)
     
  41. Les visages trompent rarement. On a l'âme de son visage et le visage de son âme.
    (Pensées, p.87, E. Figuière éd., 1919)
     
  42. Un paysage, c'est plus qu'un état d'âme, c'est un acte de l'âme, notre propre création.
    (Pensées, p.87, E. Figuière éd., 1919)
     
  43. Les procès démontrent le peu de valeur du témoignage humain.
    (Pensées, p.89, E. Figuière éd., 1919)
     
  44. Certaines gens seraient moins sots, s'ils étaient moins instruits.
    (Pensées, p.90, E. Figuière éd., 1919)
     
  45. Résignons-nous à ne point tout savoir. Que l'inconnu reste l'inconnu, car il est préférable à l'erreur.
    (Pensées, p.90, E. Figuière éd., 1919)
     
  46. Nul n'est content de son sort, mais chacun est content de lui-même.
    (Pensées, p.90, E. Figuière éd., 1919)
     
  47. La mort paraîtrait infiniment plus horrible, si tous les hommes n'étaient pas mortels.
    (Pensées, p.92, E. Figuière éd., 1919)
     
  48. L'homme s'attache bien plus par ce qu'il donne que par ce qu'il reçoit.
    (Pensées, p.94, E. Figuière éd., 1919)
     
  49. Il vaut mieux aimer qu'être aimé ; il vaut mieux embêter que d'être embêté.
    (Pensées, p.95, E. Figuière éd., 1919)
     
  50. La jalousie de l'amour n'est qu'un sentiment exaspéré de la propriété.
    (Pensées, p.95, E. Figuière éd., 1919)