Citations ajoutées le 04 février 2008

Erik Orsenna

  1. Les histoires sont comme les trains, ou comme les amours : qui peut les contrôler ?
    (La révolte des accents, p.9, Stock, 2007)
     
  2. [...] gourmande de voir...
    (La révolte des accents, p.12, Stock, 2007)
     
  3. Un port est une ville habitée par des gens qui ne tiennent pas en place.
    (La révolte des accents, p.16, Stock, 2007)
     
  4. L'accordéon est le meilleur ami du marin. Il souffle comme le vent, il grince comme les poulies, et fait danser comme les vagues.
    (La révolte des accents, p.20, Stock, 2007)
     
  5. Grâce à la musique, on voit plus clair, plus loin qu'avec les yeux.
    (La révolte des accents, p.25, Stock, 2007)
     
  6. Il se contenta de poser sa main droite sur son épaule. Une main légère comme un oiseau. Souvent, toucher, effleurer même, vaut mieux que parler.
    (La révolte des accents, p.40, Stock, 2007)
     
  7. Un souvenir [...] est souvent le père d'une idée.
    (La révolte des accents, p.65, Stock, 2007)
     
  8. Il était une fois...

    Je ne sais pas vous, mais moi, dès que j'entends ces quatre mots, je ronronne, je m'abandonne, je prends la mer ou je m'envole, je m'étends, je m'agrandis [...]

    (La révolte des accents, p.76, Stock, 2007)
     

Maurice Chapelan

  1. Ainsi ai-je mis dans ce livre un peu de tout du peu que je peux.
    (Amoralités familières (Préface), p.12, Grasset, 1964)
     
  2. Rien n'exprime plus fortement une pensée qu'on n'attendait pas que les mots les plus attendus.
    (Amoralités familières, p.17, Grasset, 1964)
     
  3. Impossible d'être pris au sérieux par certains esprits, lourdement frivoles, si l'on n'a mais quelque obscurité et beaucoup d'ennui dans son ouvrage.
    (Amoralités familières, p.18, Grasset, 1964)
     
  4. Il faut cultiver l'art difficile d'être mécontent de soi.
    (Amoralités familières, p.20, Grasset, 1964)
     
  5. Penser, c'est parler de bouche à oreille qui ne sont qu'un.
    (Amoralités familières, p.22, Grasset, 1964)
     
  6. Lourde, légère, sombre, claire, transparente, opaque, fine, épaisse, profonde, etc..., la pensée se manifeste souvent avec les attributs de la matière.
    (Amoralités familières, p.22, Grasset, 1964)
     
  7. Les ruminations d'un esprit s'organisent autour de trois ou quatre idées, à partir desquelles, sa vie durant, il faut qu'il broute, attaché à chacune comme à un piquet.
    (Amoralités familières, p.23, Grasset, 1964)
     
  8. L'étendue d'un esprit n'est pas dans le nombre de choses qu'il sait, mais des questions qu'il sait se poser sur les choses.
    (Amoralités familières, p.23, Grasset, 1964)
     
  9. Le style doit être à la pensée comme les barreaux aux montants d'une échelle.
    (Amoralités familières, p.24, Grasset, 1964)
     
  10. Les grammairiens sont des sages : quand les journaux annoncèrent qu'une fusée russe avait touché la lune, ils en conclurent qu'allunir et allunissage devaient s'écrire avec deux l.
    (Amoralités familières, p.27, Grasset, 1964)
     
  11. Dictez la phrase suivante : Dans les grands bois volétunestelle mélétunesséménavélève. Peu de gens sauront écrire : Dans les grands bois, vos laitues naissent-elles ? Mes laitues naissent et mes navets lèvent. Ce sont les grands bois qui égarent.
    (Amoralités familières, p.29, Grasset, 1964)
     
  12. Qui nous incite à dire, surtout pour le contredire, est un maître.
    (Amoralités familières, p.30, Grasset, 1964)
     
  13. Le vernis est la netteté des petits maîtres.
    (Amoralités familières, p.31, Grasset, 1964)
     
  14. Politique - Mal faire et ne pas laisser dire.
    (Amoralités familières, p.39, Grasset, 1964)
     
  15. Ma façon de voyager dans les livres : nul souci de voir tout, ni moins encore ce qu'il passe pour falloir avoir vu, mais une flânerie, la curiosité et le plaisir pour guides, avec des haltes où rêver et se visiter soi-même.
    (Amoralités familières, p.41, Grasset, 1964)
     
  16. Si l'on savait les chefs-d'oeuvre qu'il est inexcusable de ne pas connaître, que pourtant je ne connais pas et dont je me moque, on me donnerait sur les doigts et me renverrait à l'école.
    (Amoralités familières, p.41, Grasset, 1964)
     
  17. L'insomnie, avant l'immense fatigue qu'elle engendre, est excitante et euphorisante.
    Lire au lit, à quatre heures du matin, parce que le sommeil vous fuit, amène à découvrir dans les livres, et dans sa cervelle, des lumières qui ne s'y montreraient pas en plein jour.

    (Amoralités familières, p.42, Grasset, 1964)
     
  18. Mémoire simplificatrice.
    Rivarol a écrit « Les peuples les plus civilisés sont aussi voisins de la barbarie que le fer le plus poli l'est de la rouille. » Que j'ai retenu, et cité cent fois, sous cette forme « La civilisation est aussi près de la barbarie que le fer doux de la rouille. »

    (Amoralités familières, p.45, Grasset, 1964)
     
  19. Ce que les livres m'ont appris de plus précieux : savoir m'en passer.
    (Amoralités familières, p.49, Grasset, 1964)
     
  20. Désespéré, le papier n'en saura rien si je n'ai pas le désespoir enthousiaste.
    (Amoralités familières, p.50, Grasset, 1964)
     
  21. Mon allure naturelle est l'improvisation réfléchie.
    (Amoralités familières, p.50, Grasset, 1964)
     
  22. Qui me conteste m'atteste.
    (Amoralités familières, p.51, Grasset, 1964)
     
  23. J'ai formulé, pour un ami, ce que je crois être l'un des grands secrets du style.
    L'oeuvre achevée, se relire avec l'intention de rayer tous les adjectifs. La plupart se laissent faire et enrichissent le texte par leur absence. La suppression de quelques autres crée un vide qu'il s'agit de savoir combler. Très peu résistent, qui méritent seuls d'être maintenus.

    (Amoralités familières, p.54, Grasset, 1964)
     
  24. Je préfère passer à côté de mon temps que de moi.
    (Amoralités familières, p.57, Grasset, 1964)
     
  25. - Enfin, si vous écrivez, c'est pour être lu ?
    - Non : relu.

    (Amoralités familières, p.57, Grasset, 1964)
     
  26. Une famille est un archipel.
    (Amoralités familières, p.63, Grasset, 1964)
     
  27. L'avoir sans la voir, ou la voir sans l'avoir ?
    (Amoralités familières, p.64, Grasset, 1964)
     
  28. - Mais dans dix ans ? dit-elle.
    - J'ôterai mes lunettes.

    (Amoralités familières, p.66, Grasset, 1964)
     
  29. L'ami, le seul, est celui avec qui l'on pourrait vivre comme avec une femme.
    (Amoralités familières, p.71, Grasset, 1964)
     
  30. La loi du coffre et de la demande.
    (Amoralités familières, p.77, Grasset, 1964)
     
  31. La télévision permet une expérience salutaire : garder l'image en supprimant le son. Cela transforme les politiciens en guignols, où le mensonge des gestes et du regard n'est plus masqué par l'écran des mots.
    (Amoralités familières, p.78, Grasset, 1964)
     
  32. Les agneaux n'ont jamais converti les loups en égorgeurs.
    (Amoralités familières, p.78, Grasset, 1964)
     
  33. Il y a des abandons loyaux et des fidélités qui trahissent.
    (Amoralités familières, p.79, Grasset, 1964)
     
  34. Un visage est mobile, un masque non.
    (Amoralités familières, p.79, Grasset, 1964)
     
  35. La sagesse est pour les sages, la religion pour les fous.
    Et la philosophie ?
    Pour les professeurs.

    (Amoralités familières, p.80, Grasset, 1964)
     
  36. Un pessimiste n'est jamais déçu.
    (Amoralités familières, p.80, Grasset, 1964)
     
  37. Il paraît moins épouvantable d'être mort depuis dix siècles que depuis la veille.
    (Amoralités familières, p.82, Grasset, 1964)
     
  38. L'homme intelligent a de commun avec l'imbécile de croire que celui qui ne pense pas comme lui est un imbécile.
    (Amoralités familières, p.85, Grasset, 1964)
     
  39. Quand un philosophe a bouclé son système, il est aussi avancé qu'un maçon qui aurait construit autour de lui-même un tombeau.
    (Amoralités familières, p.87, Grasset, 1964)
     
  40. Les hommes sont toujours prêts à tuer ou à mourir pour leurs incertitudes.
    (Amoralités familières, p.90, Grasset, 1964)
     
  41. La religion fait deux sortes de martyrs : pour elle, par elle. Où, les plus nombreux ?
    (Amoralités familières, p.90, Grasset, 1964)
     
  42. Le point fixe, le point d'appui, le refuge, ce peut être d'avoir présent à l'esprit qu'il n'y en a pas.
    (Amoralités familières, p.98, Grasset, 1964)
     
  43. Je n'arrive pas à me faire à l'idée que je suis un homme mûr.
    (Amoralités familières, p.101, Grasset, 1964)
     
  44. Les gens de mon âge me paraissent plus âgés que moi.
    (Amoralités familières, p.102, Grasset, 1964)
     
  45. La liberté de ma pensée est mon illusion la plus chère.
    (Amoralités familières, p.127, Grasset, 1964)
     
  46. Dans plusieurs domaines, j'aurai fait porter mon effort à devenir indifférent. Peut-être pour y avoir réussi sur quelques points suis-je resté sur d'autres d'une vulnérabilité excessive. Par exemple, je me suis guéri à temps d'une mère qui ne m'aimait pas, mais ne suis pas encore parvenu à accepter sans grogner qu'on me serve un gigot trop cuit.
    (Amoralités familières, p.127, Grasset, 1964)
     
  47. Je me sens fait moitié d'où je viens, moitié d'où je veux aller.
    (Amoralités familières, p.128, Grasset, 1964)
     
  48. Il y a des jours où je n'y suis pour personne - y compris moi.
    (Amoralités familières, p.130, Grasset, 1964)
     
  49. Deux sortes de solitudes : qu'on se fait, que les autres nous font.
    (Amoralités familières, p.131, Grasset, 1964)
     
  50. Tant qu'il y a de l'ordre en moi, le désordre autour de moi m'indiffère. S'il me prend une crise de rangement, c'est infailliblement le signe que cela ne tourne plus rond dans mon esprit.
    (Amoralités familières, p.132, Grasset, 1964)
     
  51. Je ne décrie pas, je décris.
    (Amoralités familières, p.140, Grasset, 1964)
     
  52. Je voudrais bien savoir ce que j'en pense.
    (Amoralités familières, p.145, Grasset, 1964)
     
  53. Si je crois aux miracles ? Je ne crois même qu'à cela. Il me suffit d'ouvrir les yeux et d'écouter battre mon coeur.
    (Amoralités familières, p.149, Grasset, 1964)
     
  54. L'art est satanique. Il exige de l'artiste un gauchissement des vertus chrétiennes : il a la foi, mais en son oeuvre, il espère, mais en sa réussite, il remplace la charité par l'égoïsme du créateur. S'il se sacrifie, c'est à cette oeuvre, dont il se fait une idole. Il se prend lui-même pour centre et veut refaire le monde à son image. Son ambition est luciférienne.
    (Amoralités familières, p.150, Grasset, 1964)
     
  55. Il faudra s'habituer à être un vieil homme - ou mort.
    (Amoralités familières, p.152, Grasset, 1964)