Citations ajoutées le 17 janvier 2004

  
Anton Tchékhov

  1. Quand un homme se met à philosopher, cela donne de la philosophistique, ou de la sophistique si vous voulez ; mais si c'est une ou deux femmes, alors ça tombe dans le « tire-moi-par-le-doigt... ».
    (Les Trois Soeurs, trad. Génia Cannac et Georges Perros, p.393, Folio n°393)
     
  2. Oui, on nous oubliera. C'est notre sort, rien à faire. Un temps viendra où tout ce qui nous paraît essentiel et très grave sera oublié, ou semblera futile. Curieux, mais il nous est impossible de savoir aujourd'hui ce qui sera considéré comme élevé et grave, ou comme insignifiant et ridicule. Les découvertes de Copernic, ou, disons, de Christophe Colomb, n'ont-elles pas d'abord paru inutiles et risibles, alors qu'on ne cherchait la vérité que dans les phrases alambiquées d'un quelconque original ? Il est possible que cette vie que nous acceptons sans mot dire paraisse un jour étrange, stupide, malhonnête, peut-être même coupable...
    (Les Trois Soeurs, trad. Génia Cannac et Georges Perros, p.400, Folio n°393)
     
  3. Il me semble que l'homme doit avoir une foi, du moins en chercher une, sinon sa vie est complètement vide... Vivre et ignorer pourquoi les cigognes volent, pourquoi les enfants naissent, pourquoi il y a des étoiles dans le ciel... Il faut savoir pourquoi l'on vit, ou alors tout n'est que balivernes et foutaises.
    (Les Trois Soeurs, trad. Génia Cannac et Georges Perros, p.431, Folio n°393)
     
  4. [...] on a beau raisonner, la solitude est une chose atroce, mon petit. Bien qu'au fond... tout soit égal, naturellement.
    (Les Trois Soeurs, trad. Génia Cannac et Georges Perros, p.443, Folio n°393)
     
  5. Quand on lit un roman, tout paraît si simple, connu d'avance, mais lorsqu'on aime soi-même, on s'aperçoit que personne ne sait rien, que chacun doit décider pour soi...
    (Les Trois Soeurs, trad. Génia Cannac et Georges Perros, p.467, Folio n°393)
     
  6. Nous ne vivons pas, il n'y a rien en ce monde, nous n'existons pas, nous le croyons seulement... Et n'est-ce pas bien égal ?...
    (Les Trois Soeurs, trad. Génia Cannac et Georges Perros, p.482, Folio n°393)
     
  7. Mais mon coeur est comme un piano précieux fermé à double tour, dont on aurait perdu la clé.
    (Les Trois Soeurs, trad. Génia Cannac et Georges Perros, p.487, Folio n°393)
     

Louis Guilloux

  1. Faut pas se désoler. Faut pas faire exprès. Faut pas trop savoir. Je sais pas bien où j'en suis. Quelquefois il me vient de drôles d'idées. Oui. Il se passe bien des choses, je me dis, mais au fond, il se passe rien. Et s'il ne s'était jamais rien passé ? S'il ne devait jamais rien se passer ? On n'arrive jamais nulle part. Il s'passe rien, ou bien tout se passe, ou plutôt se déplace au fur et à mesure que le temps s'en va, et, en même temps, rien ne bouge.
    (Coco perdu, p.49, Gallimard/nrf, 1978)
     
  2. [...] on s'arrange toujours avec la mort, jamais avec la vie.
    (Coco perdu, p.112, Gallimard/nrf, 1978)
     

  
Blaise Pascal

  1. Deux visages semblables, dont aucun ne fait rire en particulier font rire ensemble par leur ressemblance.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.502, Seuil, 1963)
     
  2. Qu'une chose aussi visible qu'est la vanité du monde soit si peu connue, que ce soit une chose étrange et surprenante de dire que c'est une sottise de chercher les grandeurs. Cela est admirable.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.502, Seuil, 1963)
     
  3. La science des choses extérieures ne me consolera pas de l'ignorance de la morale au temps d'affliction, mais la science des moeurs me consolera toujours de l'ignorance des sciences extérieures.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.503, Seuil, 1963)
     
  4. Condition de l'homme.
    Inconstance, ennui, inquiétude.

    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.503, Seuil, 1963)
     
  5. La nature de l'homme n'est pas d'aller toujours ; elle a ses allées et venues.
    La fièvre a ses frissons et ses ardeurs. Et le froid montre aussi bien la grandeur de l'ardeur de la fièvre que le chaud même.
    Les inventions des hommes de siècle en siècle vont de même, la bonté et la malice du monde en général en est de même.

    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.503, Seuil, 1963)
     
  6. [...] la faiblesse de l'homme paraît bien davantage en ceux qui ne la connaissent pas qu'en ceux qui la connaissent.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.503, Seuil, 1963)
     
  7. Qui ne voit pas la vanité du monde est bien vain lui-même. Aussi qui ne la voit, excepté de jeunes gens qui sont tous dans le bruit, dans le divertissement et dans la pensée de l'avenir.
    Mais ôtez leur divertissement vous les verrez se sécher d'ennui. Ils sentent alors leur néant sans le connaître, car c'est bien être malheureux que d'être dans une tristesse insupportable, aussitôt qu'on est réduit à se considérer, et à n'en être point diverti.

    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.504, Seuil, 1963)
     
  8. La douceur de la gloire est si grande qu'à quelque objet qu'on l'attache, même à la mort, on l'aime.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.504, Seuil, 1963)
     
  9. Les hommes s'occupent à suivre une balle et un lièvre : c'est le plaisir même des rois.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.504, Seuil, 1963)
     
  10. Quelle vanité que la peinture qui attire l'admiration par la ressemblance des choses, dont on n'admire point les originaux !
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.504, Seuil, 1963)
     
  11. Quand on lit trop vite ou trop doucement on n'entend rien.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.504, Seuil, 1963)
     
  12. Combien de royaumes nous ignorent !
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.504, Seuil, 1963)
     
  13. Peu de chose nous console parce que peu de chose nous afflige.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.504, Seuil, 1963)
     
  14. Le plus grand philosophe du monde sur une planche plus large qu'il ne faut, s'il y a au-dessous un précipice, quoique sa raison le convainque de sa sûreté, son imagination prévaudra. Plusieurs n'en sauraient soutenir la pensée sans pâlir et suer.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.504, Seuil, 1963)
     
  15. L'homme n'est qu'un sujet plein d'erreur naturelle, et ineffaçable sans la grâce.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.505, Seuil, 1963)
     
  16. Que chacun examine ses pensées. Il les trouvera toutes occupées au passé ou à l'avenir. Nous ne pensons presque point au présent, et si nous y pensons ce n'est que pour en prendre la lumière pour disposer de l'avenir. Le présent n'est jamais notre fin.
    Le passé et le présent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin. Ainsi nous ne vivrons jamais, mais nous espérons de vivre, et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais.

    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.506, Seuil, 1963)
     
  17. Pourquoi me tuez-vous à votre avantage ? Je n'ai point d'armes - Et quoi, ne demeurez-vous pas de l'autre côté de l'eau ? Mon ami, si vous demeuriez de ce côté, je serais un assassin, et cela serait injuste de vous tuer de la sorte. Mais puisque vous demeurez de l'autre côté, je suis un brave et cela est juste.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.506, Seuil, 1963)
     
  18. Les choses ont diverses qualités et l'âme diverses inclinations, car rien n'est simple de ce qui s'offre à l'âme, et l'âme ne s'offre jamais simple à aucun sujet. De là vient qu'on pleure et qu'on rit d'une même chose.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.506, Seuil, 1963)
     
  19. Nous sommes si malheureux que nous ne pouvons prendre plaisir à une chose qu'à condition de nous fâcher si elle réussit mal, ce que mille choses peuvent faire et font à toute heure. (Qui) aurait trouvé le secret de se réjouir du bien sans se fâcher du mal contraire aurait trouvé le point. C'est le mouvement perpétuel.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.506, Seuil, 1963)
     
  20. Il n'est pas bon d'être trop libre.

    Il n'est pas bon d'avoir toutes les nécessités.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.506, Seuil, 1963)
     

  21. Quand je considère la petite durée de ma vie absorbée dans l'éternité précédente et suivante - memoria hospitis unius diei praetereuntis - le petit espace que je remplis et même que je vois abîmé dans l'infinie immensité des espaces que j'ignore et qui m'ignorent, je m'effraye et m'étonne de me voir ici plutôt que là, car il n'y a point de raison pourquoi ici plutôt que là, pourquoi à présent plutôt que lors. Qui m'y a mis ? Par l'ordre et la conduite de qui ce lieu et ce temps a(-t-)il été destiné à moi ?
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.508, Seuil, 1963)
     
  22. Il faut se connaître soi-même. Quand cela ne servirait pas à trouver le vrai cela au moins sert à régler sa vie, et il n'y a rien de plus juste.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.508, Seuil, 1963)
     
  23. Le sentiment de la fausseté des plaisirs présents et l'ignorance de la vanité des plaisirs absents cause l'inconstance.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.508, Seuil, 1963)
     
  24. Curiosité n'est que vanité. Le plus souvent on ne veut savoir que pour en parler, autrement on ne voyagerait pas sur la mer pour ne jamais en rien dire et pour le seul plaisir de voir, sans espérance d'en jamais communiquer.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.509, Seuil, 1963)
     
  25. Description de l'homme.
    Dépendance, désir d'indépendance, besoins.

    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.509, Seuil, 1963)
     
  26. Plus on a de bras, plus on est fort. Être brave c'est montrer sa force.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.511, Seuil, 1963)
     
  27. D'où vient qu'un boiteux ne nous irrite pas et un esprit boiteux nous irrite ? À cause qu'un boiteux reconnaît que nous allons droit et qu'un esprit boiteux dit que c'est nous qui boitons. Sans cela nous en aurions pitié et non colère.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.511, Seuil, 1963)
     
  28. L'homme est ainsi fait qu'à force de lui dire qu'il est un sot il le croit. Et à force de se le dire à soi-même on se le fait croire, car l'homme fait lui seul une conversation intérieure, qu'il importe de bien régler.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.511, Seuil, 1963)
     
  29. La justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.512, Seuil, 1963)
     
  30. Nous connaissons la vérité non seulement par la raison mais encore par le coeur. C'est de cette dernière sorte que nous connaissons les premiers principes et c'est en vain que le raisonnement, qui n'y a point de part essaie de le combattre.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.512, Seuil, 1963)
     
  31. Roseau pensant.
    Ce n'est point de l'espace que je dois chercher ma dignité, mais c'est du règlement de ma pensée. Je n'aurai point d'avantage en possédant des terres. Par l'espace l'univers me comprend et m'engloutit comme un point : par la pensée je le comprends.

    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.513, Seuil, 1963)
     
  32. La grandeur de l'homme est grande en ce qu'il se connaît misérable  un arbre ne se connaît pas misérable.
    C'est donc être misérable que de (se) connaître misérable, mais c'est être grand que de connaître qu'on est misérable.

    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.513, Seuil, 1963)
     
  33. Deux choses instruisent l'homme de toute sa nature : l'instinct et l'expérience.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.514, Seuil, 1963)
     
  34. S'il se vante je l'abaisse.
    S'il s'abaisse je le vante.
    Et le contredis toujours.
    Jusqu'à ce qu'il comprenne
    Qu'il est un monstre incompréhensible.

    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.514, Seuil, 1963)
     
  35. Qui sait si cette autre moitié de la vie où nous pensons veiller n'est pas un autre sommeil un peu différent du premier.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.514, Seuil, 1963)
     
  36. Quelle chimère est-ce donc que l'homme ? quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos, quel sujet de contradictions, quel prodige ? Juge de toutes choses, imbécile ver de terre, dépositaire du vrai, cloaque d'incertitude et d'erreur, gloire et rebut de l'univers.
    Qui démêlera cet embrouillement ?

    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.515, Seuil, 1963)
     
  37. [...] j'ai dit souvent que tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.516, Seuil, 1963)
     
  38. Le roi est environné de gens qui ne pensent qu'à divertir le roi et à l'empêcher de penser à lui. Car il est malheureux tout roi qu'il est s'il y pense.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.517, Seuil, 1963)
     
  39. Ainsi s'écoule toute la vie ; on cherche le repos en combattant quelques obstacles et si on les a surmontés le repos devient insupportable par l'ennui qu'il engendre. Il en faut sortir et mendier le tumulte.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.517, Seuil, 1963)
     
  40. Ainsi l'homme est si malheureux qu'il s'ennuierait même sans aucune cause de l'ennui par l'état propre de sa complexion. Et il est si vain, qu'étant plein de mille causes essentielles d'ennui, la moindre chose comme un billard et une balle qu'il pousse, suffisent pour le divertir.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.517, Seuil, 1963)
     
  41. Notre instinct nous fait sentir qu'il faut chercher notre bonheur hors de nous. Nos passions nous poussent au-dehors, quand même les objets ne s'offriraient pas pour les exciter. Les objets du dehors nous tentent d'eux-mêmes et nous appellent quand même nous n'y pensons pas. Et ainsi les philosophes ont beau dire : rentrez-vous en vous-mêmes, vous y trouverez votre bien ; on ne les croit pas et ceux qui les croient sont les plus vides et les plus sots.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.519, Seuil, 1963)
     
  42. Il y a assez de lumière pour ceux qui ne désirent que de voir, et assez d'obscurité pour ceux qui ont une disposition contraire.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.521, Seuil, 1963)
     
  43. [Il faut vivre dans le monde comme] s'il est sûr qu'on y sera pas longtemps, et incertain si on y sera dans une heure.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.522, Seuil, 1963)
     
  44. Il y a trois sortes de personnes : les uns qui servent Dieu l'ayant trouvé, les autres qui s'emploient à le chercher ne l'ayant pas trouvé, les autres qui vivent sans le chercher ni l'avoir trouvé. Les premiers sont raisonnables et heureux, les derniers sont fous et malheureux. Ceux du milieu sont malheureux et raisonnables.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.522, Seuil, 1963)
     
  45. Pyrrhonien, géomètre, chrétien : doute, assurance, soumission.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.523, Seuil, 1963)
     
  46. Si on soumet tout à la raison notre religion n'aura rien de mystérieux et de surnaturel.
    Si on choque les principes de la raison notre religion sera absurde et ridicule.

    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.523, Seuil, 1963)
     
  47. Contradiction est une mauvaise marque de vérité.
    Plusieurs choses certaines sont contredites.
    Plusieurs faussent passent sans contradiction.
    Ni la contradiction n'est marque de fausseté ni l'incontradiction n'est marque de vérité.

    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.523, Seuil, 1963)
     
  48. 2. excès
    exclure la raison, n'admettre que la raison.

    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.524, Seuil, 1963)
     
  49. Puisqu'on ne peut être universel en sachant tout ce qui se peut savoir sur tout, il faut savoir peu de tout, car il est bien plus beau de savoir quelque chose de tout que de savoir tout d'une chose. Cette universalité est la plus belle. Si on pouvait avoir les deux encore mieux, mais s'il faut choisir il faut choisir celle-là. Et le monde le sait et le fait, car le monde est un bon juge souvent.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.525, Seuil, 1963)
     
  50. [Le monde] est une sphère infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.526, Seuil, 1963)
     
  51. Car enfin qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout, infiniment éloigné de comprendre les extrêmes ; la fin des choses et leurs principes sont pour lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable.
    Également - incapable de voir le néant d'où il est tiré et l'infini où il est englouti.

    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.526, Seuil, 1963)
     
  52. Donc toutes choses étant causées et causantes, aidées et aidantes, médiates et immédiates et toutes s'entretenant par un lien naturel et insensible qui lie les plus éloignées et les plus différentes, je tiens impossible de connaître les parties sans connaître le tout, non plus que de connaître le tout sans connaître particulièrement les parties.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.527, Seuil, 1963)
     
  53. L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser ; une vapeur, une goutte d'eau suffit pour le tuer. Mais quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, puisqu'il sait qu'il meurt et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien.
    Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C'est de là qu'il nous faut relever et non de l'espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale.

    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.528, Seuil, 1963)
     
  54. Le silence de ces espaces infinis m'effraie.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.528, Seuil, 1963)
     
  55. [...] l'orgueil et la paresse qui sont les deux sources de tous les vices [...]
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.528, Seuil, 1963)
     
  56. Il ne faut pas confondre et égaler les choses qui ne se ressemblent que par l'obscurité et non pas par la clarté qui mérite qu'on révère les obscurités.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.530, Seuil, 1963)
     

Alan Bennett

  1. Beaucoup de gens peuvent se passer d'un tas de choses [...] mais ils ne renonceront jamais à en acheter de nouvelles.
    (La mise à nu des époux Ransome, trad. Pierre Ménard, p.39, 10|18 n°3518)
     
  2. Les gens célèbres préfèrent généralement ne pas se faire remarquer. Ils évitent d'étaler leurs angoisses car ils sont la plupart du temps observés. Pour exhiber ce qui les ronge, ils doivent attendre de se retrouver dans l'intimité ; ou s'ils choisissent d'en faire profiter le public, du moins est-ce après avoir été décemment payés par les magazines concernés.
    (Jeux de paumes, trad. Pierre Ménard, p.145, 10|18 n°3518)