Citations ajoutées le 05 novembre 2006

Jules Richard

  1. Le collectionneur aime surtout ce qu'il connaît peu, et adore ce qu'il ne connaît point.
    (L'art de former une bibliothèque, p.11, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  2. On sait quand on commence une collection, on ne sait jamais quand on la finira ; c'est là le plaisir.
    (L'art de former une bibliothèque, p.16, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  3. Voici bientôt trente ans que j'aime les livres, que je m'en occupe, que je les palpe et que j'en achète. [...] Je ne suis pas un savant, je suis un fervent.
    (L'art de former une bibliothèque, p.19, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  4. [...] un amateur jaloux fera toujours bien de se souvenir de ces deux vers que Guilbert de Pixérécourt avait fait insérer sur le fronton de sa bibliothèque :
    Tel est le triste sort de tout livre prêté :
    Souvent il est perdu, toujours il est gâté.

    (L'art de former une bibliothèque, p.,40 Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  5. Notre siècle est favorable aux dictionnaires. On disait autrefois des églises qu'elles étaient les livres de ceux qui ne savaient pas lire ; on peut dire aujourd'hui des dictionnaires, qu'ils sont les bibliothèques de ceux qui ignorent tout. Sans oublier qu'ils font souvent faute à ceux qui croient savoir. Que de discussions inutiles, n'engage-t-on point sur une date ou sur un fait, ou même sur l'orthographe d'un nom de localité ! J'en ai vu des déjeuners empoisonnés et des soirées compromises, et cela faute d'un dictionnaire...
    (L'art de former une bibliothèque, p.54, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  6. Un livre est un être vivant, il faut qu'il respire.
    (L'art de former une bibliothèque, p.56, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  7. La bibliomanie c'est la maladie ; la bibliophilie c'est la science. La première est la parodie de la seconde.
    (L'art de former une bibliothèque, p.88, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  8. Si ma mémoire ne me trompe pas, on doit avoir écrit un volume sur LES LIVRES QUI N'EXISTENT PAS, ou qui n'ont existé que dans l'imagination d'orateurs peu scrupuleux et d'écrivains menteurs.
    (L'art de former une bibliothèque, p.99, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  9. [...] ce sont les fausses pistes qui font les grands savants. C'est rarement - dans la biographie comme dans les autres sciences - en cherchant une chose qu'on la trouve ; c'est presque toujours en en cherchant une autre. N'appelez pas cela hasard. Il n'y a pas de hasard en bibliographie. On trouve parce que l'on cherche et quand on cherche avec flair, instinct et intelligence, on prend des notes.
    Ces notes précieuses se rapprochent à un certain jour d'autres notes et forment un tout lumineux.

    (L'art de former une bibliothèque, p.106, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  10. [...] les meilleurs livres de bibliographie sont écrits par des gens qui auraient pu gagner cent mille francs de rentes en se faisant épiciers et qui ont préféré gagner deux à trois mille francs par an comme bibliothécaires, afin de vivre au milieu des livres qu'ils aiment.
    Tout amateur est en germe un écrivain bibliographe.

    (L'art de former une bibliothèque, p.106, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  11. L'amour du livre est le commencement de la perfection.
    (L'art de former une bibliothèque, p.108, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  12. Le goût du livre est enfanté par le goût de la lecture et il ne faut pas que le goût de la lecture soit entravé par les apparences repoussantes du livre.
    (L'art de former une bibliothèque, p.120, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  13. [...] la vie d'un livre est aussi accidentée que celle d'une jolie femme.
    (L'art de former une bibliothèque, p.126, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  14. Le vieux Royer-Collard répondait à Alfred de Vigny venant solliciter sa voix pour l'Académie et lui demandant s'il avait lu ses oeuvres :
    « À mon âge, Monsieur, on ne lit plus, on relit. »
    Je parodierai son mot en disant : un bibliophile ne conserve par les livres qu'on lit une fois mais seulement ceux qu'on relit avec plaisir et que, par conséquent, on relie... plus ou moins richement.

    (L'art de former une bibliothèque, p.138, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  15. La manie, la monomanie du bouquin a engendré une belle et grande science : la science de la littérature.
    (L'art de former une bibliothèque, p.141, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     
  16. Au jeu, on ne gagne pas toujours ; avec les femmes la vieillesse arrive avant la satiété. Il y a bien aussi la table ! Mais quand on a bu et mangé pendant deux heures, il faut s'arrêter. La pêche ! La chasse ! dira-t-on. - Pour la pêche, il faut de la patience et... du poisson ; pour la chasse, il faut des jambes et du gibier.
    Pour le livre, il ne faut que le livre.

    (L'art de former une bibliothèque, p.153, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883)
     

Édouard Fournier

  1. [...] le ridicule des citations ne se prouve qu'à l'aide de citations [....]
    (L'esprit des autres, p.2, Dentu Éditeur, 1886)
     
  2. Un jour Mignard, étant chez [Ninon], se plaignait hautement du peu de mémoire que la nature avait départi à sa fille, celle-là même qui fut plus tard la belle marquise de Feuquières. « Eh ! tant mieux, s'écria mademoiselle de Lenclos, promenant un regard railleur sur le groupe de pédants qui, ce jour-là, encombraient sa chambre, tant mieux, encore une fois, elle ne citera point. »
    (L'esprit des autres, p.3, Dentu Éditeur, 1886)
     
  3. Citer est parfois une ostentation du savoir, j'en conviens, mais souvent aussi c'est de l'abnégation et de la modestie ! C'est le fait d'un esprit qui doute de soi, qui se défiant de sa propre autorité, s'abrite derrière des esprits consacrés, et s'efface pour leur laisser la parole. Il a trouvé la pensée, mais trop timide il craint de l'aventurer ; l'expression lui fait défaut, la formule lui manque ; invoquée à propos, sa mémoire la lui prête, et voilà que l'idée jaillit avec la citation.
    (L'esprit des autres, p.5, Dentu Éditeur, 1886)
     
  4. Dans les citations, comme en toute chose, il faut de la conscience, et c'est même en cela qu'elles peuvent soulever plus d'une question de littérature légale. Citez, c'est fort bien ; mais avouez-le, et ne laissez pas mettre sur le compte de votre esprit ce que vous prête l'esprit des autres.
    (L'esprit des autres, p.10, Dentu Éditeur, 1886)
     
  5. Horace fut le bréviaire de l'esprit des cours.
    (L'esprit des autres, p.67, Dentu Éditeur, 1886)
     
  6. [...] quoi qu'on dise des poètes, leur génie n'a jamais cessé d'être, surtout comme formules éloquentes, un trésor pour le bon sens de tous.
    (L'esprit des autres, p74., Dentu Éditeur, 1886)
     
  7. Il en est des adages populaires comme des billets de circulation : il faut, pour qu'ils aient toute leur valeur, qu'une bonne plume les endosse.
    (L'esprit des autres, p.85, Dentu Éditeur, 1886)
     
  8. Le proverbe n'était plus connu, le vers ne l'avait jamais été. Il a suffi que celui-ci fût cité par Chateaubriand dans ses Mémoires d'Outre-Tombe pour qu'on ne l'ait plus oublé. Ainsi les grands hommes sont non seulement populaires ; ils donnent la popularité à tout ce qu'ils touchent.
    (L'esprit des autres, p.88, Dentu Éditeur, 1886)
     
  9. Or, dans ce monde, que de flambées pour un seul feu qui dure ! Pour une fidélité, que d'inconstances ! L'instabilité, le changement, sont un besoin pour tous dans les affaires sérieuses comme dans l'amour. Le contraire est un ridicule, qui passe pour être le propre des sots ou des radoteurs.
    (L'esprit des autres, p.148, Dentu Éditeur, 1886)
     
  10. L'inconstance est dans les hommes, la constance est dans les choses. Toujours elles tournent dans le même cercle et reviennent au même point.
    (L'esprit des autres, p.149, Dentu Éditeur, 1886)
     
  11. Médire de la mode, est une mode aussi et bien inutile, puisqu'il n'est personne, qui, tant bien que mal, ne suive un peu ses lois, tant critiquées et toujours si puissantes. Le mieux au fond est de n'en rien dire ; les paroles les plus sensées deviennent folles, dès qu'elles ont la prétention d'attaquer une folie universelle.
    (L'esprit des autres, p.151, Dentu Éditeur, 1886)
     
  12. Il en est qui, à certains jours, sont pris de quelques velléités d'apprendre. Ils veulent s'approcher de la divine source, mais, comme les abords en sont escarpés, ils s'éloignent bientôt. Si le savoir leur semble doux, le travail, par lequel on l'acquiert, leur paraît trop rude, et ils fuient l'arbre divin, craignant de payer trop cher les fruits qu'on y récolte.
    (L'esprit des autres, p.185, Dentu Éditeur, 1886)
     
  13. [...] les flatteurs savent si bien être incrédules à propos !
    (L'esprit des autres, p.211, Dentu Éditeur, 1886)
     
  14. Les proverbes, à force de circuler dans les mémoires, ont souvent pris la forme plus coulante et plus polie du vers, comme les cailloux se lustrent et s'arrondissent à force de rouler dans les flots.
    (L'esprit des autres, p.239, Dentu Éditeur, 1886)
     
  15. Je vais, disait un ministre tombé [sous la Restauration],
    Je vais, victime de mon zèle,
    M'envelopper dans ma vertu ;
    et on lui répondait :
    Voilà, voilà ce qui s'appelle
    Être légèrement vêtu.

    (L'esprit des autres, p.244, Dentu Éditeur, 1886)
     
  16. [...] le célèbre alexandrin de Rhadamiste (act. II, sc. II) qui m'a toujours produit l'effet d'un article du Code pénal mis en vers techniques :
    Ah ! doit-on hériter de ceux qu'on assassine ?

    (L'esprit des autres, p.260, Dentu Éditeur, 1886)
     
  17. [...] ces érudits, pleins d'inventions, qu'on appelle étymologistes.
    (L'esprit des autres, p.285, Dentu Éditeur, 1886)
     
  18. [...] car il en est des citations comme des médailles, où le millésime et les lettres du nom sont le plus souvent ce qui s'efface d'abord.
    (L'esprit des autres, p.294, Dentu Éditeur, 1886)
     
  19. C'est la fortune des vers heureux. Bien peu le sont assez pour qu'elle leur vienne.
    On pourrait dire de la popularité, - j'entends la vraie et la sérieuse, -  qui est le mets le plus envié qui soit servi au banquet des poètes, ce que Cicéron disait à Lucullus d'un poisson rare, pour lequel il n'avait pas avec assez de soin choisi ses convives : « Piscis hic non est omnium, ce poisson-là n'est pas pour tout le monde. »

    (L'esprit des autres, p.305, Dentu Éditeur, 1886)
     
  20. Les vers les plus sots ne sont pas ceux qu'on répète le moins, lorsqu'une bonne musique les patronne.
    (L'esprit des autres, p.310, Dentu Éditeur, 1886)
     
  21. Quand vous dites de quelqu'un qui rabâche éternellement les mêmes histoires : « Il chant toujours la même rengaine, » vous faites, sans y penser, allusion à une chanson qui fut très populaire au dernier siècle, et qui ramenait vingt fois au refrain le mot :
    Rengaine ! Rengaine !

    (L'esprit des autres, p.326, Dentu Éditeur, 1886)
     
  22. Mieux vaut, pour survivre, quelques vers heureux qu'une fortune.
    (L'esprit des autres, p.328, Dentu Éditeur, 1886)
     
  23. Le grand Opéra, d'ordinaire, ne fait pas aux paroles de ses poèmes l'honneur de les laisser entendre. Il les éteint dans son grand bruit, et, comme on les sait plates et banales, on ne s'en plaint pas.
    (L'esprit des autres, p.331, Dentu Éditeur, 1886)
     
  24. Vers latins, vers français, vers de comédie, vers de tragédies saupoudrent ses [Voltaire] lettres et en relèvent encore l'esprit. Il savait que nulle part les citations ne brillent mieux, et qu'elles sont comme l'épice naturelle du style épistolaire.
    (L'esprit des autres, p.338, Dentu Éditeur, 1886)
     
  25. [...] ces auteurs obscurs comme leurs oeuvres, et qu'en raison de leur obscurité même on ne cite pas, mais qu'on vole  car il en est dans la littérature comme sur les routes ou dans les bois : les ténèbres ont toujours alléché au braconnage.
    (L'esprit des autres, p.349, Dentu Éditeur, 1886)
     
  26. [...] il n'a pas pu voler [le vers de] l'abbé Boyer. Peut-être ; mais souvenons-nous bien toutefois que les poètes sont souvent plus instruits et, partant, moins inspirés qu'on ne peut croire.
    (L'esprit des autres, p.351, Dentu Éditeur, 1886)
     
  27. Les citateurs, quelquefois, dénaturent les phrases de manière à les rendre complètement méconnaissables. Joignez à cela qu'ils ne disent jamais où ils les ont prises pour les défigurer ainsi, et par là jugez des peines sans nombre qu'il faut se donner pour faire ce que je tente ici, c'est-à-dire pour restituer avec bons certificats le signalement de ces pauvres estropiées, dresser leur état civil et les renvoyer clopin-clopant à leur adresse.
    (L'esprit des autres, p.391, Dentu Éditeur, 1886)
     
  28. Par grâce, et je vous le dis pour les vers comme pour la prose, quand vous citez, citez la phrase écrite ou bien ne vous en mêlez pas :
    Soyez plutôt maçon, si c'est votre talent.
    Notez que je ne dis pas métier, comme tant de citateurs, mais j'ai le ridicule de savoir encore mon Boileau.

    (L'esprit des autres, p.394, Dentu Éditeur, 1886)
     
  29. [...] quoi qu'on fasse, tout ce qu'on dit a toujours été dit déjà. On le dit mieux quelquefois, souvent plus mal ; voilà tout. Il n'est pas d'idée sans famille, de pensée orpheline, de même qu'il n'est pas d'enfant sans père ni sans mère, prolem sine matre creatam, comme Ovide le dit encore (Metam., lib. II).
    (L'esprit des autres, p.404, Dentu Éditeur, 1886)
     

Charles-Claude Genest

  1. L'amour est-il jamais né de la violence ?
    Et le don de mon coeur est-il en ma puissance ?

    (Pénélope, acte 1 sc. 4 (Pénélope), p.99, in Théâtre du Second Ordre, tragédies tome 1, 1810)
     
  2. [...] je veux régner, ou faire tout périr.
    (Pénélope, acte 1 sc. 6 (Antinoüs), p.104, in Théâtre du Second Ordre, tragédies tome 1, 1810)
     
  3. [...] un jeune coeur est rarement fidèle.
    (Pénélope, acte 2 sc. 1 (Argine), p.106, in Théâtre du Second Ordre, tragédies tome 1, 1810)
     
  4. Allez, il faut céder au sort qui nous entraîne.
    (Pénélope, acte 2 sc. 9 (Pénélope), p.118, in Théâtre du Second Ordre, tragédies tome 1, 1810)
     
  5. [...] Les fortunes humaines
    Ont toujours des plaisirs mêlés parmi les peines ;
    Les dieux versent sur nous, par un mélange égal,
    Le mal avec le bien, le bien avec le mal.

    (Pénélope, acte 3 sc. 2 (Ulysse), p.128, in Théâtre du Second Ordre, tragédies tome 1, 1810)
     
  6. Les dieux, comme il leur plaît, peuvent en un moment
    Nous mettre dans la gloire, ou dans l'abaissement.

    (Pénélope, acte 4 sc. 7 (Ulysse), p.144, in Théâtre du Second Ordre, tragédies tome 1, 1810)
     
  7. La prudence, mon fils, jointe avec la valeur,
    Peut toujours surmonter le plus cruel malheur.

    (Pénélope, acte 4 sc. 7 (Ulysse), p.146, in Théâtre du Second Ordre, tragédies tome 1, 1810)
     
  8. Je doute d'un bonheur que je ne puis comprendre !
    (Pénélope, acte 5 sc. 3 (Pénélope), p.152, in Théâtre du Second Ordre, tragédies tome 1, 1810)