Citations ajoutées le 27 mai 2009

Chevalier de Méré

  1. Trois choses ne se reconnaissent bien qu'en trois lieux différents : la hardiesse dans le péril, l'ami dans le besoin et la sagesse dans les attaques de la colère.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (125), p.56, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  2. Il est inutile de se mettre en colère quand on n'a le moyen, n'y de se venger, ni de pousser à bout son ressentiment.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (126), p.56, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  3. Quoique la colère soit capable de tout entreprendre, elle fait d'ordinaire plus de bruit que de mal.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (127), p.57, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  4. Celui qui s'abandonne à la colère n'a presque plus rien de l'homme ; cette passion est si furieuse qu'elle trouble l'esprit et se répandant au dehors défigure le visage.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (128), p.57, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  5. Quoique la colère ne soit qu'une courte fureur, les effets souvent sont de longues folies.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (129), p.57, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  6. Celui qui se met souvent en colère n'est raisonnable que par intervalle.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (130), p.58, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  7. Le secret pour maîtriser sa colère, c'est de remettre au lendemain l'exécution de ce qu'elle nous inspire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (131), p.58, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  8. Les passions sont faibles dans leurs naissances ; elles s'échauffent dès leur sortie et se fortifient dans leurs progrès. Il est plus facile de les rebuter quand elles se présentent que de les chasser quand elles sont entrées.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (132), p.58, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  9. Les passions qu'on flatte le plus sont celles que l'on cache davantage.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (133), p.59, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  10. Les passions sont comme des plantes qui fléchissent dans leurs printemps sous la main du jardinier et se raidissent dans leurs automnes de telle sorte qu'il a de la peine à les manier.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (134), p.59, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  11. L'on n'a point de plus grand ennemi que soi-même lorsqu'on n'est pas le maître de sa passion.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (135), p.60, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  12. La raison distingue l'homme de l'animal, mais la passion le confond avec lui.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (136), p.60, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  13. L'affectation dégénère facilement en désespoir sitôt qu'elle n'a plus d'espérance ; elle veut tout perdre quand elle ne peut rien gagner.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (137), p.60, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  14. Qui commence à aimer doit se préparer à souffrir.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (138), p.61, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  15. Certains maux se laissent guérir ou du moins soulager par les remèdes, mais le mal de l'amour charme ceux qui en sont atteints et leur fait craindre la guérison.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (139), p.61, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  16. L'amour est l'occupation de ceux qui n'en ont pas.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (140), p.61, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  17. Les premiers traits de l'amour partent des yeux et les seconds de la parole.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (141), p.62, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  18. Le coeur est souvent la dupe des yeux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (142), p.62, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  19. La sagesse et l'amour ne s'accordent jamais.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (143), p.62, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  20. L'amour est semblable au feu : il brille et plaît quand on en est éloigné, mais il brûle et consume quand on s'en approche de trop près.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (144), p.62, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  21. Si l'on dépeint l'amour tout nu, c'est pour montrer qu'il met en chemise ceux qui le suivent.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (145), p.63, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  22. La dépense pour les femmes empêche de connaître si l'on en est considéré pour son mérite.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (146), p.63, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  23. Tous les hommes et toutes les femmes cherchent à se tromper les uns et les autres puisque chacun cherche sa dupe.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (147), p.63, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  24. Les femmes ont plus d'intérêt à la constance que les hommes parce qu'elles sont plutôt passées.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (148), p.64, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  25. La beauté ressemble à la rose : elle est belle un jour et passe le lendemain.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (149), p.64, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  26. La plupart des femmes doivent leurs gloires à leurs ajustements et la plus grande partie de leur beauté à l'opinion de leurs esclaves.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (150), p.64, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  27. L'amour est le faible des jeunes gens, le vice des hommes plus avancés en âge, et la honte des vieillards.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (151), p.65, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  28. Si l'amour nous est représenté sans yeux, c'est pour montrer qu'il est capable d'aveugler tous les hommes.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (152), p.65, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  29. Les femmes pleurent la mort de leurs amants moins par le regret de leur perte que pour faire croire que leur fidélité mérite de nouveaux amants.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (153), p.66, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  30. Les femmes ressemblent à l'ombre : elles suivent ceux qui les fuient et fuient ceux qui les suivent.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (154), p.66, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  31. L'ambition des femmes n'a non plus de bornes que leurs autres vices ; elles veulent tout ce qu'elles veulent et ne sont jamais contentes si elles ne sont absolues.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (155), p.66, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  32. Les femmes ne doivent pas toujours attribuer à leur mérite ce que font pour elles ceux qui les aiment.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (156), p.67, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  33. Les femmes sont semblables à la mer qui prodigue sur ses bords d'inutiles coquilles tandis que dans son sein elle engloutit les plus riches trésors.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (157), p.67, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  34. Si le ciel a mis quelque beauté sur le visage des femmes, c'est pour punir la folie des indiscrets et des curieux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (158), p.68, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  35. Les jeunes femmes n'ont pas assez d'esprit et celles qui sont âgées n'ont pas assez de beauté.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (159), p.68, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  36. Les femmes ont ordinairement des défauts secrets plus grands que les beautés qui paraissent.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (160), p.68, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  37. L'homme est la dupe des plaisirs.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (161), p.69, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  38. Les plus grands plaisirs durent le moins et sont presque semblables aux éclairs et aux météores qui passent aussi vite qu'ils frappent la vue.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (162), p.69, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  39. Pour peu que les plaisirs durent, ils cessent d'être plaisirs et quand ils durent trop longtemps, ils deviennent des supplices.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (163), p.69, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  40. Celui qui préfère son plaisir à son devoir imite le chien d'Ésope qui aima mieux l'ombre que le corps et l'apparence que la vérité.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (164), p.70, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  41. Ceux qui aiment les plaisirs n'ont guère d'amour pour la gloire ; ils font plus d'état de leur vie que de leur réputation.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (165), p.70, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  42. Celles qui n'aiment que leurs plaisirs aiment toutes sortes de personnes sans en aimer aucune en particulier.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (166), p.71, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  43. La nécessité n'a pas d'ordinaire la même étendue que le plaisir ; il y a souvent assez pour le nécessaire qu'il y en a peu pour l'agréable.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (167), p.71, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  44. Les gens de guerre n'ont point de plus grand ennemi que le plaisir : sitôt qu'il touche leurs coeurs, il émousse leurs courages.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (168), p.71, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  45. Hannibal, qui n'avait point cédé au fer de Rome, céda aux délices de Capoue : les voluptés de cette ville ravirent à ce généreux guerrier la gloire qu'il s'était acquise aux journées de Cannes et de Trasimène.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (169), p.72, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  46. L'amour excite le courage quand il est dans la modération, mais sitôt qu'il porte un homme jusque dans la volupté, il le ramollit, bien loin de le rendre vigoureux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (170), p.72, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  47. Quand l'amour s'est rendu maître d'un coeur, ce coeur ne connaît plus d'autre félicité que l'amour. Cette passion a été l'écueil des plus grands hommes. Pour elle le premier des philosophes donna de l'encens à la beauté qui lui avait donné de l'amour ; et en fit sa divinité : pour elle, Hercule changea sa massue en quenouille ; Achille servit à genoux Polixène, adoration qui lui coûta la vie ; et je ne sais par quel destin fatal à la gloire des conquérants, Massinisse et Antoine ne furent jamais si fort haïs de leurs soldats que lorsqu'ils furent les plus aimés : l'un de Sophonisbé, et l'autre de Cléopâtre.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (171), p.73, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  48. Tous les amants ressemblent à ces anciens idolâtres qui se faisaient des Dieux à leurs fantaisies ; et quoique ces faux objets de divinité remplissent leur imagination de fausses idées, ils ne laissaient pas de leur dresser des autels dans leurs coeurs. Les amoureux en sont réduits au même point : ils se font des maîtresses comme il leur plaît et après qu'ils leur ont donné plus de perfections qu'elles n'ont de défauts, ils les aiment uniquement, sans considérer qu'en eux ni en elles, on n'y peut trouver rien de plus véritable que la commune erreur dont ils sont également convaincus.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (172), p.73, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  49. Tous les amants sont visionnaires : la moindre apparence les fait beaucoup craindre et beaucoup espérer.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (173), p.76, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  50. L'amour est le fils de la vue ; les yeux le conçoivent avant le coeur : il pousse ses conquêtes par la parole et les achève par la volonté.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (174), p.76, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  51. La femme est souvent une aide et souvent ennemie ; et le mariage est tantôt un port favorable et tantôt un naufrage malheureux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (176), p.77, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  52. Le mariage est un jardin où il croit tant d'épines et si peu de fleurs, tant de fruits amers et si peu de doux qu'on a raison de lier ceux à qui l'on permet d'y entrer pour cueillir les fleurs et pour goûter ses fruits ; s'ils n'étaient liés comme ils le sont, le dégoût qu'ils y trouvent en ferait sortir la plupart presque aussitôt qu'ils y sont entrés.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (177), p.77, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  53. Il n'y a point de félicité parfaite dans ce monde ; les deux vases, l'un de miel et l'autre de fiel, qui étaient à l'entrée du grand Olympe et dont Jupiter remplissait tous les mortels, donnèrent sujet à Plutarque de dire que personne ne jouissait purement du bonheur de la vie.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (178), p.78, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  54. Les rois ressemblent aux amoureux : ils ne peuvent souffrir de compagnons ni de rivaux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (179), p.79, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  55. C'est avoir l'esprit mal fait de prendre à notre désavantage ce qui nous doit être indifférent : nous sommes si faibles de croire que personne ne marche après nous quand quelqu'un nous devance ; comme si le mérite ne faisait pas les rangs plutôt que les qualités.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (180), p.79, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  56. La jalousie est un témoin irréprochable de notre faiblesse ; si elle vient de l'amour, elle est imprudente et si le bonheur de notre prochain l'a produite, elle est lâche ; enfin de quelque côté qu'on la considère, elle porte avec soi et son crime et son aveuglement.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (181), p.80, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  57. La jalousie est un mal à qui toutes choses servent de nourriture et pas un de remède.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (182), p.81, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  58. La crainte qui accompagne la jalousie lui agrandit les moindres objets et lui représente les maux autres qu'ils ne sont.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (183), p.81, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  59. La jalousie étouffe souvent la tendresse du coeur quand elle vient à quelque excès. Mais quand elle est modérée, elle sert d'assaisonnement et de pointe aux désirs ; c'est comme un vent qui allume le feu qui ne brûle qu'à demi dans le coeur d'un amant.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (184), p.81, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  60. Rien n'est plus difficile à trouver qu'un véritable ami ; il est presque aussi rare dans la société que la pierre philosophale dans la chimie.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (185), p.82, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  61. La fidélité devient quelquefois infidèle ; et comme l'on aime plus son intérêt que son ami, il faut se défier souvent pour n'être guère trompé.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (186), p.83, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  62. Qui se confie sans connaissance court risque de s'en repentir avec raison.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (187), p.83, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  63. Où l'intérêt domine, la raison a beau parler, elle n'est guères écoutée.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (188), p.83, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  64. La confiance produit la fidélité dans les magnanimes et excite la trahison dans les lâches.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (189), p.84, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  65. Celui qui découvre son faible apprend ce qui le doit vaincre et par où il peut être vaincu ; Samson ne l'aurait jamais été s'il ne s'était découvert à sa maîtresse.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (190), p.84, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  66. Quelque ami qu'on ait, il ne lui faut jamais confier un secret où il y va de l'honneur où de la vie parce que le dommage de son infidélité ne se peut réparer.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (191), p.84, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  67. Un secret qui passe à un tiers n'est plus un secret.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (192), p.85, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  68. Comme l'odeur se dissipe si elle n'est bien fermée, de même un conseil s'évente s'il n'est bien secret.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (193), p.85, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  69. Les grands desseins doivent ressembler aux fontaines qui ne se purifient jamais mieux qu'en passant sous la masse des montagnes, et après avoir été longtemps cachés dans des canaux souterrains qui leur ont comme servi d'alambics, elles paraissent tout d'un coup au pied d'un rocher ; de même, les grands desseins doivent demeurer longtemps cachés et ils ne réussissent jamais mieux que quand on en ressent l'effet avant que de les avoir aperçus.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (194), p.86, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  70. Il est des héros de pensées et il en est d'action ; ceux-là conçoivent les grandes idées du bien et ceux-ci en produisent les oeuvres ; le bonheur appartient aux seconds et le mérite aux premiers.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (195), p.87, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  71. Le vulgaire ne juge jamais des choses que par l'événement ; il croit que rien n'est bien médité si l'effet ne suit l'intention ; mais les personnes d'esprit en jugent d'une autre manière et voient souvent plus de conduite et de courage dans un effort stérile que dans un succès avantageux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (196), p.87, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  72. Les ordres des souverains doivent être considérés avec respect et jamais avec curiosité ; c'est au vassal d'obéir et non pas de juger.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (197), p.87, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  73. L'obéissance aveugle est le partage des sujets comme l'absolue volonté est celle des monarques.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (198), p.88, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  74. Si les souverains sont justes ou tyrans, le blâme ou la louange qui leur est due ne dépend pas plus de leurs sujets que la récompense ou la punition, mais de la puissance de Dieu qui tient le coeur des rois en sa main et qui les meut comme il lui plaît.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (199), p.89, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  75. Les rois ne doivent jamais être seuls ni oisifs ; dans leurs cabinets, la prudence doit être avec eux et dans le repos leur étude.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (200), p.89, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  76. C'est une grande oisiveté à un grand prince que de penser aux victoires de l'avenir et sans répandre une goutte de sang, de défaire des troupes qui ne sont pas encore levées ; sans quitter son fauteuil courir partout le monde sur une carte, prendre les places qui bornent les frontières, soumettre les villes qui peuvent arrêter les armées et, pour tout dire en peu de mots, gagner autant de batailles et de provinces qu'il fait de bonnes méditations.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (201), p.90, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  77. Qui travaille pendant le repos de la paix se repose pendant le travail de la guerre.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (202), p.91, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  78. Archimède ne fut jamais plus heureux ni plus tranquille que lorsqu'il fit jouer ses machines de guerre contre Marcellus au siège de Siracuse parce qu'il les avait conçues à loisir et fait fabriquer dans l'apparente oisiveté du cabinet.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (203), p.91, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  79. Une sage retraite vaut mieux qu'une opiniâtre résistance ; c'est suivre la victoire de reculer à propos et courir à la mort de tenir ferme hors de raison.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (204), p.92, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  80. Il y a grande différence entre une déroute et une retraite : celle-ci voit l'honneur qui va devant elle ; et celle-là la laisse derrière soi. Qui se retire veut vaincre et celui qui fuit veut vivre.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (205), p.92, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  81. Les grands courages aiment mieux mourir avec gloire que de vivre sans honneur.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (206), p.93, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  82. Quand il faut absolument mourir, il faut le faire généreusement ; mais si l'on peut fuir la mort sans honte, on doit le faire sans crainte. Il n'appartient qu'aux rochers et à ceux qui ont leur dureté de résister aux tempêtes.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (207), p.93, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  83. Un brave homme souffre autant de reproches de sa conscience quand il a manqué de vaincre que quand il est vaincu. Si ce dernier malheur montre sa faiblesse, le premier découvre son imprudence.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (208), p.94, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  84. Celui qui entreprend doit mesurer son pouvoir avant que d'irriter celui des autres sinon il court risque d'être deux fois vaincus : la première par son ambition et la seconde par la force de son adversaire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (209), p.94, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  85. L'on peut quelquefois excuser l'infortune d'un homme, mais l'on ne doit jamais excuser sa témérité.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (210), p.95, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  86. L'homme est obligé d'être sage et non pas d'être heureux ; s'il a de la vertu, on ne lui doit jamais reprocher son infortune.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (211), p.95, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  87. Il n'est pas bon d'être malheureux, mais il est bon de l'avoir été.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (212), p.96, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  88. L'affliction est une excellente maîtresse : elle nous corrige de nos défauts et nous instruit autant pour notre bien que pour celui des autres.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (213), p.96, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  89. Qui voit avec indifférence les malheurs de son prochain ne doit pas trouver étrange si l'on regarde les siens sans compassion.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (214), p.96, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  90. Souvent nos amis nous deviennent indifférents sitôt que nous ne leur pouvons plus être utiles.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (215), p.97, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  91. L'on connaît les amis durant le besoin et les ennemis durant le malheur.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (216), p.97, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  92. Une honnêteté qui ne se fait point attendre en vaut deux ; et c'est faire un présent que d'avancer le paiement d'une dette.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (217), p.97, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  93. Qui méconnaît ses amis dans la prospérité mérite de n'en point trouver dans ses malheurs.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (218), p.98, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  94. L'on ne haït pas moins une personne qui nous refuse sa protection que celle qui nous persécute ; la raison est que nous jugeons bien qu'on nous désire le mal puisqu'on peu et qu'on ne veut pas nous en défendre.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (219), p.98, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  95. L'on dit bien vrai qu'on n'adore que le soleil levant ; celui qui se couche n'est regardé que pour tirer des présages du lendemain. De même, l'amitié de nos amis ne dure qu'autant de temps que notre fortune subsiste, celle-là s'évanouit d'abord que celle-ci diminue.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (220), p.99, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  96. Comme l'esprit de l'homme n'a pas moins d'inconstance que son coeur a d'infidélité, il faut penser également aux moyens qui empêchent la légèreté et qui forment la gratitude.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (221), p.99, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  97. Il est plus fâcheux d'avoir mal employé un bienfait que de n'en recevoir jamais ; c'est souvent la faute d'autrui quand on ne nous en fait pas, mais c'est toujours la nôtre quand nous choisissons mal ceux à qui nous en voulons faire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (222), p.100, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  98. L'ingratitude est le vice des âmes basses ; ceux qui ne savent pas reconnaître les grâces qu'ils ont reçues montrent qu'ils ne méritaient pas d'en avoir.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (223), p.100, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  99. Le plus méconnaissant n'est pas celui qui oublie le bienfait : ce peut être aussitôt un défaut de sa mémoire qu'un crime de sa volonté. Mais de jouir d'un bien reçu, de l'avoir toujours présent et de le dissimuler ou de mépriser celui qui en est l'auteur, c'est la dernière marque d'ingratitude.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (224), p.101, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  100. Il est mal aisé qu'un homme soit sage qui n'a point été trompé.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (225), p.102, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  101. La meilleure politique pour éviter les accidents de la vie est de ne faire amitié qu'avec les gens de bien.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (226), p.102, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  102. La fin qu'on se propose est la règle des actions, celui qui n'en a point mené une vie inconstante et pleine d'erreurs.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (227), p.102, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  103. La prévoyance va au-devant du péril pour le connaître ; la circonspection le regarde de tous les côtés et la précaution se met à couvert de ses attaques.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (228), p.103, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  104. La malice n'est agréable qu'à ceux qui s'en servent.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (229), p.103, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  105. Celui qui se plaint des maux qu'il souffre ne se souvient pas de ceux qu'il a faits.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (230), p.103, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  106. Quand un homme est affligé, il se doit interroger lui-même : le mal qu'il a pu faire lui représentera la justice de celui qu'il endure.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (231), p.104, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  107. Les peines et les souffrances que Dieu nous envoie dans ce monde sont autant de marques certaines qu'il nous veut épargner dans l'autre.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (232), p.104, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  108. Dieu n'a mis l'homme sur la terre que pour lui donner le moyen de mériter le Ciel. Qu'il ne s'étonne donc pas si l'injuste préférence qu'il fait des richesses d'ici-bas à celles de là-haut lui donne autant de peines et d'inquiétudes ; c,est la punition qui est attachée à ce faux plaisir afin que les sujets de ses égarements deviennent les instruments de ses souffrances.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (233), p.104, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  109. Dieux, pour empêcher que nous le quittions pour suivre des créatures, nous laisse persécuter par celles que nous aimons afin que voulant fuir leur tyrannie, nous retournions vers sa bonté.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (234), p.105, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  110. L'on s'approche de Dieu à mesure qu'on s'éloigne du monde.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (235), p.106, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  111. Plus notre croix paraît grande et plus elle s'approche du Ciel.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (236), p.106, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  112. Il n'y a rien en cette vie qui ne soit d'autant plus déplorable qu'on le pleure moins et qui ne le soit d'autant moins qu'on le pleure davantage.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (237), p.106, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  113. Si Démocrite avait raison de rire de la folie des hommes, Héraclite n'avait pas tort d'en pleurer ; ceux qui ont de l'amitié pour leur prochain sont touchés de compassion quand ils se représentent son aveuglement volontaire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (238), p.107, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  114. Que l'homme est malheureux et que son sort est à plaindre : tantôt il déplore la vie, et tantôt il appréhende la mort ; il est toujours irrésolu et l'état le plus heureux ne saurait le satisfaire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (239), p.107, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  115. Il n'y a rien au monde qui ne soit sujet au changement ; ce qui est agréable aujourd'hui ne l'est pas demain : le gouvernement le plus doux devient fâcheux, la grandeur la moins vaine paraît superflue et la meilleure compagnie est ennuyeuse quand elle est ordinaire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (240), p.108, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  116. Toutes les choses ont leur période et rien ne fait tant craindre leur décadence que le dernier point de leur grandeur.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (241), p.109, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  117. Le jugement est la chose du monde la mieux partagée ; les plus difficiles à se contenter n'ont pas accoutumé d'en désirer d'avantage.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (242), p.109, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  118. La plupart des actions des hommes sont fardées et n'ont rien que l'apparence.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (243), p.110, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  119. Les habits magnifiques et l'air de qualité ne sont pas toujours des marques que l'on sait ce qu'on affecte de paraître.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (244), p.110, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  120. Il y a des gens naturellement stupides qui croient bien cacher leurs défauts par une gravité apparente ; mais comme ils ressemblent au Geai de la fable paré d'un plumage étranger, bientôt on les reconnaît pour ce qu'ils sont.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (245), p.110, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  121. Il y a des gens qu'on estime malhonnêtes qui ne le sont que par grossièreté, ne sachant pas tous les devoirs de la bienséance.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (246), p.111, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  122. La véritable honnêteté est toujours simple : elle fuit l'ostentation et il y en a quelquefois autant à se taire qu'à parler.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (247), p.111, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  123. Il n'y a point de sage qui n'ait été fou et de fou qui ne puisse devenir sage.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (248), p.112, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  124. Les fous sont plus utiles aux sages que les sages aux fous ; parce que les sages observent bien les dérèglements des fous et les fous ne peuvent pas discerner les bons exemples des sages.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (249), p.112, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  125. Il ne faut pas s'étonner s'il y a si peu de sages : tout le monde le croit être et c'est assez pour ne l'être pas.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (250), p.112, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  126. La vie est une espèce de comédie qui n'est pas plutôt achevée que chaque personnage reprend sa première condition, et tous se trouvent égaux après la fin de la pièce.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (251), p.113, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  127. Il ne faut jamais juger du mérite des hommes par l'éclat de leurs emplois.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (252), p.113, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  128. Il faut apprendre à se connaître soi-même avant que de connaître les autres.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (253), p.114, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  129. La faiblesse de l'esprit tourmente le corps aussi bien que la haute suffisance : l'une mine par le désespoir ce que l'autre perd par des entreprises trop violentes.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (253 bis), p.114, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  130. La plus belle victoire est de se vaincre soi-même ; et lorsqu'on a cet avantage, on l'a souvent sur les autres.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (254), p.114, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  131. Ce ne sont pas toujours les offenses qui nous tourmentent, mais l'imagination de les avoir reçues.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (255), p.115, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  132. Les esprits qui s'irritent par les offenses se peuvent adoucir par les services.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (256), p.115, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  133. Il y a des gens qui ne sont honnêtes que dans le discours.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (257), p.115, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  134. Le silence des méchants est une occupation dangereuse : ils cherchent souvent à se méconnaître et à dépayser les autres sur ce qu'ils font.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (258), p.116, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  135. Les artificieux sont bien représentés par le noeud gordien : ils se couvent avec tant d'adresse et cherchent tant de détours pour n'être pas découverts que c'est perdre le temps de les vouloir étudier. Il faut que l'exemple d'Alexandre, qui trancha cette difficulté d'un seul coup d'épée, serve de leçon aux sages pour rompre d'abord tout commerce avec eux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (259), p.116, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  136. Un méchant qui veut s'élever se fait des degrés de toute chose : il tâche de monter par le crime quand il ne le peut par la vertu ; mais souvent son élévation cause son abaissement ; et comme elle n'est fondée que sur un appui ruineux, il ne touche le faite que pour tomber dans le précipice.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (260), p.117, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  137. L'esprit et le coeur sont les deux sources principales de notre bien ou de notre mal.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (261), p.118, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  138. Pour être sage, il faut que l'esprit et la raison soumettent le coeur ; et pour être méchant, il faut que le coeur domine la raison et l'esprit.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (262), p.118, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  139. Il faut être bien avec les honnêtes gens et jamais mal avec les autres.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (263), p.118, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  140. Pour ne souffrir pas l'injure, il ne faut pas se l'attirer.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (264), p.119, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  141. Les prétextes sont aux méchants ce que les forêts sont aux voleurs pour exercer leur cruauté.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (265), p.119, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  142. Les injures sont toujours sensibles et laissent d'ordinaire un désir de vengeance à ceux qui les ont reçues.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (266), p.119, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  143. Ceux qui offensent ne pardonnent point parce que sachant bien qu'on ne peut oublier une injure, ils craignent toujours la vengeance de celles qu'ils ont faites. Le désespoir du pardon leur inspire souvent le dessein de quelque nouvel outrage.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (267), p.120, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  144. Celui qui aime bien n'offense point et ne peut être offensé.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (268), p.120, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  145. Les illustres ne sont jamais méprisés que par ceux qui sont méprisables.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (269), p.121, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  146. Le mépris que nous faisons de nos ennemis est souvent la cause de notre perte.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (270), p.121, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  147. Il faut repousser la force par la force et souvent l'injure par le mépris.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (271), p.121, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  148. Rien n'est plus capable de faire cesser la calomnie que le mépris qu'on en fait.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (272), p.122, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  149. Qui peut sacrifier aux grâces peut être assuré de l'amour.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (273), p.122, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  150. Il n'y a point de plus grande haine que celle qui succède à une grande amitié.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (274), p.122, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  151. Il faut aimer comme si l'on devait haïr et haïr comme si l'on devait aimer.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (275), p.122, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  152. L'amitié sans la crainte produit le mépris et la crainte sans l'amitié engendre la haine.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (276), p.123, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  153. Celui qui ne sait pas se faire respecter est souvent regardé comme un cadavre ; et celui qui est haï, comme un tyran.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (277), p.123, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  154. Il faut souffrir quand on ne peut punir.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (278), p.124, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  155. Qui ne peut empêcher une chose sans danger en doit dissimuler la connaissance et souffrir de petits maux pour en éviter de plus grands.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (279), p.124, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  156. Celui qui dissimule un affront fait croire qu'il ne le connaît pas ou bien qu'il le méprise ; et celui qui veut se venger, et qui ne le peut, montre sa faiblesse et s'expose à d'autres injures.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (280), p.124, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  157. On ne saurait mieux punir ses ennemis qu'on leur faisant du bien.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (281), p.125, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  158. La clémence est la vertu des rois : elle les rend, disait un Ancien, semblables aux dieux. Il n'y a rien de si beau que de pardonner quand on le peut sans injustice. Alexandre le Grand disait que la valeur était plus nécessaire pour mépriser ou pour souffrir une offense que pour s'en venger. L'un, suivant PIthacus, est un effet d'humanité et l'autre souvent de barbarie.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (282), p.125, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  159. Si c'est une haute vertu de pardonner. Comme disent les lois, ce n'est pas un crime de punir quand la punition est légitime.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (283), p.126, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  160. Il se trouve un funeste enchaînement entre les crimes et une charmante société entre les vertus bien qu'elles semblent en quelque façon opposés comme ont toujours paru la charité et la justice ; l'une est tendre, l'autre insensible ; l'une est douce, l'autre sévère ; l'une est soumise, l'autre impérieuse ; et toutes deux conduisent par différentes voies à la perfection qui doit être notre fin.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (284 ), p.126, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)