Citations ajoutées le 24 juin 2007

Joël Egloff

  1. Onze heures dix, nom de Dieu ! Où passe le temps ?
    (Les Ensoleillés, p.19, Gallimard/Folio n°3651)
     
  2. Un grand barman, c'est celui qui est en harmonie avec le buveur. C'est un félin, rapide, souple, discret. Quelqu'un qui vous ressert sans faire de bruit, comme si jamais vous ne lui aviez demandé.
    (Les Ensoleillés, p.69, Gallimard/Folio n°3651)
     
  3. Comme le soufflet sur la braise, certains aiment attiser les histoires ordinaires, pour qu'elles se compliquent, qu'elles se consument, et que naissent de petites flammes de désespoir, au-dessus desquelles ils ont plaisir à se frotter les mains.
    (Les Ensoleillés, p.90, Gallimard/Folio n°3651)
     

Maurice Chapelan

  1. J'attends d'un auteur qu'il me parle de lui, c'est-à-dire de moi : qu'il augmente la conscience que j'ai de moi-même par identification ou par opposition avec la sienne.
    (Lire et Écrire, p.13, Grasset, 1960)
     
  2. Je doute qu'un écrivain ait des idées qui méritent vraiment d'être dites, quand il n'a pas vraiment un style pour me les dire.
    (Lire et Écrire, p.16, Grasset, 1960)
     
  3. Les laideurs du génie lui sont aussi consubstantielles que ses beautés.
    (Lire et Écrire, p.20, Grasset, 1960)
     
  4. Le mot de Royer-Collard à Vigny : « Je ne lis rien, je relis » Pas si bête ! On choisit ce qu'on relit ; ce qu'on lit pour la première fois nous fait presque toujours perdre notre temps.
    (Lire et Écrire, p.27, Grasset, 1960)
     
  5. Ne pas vouloir tout aimer et savoir aimer vraiment ce qu'on aime ; cela, qui paraît facile, ne s'obtient de soi que par force.
    (Lire et Écrire, p.28, Grasset, 1960)
     
  6. Il y a d'immenses jardins de la culture que j'ignore, mais une abeille n'a pas besoin de toutes les fleurs.
    (Lire et Écrire, p.28, Grasset, 1960)
     
  7. L'imagination fait les romanciers ; son absence, leurs lecteurs.
    (Lire et Écrire, p.29, Grasset, 1960)
     
  8. Ce sont les livres que mon esprit respecte que ma main fatigue.
    (Lire et Écrire, p.32, Grasset, 1960)
     
  9. On cite, sans les avoir lus, les ouvrages dont la renommée suffit à écarter le doute qu'on les ignore, et l'on se flatte de connaître tel auteur obscur, donnant à penser par là qu'on possède tous les autres, qui le sont moins.
    (Lire et Écrire, p.34, Grasset, 1960)
     
  10. Instruction : des pierres dans un sac. Culture : une graine dans un pot. Si grand le sac et nombreuses les pierres, rien n'y pousse. Si modeste la graine et petit le pot, cela germe, croît et fleurit. Et c'est parce que les esprits sont ou des sacs ou des pots, qu'il arrive qu'on rencontre plus de culture chez un cordonnier de village que sous la toque d'un professeur en Sorbonne.
    (Lire et Écrire, p.34, Grasset, 1960)
     
  11. Le plus à plaindre sont ceux qui ne savent pas ce qu'ils n'ont pas appris.
    (Lire et Écrire, p.35, Grasset, 1960)
     
  12. Le rire est un désinfectant.
    (Lire et Écrire, p.37, Grasset, 1960)
     
  13. Excellentes, les oeuvres qui nous mettent en appétit d'écrire : non pas comme elles, comme nous ; qui nous donnent une méthode, non point une formule, et nous excitent à notre vérité.
    (Lire et Écrire, p.39, Grasset, 1960)
     
  14. Une pensée libre et légère. La conviction pèse sur la langue et le style du poids d'un boeuf.
    (Lire et Écrire, p.40, Grasset, 1960)
     
  15. [J'écris] parce que j'ai tellement le sentiment de n'être personne, que je voudrais bien faire croire aux autres que je suis quelqu'un.
    (Lire et Écrire, p.41, Grasset, 1960)
     
  16. Un bon style se doit d'abord de supprimer tout vide entre le sens et l'expression. À ce prix, un propos même insignifiant garde une vertu.
    (Lire et Écrire, p.41, Grasset, 1960)
     
  17. Les grands écrivains vont de la distorsion à la rectitude et de l'ornement à la nudité.
    (Lire et Écrire, p.41, Grasset, 1960)
     
  18. Souvent, qui n'a pas la source se fait fleuve.
    (Lire et Écrire, p.42, Grasset, 1960)
     
  19. Les mots sont des pièges, où il s'agit de prendre sans être pris.
    (Lire et Écrire, p.42, Grasset, 1960)
     
  20. La virtuosité mécanise : elle substitue l'ivresse de l'outil à celle de l'esprit et du coeur. Tout virtuose est un artiste moindre.
    (Lire et Écrire, p.45, Grasset, 1960)
     
  21. Auteurs de journaux intimes, on vous appelle diaristes : quelle horreur !
    (Lire et Écrire, p.47, Grasset, 1960)
     
  22. Il n'est pas commun d'avoir le courage de se montrer simplement tel qu'on est : la plupart se drapent, se maquillent, et c'est par le fard et les plis qu'ils rancissent et s'empoussièrent. La jouvence : être vrai.
    (Lire et Écrire, p.48, Grasset, 1960)
     
  23. Se corriger, en littérature, c'est presque toujours soustraire. En morale aussi.
    (Lire et Écrire, p.55, Grasset, 1960)
     
  24. J'aime assez que le coeur dicte, que l'imagination écrive et que l'esprit corrige.
    (Lire et Écrire, p.55, Grasset, 1960)
     
  25. Plaire vous dilate, déplaire vous contracte.
    (Lire et Écrire, p.58, Grasset, 1960)
     
  26. J'écris pour me surprendre, c'est-à-dire à la fois pour me découvrir et pour m'étonner.
    (Lire et Écrire, p.59, Grasset, 1960)
     
  27. Je me recueille, m'accueille, me cueille.
    (Lire et Écrire, p.59, Grasset, 1960)
     
  28. Je connais un nain modeste : il se croit un petit géant.
    (Lire et Écrire, p.75, Grasset, 1960)
     
  29. L'intelligence n'infatue pas.
    (Lire et Écrire, p.78, Grasset, 1960)
     
  30. Qui s'écoute parler et se regarde écrire par la langue ou la plume est de l'espèce pire.
    (Lire et Écrire, p.78, Grasset, 1960)
     
  31. Mieux vaut être stérilisé par l'intelligence que fécondé par la sottise.
    (Lire et Écrire, p.80, Grasset, 1960)
     
  32. Il y a un confort de l'oeil et de l'esprit à vivre dans une pièce tapissée de livres. Même si on ne les ouvre jamais. Mais cela ne peut être senti que par quelqu'un qui les a beaucoup ouverts.
    (Lire et Écrire, p.81, Grasset, 1960)
     
  33. Il n'y a pas d'autre façon de lire qu'entre les lignes : c'est là, dans ce petit espace blanc, que chacun écrit - donc lit - au fur et à mesure l'ouvrage que ses yeux déchiffrent. Et l'écrit avec ses moyens propres, fort différentes d'un lecteur à l'autre, ce qui explique que deux personnes, voire deux critiques, parlant de tel livre, ont souvent l'air de ne pas avoir lu le même.
    (Lire et Écrire, p.81, Grasset, 1960)
     
  34. Les meilleurs livres sont ceux que nous choisissons parce que nous avons le sentiment que leur auteur nous a choisis : ils nous parlent à l'oreille.
    (Lire et Écrire, p.81, Grasset, 1960)
     
  35. Je crois que le premier trait d'un moraliste est l'intériorité du regard, et qu'il ne parvient ordinairement à la curiosité d'autrui que pour avoir été curieux d'abord de soi. Déçu par un homme, qui est lui-même, il se retourne vers les hommes. Il se regarde en eux, après les avoir regardés en lui, et ce jeu de miroirs fait à la fois la lumière et le mouvement de sa pensée. Quelles que soient souvent les apparences, ne dites pas trop vite que ce regard-là est cruel, car s'il brille de lucidité, c'est forcément aussi de sympathie.
    (Lire et Écrire, p.85, Grasset, 1960)
     
  36. [...] les mots pensent plus souvent pour nous que nous ne pensons par eux [...]
    (Lire et Écrire, p.88, Grasset, 1960)
     
  37. Un écrivain ne lit pas ses confrères : il les surveille.
    (Lire et Écrire, p.90, Grasset, 1960)
     
  38. Lisez qui vous délivre et non point qui vous lie.
    (Lire et Écrire, p.91, Grasset, 1960)
     
  39. Il n'y a pas de meilleur café que la lecture des classiques.
    (Lire et Écrire, p.92, Grasset, 1960)
     
  40. Prédilection pour qui m'oblige à le relire, dans le moment même que je le lis, remontant à l'entrée d'une phrase d'où j'allais sortir, pour le plaisir d'en parcourir de nouveau, soit le jaillissement, soit les méandres et la ciselure. Ce peut être dix fois de suite que je me donne ce plaisir-là.
    (Lire et Écrire, p.93, Grasset, 1960)
     
  41. Plus que les pensées qui offrent un beau sens à l'esprit, j'aime celles dont la chaleur et le mouvement le gagnent, le poussent sur des chemins buissonniers, où il en rencontre d'autres que l'auteur n'avait pas prévues.
    (Lire et Écrire, p.95, Grasset, 1960)
     
  42. Rouvré-je un livre, je n'ai qu'à courir aux passages que j'ai cochés au crayon : ils me sont une anthologie. Mais il m'arrive de ne plus comprendre pourquoi j'ai coché telle chose, devenue terne à mes yeux, ou négligé telle autre, qui maintenant m'éblouit.
    (Lire et Écrire, p.104, Grasset, 1960)
     
  43. Je lis, élis, relie et relis.
    (Lire et Écrire, p.105, Grasset, 1960)
     
  44. Pensé-je à tous les livres que je n'ai pas lus, ni ne lirai jamais, il me monte un soupir aux lèvres, comme un homme qu'on vient d'arracher à l'asphyxie sous une montagne de briques.
    (Lire et Écrire, p.105, Grasset, 1960)
     
  45. Je suis de ces gens, je crois peu répandus, qui savent, non par calcul, mais curiosité et pour le plaisir, écouter les autres parler de soi, et je souris de ces bavards égoïstes qui, après m'avoir entretenu de leurs affaires pendant des heures, se rappelant tout soudain que j'existe, se mettent à me demander : « Et vous, mon cher ? » À peine répondu : « Eh bien, moi... », les voilà partis - ou repartis sur eux-mêmes !
    (Lire et Écrire, p.114, Grasset, 1960)
     
  46. Bien penser, c'est d'abord bien écrire, et l'acquisition préalable de cet outil, qu'est le style, est le seul moyen de pouvoir défricher ensuite les étendues de notre cerveau.
    (Lire et Écrire, p.116, Grasset, 1960)
     
  47. Les uns croient, les autres pensent.
    Non que je pense qu'une croyance ne peut pas conduire à la pensée, ni que je croie que la pensée ne puisse aboutir à une foi. Chesterton et Pascal suffisent pour illustrer l'un et l'autre. Mais qui pense à partir d'une croyance, ou croit à partir d'une pensée, se meut à l'intérieur d'un cercle, sans aucun moyen d'en sortir.
    Or le propre de la pensée est de refuser qu'on l'enferme.

    (Lire et Écrire, p.116, Grasset, 1960)
     
  48. Tout ce qu'on peut dire, c'est que nos pensées nous forment quelquefois et nous déforment souvent.
    (Lire et Écrire, p.117, Grasset, 1960)
     
  49. Il est plus facile de faire tourner ou tomber des têtes avec ses écrits, que d'en former de bonnes.
    (Lire et Écrire, p.117, Grasset, 1960)
     
  50. Presque rien n'a été assez bien dit.
    (Lire et Écrire, p.118, Grasset, 1960)
     
  51. C'est en creusant son particulier qu'on rencontre l'universel.
    (Lire et Écrire, p.119, Grasset, 1960)
     
  52. Il ne suffit pas de lutter contre ses défauts. Il faut lutter aussi contre ses dons - pour les accroître.
    (Lire et Écrire, p.126, Grasset, 1960)
     
  53. Il y a des mots trop bruyant pour ce qu'ils expriment ; d'autres insuffisamment sonores. Dans une phrase parfaite, le son doit aider au sens et la musique des syllabes accompagner sans fausse note celle de la pensée.
    (Lire et Écrire, p.129, Grasset, 1960)
     
  54. Gardez votre sérieux. Je veux dire : gardez-le pour vous et lassez-moi rire.
    (Lire et Écrire, p.130, Grasset, 1960)
     
  55. Les bons écrivains se distinguent aussi, entre autres choses, aux ressources infinies qu'ils tirent des verbes avoir, être et faire. Les mauvais, à leurs efforts prétentieux pour en éviter l'emploi.
    (Lire et Écrire, p.131, Grasset, 1960)
     
  56. Il faut plus de temps pour faire court : celui que l'auteur n'a pas voulu perdre, son lecteur le perd.
    (Lire et Écrire, p.133, Grasset, 1960)
     
  57. Travailler à se connaître, façon radicale de se transformer en objet : Je est un autre. Et qui croit se connaître connaît cet autre qu'il est devenu, différent de ce qu'il eût été invisible.
    (Lire et Écrire, p.135, Grasset, 1960)
     
  58. Une pensée bien exprimée est toujours musicale.
    (Lire et Écrire, p.137, Grasset, 1960)
     
  59. Une oeuvre a l'âge de son style.
    (Lire et Écrire, p.137, Grasset, 1960)
     
  60. Tant qu'on ne renonce pas à écrire, quel que soit le pessimisme qu'on y affiche, on n'a pas désespéré du reste.
    (Lire et Écrire, p.137, Grasset, 1960)
     
  61. « Il y a d'étranges écrivains - et non des pires - chez qui la réflexion improvise et l'inspiration corrige. » (Antonio Machado, Juan de Mairena.)
    (Lire et Écrire, p.155, Grasset, 1960)
     
  62. Comment aimerais-je écrire ? Avec la bonhomie de Montaine, la profondeur de Pascal, l'esprit de Voltaire, la verve de Diderot, le naturel de Stendhal, la délicatesse de Joubert, la subtilité de Valéry... Davantage : un je ne sais quoi, qu'il ne m'appartient pas de définir, mais que je voudrais bien voir les autres voir dans ce que j'écris.
    (Lire et Écrire, p.156, Grasset, 1960)
     

Pierre Du Ryer

  1. Mon enfer est partout où sa beauté n'est pas.
    (Les Vendanges de Suresnes, acte 1 sc. 1 (Tirsis) p.4, inThéâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  2. [...] les yeux ont le pouvoir,
    En matière d'amour, de parler et de voir.

    (Les Vendanges de Suresnes, acte 1 sc. 6 (Lisette) p.18, inThéâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  3. Monsieur, du premier coup on ne fend pas les marbres,
    Et du premier effort on n'abat pas les arbres.

    (Les Vendanges de Suresnes, acte 2 sc. 1 (Guillaume) p.22, inThéâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  4. [...] on ne venge que ceux qu'on n'a pas à mépris.
    (Les Vendanges de Suresnes, acte 2 sc. 3 (Dorimène) p.26, inThéâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  5. Quiconque a de l'amour le connaît en autrui.
    (Les Vendanges de Suresnes, acte 2 sc. 4 (Florice ) p.28, inThéâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  6. Souvent l'opinion fait ou finit nos maux.
    (Les Vendanges de Suresnes, acte 2 sc. 4 (Lisette) p.28, inThéâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  7. Lisette, me dit-elle, en ce temps où nous sommes,
    Pour te faire estimer, n'estime point les hommes ;
    Si tu veux toutefois approuver leur amour,
    Aime deux, trois amants, et fais-en chaque jour ;
    N'aie point d'autres soins que pour cet exercice ;
    Pour y mieux réussir emprunte l'artifice ;
    On ne peut trop avoir de ces biens inconstants
    Dont la perte se fait toujours en peu de temps.

    (Les Vendanges de Suresnes, acte 2 sc. 4 (Lisette) p.28, inThéâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  8. [...] plus on a de mets plus on fait bonne chère.
    (Les Vendanges de Suresnes, acte 2 sc. 4 (Lisette) p.29, inThéâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  9. Où l'amour ne peut rien, usons de la finesse.
    (Les Vendanges de Suresnes, acte 2 sc. 4 (Florice) p.30, inThéâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  10. L'ingrate me condamne à mourir dans la flamme
    Que l'éclat de ses yeux alluma dans mon âme.

    (Les Vendanges de Suresnes, acte 3 sc. 1 (Tirsis) p.38, inThéâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  11. Vous désirez l'amour de ce sexe inconstant
    Comme le plus grand bien que votre esprit attent.
    Mais si pour l'acquérir bien souvent on se gêne,
    À se le conserver on n'a pas moins de peine.

    (Les Vendanges de Suresnes, acte 3 sc. 1 (Philiémon) p.39, inThéâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  12. Apprenez aujourd'hui qu'en un jeune courage
    La défense d'aimer fait aimer davantage,
    Et qu'Amour qui retient la nature d'enfant
    Demeure opiniâtre à ce qu'on lui défend.

    (Les Vendanges de Suresnes, acte 3 sc. 1 (Philémon) p.40, inThéâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  13. Il est de ces censeurs dont les langues hardies
    Sont souvent le seul mal qu'on trouve aux comédies.

    (Les Vendanges de Suresnes, acte 3 sc. 2 (Tirsis) p.43, inThéâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  14. Les plus ardents baisers qu'on donne et que l'on rend
    Sont des biens que l'on perd au point que l'on les prend.

    (Les Vendanges de Suresnes, acte 3 sc. 4 (Tirsis) p.47, inThéâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  15. Les plus grands des tourments que l'on souffre ici-bas
    C'est d'aimer constamment et de ne l'être pas.

    (Les Vendanges de Suresnes, acte 4 sc. 1 (Florice) p.52, inThéâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  16. Le bien présent vaut mieux que celui qu'on espère.
    (Les Vendanges de Suresnes, acte 4 sc. 2 (Forice) p.54, inThéâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  17. Tous ces grands discoureurs inutiles et vains
    Avec beaucoup de langue ont rarement des mains.

    (Les Vendanges de Suresnes, acte 5 sc. 6 (Crisère) p.61, inThéâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  18. [...] les amis sont des biens nécessaires
    Qu'on ne doit employer qu'aux extrêmes affaires,
    Et ce n'est qu'abuser de ceux que nous avons
    Que de les occuper à ce que nous pouvons.

    (Les Vendanges de Suresnes, acte 4 sc. 6 (Crisère) p.62, inThéâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  19. L'argent est la vertu qui fait priser les hommes,
    Il fait voir de l'esprit à ceux qui n'en n'ont pas,
    À la même laideur il donne des appas,
    Enfin pour réparer l'esprit et le visage
    C'est le fard le plus sûr que l'on mette en usage.

    (Les Vendanges de Suresnes, acte 4 sc. 8 (Dorimène) p.64, inThéâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  20. Ne publions jamais que quelque bien est nôtre,
    Lorsqu'il dépend encor des volontés d'un autre.

    (Les Vendanges de Suresnes, acte 4 sc. 9 (Crisère) p.66, inThéâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  21. Contredire l'Amour, c'est le rendre invincible ;
    Mais laissez faire au temps ; lui qui surmonte tout
    De cette passion pourra venir à bout.
    Bien qu'on donne à l'Amour des armes glorieuses
    Toujours celles du temps en sont victorieuses.
    L'Amour déplaît enfin lorsqu'il ne peut guérir,
    Et le maux qu'il nous fait le font souvent mourir.
    Un esprit arrêté dans ses chaînes fatales
    De même que les fous a de bons intervalles
    Où, s'étonnant des maux qu'il souffre chaque jour,
    Il peut heureusement triompher de l'Amour.

    (Les Vendanges de Suresnes, acte 4 sc. 9 (Olénie) p.67, inThéâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)