Citations ajoutées le 25 août 2002

Thomas Bernhard

  1. Constamment aller et venir
    les deux mains sur les tempes
    figurez-vous
    sans trouver le mot décisif
    dans l'aphorisme

    (La société de chasse, trad. Claude Porcell, p.9, L'Arche, 1988)
     
  2. Le mieux
    c'est tout seul
    dans l'obscurité
    d'abord il faut s'y contraindre
    puis on aime cet état
    d'abord c'est une contrainte
    Aucun être humain ne supporte l'obscurité
    que rien ne se passe comprenez-vous
    contraindre
    s'y contraindre soi-même
    puis on aime cet état.

    (La société de chasse, trad. Claude Porcell, p.40, L'Arche, 1988)
     
  3. en chacun il y a une maladie mortelle
    et une petite blessure souvent tout à fait insignifiante
    et souvent même restée inaperçue
    la fait se déclarer

    (La société de chasse, trad. Claude Porcell, p.49, L'Arche, 1988)
     
  4. Sans cesse nous nous surprenons
    à nous commettre avec le repoussant
    que ce soit une chose
    ou qu'il s'agisse d'êtres humains
    nous sommes en contact avec une chose repoussante
    encore et toujours
    encore et toujours avec des êtres repoussants aussi
    ce qui est repoussant nous attire.

    (La société de chasse, trad. Claude Porcell, p.59, L'Arche, 1988)
     
  5. Quand nous regardons un être humain
    quelque être humain que ce soit
    nous voyons un mourant
    c'est un mourant
    Et toujours nous voyons
    juste à notre réveil
    Nous sommes condamnés à l'immobilité
    Vous comprenez
    nous sommes morts
    tout est mort
    tout en nous est mort
    tout est mort

    (La société de chasse, trad. Claude Porcell, p.67, L'Arche, 1988)
     
  6. Un être humain
    est une être humain désespéré
    tout le reste c'est le mensonge

    (La société de chasse, trad. Claude Porcell, p.72, L'Arche, 1988)
     
  7. [...] la philosophie dans son ensemble est une absurdité
    (La société de chasse, trad. Claude Porcell, p.76, L'Arche, 1988)
     
  8. C'est pour une idée
    que nous gaspillons notre temps
    une idée qui dans tous les cas ne mène à rien
    Une vie d'homme chère madame
    n'est à la fin rien
    qu'une humaine catastrophe.

    (La société de chasse, trad. Claude Porcell, p.89, L'Arche, 1988)
     
  9. Et en outre tout n'existe que dans l'illusion
    que notre existence est une existence supportable chère madame
    c'est pas là que nous existons
    Mais nous n'en parlons pas
    et quand nous en parlons
    nous en parlons comme si
    ce dont nous parlons
    n'était
    pas réel
    absolument pas réel chère madame
    Sans interruption nous parlons de quelque chose d'irréel
    afin de supporter
    de l'endurer
    parce que nous avons fait de notre existence un mécanisme de divertissement
    rien d'autre qu'un minable mécanisme de divertissement
    une catastrophe artistique artificiellement naturelle chère madame

    (La société de chasse, trad. Claude Porcell, p.103, L'Arche, 1988)
     

Honoré de Balzac

  1. [...] les vieillards sont assez enclins à doter de leurs chagrins l'avenir des jeunes gens.
    (La femme de trente ans, p.57, GF n°69)
     
  2. Il y a beaucoup d'hommes dont le coeur est puissamment ému par la seule apparence de la souffrance chez une femme : pour eux la douleur semble être une promesse de constance et d'amour.
    (La femme de trente ans, p.71, GF n°69)
     
  3. Une des plus fortes armes de l'homme est ce pouvoir terrible d'occuper de lui-même une femme dont l'imagination naturellement mobile s'effraie ou s'offense d'une poursuite.
    (La femme de trente ans, p.84, GF n°69)
     
  4. Ne se rencontre-t-il pas beaucoup d'hommes dont la nullité profonde est un secret pour la plupart des gens qui les connaissent ? Un haut rang, une illustre naissance, d'importantes fonctions, un certain vernis de politesse, une grande réserve dans la conduite, ou les prestiges de la fortune sont, pour eux, comme des gardes qui empêchent les critiques de pénétrer jusqu'à leur intime existence. Ces gens ressemblent aux rois dont la véritable taille, le caractère et les moeurs ne peuvent jamais être ni bien connus ni justement appréciés, parce qu'ils sont vus de trop loin ou de trop près. Ces personnages à mérite factice interrogent au lieu de parler, ont l'art de mettre les autres en scène pour éviter de poser devant eux ; puis, avec une heureuse adresse, ils tirent chacun par le fil de ses passions ou de ses intérêts, et se jouent ainsi des hommes qui leur sont réellement supérieurs, en font des marionnettes et les croient petits pour les avoir rabaissés jusqu'à eux. Ils obtiennent alors le triomphe naturel d'une pensée mesquine, mais fixe, sur la mobilité des grandes pensées. Aussi pour juger ces têtes vides, et peser leurs valeurs négatives, l'observateur doit-il posséder un esprit plus subtil que supérieur, plus de patience que de portée dans la vue, plus de finesse et de tact que d'élévation et de grandeur dans les idées. Néanmoins, quelque habileté que déploient ces usurpateurs en défendant leurs côtés faibles, il leur est bien difficile de tromper leurs femmes, leurs mères, leurs enfants ou l'ami de la maison; mais ces personnes leur gardent presque toujours le secret sur une chose qui touche, en quelque sorte, à l'honneur commun ; et souvent même elles les aident à en imposer au monde. Si, grâce à ces conspirations domestiques, beaucoup de niais passent pour des hommes supérieurs, ils compensent le nombre d'hommes supérieurs qui passent pour des niais, en sorte que l'État Social a toujours la même masse de capacités apparentes. Songez maintenant au rôle que doit jouer une femme d'esprit et de sentiment en présence d'un mari de ce genre, n'apercevez-vous pas des existences pleines de douleurs et de dévouement dont rien ici-bas ne saurait récompenser certains coeurs pleins d'amour et de délicatesse ? Qu'il se rencontre une femme forte dans cette horrible situation, elle en sort par un crime, comme fit Catherine II, néanmoins nommée la Grande. Mais comme toutes les femmes ne sont pas assises sur un trône, elles se vouent, la plupart, à des malheurs domestiques qui, pour être obscurs, n'en sont pas moins terribles. Celles qui cherchent ici-bas des consolations immédiates à leurs maux ne font souvent que changer de peines lorsqu'elles veulent rester fidèles à leurs devoirs, ou commettent des fautes si elles violent les lois au profit de leurs plaisirs.
    (La femme de trente ans, p.86, GF n°69)
     
  5. [...] les froids calculs de l'indifférence.
    (La femme de trente ans, p.95, GF n°69)
     
  6. Le malheur et la mélancolie sont les interprètes les plus éloquents de l'amour, et correspondent entre deux êtres souffrants avec une incroyable rapidité.
    (La femme de trente ans, p.97, GF n°69)
     
  7. Quels moyens ont les mères d'assurer à leurs filles que l'homme auquel elles les livrent sera un époux selon leur coeur ? Vous honnissez de pauvres créatures qui se vendent pour quelques écus à un homme qui passe : la faim et le besoin absolvent ces unions éphémères ; tandis que la société tolère, encourage l'union immédiate, bien autrement horrible, d'une jeune fille candide et d'un homme qu'elle n'a pas vu trois mois durant ; elle est vendue pour toute sa vie. [...] Telle est notre destinée, vue sous ses deux faces : une prostitution publique et la honte, une prostitution secrète et le malheur.
    (La femme de trente ans, p.135, GF n°69)
     
  8. La mélancolie se compose d'une suite de semblables oscillations morales dont la première touche au désespoir et la dernière au plaisir : dans la jeunesse, elle est le crépuscule du matin ; dans la vieillesse, celui du soir.
    (La femme de trente ans, p.137, GF n°69)
     
  9. La réputation [...] de certains hommes toujours en travail d'une oeuvre inconnue : statisticiens tenus pour profonds sur la foi de calculs qu'ils se gardent bien de publier ; politiques qui vivent sur un article de journal ; auteurs ou artistes dont l'oeuvre reste toujours en portefeuille ; gens savants avec ceux qui ne connaissent rien à la science, comme Sganarelle est latiniste avec ceux qui ne savent pas le latin ; hommes auxquels on accorde une capacité convenue sur un point, soit la direction des arts, soit une mission importante. Cet admirable mot, c'est une spécialité, semble avoir été créé pour ces espèces d'acéphales politiques ou littéraires.
    (La femme de trente ans, p.144, GF n°69)
     
  10. Une femme de trente ans a d'irrésistibles attraits pour un jeune homme; et rien de plus naturel, de plus fortement tissu, de mieux préétabli que les attachements profonds dont tant d'exemples nous sont offerts dans le monde entre une femme comme la marquise et un jeune homme tel que Vandenesse. En effet, une jeune fille a trop d'illusions, trop d'inexpérience, et le sexe est trop complice de son amour, pour qu'un jeune homme puisse en être flatté; tandis qu'une femme connaît toute l'étendue des sacrifices à faire. Là, où l'une est entraînée par la curiosité, par des séductions étrangères à celles de l'amour, l'autre obéit à un sentiment consciencieux. L'une cède, l'autre choisit. Ce choix n'est-il pas déjà une immense flatterie? Armée d'un savoir presque toujours chèrement payé par des malheurs, en se donnant, la femme expérimentée semble donner plus qu'elle-même; tandis que la jeune fille, ignorante et crédule, ne sachant rien, ne peut rien comparer rien apprécier; elle accepte l'amour et l'étudie. L'une nous instruit, nous conseille à un âge où l'on aime à se laisser guider, où l'obéissance est un plaisir; l'autre veut tout apprendre et se montre naïve là où l'autre est tendre. Celle-là ne vous présente qu'un seul triomphe, celle-ci vous oblige à des combats perpétuels. La première n'a que des larmes et des plaisirs, la seconde a des voluptés et des remords. Pour qu'une jeune fille soit la maîtresse, elle doit être trop corrompue, et on l'abandonne alors avec horreur; tandis qu'une femme a mille moyens de conserver tout à la fois son pouvoir et sa dignité. L'une, trop soumise, vous offre les tristes sécurités du repos; l'autre perd trop pour ne pas demander à l'amour ses mille métamorphoses. L'une se déshonore toute seule, l'autre tue à votre profit une famille entière. La jeune fille n'a qu'une coquetterie, et croit avoir tout dit quand elle a quitté son vêtement; mais la femme en a d'innombrables et se cache sous mille voiles; enfin elle caresse toutes les vanités, et la novice n'en flatte qu'une. Il s'émeut d'ailleurs des indécisions, des terreurs, des craintes, des troubles et des orages, chez la femme de trente ans, qui ne se rencontrent jamais dans l'amour d'une jeune fille. Arrivée à cet âge, la femme demande à un jeune homme de lui restituer l'estime qu'elle lui a sacrifiée ; elle ne vit que pour lui, s'occupe de son avenir, lui veut une belle vie, la lui ordonne glorieuse ; elle obéit, elle prie et commande, s'abaisse et s'élève, et sait consoler en mille occasions, où la jeune fille ne sait que gémir. Enfin, outre tous les avantages de sa position, la femme de trente ans peut se faire jeune fille, jouer tous les rôles, être pudique, et s'embellit même d'un malheur. Entre elles deux se trouve l'incommensurable différence du prévu à l'imprévu, de la force à la faiblesse. La femme de trente ans satisfait tout, et la jeune fille, sous peine de ne pas être, doit ne rien satisfaire. Ces idées se développent au coeur d'un jeune homme, et composent chez lui la plus forte des passions, car elle réunit les sentiments factices créés par les moeurs, aux sentiments réels de la nature.
    (La femme de trente ans, p.148, GF n°69)
     
  11. La démarche la plus capitale et la plus décisive dans la vie des femmes est précisément celle qu'une femme regarde toujours comme la plus insignifiante. Mariée, elle ne s'appartient plus, elle est la reine et l'esclave du foyer domestique.
    (La femme de trente ans, p.149, GF n°69)
     
  12. [A trente ans seulement une femme possède] le tact nécessaire pour attaquer chez un homme toutes les cordes sensibles, et pour étudier les sons qu'elle en tire. Son silence est aussi dangereux que sa parole. Vous ne devinez jamais si, à cet âge, elle est franche ou fausse, si elle se moque ou si elle est de bonne foi dans ses aveux. Après vous avoir donné le droit de lutter avec elle, tout à coup, par un mot, par un regard, par un de ces gestes dont la puissance leur est connue, elles ferment le combat, vous abandonnent, et restent maîtresses de votre secret, libres de vous immoler par une plaisanterie, libres de s'occuper de vous, également protégées par leur faiblesse et par votre force.
    (La femme de trente ans, p.150, GF n°69)
     
  13. Mais la raison est toujours mesquine auprès du sentiment ; l'une est naturellement bornée, comme tout ce qui est positif, et l'autre est infini. Raisonner là où il faut sentir est le propre des âmes sans portée.
    (La femme de trente ans, p.154, GF n°69)
     
  14. L'amour a son instinct, il sait trouver le chemin du coeur comme le plus faible insecte marche à sa fleur avec une irrésistible volonté qui ne s'épouvante de rien.
    (La femme de trente ans, p.155, GF n°69)
     
  15. Laides, les femmes sont flattées par un amour qui les fait belles ; jeunes et charmantes, la séduction doit être à la hauteur de leurs séductions, elle est immense ; vertueuses, un sentiment terrestrement sublime les porte à trouver je ne sais quelle absolution dans la grandeur même des sacrifices qu'elles font à leur amant et de la gloire dans cette lutte difficile. Tout est piège.
    (La femme de trente ans, p.155, GF n°69)
     
  16. Pascal a dit  : « Douter de Dieu, c'est y croire. » De même, une femme ne se débat que quand elle est prise.
    (La femme de trente ans, p.156, GF n°69)
     
  17. Le ciel et l'enfer sont deux grands poèmes qui formulent les deux seuls points sur lesquels tourne notre existence : la joie et la douleur.
    (La femme de trente ans, p.159, GF n°69)
     
  18. [...] je ne connais [...] rien de plus horrible qu'une pensée de vieillard sur un front d'enfant.
    (La femme de trente ans, p.168, GF n°69)
     
  19. [...] un de ces hommes estimables qui font une sottise avec mesure, mettent lourdement le pied sur une plaie inconnue, et demandent pourquoi l'on se plaint. Si, par hasard, ils apprennent le pourquoi de leur bêtise assassine, ils disent : « Ma foi, je n'en savais rien ! »
    (La femme de trente ans, p.171, GF n°69)
     
  20. [...] un poétique chaos [..]
    (La femme de trente ans, p.196, GF n°69)
     
  21. Et qu'est-ce que l'enfer [...] si ce n'est qu'une vengeance éternelle pour quelques fautes d'un jour !
    (La femme de trente ans, p.219, GF n°69)
     
  22. La physionomie des femmes ne commence qu'à trente ans.
    (La femme de trente ans, p.234, GF n°69)
     
  23. [...] le coeur d'une mère est un abîme au fond duquel on trouve toujours un pardon.
    (La femme de trente ans, p.241, GF n°69)
     

Sacha Guitry

  1. Jeannette [en parlant des hommes de cinquante ans] : C'est le bel âge.
    Rosy : Tu dis vrai. C'est l'âge où ils croient qu'ils font encore ce qu'ils veulent.

    (Le renard et la grenouille, p.464, in Pièce en un acte, Omnibus, 2000)
     
  2. [...] ll ne faut jamais se laisser faire par les hommes, jamais. Tant qu'ils perdent la tête, on les tient... mais dès qu'ils reprennent leur équilibre, ils se vengent.
    (Le renard et la grenouille, p.473, in Pièce en un acte, Omnibus, 2000)
     
  3. [...] Je suis comme tous les êtres qui souffrent : j'aimerais souffrir davantage encore. Quand on a très mal, on a cette impression, fausse probablement, que si l'on avait encore plus mal, on finirait par épuiser sa douleur.
    (Je sais que tu es dans la salle, p.688, in Pièce en un acte, Omnibus, 2000)
     

Louis Scutenaire

  1. Trop souvent la colère est favorable à ce qui l'enflamme.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.19, Éditions Labor, 1990)
     
  2. Cela ne m'intéresse pas, cela me hante.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.20, Éditions Labor, 1990)
     
  3. On découvre difficilement le génie des êtres que l'on fréquente. J'ai, par conséquent, du mérite à connaître que Paul Nougé en a, Paul Colinet, René Magritte et moi-même.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.22, Éditions Labor, 1990)
     
  4. La solitude et la promiscuité sont les deux contraires les plus identiques du monde.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.23, Éditions Labor, 1990)
     
  5. Je méprise trop ces gens pour me déplaire en leur compagnie.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.27, Éditions Labor, 1990)
     
  6. Mais prenez-vous la vie au sérieux, Monsieur ?
    Non, Monsieur, je la lui laisse.

    (Mes inscriptions (1943-1944), p.27, Éditions Labor, 1990)
     
  7. Je te m'aime.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.30, Éditions Labor, 1990)
     
  8. Aimer c'est perdre. Vaincre c'est occuper qui vous lasse.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.31, Éditions Labor, 1990)
     
  9. Le théâtre c'est de l'imagination pour ceux qui n'en ont pas.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.32, Éditions Labor, 1990)
     
  10. Le travail est un plaisir ; il ne faut pas abuser des plaisirs. (Jean Grimau).
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.35, Éditions Labor, 1990)
     
  11. Réfléchir c'est préférer.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.35, Éditions Labor, 1990)
     
  12. La morale est un avatar de l'instinct de conservation.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.35, Éditions Labor, 1990)
     
  13. S'ennuyer : être ennuyé par soi-même. Bigre !
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.36, Éditions Labor, 1990)
     
  14. L'univers m'étonne.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.36, Éditions Labor, 1990)
     
  15. L'inconscient se venge la nuit.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.37, Éditions Labor, 1990)
     
  16. Les imbéciles éprouvent le besoin de se renouveler.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.38, Éditions Labor, 1990)
     
  17. Je perds souvent la tête. On ne me la rapporte jamais.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.39, Éditions Labor, 1990)
     
  18. La religion est une fatigante solution de paresse.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.40, Éditions Labor, 1990)
     
  19. Le coeur pense.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.47, Éditions Labor, 1990)
     
  20. Le gâchis est un ordre donné et l'harmonie un désordre choisi.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.49, Éditions Labor, 1990)
     
  21. Grandeur de l'abstrait ; petitesse de l'abstraction.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.51, Éditions Labor, 1990)
     
  22. La liberté c'est l'indifférence.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.52, Éditions Labor, 1990)
     
  23. Je ne suis pas le plus court chemin de moi-même à moi-même.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.53, Éditions Labor, 1990)
     
  24. « Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement
    « Et les mots pour le dire arrivent aisément. »
    Malheureusement, nous ne saurons jamais à coup sûr ce que Boileau entendait par se concevoir, bien, s'énoncer, clairement, mots, dire, arriver et aisément.

    (Mes inscriptions (1943-1944), p.53, Éditions Labor, 1990)
     
  25. Comme celles de chacun, mes idées sont des carapaces.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.53, Éditions Labor, 1990)
     
  26. Sachant ce que vous savez, comment se fait-il que vous ne le sachiez pas ?
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.53, Éditions Labor, 1990)
     
  27. L'Autriche. L'homme aussi.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.55, Éditions Labor, 1990)
     
  28. Je hais le travail au point de ne pouvoir l'exiger des autres.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.57, Éditions Labor, 1990)
     
  29. Je suis exception harmonieuse de quelques règles, et exemple désolant des autres.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.58, Éditions Labor, 1990)
     
  30. Croire en Dieu équivaut à se tuer. La foi n'est qu'un mode de suicide.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.59, Éditions Labor, 1990)
     
  31. La mort éternise.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.60, Éditions Labor, 1990)
     
  32. Il faudrait que les mots soient les cailloux blancs du Petit Poucet. Ils sont trop souvent ses miettes de pain.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.61, Éditions Labor, 1990)
     
  33. Pessimiste, je crois facilement aux bonnes fortunes d'autrui.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p., Éditions Labor, 1990)
     
  34. Si je parle mal de quelqu'un ou de quelque chose, je me plains, je ne blâme pas.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.62, Éditions Labor, 1990)
     
  35. L'infini commence où il finit.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.62, Éditions Labor, 1990)
     
  36. Je n'impose pas ma personne aux femmes, je leur impose la leur.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.62, Éditions Labor, 1990)
     
  37. Les myopes tiennent à la grandeur.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.65, Éditions Labor, 1990)
     
  38. Méfie-toi des gens sans méfiance.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.65, Éditions Labor, 1990)
     
  39. Partager mes opinions n'accrédite personne auprès de moi.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.70, Éditions Labor, 1990)
     
  40. Savoir = s'avoir.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.72, Éditions Labor, 1990)
     
  41. Au pays des muets les aveugles sont sourds.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.76, Éditions Labor, 1990)
     
  42. Je suis bête comme une étoile.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.77, Éditions Labor, 1990)
     
  43. Je suis trop honnête pour être poli.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.78, Éditions Labor, 1990)
     
  44. Chaque fois que deux peuples en sont venus aux mains, il y a eu un vainqueur et un vaincu. Il y en a même parfois deux.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.79, Éditions Labor, 1990)
     
  45. Le meilleur ciment d'un peuple est la bêtise de ceux qui en font partie.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.79, Éditions Labor, 1990)
     
  46. Hâtez-vous de patienter.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.79, Éditions Labor, 1990)
     
  47. L'opinion des autres sur moi ne m'importe qu'en fonction de la mienne sur eux.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.85, Éditions Labor, 1990)
     
  48. Abordage :
    Bonjour, Mademoiselle, puis-je accepter un verre ?

    (Mes inscriptions (1943-1944), p.87, Éditions Labor, 1990)
     
  49. La certitude ne fait pas le mystique.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.96, Éditions Labor, 1990)
     
  50. Prévoir, c'est désespérer.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.97, Éditions Labor, 1990)
     
  51. Plus on s'aime, plus on aime.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.97, Éditions Labor, 1990)
     
  52. Je viens m'ennuyer avec vous pour dissiper mon ennui.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.98, Éditions Labor, 1990)
     
  53. J'écris correctement parce que c'est plus facile.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.105, Éditions Labor, 1990)
     
  54. En dénigrant mes adversaires, je ne les sous-évalue pas, je les combats.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.115, Éditions Labor, 1990)
     
  55. Pas sceptique, hérétique à mon hérésie.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.115, Éditions Labor, 1990)
     
  56. Mille grandes amours ne valent pas une amourette. Mille amourettes ne valent pas un grand amour.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.115, Éditions Labor, 1990)
     
  57. La personnalité est la garde-robe du moi.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.118, Éditions Labor, 1990)
     
  58. La futilité des gens sérieux vaut le sérieux des gens futiles.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.119, Éditions Labor, 1990)
     
  59. Devant l'impossibilité de tout savoir, la plupart ont choisi de ne savoir rien.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.121, Éditions Labor, 1990)
     
  60. Je n'aime pas les idées générales sur le particulier.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.122, Éditions Labor, 1990)
     
  61. Nos ennemis nous fournissent nos meilleurs armes.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.126, Éditions Labor, 1990)
     
  62. Les auteurs de journaux intimes avouent sans trop de façon leurs manques physiques, moraux ou psychologiques. C'est qu'ils sentent que leurs lecteurs ne peuvent être que défaillants comme eux ; les hommes sains ne s'intéressent pas aux confessions des autres.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.129, Éditions Labor, 1990)
     
  63. Je suis partagé entre mon goût pour les faits et mon goût pour l'effet.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.136, Éditions Labor, 1990)
     
  64. On ne se monte pas la tête. On se monte son absence de tête.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.139, Éditions Labor, 1990)
     
  65. Argument excellent ne veut pas dire argument valable.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.142, Éditions Labor, 1990)
     
  66. Je me répète parfois. C'est pour contrebalancer mes contradictions.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.144, Éditions Labor, 1990)
     
  67. Je crois qu'à un grand désert vide, je préfère un désert coupé par une voie de chemin de fer en ruine.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.145, Éditions Labor, 1990)
     
  68. C'est toujours dans le désert que l'on casse sa bouteille d'eau.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.146, Éditions Labor, 1990)
     
  69. Je voudrais vivre assez vieux pour savoir ce que je deviendrai.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.147, Éditions Labor, 1990)
     
  70. Chapardage et héritage sont les deux mamelles de la richesse.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.147, Éditions Labor, 1990)
     
  71. Dieu, le meilleur des gargarismes.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.147, Éditions Labor, 1990)
     
  72. L'anxieux, lorsqu'il éprouve ne rien trouver pour nourrir son angoisse, a trouvé.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.161, Éditions Labor, 1990)
     
  73. Souvent, au lieu de penser, on se fait des idées.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.162, Éditions Labor, 1990)
     
  74. Préfère une injure qui délie à une louange qui enchaîne.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.162, Éditions Labor, 1990)
     
  75. Une odeur de bruit.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.164, Éditions Labor, 1990)
     
  76. Le dialogue intérieur, dit-on.
    Y en aurait-il un autre ?

    (Mes inscriptions (1943-1944), p.173, Éditions Labor, 1990)
     
  77. Il est plus flatteur d'être distingué par une dévergondée que par une chaste, car la première fait un vrai choix.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.173, Éditions Labor, 1990)
     
  78. L'essentiel est de parvenir à s'imaginer capable de mourir tranquille sans quelqu'un à son chevet.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.174, Éditions Labor, 1990)
     
  79. Je ne déteste pas nuire au monde, mais je déteste me trouver nuisant au monde.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.174, Éditions Labor, 1990)
     
  80. Quelle connerie a-t-il encore bien pu te dire pour que tu sois si heureuse ?
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.175, Éditions Labor, 1990)
     
  81. L'humour est une façon de se tirer d'embarras sans se tirer d'affaire.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.177, Éditions Labor, 1990)
     
  82. L'amour est aussi un effort.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.177, Éditions Labor, 1990)
     
  83. La seule bonne étude qui ait paru sur Balzac est son oeuvre.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.178, Éditions Labor, 1990)
     
  84. L'amour est bien plus rare que le génie.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.180, Éditions Labor, 1990)
     
  85. L'être sensible se détourne du malheureux. Il faut être impitoyable pour se pencher sur une blessure.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.182, Éditions Labor, 1990)
     
  86. Je pense vraiment que le seul moyen efficace de s'évader est de s'enfoncer au plus profond de son être. Croyez-moi, ainsi l'on peut tout fuir, et soi-même en premier.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.184, Éditions Labor, 1990)
     
  87. L'homme sans Dieu est misérable ? Possible, mais l'homme avec Dieu est un misérable.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.185, Éditions Labor, 1990)
     
  88. La vie est une mauvaise nuit dont on ne se réveille pas.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.186, Éditions Labor, 1990)
     
  89. Le plus sûr éloge que l'on puisse faire de mes ouvrages est d'estimer qu'ils ne signifient rien, les égalant ainsi à l'univers.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.190, Éditions Labor, 1990)
     
  90. On regarde moins ce que l'on voit que ce que l'on espère.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.191, Éditions Labor, 1990)
     
  91. Ne cherchez pas, attendez.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.201, Éditions Labor, 1990)
     
  92. Je trouve souvent ce que j'écris dans ce que je voudrais aimer.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.201, Éditions Labor, 1990)
     
  93. Surveillons notre style, c'est notre chien.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.203, Éditions Labor, 1990)
     
  94. À quoi sert-il d'écrire un poème, d'achever un blessé, de bâtir une cabane ?
    À écrire un poème, achever un blessé, bâtir une cabane.

    (Mes inscriptions (1943-1944), p.204, Éditions Labor, 1990)
     
  95. Les femmes ne doivent rien aux hommes. Tout ce qu'elles leur donnent, c'est une grâce qu'elles leur font.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.208, Éditions Labor, 1990)
     
  96. Le contraire est toujours vrai.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.209, Éditions Labor, 1990)
     
  97. La poésie, c'est la liberté d'esprit.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.209, Éditions Labor, 1990)
     
  98. S'il vous plaît de vraiment gagner, ne réfutez point, parlez d'autre chose.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.210, Éditions Labor, 1990)
     
  99. L'homme qui a peur découvre son visage d'homme.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.210, Éditions Labor, 1990)
     
  100. On n'est jamais abandonné de tous, mais on est toujours abandonné de tout.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.211, Éditions Labor, 1990)
     
  101. Deux philosophes ne peuvent se regarder en riant.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.212, Éditions Labor, 1990)
     
  102. Moins tu diffères d'un contradicteur, moins tu aimes sa contradiction.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.215, Éditions Labor, 1990)
     
  103. Tolérant égale prévoyant.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.215, Éditions Labor, 1990)
     
  104. Rigoureuse ment.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.216, Éditions Labor, 1990)
     
  105. Il y en a qui croient, il y en a qui doutent, il y en a qui pensent. Je suis de ceux qui pensent : je pense que je crois que je doute.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.217, Éditions Labor, 1990)
     
  106. Je ne sais rien.
    Mais comme non plus je ne devine et ne pressens rien, je dois avoir une faculté prodigieuse d'intuition.
    Mais nier c'est affirmer. Et si l'on s'affirme, l'on affirme et c'est que de soi l'on doute. Douter de soi sous-entend faculté prodigieuse d'intuition.
    Et de la sorte l'intuition nous souffle que rien n'existe si ce n'est quelque chose.

    (Mes inscriptions (1943-1944), p.222, Éditions Labor, 1990)
     
  107. Je serais si heureux que l'on ne m'entende qu'à mon signal, que l'on me croie sur silence.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.224, Éditions Labor, 1990)
     
  108. Crie « Au secours ! », tout le monde viendra t'en demander.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.225, Éditions Labor, 1990)
     
  109. « L'avenir est un mort qui s'étendant revient. » (Forneret)
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.226, Éditions Labor, 1990)
     
  110. En cachant quelque chose, vous vous découvrez.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.229, Éditions Labor, 1990)
     
  111. Je prends le monde tel que je suis.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.229, Éditions Labor, 1990)
     
  112. Plus un espoir est vague, mieux et plus longtemps il soutient. Et se soutient. Ainsi les croyances les moins formulables - car toute foi est un espoir - sont les plus solides et les plus chéries.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.229, Éditions Labor, 1990)
     
  113. Le misanthrope est celui qui reproche aux hommes d'être ce qu'il est.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.233, Éditions Labor, 1990)
     
  114. Affirmer est hasardeux. Gardez-vous donc de nier.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.239, Éditions Labor, 1990)
     
  115. Vous ne me changez pas, je me prête.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.240, Éditions Labor, 1990)
     
  116. Au contraire de son contraire, le complexe d'infériorité n'est jamais gratuit.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.241, Éditions Labor, 1990)
     
  117. La science et l'ignorance, voilà deux prisons.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.244, Éditions Labor, 1990)
     
  118. Il n'a pas une grande facilité pour écrire, il a une grande difficulté à ne pas écrire.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.244, Éditions Labor, 1990)
     
  119. Si un maître dit, parlant de son disciple : « Je lui mis la main sur l'épaule pour le guider », il convient qu'il ajoute : « et pour qu'il me conduise. ».
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.250, Éditions Labor, 1990)
     
  120. L'oeil est-il un soleil, un miroir ou lui-même ?
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.257, Éditions Labor, 1990)
     
  121. Il se compromet, qui compromet.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.264, Éditions Labor, 1990)
     
  122. Les sciences sont des lunettes pour grossir les problèmes.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.268, Éditions Labor, 1990)
     
  123. Une pensée est la trajectoire d'une flèche, inséparable de la flèche.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.268, Éditions Labor, 1990)
     
  124. La science est l'art des accolades.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.270, Éditions Labor, 1990)
     
  125. L'amour tient aussi du défaut de scrupules.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.276, Éditions Labor, 1990)
     
  126. Je suis un système solaire. Malheureusement, je ne suis peut-être pas le seul.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.280, Éditions Labor, 1990)
     
  127. Les chats ont de la veine : l'obscurité ne les empêche pas de lire.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.281, Éditions Labor, 1990)
     
  128. Jamais une appréciation favorable ne m'est inspirée par la bienveillance pure ; si je loue quelque chose ou quelqu'un, c'est toujours avec l'intention précise ou vague de blâmer ailleurs.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.288, Éditions Labor, 1990)
     
  129. Il y a des gens à qui leur mort donne l'existence.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.289, Éditions Labor, 1990)
     
  130. Je m'objective.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.291, Éditions Labor, 1990)
     
  131. Beaucoup d'athées sont des gens qui sont très en colère après le Bon Dieu.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.291, Éditions Labor, 1990)
     
  132. La seule liberté concevable est la liberté envers soi-même.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.291, Éditions Labor, 1990)
     
  133. L'on veut être pour paraître.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.293, Éditions Labor, 1990)
     
  134. Les fenêtres s'ouvrent toujours sur elles-mêmes, et les mots sont des fenêtres.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.297, Éditions Labor, 1990)
     
  135. L'invisibilité est un moment de la vitesse et celle-ci un moment de la visibilité.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.300, Éditions Labor, 1990)
     
  136. Je suis très ennuyé par les gens qui s'ennuient et je les ennuierais volontiers.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.304, Éditions Labor, 1990)
     
  137. L'homme est un enfant qui s'est bouché.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.304, Éditions Labor, 1990)
     
  138. La bêtise est le meilleur des tremplins, tant pour celui qui l'observe que pour celui qui est bête.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.305, Éditions Labor, 1990)
     
  139. Avarice est prudence, et prudence avarice.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.305, Éditions Labor, 1990)
     
  140. C'est mon opinion ; et je ne la partage pas.
    [Clin d'oeil à Henri Monnier : « C'est mon opinion, et je la partage. » -GGJ]

    (Mes inscriptions (1943-1944), p.305, Éditions Labor, 1990)
     
  141. Pauvre petite tête d'homme amoureuse de bornes, pourquoi supposer l'infini serait-il supposer Dieu ?
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.306, Éditions Labor, 1990)
     
  142. Qui aime vraiment la vie ne peut haïr la mort.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.312, Éditions Labor, 1990)
     
  143. Un homme précis ou clair, dans la conversation ou la composition, possède en conséquence un avantage très important, - plus spécialement en fait de logique. Quand il développe une argumentation, son interlocuteur l'accepte parce qu'il la comprend parfaitement, et souvent pour cette seule raison. Très peu d'esprits, en réalité, peuvent apercevoir sur-le-champ la différence entre comprendre une proposition et soumettre leur esprit à la chose proposée. Heureux de comprendre, nous sommes souvent si excités que nous prenons cela pour un assentiment. Des écrivains lumineux peuvent ainsi se permettre longtemps sans être découverts, de purs sophismes. (Edgar Poe)
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.313, Éditions Labor, 1990)
     
  144. J'accepte que l'on soit rusé mais non que l'on soit fier de l'être, car user de la ruse est reconnaître des limites à sa puissance.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.314, Éditions Labor, 1990)
     
  145. L'homme serait probablement un animal assez supportable s'il consentait un peu moins à se laisser emmerder par ceux qui veulent faire son bonheur.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.316, Éditions Labor, 1990)
     
  146. Hélas ! hélas ! celui qui ne croit en rien crée un dieu, et celui qui croit en un dieu ne crée rien.
    (Mes inscriptions (1943-1944), p.317, Éditions Labor, 1990)
     
  147. Tu n'apportes rien.
    Mais si, j'apporte mes mains vides.

    (Mes inscriptions (1943-1944), p.331, Éditions Labor, 1990)