Citations ajoutées le 13 octobre 2014

Eugène Marbeau

  1. Il faut aimer les autres malgré leurs défauts, comme on s'aime soi-même malgré les siens.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  2. Faire acte de bonté, c'est se donner une joie.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  3. L'affection nous fait jouir du bonheur de l'être aimé; la bonté, du bonheur même de l'indifférent.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  4. La bonté est l'obole de l'indifférent qui passe; l'affection, le don de l'ami qui demeure.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  5. La bonté est comme une amitié d'un moment qui s'éteint et oublie quand celui qui en était l'objet s'est éloigné de notre regard.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  6. La pitié console ou révolte le malheureux, suivant qu'il la sent inspirée par la bonté ou par le dédain.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  7. La valeur morale d'un homme peut se mesurer à la part qu'il fait aux autres dans sa vie.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  8. En morale comme en comptabilité je dois ce que j'ai reçu, j'ai ce que j'ai donné.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  9. On juge plus sûrement un homme en observant comment il parle des autres qu'en écoutant ce que les autres disent de lui.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  10. On critique volontiers quand on a trop bonne opinion de soi.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  11. Si l'on se jugeait aussi sévèrement que l'on juge les autres, nul ne pourrait se supporter soi-même.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  12. C'est surtout vis-à-vis de soi-même qu'il faut avoir de la patience : on ne peut pas s'en aller.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  13. Ne présumons pas le mal chez les autres : les autres seraient injustes s'ils le présumaient toujours chez nous.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  14. L'indulgence pour le prochain est un plaidoyer pour soi-même.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  15. Les désenchantements de la vie enseignent l'indulgence et tuent l'enthousiasme.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  16. On se fait un mérite d'être indulgent; on ne se fait aucun scrupule de ne pas être bienveillant.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  17. L'indulgence prend le beau rôle; la bienveillance paraît le laisser.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  18. Le silence que garde un homme bienveillant fait présumer qu'il ne pense pas le bien qu'on dit, qu'il ne dit pas le mal qu'il pense.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  19. Le pardon a vu et mesure la faute; l'indulgence refuse de la voir.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  20. En ce monde il faut oublier ou pardonner.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  21. Heureux qui sait pardonner. Plus heureux qui peut oublier!
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  22. Pour pardonner véritablement, il faut se souvenir toujours.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  23. La blessure faite par un ami, on la pardonne, on ne l'oublie pas. La blessure faite par un indifférent, on ne la pardonne pas, mais on l'oublie.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  24. Pardonner une injure, c'est affirmer qu'elle n'est pas méritée.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  25. Le pardon n'est pas l'oubli de l'injure, mais la résolution de n'en plus témoigner le ressentiment.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  26. Pour guérir ta haine, fais du bien à ton ennemi.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  27. Toute grande affection nous élève, parce qu'elle nous fait aimer un autre plus que nous-même.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  28. Si pour aimer il fallait connaître, si pour être aimé il fallait mériter l'amour, la vie s'écoulerait solitaire.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  29. Les coeurs fiers et les coeurs humbles se donnent sans exiger de retour.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  30. Une amitié nouvelle diminue la place que les affections anciennes occupaient dans notre vie, non celles qu'elles avaient dans notre coeur.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  31. L'âme change comme le corps; les idées et les goûts se transforment comme les traits du visage. Après de longues années d'affection, que reste-t-il à notre ami des grâces qui nous avaient attaché à lui?
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  32. On garde ses vieux amis même quand ils ont cessé de plaire, comme on garde ses parents même quand ils ne plaisent pas. C'est là ce qu'on appelle la solidité de l'affection.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  33. On peut aimer un être sans esprit, mais on l'aime surtout quand il n'est pas là.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  34. Être séparé d'un ami qui souffre est plus qu'un regret, presque un remord.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  35. L'homme fait à l'image de son idéal toutes ses idoles, la femme qu'il aime comme le Dieu qu'il adore.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  36. Tout homme est poète quand il aime.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  37. L'amour naît de ce qu'il y a de plus fragile dans notre double nature le caprice des sens et les illusions du coeur.
    C'est une étrange merveille qu'il puisse être quelquefois durable.

    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  38. Les souffrances de l'amour naissent de la lutte entre l'illusion qui a allumé la flamme et la désillusion qui va l'éteindre.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  39. L'amour, qui naît de l'illusion, débute par l'admiration. Les anciens chevaliers obéissaient à l'instinct éternel de la nature humaine, quand ils prétendaient faire confesser à tous que leur âme était la plus belle.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  40. Sans illusions il n'y aurait pas d'amours. Sans illusions il n'y aurait pas de mariages, pas même de mariages de raison.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  41. L'amour vit de désirs et d'illusions. Quand le désir est apaisé, l'amour se lasse. Quand l'illusion s'évanouit, il s'éteint.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  42. La lune de miel dure juste le temps qu'il faut aux deux amoureux pour se connaître.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  43. Ce 'n'est pas seulement quand il aime que le coeur se fait des illusions; c'est aussi quand il ne veut plus aimer.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  44. Qui a changé? Celui qui 'a cessé d'aimer, ou celui qui a cessé de plaire?
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  45. Chaque fois qu'on aime, on croit être à son premier et à son dernier amour.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  46. Un amoureux est un homme qui se met à quatre pattes en croyant n'être qu'à genoux.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  47. L'amoureux qui commence à se sentir ridicule est bien près de ne plus aimer.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  48. Notre amour ressemble à la femme qui l'inspire : il est pur avec Béatrix, intellectuel avec Vittoria Colonna, vicieux avec Manon Lescaut, diabolique avec Carmen.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  49. Même quand il est malheureux, l'amour n'est pas un malheur : l'âme s'épure et s'élève quand elle se donne et quand elle souffre.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  50. L'amour pur est le délicieux préliminaire de l'autre.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  51. Aimer sans respect, c'est n'aimer que le corps.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  52. La galanterie est la comédie de l'amour; le libertinage en est la parodie.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  53. L'amour et la haine font souffrir.
    L'amour est préférable il passe plus vite.

    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  54. Les hommes sont si fous qu'on les voit donner leur vie pour une femme à qui ils rougiraient de la consacrer.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  55. L'amour est l'exaspération féroce de l'égoïsme.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  56. Savoir aimer, ce serait aimer pour ce qu'on aime au lieu d'aimer pour soi.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  57. L'amour, c'est soi; l'amitié, c'est les autres.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  58. L'amitié est le charme de la vie, l'amour est la vie même.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  59. L'homme qui n'aime plus peut demander à l'amitié de masquer le vide que l'amour a laissé dans son coeur ; mais, tant qu'il aime, heureux, il n'a pas besoin d'elle malheureux, elle est impuissante à le consoler.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  60. L'amitié rarement se change en amour ; mais dans l'amour il y a toujours un peu d'amitié, qui survit si la flamme s'est éteinte doucement.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  61. Quand une jolie femme vous offre son amitié, c'est qu'elle ne vous aime pas.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  62. Les combats de la vie sont surtout des luttes contre soi-même.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  63. Notre âme est un dépôt confié à notre volonté.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  64. Nous sommes le jouet des événements extérieurs, mais les maîtres de notre volonté.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  65. Conduire et dominer sa vie, quel que soit l'orage, comme le matelot sait orienter sa voile, quel que soit le vent.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  66. On ne peut refaire le passé, et tous le regrettent; mais on peut refaire l'avenir, et nul n'y songe.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  67. L'élévation de l'esprit sert à discerner le bien, celle du caractère à l'accomplir.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  68. Les hommes diffèrent par leur caractère plus encore que par leurs sentiments.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  69. Pour voir de haut, élevons-nous.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  70. Il est bien à plaindre, celui qui n'a pas un idéal pour se consoler de la réalité.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  71. Pour toucher le but, visons plus haut.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  72. La volonté nous a été donnée pour maîtriser nos passions; nous l'employons à les servir.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  73. La volonté commande aux actes, non aux sentiments. Elle peut résister à nos passions; elle ne peut, ni les éveiller, ni les étouffer.
    Elle peut les rendre moins impérieuses en changeant nos habitudes.

    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  74. Ce qui exige de nous le plus grand effort n'est pas ce qui est antipathique à notre nature, mais ce qui contrarie notre passion.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  75. La raison voudrait; c'est la passion qui veut.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  76. La raison est un frein ; elle n'est pas un aiguillon.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  77. Pour faire ce qu'on veut, il faut le vouloir.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  78. Les intentions se rapportent aux actions futures; la volonté aux actions présentes.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  79. Dans l'enfer les bonnes intentions ; au ciel les bonnes volontés.
    C'est la différence entre « Je voudrais », et «Je veux».

    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  80. Il ne faut que du coeur pour s'élancer au sacrifice ; il faut de la volonté pour ne pas s'arrêter en chemin.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  81. Quand l'action ne suit pas immédiatement la résolution, la volonté se lasse, et les petites raisons reprennent leur empire.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  82. Il est facile de prendre une résolution généreuse ; il est difficile de ne jamais la regretter.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  83. L'inspiration commence l'oeuvre ; la volonté l'achève.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  84. La réflexion, c'est le Moi qui veut dirigeant le Moi qui pense.
    Le rêve, c'est le Moi qui pense oublié par le Moi qui veut.

    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  85. Nos actes révèlent notre caractère ; nos jugements révèlent notre sens moral.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  86. La réflexion mûrit le jugement; l'action mûrit le caractère.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  87. L'habitude est le sentier connu où l'on passe sans regarder à ses pieds.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  88. L'habitude est une trop douce amie ; elle devient vite une ennemie.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  89. La faiblesse, comme l'ivresse, n'est jamais une excuse : elle est une faute par elle-même, avant les fautes qu'elle nous fait commettre.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  90. Les caractères faibles sont toujours mécontents d'eux et des autres : ils passent leur vie à faire ce qu'ils ne veulent pas, et à ne pas faire ce qu'ils voudraient.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  91. Le péché des caractères faibles est le péché par omission.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  92. Les péchés par omission sont ceux que l'on oublie le plus facilement.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  93. Un caractère faible s'obstine tant qu'on lui résiste, il s'effraie dès qu'on lui cède. Pour vous délivrer de ses obsessions, feignez de lui accorder ce qu'il demande : il n'osera plus l'exiger.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  94. J'ai vu, après un partage de voix, un président timoré se rallier à l'opinion qu'il avait combattue, plutôt que d'user de sa voix prépondérante pour donner la majorité à celle qu'il avait soutenue. Sa faiblesse pensait échapper ainsi à la responsabilité du vote.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  95. La mauvaise humeur est le fait de la faiblesse qui se sent vaincue et qui renonce a lutter.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  96. La faiblesse est sujette à la violence : elle n'a pas le courage d'agir sans s'exaspérer.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  97. L'indignation est difficile à la faiblesse : elle ressemble presque à de l'action.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  98. Tel néglige de faire une démarche importante, parce qu'il lui faudrait nouer une cravate blanche !
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  99. Le monde respecte les vices qui supposent la force; il est sans pitié pour les malheurs qui supposent la faiblesse.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  100. Il y a des gens qui ne sont que des reflets.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  101. Il faut demander des conseils pour s'éclairer, non pour se décider. Nous pouvons de nos amis attendre des lumières, non de la volonté.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  102. Celui qui a réellement besoin du conseil qu'il demande se résigne rarement à le suivre.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  103. Que de fois nous demandons un conseil dans l'espoir d'être autorisé à faire ce dont notre conscience nous engage tout bas à nous abstenir!
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  104. Toute décision exige un effort. Les faibles, que cet effort fatigue, l'évitent en se laissant gouverner.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  105. La vie se passe à choisir. Malheur à qui manque de décision : la vie choisit pour lui.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  106. Savoir sacrifier à un but dominant les considérations secondaires, voilà ce qui distingue les caractères décidés des caractères irrésolus.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  107. L'irrésolution ne sait pas voir la raison de décider. La versatilité ne voit pas longtemps la même raison de décider.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  108. Rien ne pèse dans la vie autant que l'indécision, dans le coeur autant que le doute.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  109. Le scrupule fait souffrir, parce qu'il fait douter.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  110. L'homme trop scrupuleux ne sera jamais héroïque. Si Jeanne d'Arc eût songé à sa mère, elle n'eût pas sauvé sa patrie.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  111. L'irrésolu n'a jamais de désirs et a toujours des regrets. C'est l'idée qu'il est trop tard qui lui fait sentir ce qu'il aurait dû désirer.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  112. Que de gens réfléchissent toujours à ce qu'ils auraient du faire, jamais à ce qu'ils vont faire.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  113. L'obstacle donne l'élan au désir, comme le canon dans lequel elle est forcée donne la vitesse à la balle.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  114. Qui est maître de faire tout ce qu'il veut peut avoir encore des caprices, mais n'a plus de désirs.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  115. Le désir est une joie anticipée.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  116. On peut se créer un but ; on ne peut se créer un désir.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  117. L'ennui est une défaillance de l'esprit, l'impuissance de la volonté sur la pensée. Celui qui est maître chez lui ne s'ennuie pas.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  118. L'ennui c'est l'âme vide.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  119. Nul ne s'ennuie plus que l'homme qui ne pense qu'à lui.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  120. Remède sûr contre l'ennui : un ennui.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  121. Le pessimisme est un signe d'impuissance : on est pessimiste parce qu'on se sent incapable de dominer la vie.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  122. Être retenu par sa conscience, c'est sentir qu'on souffrait plus du remords d'avoir cédé que du regret de résister.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  123. La conscience est un roquet qui n'empêche point de passer, mais qu'on ne peut empêcher d'aboyer.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  124. Un scrupule présage un regret.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  125. Un homme peut devenir dangereux par excès de conscience : quand il se trompe, son prétendu devoir est implacable.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  126. La conscience, c'est notre propre jugement; l'honneur c'est le jugement des autres.
    Pour Robinson Crusoé il n'y avait plus d'honneur; il y avait encore une conscience.

    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  127. L'honneur fait les casse-cou, la conscience fait les fanatiques.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  128. Quand la convention sociale est en contradiction avec le devoir, le devoir est sacrifié à l'honneur : la voix des hommes parle plus haut que celle de la conscience.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  129. La crainte de faire souffrir qui nous aime est forte contre notre devoir, impuissante contre notre passion.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  130. Devoir implique sacrifice : le devoir accompli, c'est le sacrifice consommé.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  131. Nous trouvons dans ce qu'on appelle les principes la force d'éviter la tentation plus sûrement que celle de lui résister.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  132. Une tentation est toujours fâcheuse : elle coûte un regret si on y résiste, un remords si on y succombe.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  133. Nous ne sommes assurés de résister qu'aux tentations qui ne nous tentent pas.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  134. Les petites tentations sont les plus dangereuses : on sent moins la honte d'y céder.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  135. Une tentation devient dangereuse quand elle se prolonge. Notre âme est enchaînée à un corps qui se lasse, et le temps a prise sur tous nos sentiments.
    Le temps est l'ennemi du bien.

    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  136. Toute faute oblige le coupable à parler autrement qu'il ne pense, à agir autrement qu'il ne veut. Elle le condamne au mensonge, jusqu'au moment où elle est acceptée, soit par la chute complète, soit par l'expiation.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  137. La première punition du coupable est la nécessité d'accepter la faute, pour l'expier ou pour la continuer.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)
     
  138. Quand vous entendez un homme invoquer la morale naturelle pour battre en brèche la convention sociale, soyez assuré qu'une faute pèse sur sa vie et fausse sa conscience.
    (Remarques et Pensées, Société d'éditions littéraires et artistiques, Paris, 1901)