Citations ajoutées le 15 octobre 2006

Jean-Marie Frey

  1. Le moi s'égare lorsqu'il croit saisir et maîtriser tous les ressorts de l'âme. Par conséquent, la tâche qui échoit à la psychanalyse est de lui enseigner que rien d'étranger ne s'est introduit chez lui. En invitant le moi à distinguer « psychique » et « conscient », Freud lui prescrit un singulier travail : « Rentre en toi-même profondément, et apprends d'abord à te connaître, alors tu comprendras pourquoi tu vas tomber malade, et peut-être éviteras-tu de le devenir. »
    (Le moi n'est pas maître dans sa propre maison (Freud), p.11, Pleins Feux coll. Variations, n°13)
     
  2. Être chez soi, c'est avoir autour de soi des traces de son passé. De la même manière, l'âme s'inscrit dans le temps. Le moi réside en elle le temps d'une vie, et il y rencontre des empreintes de son histoire.
    (Le moi n'est pas maître dans sa propre maison (Freud), p.24, Pleins Feux coll. Variations, n°13)
     
  3. Prendre soin de son âme, faire en sorte que chaque chose y soit à sa place, parvenir à ce que la souffrance ne s'approprie pas tout son être, telle est finalement la visée de la psychanalyse. Ne serait-ce pas la liberté qu'un tel projet permet de rencontrer ?
    (Le moi n'est pas maître dans sa propre maison (Freud), p.28, Pleins Feux coll. Variations, n°13)
     
  4. Comment ne pas relever une corrélation entre l'instabilité de la vie maritale de nos contemporains, et l'inconstance de nos sentiments ?
    (Le moi n'est pas maître dans sa propre maison (Freud), p.31, Pleins Feux coll. Variations, n°13)
     
  5. Personne n'éprouve de l'affection pour un individu considéré en lui-même. Une substance abstraite, indépendante de toute qualité perceptible, n'a rien de désirable pour nous. Celui qui ambitionne d'être aimé pour son être même est injuste. Il ne voit pas, pour reprendre la célèbre formule de Pascal, que « le moi est haïssable ». Seul le paraître suscite le désir. C'est peut-être regrettable. Pourtant c'est ainsi « On n'aime donc jamais personne, lit-on dans les Pensées, mais seulement des qualités. » Cela ne signifie pas que l'amour n'existe pas. Simplement, au moment où un sentiment nous porte vers l'intelligence d'une personne, ou au-devant de sa beauté, etc., ce n'est pas à la personne elle-même que nous sommes attachés. Seules les qualités périssables qu'elle manifeste constituent les objets de notre tendresse. Pourquoi le moi serait-il digne d'un amour qu'il n'est pas capable d'éprouver pour autrui ? Le moi doit se rendre à l'évidence : il est seul. Radicalement. Il est perdu au milieu du monde. Pour toujours.
    (Le moi n'est pas maître dans sa propre maison (Freud), p.32, Pleins Feux coll. Variations, n°13)
     
  6. Aimer, c'est être fécond.
    (Le moi n'est pas maître dans sa propre maison (Freud), p.35, Pleins Feux coll. Variations, n°13)
     
  7. Être au monde, c'est être en situation.
    (Le moi n'est pas maître dans sa propre maison (Freud), p.36, Pleins Feux coll. Variations, n°13)
     
  8. « La liberté, écrit Épictète, consiste à vouloir que les choses arrivent, non comme il te plaît, mais comme elles arrivent. » La liberté du sage est une maîtrise du moi intérieur. L'enseignement des stoïciens peut être ramené à cette idée : nous sommes tous sur un navire qui sombre. Nous sommes mortels et nous n'y pouvons rien. Toutefois, il est possible d'être libre et heureux sur le pont de notre embarcation.
    (Le moi n'est pas maître dans sa propre maison (Freud), p.37, Pleins Feux coll. Variations, n°13)
     

Leo Perutz

  1. Ils se regardèrent. Leurs lèvres étaient closes, leurs traits étaient les traits de personnes l'une à l'autre étrangères mais leurs yeux posaient des questions :
    « Qui es-tu ? D'où viens-tu ? Où vas-tu ? M'aimeras-tu ? »

    (Le Judas de Léonard, trad. Martine Kayser , p.41, Phébus libretto, n°127)
     
  2. Vous avez raison : après la mort, le plus grand destructeur est le temps, et on oublie que le vinaigre fut un jour du vin.
    (Le Judas de Léonard, trad. Martine Kayser , p.49, Phébus libretto, n°127)
     
  3. Il existe un seul bien que je tiens pour véritablement précieux, voire irremplaçable, c'est le temps. Quiconque en dispose à son gré est heureux et riche.
    (Le Judas de Léonard, trad. Martine Kayser , p.206, Phébus libretto, n°127)
     
  4. Je ne sers ni duc ni prince, dit Léonard, et je n'appartiens à aucune ville, à aucun pays, aucun royaume. Je ne sers que ma passion d'observer, de comprendre, d'ordonner et de créer, et je n'appartiens qu'à mon oeuvre.
    (Le Judas de Léonard, trad. Martine Kayser , p.233, Phébus libretto, n°127)