Citations ajoutées le 04 février 2006

Raoul Vaneigem

  1. Le combat contre la tyrannie, dont se prévaut la liberté de parole et de pensée, est un leurre si le citoyen n'apprend pas à repérer et à distinguer dans les informations dont il a les yeux et les oreilles chaque jour encombrés, à quelles conjurations d'intérêts ou, du moins, comment elles sont ordonnées, gouvernées, déformées.
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.14, Éd. La Découverte, 2003)
     
  2. Il n'y a ni bon ni mauvais usage de la liberté d'expression, il n'en existe qu'un usage insuffisant.
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.15, Éd. La Découverte, 2003)
     
  3. L'absolue tolérance de toutes les opinions doit avoir pour fondement l'intolérance absolue de toutes les barbaries.
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.15, Éd. La Découverte, 2003)
     
  4. Ce qui sacralise tue. L'exécration naît de l'adoration. Sacralisés, l'enfant est un tyran, la femme un objet, la vie une abstraction désincarnée.
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.18, Éd. La Découverte, 2003)
     
  5. Tolérer toutes les idées n'est pas les cautionner.
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.20, Éd. La Découverte, 2003)
     
  6. La plupart des polémiques à la mode ont déjà les relents d'une querelle de bouffons.
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.21, Éd. La Découverte, 2003)
     
  7. La liberté d'expression cessera d'être le substitut de la liberté d'action lorsque la vitalité et l'efficience qu'elle recèle préviendront et décourageront les contrefaçons en créant une adéquation entre la fraternité des mots et la fraternité des hommes.
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.23, Éd. La Découverte, 2003)
     
  8. Ce ne sont pas les propos qui doivent être condamnés, ce sont les voies de fait. Ce ne sont pas les discours ignominieux du populisme qui doivent faire l'objet de poursuites - sans quoi il faudrait dénoncer aussi leur imprégnation sournoise et leur présence masquée dans les déclarations démagogiques de la politique clientéliste et bien-pensante -, ce sont les violences à l'encontre des biens et des personnes, perpétrées par les sectateurs de la barbarie.
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.26, Éd. La Découverte, 2003)
     
  9. [...] rien ne conforte mieux la sottise que de lui rendre raison par l'exécration ou la polémique. Si tant de mauvaises réputations ne sont dues qu'au mépris et à la haine, c'est qu'il existe, entre réprobateur et réprouvé, une secrète et mutuelle fascination.
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.28, Éd. La Découverte, 2003)
     
  10. La pire façon de condamner certaines idées est de les imputer à crime. Un crime est un crime et une opinion n'est pas un crime, quelque influence qu'on lui impute. Interdire un propos sous le prétexte qu'il peut être nocif ou choquant, c'est mépriser ceux qui le reçoivent et les supposer inaptes à le rejeter comme aberrant ou ignoble. C'est en fait, selon la méthode du clientélisme politique et consumériste, les persuader implicitement qu'ils ont besoin d'un guide, d'un gourou, d'un maître.
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.28, Éd. La Découverte, 2003)
     
  11. Il ne faut pas se tromper d'ennemi : ce qui est odieux n'est pas la parole dérangeante, en quelque sens que ce soit, c'est son asservissement au profit qui la manipule.
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.31, Éd. La Découverte, 2003)
     
  12. C'est le propre de la barbarie de propager l'inhumanité jusque dans le camp de ceux qui la condamnent.
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.32, Éd. La Découverte, 2003)
     
  13. Aucune vérité ne mérite que l'on s'agenouille devant elle. Tout être humain a le droit de critiquer et de contredire ce qui paraît le plus assuré ou passe pour une évidence scientifiquement établie. Les spéculations les plus folles, les assertions les plus délirantes ensemencent à leur manière le champ des vérités futures et empêchent d'ériger en autorité absolue les vérités d'une époque.
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.33, Éd. La Découverte, 2003)
     
  14. Une vérité imposée s'interdit humainement d'être vraie. Toute idée reçue pour éternelle et incorruptible exhale l'odeur fétide de Dieu et de la tyrannie.
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.34, Éd. La Découverte, 2003)
     
  15. Les refuges de confidentialité qui servent de chambre forte aux consortiums, aux corporations et à leurs campagnes de profit n'ont aucune raison d'exister dans une société résolue à gérer ses intérêts au seul bénéfice de ceux qui la composent.
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.41, Éd. La Découverte, 2003)
     
  16. La volonté de transparence révoque l'esprit de délation. La meilleure façon de décourager les sycophantes, c'est que tout soit porté à la connaissance des citoyens.
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.50, Éd. La Découverte, 2003)
     
  17. Les paparazzi n'offrent [...] que la version burlesque d'une information, manipulée pour alimenter le spectacle du monde, où chacun est convié à contempler le travestissement sensationnel de sa propre nullité.
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.53, Éd. La Découverte, 2003)
     
  18. [...] « Cui prodest ? », à qui cela profite-t-il ?
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.56, Éd. La Découverte, 2003)
     
  19. Heureux celui qui, se conduisant, envers soi et en raison de l'affection qu'il se porte, comme le plus inflexible des critiques, n'a rien, sinon à attendre, du moins à redouter de l'opinion des autres.
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.63, Éd. La Découverte, 2003)
     
  20. Le puritanisme a toujours été l'école du viol.
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.74, Éd. La Découverte, 2003)
     
  21. L'obscurantisme a toujours été le mode d'éclairage du pouvoir.
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.81, Éd. La Découverte, 2003)
     
  22. C'est une oeuvre de longue haleine que d'enseigner l'indépendance, de la soutenir par une affection dispensée sans réserve, d'ôter la peur de soi et de promouvoir en chacun cette créativité qui est la vraie richesse humaine. La mutation de civilisation à laquelle nous assistons, a plongé dans le désarroi une multitude de gens si accoutumés d'être assistés, guidés, gouvernés, qu'ils ne conçoivent d'autre changement d'existence que le choix d'autres jougs.
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.82, Éd. La Découverte, 2003)
     
  23. Accepter que tout soit dit, que rien ne soit passé sous silence, c'est apprendre, dans le même temps, à démêler, à sélectionner, à décrypter, à critiquer, à ne pas tomber en dépendance d'une mise en scène spectaculaire où les factions interchangeables du bien et du mal obéissent aux manipulations des lobbies internationaux.
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.88, Éd. La Découverte, 2003)
     
  24. La générosité humaine est notre pierre de touche. Le comportement l'emporte sur le discours. Les gestes de la vie priment les mots, quels qu'ils soient. La prééminence d'une attitude empreinte d'humanité possède l'art d'éveiller la parole qui en propagera les effets. Elle a le don d'Orphée d'amadouer les monstres, d'affranchir le verbe de la glaciation du « calcul égoïste ».
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.89, Éd. La Découverte, 2003)
     
  25. Ce qui est mieux connu est mieux compris et mieux aimé. Pour peu qu'il préfère une once de chair vive à une once de chair morte, un chercheur étudiant les loups, les chevêches, les fourmis, les grenouilles ou les poulpes perd toute envie de les tuer et s'attache, au contraire, à les protéger. L'approche humaine de la faune et la flore perdrait-elle sa pertinence en s'appliquant aux hommes dénaturés par une économie de prédation ?
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.90, Éd. La Découverte, 2003)
     
  26. La vigilance n'est pas la méfiance. Ce n'est pas, en l'occurrence, l'inquisition que la liberté d'expression doit susciter mais la conscience qu'il y a dans l'amer dénigrement des autres un dénigrement de soi qui mériterait plus d'attention de la part de chacun. L'indignation est une forme honorifique de l'abdication.
    (Rien n'est sacré, tout peut se dire, p.91, Éd. La Découverte, 2003)
     

Robert Ménard

  1. On a les aveuglements qu'on mérite...
    (Préface à «Rien n'est sacré, tout peut se dire» de R. Vaneigem, p.7, Éd. La Découverte, 2003)
     

Joël Egloff

  1. Il y a deux personnes absolument indispensables en ce bas mode [...]. La sage-femme et le fossoyeur. L'une accueille, l'autre raccompagne. Entre les deux, les gens se débrouillent.
    (« Edmond Ganglion & fils », p.21, Folio n°3485)
     
  2. Ce n'est pas contagieux, la mort, tu sais, c'est héréditaire.
    (« Edmond Ganglion & fils », p.129, Folio n°3485)
     

Gilles Néret

  1. Le seul véritable antidote à l'angoisse qu'engendre chez l'homme la connaissance de sa mort inéluctable, c'est la joie érotique.
    (erotica universalis, p.13, Taschen, 2005)
     

Maurice Druon

  1. Tout homme est à soi-même son plus important souci. Chacun se sent unique, et l'est en effet, pour soi ; mais nul ne peut exister sans l'accord et la contribution des autres qui tous également sont, à leurs propres yeux, primordiaux et irremplaçables. Race de prioritaires, nous sommes dans la nécessité d'instituer une autorité arbitrale qui partiellement contente et partiellement contienne toutes ces exigences identiquement exclusives et mutuellement dépendantes. Le pouvoir, comme phénomène social, n'est jamais qu'une conséquence de la contradiction de nos fatalités.
    (Le pouvoir, p.9, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  2. Le pouvoir, de même que l'amour, l'art ou la découverte, prend ses racines dans la mort.
    (Le pouvoir, p.10, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  3. Du moment que le pouvoir peut être contesté, il est forcément consenti.
    (Le pouvoir, p.11, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  4. Qui dit équilibre dit menace qu'il se rompe. Aucune stabilité n'est jamais qu'équilibre.
    (Le pouvoir, p.12, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  5. Le fractionnement du pouvoir est la plus sûre manière d'en empêcher l'abus.
    (Le pouvoir, p.13, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  6. Tous les hommes critiquent le pouvoir, mais on n'en rencontre guère qui en contestent la nécessité.
    (Le pouvoir, p.13, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  7. Il est presque impossible de traiter du pouvoir sans traiter du savoir. Les formes diverses que peut prendre le gouvernement des hommes découlent en grande partie de l'idée qu'ils se font de l'univers.
    (Le pouvoir, p.17, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  8. Pour être convaincu que les hommes sont égaux en droits et en souffrances, il n'est pas besoin de longues démonstrations ; il suffit de voir des nourrissons alignés dans une maternité, et des vieillards mourir dans une salle d'hôpital. Cela devrait être inclus dans l'apprentissage du citoyen, et nul n'être admis à voter avant d'avoir assisté à une agonie.
    (Le pouvoir, p.19, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  9. Il n'y a ni grandeur ni sûreté à régner sur des esclaves.
    (Le pouvoir, p.22, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  10. La loi se réfère à des principes permanents ; la coutume ne se réfère qu'à des actes antérieurs. Pour suivre l'évolution d'une société, la loi peut être constamment revisée ; la coutume ne peut être que violée. La loi permet le progrès ; la coutume l'entrave.
    Les pouvoirs qui se réclament de la coutume, au lieu de se réclamer de la loi, doivent être tenus pour suspects.

    (Le pouvoir, p.26, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  11. La charité est un palliatif de l'injustice ; elle n'en est pas le remède. C'est un bon geste qui confirme un mauvais état. Les sociétés sont obligées d'ôter périodiquement la puissance aux gens qui font la charité, afin de restaurer la justice.
    (Le pouvoir, p.26, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  12. Les institutions d'une démocratie sont, comme une oeuvre d'art, faites d'autant de repentirs que d'invention.
    (Le pouvoir, p.29, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  13. C'est une chose courante, en notre siècle et nos pays, que d'entendre des gens déclarer : « Moi, je ne fais pas de politique... je ne m'intéresse pas à la politique... je me tiens en dehors de la politique... », comme s'ils se décernaient un brevet de sagesse ou d'honorabilité en refusant de participer aux affaires publiques.
    À Athènes, celui qui, dans une guerre civile, n'avait pas pris les armes avec un des partis était privé de ses droits civiques ; il perdait sa qualité de citoyen. Celle loi avait été formulée par Solon, pour éviter que, dans les conflits qui, souvent, divisaient l'État, « certains citoyens, par indifférence, ne s'en remissent au hasard des événements ».

    (Le pouvoir, p.30, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  14. Les gens qui se font une règle de prudence ou de mépris de ne pas participer à la politique ne doivent pas se plaindre si celle qu'on fait leur déplaît. Le gouvernement de l'État n'est pas un spectacle, et le refus d'y prendre part ôte tout droit de critique.
    (Le pouvoir, p.30, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  15. L'homme a besoin de se reconnaître et de s'admirer en de suprêmes représentations ; c'est une compensation aux renoncements qu'il doit consentir à la société. Il vit sa primauté par délégation. Le succès, la célébrité, la gloire sont une manière de pouvoir, puisque ce sont des primautés consenties par le suffrage de la foule.
    (Le pouvoir, p.33, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  16. L'ordre n'est que faux ordre qui se fonde sur la contrainte.
    (Le pouvoir, p.37, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  17. La liberté jamais ne mourut au fond des prisons.
    (Le pouvoir, p.38, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  18. C'est toujours sur une démission collective que les tyrans fondent leur puissance.
    (Le pouvoir, p.39, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  19. Un peuple est toujours responsable des actes de son gouvernement, et même de ceux commis à son détriment.
    (Le pouvoir, p.41, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  20. Une tradition, ce n'est jamais qu'un progrès qui a réussi.
    (Le pouvoir, p.42, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  21. Tout privilège qui cesse d'être la contrepartie d'un service rendu à la collectivité finit par détruire ceux qui le détiennent.
    (Le pouvoir, p.43, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  22. Le pouvoir fait l'Histoire ; la loi fait la Civilisation.
    (Le pouvoir, p.44, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  23. Demi-dieu fragile et menacé, chaque homme est partagé entre une volonté de suprématie et une recherche de protection. C'est pourquoi la plupart s'accommodent assez bien d'un demi-pouvoir sur des employés, des subalternes, des élèves, une famille, demi-pouvoir qu'ils exercent sous l'autorité protectrice de la loi et de l'État.
    (Le pouvoir, p.48, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  24. Souvent les gens qui accèdent au pouvoir déclarent qu'ils ne le voulaient point, qu'on leur en a fait une obligation, qu'ils ne pouvaient se dérober à ce devoir... C'est merveille, vraiment, qu'ils se croient doués d'assez de force d'âme pour exercer la puissance, alors qu'ils n'en ont pas suffisamment pour la refuser.
    (Le pouvoir, p.49, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  25. [...] l'armée, contrairement à ce qu'on croit, n'est pas une école de pouvoir ; c'est bien davantage un refuge pour les enfances inachevées. Il n'en sort que par rarissime exception un homme d'État.
    (Le pouvoir, p.52, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  26. Trop longtemps porté, le casque déforme la tête.
    (Le pouvoir, p.53, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  27. S'imposer sans proposer n'est que funeste orgueil.
    (Le pouvoir, p.53, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  28. Aimer un être, c'est lui accorder une préférence, lui reconnaître une primauté, donc un pouvoir. Être aimé, c'est se voir reconnaître cette prépondérance. Nos rapports amoureux sont des rapports de puissance à puissance.
    (Le pouvoir, p.57, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  29. De toutes les activités humaines, le pouvoir est celle où l'on voit le plus de personnes médiocres accomplir d'éclatantes carrières. Cela tient de ce qu'il existe dans la société un certain nombre de fonctions de gouvernement qui doivent être tenues continûment, et qu'il ne se trouve pas toujours assez d'hommes supérieurs pour les occuper.
    (Le pouvoir, p.61, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  30. Veiller constamment à nous faire aimer de ceux qui nous servent est une des formes les plus subtiles du combat pour la puissance.
    (Le pouvoir, p.74, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  31. Qui veut s'attacher des dévouements passionnés doit veiller à constamment surprendre. Car il s'agit d'occuper l'esprit d'autrui, et l'on n'y parvient jamais mieux qu'en y installant la curiosité et l'incertitude.
    (Le pouvoir, p.74, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  32. Les hommes au pouvoir ne doivent jamais attendre que les sentiments qu'on leur témoigne soient totalement désintéressés. Les gens, lorsqu'ils s'inclinent devant eux, cherchent toujours sur le tapis quelque miette de puissance à y ramasser.
    (Le pouvoir, p.78, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  33. Savoir distinguer la servilité de l'obéissance est un des rudiments de l'art de gouverner.
    (Le pouvoir, p.78, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  34. Les hommes perdent en pureté ce qu'ils gagnent en puissance. Une source, si transparente soit-elle, ne peut éviter, lorsqu'elle devient fleuve, de charrier des boues et des limons.
    (Le pouvoir, p.78, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  35. Marcher devant le troupeau ne signifie jamais qu'on cesse d'en faire partie.
    (Le pouvoir, p.80, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  36. À gouverner les hommes de trop haut, on perd l'habitude de les regarder
    (Le pouvoir, p.82, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  37. Mais qui n'a pas souhaité, au moins une fois, voir la mort frapper par priorité un de ses semblables, qui n'a rêvé de brusques disparitions autour de lui pour être délivré d'une hostilité, d'une contradiction, d'un obstacle, d'une crainte, d'un remords ? Il n'est pas d'homme qui n'ait été un meurtrier en imagination. Et combien seraient capables, s'ils disposaient d'un pouvoir réellement absolu, de résister à la tentation d'effacer les vies qui leur sont à gêne ?
    (Le pouvoir, p.83, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  38. Les soumissions trop aisées doivent toujours être tenues pour suspectes.
    (Le pouvoir, p.85, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  39. La nature est pour l'homme école de sagesse, et qui veille aux moissons sait le prix de la paix.
    (Le pouvoir, p.86, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  40. L'une des qualités les plus nécessaires à l'exercice du pouvoir, en même temps que la plus rarement répartie, est l'aptitude à distinguer le difficile de l'impossible.
    (Le pouvoir, p.87, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  41. Il est toujours plus facile d'être un révolté que d'être une chef.
    (Le pouvoir, p.87, Hachette (Notes et maximes), 1964)
     
  42. Tout homme qui possède ou cherche à acquérir une conception générale des relations humaines est amené à sans cesse ajuster sa pensée ; et plus nécessairement doit effectuer ce constant ajustement celui qui, par consentement de ses semblables, a pour fonction de présider à leurs rapports et à leur collective destinée.
    L'exercice du pouvoir est, d'abord, un exercice de l'esprit.

    (Le pouvoir, p.94, Hachette (Notes et maximes), 1964)