Citations ajoutées le 29 juillet 2009

Anne Barratin

  1. Non seulement tout le monde se trouve le droit de demander au riche, - passe encore, - mais celui d'entrer dans sa conscience comme dans une promenade ouverte.
    (De Vous à Moi, p.40, A. Lemerre, 1892)
     
  2. Deux choses à bien soigner pour être heureux : la conscience et le capital.
    (De Vous à Moi, p.40, A. Lemerre, 1892)
     
  3. Comme un baiser d'enfant, le souvenir s'enveloppe souvent de jeunesse et de fraîcheur pour venir à nous.
    (De Vous à Moi, p.40, A. Lemerre, 1892)
     
  4. Le souvenir pourrait seul faire peur au temps.
    (De Vous à Moi, p.40, A. Lemerre, 1892)
     
  5. On peut savoir et être sot, comme avoir une belle voix et mal chanter.
    (De Vous à Moi, p.41, A. Lemerre, 1892)
     
  6. Sottise humaine trouve toujours logement.
    (De Vous à Moi, p.41, A. Lemerre, 1892)
     
  7. Le présent vit entre deux voleurs, le passé et l'avenir.
    (De Vous à Moi, p.41, A. Lemerre, 1892)
     
  8. Remettre, c'est compter sur la générosité d'un tyran, le temps.
    (De Vous à Moi, p.41, A. Lemerre, 1892)
     
  9. Être beaucoup aimé, c'est beaucoup devoir.
    (De Vous à Moi, p.41, A. Lemerre, 1892)
     
  10. On ne s'étonne jamais d'être au faîte des honneurs ; sans cela que de gens auraient la permission de s'en étonner !
    (De Vous à Moi, p.41, A. Lemerre, 1892)
     
  11. L'ordre, c'est la lumière qu'on met dans toutes les choses.
    (De Vous à Moi, p.42, A. Lemerre, 1892)
     
  12. L'ordre ne transige pas, il souffre.
    (De Vous à Moi, p.42, A. Lemerre, 1892)
     
  13. Dire à ses domestiques : « Vous faites partie de mon honneur, » c'est les rapprocher dignement de soi.
    (De Vous à Moi, p.42, A. Lemerre, 1892)
     
  14. Un honnête domestique doit avoir besoin d'estimer sa maîtresse, et dans ce qu'elle dit, et dans ce qu'elle fait.
    (De Vous à Moi, p.42, A. Lemerre, 1892)
     
  15. Pauvre domestique ! il n'a pas que son devoir à faire, il doit plaire ; de là, l'astuce qu'il emploie.
    (De Vous à Moi, p.42, A. Lemerre, 1892)
     
  16. Il y a toujours plus beau et plus laid, il n'y a quelquefois pas plus bête.
    (De Vous à Moi, p.43, A. Lemerre, 1892)
     
  17. Souvent la bêtise s'en tirerait encore sans les excuses dont elle se sert.
    (De Vous à Moi, p.43, A. Lemerre, 1892)
     
  18. La bravoure a été de tous les temps sans être jamais ordinaire.
    (De Vous à Moi, p.43, A. Lemerre, 1892)
     
  19. La seule crainte du papillon, c'est qu'on le retienne.
    (De Vous à Moi, p.43, A. Lemerre, 1892)
     
  20. Tout barbouillé de l'amour d'un autre, le papillon se jette sur la nouvelle fleur.
    (De Vous à Moi, p.43, A. Lemerre, 1892)
     
  21. L'âge n'est pas un insolent ; les femmes le reçoivent comme tel.
    (De Vous à Moi, p.43, A. Lemerre, 1892)
     
  22. À la chute de la première jeunesse, on a surtout le souci de ne pas vouloir se rajeunir ; on s'enhardit plus tard.
    (De Vous à Moi, p.44, A. Lemerre, 1892)
     
  23. La vanité est de petite taille, mais elle a des talons qui font du bruit.
    (De Vous à Moi, p.44, A. Lemerre, 1892)
     
  24. Les extravagances de l'amour ne sont pas une preuve de sa force, mais de son délire.
    (De Vous à Moi, p.44, A. Lemerre, 1892)
     
  25. Il faut être clairement vertueux, faire ressembler la vertu à un beau jour.
    (De Vous à Moi, p.44, A. Lemerre, 1892)
     
  26. Je ne connais rien de plus beau qu'un coeur penché sous la peine et qui trouve toujours la force de se redresser.
    (De Vous à Moi, p.44, A. Lemerre, 1892)
     
  27. Un don qui se retire a le devoir, comme tout visiteur, de s'en aller poliment.
    (De Vous à Moi, p.45, A. Lemerre, 1892)
     
  28. Tant qu'on est en progrès, on est en printemps.
    (De Vous à Moi, p.45, A. Lemerre, 1892)
     
  29. Paroles de tous : qu'on dise de moi ce qu'on voudra, je n'en croirai jamais que du bien.
    (De Vous à Moi, p.45, A. Lemerre, 1892)
     
  30. Le jour a ses lyriques : l'alouette et le coq ; la nuit a ses tragiques : la chouette et le hibou.
    (De Vous à Moi, p.45, A. Lemerre, 1892)
     
  31. Avec une vie pure et un argent honnête, on se sent ferré à glace contre la calomnie.
    (De Vous à Moi, p.45, A. Lemerre, 1892)
     
  32. On peut être lent à l'attaque, et leste à la défense.
    (De Vous à Moi, p.45, A. Lemerre, 1892)
     
  33. Que la réputation est souvent facile à contenter quand il s'agit de l'honneur des femmes et de l'esprit des gens !
    (De Vous à Moi, p.46, A. Lemerre, 1892)
     
  34. Un quelqu'un se détache toujours d'un groupe, comme une belle pensée d'un discours.
    (De Vous à Moi, p.46, A. Lemerre, 1892)
     
  35. L'imagination aime à chercher elle-même son thym et sa marjolaine.
    (De Vous à Moi, p.46, A. Lemerre, 1892)
     
  36. Ce qu'il y a d'intéressant dans l'imagination, c'est qu'on ne sait jamais dans quel pays elle nous emmènera ; on fait ses malles pour aller au nord, on s'embarque pour le midi.
    (De Vous à Moi, p.46, A. Lemerre, 1892)
     
  37. Charité à part, que c'est petit monde de laisser dire du mal de ses amis devant soi !
    (De Vous à Moi, p.46, A. Lemerre, 1892)
     
  38. Il faut qu'une maîtresse de maison soit de la race de ses hôtes, plus ou moins littéraire si son monde l'est.
    (De Vous à Moi, p.47, A. Lemerre, 1892)
     
  39. Un penseur qui ne laisse rien à deviner dans sa pensée, c'est comme l'amoureux qui, à la première visite, parle ménage.
    (De Vous à Moi, p.47, A. Lemerre, 1892)
     
  40. Comme on peut bien dormir et rêver doux sur la plus amère des critiques !
    (De Vous à Moi, p.47, A. Lemerre, 1892)
     
  41. Le coq chante toujours la même chanson, et la poule la trouve toujours jolie.
    (De Vous à Moi, p.47, A. Lemerre, 1892)
     
  42. J'aime les géants doux et la science indulgente.
    (De Vous à Moi, p.47, A. Lemerre, 1892)
     
  43. L'activité rajeunit parce qu'elle engendre.
    (De Vous à Moi, p.47, A. Lemerre, 1892)
     
  44. C'est une pauvreté d'imagination que d'avoir besoin du théâtre ; pourquoi l'acteur pour nous faire apprécier l'auteur ?
    (De Vous à Moi, p.48, A. Lemerre, 1892)
     
  45. Je plains un esprit qui vit dans une enceinte.
    (De Vous à Moi, p.48, A. Lemerre, 1892)
     
  46. Ne prends rien à pleines mains, au nom de la modestie.
    (De Vous à Moi, p.48, A. Lemerre, 1892)
     
  47. J'aime mieux la science du peu que l'abondance.
    (De Vous à Moi, p.48, A. Lemerre, 1892)
     
  48. Il n'est jamais défendu à la réponse de précéder la question.
    (De Vous à Moi, p.48, A. Lemerre, 1892)
     
  49. Quand le danger fuit le toit qu'il a menacé, l'effroi persiste, comme la rougeur après l'incendie.
    (De Vous à Moi, p.48, A. Lemerre, 1892)
     
  50. J'ai peu de goût pour la conversation qui tourne au massage philosophique.
    (De Vous à Moi, p.49, A. Lemerre, 1892)
     
  51. On attelle ses deux chevaux pour courir à sa perte.
    (De Vous à Moi, p.49, A. Lemerre, 1892)
     
  52. Il est des êtres qui feraient si bien le coin d'un tableau, et d'autres le milieu !
    (De Vous à Moi, p.49, A. Lemerre, 1892)
     
  53. Être digne du bonheur donne la patience de l'atteindre.
    (De Vous à Moi, p.49, A. Lemerre, 1892)
     
  54. C'est presque honteux d'être complètement heureux.
    (De Vous à Moi, p.49, A. Lemerre, 1892)
     
  55. Rare manière de souhaiter le bonheur : désirer voir comment on s'y conduirait.
    (De Vous à Moi, p.50, A. Lemerre, 1892)
     
  56. Les trésors gâchés reviennent en spectres nous demander leurs comptes.
    (De Vous à Moi, p.50, A. Lemerre, 1892)
     
  57. Chez les gens de valeur les souffrances, comme les enfants bien élevés, parlent d'elles seulement quand on le leur permet.
    (De Vous à Moi, p.50, A. Lemerre, 1892)
     
  58. Soigne ton courage comme l'ami le plus cher ; maintiens-le ferme et haut devant les événements ; ne l'affaiblis par aucune louange intime ; parle-lui toujours, non de ce qu'il a fait, mais de ce qu'il pourrait avoir à faire ; rajeunis-le par les plus beaux exemples ; implore-le contre toi-même.
    (De Vous à Moi, p.50, A. Lemerre, 1892)
     
  59. Approchons du ciel comme nous approchons de l'être aimé ; que l'amour domine la crainte.
    (De Vous à Moi, p.50, A. Lemerre, 1892)
     
  60. La mort est une dernière hospitalité.
    (De Vous à Moi, p.51, A. Lemerre, 1892)
     
  61. Il y a un certain dédain de la vie qui ne l'offense pas.
    (De Vous à Moi, p.51, A. Lemerre, 1892)
     
  62. La dignité nous apprend à nous conduire avec le devoir, la conscience nous le montre.
    (De Vous à Moi, p.51, A. Lemerre, 1892)
     
  63. On n'a jamais fini de régler son compte avec l'occasion ; elle est venue trop tôt, elle est venue trop tard, on l'accuse, on la vilipende, - et elle passe.
    (De Vous à Moi, p.51, A. Lemerre, 1892)
     
  64. Il est de beaux oiseaux qui ne volent que dans un ciel gris.
    (De Vous à Moi, p.51, A. Lemerre, 1892)
     
  65. Une confidence trop partagée, comme un flacon ouvert, perd tout son parfum.
    (De Vous à Moi, p.51, A. Lemerre, 1892)
     
  66. Ne pas s'habituer aux bienfaits est aussi rare que d'aimer à se les rappeler.
    (De Vous à Moi, p.52, A. Lemerre, 1892)
     
  67. Il est des intelligences qui se plaquent comme des vernis.
    (De Vous à Moi, p.52, A. Lemerre, 1892)
     
  68. L'espoir sourit et chante tout en marchant pieds nus.
    (De Vous à Moi, p.52, A. Lemerre, 1892)
     
  69. Le toit de l'être aimé, c'est déjà lui.
    (De Vous à Moi, p.52, A. Lemerre, 1892)
     
  70. On n'a rien à soi ; l'enfant est à l'avenir, la mère au passé, le mari au caprice, l'honneur à l'opinion, la fortune au vent, l'amitié à l'amour-propre, la vertu à l'occasion, la conscience au reproche et le corps aux docteurs !
    (De Vous à Moi, p.52, A. Lemerre, 1892)
     
  71. Ce qu'on aime dans la bonté, c'est plus que sa main, c'est son regard. Il faut se laisser plus que surprendre par elle, se laisser dévaliser.
    (De Vous à Moi, p.53, A. Lemerre, 1892)
     
  72. On se lave d'une faute, non d'une bassesse.
    (De Vous à Moi, p.53, A. Lemerre, 1892)
     
  73. Faire des heureux, c'est presque faire des êtres bons.
    (De Vous à Moi, p.53, A. Lemerre, 1892)
     
  74. Embellissons l'âme, pendant que le temps enlaidit le corps.
    (De Vous à Moi, p.53, A. Lemerre, 1892)
     
  75. L'innocence est une parure, non une vertu.
    (De Vous à Moi, p.53, A. Lemerre, 1892)
     
  76. La candeur est encore plus blanche que la pureté.
    (De Vous à Moi, p.53, A. Lemerre, 1892)
     
  77. Rien de plus luisant que les yeux d'un Allemand quand il parle d'une Excellence.
    (De Vous à Moi, p.54, A. Lemerre, 1892)
     
  78. Une jolie taille est plus voluptueuse qu'une belle figure. Les tailles trop minces ont l'air de crier : miséricorde !
    (De Vous à Moi, p.54, A. Lemerre, 1892)
     
  79. L'amour a besoin de croire, la volupté s'en passe.
    (De Vous à Moi, p.54, A. Lemerre, 1892)
     
  80. Honte suprême ! l'homme se lasse d'aimer.
    (De Vous à Moi, p.54, A. Lemerre, 1892)
     
  81. Il est de petits mensonges permis : serpenteaux sans venin.
    (De Vous à Moi, p.54, A. Lemerre, 1892)
     
  82. Il y a des historiens qui marchent dans l'histoire comme dans leur parc, arrachant à droite et à gauche tout ce qui les gêne ; dame Vérité les regarde faire et se couvre mélancoliquement les yeux.
    (De Vous à Moi, p.54, A. Lemerre, 1892)
     
  83. On est généralement ingrat envers l'outil.
    (De Vous à Moi, p.55, A. Lemerre, 1892)
     
  84. Que de gens, dans un discours, rappellent le navire qui s'ensable !
    (De Vous à Moi, p.55, A. Lemerre, 1892)
     
  85. Le dévouement est moins rare que l'esprit de sacrifice ; on se jette à l'eau une bonne fois pour sauver son prochain, on ne recommencerait pas tous les jours.
    (De Vous à Moi, p.55, A. Lemerre, 1892)
     
  86. Au chant d'un psaume l'âme se repose de tout ce qui varie autour d'elle.
    (De Vous à Moi, p.55, A. Lemerre, 1892)
     
  87. On se doit aux vivants et aux morts ; il est parfois difficile de contenter les uns sans offenser les autres.
    (De Vous à Moi, p.56, A. Lemerre, 1892)
     
  88. Que certaines miettes seraient donc douces à ramasser ?
    (De Vous à Moi, p.56, A. Lemerre, 1892)
     
  89. Un « pourquoi » est tout aussi osé qu'un bandit et va tout aussi loin.
    (De Vous à Moi, p.56, A. Lemerre, 1892)
     
  90. L'obéissance demande plus d'amour que d'esprit.
    (De Vous à Moi, p.56, A. Lemerre, 1892)
     
  91. Il est des idées qui ressemblent à des traits jaillissant de l'Infini.
    (De Vous à Moi, p.56, A. Lemerre, 1892)
     
  92. Approche de la ruine avec respect, comme tu approches du vieillard.
    (De Vous à Moi, p.56, A. Lemerre, 1892)
     
  93. Les anciens avaient le culte du beau, nous en avons l'appétit.
    (De Vous à Moi, p.57, A. Lemerre, 1892)
     
  94. Pour force, les anciens avaient le mépris de l'injure : c'était leur duel à eux.
    (De Vous à Moi, p.57, A. Lemerre, 1892)
     
  95. L'embarras du choix : un malheur qui n'attendrit personne.
    (De Vous à Moi, p.57, A. Lemerre, 1892)
     
  96. La haine sait attendre, préparer, réfléchir, prévenir ; c'est une science infernale aussi bien qu'une passion. Elle cuve comme le vin.
    (De Vous à Moi, p.57, A. Lemerre, 1892)
     
  97. On ne peut pas voir les douceurs de la mort, elle les présente mal.
    (De Vous à Moi, p.57, A. Lemerre, 1892)
     
  98. Tout besoin d'aimer peut se tromper d'adresse.
    (De Vous à Moi, p.57, A. Lemerre, 1892)
     
  99. Le commandement est difficile à exprimer ; il faut qu'il soit empreint de décision et de douceur, qu'il soit maître par le fond, ami par la forme.
    (De Vous à Moi, p.58, A. Lemerre, 1892)
     
  100. Les choses qui se répètent et les livres qui se prêtent nous reviennent rarement intacts.
    (De Vous à Moi, p.58, A. Lemerre, 1892)
     
  101. Je n'approche qu'avec respect d'une âme très éprouvée, je sens Dieu en elle.
    (De Vous à Moi, p.58, A. Lemerre, 1892)
     
  102. Qu'il est intéressant d'étudier l'égoïsme humain, ses ressources pour ne déranger aucune de ses jouissances, ses soins pour les préserver, ses frayeurs de les perdre, toute cette manière de s'emmailloter lui-même !
    (De Vous à Moi, p.58, A. Lemerre, 1892)
     
  103. Mériter est inutile, plaire suffit au courtisan.
    (De Vous à Moi, p.58, A. Lemerre, 1892)
     
  104. Le désespoir jette tout à l'eau, et s'y jette par surcroît.
    (De Vous à Moi, p.59, A. Lemerre, 1892)
     
  105. Une peur qui se rassure va plus loin que le courage.
    (De Vous à Moi, p.59, A. Lemerre, 1892)
     
  106. L'imprudence et la lâcheté se rencontrent souvent, comme larrons en foire.
    (De Vous à Moi, p.59, A. Lemerre, 1892)
     
  107. Comme on aime l'espérance ! Est-il enfant plus dorloté ? On a quelquefois besoin d'espérer l'impossible, de faire comme une débauche d'espérance.
    (De Vous à Moi, p.59, A. Lemerre, 1892)
     
  108. Les choses qu'on ne doit pas voir, comme elles s'obstinent devant les yeux !
    (De Vous à Moi, p.59, A. Lemerre, 1892)